Skip to main content

Full text of "Le chapitre de Notre Dame de Paris en 1790"

See other formats


0>p 


•% 


'('■? 


'*». 


^LA«at^ 


BIBLIOTHECA 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/lechapitredenotrOOmeur 


LE  CHAPITRE 


DE 


NOTRE-DAME  DE  PARIS 

EN  1790 


rïTùGRAl'HIE   FIRMIX-DIDOT   ET   Cle.  —  MF.SN1L    (ECHE,). 


/.'•.y-    ff!ju>r  Sm/r 


J.    MEURET 


LE  CHAPITRE 


<fe 


^Ottawa 


DE 


NOTRE-DAME  DE  PARIS 

EN    1790 


Sceau  du  Chapitre 


PARIS 
LIBRAIRIE   Alph.    PICARD   &    FILS 

82,   RUE   BONAPARTK 


uO 


>  A 


h 


A 


o\D 


AVANT-PROPOS 


Après  les  vastes  travaux,  entrepris  depuis  vingt-cinq  ans 
surtout,  sur  V histoire  de  la  Révolution  Française,  le  rôle 
de  l'historien,  reprenant  ce  même  sujet,  ne  peut  être  que 
fort  modeste.  Suivant,  partout  où  il  a  passé,  le  torrent  ré- 
volutionnaire, les  savants  auteurs  de  la  Collection  des  Do- 
cuments relatif  s  à  l'histoire  delà  Révolution  Française,  pu- 
bliée sous  le  patronage  du  Conseil  Municipal  de  Paris,  ont 
dû  étudier  son  action  jusque  dans  l'Église.  Mais  l'étendue 
de  leur  sujet  et  l'immensité  de  leurs  recherches  ne  leur 
ont  pas  permis  de  s'arrêter  à  certains  détails,  que  ceux 
qui  les  suivent  sont  heureux  de  recueillir. 

Plusieurs  documents,  se  rapportant  au  Chapitre  de  l'Eglise 
de  Paris,  ont  été  édités  dans  cette  collection;  ces  documents, 
joints  à  d'autres  fort  nombreux  et  pleins  de  détails  restés 
inédits,  nous  ont  paru  pouvoir  être   utilisés  pour  une  his- 
toire spéciale  du  Chapitre  à  cette  époque  si  intéressante. 
Le  Chapitre  de  Paris  était  jadis  un  corps  assez  illustre  et 
puissant  pour  mériter  qu'on  racontât  les  derniers  jours  de 
sa  longue  et  brillante  existence.   C'est    la  tâche   que  nous 
avons  entreprise  dans  cet  ouvrage. 

Afin  que  le  lecteur  puisse  mieux  se  rendre  compte   de 


vi  AVANT-PROPOS. 

l'œuvre  de  destruction,  exercée  par  le  Décret  de  l'Assem- 
blée Nationale  du  12  juillet  1790,  nous  avons  cru  devoir 
reconstituer  la  vie  de  l  Église  de  Paris,  telle  qu'elle  se  ma- 
nifestait les  dernières  années  avant  la  Révolution.  Nous 
avons  fait  revivre  tout  le  corps  capitulaire  ;  nous  le  voyons 
agir,  remplir  ses  devoirs,  user  de  ses  droits  et  privilèges,  régir 
ses  biens,  exercer  sa  juridiction  temporelle  et  spirituelle . 
Cependant  nous  avertissons  le  lecteur  qu'il  ne  trouvera  pas 
dans  ces  pages  une  histoire,  même  abrégée,  du  Chapitre; 
elles  sont  plutôt,  pour  nous  servir  d'une  expression  que  la 
photographie  a  vulgarisée,   un. instantané  pris  vers  1780. 

Pour  cela,  nous  avons  étudié  dans  leurs  moindres  dé- 
tails, les  Conclusions  capitulaires  du  xvme  siècle,  ainsi 
que  les  documents,  concernant  le  Chapitre,  de  la  Série  L  aux 
Archives  Nationales.  Parmi  ces  pièces,  nous  n'avons  utilisé 
que  celles  qui  intéressaient  directement  l'époque  que  nous 
étudions,  ne  rapportant  que  les  règlements,  usages,  .tradi- 
tions encore  en  vigueur.  Ce  qui  nous  a  aussi  beaucoup 
aidé  dans  cette  reconstitution  historique,  ce  furent  les  Dé- 
clarations, que  le  Chapitre,  les  chanoines,  les  bênèficiers, 
dépendant  de  Notre-Dame,  firent  aux  municipalités,  selon 
la  teneur  des  Décrets  du  13  novembre  1789  et  24  juillet 
1790.  Chacun  y  a  résumé  sa  biographie,  indiqué  le  dé- 
tail de  ses  bénéfices  tant  à  Paris  qu'en  province,  énuméré 
ses  revenus  et  ses  charges.  (Archives  Nationales.  Série  S, 
n°  456  à  462;  noa  7051  et  7052.) 

Après  la  vie,  la  mort!  La  Révolution  ne  fit  que  réaliser 
les  idées  tendancieuses  de  la  seconde  moitié  du  xvnie  siècle. 
Plusieurs  Chapitres  avaient  déjà  été  supprimés  quelques 
années  auparavant;  tous  se  sentirent  amoindris,  lors  de  la 


AYANT-PROPOS.  vu 

tenue  des  Chambres  Electorales,  puis  menacés  à  l'Assemblée 
Nationale  le  jour  où  Robespierre  prononça  à  la  Tribune 
cette  phrase,  tranchante  comme  le  couperet  de  la  guillo- 
tine :  «  Il  ne  peut  exister  dans  la  société  aucune  fonction, 
qui  ne  soit  utile.  Devant  cette  maxime  disparaissent  les  bé- 
néfices, les  cathédrales,  les  collégiales.  »  Les  événements 
vont  vite,  et  le  Décret  du  2  novembre  {789,  mettant  les  biens 
du  Clergé  à  la  disposition  de  la  Nation,  prépare  la  Cons- 
titution civile,  qui  supprime  dun  seul  coup  tous  les  Cha- 
pitres du  Royaume. 

Aussi  l année  1790  est-elle  comme  l'agonie  du  Chapitre 
de  Paris  ;  il  vit  encore,  mais  il  sent  que  sa  fin  approche.  Les 
opérations,  dont  il  eut  à  s'occuper  durant  son  cours,  ressem- 
blent de  bien  près  à  des  dispositions  testamentaires  :  il  fait 
le  compte  de  sa  fortune,  le  recensement  de  ses  biens,  la  liste 
de  ses  droits,  le  dénombrement  de  son  personnel  ecclésias- 
tique et  laïque.  Les  stalles, que  la  mort  rend  vacantes,  restent 
vides  ;  ses  gagistes,  ses  enfants  de  chœur  ne  se  recrutent 
plus  ;  la  musique  se  tait  dans  son  église  la  veille  du  jour  oit 
le  sinistre  Jourdan  Coupe-Tête  parade  sur  le  parvis.  Depuis 
que  l  Assemblée  Nationale  s'est  installée  en  partie  clans  son 
cloître,  c'est  la  mort  qui  pénètre  peu  ci  peu  ses  membres  ;  il 
est  condamné  le  12  juillet  et  il  meurt  enfin,  ou  plutôt  on 
l'exécute,  le  lundi 22  novembre  1700,  ci  l'issue  de  la  messe 
canoniale,  en  pleine  séance  capitulaire  !  Son  secrétaire  n'a 
pas  pu  dresser  son  acte  de  décès  ;  les  minutes  des  Conclu- 
sions capitulaires  s  arrêtent  au  19  novembre.  C'est  la  Mu- 
nicipalité qui  a  rédigé  le  procès-verbal  du  dernier  chapitre. 
(Bibliothèque  Nationale.  Manuscrits.  Fonds  français;  nou- 
velle acquisition  :  n°  27%.) 

L'histoire  du  Chapitre  de  Paris  est  comme  une  forêt  encore 


VJ1I 


AVANT-PROPOS. 

presque  inconnue.  Trop  peu  sûr  de  nous-même,  nous  n  en 
avons  exploré  que  la  lisière.  Si  le  public  fait  bon  accueil  à 
notre  premier  essai,  peut-être  oserons-nous  pénétrer  plus 

avant. 

J.  M. 


10  août  1903. 


LE  CHAPITRE 

DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS 

EN  1790 
CHAPITRE  PREMIER 

LES  DERNIERS  CHANOINES  DE  L'ÉGLISE  DE  PARIS 

I.  Les  Chanoines.  Leur  nombre.  Détails  sur  leur  origine.  Dignités  qu'ils  occu - 
paient  dans  l'État,  la  Magistrature,  l'Église.  Comment  ils  sont  entrés  au  Cha- 
pitre  de  Notre-Dame.  Les  célébrités  du  Chapitre.  Chanoines  de  Saint-Aignan.  — 
II.  Dignités  et  charges.  Doyen,  Chantre  et  Sous-Chantre,  Archidiacres,  Chan- 
celier, Pénitencier.  Répartition  des  charges.  —  III.  Les  revenus  d'un 
chanoine.  La  Prébende.  Le  Légalement  des  gros.  Distributions  manuelles.  Pain 
capitulaire.  Profits  extraordinaires  :  vente  des  maisons  canoniales,  funérailles, 
cire,  l'Obit  salé.  Autres  bénéfices  ecclésiastiques  possédés  par  les  chanoines. 

I 

Les  anciens  chanoines  de  l'Eglise  de  Paris  étaient  an  nombre 
de  cinquante  et  un.  Certains  autres  Chapitres  pouvaient  se  pré- 
valoir d'un  plus  grand  nombre  de  bénéfices;  mais  combien  peu 
avaient  le  lustre  que  donnaient  à  celui  de  Paris  la  célébrité  de 
l'Eglise  qu'il  desservait,  ses  rapports  avec  les  grands  corps  de 
1  Etat,  l'importance  des  fonctions  confiées  à  plusieurs  de  ses  mem- 
breset  aussi  l'étendue  de  ses  domaines,  qui  le  mettait  au  rang  des 
grands  propriétaires  terriens.  Entrons  de  suite  en  connaissance 
avec  les  chanoines  :  leurs  personnalités,  remarquables  par  le  mé- 

CHAPITRE   DE    NOTRE-DAME    DE    PARIS.  1 


•2  LE   CHAPITRE   DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN    1790. 

rite,  l'éclat  de  la  naissance  ou  l'importance  de  leurs  fonctions,  in- 
téresseront plus  que  des  généralités.  Nous  verrons  de  quels  élé- 
ments, assemblés  des  quatre  coins  de  la  France,  se  composait 
alors  ce  corps  ecclésiastique,  qui  se  disait  «  le  premier  du 
Royaume  ». 

La  dernière  liste  officielle [  des  chanoines  de  Notre-Dame  fut 
dressée  le  19  avril  1790  par  leur  receveur  général,  M.  Barbie, 
dans  la  déclaration  qu'il  fit  des  biens  du  Chapitre  au  Bureau  de  la 
Municipalité  de  Paris.  Elle  comprend  les  cinquante  et  un  derniers 
chanoines,  qui  formèrent  le  corps  complet  du  Chapitre  et  dont 
nous  donnons  ici  les  noms  : 

Dignitaires. 

MM.  Flotard  de  Montagu,  chanoine  doyen; 

Jean-Baptiste  Robinault  du  Bois-Basset,  chanoine  chantre; 
Jean-Baptiste  Lecorgne  de  Launay,  chanoine  archidiacre  de  Paris; 
Jean-Antoine-Benoît-Bruno  de  Malaret,  chanoine  archidiacre  de  Josas  ; 
Jean-Baptiste  des  Plasses.  chanoine  archidiacre  de  Brie; 
Jean  de  Chillaud  des  Fieux,  chanoine  sous-chantre; 
François-Charles  Chevreuil,  chanoine  chancelier; 
Pierre-François  Papin,  chanoine-pénitencier. 

Chanoines-Prêtres. 

MM.  Charles-Guillaume  Cardin  Morin  du  Marais; 
Jean-Lucien  Lucas; 
Jean-François  Rivière,  théologal; 
Jacques-Antoine  de  Méromont; 
Etienne  Brémont  ; 
Charles  de  Lostanges; 
Jean-Jacques  Baillard  du  Pinet; 
Jean  Bochart  de  Champigny  ; 
Sébastien-Michel  Camiaille,  chambrier: 
Jacques-Louis  Radix; 

François-Charles-Antoine  de  Beaumont  d'Autichamp; 
Emmanuel-René-François  d*Eu  de  Montdenoix; 
Xiste-Louis-Constant  de  Roux  de  Bonneval  ; 
Jacques  Le  Blanc"; 
Xicolas-Silvestre  Bergier  ; 

1.  Cette  liste,  augmentée  du  nom  des  Bénéficiera  de  l'Église  de  Paris,  se  trouve 
en  tète  de  la  Déclaration  des  Biens  du  Chapitre,  déposée  au  Département  du  Do- 
maine de  la  ville  de  Paris  le  10  avril  1799.  Dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  nous 
nous  sommes  conformé  à  ce  document  pour  l'orthographe,  fort  variable,  du  nom 
des  chanoines.  Cfr.  Archives  Xationales.  S.   160. 


LES  DERNIERS  CHANOINES.  3 

MM.  Charles  de  Tilly-Blaru; 
Jean-Pierre  de  la  Fage  ; 
Jean  Chevalier,  chanoine  de  Saint-Aignan  ; 
Bernard  de  Beaumont; 
Charles-Vincent  de  Balte  ; 
Mathieu  de  Reclesne; 
Paul-Louis  de  Mondran  ; 
Pierre- Bernard  Met  ; 

Louis-Joachim-Klisabeth  Cochu  de  la  Grange  ; 
Charles-Marie  Patert; 
Jean  du  Authier; 
Claude-Marie  Gatignon; 

Charles-Antoine-Henry  du  Valk  de  Dampierre; 
Jean-Pierre  Sincholle  d'Espinasse; 
Jean-Baptiste  Marie  de  la  Bintinaye; 
Jean-Mathurin  Mazéas; 

Joseph-Jean-François  de  la  Grange  Gourdon  de  Floirac; 
Jean-Michel  de  Neuchèze; 
Louis- Augustin  Viet  de  Villers  ; 
Louis  de  Cours; 

Jacques-Nicolas  Duchesne,  chanoine  de  Saint-Aignan; 
Pierre  Delon,  chanoine,  sous-diacre,  ci-devant  de  Saint-Germain  l'Auxer- 
rois  '. 

Chanoines-Diacres. 

MM.  Joseph  Riballier; 

François-Marie  Melon  de  Pradou. 

Chanoines-Sous  Diacres. 

MM.  Jean-Bernard  de  Vienne; 
Jean-Louis  Pey. 

Chanoines-Mineurs  2. 
MM.  Étienne-François-Louis-Honoré  de  Sahuguet  d'Amazie  d'Espagnac; 
Louis- Adélaïde  Lemoine  :J. 

1.  C'est  évidemment  par  erreur  que  Barbie,  auteur  de  la  liste  et  de  la  Déclara- 
tion du  Chapitre,  donne  à  M.  Delon  le  titre  de  -  chanoine  cy-devant  de  Saint- 
Aignan  •-.  Ibid. 

2.  C'estrà-dire  qui  n'étaient  pas  engagés  dans  les  Ordres  sacrés  et  n'avaient  reçu 
que  les  Ordn  s  mineurs. 

3.  Entre  la  date  de  la  confection  de  cette  liste,  19  avril  171)0,  et  celle  de  la  sup- 
pression du  Chapitre,  trois  chanoines  moururent  :  MM.  de  Méromont,  de  Champigny 

rgier.  Les  détails,  qui  suivent,  sont  tirés  des  Déclarations  des  chanoines  faites 
en  1790  et  171)1  au  Bureau  de  la  Liquidation  des  Biens  nationaux  et  des  Pensions 
ecclésiastiques,  el  des  Lettres  de  canonicat  insérées  la  plupart  dans  les  minutes  des 
conclusions.  Arch.  Nat.  S.  160,  7051,  7062, el  I.L.  2322»,  232". 


4  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Presque  toutes  les  provinces  de  l'ancienne  France  étaient  re 
présentées  dans  les  stalles  de  Notre-Dame.  Nous  y  trouvons  peu 
de  gens  du  nord  :  un  Picard,  M.  Patert;  un  Champenois,  M.  de 
Dampierre.  La  Normandie  est  honorablement  représentée  :  M.  Le- 
moine  est  de  Bayeux;  M.  de  Méromont,de  Coutances;  M.  du  Ma- 
rais, de  Rouen;  M.  Lucas,  d'Evreux.  Le  Midi  l'emporte!  Etaient 
venus  de  Toulouse  :  MM.  de  Malaret  et  de  Mondran;  de  Montau- 
ban,  M.  de  Cours;  de  Toulon,  M.  Pey;  d'Aix,  M.  de  Bonneval. 
Mais  au  Chapitre,  l'accent  de  Marseille  est  dominé  par  l'accent 
de  Bergerac.  Que  de  Gascons!  Le  doyen,  M.  Flotard  de  Montagu, 
ainsi  que  MM.  de  Floirac  et  de  Beaumont,  sont  de  Cahors;  le  sous- 
chantre,  M.  de  Chillaud  des  Fieux,  est  d'Agen;  M.  de  Lostanges, 
de  Périgueux;  M.  Melon  de  Pradou,  de  Tulle.  Nous  trouvons  un 
'  Auvergnat,  M.  de  Reclesne,  et  deux  Limousins,  MM.  du  Authier  et 
d'Espagnac. 

M.  Chevreuil  était  de  Quimper,  et,  par  conséquent,  entêté 
comme  un  vrai  Breton  dans  ses  démêlés  avec  l'Université  à  pro- 
pos de  ses  droits  de  chancelier.  La  Bretagne  s'honorait  encore  du 
Grand-Chantre,  M.  du  Bois-Basset,  qui  était  de  Rennes,  ainsi 
que  M.  de  la  Bintinaye;  de  l'archidiacre  de  Paris,  AI.  Lecorgne 
de  Launay,  qui  était  de  St-Brieuc,  et  de  M.  Mazéas,  originaire  du 
pays  de  Léon. 

La  Franche-Comté  avait  envoyé  MM.  Bergier  et  Gatignon. 
Entre  ce  dernier  et  M.  du  Pinet,  de  Lyon,  c'était  toujours  la  lutte 
des  âpres  montagnes  des  Alpes  contre  l'orgueil  des  vieilles 
cités  impériales.  Le  belvédère  de  la  maison  de  M.  du  Pinet  était 
aussi  insultant  pour  M.  Gatignon  que  le  chapeau  de  l'Autriche  pour 
Guillaume  Tel1  !  Plus  paisibles  étaient  les  fils  des  pays  de  plaines  : 
M.  de  Neuchèze  est  Berrichon,  MM.  de  Bulté  et  de  la  Fage  sont  de 
Blois  ;  MM.  Viet,  de  la  Brie;  MM.  Brémont  et  Camiaille,  delà 
Beauce2;  MM.  Riballier  et  Le  Blanc,  du  Charolais.  Enfin  nous 
rencontrons  un  Angevin,  M.  de  Beaumont  d'Autichamp. 

1.  Ces  deux  chanoines  eurent  entre  eux  de  continuelles  discussions  causées  par 
le  voisinage  de  leurs  maisons.  L^  belvédère,  que  M.  du  Pinet  éleva  sur  la  sienne 
en  1784,  provoqua  toutes  les  colères  de  .son  confrère  et  voisin.  Cfr.  Concl.  cap. 

■2.  M.  Camiaille  était  né  à  Chartres,  paroisse  Saint-Hilaire;  M.  Bivmont  à  Chà- 
teaudun. 


LES   DERNIERS   CHANOINES.  :, 

Après  cotte  longue  émimération,  on  constatera  que  les  Pari- 
siens étaient  peu  nombreux  au  Chapitre  :  MM.  des  Plasses,  Papin, 
Rivière,  de  Champigny,  Cochu  de  la  Grange,  de  Tilly-Blaru,  de 
Montdenoix  sont  indiqués  dans  leurs  Lettres  de  nomination  comme 
presbyteri  parisini  ou  bien  presbyteri  diœcesis  Parisiensis  K 

Le  plus  ancien  chanoine  de  Notre-Dame  était  M.  Delon,  cha- 
noine de  Saint-Germain  TAuxerrois,  quand  M.  de  Yintimille  réu- 
nit les  deux  Chapitres.  Il  était  entré  au  chœur  de  Notre-Dame  le 
15  août  1744.  Après  lui  prenaient  rang  d'ancienneté,  M.  du  Marais, 
chanoine  depuis  1749,  et  M.  Lucas,  depuis  1750.  Les  autres  nomi- 
nations étaient  de  beaucoup  plus  récentes. 

Nous  ne  trouvons  donc  à  Notre-Dame  aucun  de  ces  fameux 
chanoines-jubilés  2,  qui  faisaient  l'honneur  du  Chapitre  dans  la 
première  moitié  du  xvme  siècle  et  qui,  au  dire  d'un  auteur,  après 
cinquante  ans  d'exercice,  ne  se  souvenaient  pas  avoir  manqué  une 
seule  fois  à  l'office 3  !  Le  dernier,  qui  obtint  les  honneurs  du  ca- 
nonicat  à  Notre-Dame,  fut  M.  Jean-Louis  Pey  '*,  neveu  du  célèbre 
chanoine,  Jean  Pey,  qui  lui  résigna  sa  stalle  en  1789.  Il  était  frère 
du  chapelain  de  Saint-Laurent  à  Notre-Dame,  François  Pey,  qui 
refusa  l'offre  de  son  oncle  et  préféra  rester  avec  ses  pauvres  de 
la  paroisse  de  Saint-Landry,  dont  il  était  aussi  vicaire. 

En  1790,  sur  cinquante  et  un  chanoines,  quarante-quatre  seule- 
ment étaient  prêtres.  MM.  de  Pradou  et  Riballier  reçurent  l'ordre 
du  diaconat  et  M.  Pey  celui  du  sous-diaconat,  quelques  mois 
seulement  avant  la  suppression  du  Chapitre.  MM.  de  Vienne  et 

1.  M.  de  Méromont,  quoique  originaire  de  Coutances,  était  prêtre  du  diocèse  de 
Paris.  Cfr.  sa  Déclaration.  Arch.  Nat.  S.   7051-7062. 

2.  Quand  les  chanoines  de  Tours  consultèrent,  en  1788,  le  Chapitre  de  Notre- 
Dame  sur  les  prérogatives  des  chanoines- jubilés,  celui-ci  dans  sa  réponse  dut  se 
reporter  aux  conclusions  du  7  avril  1728,  11  mai  1731  et  20  juin  170'.».  Arch.  Nat. 
Germain  Brice,  t.  II,  p.  238.  L  521,  n°  6. 

3.  Les  chanoines-jubilés  avaient  cinquante  ans  de  canonicat.  Ils  étaient  dispensés 
de  la  présence  aux  offices,  mais  ne  touchaient  pas  les  distributions  des  Matines, 
auxquelles  ils  ne  venaient  pas. 

1.  Puisque  nous  parlons  ici  du  plus  jeune  des  chanoines,  nous  ferons  remar- 
quer que  M.  Bochart  de  Champigny  entra  au  Chapitre  presque  au  sortir  de  l'en- 
fance. Quand  son  frère,  Conrad-Alexandre,  lui  résigna  sa  stalle,  il  n'était  âgé 
que  de  treize  ans  et  deux  mois  et  dut  obtenir  du  Saint-Père  pour  l'occuper  un 
bref  apostolique  le  dispensant  de  defectù  setatis.  Cfr.  ses  Lettres  de  nomination. 
Arch.  Nat.  LL.  232". 


i)  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Delon,  quoique  chanoines  depuis  fort  longtemps,  n'étaient  restés 
que  sous-diacres.  Enfin  MM.  d'Espagnac  et  Le  Moine  étaient  aco- 
lytes. On  les  appelait  chanoines-mineurs  ;  selon  l'usage,  ils 
n'étaient  pas  admis  comme  capitulants  et,  au  chœur,  ils  s'as- 
seyaient sur  de  simples  escabeaux  au  rang  des  enfants  de 
chœur.  Qu'arrivait-il?  c'est  qu'aux  fêtes  solennelles,  l'humble 
soutane  rouge  de  ces  derniers  voisinait  parfois  avec  le  costume 
de  pourpre  d'un  conseiller  au  Parlement  :   tel  M.  d'Espagnac! 

Parmi  les  chanoines,  plusieurs  en  effet  occupaient  de  hautes  di- 
gnités dans  l'Église,  l'Etat  et  la  Magistrature.  L'archidiacre  de 
Brie.  M.  des  Plasses,  était  conseiller  du  Roi  au  Grand  Conseil; 
MM .  d'Espagnac  et  Radix  étaient  conseillers-clercs  au  Parlement  * . 
Les  honneurs  ecclésiastiques  illustraient  aussi  le  Chapitre.  Nous 
y  voyons  un  aumônier  du  roi,  M.  de  Beaumont2;  un  aumônier  du 
comte  de  Provence,  M.  de  Reclesne;  le  confesseur  de  Madame,  de 
Mmc  d'Artois  et  de  Mme  Adélaïde,  M.  Bergier. 

On  sait  combien,  à  la  fin  du  xviiic  siècle,  les  évêques  mul- 
tiplièrent le  titre  de  vicaire  général3.  Un  grand  nombre  de  cha- 
noines en  étaient  honorés  :  MM.  Chevreuil,  du  Bois-Basset, 
de  Floirac  et  de  Dampierre  sont  vicaires  généraux  de  M.  de 
Juigné;  M.  d'Autichamp  est  vicaire  général  de  Toulouse;  M.  du 
Authier,  de  Rennes;  M.  de  Mondran,  de  Béziers;  M.  de  Bon- 
neval,  de  Màcon;  M.  de  Reclesne,  d'Autun;  M.  de  Tilly-Blaru, 
de  Xarbonne 

Les  nominations  aux  bénéfices  ecclésiastiques  ne  se  faisaient 
pas  à  la  fin  du  xvme  siècle  d'une  manière  aussi  uniforme  que 
de  nos  jours.  Plus  d'une  porte  donnait  accès  au  Chapitre.  En 
examinant  les  Lettres  des  cinquante  et  un  chanoines,  que  nous 
avons  eues  toutes  sous  les  yeux,  on  constate  que  vingt-quatre 


l.M.  delà  Fage  avait  été  aussi  conseiller-clerc  au  Parlement,  quelques  années  au- 
paravant :  il  fut,  avec  MM.  de  Lucker  et  Radix,  signataire  des  lettres  adressées 
au  Chapitre,  en  1772,  pour  demander  le  droit  aux  distributions  manuelles. 

2.  M.  de  Beaumont  ne  devait  plus  exercer  ses  fonctions  d'aumônier,  car,  les 
dernières  années,  nous  voyons  seulement  M.  de  Reclesne  demander  au  Chapitre. 
île  lui  conserver  ses  distributions  de  jour  pendant  le  temps  de  son  absence.  Cfr. 
Concl.  capit.  du  30  mars  1789. 

3.  Cfr.  31.  Sicard,  Les  Évê/jucs  avant  la  Révolution. 


LES  DERNIERS  CHANOINES.-  7 

seulement  avaient  été  nommés  directement  par  l'archevêque 
de  Paris,  dont  dix-neuf  par  M.  de  Reaumont  et  cinq  par  M.  de 
Jnigné.  Dix  avaient  profité  de  la  résignation  ou  permutation  d'un 
de  leurs  parents  ou  amis;  M.  de  Dampierre,  sans  doute  sur  la 
désignation  de  M.  de  Juigné,  alors  archevêque-élu  de  Paris, 
«  ! c  .iit  il  était  déjà  vicaire  général  à  Chàlons,  fut  nommé  par  le  Roi, 
pendant  la  vacance  du  siège,  en  vertu  du  droit  de  Régale; 
MM.  Patert,du  Bois-Basset  et  de  la  Fage  avaient  été  admis 
par  insinuation,  et  M.  de  Sincholle  d'Espinasse  désigné  par 
l'archevêque,  mais  en  vertu  de  l'Induit  placé  sur  lui  par  le  Roi. 
Enfin  les  deux  chanoines  dits  de  Saint-Aignan,  dont  nous  ex- 
pliquerons plus  loin  l'origine,  MM.  Duchesne  et  Chevalier,  avaient 
été,  selon  le  droit,  élus  par  le  Chapitre  1. 

Très  variés  aussi  étaient  les  antécédents  de  nos  chanoines  : 
M.  Morin  du  Marais  fut  auparavant  officiai  et  syndic  du  diocèse 
de  Paris;  M.  de  Méromont,  pénitencier;  M.  de  Floirac,  grand 
vicaire  de  Ciiâlons  ainsi  que  M.  de  Dampierre;  M.  Le  Moine, 
chapelain  de  Sainte-Anne;  M.  Rivière,  chanoine  de  Saint-Merry; 
M.  Chillaud  des  Fieux,  de  Saint-Ilonoré;  M.  Chevalier,  grand 
distributeur  du  Chapitre;  M.  de  la  Fage,  promoteur  général 
de  Paris;  M.  Duchesne,  chanoine-prêtre  de  Saint-Denis  du  Pas; 
M.  du  Marais,  curé  d'Andilly.  M.  Delon  était  le  dernier  cha- 
noine de  Saint-Germain  l'Auxerrois  2,  dont  le  Chapitre  fût  uni 
en  1740  à  celui  de  Notre-Dame'1.  M.  Sincholle  d'Espinasse 
était  un  ancien  jésuite,  qui  avait  professé  dans  les  Universités 
de  Perpignan  et  de  Toulouse.   En  cette  qualité,  il  dut  signer, 

1.  Ces  détails  ont  été  pris  dans  les  Lettres  do  nomination  do  ces  chanoines, 
conservées  dans  les  liasses  des  Conclusions  capitulair es. 

■-'.  Le  Chapitre  de  Saint-Germain  l'Auxerrois  a  été  uni  an  Chapitre  de  l'Église  lie 
Paris,  en  vertu  dos  Lettres  Patentes  du  Roi  en  date  du  mois  do  juillet  1740, 
enregistrées  au  Parlement  le  12  août  1711,  sous  l'archiépiscopal  de  M.  de  Vintimille. 
Les  deux  Chapitres  furent  réunis  pour  la  première  fois  au  chœur  de  Notre-Dame 
1''  r>  août  suivant. 

:'..  La  situation  de  M.  Delon  à  Notre-Dame  était  toute  différente  de  celle  de 
ses  autres  confrères,  en  raison  de  son  titre  d'ancien  chanoine  de  Saint-Germain 
l'Auxerrois.  En  cette  qualité,  il  recevait  2.400  1.  pour  le  revenu  de  sa  prébende 
éteinte  et  2.200  1.  comme  revenu  annuel  et  viager,  sans  assujettissement  à  la 
pointe  et  sans  pouvoir,  en  cas  de  résignation  ou  permutation,  se  réserver  d'autre 
pension  que  les  2.2001.  Cfr.  Déclaration.  Arch.  Nat.  S.  460,  fol.  105. 


8  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME   DE  PARIS  EN  1790. 

le  jour  de  son  installation,  un  acte  dans  lequel  «  il  promet  de 
maintenir  les  libertés  de  l'Église  Gallicane,  notamment  les  quatre 
Articles  et  la  Déclaration  du  Clergé  de  France  de  1682,  qu'il  a 
dit  bien  connaître1  ».  Un  jésuite! 

Le  plus  célèbre  des  derniers  chanoines  de  Notre-Dame  est 
l'abbé  Bergier.  Il  refusa  longtemps  la  stalle,  que  lui  offrait 
l'archevêque  de  Paris  :  ses  scrupules  reposaient  sur  les  fré- 
quentes absences,  que  lui  imposaient  ses  fonctions  à  la  Cour  et 
qui  ne  lui  permettaient  pas  d'observer  à  Paris  une  rigoureuse 
résidence.  Ce  ne  fut  que  sur  de  nouvelles  et  plus  vives  ins- 
tances qu'il  finit  par  accepter.  Nous  ne  ferons  pas  ici  l'his- 
toire de  sa  vie  ;  les  biographes  l'ont  donnée  en  détail  ainsi  que 
la   liste    de  ses  nombreux  et   savants  ouvrages. 

Les  mêmes  principes  touchant  la  résidence  firent  refuser,  en 
1789,  à  M.  de  Bonneval  l'évêché  de  Senez,  dont  le  titulaire, 
M.  de  Beauvais,  était  mort  le  jour  de  Pâques  delà  même  année 
au  Palais  archiépiscopal  de  Paris  2.  Nous  verrons  bientôt  M.  de 
Bonneval  se  distinguer  dans  les  Assemblées  électorales  et  à  la 
Constituante. 

Bien  que  M.  Jean  Pey  ait  résigné  sa  stalle  à  son  neveu  en 
1789,  nous  devons  le  citer  parmi  les  dernières  illustrations  du 
Chapitre,  dont  il  était  toujours  chanoine  honoraire.  Certains  de 
ses  ouvrages  ont  mérité  par  leur  orthodoxie  cette  désappro- 
bation flatteuse  du  janséniste  Camus  :  «  Le  livre  de  M.  l'abbé 
Pey,  écrivit- il  dans  sa  Lettre  sur  la  Profession  d'avocat,  est 
un  des  plus  adroits  et  des  plus  savants  que  l'on  ait  composés 
sur  cette  matière;  c'est  en  même  temps  un  de  ceux  où  l'on  porte 
à  un  plus  grand  excès  les  prétentions  ecclésiastiques.  »  Son 
ouvrage  De  l'Autorité  des  Deux  Puissances,  auquel  Camus 
fait  ici  allusion,   eut  trois   éditions. 


1.  Cfr.  sa  Déclaration.  Anh.Xal.  S.  7051,7052  et  Concl.  capil. 

■2.  M.  de  Bonneval  fit  valoir  que  1rs  rigueurs  du  climat  ne  permettraient  pas  à 
sa  santé  une  résidence  assez  continue.  Cfr.  Mémoires  d' Au  ri  beau.  Celui-ci  dit  de 
lui  :  «  Cet  écrivain,  qui  a  si  bien  mérité  de  sa  patrie  pour  les  ouvrages  que  la 
France  doit  à  son  amour  pour  elle  et  à  son  zèle  pour  la  Religion,  est  digne  d'être 
distingué  parmi  le  petit  nombre  de  Députés  à  l'Assemblée  nationale,  toujours 
fidèle  aux  vœux  de  ses  commettants.  » 


LES  DERNIERS  CHANOINES.  9 

M.  Brémont  est  moins  connu,  et  cependant  d'Auribeau  le  cite 
dans  ses  Mémoires  comme  une  des  illustrations  du  Chapitre. 
En  17cS7,  il  olïïit  à  la  Bibliothèque  capitulaire  un  de  ses  livres  : 
La  Raison  dans  l'Homme.  Il  nous  apprend  lui-même  que  le 
Clergé  de  France  voulut  bien,  Tannée  suivante,  le  recommander 
au  Roi,  sans  doute  en  raison  des  services  que  ses  ouvrages 
avaient  rendus  à  la  Religion,  et  que  Sa  Majesté  lui  accorda  un 
prieuré  d'un  revenu  fort  modique  *. 

Nous  distinguons  encore  M.  Mazéas,  membre  de  la  Société 
Royale  de  Londres  et  de  l'Académie  Royale  de  Berlin2,  titres 
que  lui  méritèrent  ses  savants  ouvrages,  dont  il  fit  hommage  au 
Chapitre  quelques  jours  après  sa  réception.  L'Astronomie  était- 
elle  la  science  favorite  de  M.  du  Pinet?  Il  décora  du  nom  d'ob- 
servatoire le  belvédère,  qu'il  fit  construire  en  1784  sur  la  façade 
de  sa  maison  canoniale  et  qu'il  prétendait  élever  si  haut  que  le 
Chapitre  s'en  émut  et  le  pria  d'en  diminuer  les  proportions. 
Enfin  M.  Lucas  était  un  des  plus  anciens  membres  de  la  Société 
Royale  d'Agriculture. 

La  Théologie  surtout  était  en  honneur  dans  le  Cloître.  Les 
jeunes  chanoines  marchaient  sur  les  traces  de  leurs  aînés,  dont 
la  plupart  avaient  reçu  le  bonnet  de  docteur  ou  étaient  agrégés 
aux  plus  illustres  collèges,  et  la  science  sacrée  pouvait  espérer 
conserver  longtemps  encore  à  l'ombre  de  Notre-Dame  l'asile 
sur  et  paisible,  qu'elle  y  avait  trouvé  depuis  tant  de  siècles.  La 
salle  capitulaire,  où  Richelieu  avait  permis  aux  chanoines  de 
soutenir  leurs  thèses,  retentissait  encore  des   applaudissements 

1.  CiV.  sa  Déclaration  au  Comité  dos  Pensions  Ecclésiastiques,  il  décembre  1790. 
Arch.  Nat.  S.  460.  Ce  prieuré  était  celui  de  Saint-Barthélemy-des-Buissons,  au 
diocèse  de  Sens. 

14.  M.  de  Miordec  de  Kerdanet,  dans  ses  .  Notices  sur  les  écrivains  delà  Bre- 
tagne »,  dit  que  M.  .Mazéas  travailla  au  Dictionnaire  des  Sciences  et  des  Arts  et 
qu'il  a  fourni  quelques  mémoires  aux  recueils  des  Académies,  auxquelles  il  était 
iié  \Francc  Littéraire).  Voici  la  liste  de. ses  ouvrages:  ln  ■  Éléments  d'Arithmé- 
tique, d'Algèbre  et  de  Géométrie»  avec  une  introduction  aux  Sections  coniques. 
1  vol.  in-8°;  —  2°  Abrégé  de  l'ouvrage  ci-dessus.  1  vol.  in-12.  —  3°  Instilutiones 
philosophicœ  seu  elementa  Logicx  et  Metaphysicœ  nova  facilique  melhodo  digesta. 
'■'<  vol.  in-12.  Cfr.  Concl.  capit.,  année  1763.  Arch.  Nat.  LL.  2323i.  M.  Mazéas 
était  le  livre  de  Guillaume  Mazéas,  secrétaire  d'ambassade, correspondant  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  {France  Li(lcraire). 


10  LE  CHAPITRE    DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

que  recueillirent,  en  1788,  MM.  Melon  de  Pradou  et  Riballier 
dans  la  soutenance  de  leur  «  Tentative  »  *. 

Les  travaux  théologiques,  littéraires  et  scientifiques  étaient 
d'honorables  occupations  pour  les  chanoines,  que  la  discipline 
fort  sévère  du  Chapitre,  touchant  l'assistance  aux  offices,  obli- 
geait à  une  résidence  presque  continuelle'2.  Nous  verrons,  dans 
les  pages  suivantes,   que  sur  ce  point   il  ne    transigea  jamais. 

Quatre  chanoines  seulement  n'habitaient  pas  Paris  :  contrai- 
rerement  à  ce  qui  se  passait  dans  plusieurs  Chapitres  du 
Royaume,  où  les  prébendes  étaient  fort  nombreuses,  mais  les 
stalles  presque  toujours  vides.  Un  autre  chanoine,  M.  Cochu 
de  la  Grange,  est  noté  comme  absent  aux  Chapitres  généraux 
avec  cette  mention  «  jussu  régis  ».  L'ordre  du  Roi  était  un  ordre 
d'exil  :  le  14  février  1785,  M.  de  Montagu,  doyen,  avait  reçu 
de  M.  Lcnoir  un  billet  ainsi  conçu  3  : 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  informer,  Monsieur,  qu'il  vient  de 
m'ctre  adressé  des  ordres  du  Roi,  expédiés  par  M.  le  baron  de 
Breteuil,  pour  exiler  M.  l'abbé  Cochu  dans  la  maison  des  Cor- 
deliers  de  l'Isle  Bouchard.  Je  vous  prie  d'autoriser  l'officier  de 
police,  porteur  desdits  ordres,  à  en  suivre  l'exécution.  Signé  : 
Lenoir.  » 

M.  le  Doyen  dut  s'incliner  devant  la  volonté  royale,  mais  con- 
formément à  ce  qui  s'était  fait  sous  Louis  XV,  lors  des  exils 
successifs  du  Parlement,  à  l'égard  des  chanoines-conseillers, 
le  Chapitre  décida  de  tenir  M.  Cochu  comme  présent  et  de  lui 
réserver  toutes  les  distributions  manuelles  des  offices  du  jour  4. 

1.  La  soutenance  des  thèses  au  Chapitre  n'était  pas  un  fait  ordinaire,  car  la 
plupart  des  chanoines  avaient  déjà  pris  leurs  grades  avant  leur  entrée  à  Notre- 
Dame.  Nous  ne  trouvons  que  de  bien  rares  exemples  de  ce  fait,  dans  les  trente 
dernières  années  du  Chapitre.  Cfr.  Concl.  capitulâmes,  années  1787  et  1788,  passim. 

2.  Les  chanoines  auteurs  se  faisaient  un  honneur  d'offrir  au  Chapitre  leurs 
ouvrages.  M.  Jean  Pey  fait  hommage  de  son  livre  Le  Sage  dans  la  solitude, 
(1787). 

M.  Brémont,  La  liaison  dans  l'Homme  (1786). 

Un  simple  machicot,  François  Guichard,  fait  hommage  au  Chapitre  d'un  ou- 
vrage intitulé  :  Essai  de  nouvelles  psalmodies  ou  faux-bourdons  à  une,  deux  ou 
trois  voix  (1783). 

3.  Cette  lettre  est  copiée  dans  les  Concl.  capil.,  année  1785.  LL.  23239. 

4.  Aux  chapitres  généraux,  31.  Cochu  de  la  Grange  est  indiqué  comme  présent,, 
avec  la  note  excusalus.  Il  assiste  au  chapitre  ordinaire  du  9  septembre  1789. 


LES    DERNIERS  CHANOINES.  Il 

M.  Cochu  resta  en  exil  jusqu'en  1789;  nous  le  verrons  alors 
reprendre  pendant  quelques  mois  son  rang  parmi  ses  collègues, 
avant  de  repartir  pour  un  autre  exil,  plus  douloureux  que  le 
premier! 

Pour  en  finir  avec  les  différentes  personnalités  qui  composaient 
en  1789  le  Chapitre  de  Notre-Dame,  nous  dirons  un  mot  des  deux 
chanoines  de  Saint-Aignan,  auxquels  nous  avons  déjà  fait  allu- 
sion. Vers  1120,  Etienne  de  Garlande,  archidiacre  de  Paris,  fit 
(•(instruire  dans  le  Cloître  une  chapelle  en  l'honneur  de  saint 
Aignan,  évêque  d'Orléans.  Pour  la  desservir,  il  partagea  sa 
prébende  en  deux  parties,  qu'il  attribua,  du  consentement  de 
Gilbert,  évoque  de  Paris,  et  du  Chapitre,  à  deux  chanoines  aux- 
quels il  adjoignit  deux  vicaires  '.  Chacun  des  deux  chanoines 
n'avait  donc  qu'une  demi-prébende  et  qu'une  demi-part  dans  cer- 
taines distributions,  mais  ils  touchaient  intégralement  leurs  droits 
pour  l'assistance  aux  offices  canoniaux. 

Leur  fondateur  obtint  de  Gilbert  que  les  deux  chanoines 
sciaient  à  la  nomination  du  Chapitre.  Celui-ci  profitait  de  cette 
concession  pour  faire  entrer  dans  son  sein  les  ecclésiastiques  qui 
se  signalaient  par  leurs  mérites  et  les  services  rendus  parmi  le 
clergé  inférieur  de  Notre-Dame.  Longtemps  il  réserva  ces  deux 
stalles  presque  exclusivement  au  maître  de  chapelle2.  Quand, 
en  1791,  M.  Guilleminot-Dugué,  dernier  maître  de  chapelle, 
demanda  au  Comité  des  Biens  Nationaux  de  fixer  sa  pension 
ecclésiastique ,  il  fit  valoir  «  que  les  bénéficiers-prètres  de  l'E- 
glise de  Paris  avaient  l'expectative  certaine  des  deux  cano- 
nicats  de  Saint-Aignan,  revenant  à  eux  seuls  exclusivement  par 
droit  d'ancienneté  ».  L'espoir  de  M.  Guilleminot  pouvait  bien 
alors  ne  pas  être  un  leurre  :  1'  «  ancien  des  chanoines  de  Saint- 
Aignan  »,  M.  Chevalier,  était  presque  octogénaire.  M.  Guille- 
minot avait  plus  d'un  titre  à  la  reconnaissance  du  Chapitre  ;  mais 
celui-ci  ne  devait  plus  avoir  la  possibilité  de  la  lui  témoigner  ;. 

1.  Cfr. Guérard,  Carlulaire  deVÉglise  de .\otre-Dame  de  Paris,  t.  I.  p.  328,  nm. 
'»'.  Cfr.    Chartier,    L'Ancien   Chapitre  de  Notre-Dame  de  Paris   et   ta  Maîtrise^ 
p.  198-199. 
3.  Cfr.  sa  Déclaration  au  Comité  des  Pensions  Ecclésiastiques.  Arch.  Xai .  S.  (60. 


12  LE  CHAPITRE   DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Les  chanoines  de  Saint-Aignan  jouirent  jusqu'à  la  Révolution 
de  la  propriété  des  deux  maisons  canoniales,  que  leur  fondateur 
leur  avait  léguées.  Elles  étaient  contiguës  à  la  chapelle,  sur 
laquelle  chacune  avait  une  entrée  :  Tune  s'appelait  «  clomus  ad 
diicis  aulas  »;  l'autre,  «  domus  adturrim  »  l.  Nous  les  signale- 
rons dans  notre  visite  du  Cloître. 

Les  vertus  des  chanoines,  leurs  talents ,  les  dignités  dont  ils 
étaient  revêtus,  le  rang  de  leurs  familles  dans  le  monde,  ne 
pouvaient  manquer  d'attirer  l'attention  du  Roi  et  du  Ministre 
chargé  de  la  Feuille  des  Bénéfices.  En  1780,  nous  avons  compté 
huit  chanoines  de  Xotre-Dame  dans  les  rangs  de  l'épiscopat  : 
MM.  Moreau,  évêque  de  Mâcon;  La  Luzerne,  deLangres;  de  Cu- 
gnac,  de  Lectoure;  de  Nicolaï,  de  Béziers;  de  Galard,  du  Puy;  de 
Fleury,  de  Tours  ;  de  Bouin,  d'Uzès,  et  de  Fénelon,  de  Lombez  2. 
Certains  chanoines  quittaient  le  Chapitre  pour  prendre  un  repos 
bien  mérité  ou  occuper  un  autre  ministère,  tel  M.  Melon  de  Pra- 
dou,  qui  devint  curé  de  Saint-Germain -en-Lave.  Mais  tout  lien 
devait-il  se  briser  entre  eux  et  leurs  anciens  confrères?  Ceux- 
ci  leur  conservaient,  au  moment  de  leur  départ,  le  titre  de  cha- 
noine honoraire,  titre  prodigué  aujourd'hui  que  les  prébendes  sont 
en  fort  petit  nombre,  mais  très  rare  à  la  fin  du  xvm°  siècle.  Aux 
noms  que  nous  venons  de  citer,  il  faut  joindre  celui  de  M.  Couet, 
démissionnaire,  ancien  chanoine  de  Saint-Germain  l'Auxerrois, 
un  des  bienfaiteurs  du  Chapitre,  et  celui  de  M.  Pey. 

Le  titre  de  chanoine  honoraire  était  accordé  par  le  Chapitre  :  les 
intéressés  lui  adressaient  une  requête  pour  obtenir  de  conserver 
leur  rang  au  choeur  et  le  privilège  de  porter  le  costume  canonial, 
pan  nos  ecclesiœ,  quand  ils  venaient  à  Notre-Dame.  Inutile  de 
dire  que  la  requête  était  toujours  bien  accueillie  et  que  le  Cha- 
pitre se  plaisait  à  entretenir  des  liens  fraternels  avec  des 
ecclésiastiques  dont  la  célébrité  ne  pouvait  qu'illustrer  une  com- 
pagnie à  laquelle  ils  voulaient  bien  continuer  d'appartenir3. 

1.  Cfr.  Revue  Archéologique,  t.  IV.  année  1847.  Bibl.  Nat.  8V  684. 

"-'.  Les  chanoines,  nommés  à  des  évèehés  dans  les  trois  première  quarts  du  xvin* 
siècle,  sont  indiqués  dans  un  Manuscrit  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Fonds  français. 
Cérémonial  de  l'Église  de  Paris. 

3.  Comme  gage  d'estime  et  de  reconnaissance,  le  Chapitre  accordait  à  quelques 


DIGNITÉS    ET  CHARGES.  13 


II 


A  la  tête  des  cinquante  et  un  chanoines,  il  nous  faut  placer  les 
huit  Dignités  :  savoir  le  Doyen,  le  Grand-Chantre,  les  trois 
Archidiacres  de  Paris,  de  Brie  et  de  Josas,  le  Chancelier,  le  Sous- 
Chantre,  le  Pénitencier.  Seuls,  le  Doyen  et  le  Sous-Chantre 
étaient  à  la  nomination  du  Chapitre;  les  cinq  autres  dignités 
étaient  désignées  par  l'Archevêque. 

Le  Décanat  avait  presque  toujours  été  confié  à  des  ecclésias- 
tiques remarquables  par  leurs  talents,  distingués  par  leur  nais- 
sance et  considérables  dans  le  monde  par  l'étendue  de  leurs 
relations.  Depuis  le  début  du  xvnr9  siècle,  nous  voyons  se  suc- 
céder MM.  de  Gontaut,  de  Harcourt  de  Beuvron,  de  Saint- 
Exupéiy,  d'Agoult  et  Tudert.  Le  dernier  doyen  de  l'ancien 
Chapitre  fut  M.  Flotard  de  Montagu,  élu  le  17  janvier  1780. 
Cette  élection  avait  été  fort  laborieuse  :  elle  nécessita  neuf  tours 
de  scrutin  et  dura  depuis  sept  heures  du  matin  jusqu'à  deux 
heures  et  demie  du  soir.  M.  de  Montaqn  avait  un  concurrent 
sérieux  dans  M.  Farjonel,  qui  obtint  au  premier  tour  vingt-quatre 
voix  contre  vingt  seulement  données  à  M.  de  Montagu;  tandis 
qu'au  neuvième  tour  celui-ci  en  recueillait  vingt-cinq  et  M.  Far- 
jonel vingt  et  une  '. 

Une  circonstance  donna  à  M.  de.  Montagu  l'occasion  de  nous 
apprendre  lui-même  ses  sentiments  sur  l'excellence  de  sa  nouvelle 
dignité.  Deux  années  après  son  élection,  pendant  la  vacance  du 
siège  archiépiscopal,  il  se  rendait  chaque  dimanche  à  Versailles 
pour  assister  au    lever   du   Roi  dans  l'Œil-de-Bœuf  et  même  il 

, mires  ecclésiastiques  le  privilège  de  porter  au  chœur  de  Notre-Dame  pannos 
Ecclesise,  les  draps  de  l'Église,  comme  on  disait.  Nous  avons  un  exemple  de  cette 
concession,  faite  en  1788,  en  faveur  de  M.  Le  Bou illier,  curé  de  Valenton,  qui  avait 
offert  au  Chapitre  trois  superbes  livres  pour  servir  à  la  consécration  des  Saintes 
Huiles.  Cfr.  Concl.  cap.,  année  Uns. 

1.  M.  de  Montagu  se  souvint  de  ces  lenteurs,  et  quelque  temps  après  proposa 
au  Chapitre  quelques  modifications  à  apporter  dans  l'élection  du  Doyen,  qui  ne 
furenl  jamais  sanctionnées. 


14  LE  CHAPITRE   DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

lui  était  donné  d'entrer  jusqu'au  prie-Dieu  dans  l'intérieur  de  la 
balustrade  du  lit  de  Sa  Majesté.  Un  jour,  un  huissier  malappris  lui 
refusa  l'entrée!  «  Il  est  singulier,  proteste-t-il  auprès  de  M.  le 
duc  de  Villequiers,  que  le  premier  ecclésiastique  du  Diocèse  de 
Paris  reste  à  la  porte  tandis  que  les  Prélats  y  sont  admis.  Le 
Doyenné  est  une  prélature,  qui  ne  le  cède  en  rien  aux  autres. 
Ma  place  est  remplie  par  des  personnes  qui  peuvent  être  à  côté 
de  tout  le  monde.  » 

C'était  au  Doyen  à  présider  les  réunions  capitulaires,  à  main- 
tenir les  institutions  et  les  usages,  à  représenter  ses  collègues, 
à  revendiquer  leurs  prérogatives  et  à  porter  jusqu'au  pied  du 
trône,  s'il  le  fallait,  leurs  plaintes  et  doléances.  Le  Doyen  incar- 
nait pour  ainsi  dire  en  lui  toute  la  majesté  du  Chapitre!  Dans 
les  cérémonies  solennelles,  il  ne  marchait  que  précédé  de  deux 
bénéficiers  et  de  deux  enfants  de  chœur  portant  des  lumières. 

Le  Doyen,  en  sa  qualité,  avait  le  droit  d'administrer  les  sacre- 
ments aux  dignités  et  chanoines,  aux  bénéficiers  et  clercs  du 
bas-chœur  de  Notre-Dame  et  aux  chanoines  et  chapelains  des 
quatre  églises  sujettes.  Il  était  aussi  en  droit  et  possession 
d'avoir  un  vicaire,  qui  administrait  pour  lui  et  en  son  nom  les 
bénéliciers  et  chapelains  du  bas-chœur  de  Notre-Dame  et  des 
églises  sujettes  '. 

Les  revenus  du  Doyen  étaient  le  double  de  ceux  de  ses  con- 
frères et  atteignaient  en  moyenne  la  somme  de  16.000  livres;  il 
avait  deux  prébendes,  touchait  deux  parts  dans  toutes  les  distri- 
butions manuelles  et  percevait  les  revenus  du  fief  décanal  de 
Montreuil,  qui  s'étendait  sur  deux  cents  arpents,  puis  deux 
cents  bottes  de  paille  sur  la  ferme  d'Epiais,  cent  gerbes  de  fro- 
ment sur  la  ferme  de  Tremblav  et  deux  cents  bottes  de  paille  sur 
la  ferme  de  \,Yissous.  Nous  verrons  plus  loin,  quand  nous  parle- 
rons du  costume  canonial,  que  le  Doyen  revêtait  aux  grands 
jours  la  robe  rouge,  honneur  qu'il  partageait  avec  le  Chantre 
et  l'Archidiacre  de  Paris  2. 


1.  Réponse  à  la  consultation  du  Chapitre  d'Orléans,  22  mai  1756. 

2.  La  mort  du  Doyen  était  annoncée  par  la  cloche  capitulaire.  Les  ordres  men- 
diants étaient  tenus  d'assister  à  son  enterrement  et  son  cercueil,  en  passant  devant 


DIGNITÉS   ET   CHARGES.  15 

Lu  seconde  dignité,  la  Chantrerie,  était  occupée  depuis  1784 
par  M.  Kobinault  du  Bois-Basset.  Elle  lui  conférait  la  direction 
du  chœur,  la  surveillance  de  la  communauté  des  Chantres  et  la 
juridiction  sur  «  les  Petites  Ecoles  de  la  Ville,  Cité,  Université, 
faubourgs  et  banlieue  de  Paris  ».  Cette  juridiction  était  exercée 
par  un  Jugc-Collateur  et  Directeur  des  Petites  Ecoles,  un  vice- 
gérant,  un  promoteur,  un  greffier,  un  huissier  et  un  clerc.  Les 
audiences  se  tenaient  le  jeudi  à  trois  heures  dans  l'Auditoire 
du  Chapitre  et  l'appel  des  sentences  allait  immédiatement  au 
Parlement  '. 

Ses  revenus  étaient,  sauf  le  produit  du  Fief  Décanal,  égaux 
en  tout  à  ceux  du  Doyen ,  à  charge  pour  lui  de  fournir  les  livres 
de  chœur.  L'insigne  de  sa  dignité  était  le  Bâton  Cantoral,  qu'il 
portait  aux  jours  solennels,  quand  il  entonnait  l'Introït,  quand 
il  chantait  en  chape  au  milieu  du  chœur  le  cinquième  psaume  des 
Vêpres,  pendant  les  0  de  Noël  et  dans  les  cérémonies  extraordi- 
naires2. En  son  absence3,  il  était  remplacé  par  le  Sous-Chantre, 
M.  de  Chillaud  des  Fieux,  qui  jouissait  alors  des  mêmes  préro- 
gatives que  le  Grand-Chantre  lui-même4. 

Les  Archidiacres  étaient  les  délégués  ou  représentants  de 
l'évêque.  C'était  à  lui  qu'ils  rendaient  compte  de  leurs  visites, 
qu'ils  faisaient  régulièrement  chaque  année  dans  leur  archidia- 
coné  respectif.  Le  Chapitre  les  chargeait  d'inspecter,  dans  leurs 

l'Hôtel-Dieu,  était  encense  par   les   chapelains  entoures  des  sœurs   en  habit  de 
chœur.  Curiosités  de  l'Église  de  Paris,  1763,  p.  425,  126. 

1.  Cfr.  Curiosités,  etc.  p.  339.  Nous  reviendrons  sur  la  juridiction  du  Chantre 
qnand  nous  étudierons  les  rapports  du  Chapitre  avec  l'Instruction  publique 
Comme  le  Doyen,  le  Chantre  pouvait  avoir  un  vicaire  qui,  en  1790,  était  M.  Levas- 
seur,  chanoine  de'  Saint-Denis  du  Pas. 

2.  Voir  chapitre  VI.  la  description  du  Bâton  cantoral  déposé  au  Trésor. 

:!.  Nous  ferons  remarquer  que  le  diantre  et  le  Sous-Chantre,  le  jour  de  leur  ins- 
tallation, faisaient  serment  d'assister,  sans  jamais  manquer,  à  tous  les  oflices.  Le 
prédécesseur  de  M.  des  Fieux,  M.  Lucas,  préféra,  en  1785,  donner  sa  démission 
plutôt  que  de  manquera  son  serment.  On  leur  accordait  cependant  deux  mois  de 
vacances. 

1.  Les  revenus  de  la  Sous-Chantrerie  consistaient  en  deux  redevances  en  argent, 
Tune  sur  l'ancienne  mense  de  119  1.  :!  s.  9  d.;  l'autre  sur  la  Caisse  des  .Matines 
de  1821.  10  s.:  de  plus,  en  unmuidde  blé  estimé 2401.  Arch.  Nat.  Déclaration  de 
M.  des  Fieux,  S.  560. 


16  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME    DE  PARIS  EN  1790. 

tournées,  les  nombreuses  écoles  établies  sur  ses  domaines  et 
entretenues  à  ses  frais  :  à  cette  condition,  il  consentait  à  faire 
une  exception  en  leur  faveur  et  leur  faisait  remettre  à  leur  retour 
les  distributions  diurnes,  qu'ils  auraient  gagnées  pendant  leur 
absence.  En  1790,  M.  de  Launay  était  archidiacre  de  Paris; 
M.  des  Plasses,  archidiacre  de  Brie;  M.  de  Malaret,  archidiacre 
de  Josas.  La  déclaration  que  M.  des  Plasses  fit  au  Bureau  de  la 
Liquidation  des  Pensions  Ecclésiastiques  en  1791,  nous  indique 
les  revenus  que  touchait  un  archidiacre.  Il  jouissait  :  1°  du  droit 
de  visite,  qui  consistait  à  recevoir  à  la  visite  d'une  paroisse  50 
sols  du  curé  et  10  sols  de  la  fabrique;  2°  du  droit  de  spolium; 
à  la  mort  de  chaque  curé,  il  avait  le  droit  de  prendre  «  son 
meilleur  lit  garni,  robbe  ou  soutane,  ceinture,  surplis,  aumusse, 
bréviaire,  bonnet  quarré,  cheval  ou  mulet  ».  Lorsqu'il  présidait 
le  service  des  funérailles,  il  percevait  la  somme  de  trois  livres 
avec  les  cires  et  oblations  pour  droit  de  sépulture;  puis  il  tou- 
chait, pendant  toute  la  durée  de  la  vacance,  les  revenus  de  la 
cure  à  charge  de  faire  desservir  la  paroisse  l  ;  3°  dans  le  temps 
de  déport,  c'est-à-dire  depuis  le  mercredi  des  Cendres  jusques 
et  compris  le  jour  de  la  Trinité,  l'archidiacre  ne  recevait  qu'un 
tiers  des  revenus  des  cures  qui  devenaient  vacantes  dans  cet 
intervalle  ;  le  reste  revenait  à  l'archevêque 2. 

Ces  droits  avaient  été  plusieurs  fois  fort  menacés,  particulière- 
ment en  1787;  ils  furent  totalement  éteints  et  supprimés  le 
4  août  1789.  Aussi  le  Bureau  des  Liquidations  ne  les  reconnut  pas 
et  ne  fit  pas  entrer  en  compte  leurs  produits  pour  fixer  la  pen- 
sion des  Archidiacres. 

Le  Chancelier  de  l'Eglise  de  Paris  était,  de  temps  immémorial, 
de  droit  Chancelier  de  l'Université  :  c'était  donc  un  personnage 
fort  en  vue.  Cette  éminente  dignité  avait  été  conférée  en  1780 
par  M.  Christophe  de  Beaumont  à  M.  Chevreuil,  dernier  succes- 
seur des  Pierre  Lombard  et  des  Gerson.  Nous  ne  parlerons  pas 

1.  Arrêt  du  Parlement.  Arch.  Nat.  L.  Ô17. 

•,\  L'archidiacre  de  Brie  jouissait  d'une  partie  de  la  dîme  de  Géry,  qu"il  affer- 
mait 1.000  1. 


DIGNITÉS  ET  CHARGES.  17 

ici  de  ses  fonctions  et  de  retendue  de  ses  prérogatives;  ces 
détails  appartiennent  exclusivement  à  l'histoire  de  l'Université 
de  Paris.  Un  point  cependant  nous  intéresse.  En  1783,  une 
contestation  s'éleva  entre  M.  Chevreuil  et  l'Université,  particu- 
lièrement la  Faculté  de  Théologie,  au  sujet  de  la  nomination  des 
licenciés.  Ses  collègues  de  Notre-Dame,  considérant  les  atteintes 
portées  aux  droits  du  Chancelier  comme  si  elles  eussent  été 
entreprises  contre  le  corps  du  Chapitre,  se  solidarisèrent  avec 
lui.  «  Ils  ont  unanimement  approuvé,  dit  la  Conclusion  capitu- 
laire,  la  résolution  prise  par  mondit  sieur  le  Chancelier  relative- 
ment au  maintien  et  à  la  défense  des  droits  et  prérogatives  de  sa 
place  et  lui  ont  promis  en  conséquence  de  lui  accorder  leurs  bons 
offices  et  de  l'aider  de  tout  leur  crédit  dans  le  cas  où  ladite  af- 
faire serait  portée  devant  les  tribunaux.  »  Ces  paroles  étaient 
prononcées  devant  M.  Riballier,  chanoine  et  syndic  de  la  Faculté, 
qui  par  conséquent  aurait  dû  pencher  en  faveur  de  celle-ci.  Il  se 
souvint  alors  qu'avant  tout  il  était  chanoine;  il  fit  passer  en 
second  lieu  son  titre  universitaire  et  promit  à  ses  confrères 
d'arranger  l'affaire  avec  la  Faculté1. 

M.  Chevreuil,  en  sa  qualité  de  chancelier,  était  seigneur  en 
partie  de  Contlans-Sainte-Honorine  et  Chennevières  :  les  deux 
tiers  des  lods  et  ventes  et  des  dîmes  qu'il  touchait  sur  ces  deux 
paroisses,  lui  valaient  environ  1.100  livres.  C'était  un  faible 
dédommagement  à  ses  labeurs  et  à  la  gestion  de  sa  chancel- 
lerie. 

La  huitième  et  dernière  dignité  était  celle  de  Pénitencier;  elle 
était  occupée  par  M.  Papin2,  qui  en  fut  revêtu  en  1783,  un  an 
avant  d'être  chanoine,  à  la  suite  de  la  démission  de  M.  de  Méro- 
mont.  Les  fonctions  de  Pénitencier,  quoique  partagées  par  un 
sous-pénitencier  et  quatre  pro-pénitenciers,  étaient  fort  acca- 
blantes. «  Mes  charges  sont  telles,  déclare  M.  Papin,  qu'elles 
me  mettent  hors  d'état  d'assister  aux  Matines,   d'où  il  résulte 

1.  L'arbitrage  de  M.  Riballier  n'aboutit  pas;  ce  fut  le  Roi  qui  régla  provisoi- 
rement l'affaire.  Cfr'.  Concl.  capit.,  année  1782.  Arch.  Nat.  LL.  J3838. 
i.  Précédemment  M.  Papin  était  supérieur  dos  Nouvelles-Converties. 

HAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE   PARIS  2 


18  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

que  le  produit  de  cette  dignité  ne  fait  pas  réellement  pour  le 
Pénitencier  un  revenu  supérieur  à  celui  d'un  simple  canonicat l.  » 
Ces  produits,  auxquels  fait  allusion  M.  Papin,  se  composaient  de 
différentes  redevances  en  nature  et  du  fief  de  Bagneux.  Ce  fief 
était  de  la  mouvance  du  Chapitre;  aussi  le  Pénitencier,  s'il  n'était 
pas  chanoine,  devait-il  rendre  pour  lui  à  genoux  foi  et  hommage 
entre  les  mains  du  Doyen.  Son  confessionnal  était  placé  à  Notre- 
Dame  dans  la  chapelle  de  Saint-Xicolas  et  ceux  des  pro-péniten- 
ciers  dans  les  quatre  chapelles  suivantes  en  revenant  vers  le  bas 
de  l'église. 

En  plus  de  ces  huit  dignités,  il  y  avait  dans  le  sein  du  Cha- 
pitre un  certain  nombre  de  fonctions  que  les  chanoines  se  parta- 
geaient entre  eux  à  la  réunion  plénière  de  la  Saint-Jean.  La 
dernière  répartition  en  fut  faite  le  25  juin  1789;  ce  jour-là,  le 
Chapitre  se  doutait-il  qu'il  nommait  ses  exécuteurs  testamen- 
taires 2  ? 

Officiai  du  Chapitre  :  M.  de  Malaret. 

Théologal  :  M.  Rivière3. 

Promoteur  de  l'oflicialité  :  M.  des  Fieux, 

Administrateurs  de  l'Hotel-Dieu  :  MM.  de  Montagu,  des  Fieux 
et  Chevreuil. 

Chambrier  :  M.  Camiaille. 

Agent  des  affaires  :  M.  de  Champigny. 

Inspecteur  des  Cens  et  Contrats  de  ventes  :  M.  Lucas. 

Inspecteurs  des  Bâtiments  et  des  Forêts  :  MM.  du  Pinet,  Le 
Blanc,  Gatignon  et  d'Espinasse. 

Administrateurs  de  la  Fabrique  :  MM.  Radix  et  de  Vienne. 

Administrateurs  de  la  sacristie  de  la  nef  et  de  la  chapelle  de 
la  Vierge  :  MM.  de  Montdenoix  et  Delon. 

1.  Cf.  sa  Déclaration.  Arch.  Nat.  S.  7051,  7052. 

2.  Ce  fut,  comme  nous  le  verrons,  à  chacun  de  ces  Messieurs  en  charge  que  s'a- 
dressèrent, pour  ce  qui  lés  concerna,  les  officiers  municipaux  chargés  de  liquider 
les  biens  mobiliers  et  immobiliers  du  Chapitre. 

3.  Les  fonctions  de  Théologal  ne  consistaient  guère  qu'à  prêcher  l'A  vent  et  le 
quatrième  dimanche  de  Carême.  Il  était  dispenséd'assister  aux  offices  du  jour,  con- 
cession exorbitante  contre  laquelle  ses  confrères,  et  particulièrement  le  Pénitencier. 
s'élevèrent  très  souvent. 


LES  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  10 

Administrateurs  du  collège  de  Fortet  :  MM.  de  Malaret  et 
Mazéas. 

Inspecteurs  des  Archives  :  MM.  des  Plasses  et  Bulté. 

Inspecteurs  du  pain  du  Chapitre   :  MM.   Pey  et  du  Authier. 

Inspecteur  des  balayeurs  du  Cloître  :  M.  de  Champigny. 

Inspecteur  du  Terrain  :  M.  Lucas. 

La  seule  dénomination  de  ces  charges  indique  suffisamment 
leur  objet;  quand  nous  étudierons  l'organisation  du  Chapitre, 
son  administration,  la  marche  de  ses  affaires,  nous  retrouverons 
chacun  de  ces  chanoines  dans  l'exercice  de  ses  fonctions. 


III 


Le  premier  revenu  d'un  chanoine  consistait  dans  son  gros, 
c'est-à-dire  dans  une  somme  fixe  évaluée  800  1.,  à  prendre  sur 
les  biens  immobiliers  que  le  Chapitre  possédait  à  la  campagne  et 
louait  à  des  fermiers.  C'est  ce  revenu  qui  constituait  la  pré- 
bende, et  les  biens  sur  lesquels  les  gros  étaient  intabulés,  s'ap- 
pelaient lieux  prébendiaux.  D'après  une  succession  de  cir- 
constances que  nous  ne  pouvons  rapporter  ici,  en  1780,  époque 
de  la  dernière  répartition  des  gros  (cette  opération  prenait  le 
imm  de  Régalement),  il  fallait  constituer  cinquante-deux  gros 
ainsi  attribués  :  i°  deux  gros  entiers  à  M.  le  Doyen  et  à  M.  le 
Chantre  «  à  cause  de  leurdignilé  »;  —  2°  quatre  demi-gros  à 
MM.  de  Launay,  Camiaille  et  de  Tilly  et  pour  la  demi-prébende 
éteinte  de  M.  de  Harcourt;  —  3°  deux  demi-gros  à  chacun  des 
deux  Chanoines  de  Saint-Aignan,  qui  n'ont  à  eux  deux  qu'une 
seule  prébende;  —  4°  deux  gros  pour  l'abbé  de  Saint- Victor  et 
l'Eglise  de  Saint-Jean  le  Rond  ;  —  5°  quarante-trois  gros  entiers 
pour  MM.  les  chanoines  prébendes  de  l'Eglise  de  Paris.  Comme 
les  gros  de  l'abbé  de  Saint-Victor  et  de  Saint-Jean  le  Rond 
étaient  payés  directement  par  la  Chambre,  sans  être  intabulés 
sur  aucune  terre,  il  ne  restait  que  cinquante  gros  ou  demi-gros  à 
colloquer  sur  les  lieux  prébendiaux. 

Depuis  les  conclusions  du  2  avril  1570,  les  gros  étaient  attri- 


20  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

bués  à  MM.  les  Chanoines  de  vingt  ans  en  vingt  ans  au  Chapitre 
général  de  la  Saint-Jean,  aux  conditions  suivantes  *  :  «  Mesdits 
sieurs  du  Chapitre  ne  pourront  rien  prétendre  dans  les  lods  et 
ventes,  qui  proviendront  des  seigneuries  et  terres  sur  lesquelles 
ils  sont  prébendes  soit  pour  un  gros,  soit  pour  un  demi-gros  ; 
mais  que  le  tout  appartiendra  au  Chapitre  ;  —  que  les  revenus  des 
gros  et  demi-gros,  prébendes  et  demi-prébendes  de  MM.  les  Cha- 
noines sont  et  seront  premièrement  et  par  privilège  spécial  affec- 
tés au  paiement  des  fermes  et  loyers  que  pourront  devoir  et  devront 
lesdits  sieurs  Chanoines  à  la  recette  du  Chapitre,  tant  à  cause  des 
terres,  maisons,  appartements  et  héritages  qu'ils  pourront  tenir  à 
ferme  et  loyer  dudit  Chapitre,  que  pour  raison  de  rentes  et  autres 
choses  qu'ils  pourront  devoir  cy-après  audit  Chapitre  ;  —  qu'après 
l'option  faite  des  prébendes  et  semi-prébendes,  suivant  le  présent 
Régalement,  le  Chapitre  ne  sera  point  garant  d'icelles  prébendes 
et  demi-prébendes,  si  ce  n'est  qu'au  cas  que  le  Chapitre  fût  évincé 
des  biens,  sur  lesquels  elles  sont  assignées  et  colloquées;  — 
que  le  Chapitre  ne  sera  point  garant  de  l'insolvabilité  des  fer- 
miers desdites  prébendes  et  demi-prébendes  après  l'option  d'i- 
celles, mais  sera  auxrisques  des  sieurs  prébendes;  —  que  le  Cha- 
pitre ne  profitera  pas  de  l'augmentation  du  prix  des  baux  des 
lieux  prébendiaux,  quand  elle  arrivera  pendant  les  vingt  années 
du  présent  Régalement,  si  ce  n'est  à  proportion  de  la  part  qui  lui 
est  réservée  sur  iceux,  comme  pareillement  ledit  Chapitre  ne  sera 
point  tenu  des  diminutions  du  prix,  s'il  en  arrive  pendant  ledit 
temps,  si  ce  n'est  à  la  même  proportion  de  la  part  qui  lui  est  ré- 
servée, comme  dit  est;  —  et  sera  le  tout  régalé  soit  qu'il  arrive 
diminution  ou  augmentation  entre  les  prébendes  et  les  offices  qui 
auront  été  colloques  avec  eux  et  ce  par  contribution  au  sol  la 
livre  sur  le  pied  et  à  proportion  de  la  part  et  portion  qu'ils  pren- 
dront les  uns  et  les  autres  dans  ce  qui  leur  aura  été  distribué.  2  » 
D'après  les  clauses  du  Régalement,  on  voit  que  le  Chapitre  se 
faisait  reconnaître  à  l'égard  de  ses  membres  comme  créancier 

1.  Areh.  Nat.  L.  473,  n.  5G. 

2.  Ci',  les  clauses  du  dernier  Régalement,  établi  en  1 780  au  Chapitre  de  la  Saint- 
Jean. 


LES  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  21 

privilégié,  et  ses  agents  fiscaux,  établis  sur  toute  l'étendue  de  ses 
terres,  étaient  à  même  de  faire  opposition  sur  le  paiement  du 
gros,  que  le  fermier  devait  verser  directement  entre  les  mains 
du  prébende  '. 

Le  troisième  paragraphe  nous  explique  aussi  pourquoi  les 
gros  étaient  mis  en  adjudication  en  Chapitre,  d'abord  chaque 
vingtième  année,  qui  était  celle  du  Régalement,  et  aussi  à  la 
mort  ou  à  la  résignation  du  prébende.  La  plupart  des  baux,  vala- 
bles pour  six  ou  neuf  ans,  étaient  par  là  même  sujets  à  des  varia- 
tions dans  le  montant  de  leurs  prix  :  aux  chanoines  de  con- 
naître l'état  des  terres  du  gros  vacant  et  d'estimer  si,  à 
l'expiration  du  bail,  la  location  sera  affermée  plus  ou  moins  cher  2. 
L'inégalité  dans  le  revenu  du  gros  s'explique  encore  par  l'inéga- 
lité qui  devait  fatalement  s'accentuer,  pendant  un  laps  de  vingt 
ans,  dans  le  prix  des  loyers;  aussi  les  chanoines  de  1579  crurent 
que,  pour  conserver  autant  que  possible  l'égalité  des  honoraires 
entre  confrères,  le  Régalement,  fait  de  vingt  ans  en  vingt  ans, 
empêcherait  que  des  écarts  exagérés  s'établissent  entre  les  béné- 
fices de  chaque  stalle. 

Comme  nous  l'avons  vu,  trois  chanoines  étaient  demi-prébendés 
et  par  conséquent  ne  touchaient  qu'un  demi-gros.  Depuis  le  cha- 
pitre général  de  la  Saint-Martin  de  17G2  jusqu'en  1787,  le  Cha- 
pitre leur  avait  payé  sur  la  mense  de  Saint-Germain  une  somme 
de  400  livres  par  provision,  pour  leur  tenir  lieu  du  demi-gros 
qu'ils  ne  percevaient  pas  sur  les  lieux  prébendiaux.  L'article  VIII 

1.  Dans  les  cinquante  dernières  années  du  Chapitre,  nous  n'avons  trouvé  aucun 
exemple  d'opposition  faite  par  le  Chapitre  sur  le  gros  d'un  chanoine. 

2.  Ainsi  tel  gros,  estimé  au  prix  commun  de  800  1.  l'année  du  Régalement,  pou- 
vait atteindre  un  taux  beaucoup  plus  élevé  dans  le  cours  des  vingt  ans  suivants. 
Nous  trouvons  des  exemples  de  ces  changements  avantageux  en  1790.  La  mort  de 
Mil.  Bergier  et  de  Méromont,  ainsi  que  la  résignation  de  M.  Jean  Pey,  occasion- 
nèrent une  dernière  adjudication  de  leurs  gros  devenus  vacants.  M.  Brémont  aban- 
donna son  gros  d'Andrésy,  qui  nevalait  que  800  !..  pour  opter  en  faveur  du  gros  de 
Viry.  qui  en  valait  1.040;  le  gros  de  Bernes,  d'assez  modique  revenu,  puisqu'il  fut 
laissé  au  dernier  chanoine,  M.  Jean-Louis  Pey,  appartenait  à  M.  de  Launay.  qui 
opta  pour  le  gros  de  Belloy,  estimé  alors  1.244  1.  Le  gros  de  Sucy,  qui  revint  à  la  Re- 
cette générale  après  l'abandon  qu'en  lit  M.  de  Dampierre,  ne  rapportait  pas  moins 
eu  espèces  que  le  gros  d'Ivry,  pour  lequel  il  opta;  mais  celui-ci  avait  des  redevances 
en  nature  qui  le  rendaient  plus  avantageux  :  quinze  douzaines  de  pigeons  et  deux 
cents  de  paille.  Cf.  Arch.  Xat.  S.  560  et  Concl.  capit.,  179<»,  passim. 


22  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

du  décret  d'union  et  d'incorporation  du  Chapitre  de  Saint-Ger- 
main l'Auxerrois  à  l'Église  de  Paris  portait  que  «  après  que  les 
susdites  union,  suppressions  et  extinctions  seront  effectuées  et 
consommées  les  gros  de  tous  les  canonicats,  excepté  des  deux 
canonicats  de  Saint- Aignan,  seront  rendus  égaux  ».  En  1788,  le 
Chapitre  estima  les  conditions  remplies,  supprima  les  alloca- 
tions annuelles  et  colloqua  trois  nouveaux  demi-gros  sur  les  terres 
de  Bernes,  de  Lasrnv  et  d'Attainville1. 

Le  gros  n'était  qu'une  part  bien  petite  dans  les  émoluments  des 
chanoines.  Par  contre,  leur  casuel  s'élevait  à  une  somme  considé- 
rable, qui  atteignait  au  moins  six  mille  livres.  Le  casuel  compre- 
nait les  distributions  manuelles  pour  assistances  aux  offices,  les 
méreaux  gagnés  par  les  présences  aux  chapitres,  les  petits-vins, 
les  distributions  de  cire,  les  cérémonies  extraordinaires,  etc.  Etu- 
dions rapidement  ces  différentes  sources  de  revenus. 

Chaque  année  environ  trois  cent  mille  livres  2  étaient  prélevées 
sur  les  revenus  du  Chapitre  ou  sur  diverses  fondations  pour  ré- 
tribuer, rien  qu'aux  chanoines,  leurs  assistances  aux  offices.  11 
faut  dire  que  cette  somme  était  fort  variable  :  les  finances  du 
Chapitre  étaient-elles  prospères?  on  augmentait  le  taux  des  dis- 
tributions manuelles,  qui  fléchissait  aux  époques  de  gêne  et  de 
crise.  Il  est  curieux  de  suivre  dans  les  registres  capitulaires  ces 
hausses  et  ces  baisses  intermittentes.  Depuis  l'union  de  la  mense 
de  Saint-Germain  l'Auxerrois  à  celle  du  Chapitre  de  Notre-Dame, 
c'est-à-dire  pendant  la  seconde  moitié  du  xvme  siècle,  les  finances 
du  Chapitre  s'améliorant  de  jour  en  jour,  on  voit  se  manifester 
le  bon  état  de  la  caisse  par  l'augmentation  presque  annuelle  des 
distributions. 

Des  tables  de  distributions  étaient  dressées  à  époques  fixes  par 
le  Grand  et  le  Petit  Distributeurs,  signées  du  Chambrier  et  émar- 

1.  A  chaque  changement  de  gros,  l'abbé  de  Saint- Victor  touchait  la  première 
année  du  revenu  en  vertu  de  son  droit  d'annate. 

2.  Nous  ferons  remarquer  que  depuis  plusieurs  années  ce  chiffre  grossissait  tou- 
jours, grâce  à  l'état  florissant  de  la  caisse  capitulaire.  En  174<  ».  d'après  un  mémoire 
des  vicaires  perpétuels,  rapporté  au  chapitre  suivant,  page  36,  les  distributions 
manuelles  pour  un  chanoine  ne  dépassaient  guère  1.6001.;  en  17?  1.  elles  montaient  à 
près  de  3.0001.  et  à  5.0001.  au  moins  en  1789. 


LES  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  2:5 

gées  par  chaque  chanoine.  Le  travail  des  Distributeurs  était  fort 
délicat  et  fort  compliqué  :  ils  devaient  vérifier  les  présences,  col- 
lationner  les  billets  d'excuse1,  tenir  compte  des  permissions  ac- 
cordées par  le  Chapitre,  enfin  se  livrer  à  des  comptes  qui  casse- 
raient sûrement  la  tète  à  nos  lecteurs  si  nous  les  rapportions  en 
détail  ici,  comme  jadis  ils  devaient  faire  le  cauchemar  des  comp- 
tables du  Chapitre  2. 

Ces  distributions  manuelles  peuvent  paraître  considérables, 
mais  nous  devons  rappeler  avec  quelle  rigidité  le  Chapitre  exi- 
geait de  ses  membres  une  présence  effective  pour  les  gagner.  Je 
ne  crois  pas  qu'il  existât  en  France  un  seul  Chapitre  où  la  disci- 
pline du  chœur  fût  aussi  sévèrement  appliquée.  Celui  de  Paris  ne 
manquait  pas  de  s'en  faire  gloire,  et  certes  c'était  à  juste  titre! 
Les  distributions  manuelles  des  offices  de  la  nuit,  c'est-à-dire  Ma- 
tines et  Laudes  de  la  fête  et  les  Vigiles  des  Morts,  n'étaient  attri- 
buées qu'aux  présents  3.  Sur  ce  point  l'intransigeance  était  pous- 
sée aux  dernières  limites.  Même  les  chanoines-jubilés,  dispensés 
des  heures  diurnes  dont  ils  touchaient  toutes  les  distributions,  ne 
pouvaient  se  prévaloir  de  leurs  longs  services  pour  demander  les 
honoraires  des  Matines  auxquelles  leur  âge  avancé  ne  leur  per- 
mettait plus  d'assister  4. 

Plus  tolérante  était  la  coutume  pour  les  distributions  des  offices 
du  jour.  On  admettait  comme  excuse,  dispensant  de  l'assistance 
sans  entraîner  la  perte  des  fruits,  les  affaires,  les  vacances,  les  re- 
traites spirituelles  dans  les  séminaires  pour  la  réception  des  or- 
dres, etc.  Mais  le  Chapitre   se  réservait    de   juger  chaque  cas 

1.  Nous  avons  retrouvé  dans  les  minutes  des  Conclusions  capitulaires  quelques-uns 
de  ces  billets  d'excuse,  adressés  à  M.  le  Chambrier. 

2.  De  toutes  petites  sommes  étaient  divisées  entre  un  grand  nombre  de  personnes 
el  d'après  une  proportion  établie  selon  la  dignité  ou  l'office  de  chacun.  Pouréviter 
ces  difficultés  à  ses  comptables,  le  Chapitre  depuis  quelques  années  travaillait  à  réu- 
nir plusieurs  de  ces  fondations. 

3.  Pour  encourager  l'assistance  aux  offices  de  nuit,  le  Chapitre  décida  en  1781 
qu'un  chanoine,  qui  aurait  assisté  200  fois  à  Matines,  toucherait  290  présences.  Arch. 
Nat.  L.  232". 

I.  Les  chanoines,  absents  pour  traiter  les  affaires  du  Chapitre,  n'étaient  pas  non 
plus  réputés  présents,  et  le  Chapitre  préférait  les  indemniser  de  toute  autre  manière 
plutôt  que  de  céder  sur  ce  point  même  en  faveur  de  ceux  qui  travaillaient  pour 
lui. 


•24  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

particulier,  au  sujet  duquel  on  devait  lui  adresser  requête  '. 
La  maladie  était  une  excuse  admise  sans  conteste.  Le  malade, 
s'il  était  à  Paris,  envoyait  un  billet  à  M.  le  Chambrier,  qui  le 
transmettait  au  grand  distributeur,  et,  de  ce  fait,  la  distribution  res- 
tait acquise.  Les  affaires  n'étaient  pas  toujours  une  excuse  valable  : 
M.  de  Tilly-Blaru  nous  apprend  lui-même  qu'avant  fait  partiedela 
commission  intermédiaire  de  l'Ile-de-France  et  étant  chargé  de 
tute  les,  il  perdit  de  nombreuses  distributions. 

Le  Chapitre  refusait  de  regarder  comme  présents  les  grands 
vicaires  et  les  deux  chanoines  de  comitatu,  les  étudiants  en  théo- 
logie, les  députés  à  la  Chambre  du  Clergé;  il  ne  voulut  jamais 
céder  aux  réclamations  des  conseillers-clercs  au  Parlement  et  il 
resta  sourd  à  une  demande  que  Louis  XVI  lui  fit  transmettre  à  ce 
sujet  par  l'intermédiaire  de  son  ministre.  L'entêtement  du  Cha- 
pitre à  ne  pas  vouloir  excuser  les  quelques  chanoines  qui  l'hono- 
raient par  leur  présence  dans  le  sanctuaire  de  la  justice  et  par  la 
pourpre  judiciaire  dont  ils  décoraient  le  chœur  de  Notre-Dame, 
s'explique  difficilement,  surtout  quand  nous  le  voyons  assurer 
leurs  distributions  à  MM.  Bergier  et  de  Reclesne,  pendant  leur 
séjour  à  la  Cour.  Mais,  toujours  un  peu  frondeur,  le  Chapitre 
conservait  ses  bonnes  grâces,  et  ce  qui  valait  mieux  encore,  leurs 
fruits  aux  chanoines  conseillers-clercs,  lors  des  nombreux  exils 
qu'ils  durent  subir,  comme  membres  du  Parlement,  pendant  le 
xvme  siècle.  Ce  qu'il  leur  refusait  en  temps  de  paix,  il  le  leur  ac- 
cordait en  temps  de  guerre  :  c'était  de  sa  part  une  courageuse 
protestation  et  une  honorable  fidélité  à  des  confrères  en  disgrâce  ! 

Dès  la  Pentecôte,  nous  voyons  se  multiplier  aux  chapitres  par- 
ticuliers les  demandes  d'autorisation  pour  partir  en  vacances  : 
«  ut  ruri  commoretur  »  est  la  formule  ordinaire.  Les  chanoines 
se  retiraient  alors  dans  leurs  abbayes  ou  prieurés  2,  partaient  pour 
les  eaux  de  Bourbon-i'Archambault,  ou  regagnaient  le  manoir 
paternel.  Mais  la  rentrée  était  impitoyablement  fixée.  Les  registres 

1.  Cependant  l'absence,  même  motivée  et  approuvée,  empêchait  de  toucher  les 
distributions  des  petits  obits. 

2.  M.  du  Marais  nous  dit,  dans  sa  Déclaration,  qu'il  a  fait  reconstruire  à  ses  frais 
son  prieuré  de  la  Madeleine  de  Vernon.  au  diocèse  de  Rouen,  pour  en  faire  son  habi- 
tation de  campagne.  Arch.  Nat.  S.  7051,  7052. 


LES  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  25 

de  1771  nous  offrent  un  exemple  presque  cruel  de  cette  inflexibilité. 
Le 4  décembre  de  cette  année,  M.  du  Pinet  écrit  à  M.  le  Doyen 
«  qu'il  a  été  attaqué  dans  son  voyage,  le  mois  d'octobre  dernier, 
d'une  fièvre  continuelle  et  opiniâtre  et  qu'en  conséquence  il  n'a 
pu  jusqu'ici  effectuer  son  retour  qui  avait  été  fixé  au  25  du 
mois  d'octobre  »;  et  il  supplie  ses  confrères  de  vouloir  bien 
lui  conserver  depuis  cette  époque  les  distributions  manuelles. 
Le  Chapitre  refuse  tout  net,  «  retenu,  dit-il,  par  la  crainte 
de  donner  en  cela  quelque  atteinte  à  sa  discipline  et  à  ses 
usages  ». 

L'assistance  aux  offices  faisait  encore  erasrner  aux  chanoines 
leur  pain  quotidien,  appelé  «  pain  capitulaire  »  '.  Chaque  année 
leur  Receveur  faisait  remettre  au  boulanger,  désigné  par  le  Cha- 
pitre, une  certaine  quantité  de  blé  pris  sur  la  récolte  précédente. 
Un  chanoine  recevait  par  an  un  muid  de  blé  soit  en  pain,  soit  en 
argent,  à  son  choix.  Les  conditions  pour  gagner  ce  revenu,  établies 
en  1757,  étaient  fort  douces  :  «M.  le  Doyen  a  dit  que  Messieurs 
en  assistant  à  l'église  une  fois  tous  les  quinze  jours  gagnent  onze 
septiers  trois  boisseaux  de  bled  par  chacun  an;  qu'il  lui  paraîtrait 
que  l'état  actuel  du  Chapitre  peut  permettre  d'ajouter  neuf  bois- 
seaux aux  onze  septiers  trois  boisseaux,  afin  que  chacun  de  Mes- 
sieurs puisse  gagner  par  chacun  an  un  muid  entier  en  assistant  à 
l'église  suivant  et  ainsi  qu'il  plaira  à  la  Compagnie  de  le  régler. 
Sur  quoi  Messieurs  ayant  remercié  M.  le  Doven  de  son  attention, 
arrêtent  que,  à  commencer  du  1er  janvier  1757,  au  lieu  de  quatre 
livres  de  pain  par  jour  que  Messieurs  gagnaient,  chacun  de  Mes- 
sieurs, en  assistant  à  l'église  une  fois  par  chaque  mois,  gagnera 
un  septier  de  bled,  et,  en  conséquence,  en  assistant  aussi  une  fois 
dans  chacun  des  douze  mois  de  l'année,  gagnera  un  muid  entier  ». 
La  plupart  des  bénéficiers  et  des  gagistes  du  Chapitre  recevaient 
aussi  chaque  jour  une  certaine  quantité  de  pain,  dont  la  qualité 
était  proportionnée  à  la  dignité  de  la  personne.  Le  receveur  du 

1.  Ce  pain  devait  être  ■  optimx  et  purissimx  farinai  ».  Il  était  attribué  au  bou- 
langer un  septier  de  froment  pour  cent  trente  livres  de  pain.  Le  13  novembre  1789, 
Messieurs  du  Chapitre  passèrent  le  dernier  marché  au  sujet  de  ce  pain  avec  Laurian 
Patrigeon,  boulanger  rue  Neuve-Notre-Dame. 


26  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Chapitre  donnait  en  moyenne  soixante-quatorze  muids  de  farine 
pour  la  provision  de  l'année  !. 

La  présence  aux  chapitres  généraux  et  particuliers  était  rétri- 
buée sur  les  revenus  seigneuriaux  des  biens  qui  étaient  de  la  cen- 
sive  du  Chapitre.  Le  règlement  de  répartition  fut  établi  en  1783. 
1°  La  table  deslods  et  ventes  pour  le  premier  semestre  était  payée 
au  premier  chapitre  ordinaire  de  mai;  pour  le  second  semestre,  au 
chapitre  général  de  la  Saint-Martin.  Il  suffisait  d'avoir  assisté  à 
trois  séances.  —  2"  La  table  des  profits  et  droits  des  fiefs  sera 
payée  au  chapitre  général  qui  suivra  immédiatement  la  perception 
faite  par  le  receveur  des  censives  lorsqu'ils  seront  au-dessous  de 
trois  cents  livres,  et  au  second  chapitre  ordinaire  qui  suivra 
ladite  perception  quand  les  produits  seront  de  trois  cents  livres  et 
au-dessus  2.  Les  chanoines  capitulants,  tant  aux  chapitres  géné- 
raux que  particuliers,  se  partageaient  encore  les  profits  des  petits- 
vins.  Tous  les  locataires  des  maisons,  dépendant  de  l'ancienne 
Mense  du  Chapitre  2,  de  l'Office  des  Matines,  des  chapelles  de 
Saint-Denis  et  Saint-Georges  et  de  la  Fabrique  devaient  payer, 
en  passant  leur  bail  ou  en  le  renouvelant,  le  dixième  d'une  année 
de  loyer.  Ce  revenu  était  déposé  entre  les  mains  du  Secrétaire  du 
Chapitre,  qui  en  faisait  lui-même  la  répartition. 

Les  chanoines  avaient  encore  quelques  profits  extraordinaires, 
tels  que  la  vente  d'une  maison  d'un  chanoine  «  décédé  en  perte 
de  maison  »,  les  funérailles  d'un  chanoine,  l'inhumation  à  Notre- 
Dame  d'une  personne  y  ayant  un  tombeau  de  famille,  la  cire 
offerte  par  les  nouveaux  licenciés  lors  de  leur  réception  à  l'arche- 
vêché, celle  donnée  comme  étrennes  le  matin  du  1er  janvier,  et 
enfin  Vobit  salé3. 

Quand  nous  parlerons  du  Cloître,  nous  étudierons  le  premier  de 


1.  Arch.  Nal.  S.  5Gn. 

■2.  Los  lotis  et  ventes  provenant  de  la  Mense  de  Saint-Germain  étaient  intégrale- 
nii 'lit  employés  aux  distributions  pour  les  offices  du  chœur,  selon  la  teneur  du  Décret 
d'L'nion.  Arch.Nat.  S.    450. 

3.  Parmi  les  distributions,  les  unes  devaient  être  partagées  seulement  entre  les 
ecclésiastiques  réellement  présents;  les  fruits  des  absents  revenaient  alors  à  la  Re- 
cette: les  autres  devaient  être  intégralement  distribuées,  quel  que  fût  le  nombre 
des  absents:  on  disait  alors  que  ces  distributions  <•  accroissaient  aux  présents  •>. 


LES  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  27 

de  ces  revenus  éventuels.  Les  funérailles  et  les  inhumations,  célé- 
brées ou  faites  à  Notre-Dame,  étaient  l'occasion  de  distributions 
extraordinaires  payées  par  les  familles  des  défunts  et  parta- 
gées entre  les  présents.  Plusieurs  distributions  de  cire  étaient 
faites  dans  le  cours  de  Tannée  :  les  unes  étaient  liturgiques, 
comme  celle  de  la  Purification  et  des  0  ou  Grandes  Antiennes  de 
Noël;  d'autres  étaient  honorifiques.  Ordinairement  deux  fois  Tan, 
à  la  Septuagésime  et  vers  la  fin  de  juin,  Messieurs  du  Chapitre, 
sur  l'invitation  du  Chancelier,  voulaient  bien  honorer  de  leur  pré- 
sence la  séance  solennelle  dans  laquelle  l'archevêque  recevait,  en 
son  palais,  les  nouveaux  licenciés.  Ceux-ci  offraient  soixante  livres 
de  cire  blanche  ;  six  livres  étaient  réservées  pour  l'archevêque,  le 
reste  était  partagé  entre  les  chanoines  *.  Enfin,  le  matin  du  pre- 
mier janvier,  dans  la  réunion  capitulaire  où  les  chanoines  s'offraient 
mutuellement  leurs  vœux  de  bonne  année,  le  Chapitre  donnait 
comme  étrennes  xeniorum  in  modum,  une  livre  de  cire  à  tous 
ses  membres,  même  honoraires  ou  in  minoribus. 

Le  4  janvier,  le  Chapitre  célébrait  YObit  salé,  pour  le  repos 
de  l'âme  de  Louis  XII  et  de  son  père  Charles,  duc  d'Orléans.  Le 
roi  Louis  XII,  par  Lettres  patentes  données  à  Etampes  la  pre- 
mière année  de  son  règne,  fonda  un  obit  solennel  et  perpétuel  en 
l'Eglise  de  Paris,  pour  la  célébration  duquel  il  donna  aux  Doyen, 
Chanoines  et  Chapitre  de  ladite  Eglise  la  quantité  de  deuxmuids  de 
sel  à  prendre  par  les  mains  des  grainetiers  et  conseillers  du  Gre- 
nier à  sel  de  Paris  en  pavant  le  droit  et  le  prix  de  marchand  seu- 
lement 2.  D'où  son  nom  d'obit  salé.  Depuis  quelques  années,  le 
receveur  du  Grenier  à  sel  faisait  difficulté  de  délivrer  la  provision 
à  de  telles  conditions  et  voulait  exiger  tous  les  droits  imposés  sur 
le  sel.  Le  Chapitre  parvint  à  maintenir  son  privilège  jusqu'en  1789, 


1.  Nous  ne  voyons  pas  que  cette  cérémonie  et  cette  distribution  aient  eu  lieu  les 
(li'ux  dernières  années  du  Chapitre. 

2.  Nous  avons  trouvé  l'état  de  distribution  de  l'année  1778,  qui  nous  indique 
le  partage  des  libéralités  de  Louis  XII.  Le  Doyen  et  le  Chantre  recevaient  chacun 
1  minots  de  sel:  les  autres  chanoines  deux. seulement,  sauf  les  chanoines  de  Saint- 
Ai.ii.iii.  auxquels  un  seul  était  attribué,  ainsi  qu'à  trois  officiers  du  Chapitre.  Les 
conseillers-clercs,  quoique  absents,  avaient  part  à  la  distribution.  Cfr.  Concl. 
tapit-,  s  février  1775  el  Arch.  Nat.  L.  170,  n.  50. 


28  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

mais  Tannée  suivante  le  privilège  ne  l'ut  plus  reconnu  et  la  fonda- 
tion de  Louis  XII  n'eut  plus  son  effet. 

D'après  les  tables  des  distributeurs  et  en  se  servant  des  in- 
dications données  dans  les  Déclarations  individuelles  des  cha- 
noines au  Comité  des  Biens  nationaux,  on  peut  estimer  qu'un 
canonicat  à  Notre-Dame  pouvait  rapporter  à  un  chanoine,  assez 
exact  à  assister  aux  offices  du  jour  et  de  la  nuit,  une  moyenne 
de  7.000  1.  '. 

Presque  tous  les  chanoines  jouissaient  d'autres  revenus  sur  des 
abbayes,  prieurés,  chapellenies,  etc.,  qui  constituaient  à  plusieurs 
d'entre  eux  de  véritables  fortunes.  Ainsi  M.  de  Montagu  recevait 
près  de  64.000  1.  de  ses  différents  bénéfices,  M.  de  Bonneval 
60.000  1.,  M.  Morin  des  Marais  32.000  1.,  M.  Bertrand  de  Beau- 
mont  28.000  1.  Le  tableau  suivant  donne  le  détail  des  revenus 
ecclésiastiques  possédés    par  quarante  chanoines  2  : 

M.  de  Montagu.  Abbaye  de  Frémy,  ordre  de  Saint-Benoit,  diocèse  de 
Cambrai  :  48.321  1.,  2  s.  4  d. 

M.  du  Bois-Basset.  Cbantrerie  :  G. 000  1.  ;  —  pension  sur  l'abbaye  de 
Notre-Dame  d'Oigny  :  1.030  1. 

M.  de  Launay.  Archidiaconé  :  1.000  1.  ;  —  pension  sur  l'abbaye  Saint- 
Pierre  de  Vierzon  :  1.000  1. 

M.  de  Malaret.  Archidiaconé  :  1.000  1.  ; — prieuré  de  Sainte-Rose  de 
Miradoux,  diocèse  d'Agen  :  2.000  1.  :  — chapellenie  de  Fintrailles,  près  Tarbes  : 
000  1.  ;  —  prieuré  de  Balagnier,  diocèse  de  Vabres  :  300  1. 

M.   des  Plasses.  Archidiaconé  :  1.000  1. 

M.  Chillaud  des  Fieux.  Sous-Chantrerie  :  541  1.  13  s.  9  d.; — abbaye  de 


1.  Les  moins  exacts  aux  offices  touchaient  au  moins  6.5001.  Cfr.  leurs  Déclarations. 
Los  revenus  des  chanoines  étaient  nets,  sans  charge  de  décimes.  «  Messieurs  ont 
arrêté  que  désormais  le  Receveur  Général  du  Chapitre  paiera  sur  les  fonds  do 
Chapitre  la  part  des  impositions  auxquelles  Messieurs  les  Doyen,  Chantre,  Sous- 
Chantre,  Chanoines  de  l'Eglise  de  Paris,  pourraient  être  imposés  par  tête  poui 
raison  de  leur  dignité  ou  prébende,  et  pareillement  que  ledit  Receveur  payera 
dorénavant  sur  les  fonds  du  Chapitre  les  impositions,  les  taxes  auxquelles  pour- 
raient être  imposés  les  vicaires  perpétuels,  bénéficiers,  chantres  et  gagistes, 
pour  raison  de  leurs  bénéfices  ou  gages,  soit  que  lesdites  taxes  soient  imposées 
par  tète  ou  autrement  à  l'exclusion  toutefois  des  cinq  autres  dignités,  dont  les 
revenus  ne  sont  point  assignés  sur  le  Chapitre,  comme  aussi  de  tous  les  chapelains, 
tant  delà  Nouvelle  que  de  l'Ancienne  Communauté  ».  Concl.  tapit.,  25  avril  1757. 
Arch.  Nat.  LL.  -23-2  ". 

2.  Ces  revenus  étaient  la  plupart  grevés  de  charges  parfois  fort  lourdes.  Nous 
n'en  avons  pas  reproduit  ici  rénumération  d'ailleurs  peu  intéressante. 


LtS  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  2f> 

Saint-Sauveur  de  l'Etoile,  ordre  des  Prémontrés,  diocèse  de  Blois,  paroisse 
d'Authon-en-Vendômois  :  2.  5821.  ;  —  pension  de  1.400  1.  sur  l'abbaye  de  Mo- 
rigny,  près  d'Ktampes,  diocèse  de  Sens:  —  cbapellenie  de  Notre-Dame  des 
Appâts,  aucbâteau  de  Jaubertes,  diocèse  de  Bazas,  paroisse  de  Saint-Pardon, 
près  l.a  Réole  :  300  1. 

M.  Chevreuil.  Abbaye  de  Langouët,  diocèse  de  Quimper  :  16.000  1.;  — 
chancellerie  :  1.086  1.  ». 

M.  Papin.  Pénitencerie  :  796  1. 

M.  Morin  du  Marais.  Prieuré  de  la  Madeleine  de  Yernon,  paroisse  de 
Pressaigny-l'Orgueilleux,  diocèse  de  Rouen  :  700  1.  ;  —  prieuré  du  Bourg- 
Sainte-Marie,  diocèse  de  Toul  :  4.554  1.  :  —  prieuré  de  Saint-Lupère  d'Eauze 
en  Armagnac,  diocèse  d'Auch  :  8.278  1.  ;  —  abbaye  de  Sainte-Marie  de  Pairn- 
pont,  diocèse  de  Saint-Malo  :  5.060  1.  ;  —  pension  sur  le  prieuré  de  Saint-Oyant 
de  Moutiers-en-Bresse,  diocèse  de  Besançon  :  400  1. 

M.  Rivière.  Abbaye  de  Saint-Cheron,  près  Chartres  :  6.661  1.  ;  — pension 
sur  l'Abbaye  de  Paimpont,  diocèse  de  Saint-Malo:  560  1. 

M.  Brémont.  Prieuré  de  Saint-Barthélemy-des-Buissons,  diocèse  de  Sens  : 
2.200  1.  (Plus  3  couples  de  chapons.) 

M.  du  Pinet.  Prieuré  de  Saint-Julien-la-Tourette,  paroisse  Saint-Pol-de- 
Mons,  diocèse  du  Puy  2. 

M.  de  Champigny  3.  Abbaye  de  Mondée,  diocèse  de  Lisieux;  —  prieuré 
ilf  Margère,  diocèse  de  Soissons;  —  prieuré  de  Saint-Hippolyte,  diocèse  de 
Rodez  ;  — prieuré  de  Collimée,  diocèse  de  Séez;  —  prieuré  de  Saron,  diocèse 
de  Troyes. 

M.  Camiaille.  Cbapellenie  de  Saint-Sébastien  au  château  du  village 
d'Outrebois,  près  Doullens  :  342  1.  ;  —  les  trois  chapelles,  dites  de  Fleury, 
l'une  dans  la  Cathédrale  de  Lodève,  l'autre  en  l'église  paroissiale  de  Saint- 
Pierre  de  Lodève,  la  troisième  en  l'église  Saint- Jean  du  village  de  Ceilhes, 
diocèse  de  Béziers  :  59  1.  ;  —  supérieur  de  la  confrérie  de  Saint-Augustin  à 
Notre-Dame  :  Mémoire. 

M.  Radix.  Abbaye  de  Notre-Dame-de-la-Prée,  diocèse  de  Bourges  :  7.3331.  ; 
—  prieuré  de  Juvardeil,  diocèse  d'Agen  :  1.000  1. 

M.  d  Autichamp.  Abbaye  de  Saint-Basles,  diocèse  de  Reims;  —  prieuré 
de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  de  Lierru. 

M.  de  Bonneval.  Prieuré  de  Saint-Jean  de  Touarcé,  diocèse  d'Angers  : 
3.000  1.:  —  prieuré  de  Saint-Pierre  du  Neufmarché.  diocèse  de  Rouen: 
2.050 1.  ;  —  pension  sur  l'abbaye  de  Saint-Maurice,  à  Toul  :  2.000  1.  ;  —  abbaye  de 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul  d'Honnecourt  :  45.000  1. 

M.  Le  Blanc.  Chapellenies  de  Saint-Simon  et  Saint-Jude  et  de  Saint- 
Barthélémy,  à  Baune. 

I.  Ces  revenus  provenaient  des  3/4  des  dîmes,  lods  et  ventes  des  paroisses  Sainte- 
Honorine  et  de  Chennevières,  que  le  chancelier  touchait  en  qualité  de  seigneur  en 
partie  de  ces  localités.  Cfr.  Arch.  Xaf.ù.  H'>0. 

•..'.  Certaines  déclarations  n'indiquaient  que  les  titres  des  bénéfices  sans  l'évalua- 
tion dis  revenus. 

'■'<■  11  était  aussi  seigneur  de  Champigny-sur-Marne.  Arch.  Xat.  L-  591  a  593. 


30  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

M.  Bergier.  Pensions  de  1.630  1.  sur  l'abbaye  de  Fauve,  en  Ras-Lan- 
guedoc; de  500  1.  sur  l'évêché  de  Verdun  ;  de  2.000  1.  sur  le  clergé  de 
France;  de  420  1.  sur  l'évêché  de  Mende;  —  traitement  de  6.000  1.  sur  le 
Trésor  royal  en  qualité  de  confesseur  de  Madame  et  de  trois  autres  per- 
sonnes de  la  Famille  Royale. 

M.  de  Tilly-Blaru.  Abbaye  de  Grestain,  près-Pont-Audemer  :  10.000  1.  : 
—  pension  de  5.000  1.  sur  l'abbaye  de  Mortemer,  diocèse  de  Rouen. 

M.  de  la  Fage.  Pensions  de  2.100  1.  sur  les  Économats  et  de  700  1.  sur 
l'évècliéde  Rlois.  —  Prieuré  de  Saint- Jean  de  Pouzauges  :  720  1. 

M.  Chevalier.  Riens  particuliers  à  1*  «  Ancien  »  des  chanoines  de  Saint- 
Aignan  :  2.  736  1.  '. 

M.  de  Beaumont.  Abbaye  du  Lieu-Croissant  :  17.820  I.  ;  — prieuré  de 
Saint-Hilarion  de  Du  rave  1  et  de  Saint-Saturnin  de  Cases  :  1.650  1. 

M.  de  Reclesne.  Prieuré  de  Saint-Hippolyte  de  Vivoin,  diocèse  de  Meaux  : 
10.000  1.  ;  —  pension  de  2.800  1.  sur  l'abbaye  de  Loroux,  diocèse 
d*  Angers. 

M.  de  Mondran.  Pension  de  1.500  1.  sur  l'évêché  d'Agen.  —  Chapelain 
du  château  de  Gagnac  au  diocèse  de  Toulouse  :  cette  chapellenie  était  sans 
revenus. 

M.  Viet.  Prieuré  de  Sainte-Croix  de  Rroquier  :  4.000  1.;  —  pension  de 
3.000  1.  sur  le  prieuré  de  Saint-Ouen. 

M.  Cochu.  Chapelain  d'une  des  douze  chapelles  de  Vincennes  :  sans 
revenus. 

M.  Patert.   Chapellenie  à   Saint-Rémy  de  Rlanzy,  diocèse  de  Soissons. 

M.  du  Authier.  Prieuré  de  Saint-Thomas  d'Epernon,  diocèse  de  Chartres  : 
0.336  1.  ;  —  prieuré  de  Nailhac,  diocèse  de  Limoges  :  1.003  1.;—  chapel- 
lenie de  Saint-Jean-Raptiste  d'Arc  en  Rarrois  :  500  1.  ;  —  pension  sur  l'abbaye 
de  Reaulieu,  diocèse  de  Limoges  :  1.050  1. 

M.  d'Espinasse.  Pension  sur  les  Economats  en  sa  qualité  d'ancien  jé- 
suite: 450  1.  "2. 

M.  de  la  Bintinaye.  Abbaye  de  la  Vieuville,  près  Dol-en-Rretagne  : 
9.195  1.;  —  prieuré  de  Vesins,  en  Rouergue  :  1016  1.;  —  prieuré  de  Saint- 
Amand,  diocèse  de  Ro.lez  :  1.016  1.;  —  chapellenie  de  Lerre,  à  Rordeaux  : 
402  1.;  —  prieuré  de  Lervaud,  près  Lesparre  :  150  1. 

M.  de  Floirac.  Abbaye  de  Saint-Pierre  d'Orbois,  diocèse  de  Soissons  : 
10.434  1. 

M.  de  Neuchèze.  Prieuré  de  Sainte-Jame  de  Reuvron,  diocèse  d'Avran- 
ches  :  5.775  1. 

M.  Viet  de  Villers.  Expectative  d'une  pension  de  3.000  1.  sur  le  prieuré 
de  Saint-Ouen,  dont  son  frère,  M.  Rernard  Viet,  a  actuellement  la  jouis- 
sance. 


1.  Ces  biens  comprenaient  :  1°  une  pièce  de  terre  à  Ivry-sur-Seine,  louée  au  Sr 
Badé  ;  —  2°  une  autre  pièce  de  terre  située  ruelle  des  Marais,  faubourg  du  Temple. 

■1.  «  Triste  salaire,  dit-il  dans  sa  Déclaration,  de  douze  années  d'enseignement 
public  dans  les  Universités  de  Perpignan  et  de  Toulouse.  » 


LKS  REVENUS  D'UN  CHANOINE.  31 

M.  de  Cours.  Titulaire  de  deux  chapelles  situées  à  Barthes,  diocèse  de 
Montauban. 

M.  Duchesne.  Revenus  de  biens  appartenant  au  second  chanoine  de 
Samt-Aignan  :  530  1. 

M.  Delon.  Comme  ancien  chanoine  de  Saint-Germain  lAuxerrois:  2.300  1. 
de  revenu  annuel  à  prendre  sur  lacaissede  Saint-Germain  '. 

Riballier.  —  Prieuré  de  Sainte-Catherine  de  la  Millière-en-Poitou,  près 
Chaulnay. 

M.  Melon  de  Pradou.  Chapellenie  de  Notre-Dame  d'Amborie,  près  d'Es- 
pagnac,  diocèse  de  Tulle. 

M.  d'Espagnac.  Prévôt  de  Saint-Laurent  de  Yillers-Landon,  paroisse  de 
Prunay-sous-Ablis,  diocèse  de  Chartres  2. 

Qu'on  ne  se  scandalise  pas  de  ces  grasses  prébendes  !  Un  cha- 
noine de  Paris,  surtout  une  Dignité,  était  un  personnage  au  xviii0 
siècie.  Le  Doyen,  le  Chantre,  le  Chancelier  avaient  un  rang  à 
tenir  et  par  conséquent  des  frais  de  représentation  considéra- 
bles. Une  quinzaine  de  chanoines  devaient  avoir  des  carrosses, 
qu'ils  prêtaient  volontiers  à  leurs  confrères  moins  favorisés  de  la 
fortune,  quand  le  Chapitre  rendait  en  corps  quelque  visite  officielle. 
Plusieurs  étaient  obligés  de  fréquenter  la  Cour,  de  figurer  au 
Parlement;  doit-on  leur  reprocher  de  garder  dans  l'Eglise  le 
même  rang  que  leurs  familles  occupaient  dans  la  société,  dans 
la  magistrature,  dans  l'armée?  et,  à  une  époque  de  formalisme  exa- 
géré, l'Église  pouvait-elle  imposer,  à  ceux  qui  la  servaient,  une 
condition  dont  l'infériorité  les  eût  mis  au  ban  de  la  classe  dont 
ils  étaient  sortis?  En  ce  temps-là,  les  peuples  eussent  été  aussi 
étonnés  de  voir  un  chanoine  d'une  grande  église  dans  une  situa- 
tion modeste,  qu'ils  seraient  aujourd'hui  scandalisés  de  rencon- 
trer dans  nos  rues  un  ecclésiastique  en  pompeux  équipage. 


1.  Cfr.  note  3,  page  7.  M.  Delon  n'avait  pas  droit  dans  les  petits-vins,  prolits  el 
maisons,  lods  et  ventes;  mais  il  prenait  une  somme  équivalente  sur  les  revenants- 
bonde  Saint-Germain.  Concl.  cap.  1775. 

■J.  Les  Déclarations  incliquent  six  chanoines  n'ayant  pas,  à  l'époque  de  la  sup- 
pression du  Chapitre,  d'autres  revenus  que  ceux  de  leurs  canonicats  :  .MM.  de  Mé- 
romont,  de  I.ostangi's.  Gatignon,  de  Dampierre.  de  Cours  et  Le  Moine.  Arck.  Nat. 
S.  160,  7051,  7052.  Nous  n'avons  pu  trouver  les  Déclarations  de  MM.  Lucas,  de 
Montdenoix,  de  Bulto,  Mazéas,  de  Vienne  et  Pey. 


♦  » 


CHAPITRE  SECOND 

LE  CLERGÉ  DÉPENDANT  DU  CHAPITRE 


I.  Les  Vicaires  perpétuels.  Leur  origine.  Leurs  revenus.  Réclamations  des 
vicaires  perpétuels.  Projet  de  leur  suppression.  Martyre  de  M.  Assy.  — 
II.  Les  Bénéficiers.  Les  vicaires  de  Saint-Aignan.  Chanoines  de  Saint-Jean  le 
Rond  et  de  Saint-Denis  du  Pas.  Vicaires  de  Sainte-Catherine.  Chapelains. 
Ancienne  ot  nouvelle  communauté.  Clercs  de  Matines  et  Machieots.  La  classe  de 
musique.  Personnel  laïque.  —  III.  La  Maîtrise.  Les  enfants  do  chœur. 
Leur  costume.  Attentions  paternelles  du  Chapitre.  Les  maîtres  de  musique,  de 
latin,  (récriture.  Visite  à  la  Maîtrise.  Une  journée  à  la  Maîtrise.  Formation 
religieuse  des  entants.  —  IV.  Le  Cloître.  Description  générale.  Différents 
nmdes  de  mutations.  Les  immunités  du  Cloître.  Améliorations  matérielles  ap- 
portées dans  la  seconde  moitié  du  xvm"  siècle.  Les  portes  du  Cloître.  Les  mai- 
sons canoniales  et  bénéficialcs.  La  Communauté.  Le  Terrain.  Le  Chapitre.  Saint- 
Denis  du  Pas. 


On  ne  connaîtrait  pas  l'état  de  l'Église  de  Paris  en  1790,  si 
nous  ne  parlions  que  des  cinquante  et  un  chanoines.  Près  de  deux 
cents  personnes,  dont  cent  quatre-vingts  ecclésiastiques,  rien 
qu'à  Paris,  dépendaient  immédiatement  du  Chapitre,  vivaient  de 
sa  vie,  tenaient  de  lui  leurs  moyens  d'existence  et  disparurent 
en  même  temps  que  lui. 

Le  personnel  ecclésiastique,  bénéficiers  et  gagistes,  se  compo- 
sait des  vicaires  perpétuels,  des  chanoines  de  Saint-Jean  le  Rond 
et  de  Saint-Denis  du  Pas,  des  vicaires  de  Saint-Aignan,  des  cha- 
pelains, des  clercs  de  Matines,  des  machieots,  des  clercs  de  Fa- 
brique, des  prêtres  attachés  à  la  Maîtrise. 

Nous  allons  présenter  à  nos  lecteurs  ces  différentes  personnes, 
qui  composaient  le  bas-chœur  à  Notre-Dame  avant  la  Révolution  : 
nous  dirons  aussi  un  mot  du  personnel  laïque,  attaché  alors  au 
service  du  Chapitre. 

1  BUPITRE   I)E   NOTRE-DAME   HE   PARIS.  :'. 


M  LE  CHAPITRE  DE  NOTKE-DAME  D2  PARIS  EX  1790. 


Entre  les  chanoines  et  les  bénéficiers  de  l'Église  de  Paris,  il 
faut  placer  certains  ecclésiastiques  qui  ne  peuvent  entrer  dans 
aucune  de  ces  deux  catégories.  Ils  ne  sont  pas  chanoines,  mais 
ils  représentent  d'anciennes  prébendes  canoniales,  jadis  séparées 
du  Chapitre  en  faveur  de  quelques  églises  et  abbayes  et  qui  res- 
tèrent grevées  des  charges  y  attenant,  comme  la  célébration  des 
offices,  l'assistance  au  chœur,  aux  processions,  aux  cérémonies, 
etc.  Les  églises  et  les  monastères,  à  qui  ces  prébendes  avaient 
été  attribuées,  en  remplissaient  les  obligations  par  des  ecclésias- 
tiques qui  étaient  à  leur  nomination  et  que  l'on  appelait  «  vicaires 
perpétuels  ». 

Primitivement,  il  y  avait  six  vicairies  perpétuelles  à  Notre- 
Dame  :  celles  de  Saint-Maur  les  Fossés  et  de  Saint-Germain 
FAuxerrois  furent  réunies  au  Chapitre,  la  première  en  1762,  l'autre 
en  1787  *.  Les  titulaires  des  quatre  autres,  qui  subsistaient  encore 
en  1790,  étaient  M.  de  la  Fresnaye  pour  Saint-Denis  de  la 
Chartre  2,  M.  de  la  Fosse  pour  Saint-Marcel,  M.  Assy  pour  Saint- 
Martin  des  Champs3  et  M.  Buée  pour  Saint-Victor4. 

Ces  prébendes  canoniales  étaient  divisées  ainsi  que  leurs  reve- 
nus :  le  monastère  ou  l'église  qui  possédait  le  titre,  touchait  le 
gros;  le  vicaire,   qui  acquittait  les    charges,  recevait  le  casuel. 

1.  Le  dernier  vicaire  perpétuel  de  Saint-Maur  les  Fossés  fut  M.  Berthod,  décédé 
le  lu  septembre  1762,  et  celui  de  Saint-Germain  rAuxerrois,  M.  Grésil,  décédé  le 
21  janvier  17s7. 

•-i.  M.  de  la  Fresnaye  fut  nommé  le  11  janvier  1743:  il  était  auparavant  prieur 
de  Saint-Martin  de  Cazouls,  au  diocèse  de  Béziers. 

3.  Il  dut  sa  nomination  à  M.  de  Saint-Fane,  vicaire  général  de  Toulouse  et 
prieur  commendataire  de  Saint-Martin  des  Champs;  il  était  auparavant  vicaire  de 
la  paroisse  d'Aubonne. 

1.  M.  Buée  fut  présenté  par  M.  de  Juigné,  prieur  commendataire,  et  par  les 
Anciens  de  la  Chambre  de  l'abbaye  de  Saint-Victor,  conformément  au  traité  passé 
entre  cette  abbaye  et  le  Chapitre  en  1545.  Il  fut  mis  eu  possession  de  son  titre  le 
'.'  mars  1789.  Pris  à  la  porte  du  Chapitre  par  MM.  de  Mondran  et  Delon,  il  fut  par 
eux  conduit  à  la  Maîtrise  où  on  l'examina  sur  le  chant  et  les  cérémonies.  Il  prêta 
le  jour  même  serment  sur  l'autel  de  Saint-Denis  à  Notre-Dame  et  fut  installé  par 
M.  le  Chantre  pendant  compiles.  Arch.  Nat.  Concl.  cap.  LL.  !£32  V1. 


LES  VICAIRES  PERPÉTUELS.  35 

Ces  honoraires  étaient  en  conséquence  fort  variables,  selon  l'as- 
siduité du  titulaire  et  aussi  selon  l'état  plus  ou  moins  florissant 
de  la  caisse  capitulaire.  Les  mêmes  fluctuations  que  nous  avons 
signalées  dans  les  distributions  manuelles  faites  aux  chanoines, 
se  constataient  aussi  dans  celles  des  bénéfices  moindres1.  On 
peut  estimer  qu'en  1790,  le  casuel  des  vicaires  perpétuels  s'éle- 
vait en  moyenne  à  plus  de  2.000  livres  qui  se  décomposaient 
ainsi  : 

I.  —  Ancienne  Mense  du  Chapitre. 

Distributions  manuelles  de  Matines  à  7  sols  6  deniers.  136  1.     17  s.     6  d. 

de  Laudes  à  10  s 182         10 

de  Primes  à    2  s 36         10 

—  pour  les  Heures  à  raison  de  1  s. 

6  d 109         10 

pour  Messes  (7  s.)  et  Vêpres 

(5  s.  12  d.) 219 

Ave  ou  stations  journalières 7         12         6 

Cinquante  méreaux  à  3  livres  4  s 100 

Deux  livres  de  pain  mollet  par  jour 120          3         9 

Bougies  de  Matines  et  O  de  l'Avent 03 

II.   —  Mense  de  Saint-Germain. 

Office  de  Laudes  à  8  s 146           1 

Cinq  heures  à  2  s.  chaque  :  10  s.  par  jour 182        10  s. 

Soixante  stations  solennelles  à  10  s 30 

Cent  quatre  stations  des  dimanches  et  fêtes  à  6  s. . . .  31 

Processions 18        14 

Messe,  10  s.  et  Vêpres,  7  s.  =  17  s.  par  jour 310          T> 

Petits  obits  et  fondations 367          2          3  d. 

Enterrements  et  services 9 


Total    :      2.131  1.      6  s. 

Comme  ce  compte  l'indique2,  les  vicaires  perpétuels  avaient 
droit  à  la  distribution  du  pain  capitulaire,  selon  la  teneur  d'une 

1.  En  17Ss.  vers  la  fin  de  l'année,  il  fut  décidé  que  l'état  des  caisses  serait  vérifié 
tous  lis  cinq  ans  pour  connaître  les  augmentations  possibles  dans  les  distribu- 
tions manuelles. 

•-!.  Ce  compte  très  détaillé  est  extrait  de  la  Déclaration  du  sieur  de  la  Fosse.  Les 
déclarations  de  ses  trois  autres  confrères  diffèrent  peu  de  la  sienne  :  31.  Buée. 
2.1  is  1.;  M.  Assy.  2.151  1.:  M.  de  la  Fresnaye,  J .  1  ~>< »  1.  Arch.  Nat.  S.  7051-7052. 


36  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Conclusion  de  l'année  1757  :  «  Messieurs  ont  ordonné  qu'à  com- 
mencer dudit  jour,  1er  janvier  1757,  les  vicaires  perpétuels,  en 
assistant  une  fois  par  mois  à  l'église,  gagneront  les  deux  livres 
de  pain  par  jour  qu'ils  gagnaient  cy-devant  en  assistant  une  fois 
tous  les  quinze  jours;  comme  aussi  que  chacun  desdits  vicaires, 
en  assistant  comme  dessus,  gagnera  à  la  fin  de  chaque  mois 
trois  livres  de  pain  de  plus,  en  sorte  que  chacun  desdits  vicaires 
aura  trente-six  livres  de  pain  de  plus  par  chacun  an.  »  En 
conséquence,  ils  recevaient  5  septiers  10  boisseaux  et  14  litrons 
de  blé,  ou  120  1.  en  espèces  '. 

Ces  rétributions  paraissaient  exagérément  modiques  aux  vi- 
caires perpétuels.  Prétendant  qu'ils  devaient  être  considérés 
comme  de  véritables  chanoines,  ils  ne  cessaient  plus  de  récla- 
mer, surtout  depuis  que  la  Mense  de  Saint-Germain  l'Auxerrois 
avait  été  unie  à  celle  de  Notre-Dame  sans  grand  profit  pour  eux. 
Un  mémoire  présenté  au  Chapitre  en  novembre  1774  et  signe 
des  quatre  vicaires,  parmi  lesquels  nous  trouvons  déjà  MM.  de 
la  Fresnave  et  de  la  Fosse,  expose  nettement  leurs  réclamations  à 
ce  sujet.  «  Vous  avez  annoncé,  Messieurs,  en  1740,  que  chacune 
de  vos  prébendes  rapportait  tout  au  plus  2.400  1.  ;  ce  produit  était 
proportionnel  au  nôtre,  puisque  atous  n'avez  de  plus  que  le  gros, 
qui  est  aujourd'hui  de  800  1.  :  aujourd'hui  ce  même  revenu  passe 
4.0001.  Nos  prébendes,  d'après  ce  calcul,  devraient  donc  pro- 
duire plus  de  3.000  1.;  l'augmentation,  que  vous  avez  éprouvée, 
ne  peut  frapper  sur  le  gros,  qui  n'en  est  pas  susceptible;  elle 
n'est  relative  qu'aux  distributions  manuelles,  sur  lesquelles  nous 
avons  même  droit  que  vous.  Comment  donc,  Messieurs,  a-t-il 
pu  se  faire  que  vous  éprouviez  un  bénéfice  annuel  de  plus  de 
2.000  1.,  lorsque  nous  n'avons  ressenti,  nous,  qu'une  augmenta- 
tion d'environ  200  1.  Nous  disons  plus,  Messieurs;  c'est  que, 
dans  la  supposition  où  votre  gros  aurait  été  augmenté,  les  Cha- 
pitres que  nous  représentons,  au  moins  ceux  qui  n'ont  pas  fait 
d'abonnement  avec  vous,  seraient  autorisés  à  vous  demander  la 


1.  M.  Buée  estime  cette  redevance  1001.  seulement  dans  sa  Déclaration;  mais  il 
fait  remarquer  qu'elle  lui  en  a  valu  200  en  1789.  Arch,  Nal. 


LES  VICAIRES  PERPÉTUELS.  37 

même  augmentation,  parce  que,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
ils  sont  propriétaires  de  la  totalité  de  la  prébende,  dont  ils  per- 
çoivent le  gros  et  nous  le  casuel  '.  » 

Le  Chapitre,  par  une  suite  d'indulgentes  concessions,  voulut 
bien  satisfaire  en  partie  aux  récriminations  des  vicaires  perpé- 
tuels, puisque  au  lieu  de  200  1.  qui  leur  revenaient  sur  la  Mense 
de  Saint-Germain  en  1774,  ils  en  percevaient  près  de  1.000  1. 
en  1790,  comme  l'indique  le  compte  de  détail,  que  nous  avons 
donné  plus  haut.  Mais  l'esprit  frondeur  et  taquin  des  vicaires 
perpétuels  leur  défendait  d'agréer  avec  reconnaissance  les  bien- 
faits du  Chapitre.  Si  on  leur  refuse,  ils  font  valoir  l'égalité  de 
leurs  prébendes  et  de  leurs  titres  avec  ceux  des  chanoines;  est- 
on  généreux  à  leur  égard ,  on  les  blesse  !  «  Cette  rétribution 
(de  4  sols  d'augmentation  nous  a  été  commune  à  tout  le  bas- 
chœur,  écrivent-ils  encore  au  Chapitre  :  et,  obligés  de  nous 
donner  un  rang  dans  votre  église,  vous  nous  avez  mis  dans 
l'ordre  des  gagistes,  ce  que  vous  n'avez  pu  faire  sans  dénaturer 
le  principe  de  notre  constitution2.  »  Aussi,  pendant  les  quarante 
dernières  années,  ces  quatre  ecclésiastiques  sont  animés  à  l'égard 
du  Chapitre  des  sentiments  les  plus  hostiles.  Un  moment,  la 
lutte  prit  une  tournure  héroï-comique  :  pour  taquiner  les  cha- 
noines, ils  se  mettaient,  au  chœur,  quand  ils  faisaient  leur 
semaine,  aux  places  les  plus  incorrectes;  en  1752,  ils  brillèrent 
par  leur  absence  au  synode  capitulaire  ;  ils  n'avaient  nulle  envie 
d'entendre  à  leur  adresse  les  monita  du  Doyen.  Un  autre  jour, 
M.  le  Sous-Chantre  se  plaignit,  au  grand  scandale  de  ses  con- 
frères, «  que  l'office  a  manqué  par  faute  des  vicaires  perpétuels 
et  particulièrement  de  M.  Le  Roux3  ». 

Ce  dernier,  vicaire  perpétuel  de  Saint-Martin  des  Champs, 
faisait  le  cauchemar  de  nos  bons  chanoines,  contre  lesquels  il 
soutenait  une  lutte  déjà  semi-séculaire.  Il  est  toujours  en  mou- 
vement, réclame  sans  cesse,  joue  tous  les  tours  possibles  au 
Chapitre,  qui,  las  de  sa  manière  d'agir  et  de  celle  de   ses  con- 

1.  Arch.  Nat.  L.  521,  n    119.  Mémoires  du  12  novembre  1774. 

1.  Ibidem. 

3.  Cfr.  Concl.  cap.,  passim. 


38  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

frères,  moins  bruyants  peut-être  mais  aussi  férus  de  leurs  pré- 
tentions, promulgua  en  1781  un  règlement,  dont  la  suscription 
seule  était  une  injure  pour  les  vicaires  perpétuels  :  «  Aux  vi- 
caires perpétuels,  bénéfîciers  et  gagistes  de  l'Eglise  de  Paris!  » 
Ce  malheureux  accouplement  de  mots  provoqua  un  procès  au 
Parlement,  dont  nous  ne  raconterons  pas  ici  les  différentes 
phases.  M.  Le  Pioux  mit  une  telle  passion  à  soutenir  sa  cause  qu'il 
en  devint  fou  :  en  1785,  un  ordre  du  Roi  le  fit  renfermer.  Il 
mourut  quatre  ans  plus  tard.  M.  de  la  Fresnaye  et  M.  de  la 
Fosse  étaient  en  1790  les  seuls  survivants  de  ces  combats, 
dignes  d'un  nouveau  Boileau;  M.  Assy,  nommé  en  1786  vicaire 
perpétuel  de  Saint-Martin  des  Champs,  vint  ranimer  l'ardeur  de 
ses  confrères,  que  les  malheurs  du  sieur  Le  Roux  semblaient 
avoir  quelque  peu  refroidie.  Le  10  août  1789,  il  présenta  au 
Chapitre  un  mémoire  «  d'après  lequel  il  demande  que  le  Chapitre 
n'exige  plus  des  vicaires  perpétuels  à  l'avenir  des  fonctions  con- 
traires à  la  prééminence  de  leurs  bénéfices  !   » 

Ces  difficultés  sans  cesse  renaissantes  font  désirer  de  plus  en  plus 
aux  chanoines  la  suppression  totale  des  vicairies  perpétuelles,  déjà 
commencée  par  celles  de  Saint-Germain  l'Auxerrois  et  de  Saint- 
Maur.  En  17G0,  l'archevêque  de  Cambrai  proposa  au  Chapitre 
deux  nouvelles  extinctions,  celles  des  vicairies  de  Saint-Martin 
des  Champs  et  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  dont  il  avait  la 
nomination.  Les  conditions  du  traité  étaient  stipulées  et  accep- 
tées, mais  son  exécution,  pour  un  motif  que  nous  ne  connaissons 
pas,  ne  put  être  menée  à  bonne  fin,  puisque  M.  de  Saint-Farre 
nomme  en  1785  un  vicaire  de  Saint-Martin  des  Champs  en  la 
personne  de  M.  Assy.  Cependant  le  Chapitre  se  proposait 
bien  de  saisir  les  prochaines  occasions.  En  1787,  ce  fut  la  vi- 
cairie  de  Saint-Marcel  qui  fut  menacée.  M.  de  Juigné  s'occupait 
alors  de  la  translation  du  Chapitre  de  Saint-Marcel  à  Sainte- 
Croix  de  la  Bretonnerie.  «  La  circonstance  serait  favorable, 
dit  M.  le  Chambrier  en  une  séance  capitulaire  de  cette  même 
année,  pour  solliciter  l'extinction  du  titre  et  la  suppression 
de  la  vicairie  perpétuelle  de  Saint-Marcel,  dont  est  titulaire 
le    Sr    Augustin-François    de   la    Fosse,  attendu    que    le    ser- 


BÉNÉFICIERS  ET  GAGISTES.  39 

vice  du  titulaire  ayant  souvent  donné  lieu  à  des  plaintes,  il 
serait  du  bien  de  la  paix  et  du  service  du  chœur  d'enlever 
toute  difficulté  par  la  suppression  de  ce  bénéfice,  dont  les  fonc- 
tions seraient  attribuées  aux  bénéficiers-prètres.  »  Le  réquisitoire 
était  dur  et  la  mesure  radicale!  mais  les  moyens  de  la  faire 
agréer  ne  manquaient  pas  d'habileté.  Les  vicaires  perpétuels,  dé- 
rogeant en  cela  fort  mal  à  propos  à  leur  prétendue  préémi- 
nence, ne  se  faisaient  pas  faute  d'exciter  le  bas-chœur  contre 
les  chanoines  et  lui  demandaient  de  faire  cause  commune  avec 
eux.  Aussi  le  Chapitre,  pour  diviser  ses  ennemis,  décida-t-il  que 
les  revenus  des  vicairies  perpétuelles  seraient  attribués,  ceux 
de  Saint-Maur  et  de  Saint-Germain  aux  bénéficiers  non  prêtres, 
ceux  de  Saint-Marcel  aux  bénéficiers-prêtres.  L'archevêque  entra 
dans  les  vues  des  chanoines  et  Me  Chappe,  greffier  du  Cha- 
pitre, fut  chargé  de  commencer  l'information  du  procès.  La 
Révolution  ne  tarda  pas  à  mettre  d'accord  les  deux  parties,  cha- 
noines et  vicaires  perpétuels,  en  supprimant  les  uns  et  les 
autres.  Mais  ces  derniers  eurent  cette  fois  sur  Messieurs  du 
Chapitre  cette  vraie  prééminence  de  donner  un  martyr  à  l'Eglise 
de  France.  M.  Assy  monta  sur  l'échafaud  au  7  thermidor1  :  ce 
jour-là,  un  vicaire  perpétuel  porta  la  robe  rouge  de  dignité! 


II 


Les  bénéficiers  de  l'Église  de  Paris  étaient  au  nombre  de  vingt- 
deux  :  deux  vicaires  de  Saint-Aignan,  huit  chanoines  de  Saint- 
Jean  le  Rond,  dix  chanoines  de  Saint-Denis  du  Pas,  un  cha- 
pelain sous-diacre  de  Saint-Aignan  et  un  chapelain  sous-diacre 
de  Sainte-Catherine. 

Xous  avons  parlé  déjà  des  deux  chanoines  de  Saint-Aignan. 
Pour  les  aider  dans  la  célébration  des  offices  à  la  chapelle  du 
saint,  Etienne   de  Garlande    leur  avait    adjoint    deux    vicaires, 

1.  Cfr.  Arsène  Houssaye,  Notre-Dame  de  Thermidor,  p.  367. 


40  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

qui  étaient,  en  1790,  MM.  Pierre  Larsonnier  et  Jean  Mortier. 
Ces  quatre  ecclésiastiques  formaient  un  petit  clergé  à  part 
ayant  une  mense,  qu'ils  administraient  eux-mêmes  et  dont  ils 
se  partageaient  les  revenus  d'après  une  proportion  déterminée. 
Elle  comprenait  :  1°  le  fief,  dit  de  Garlande,  dont  la  glèbe 
consistait  en  soixante-quinze  maisons  ou  dépendances,  savoir 
vingt-neuf  rue  Galande  à  partir  de  la  portion  de  cette  rue  qui 
fait  face  à  celle  du  Fouarre  jusqu'à  la  rue  des  Anglais;  douze 
dans  la  rue  des  Anglais  du  côté  de  la  rue  du  Plâtre;  dix  dans 
la  rue  des  Noyers  derrière  celle  du  Plâtre;  vingt-quatre  dans 
les  deux  côtés  de  cette  rue  à  partir  de  la  rue  des  Anglais.  Ce 
fief  produisait  en  cens  et  rentes  234  1.  9  s.  6  d.  et  en  lods  et 
ventes  2.131  1.  17  s.  8  d.  ;  —  2°  deux  parties  de  rentes  de  165  1. 
10  s.  Ce  qui  faisait  un  revenu  de  2.531  1.  16  s.  14  d.  Comme 
les  charges  ne  s'élevaient  qu'à  28  1.  18  s.  pour  les  frais  de  la 
fête  de  Saint-Aignan  et  10 1.  pour  l'entretien  de  la  chapelle, 
il  restait  donc  2.503  1.  16  s.  14  d.  que  les  quatre  bénéficiers 
se  partageaient  entre  eux  :  les  deux  chanoines  en  prenaient 
chacun  un  tiers,  les  deux  vicaires  chacun  un  sixième. 

Les  deux  vicaires  de  Saint-Aignan  avaient  le  droit  d'assister 
au  chœur  et  par  conséquent  de  toucher  les  distributions  ma- 
nuelles. Ils  nous  ont  laissé  chacun  un  compte  détaillé  des  ho- 
noraires, qui  leur  étaient  versés  par  la  caisse  du  Chapitre. 
Nous  reproduisons  ici  celui  de  M.  Larsonnier;  il  nous  donne 
des  renseignements  intéressants  sur  les  émoluments  d'un  béné- 
ficier et  en  même  temps  sur  les  offices  et  cérémonies  en  usage 
à  Notre-Dame. 


1     Honoraires  des  Offices  du  jour,  à  raison  de  46  sols 

par  jour 839  1.  10  s. 

2°  Honoraires  des  Offices  de  nuit,  à  raison  de  21  sols  6  d. 

par  Matines 392  1.   7  s.  6  d. 

3°  Loyer  de  la  maison  dépendant  du  bénéfice 360  1. 

4°  Produits  du  fief  de  Garlande 230  1. 

5°  Fondations  au  chœur  de  Xotre-Dame 180  1. 

6°  Six  septiers  du  plus  beau  froment 144  1. 

7°  Pour  tenir  nuit  et  jour  le  chœur  et  chanter  la  grand"- 

messe  41  jours  par  an 86  1. 13  s.  4  d. 


BËNÉFICJERS  ET  GAGISTES.  H 

8°  Pour  assistance  à  50  messes  de  Morts,  dites  messes 
des  Méreaux 80  1. 

9°  Stations  des  veilles,  jours  de  fête  et  dimanches  soir 
et  matin 39  1. 

10°  Honoraires  pour  assistance  aux  offices  de  la  fête  de 
Saint- Aign  an 24  1. 

11"  24  messes  basses  acquittées  annuellement 24  1. 

\J  21  processions,  pour  lesquelles  on  reçoit  12  sols  à 
chacune;  celle  de  Saint-Germain  se  payant  double,  il  faut 
compter  22  processions 13  1.    4  s. 

13°  Pendant  les  0  de  l'Avent,  il  y  a  chaque  jour  de  la 
bougie  distribuée  ainsi  que  le  jour  de  la  Purification,  où  l'on 
donne  un  cierge;  cette  cire  est  fondée  et  monte  au  poids  de 
4  livres;  la  cire  est  la  plus  belle,  on  peut  l'évaluer  à  3  1. 
4  s.  ce  qui  fait , 12  1.  lGs. 

14°  Le  jour  de  Saint-Aignan,  le  Chapitre  de  ladite  église 
de  Saint-Aignan  est  obligé  de  me  donner  une  livre  de 
bougie 3  1.    4  s. 

15°  Chaque  jour,  à  la  grand'messe,  il  y  a  un  Mémento  de 
fondé  à  raison  de  8  s.,  ce  qui  fait  par  an  141")  1.  Cette  somme 
se  partage  en  neuf,  dont  j'ai  le  neuvième 15  1.    4  s.  3  d. 

16°  Il  y  a  dans  le  courant  de  Tannée  5  Mémento,  aux- 
quels il  y  a  12  s.  à  chacun  d'eux,  indépendamment  des  8 
sols  ordinaires  :  cette  somme  se  partage  aussi  en  neuf,  ce 
qui  fait 3  1.  13  s.  3  d. 

17"  Les  27  et  28  septembre,  il  y  a  deux  messes,  l'une 
de  Saint-Côme,  et  l'autre  des  Morts  (à  prendre  sur  le  trésor 
de  Notre-Damei 4  s. 

18°  11  y  a  par  an  une  messe  de  fondée  à  Saint-Jean  le 
Rond,  trois  à  Saint-Denis  du  Pas  et  une  à  la  chapelle 
Sainte-Anne.  Le  vicaire  de  Saint-Aignan  a  droit  d'y  assis- 
ter et  chaque  corps  respectivement  est  obligé  à  lui  donner 
une  rétribution;  laquelle  distribution  pour  les  cinq  messes 
est  de 5  1.  12s. 

19°  Tous  les  jours,  avant  la  grand'messe,  on  chante 
dans  la  nef  Y  Ave  Regîna;  au  bout  de  l'année,  chacun 
reçoit    du    Chapitre 3  1.  1G  s. 

20°  Tous  les  jours  annuels  et  solennels  mineurs,  il  y 
a  à  prendre  sur  la  Mense  de  l'Archevêque  une  somme 
qui  donne  à  cbacun 4  1.  15  s. 

21°  Tous  les  samedis,  veilles  des  fêtes  annuelles  et  de 
la  Vierge,  on  chante  après  Vêpres  un  De  pnofundis  de- 
vant l'autel  de  la  Vierge 61. 


Total 2.813  1.19  s.  4  d. 


C2  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Ces  différents  revenus,  payés  tant  par  la  caisse  du  Chapitre 
que  perçus  sur  la  Meuse  de  Saint- Aignan,  s'élevaient  à  la 
somme  approximative  de  3.000  1.  A  entendre  M.  Larsonnier,  qui 
voulut  sans  doute  imiter  les  vicaires  perpétuels  dans  leurs  récri- 
minations, le  second  vicariat  de  Saint-Aignan  aurait  été  le  plus 
petit  bénéfice.  Il  basait  ses  doléances  sur  ce  fait  que  ce  seul 
bénéficier  n'était  pas  logé.  En  1765,- il  se  plaignit  même  si  fort 
que  le  Chapitre,  pour  le  faire  taire,  dut  l'envoyer  au  sémi- 
naire.  C'est  lui-même  qui  nous  le  raconte  l. 

Les  deux  chapellenies  de  Saint-Aignan  et  de  Sainte-Cathe- 
rine2 étaient  des  bénéfices  peu  importants,  attachés  au  Chapitre 
et  dont  les  titulaires  sous-diacres  pouvaient  être  assimilés  aux 
autres  chapelains. 

Ceux-ci  étaient  au  nombre  de  cent  cinquante-six;  ils  étaient 
presque  tous  à  la  nomination  du  Chapitre  3  et  avaient  le  droit 
d'assister  au  chœur  de  Notre-Dame.  De  fait,  comme  leur 
service  était  peu  chargé  et  par  conséquent  compatible  avec  des 
fonctions  ecclésiastiques  plus  importantes1,  ils  étaient  en  fort 
petit  nombre  aux  offices  canoniaux;  en  1789,  le  Chapitre  dut 
même  recourir  au  séminaire  de  Saint-Marcel  pour  avoir  les  jours 
de  fête  les  six  induts  réglementaires,  office  ordinairement  rempli 
par  les  chapelains  5.  Cinquante-sept  d'entre  eux  formaient  une 
confrérie,   appelée  l'Ancienne  et  la  Nouvelle  Communauté,  qui 


1.  En  1790,  M.  Larsonnier  était  devenu  premier  vicaire  de  Saint-Aignan  et  pos- 
sédait à  ce  titre  une  petite  maison  rue  de  la  Colombe,  qu'il  louait  360  1.  M.  Lar- 
sonnier était  un  original  :  dans  la  Déclaration  de  son  bénéfice,  il  compte  qu'il 
lui  rapporte  par  jour  7  1.  11  s.  et  il  demande  au  Comité  d'ajouter  à  son  revenu 
annuel  le  quart  de  cette  somme  pour  compenser  le  jour  supplémentaire  des  années 
bissextile».  Arch.  Nal.  S.   160. 

-,'.  Le  chapelain  de  Saint-Aignan.  M.  Jean  Quentin,  recevait  du  Chapitre  110  I. 
pour  son  gros  et  1.100  1.  pour  assistances  aux  offices,  et  celui  de  Sainte-Cathe- 
rine, M.  Albert  Varlet,  de  Soissons,  recevait  du  Chapitre  36  1.  pour  son  gros  et  la 
même  somme  que  son  confrère  de  Saint-Aignan  pour  les  assistances.  Arch.  Nat., 
S.  160,  7051  et  7052. 

:!.  M.  le  Trésorier  de  la  Sainte-Chapelle  nommait  à  la  Chapellenie  de  Saint-Mar- 
tin et  Sainte-Anne  et  M.  de  Vilevault.  maître  des  requêtes,  à  celle  de  Notre-Dame. 

4.  Certains  chapelains  n'avaient  qu'une  messe  ou  deux  à  acquitter  par  année: 
d'autres  n'avaient  pas  même  de  revenus,  comme  on  le  verra  dans  le  tableau  que 
nous  donnons  plus  loin. 

ô.  Concl.  cap..  3  janvier  1789.  Arch.  Xat.  LL.    232  w. 


rÉNÉFICIERS  ET  GAGISTES.  U 

datait  de  118G,  et  à  la  tète  de  laquelle  était  placé  un  chape- 
lain, appelé  ('Ancien.  Tous  les  vendredis  et  samedis  de  Tannée, 
ils  s'assemblaient,  à  sept  heures  du  matin,  dans  la  chapelle 
de  Saint-Barthélémy  et  de  Saint-Vincent  et  ils  y  psalmodiaient 
rOflice  des  Morts  dans  le  temps  qu'on  célébrait  deux  messes 
basses  '. 

Cette  communauté  avait  des  biens  particuliers  et  une  caisse 
spéciale  administrée  par  elle,  mais  sous  la  surveillance  du  Cha- 
pitre 2. 


I.  Produits. 

Biens  fonds  dans  Paris  : 

Maisons  en  la  Cité,   rue   des  Canettes  et  Cocatrix 9~>0  1. 

Biens  fonds  à  la  campagne  : 

Six  arpents  trois  quarts  de  terre  et  de  vignes  au  terroir 

de  L'Hay-Chevilly  et  Buissons 150  1. 

Le  fief  de  Solaire,  sis  àGrisy,  de  soixante-seize  arpents  3.     2Ô0  1. 

Rentes  sur  le  Roi  et  le  Clergé 719  1.  4  s. 

Rentes  foncières  et  sur  particuliers 

Sur  maisons  et  héritages  à  Paris 107  1.   2  s.  2  d. 

Sur  les  Offices  de  l'Église  de  Paris ô  1.  13  s.  0  d. 

(Il  est  dû  en  outre  à  la  Communauté  par  MM.  les  Cha- 
pelains de  la  Nouvelle  Communauté  pour  leur  agréga- 
tion à  l'Ancienne  1  1.  5  s.  par  an  pour  chacun) Mémoire. 

Dîmes,  cens  et  droits  féodaux  : 

Lods  et   ventes  sur  41  arpents  2  perches  à  L'Hay. ...      30  1. 

Droits  sur  cens 11  1.  19  s.  3  d. 

Total  :  2233      19  s.  2  d. 


1.  Curiosités  deV Église  de  Paris,  op.  cit.,  p.  334,  335.  Au-dessus  de  la  portedecette 
chapelle,  l'avant-dernière  du  bas-côté  droit,  on  lisait  cou.'  inscription  sur  marbre 
noir  :  «  Sacellum  capellanorum  antiquse  et  novae  Communitalis  Ecclesiœ  Parisiensis- 
Ftmdatum  anno  1186.  Restauralum  anno  1751  •>.  Ibid.,  p.  143.  Pour  l'inventaire  du 
Mobilier,  Arch.  Nat.  s.  161-462. 

2.  Arch.  Xat.  S.  460. 

3.  Nous  verrons  un  député  des  Chapelains,  M.  Béguinot,  siéger,  en  raison  de  ce 
lift',  à  la  Chambre  électorale  de  Paris  hors  les  Murs. 


44  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

II.  Charges. 

Acquit  de  220  messes Mémoire. 

Décimes 52  1.  19  s. 

Quittance  et  frais  de  recettes 21  1.  16 

Honoraire  du  pointeur,  greffier  et  procureur 148  1. 

Gages  du  Clerc  et  du  frotteur 42  1. 

Réparations 100  1. 

Frais  de  justice,  oppositions,  assignations 50  1. 

Total  :  413  1.  35 

Les  Déclarations  partielles,  faites  en  1790,  en  conformité  avec 
les  Décrets  de  l'Assemblée  nationale,  nous  font  connaître  dans 
les  détails  les  revenus  et  les  charges,  en  môme  temps  qu'elles 
nous  indiquent  les  titulaires  de  cinquante-huit  chapelles,  faisant 
partie  de  l'ancienne  et  nouvelle  Communauté. 

Chapelle  Saint-Étienne.  —  Titulaire  :  M.  Merle.  —  Revenus  :  45  1. 
payés  annuellement  par  le  Chapitre.  —  Charges  :  Acquit  de  Messes. 
9  1.  15  s. 

Chapelle  Saint-Augustin.  —  Tit.  :  M.  de  Coglombis  du  Rivage.  —  R. 
Un  arpent  et  demi  de  terres  au  terroir  de  Fontenay-aux-Roses,  lieu  dit  Mou- 
lin-Piquet, 90  1. 

Chapelle  Saint-Eutrope.  —  Tit.  :  M.  d'Audibert  de  la  Yillasse.  —  R. 
Trois  parties  de  rentes  sur  l'Hôtel-de-Ville,  362  1.  13.  —  C.  Acquit  de  cent 
soixante-huit  messes. 

Chapelle  Saint-Biaise,  dite  des  Notaires.  —  Tit.  :  M.  Clément.  —  R. 
Douze  arpents  et  demi  et  25  perches  de  terres  en  onze  pièces  à  Wissous. 

Chapelle  Saint-Jean.  —  Tit.  :  M.  Gouenvic.  —  R.  Rentes  sur  une  mai- 
son, rue  des  Écoutes  :  700  1. 

Chapelle  Saint-Julien-le-Pauvre  et  Sainte-Marie-l'Égyptienne.  — 
—  Tit.  :  M.  Thomas. 

Chapelle  Saint-Jean-Baptiste  et  de  la  Madeleine.  —  Tit.  :  M.  Rous- 
sier.  —  R.  Sur  les  fiefs  et  aumônes  du  Roi,  18  1.  14  s. 

Chapelle  Sainte  Marie  et  Saint-Aignan.  —  Tit.  :  M.  Picot.  —  R.  2  ar- 
pents 1/4  à  Épône,  60  1.  ;  6  sacs  de  blé  du  receveur  du  Chapitre,  suivant  le 
taux  du  premier  marché  à  Épône  après  la  Saint-Martin,  1441.  —  Ch.  104 
messes. 

Chapelle  Saint-Eustache.  —  Tit.  :  M.  Attiret.  —  R.  1  arpent  de  terre  à 
Passy,  25  1.  ;  redevance  payée  par  le  Chapitre,  16  s. 

Chapelle  Saint- Jacques.  —  Tit.  :  M.  Poitevin.  —  R.  Sur  fiefs  et  aumônes 
du  département  de  Paris,  15  1.  12  s.  6  d.  —  Ch.  Une  messe. 

Chapelle  Saint-Michel.  —  Tit.  :  M.  de  Vareilles.  —  R.  Redevance  d'uni 
muid  de  blé  par  le  Chapitre,  240  1.  —  Ch.  Messes,  31  1.  12  s. 


BEiNEFICIEKS  FT  GAGISTES. 

Chapelle  Notre-Dame  '.  —  Tit.  :  M.  Bégart.  —  R.  Rente  payée  par  la 
Fabrique  de  la  Madeleine-en-la-Cité,  201.  —  Ch.  89  messes. 

Chapelle  Saint-Pierre  et  Saint-Paul.  —  Tit.  :  M.  Aumont.  —  R.  Rentes 
sur  le  domaine  du  Roi,  32  1.  10  s.  et  sur  le  Chapitre,  18  1.  10.  —  Ch.  12 
messes. 

Chapelle  Saint  Eutrope.  —  Tit.  :  M.  Colin.  —  R.  Rentes  sur  le  Roi, 
37  1.  15. 

Chapelle  Saint-Michel.  —  Tit.  :  M.  Yot.  —  R.  Rente  perpétuelle,  221.  10. 

—  Ch.  15  messes. 

Chapelle  Saint-Géraud.  —  Tit.  :  M.  Greuzard.  —  R.  3  quartiers  de  pré 
à  Gentilly  et  7  à  Arcueil.  200  1.  —  Ch.  15  messes. 

Chapelle  Saint- Augustin.  —  Tit.  :  M.  Michelin. 

Chapelle  Saint-Remy,  dite  des  Ursins.  —  Tit.  :  M.  Bottée.  —  R.  20 
arpents  de  terres  et  2  de  pré  à  Oysserie,  450  1;  10  arpents  1/2  de  terres  la- 
bourables au  terroir  de  Saint-Marcel  à  Paris,  148  1  ;  G  quartiers  de  terres  à 
Ivry.  20  1.  ;  2  parties  de  rentes  sur  l'Hôtel-de-Ville,  54  1.  ;  rentes  sur  le  Cha- 
pitre, 8  1.  15.  —  Ch.  150  messes. 

Chapelle  Saint-Michel  et  Sainte-Anne.  —  Tit.  :  M.  Cochon.  —  R. 
(  .ris  à  prendre  sur  la  Fabrique  de  Saint- Yves,  4  1.  7  s.  9  d. 

Chapelle  Saint-Michel  et  Saint- Antoine.  —  Tit.  :  M.  Loyauté.  —  R. 
sur  la  Fabrique  de  Saint-Yves,  4  1.  7  s.  9  d. 

Chapelle  Saint-Léonard.  —  Tit.  :  M.  Le  Pelletier. 

Chapelle  Saint-Martin.  Tit.  :  M.  Pingot.  —  R.  Rentes  par  les  proprié- 
taires des  boucheries  de  l'apport  de  Paris  et  de  celles  du  cimetière  Saint- 
Jean,  3001.  —  Ch.  52  messes. 

Chapelle  de  Saint  Siméon.  —  Tit.  :  M.  Chapuis.  —  R.  Rente  payée  par 
le  Chapitre.  31  1.  10.  —  Ch.  Une  messe  le  premier  vendredi  de  chaque  mois. 

Chapelle  Sainte-Marie  et  Saint-Aignan.  —  Tit.  :  M.  Courtier.  —  R.  3 
arpents  de  prés  et  terres  à  Epône,  54  1.  ;  0  septiers  de  blé  méteil  par  le  Cha- 
pitre, 120  1.  —  Ch.  50  messes. 

Chapelle  de  la  Sainte-Famille.  —  Tit.  :  M.  Giraudet  —  R.  Payé  par  le 
Chapitre.  44  1.  —  Ch.  24  messes  par  an. 

Chapelle  Saint-Paul.  — Tit.  :  M.  Chambry.  —  R.  Payé  par  le  Chapitre. 
300  1.  —  Ch.  l'ne  messe  tous  les  jours. 

Chapelle  Saint-Julien-le-Pauvre  et  Sainte-Marie-l'Égyptienne.  — 
Tit.  :  M.  de  Chavigny. 

Chapelle  Saint  Georges  et  Sainte-Marguerite.   —  Tit.   :  M.  Thomas. 

—  R.  Payé  par  le  Chapitre,  300  1.  —  Ch.  Une  messe  tous  les  jours. 
Chapelle  Saint-Barthélémy  et  Saint-Vincent.  —  R.  Par  des  particuliers. 

17  1.  10s. 

Chapelle  Saint-Eustache.  —Tit.  :  M.  Béguinot.  l'Ancien  de  la  Com- 
munauté. Il  a  droit  à  l'installation  des  nouveaux  confrères  et  aux  distri- 
butions manuelles  attachées  cà  ladite  Communauté. 


1.  Cette  chapellenie,  unie  à  la  chapelle  'le  Sainte-Anne  à  Notre-Dame,  était  aupa- 
ravant dans  l'Église  de  Saint-Christophe.  Cfr.  Concl,  rnji.  1785. 


il  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

Chapelle  Sainte-Foy.  —  Tit.  :  M.  Bose.  —  R.  7  arpents  1/2  de  vignes  à 
Sucy.  1121.  10. 

Chapelle  Sainte-Catherine.  —  Tit.  :  M.  Fréchon.  —  R.  14  septiers  de 
blé  méteil  et  6  septiers  d'avoine  payés  en  nature  par  le  Chapitre  sur  la  dimc 
de  Yilliers-le-Sec.  —  Ch.  Une  messe  par  semaine. 

Chapelle  Saint-Étienne.  —  Tit.  :  M.  Rousseau.  —  R.  Rente  payée  par  le 
Chapitre.  45  1.  —  Ch.  12  messes. 

Chapelle  Saint-Rémy  des  Ursins.  —  Tit.  :  M.  Séjournée.  —  R.  Rente 
de  300  1. 

Chapelle  Saint  Georges  et  Saint-Biaise.  —  Tit.  :  M.  Martinvart.  —  R. 
Rentes  sur  l'Hôtel-de-Yille.  601.;  petitpré  à  Arcueil,  30.  —  Ch.  12  messes. 

Chapelle  Sainte  Euphémie.  —  Tit.  :  M.  de  Roye.  —  R.  Payé  par  le  tré- 
sorier de  Notre-Dame.  206  1.  — Ch.  104  messes. 

Chapelle  Saint-Louis.  —  Tit.  :  M.  Thouvonet.  —  R.  Maison  appelée  «  la 
Tour  »  ;  sept  quartiers  de  vignes  ;  cinq  quartiers  de  prés  et  trois  autres  quar- 
tiers de  vignes;  44  sous  de  menu  cens  pour  lods  et  ventes  à  Savy.  —  Ch. 
2  messes  par  semaine  *. 

Chapelle  Saint-Julien  du  Mans.  —  Tit.  :  M.  La  Colley.  —  R.  Maison 
dans  le  Marché  aux  Poires,  900  1.;  rente  sur  une  maison  rue  Saint-Denie, 
12  1.  10  s.  —  Ch.  100  messes. 

Chapelle  Saint-Augustin.  --  Tit.  :  M.  Lemousin.  —  R.  126  1.  en  rente 
foncière.  —  Ch.  1  messe  par  semaine. 

Chapelle  de  l'Assomption.  —  Tit.  :  M.  Clouet.  —  R.  Payé  par  le  Chapitre 
de  Notre-Dame,  12  1.  —  Ch.  4  messes  par  an. 

Chapelle  Saint-Nicaise.  —  Tit.  :  M.  Goût  des  Périmières.  —  R.  10  ar- 
pents 1/2  de  terres  labourables,  près  Gonesse,  460  1.;  3  arpents  3/4  d'autres 
terres.  —  Ch.  8  messes  par  semaine. 

Chapelle  Sainte-Madeleina.  —  Tit.  :l'Archevèque  d'Embrun2  et  M.  Vil- 
liers.  —  Ils  se  partageaient  la  moitié  du  produit  des  dîmes  de  la  paroisse 
d'Epiais.  le  quart  estimé  112  1.  10  s.  3. 

Chapelle  de  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste.  —  Tit.  :  M.  de 
Cagny.  —  R.  2  arpents  de  terre  sur  le  territoire  de  Bellevue,  100  1.;  sur  le 
lief  de  Pirot,  paroisse  de  Farges,  près  Limours,  1001. 

Chapelle  Sainte-Anne.  —  Tit.  :  M.  Hutteau  '*. 

Chapelle  de  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste.  —  Tit.  :  M.  Du- 


1.  Dans  sa  Déclaration  M.  Thouvenet  a  ajouté  cette  note  :  •-  Le  titulaire  n'a  pas 
touche  de  revenus  et  n'a  appris  que  depuis  peu  de  temps  qu'en  1539,  il  existait  ce 
qui  vient  «l'être  détaillé.  -■  L'oncl.  cap. 

■±.  Pierre-Louis  de  Leysaire. 

3.  Les  quatre  chapellenies  qui  se  partageaient  la  dinie  d'Epiais,  s'appelaient 
les  quatre  Marguilleries  cléricales.  Les  quatre  marguilliers  étaient  les  deux  chape- 
lains de  cette  chapelle  et  ceux  de  la  chapelle  Notre-Dame,  dont  les  titulaires 
étaient  M.  Pierre,  nommé  plus  loin,  et  M.  Barthélémy  de  la  Borie,  qui  ne  faisait 
pas  partie  de  la  communauté. 

1.  Le  titulaire  déclara  en  1790  qu'il  ne  connaissait  pas  les  revenus  de  sa  chapel- 
lerie, étant  en  litige  à  leur  sujet  avec  M.  l'Archevêque.  Ibid. 


BÉNLTICISUS  ET  GAGISTES.  47 

peiner.  —  R.  Rentes  sur  le  Roi.  payées  par  les  Domaines,  57  1.  10.  —  (h. 
12  messes. 

Chapelle  Saint-Pierre  et  Saint-Étienne.  —  Tit.  :  M.  Douville. 

Chapelle  Saint-Thomas   de  Cantorbéry.  —  Tit.  :  M.  Dumesnil. 

Chapelle  Sainte  Foy  —  Tit.  :  M.  Varin. 

Chapelle  Saint-Nicolas.  —   Tit.  :  M.  Durand. 

Chapelle  Sainte  Anne   et  de  la  Trinité.    —  Tit.  :  M.  Fauvel. 

Chapelle  Saint-Léonard.  —  Tit.  :  M.  Chevillard. 

Chapelle  Saint-Martial.  —  Tit.  :  M.  Le  Gorgu. 

Chapelle  Saint-Jean-Baptiste  et  Sainte-Madeleine.  —  Tit.  :  M.  Gos- 
siiune  et  M.  Lair  de  Beauvais.  —  R.  157  arpents  à  Grand'Paroisse,  près  Mon- 
tereau,  300  1. 

Chapelle  Saint-Michel.  —Tit.  :  M.  Cochelin.  —  R.  Payé  par  le  Chapitre, 
25  1.  —  Ch.  3  messes  par  semaine. 

Chapelle  Sainte-Catherine.  —  Tit.  :  M.  Viez.  —  Les  revenus  sont  aban- 
donnés au  Chapitre;  ils  consistent  en  25  1.  10  s.  parisis  de  rentes  foncières 
sur  six  maisons  dans  Paris.  —  Ch.  6  messes  par  semaine. 

Chapelle  Saint-Jacques.  —  Tit.  :  M.  Crespin.  —  R.  Sur  l'Hotel-de-Ville, 
25  1.  et  sur  les  Domaines  et  Bois,  11  1.  18  s. 

Chapelle  Notre-Dame.  —  Tit.  :  M.  Pierre.  —  R.  Un  quart  de  la  dîme 
d'Epiais,  112  1.  10  s.  2. 

Chapelle  Saint- Jean  l'Évangéliste  et  Sainte-Agnès.  —  Tit.  :  M.  Le 
Court. 

Le  Chapitre  possédait  en  plus  deux  chapelles  en  dehors  de 
Paris,  celle  de  Saint-Lazare  de  Larchant,  dont  le  titulaire  était 
M.  de  Frétel  d'Hauterive,  et  celle  de  Saint  Michel  en  l'église  de 
Chevilly,  attribuée  à  M.  Jean  Le  Roux. 

Les  bénéficiers-prètres,  qui  n'avaient  pas  de  maison  attenant 
à  leur  bénéfice,  pouvaient  louer  dans  le  Cloître  tel  appartement  à 
leur  convenance.  Les  autres  étaient  obligés  de  résider  dans  la 
Communauté,  dite  des  Chantres,  et  d'y  prendre  leurs  repas  en 
commun  avec  les  six  Clercs  de  Matines  et  les  huit  Machicots. 
Ceux-ci  étaient  chargés  de  l'exécution  du  chant  et  étaient  rangés 
dans  la  classe  des  Gagistes.  Ils  devaient  connaître  la  musique  et 
le  plain-chant,  porter  la  soutane  même  en  ville,  assister  à  tous 
les  offices,  et  garder  le  célibat.  Le  mariage  contracté  était  un 
cas  de  renvoi  immédiat  [.  La  même  obligation  était  imposée  aux 

1.  Nous  trouvons  un  exemple  de  l'application  de  ce  règlement  en  1790,  à  l'égard 
de  Nicolas  Prévost,  clerc  de  Matines  :  «  Ilenuntiato  Dominis  Magistrum  Nicolaum 
Prévost,  clei'icum  Matutinarum,  uxorem  postremis  hisce  diebus  duxisse,  insuper 
attento  legibus  Eccleske  Paiisiensis  alienum  esse  ut  is,  qui  inatrimonio  junctus 


48  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Machicots  vétérans,  qui  recevaient  une  pension  du  Chapitre  et 
avaient  obtenu  la  permission  de  rester  dans  le  Cloître  J. 

Pour  perfectionner  ses  chantres  dans  l'exécution  du  chant,  les 
chanoines  établirent  en  1786  une  classe  de  musique,  qui  se 
faisait  trois  fois  la  semaine  dans  une  salle  de  la  communauté.  Ils 
en  chargèrent  M.  Dugué,  alors  maître  de  chapelle  de  Notre-Dame 
et  qui,  après  sa  démission  donnée  et  acceptée,  dut  en  1789  re- 
prendre son  bâton.  Les  Clercs  de  Matines  et  les  Machicots  que  le 
Grand-Chantre  jugeait  insuffisamment  exercés,  étaient  obligés  de 
la  suivre  sous  peine  de  mulcte.  A  ces  musiciens  ordinaires,  le 
Chapitre  décida,  cette  même  année,  d'adjoindre,  pour  les  fêtes 
de  Pâques,  de  la  Pentecôte,  de  l'Assomption,  de  la  Toussaint  et 
de  Noël,  un  plus  grand  nombre  de  symphonistes  et  il  vota  à  cet 
effet  un  crédit  de  2.400  1.  à  prendre  par  quartiers.  Mais  il  posa  en 
même  temps  ces  deux  conditions  :  1°  que  le  nombre  des  sym- 
phonistes ne  sera  jamais  assez  multiplié  pour  gêner  les  céré- 
monies ;  2°  que  l'accès  du  chœur  sera  sévèrement  interdit  à  tout 
chanteur  de  théâtre  et  qu'aucun  ne  pourra  y  être  admis  sous 
quelque  prétexte  2. 

Nous  avons  encore  à  nommer,  parmi  les  ecclésiastiques  attachés 
au  Chapitre,  le  Secrétaire,  les  grand  et  petit  Distributeurs,  les 
prêtres  attachés  à  la  sacristie  des  messes  et  enfin  les  cinq  clercs 
de  la  Fabrique. 

Le  Secrétaire  du  Chapitre  était  M.  Adrien-Quentin  Buée,  le  frère 
du  vicaire  perpétuel  de  Saint-Victor,  dont  nous  avons  déjàparlé;  il 
était  aussi  chargé  de  la  Bibliothèque  et  recevait  1.1101.  comme 
traitement.  Les  distributions  manuelles,  payées  par  les  Receveurs 


est,  clioro  addictus  maneat,  Domini  statuerunt  illum  pannos  Ecclesio?  deinceps  iri 

choro  non  esse  gestaturum.  »  Quelques  jours  auparavant  le  Chapitre,  ignorant 
sans  doute  ses  intentions,  lui  avait  permis  d"aller  passer  quelques  jours  à  la  cam- 
pagne; il  sut  bien  en  profiter.  Concl.  capit.  1790.  Arch.  Nal.  LL.  232*2. 

1.  ■•  Magistro  Francisco  Guichard,  a  die   sexto   Julii   1708,  Ecclesiaî  Parisiensi 
inacicoto,  Domini    concesserunt  ut  inter    macicotos  per  reliquum  vitœ  remanere, 
lionoraria  assueta  percipere  possit,  quamdiu  tamen  vitam  egerit  cœlibem...  » 
Ibid,,  an.  1787. 

2.  La  sévérité  du  Chapitre  sur  ce  point  était  extrême;  elle  alla  jusqu'à  interdire 
aux  organistes  de  faire  entendre  sur  l'orgue  pendant  l'Aventles  airs  «  dits  noëls  ». 


BÉNÉFICIAS  ET  GAGISTES.  »■• 

aux  grand  et  petit  Distributeurs,  MM.  Le  Bault  et  Levasseur  ', 
étaient  ensuite  par  eux  attribuées  à  chacun  des  chanoines,  béné- 
ficiées et  gagistes  :  ils  étaient  aussi  chargés  de  dresser  les  listes 
pour  les  fonctions  à  remplir  à  tour  de  rôle.  Les  deux  frères  Thou- 
venel  étaient  chargés  de  l'administration  de  la  sacristie  des 
messes,  appelée  aussi  sacristie  de  la  nef  :  elle  était  complètement 
indépendante  de  la  sacristie  du  Chapitre  et  était  établie  dans 
une  partie  du  transept  méridional  et  dans  la  première  chapelle 
du  bas  côté.  Les  intentions  de  inesses  étaient  confiées  aux  deux 
piètres-sacristains  par  le  receveur  général,  les  chapelains  et  les 
particuliers;  ils  les  notaient  sur  un  registre  spécial,  dont  chaque 
page  était  partagée  en  cases  juxtaposées,  tracées  au  trait  rouge. 
Dans  celle  de  gauche  était  indiquée  l'intention  à  acquitter;  dans 
l'autre,  signait  le  prêtre  qui  avait  dit  la  messe  et  qui  en  recevait 
l'honoraire  des  mains  du  prètre-sacristain.  Celui-ci  devait  pour- 
voir aussi  aux  besoins  journaliers  de  la  sacristie  2. 

Les  cinq  clercs  de  la  Fabrique  étaient  le  Trésorier,  M.  Mortier, 
chargé  de  la  sacristie  du  Chapitre  et  de  l'entretien  du  Trésor;  il 
remplissait  aussi  les  fonctions  de  maître  des  cérémonies;  —  le  Chef- 
cier,  M .  Loyseau,  qui  préparait  le  chœur  pour  les  offices  canoniaux  5: 
—  le  Sous-Garde  Revestiaire,  M.  Martin,  qui  était  comme  le 
second  de  M.  Mortier;  — le  Grand  Sonneur,  M.  Gilbert 4,  et  le  Petit 


1.  Tous  les  deux  chanoines-prêtres  de  Saint-Denis  du  T'as. 

2.  En  l?iS2,  M.  de  Méromont  constitua  on  faveur  do  la  sacristie  dos  Messes  une 
rente  de  1.680  I.  pour  l'élévation  à  15  s.  do  l'honoraire  do  toutes  les  messes  fondées 
a  Notre-Dame;  il  posa  les  doux  conditions  suivantes  :  ■■  1"  que  ces  messes  devraient 
se  dire  do  préférence  à  l'autel  de  la  Sainte  Vierge;  —  -2°  que  les  messes  dites  par 
les  vicaires  dos  paroisses,  dont  le  Chapitre  est  seigneur,  seront  rétribuées  au  même 
taux  ».  A  quatre  reprises  différentes,  le  Chapitre  avait  voté  dos  secours  annuels 
pour  élever  les  honoraires  des  messes,  qui  étaient  une  part  importante  du  traite- 
ment dos  bénéficiers  et  gagistes.  —  Bibl.  N'at.  mss.  n.  ac.   IV.  2796. 

3.  Comptes  de  laChefcerio  en  1790:  1"  Cire  Manche  employée  annuellement  pour 
les  offices,  3.000  1.  —  2°  Il  est  distribué  annuellement  aux  bénéûciers  et  gagistes 
en  bougies  jaunes  pour  les  offices  de  nuit,  1.2821.  —  :>"  Bougies  aux  cinq  clercs  de 
la  Fabrique,  72  1.  —  1'  Au  cheicier,  pour  sa  distribution.  21  1.  lo  s.  —  Le  chefeier 
possédait  une  petite  maison  situéeréa  côté  de  l'archevêché,  au  pied  de  la  tour 
méridionale.  Il  confessait  dans  l'église  et  disait  chaque  jour  la  messe  de  fondation 
a  la  chapelle  d'Harcourt.  Concl.  cap.  1787.  Il  couchait  dans  une  petite  chambre  à 
côté  de  la  porte  latérale  droite  du  chœur. 

4.  11   lui  fallait  deux  hommes  par  jour  et   trente  selon  les  tètes.  11  louait  à  son 

CHAPITRE   DE   SOTRE-DA1IE   DE   PARIS.  4 


bO  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Sonneur,  Fauveau '  :  ces  deux  derniers  n'étaient  pas  dans  les  ordres, 
bien  que  dans  quelques  oflices  ils  aient  eu  à  remplir  certaines 
fonctions  liturgiques.  Ils  formaient  comme  la  transition  entre  le 
personnel  ecclésiastique  et  le  personnel  laïque. 

Celui-ci  était  assez  restreint.  Nous  voyons  à  Notre-Dame,  en 
1790,  quatre  marguilliers-lais,  huit  francs-sergents,  dix  petits- 
huissiers,  quatre  organistes  et  leur  souffleur,  le  garçon  du  Tié- 
sor,  Joseph  Durand,  le  frotteur  de  l'Eglise,  Jean  Durand,  enfin  le 
trotteur  et  balayeur  du  chœur  et  concierge  du  jardin,  Baron- 
Piron2.  Nous  dirons  un  moi  desmarguilliers,  des  francs-sergents 
et  des  petits-huissiers. 

Les  quatre  marguilliers-lais  '■'•  étaient  à  proprement  parler  les 
bedeaux  du  Chapitre;  ils  portaient  la  robe,  toga  fore  n  sis,  et  le 
bonnet  carré.  Les  deux  premières  basses  stalles  du  chœur,  du 
côté  du  sanctuaire,  leur  étaient  attribuées.  Jusqu'en  1755,  ils 
étaient  à  la  nomination  de  l'archevêque  :  cette  année-là,  M.  de 
Beaumont  transmit  ses  pouvoirs  au  Chapitre,  qui  devait  les 
exercer   in  continu  ni. 

Les  dix  francs-sergents,  dont  l'institution  remontait  à  1249'', 
énuméraient  de  la  manière  suivante  les  oflices  qu'ils  avaient  à 
remplir  à  l'égard  du  Chapitre  :  «  Ils  sont  tenus  d'assister  au 
service  divin,  aux  services,  aux  obits,  aux  funérailles  des  Rois, 
des  Reines,  des  Princes  et  des  Seigneurs  de  marque,  à  ceux  de 
nos  seigneurs  les  Prélats  et  de  messieurs  les  Dignités,  chanoines 


profit  la  galerie  de  la  nef  du  côté  du  Cloître  et  les  calories  extérieures  dos  tours. 
Il  avait  1.0001.  Anh.  Nat,  D.  XIX.    n.  753. 

1.  Le  petit  sonneur  cumulait  les  quatre  fonctions  de  geôlier,  huissier,  mesureur 
des  blés  et  distributeur  du  pain  du  Chapitre.  Ibid.  Ces  deux  fonctions  étaient 
primitivement  confiées  à  des  prêtre?;  c'est  ce  qui  explique  la  présence  du  petit 
sonneur  dans  certaines  fonctions  liturgiques. 

2.  «  Il  balaie  le  chœur,  le  tour  du  chœur,  la  nef,  la  salle  du  Chapitre,  la  biblio- 
thèque, les  archives,  le  secrétariat  ;  il  est  chargé  do  la  chapelle  d'IIarcourt  et  aussi 
du  grand  époussetage  avec  les  mouffles  et  le  panier  do  toutes  les  voûtes  de  l'église, 
chapelles  et  galeries,  lave  les  vitres  avej  huit  hommes  pondant  quinze  jours,  r.u 
risque  de  sa  vie,  entretient  les  marbres,  descente  de  Croix,  Sainte  Vierge,  Louis  XIII 
et  Louis  XIV.  ■•  Arch.,  Nat.,  ibid. 

3.  Les  marguilliers-lais  furent  établis  en   1201  par  l'évêque  Eudes  de  Sully.  Cfr. 
Guérard,  Cartulaire  de  Voire-Dame,  t.  I,  p.  88. 
4.  Cfr.  Guérard, Cart.  Noire-Dame.  III,  412-113.' 


BENEFICIERA  ET  GAGISTES.  :;i 

et  bénéficiera  de  notre  Eglise,  aux  prières  des  Quarante  Heures, 
aux  processions  solennelles  et  particulières,  aux  autres  prières, 
pompes  et  cérémonies,  qui  s'y  font  pendant  le  cours  de  Tannée, 
et  enfin  dans  toutes  les  occasions  où  vous  êtes  et  où  vous  marchez 
en  corps,  pour  vous  préserver  de  la  foule  et  de  l'oppression  des 
peuples  et  pour  empêcher  les  désordres  et  les  tumultes,  qui  peu- 
vent arriver  en  pareilles  occurrences  '.  »  Ils  avaient  aussi  le  privi- 
lège de  porter  les  corps  des  chanoines  depuis  la  grande  porte  de 
Notre-Dame  jusqu'au  catafalque  et  ensuite  à  leurs  tombes.  Leur 
place  était  à  l'entrée  du  chœur. 

Les  six  petits-huissiers  avaient  été  établis  en  15G8  en  raison 
des  absences  fréquentes  des  francs-sergents.  Ils  faisaient  le  ser- 
vice quotidien  pendant  les  offices  ;  ils  se  tenaient  ;mx  portes  laté- 
rales du  chœur.  L'animosité  qui  régna  longtemps  entre  les  petits- 
huissiers  et  les  francs-sergents  2,  parait  apaisée  à  la  fin  du 
xvme  siècle;  rien  n'indique  dans  les  papiers  du  Chapitre  qu'il 
y  ait  eu  quelque  discorde  entre  ces  deux  corps,  qui  constituaient 
comme  la  Garde  Palatine  de  nos  vieux  chanoines. 

L'orgue  '■'•  était  tenu  par  quatre  organistes,  qui  faisaient 
chacun  leur  trimestre  *.  Les  quatre  organistes  étaient  Gouperain, 
Balbâtre,  Séjan  et  Charpentier.  Le  3  février  1789,  Gouperain,  tué 
par  une  voiture,  est  remplacé  par  son  fils,  qui  meurt  vers  le  17 
mars  1790.  A  sa  place,  le  Chapitre  nomme  M.  Desprez.  Coupe- 
rain,  père,  était  en  môme  temps  organiste  du  Roi  en  sa  chapelle 
de  Versailles,  en  sa  Sainte-Chapelle  du  Palais,  de  l'Eglise  de  Pa- 
ris, des  églises  Saint-Barthélémy,  Snint-Gervais  et  Sainte-Mar- 
guerite. 

Enfin  nous  citerons   encore   les  deux  suisses,  l'un  de  l'Église 

1.  Bibl.  Nat.  LK-  G.  900. 

>.  Ibid. 

'■'<.  Restaura  par  Cliquot,  il  fui  inauguré  aux  premières  vêpres  de  l'Ascension 
L787. 

I.  Eu  1755,  le  Chapitre  régla  connue  il  suit  tes  devoirs  ri  1rs  profits  des  orga- 
nistes" qui  dictum  offîcium  exercebunt  alternatim  per  1res  menses.  habebit  unus- 
quisque  eorum  pro  stipendiis  sui  trimestris  summam  200  libenarum  in  Une  cu- 
jtislibet  trimestris  per  clericum  seu  reeeptorem  fabriese,  cum  uno  pane  capitûlari 
quolibet  die*.  En  1783,  le  Chapitre  vota  100  livres  d'augmentation  à  chacun  des 
quatre  organistes. 


o*2  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1700. 

et  l'autre  du  Cloître;  ils  avaient  droit,  tous  les  deux  ans,  à  Un 
baudrier  neuf  pour  la  fête  de  Pâques.  Quand  nous  étudierons 
l'administration  judiciaire  et  financière  du  Chapitre,  nous  ver- 
rons le  personnel  qui  y  était  attaché  *. 


III 


Nos  vieux  chanoines  nous  en  voudraient  si  nous  ne  ressusci- 
tions pas  en  même  temps  qu'eux  les  gentils  angelots  qui  chan- 
taient au  chœur  de  Notre-Dame  et  voletaient  par  les  rues  du 
Cloître.  Au  bas  de  leurs  stalles  replaçons  leurs  enfants  de 
chœur,  et,  parmi  les  maisons  claustrales,  recherchons  et  visi- 
tons ce  joli  nid  de  rossignols,  ou,  si  vous  voulez  que  nous  nous 
servions  du  langage  écolier,  cette  cage  où  s'apprenaient  à  ga- 
zouiller nos  petits  chanteurs  et  qui  s'appelait  la  Maîtrise,  «  fa- 
milia  et  domus  Puerorum  chori  ». 

Cette  modeste  famille  se  composait  de  douze  enfants  ou  jeunes 
gens,  qui  étaient  nourris,  vêtus,  entretenus  aux  frais  du  Cha- 
pitre. Les  derniers  mois  de  1790  avaient  laissé  deux  vides  dans 
les  rangs  des  enfants  de  chœur  :  Gabriel  Pottier  fut  rendu  à  sa 
famille,  le  18  août,  pour  raison  de  santé  2  et,  le  soir  de  la  Nati- 
vité de  la  Sainte  Vierge,  Ambroise  Pottier,  son  frère,  quitta  la 
Maîtrise  pour  faire  sa  philosophie  \    Les    événements,    qui    se 


1.  Pour  n'oublier  personne  dans  cette  résurrection,  nous  dirons  que  les  pains 
d'autel  étaient  achetés  à  la  veuve  Grébude;  que  la  demoiselle  de  Vitry  blanchis- 
sait le  linge  tin.  et  la  femme  Dumoulin  le  gros  linge:  enlln  qu'il  y  avait  à  la  sa- 
cristie un  garçon  du  nom  de  Robert  et  ••  le  petit  servant  de  messe  ».  Bibl.  Nat., 
mss.  n.  a.  fr.  2796. 

2.  Ilétait  de  Belleville;  il  entra  à  la  Maîtrise  en  1782,  à  l'âge  de  7  ans.  Arch.  Nat. 
LL.  232  3S.  Son  renvoi  est  décidé  dans  les  Concl.du  IN  août  et  du  G  septembre,  mal- 
gré Tavis  du  médecin  qui  demandait  encore  six  mois  pour  se  prononcer.  Il  reçut 
une  gratification  de  100  écus.  Arch.  Nat.  LL.  2:12  '*-. 

3.  Conclusion  du  10  septembre  1790.  Le  Chapitre  devait  lui  servir  pendant  deux 
ans  une  pension  annuelle  dp  450  livres,  à  prendre  sur  les  revenus  de  la  fondation 
de  M.  de.Mondran.  Cfr.  infrà,  chapitre  iv.  Le  Chapitre  aurait  désiré  donner  la  place 
vacante  à  un  enfant  de  la  famille  Pottier:  il  en  fit  part  aux  parents  qui  refusèrent. 
Concl.  du  6  septembre. 


LA  MAITRISE.  :s:j 

précipitèrent  à  l'époque  de  la  rentrée,  empêchèrent  les  chanoines 
de  combler  ces  vides  ' . 

Au  chœur,  les  jours  de  grandes  fêtes,  les  enfants  étaient  re- 
vêtus de  leurs  soutanes  rouges  «  en  raz  de  castor  »,  de  l'amict  et 
de  l'aube  fine  en  batiste,  relevée  par  une  ceinture  de  fil  blanc  : 
les  jours  moins  solennels,  la  soutane  était  en  drap  noir,  l'aube 
était  de  simple  toile,  et,  durant  l'hiver,  c'est-à-dire  depuis  le  17 
octobre  jusqu'à  Pâques,  ils  portaient  en  plus  un  camail  pointu 
avec  capuchon  sur  une  large  chape  de  drap  noir.  Ouand  ils 
étaient  d'office  à  l'autel,  ils  étaient  parés  de  a  tuniques  de  velours 
cramoisi  à  orfrois  en  moires,  broderies  et  galons  d'or  »,  ou  de 
«  tuniques  avec  orfrois  de  tapisserie  de  différentes  couleurs  bor- 
dées d'un  passe-poële  (sic)  d'or  ?  ».  Le  spé,  qui  était  le  pre- 
mier et  le  chef  des  enfants   de  chœur,   revêtait  la  chape   pour 

1.  Le  Chapitre  remit  en  effet  au  3  lévrier  1791  la  nomination  aux  deux  places  va- 
cantes à  la  Maîtrise.  Nous  avons  trouvé  aux  Archives  Nationales,  F.  19,  n°  612,  un 
document  datant    des    dernières  semaines  de    1790,  qui  nous  donnent  des  détails 
biographiques  intéressants  sur  les  dix  derniers  enfants  de  chœur  de  l'ancien  Cha 
pitre,  que  le  clergé  constitutionnel  trouva  à  Notre-Dame  et  auxquels  il  offrit  de  les 
attacher  au  service  de  la  paroisse.  Nous  les  avons  complétés  de  quelques  renseigne- 
ments, recueillis  dans  les  Conclusions  capitulaires.  1.  Le  premier  est  Jean-Fran- 
çois Guérin,  né  à  Paris  le  22  février  1773;  il  était  fils  de  Louis-Pierre  Guérin,  an- 
cien serviteur  de  M.  Despeignes,  payeur  de  rentes  et  demeurant  vis-à-vis  la  Grille 
du  Palais.  Depuis  le  départ  de    René-Nicolas  de  Guérie  (Concl.  cap.  1789),  il  était 
spé  des  enfants  de  chœur.  Le  29  janvier    1790,  il  présenta  requête   au  Chapitre 
pour  être  autorisé  à  laisser  croître  sa  chevelure,  demande  qui  indiquait  son  in- 
tention de  quitter  bientôt  la  Maîtrise.  Les  chanoines  s'alarmèrent  à  la  perspective 
de  ce  départ  prématuré,  qui  allait  les  priver  d'un  spé  des  plus  experts  dans  les  cé- 
rémonies, et  d'office    ils  obligèrent   Guérin   à  rester  jusqu'au  8   septembre  1791. 
—  2.  Pierre-Jean- Valéry  Varet,  né  à  Soissons  le  S  juin  1773.  Son  père  demeurait  chez 
M.  Desplasses,  quai  de  Miramionnes,  n°20.—  3.   Nicolas-Jean-Denis  Hène,  né  à  Pa 
ris  le  10  janvier  1775.  Il  était  orphelin  :  feu  son  père  était  cuisinier  chez  M.  deMon- 
tagu,  qui   se   disait  son  protecteur.  —  4.  Louis-Germain   Lallemant,   né  à  Paris 
le   2  août  1770.  11  était  fils  d'un  artisan  ambulant.  Une   demoiselle  prenait   soin  de 
lui.  —5.  Jean-Louis  Peutat,  né  à  Avallonle  21  octobre  1775.  Son  père  était  maître  de 
musique  à  la  collégiale  de  cette  ville.  —0.  Jean-Denis-Ignace  Baudron,  né  à  Paris,  le 
9  octobre  I77(i;  son  père,  modeste  marchand,  demeure  rue  de  Charonne  chez  un 
pâtissier.  —  7.  Pierre-François  Giroust,   né  à  Versailles  le  30  mai  1777;  fils   d'un 
maître  de  musique  chez  le  Roi.  —  8.  Jean-Marie-Joseph  Le  Rèche,  né  à  Paris  le   :\ 
mai  1779;  il  est  fils  d'un  sergent-major  des  (iardes  Françaises.  —9.  Marie-Louis-Au- 
guste  Houeherat,  né  à  Paris  h'  8  mai    1781;   fils  d'une  coiffeuse,  dont  le  domicile 
était   inconnu.  —  10.  Louis-Antoine-Henri    de    Segrave,  né   à   Dole  en    Franche- 
Comté  le  16  novembre  1781.  Son  père   mourut  chevalier  de  Saint-Louis  et  breveté 
colonel.   Sa  mère  habitait  rue  des  Marmouzets. 
2.  Inventaire  du  22  novembre  1790.  IL  N.  mss.  n.  ac,ir.2790. 


54  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

porter  la  croix  et  se  couvrait  «  d'un  soc  l  »  pour  tenir  la  patène 
pendant  la  grand'messe.  L'insigne  de  son  autorité  sur  ses  jeunes 
collègues  consistait   en   une  baguette  dorée  ~. 

Nous  connaissons  aussi  leur  uniforme  laïque ,  assez  coquet 
du  reste  :  culotte  bleue,  gilel  d'espagnolette  et  veste  bleue.  Leur 
coiffure  consistait  en  un  modeste  bonnet  de  laine  :|.  Mais  ce  qui 
devait  être  le  plus  sensible  même  à  des  enfants,  à  une  époque 
où  les  cheveux  étaient  un  ornement  indispensable  du  visage  et 
presque  une  partie  du  costume,  c'était  de  sentir  chaque  mois  le 
rasoir  du  médecin  se  promener  impitoyablement  sur  leurs  tètes  et 
les  rendre  chauves   comme  des   vieillards   prématurés'1. 

Hâtons-nous  de  dire  que  le  Chapitre  savait,  par  de  paternelles 
attentions,  tempérer  pour  ses  pupilles  les  rigueurs  de  la  coutume. 
L  hiver  surtout,  il  craignait  que  le  froid  glacial,  qui  régnait  à  l'é- 
glise pendant  les  offices  de  la  nuit,  ne  privât  ses  chanteurs  de  leurs 
voix  angéliques.  Aussi,  pendant  les  grands  froids  qui  signalèrent 
les  débuts  de  Tannée  1789,  leur  permit-il  de  faire  croître  leur 
chevelure  et  de  porter,  même  le  jour  de  l'Epiphanie,  les  habits 
de  chœur  d'hiver,  interdits  les  jours  de  fête  :\  Sont-ils  malades .' 

1.  La  forme  de  ce  soc  était  assez  étrange.  Paris  une  gravore  du  Cabinet  dos  Es- 
tampes à  la  Bibliothèque  Nationale,  signée  I!.  Picard,  et  ayant  pour  sujet  «  Messe 
solennelle  célébrée  par  Monseigneur  V  Archevêque  au  Maître  Autel  de  V  Église  de  Notre- 
Dame  de  Paris  ».  on  voit  au  milieu  du  sanctuaire  1<'  spé  revêtu  de  son  soc  et 
quatre  entants  portant  des  flambeaux el  parés  «les  tuniques  dont  nous  avons  parlé. 
Ce  soc  a  la  forme  d'une  chape  coupée  au  milieu  du  dos  de  bas  en  haut  et  dont  les 
deux  parties  sont  réunies  par  quatre  bandes  brodées. 

2.  Le  Cérémonial  de  M.  de  Noailles  (1703)  décrit  ainsi  cette  baguette  :  «  Bacu- 
lum  argenteum  deauratum.  liliis  ejusdem  métal li  ubique  sparsis  ornatum,  longum 
duospedes,  cujus  linea  diametralis  ad  très  cirçileraut  quatuor  lineas  extenditur,  in 
eu  jus  siimma  parte  est  imago  argentea  Beatae  Virginis  suum  Filium  gestantis,  in 
imà  capui  serpentis  ex  eodem  métallo.  » 

:!.  Cfr.  Inventaire  du  30  novembre  1790. 

4.  Les  enfants  étaient  rasés  la  veille  du  premier  dimanche  de  l'Avent.  la  surveille 
de  l'Epiphanie  après  les  Vêpres,  la  veille  de  la  Purification  après  la  messe,  le  pre- 
mier samedi  de  carême  après  compiles,  pour  Pâques,  le  samedi  avant  les  Rogations, 
la  veille  de  la  Fête-Dieu  après  la  messe,  la  veille  de  la  Visitation  après  les  Vêpres,  la 
surveille  de  l'Assomption,  la  veille  du  8  septembre,  la  surveille  de  Saint-Denis  et  la 
surveille  delà  Toussaint.  Areh.  Xal.  L.  528,  passim. 

5.  Les  chanoines  craignaient  que  le  froid  n'incommodât  leurs  enfants  de  chœur 
au  point  de  faire  à  l'économe  la  recommandation  suivante  :  «  Il  aura  attention  de 
présenter  en  hiver  les  chemises  devant  le  feu  avant  de  les  distribuer  »,  Règlement. 
Arch.  \<if..  I...  528,  n.  27. 


LE  SPE  m  ENFANTS  DE  CHŒUR 

Soutenant  la  patène  pendant  la  grand'Messe  à  Notre-Dame. 

(Extrait  d'une  gravure  de  B.   Picard  :   Monseigneur  l'Archevêque  célébrant  la  grand'Messe  au  Màitre- 
Autel  de  Notre-Dame.  Bibliothèque  Nationale.  Cabiuet  des  Estampes.  Topographie.) 


LA  MAITRISE.  ns 

rien  n'est  épargné  pour  le  rétablissement  de  leur  santé.  Le  chi- 
rurgien se  fait  chaque  année  payer  des  notes  qui  indiquent  que  ses 
visites  ne  sont  pas  espacées  :  il  est  vrai  qu'il  est  chargé  non 
seulement  de  soigner  les  enfants,  mais  encore  de  les  tondre,  de 
les  saigner,  de  les  visiter  :  «  pro  visitationibus,  tonsuris,  vense 
sectionibus  et  aliis  sine  artis  operibus  '  ».  Messieurs  les  Inspec- 
teurs obtenaient  pour  eux  des  bains  de  rivière,  qu'ils  prenaient  à 
rétablissement  du  Terrain2,  même  aussi  d'être  envoyés  aux  eaux 
de  Bourbon-l'Archambault  :{,  si  renommées  alors.  A  la  belle 
saison,  les  enfants  de  chœur  étaient  conduits  en  promenade  l'après- 
midi  à  Saint -Victor,  aux  Chartreux,  aux  Invalides,  et  le  Chapitre, 
pour  ne  pas  abréger  la  partie  de  plaisir,  consentait  à  avancer 
d'une  heure  l'office  de  Xone.  Le  pèlerinage  annuel  à  la  basilique 
de  Saint-Denis  était  la  grande  sortie  de  l'année;  cette  fois,  la 
journée  entière  y  passait  4. 

Deux  chanoines  appelés  Inspecteurs  ou  Intendants  de  la  Maî- 
trise, et  désignés  chaque  année  au  chapitre  général  de  la  Saint- 
Jean,  étaient  spécialement  chargés  des  enfants  de  chœur.  MM.  de 
Mondran  et  Delon  furent  les  derniers  qui  remplirent  cette  tâche 
si  intéressante.  Ils  devaient  veiller  au  maintien  de  la  discipline, 
présenter  les  requêtes  des  enfants  de  chœur,  pourvoir  à  leur  re- 
crutement, examiner  ceux  qui  sollicitaient  des  bourses  au  col- 
lège de  Fortet  et  surtout  régler  les  dépenses.  Celles-ci  s'élevaient 
chaque  année  à  la  somme  de  15.000  1.  environ5. 

La  direction  effective  de  la  maison  était  laissée  au  maître  de 
musique  de  Notre-Dame;  c'est  à  lui  qu'incombait  la  lourde 
charge  de  l'instruction  et  de  l'éducation  des  enfants.  M.  Guil- 
leminot-Dugué,    ayant    repris    en     1788    le    bâton    de     maître 


1.  Clï.  Concl.  capil.,  passim. 

2.  Le  mercredi  24  juin  1790,  le  Chapitre  accorde  semblable  permission  à  Pierre- 
Jeaa-Valère  Varet.  .1.  .V.,  LL.  232". 

'S.  A.  X.,  LL.  23226,  l?r>5. 

I.  En  1788,  le  ôseptembre,  ils  furenl  conduits  au  château  de  Meudon.  Le  jeudi, 
les  enfants  allaient  jouer  sur  le  Terrein,  <'t,  pendant  les  vacances  du  mois  de  sep- 
tembre, la  classe  du  soir  ('tait  supprimée.  A.  A'.,  L.  5-28,  n.  -27. 

5.  C'est  le  chiffre  indiqué  par  M.  Barbie  dans  sa  Déclaration  des  biens  et  des 
Charges  «lu  Chapitre.  .1.  A'.,  S.  I0U. 


56  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

de  chapelle  ',  dut  reprendre  aussi  ses  fonctions  de  directeur  de 
la  Maîtrise.  Mais  ses  forces  étaient  bien  épuisées;  en  1790, 
lors  de  la  liquidation  de  sa  pension,  il  faisait  valoir  auprès 
du  Comité  des  Biens  Nationaux  «  que  l'éducation  fatigante  des 
enfants  de  chœur,  continuée  pendant  plus  do  quarante  ans, 
avait  affaibli  sa  santé-  ».  Quand  le  Chapitre  lui  confia  de 
nouveau  la  Maîtrise,  il  ne  pouvait  plus  suffire  seul  à  cette  charge. 
On  lui  donna  un  aide  en  la  personne  de  M.  Buée,  secrétaire  du 
Chapitre  et  excellent  musicien,  dont  la  Maîtrise  avait  déjà  ap- 
précié les  services.  Il  devait  enseigner  «  la  musique  et  la  com- 
position s  ».  Le  maître  de  grammaire,  appelé  aussi  maître  de 
latin,  était  chargé  d'apprendre  aux  enfants  la  grammaire  fran- 
çaise, l'orthographe,  le  style,  la  grammaire  latine  et  de  faire 
les  cours  d'instruction  religieuse.  M.  Jean-Pierre  Egasse,  prêtre 
de  Séez,  avait  succédé  en  1788  à  M.  Desmarets,  que  nous 
voyons  mériter  les  éloges  du  Chapitre  à  la  suite  d'une  séance  lit- 
téraire donnée  par  ses  élèves''.  Le  maître  de  grammaire  était 
nourri  à  la  Maîtrise,  et  recevait  une  certaine  somme  pour  son  vin 
et  son  dessert  \  Enfin  le  maître  d'écriture  était  M.  Ansoine  qui, 
depuis  quarante  ans  (i,  venait  a  la  Maîtrise  chaque  jeudi  et  cha- 
que dimanche,  de  une  heure  à  deux  heures,  diriger  la  main  des 
enfants  et  inculquer  aux  plus  grands  les  éléments  d'arithmétique. 
Ses  appointements  étaient  fort  modestes  :  il  touchait  75  1.  par 
an. 

La  santé  délicate  de  M.  Guilleminot  et  les  occupations  de 
M.  Buée  ne  leur  permettaient  pas  d'exercer  sur  les  enfants,  tant 

1.  Cfr.  les  détails  biographiques  sur  le  dernier  maître  de  musique  de  Notre-Dame  : 
F.-L.  Chartier,  op.  cit.,  p.  120  et  seq.  M.  Guilleminot-Dugué  reprit  son  bâton,  après 
le  refus  de  M.  Woillemont,  maitre.de  musique  à  la  cathédrale  d'Angers.  Arch.  Xoi., 
LL.  282*  '. 

-„'.  .1.  V.,  S.  160,  7051-7062. 

3.  A.  X.,  LL.  --.'3-J41.  1788. 

I.  «M.  Desmarets.  dit  une  Conclusion  capkulaire  de  1787,  méritait  par  ses  qualités 
personnelles,  par  son  attention  à  instruire  dans  la  religion  et  la  latinité  les  enfants 
chacun  suivant  sa  partie  et  par  la  résolution  où  il  annonçait  être  de  se  consacrer 
à  cette  oeuvre  pénible  et  assujétissante.   •• 

5.  A.  X.,  LL.  232?9,  1784. 

6.  Il  succéda  en  1710  à  son  oncle,  M.  Froment.  Il  habitait  chez  un  débitant  de 
tabac,  rue  des  Petits-Carreaux,  vis-à-vis  le  Lion-d'Or.  .4.  X.,  F.  19,  n.  612, 


LA  MAITIUSK.  51 

a  la  Maîtrise  qu  à  la  sacristie  et  au  chœur,  une  surveillance  suf- 
fisante. Celle-ci  fut  confiée,  on  1788,  au  maître  de  grammaire  et 
au  S'  Martin,  sous-garde  revestiaire  ',  à  qui  on  adjoignit  quel- 
ques semaines  après  un  des  machicots,  le  Sr  Berlin,  acolythe 
de  Houen.  11  fut  logé  et  nourri  à  la  Maîtrise  et,  pour  le  récom- 
penser de  ses  bons  services,  le  Chapitre  lui  accorda  en  178U, 
quand  il  eut  reçu  le  sous-diaconat,  la  chapellenie  hénéficiale  de 
Sainte-Catherine  •'. 

Los  efforts  des  enfants,  leur  régularité,  leur  bonne  conduite  et 
leurs  progrès,  constatés  chaque  jour  par  MM.  les  Inspecteurs, 
par  leurs  maîtres  et  leurs  surveillants,  ne  restaient  pas  sans  en- 
couragement et  sans  récompense.  Depuis  six  ans,  les  séances  aca- 
démiques (celles  de  1782  et  1783  furent  particulièrement  bril- 
lantes :1  étaient  supprimées;  elles  furent  remplacées  par  deux 
distributions  de  prix  qui  se  faisaient  chaque  année,  la  première 
à  la  Ouinquagésime,  l'autre  le  dimanche  après  l'Assomption.  Les 
récompenses  consistaient  en  ouvrages  d'histoire  et  de  littérature 
accordés  aux  enfants  «  qui  avaient  le  mieux  satisfait  à  tous  les  de- 
voirs qu'ils  ont  à  remplir  soit  à  l'église,  soit  à  la  Maîtrise,  suivant 
les  notes  qui  en  auront  été  données  par  les  maîtres  et  l'examen 
que  MM.  les  Intendants  jugeront  à  propos  de  faire  personnel- 
lement ''  » . 

Entrons  maintenant  à  la  Maîtrise  :  la  visite  en  est  intéressante. 
La  maison,  telle  qu'elle  existe  encore  aujourd'hui  rue  Mas'sillon, 
n°  6,  a  grand  aspect  avec  sa  façade  Louis  XV,  ses  hautes  fenêtres, 
ses  frontons  délicatement  sculptés  •'. 

Pénétrons  sous  le  porche  :  nous  y  trouvons  immédiatement  une 
preuve  que  les  enfants   n'y  sont  pas  nourris  de  l'air  du  temps  6. 


1.  Concl.  cap.,  année  L788.  A.  N.,  LL.  2321». 

■,'.  Il  entra  en  fonctions  le  1er  novembre  1788. 

:'».  Lire  le  compte  rendu  de  celle  <lu  13  novembre  17s.!  dans  F.-L.  Chartier, 
p.  243,  en  note. 

I.  Concl.  cap.,  année  1786.  .1.  .V..  LL.  232*°. 

5.  Le  somptueux  local,  dont  la  nouvelle  Maîtrise  de  Notre-Dame  a  hérité  de  son 
ainée,  lut  solennellement  inauguré  le  14  décembre  1740.  Cfr.  Chartier,  op.  cit., 
p.  51  et  ^.  .V..  LL.259,  p.  125. 

»5.  Les  détails    de  la  distribution  et  de  l'aménagement  de  la  Maîtrise,  sauf  avis 


58  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

La  bonne  mère  Catherine',  cuisinière  de  l'établissement,  utilise 
le  courant  d'air  du  vestibule  pour  conserver  sa  viande  qu'elle  sus- 
pend «  à  un  croc  de  fer,  garni  de  toille  autour  de  sa  poulie  ».  De 
suite,  à  main  droite,  nous  trouvons  la  cuisine.  L'inventaire  de  son 
mobilier,  tel  que  le  dressèrent  les  officiers  municipaux  en  1790,  vaut 
un  tableau  de  genre.  Nous  y  voyons  des  casseroles  à  queue,  un 
petit  chaudron,  une  marmite  de  cuivre  rouge;  ici  la  poissonnière, 
là  un  coquemard;  sur  la  cheminée,  onze  flambeaux  et  un  bougeoir 
de  cuivre  jaune;  suspendus  d'un  côté,  la  bassinoire  et  les  poêles, 
dont  une  percée  pour  faire  griller  les  marrons  ;  de  l'autre,  la  ma- 
nivelle, les  poids  de  plomb  et  la  corde  du  tourne-broche.  N'oublions 
pas  les  «  lèche-frites  ».  Plus  loin,  la  tourtière,  la  râpe,  un  pom- 
mier, les  plats  «  pour  faire  les  œufs  sur  le  plat  »,  un  marabout 
du  Levant,  la  boule  à -riz;  à  côté  de  la  table  de  hêtre,  le  billot, 
fait  d'un  tronc  d'orme,  et  son  couperet.  Le  saloir,  fermé  à  clé, 
voisine  avec  le  baril  au  vinaigre;  enfin,  bien  rangés,  douze  ra- 
soirs, trois  plats  à  barbe  et  un  cuir  à  rasoir. 

Au  rez-de-chaussée,  se  trouvent  encore  le  réfectoire  et  le  re- 
vestiaire,  où  les  enfants  prennent  leurs  habits  de  chœur.  Cette 
pièce  servait  aussi  d'oratoire  :  un  autel,  surmonté  d'un  tableau 
de  l'Assomption,  y  était  dressé.  Les  trois  étages  supérieurs  étaient 
occupés  par  l'infirmerie,  où  un  clavecin  servait  à  charmer  les  loi- 
sirs des  convalescents,  la  lingerie,  le  dortoir  meublé  de  treize  lits 
«  chacun  enfermé  dans  une  chambiette  particulière  »,  les  appar- 
tements des  maîtres  de  musique  et  de  grammaire,  la  garde-robe 
et  la  classe,  dont  les  murs  étaient  ornés  de  plusieurs  tableaux, 
parmi  lesquels  on  remarquait  les  portraits  de  M.  de  Colbert,  ar- 
chevêque de  Rouen2. 

Avant  de  quitter  la  Maîtrise,  vous  serait-il  agréable  d'y  passer 
une  journée?  vous  constaterez  que,  pour  des  enfants,  c'était  près- 


contraire  de  notre  part,  sont  tous  extraits  de  l'inventaire  dressé,  le  o0  novembre 
L790,  par  les  officiers  municipaux.  B.X.-inss.  nouv.  ac.  l'r.,  n.  2796. 

1.  Catherine  Gaudron,  âgée  de  quarante-cinq  ans,  était  cuisinière  de  la  Maîtrise 
depuis  1788.  Jean  Pierret  en  était  l'économe  depuis  1784.  A.  .Y.,  F.  If»,  n.  612. 

2.  Bibl.  nat.,  mss.  déjà  cité. 


LA  MAITRISE.  :, g 

que  une  journée  de  bénédictin1.  Bien  souvent,  réveilles  une 
première  fois  un  peu  après  11  heures  1/2  du  soir,  ils  partaient  à 
Matines  et  ne  regagnaient  leurs  couchettes  que  vers  deux  heures 
du  matin.  A  (i  heures  1/2,  réveil  général  :  un  quart  d'heure  est 
consacré  à  la  toilette,  et,  à  6  heures  3/4,  ils  descendent,  «  rangés 
sur  deux  colonnes  en  la  manière  et  Tordre  accoutumés  »,  dans  l'ora- 
toire pour  prier  Dieu.  Chacun  d'eux  fait  par  semaine  la  prière  a 
son  tour,  môme  les  plus  petits  dès  qu'ils  savent  assez  bien  lire  : 
«  Ils  se  mettront  à  l'étude  du  latin  à  7  heures  précises  et  n'en  sor- 
tiront qu'un  quart  d'heure  avant  qu'on  sonne  Prime.  Estant  sortis 
de  l'est ude,  ils  iront  déjeuner,  après  quoy  ils  se  prépareront  à 
assister  à  l'office.  Ils  auront  soin  de  nettoyer  leurs  souliers,  se  pa- 
reront les  uns  les  autres  et  observeront  que  l'aube  de  chacun  soit 
à  un  pouce  de  terre.  Un  moment  avant  de  partir  pour  assister  à 
Tierce,  ils  se  rangeront  deux  à  deux  sous  la  grande  porte  de  la 
Maistrise,  sortiront  tous  ensemble  dans  le  mesme  ordre,  suivis  du 
Maistre  de  musique,  qui  donnera  une  attention  singulière  pour  les 
contenir  dans  une  grande  modestie,  les  fera  marcher  d'un  pas 
uniforme  et  réglé  et  observera  qu'ils  soient  décemment  parés. 
Arrivés  dans  l'église,  ils  feront  un  demy-cercle  autour  du  béni- 
tier de  la  Porte-Rouge  pour  recevoir  l'eau  bénite  de  la  main  du 
maistre  ;  ils  iront  de  là  au  revestiaire  par  les  bas-costés,  descen- 
dront dans  la  sacristie  basse  pour  attendre  le  moment  d'entrer  au 
chœur  :  le  maistre  leur  recommandera  et  leur  fera  observer  un 
silence  régulier  et  punira  sévèrement  celuy  qui  le  romproit  pour 
parler  à  MrB  les  Bénéficier  s  ou  Gagistes;  ils  entreront  dans  le 
chœur  avec  une  grande  modestie,  les  yeux  baissés  et  se  range- 
ront suivant  l'ordre  qu'ils  auront  prévu  avant  de  sortir  de  la  Mais- 
trise.. L'office  étant  fîny,  ils  retournent  à  la  Maistrise  suivis  du 
Maistre  de  musique...  Dès  qu'ils  seront  arrivés,  ils  quitteront 
leurs  habits  d'église,  se  mettront  à  dix  heures  et  demie  (mesme  à 
onze,  si  l'office  avait  duré  plus  longtemps  ,  à  l'estude  de  la  mu- 
sique jusqu'à  midy.  Ils  dîneront  à  midy  précis,  se  rangeront  à 
table  après  avoir  chanté  le  Bénédicité,  chacun  suivant  son  rang; 

1.  Ce  règlement  manuscrit  est  date  de   1733.  Il  était  encore  observé  à  la  lettre  en 
1790.  .1.  .V.,   L.  528,  n.  ■>:. 


60  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  TARIS  EN  1700. 

le  spé  fera  les  parts  et  nul  ne  pourra  s'absenter  des  repas  que 
pour  cause  de  maladie.  La  classe  de  musique  commencera  à  une 
heure  précise  et  durera  jusqu'à  deux,  après  quoy  ceux  des  enfants, 
qui  devront  des  versets  à  Vespres,  les  chanteront  et  les  rendront 
par  cœur.  Quand  on  commencera  à  sonner  le  pénultième  coup  de 
Vespres,  ils  iront  se  ranger  sous  la  porte  cochère  pour  attendre  le 
moment  de  partir,  d'abord  qu'on  sonnera  les  petites  cloches...  Les 
Vespres  étant  finies,  ils  retourneront  à  la  Maistrise;  un  quart 
d'heure  après  qu'ils  seront  rentrés,  on  leur  donnera  à  goûter.  La 
classe  de  latin  commencera  à  quatre  heures  précises  et  finira  à  six 
heures  et  demie.  Les  enfants  emploieront  le  reste  du  temps  jus- 
qu'à souper  tant  à  prévoir  et  à  répéter  les  leçons  qu'à  chanter  les 
versets  et  répons  qu'ils  devront  à  Matines.  On  sonnera  le  souper 
à  sept  heures...  Ils  auront  récréation  depuis  le  souper  jusqu'à  huit 
heures  et  demie;  on  fera  la  prière;  laquelle  finie,  les  enfants  mon- 
teront sur-le-champ  dans  leur  dortoir.  » 

Le  Chapitre  veillait  aussi  avec  zèle  à  ce  que  ses  petits  clercs 
fussent  formés  convenablement  à  la  piété.  Il  chargeait  de  ce 
soin  le  maître  de  latin,  qui  leur  faisait  des  cours  d'instruction 
religieuse  et  les  préparait  à  la  digne  réception  du  sacrement  de 
Pénitence.  (Tétait  ordinairement  M.  le  Grand  Pénitencier  qui 
recevait  leurs  confessions  pour  les  quatre  grandes  communions 
générales,  qui  se  faisaient  au  Maitrc-Autel  de  Notre-Dame;  mais 
les  enfants  étaient  engagés  à  se  confesser  et  à  communier  pour 
le  premier  dimanche  de  chaque  mois.  Monseigneur  l'Archevêque 
leur  administrait  le  sacrement  de  la  Confirmation,  le  jour  de 
la  Pentecôte,  dans  une  chapelle  de  Notre-Dame  et  même  quelque- 
fois au  chœur  pendant  le  chant  de  Tierce  '.  Enfin,  si  la  mort 
trop  hâtive  venait  frapper  un  de  ses  chers  enfants  de  chœur,  le 
Chapitre  faisait  célébrer,  pour  le  repos  de  son  âme,  une  messe  à 
la  chapelle  de  la  Vierge  2. 


1.  Conrl.  cap.,  passim. 

2.  Le  Chapitre  fait  chanter  une  messe  de  requiem  pour  le  repos  de  l'àme  de 
Louis-Pierre  Guérin,  mort  la  veille  de  la  petite  vérole,  hors  du  Cloître.  .4.  X.,  LL. 
232«>,  annc;e  17g7. 


LE  CLOÎTRE.  i,l 


IV 


La  plupart  des  ecclésiastiques  et  des  officiers  laïques,  attachés 
au  service  du  Chapitre,  habitaient  à  l'ombre  de  la  vieille  basilique, 
dans  le  Cloître.  Ce  quartier  a  presque  totalement  disparu  ;  il  ne 
subsiste  plus  que  quelques  maisons  '  des  quarante-six  qu'il  ren- 
fermait en  1790,  et  encore  chaque  année  en  voit  disparaître  quel- 
ques-unes. Nous  avons  essayé  de  reconstituer  autant  qu'il  est 
possible  le  Cloître  de  Notre-Dame;  plus  que  cela,  nous  l'avons 
repeuplé.  Nous  espérons  que  cette  étude  intéressera  ceux  qui 
aiment  à  revivre  par  la  pensée  dans  le  Vieux  Paris. 

Le  Cloître  avait  presque  exactement  la  forme  d'un  quart  de 
cercle.  La  base  s'étendait  en  ligne  droite  depuis  la  première  travée 
du  bas  côté  gauche  de  Notre-Dame,  allait  jusqu'à  la  rue  des 
Marmouzets  (aujourd'hui  rue  Chanoinesse),  et  se  continuait  sur 
toute  la  rue  de  la  Colombe  pour  aboutir  à  la  rue  d'Enfer.  La 
ligne  courbe  remontait,  en  se  confondant  avec  la  rue  d'Enfer, 
dont  quelques  maisons  à  gauche  faisaient  partie  du  Cloître,  jus- 
qu'au carré  du  Pont-Rouge.  A  partir  de  ce  point  et  passé  le  pont, 
la  courbe  de  la  Seine  était  la  limite  naturelle  du  Cloître  jusqu'à 
l'abreuvoir  qui  se  trouvait  entre  le  Terrain  et  la  dernière  maison 
canoniale;  puis  la  rue  du  Terrain,  l'archevêché,  la  moitié  de  l'ab- 
side et  le  bas  côté  gauche  de  Notre-Dame  en  complétaient  le  dessin 
jusqu'à  la  grande  porte. 

On  comptait  dans  le  Cloître  quarante-six  maisons,  dont  trente- 
six  canoniales,  c'est-à-dire  qui  ne  pouvaient  appartenir  qu'à  des 
chanoines  ou  au  Chapitre,  et  neuf-  bénéficiales,  possédées  ou  ha- 
bitues par  des  bénéficiers. 

Un  chanoine  pouvait  devenir  propriétaire  d'une  maison  de  deux 
manières,  par  achat  ou  par  résignation.  L-ne  sévère   réglementa- 

1.  Nous  on  avons  compté  exactement  vingt-quatre  an  printemps  de  1903  :  une 
était  en  'démolition,  celle  de  .M.  Rivière,  à  l'angle  de  la  rue  Massillon  et  de  la 
rue   du  Cloître. 

2.  (.'"est  par  erreur  que  M.  Barbie  dans  la  Déclaration  Générale  des  Biens  du  Cha- 
pitre compte  dix  maisons  bénéficiales;  d'ailleurs  lui-même  n'eu  indique  que  neuf, 
suus  1,.,  ir<  \>.  Il,  L2,   13,  11,  2  î.  24.  27,  28. 


62  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1790. 

tion  s'appliquait  à  ces  deux  modes  de  mutation.  Quand  un  cha- 
noine voulait  se  défaire  de  sa  maison,  il  en  avertissait  le  Cha- 
pitre, qui  la  faisait  estimer  par  deux  chanoines  délégués  à  cet  effet 
ainsi  que  par  l'architecte  et  MM.  les  Intendants  des  Bâtiments; 
puis  le  Cbambrier  la  mettait  au  Chapitre  en  adjudication  d'après 
le  prix  de  l'estimation.  Chacun  de  ces  Messieurs,  selon  Tordre  de 
la  table,  même  les  chanoines  mineurs,  pouvaient  mettre  des  su- 
renchères, «  qui  n'étaient  reçues,  dit  le  Règlement  de  1766,  le 
plus  récent  touchant  cette  matière,  que  jusqu'à  concurrence  du 
dixième  du  prix  auquel  elles  avaient  été  mises  en  vente  sur  le 
Bureau  ».  Le  chanoine  vendeur  touchait  le  montant  de  l'adjudi- 
cation sans  aucune  retenue;  l'adjudicataire  devait  payer  5  1. 
seulement  pour  les  petits-vins. 

Le  cas  de  vente  volontaire  était  assez  rare  et  ne  se  présentait 
guère  qu'à  la  suite  d'une  résignation  qui  rendait  un  chanoine 
propriétaire  de  deux  maisons  :  le  règlement,  cité  plus  haut,  lui 
faisait  une  obligation  de  s'en  défaire  par  vente  ou  par  résignation 
dans  le  délai  de  six  mois. 

La  plupart  des  chanoines  préféraient  résigner  leurs  maisons 
seulement  au  moment  de  la  mort,  in  c.rtremis,  selon  le  terme 
consacré.  La  dernière  mutation  qui  eut  lieu  dans  le  Cloître  avant 
la  Révolution,  nous  donne  un  exemple  des  formalités  à  remplir 
dans  ces  circonstances.  Le  9  juin  1700,  M.  le  Chantre  informa 
le  Chapitre  que  M.  de  Champigny  était  gravement  malade  dans 
le  Cloître  et  qu'il  désirait  résigner  sa  maison;  en  conséquence,  il 
priait  Messieurs  de  déléguer  envers  lui  des  commissaires  témoins 
de  sa  résignation.  On  nomma  MM.  de  Floirac  et  de  Launay,  qui, 
accompagnés  du  secrétaire  du  Chapitre,  se  rendirent  auprès  du 
malade,  entendirent  et  firent  enregistrer  la  résignation  de  sa  mai- 
son canoniale  et  claustrale  en  faveur  de  M.  de  Beaumont  d'Au- 
tichamp  et  revinrent  au  Chapitre,  où  la  résignation  fut  agréée. 
M.  d'Autichamp  était  alors  absent  :  ce  fut  M.  Radix  qui  versa  sur 
le  Bureau  les  5  livres  pour  le  petit-vin.  M.  de  Champigny  .mourut 
le  lendemain;  M.  d'Autichamp  rentra  immédiatement  à  Paris  et, 
dans  la  séance  capitulaire  du  11,  il  déclara  qu'il  entendait  garder 
la  maison  de  M.  de  Champigny,  consentait  à  payera  Messieurs  le 


LE  CLOITRE.  63 

dixième  qui  leur  est  du  sur  le  prix  de  la  maison  et  ce  d'après  l'es- 
timation que  le  Chapitre  en  fera  faire.  Les  commissaires  estimè- 
rent que  la  maison  pouvait  rapporter  0.200  livres;  elle  fut  classée, 
selon  le  règlement,  dans  la  troisième  catégorie  des  maisons  cano- 
niales, et  son  prix,  sur  le  pied  du  denier  douze,  fut  porté  à  110.400 
livres.  M.  d'Autichamp  dut  donc  verser  le  dixième  à  la  Recette 
générale,  à  savoir  11.040  livres. 

Un  troisième  cas  pouvait  se  présenter  :  celui  «  d'un  chanoine 
décédé  en  perte  de  maison  »,  c'est-à-dire  qui  mourait  sans  avoir 
vendu  ni  résigné  sa  maison.  Les  maisons,  devenues  vacantes  par 
suite  de  semblables  circonstances,  «  devaient  être  vendues  en 
Chapitre  et,  quoique  de  droit  et  suivant  l'usage  immémorial  observé 
jusqu'à  présent,  le  prix  entier  en  doive  être  distribué  à  Messieurs, 
néanmoins  le  Chapitre,  voulant  rendre  plus  facile  l'acquisition  des 
maisons  et  donner  un  peu  plus  de  sûreté  aux  sommes  qui  seront 
employées  à  en  acquérir  la  jouissance,  ne  retiendra  sur  le  prix  de 
l'adjudication  que  le  cinquième  pour  être  verse  dans  la  caisse 
générale  *  ».  Malgré  cette  retenue,  le  cas  échéant  était  une  bonne 
aubaine  pour  les  chanoines  ! 

Les  maisons  bénéficiâtes  comprenaient  les  deux  maisons  des 
chanoines  de  Saint-Aignan  ainsi  que  celles  des  chanoines-prêtres 
de  Saint-Jean  le  Rond  et  de  Saint-Denis  du  Pas.  La  commu- 
nauté des  Chantres,  où  devaient  loger  les  bénéficier  s  et  gagistes 
qui  n'étaient  pas  prêtres,  appartenait  au  Chapitre.  Les  bénéticiers- 
prétres,  à  qui  les  neuf  maisons  dont  il  est  ici  question  étaient 
attribuées  selon  leur  droit  d'option,  n'en  avaient  que  la  jouissance  ; 
aussi  les  voyons-nous  moins  soucieux  que  les  chanoines  d'entre- 
tenir leurs  maisons  en  bon  état.  Ils  les  laissaient  même  parfois 
dans  un  tel  délabrement  que  le  Chapitre  se  vit  dans  la  nécessité 
de  conserver  vacant  tel  bénéfice  à  la  mort  de  son  titulaire,  jusqu'à 
ce  que  ses  revenus  aient  suffi  à  payer  les  réparations.  Vers  1700, 
l'excès  du  mal  provoqua  un  règlement  que  nous  voyons  encore 
exécuter  à  l'époque  qui  nous  occupe  :  «  1°  Chaque  année,  après  le 
chapitre  de  la  Chandeleur,   Messieurs  les  Intendants   des  Bàti- 

1.  Cfr.  RègltMnont  «lu  16  avril  I7di  rapporté  tout  au  long  par  M.  Chartier  dans 
son  ouvrage  :  /"  \ncien  Chapitre,  etc.,  p.   13  >'t  sq. 


64  CHAPITRE  DE  NÔTRE-DÀMÊ  DE  PARTS  EN  1*90. 

ments  visiteront  les  maisons  bénéficiâtes  et  feront  leur  rapport 
au  chapitre  général  de  Pâques  ;  2°  dans  le  cas  où  il  se  trouverait 
des  réparations  à  faire  auxdites  maisons,  lesquelles  lesdits  Béné- 
ficiers  n'auront  pas  faites  en  suite  de  ladite  visite  et  que  le  Cha- 
pitre en  aura  reconnu  la  nécessité,  le  Chapitre  fera  faire  lesdites 
réparations  et  en  avancera  les  frais  en  retenant  au  fur  et  à  mesure 
sur  les  distributions  des  Bénéficiers,  auxquels  lesdites  maisons 
appartiendront,  les  sommes  nécessaires  pour  le  paiement  des 
réparations  4  ». 

Jusqu'à  la  Révolution,  le  Cloître  conserva  toutes  ses  immu- 
nités et  ses  franchises,  un  moment  compromises  sous  Louis  XÏV, 
mais  sauvegardées  par  Colbert.  Cependant,  en  1787,  une 
exception  fut  admise;  par  l'intermédiaire  de  M.  de  Breteuil,  le  roi 
demanda  au  Chapitre  d'accorder  au  lieutenant  de  police  toute 
autorisation  pour  qu'il  pût,  môme  dans  l'intérieur  du  Cloître, 
exercer  librement  ses  fonctions  «  à  l'égard  des  faiseurs  de  faus- 
ses lettres  de  change  et  autres  effets  commerçables  ».  Le 
Chapitre  accéda  volontiers  au  désir  du  roi2.  Nous  parlerons 
plus  loin  du  droit  de  justice  que  le  Chapitre  exerçait  dans  le 
Cloître  en  la  personne  de  son  Bailli. 

Le  Cloître  avait  bénéficié  considérablement  des  améliorations 
matérielles  que  le  xvme  siècle  introduisit  dans  les  habitudes  de 
la  vie.  La  plupart  de  ses  maisons  jouissaient  de  la  concession 
d'eau  accordée  par  la  Ville  en  1734;  un  réservoir,  édifié  aussi 
à  ses  frais  en  1750  entre  les  contre-forts  de  la  première  travée 
de  l'église,  était  alimenté  par  la  pompe  Notre-Dame  et  desservait 
le  Cloître3.  Les  chanoines  s'empressèrent  de  profiter  de  cet  avan- 


1.  Chapitre  général  de  la  Saint-Jean,  25  juin  17iKi.  A.  .Y..  LL.  2322'. 

i.  Cfr.  Concl.  caj>..  année  1787,  LL.  232  '"'.  Pour  éviter  dos  descentes  de  police, 
toujours  désagréables  et  qui  semblaient  léser  les  immunités  du  Cloître ,  le  Cha- 
pitre avait  défendu  à  ses  habitants  d'élever  et  de  lâcher  dos  pigeons.  Année  \Î10, 
LL.  23232. 

3.  «  Retulit  camerarius  sententiam  Caméra  circa  locum  eligendum  ac  destinan- 
(Unu  receptaculo  aquae(en  marge  :  oliin  ad  reservationem  aquae)  nonnullis  claustri 
domibus  dividende,  magnam  turrim  inter  et  ecclesiam  S.  Joannis  Rotundi   per 

Dominos  Prapositum   et    tediles  Urbis  a?difieato Audito  camerario,  Domini 

censuerunt  dietum  aquse  receptaeulum  jam  aedificandum  esse  non  quidem  ad 
ralicera  lateris  dicta?    Magna?  Turris,  sed  versus  claustrum  in  spatio   interjecto 


LE  CLOITRE.  65 

tage  et  nous  voyons  plusieurs  d'entre  eux  établir  des  robinets 
dans  leurs  demeures,  quand,  en  1752,  on  fit  réparer  les  rues  du 
Cloître. 

L'éclairage  était  aussi  l'objet  des  soins  du  Chapitre  :  dix-huit 
lanternes,  dont  l'entretien  était  donné  chaque  année  à  un  adju- 
dicataire, répandaient  une  clarté  suffisante1.  De  plus,  quatre 
réverbères  devaient  brûler  jusqu'à  trois  heures  du  matin  pour 
permettre  aux  chanoines  sortant  de  Matines,  de  regagner 
sans  encombres  leurs  demeures.  Ces  allées  et  venues  nocturnes 
exigeaient,  surtout  l'hiver,  une  grande  surveillance  dans  les 
rues.  M.  le  Chambrier  était  chargé  de  la  police  et  deux  autres 
chanoines,  appelés  Inspeclores  scopariorum  claustri,  devaient 
veiller  au  balayage,  à  l'enlèvement  des  boues  et  de  la  neige  et 
surtout,  pour  éviter  les  chutes,  au  cassage  de  la  glace2.  Enfin, 
dernier  détail,  depuis  1760  l'Administration  des  Postes  avait  fait 
poser  une  boîte  aux  lettres  chez  le  suisse  pour  l'usage  des  habi- 
tants du  Cloître. 

A  l'époque  qui  nous  occupe,  les  chanoines  n'étaient  pas  sans 
inquiétude  au  sujet  de  leur  Cloître.  En  1786,  le  Pont-Rouge 
ayant  besoin  de  réparations,  on  demanda  au  Chapitre  de  prendre 
une  partie  de  la  maison  des  Chantres  pour  en  modifier  les  abords. 
En  même  temps  on  lui  soumit  le  projet  d'une  rue  qui  traver- 
serait le  Cloître  dans  sa  longueur  et  aboutirait  à  un  pont  nou- 
veau entre  la  cité  et  la  rue  de  l'Ile-St-Louis.  Ce  projet  n'était 
pas  nouveau  puisque  sur  le  plan  de  l'abbé  de  la  Grive,  dressé 
en  1751,  le  tracé  de  la  rue  est  déjà  indiqué.  Cette  fois,  le  Chapitre 
s'émut;  il  fit  valoir  qu'une  telle  mesure  «  entraînerait  la  subver- 
sion du  Cloître  par  la  suppression   de  plusieurs  maisons  cano- 

inter  duas  pilas,  quœ  parietem  Ecclesia?  sustentant  ac  novae  pila?,  per  quam  o 
parvisio  aditus  est  ad  dictani  turrim.  »  .4.  X.  Concl.  du  -Jfl  avril  1750.  LL  232  3*. 

1.  Cet  éclairage,  d'après  les  clauses  du  dernier  marché  passé  avec  le  Sr  Saugrain 
en  1779  pour  douze  années,  devait  être  <•  parfaitement  semblable  et  conforme 
en  tout  à  l'illumination  des  grandes  rues  de  la  ville  de  Paris  ». 

2.  Le  dernier  marché  est  passé  au  mois  de  janvier  1790  avec  Edme  Bourret, 
laboureur,  demeurant  dans  la  Grande-Rue  de  la  Chapelle  St-Denis  et  entrepreneur 
de  l'enlèvement  des  boues  de  Paris  pour  le  quartier  de  la  Cité,  conjointement  et 
solidairement  avec  sa  femme,  Geneviève  Cottin,  pour  l'année  commencée  au 
Ie*  juillet  dernier,  moyennant  la  somme  de  100  1. 

CHAPITRE    DE    NOTKE-PAME    DE    PAHIS.  5 


60  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1190. 

niales  les  plus  importantes  des  bâtiments  indispensables  pour 
l'administration  du  Chapitre  et  notamment  de  ses  greniers , 
comme  aussi  par  le  renversement  de  l'ordre  et  de  la  police  qui 
s'observent  de  tout  temps  dans  le  Cloître  ». 

Quatre  portes  donnaient  accès  dans  le  Cloître  :  la  Grande 
Porte,  celle  des  Marmouzets,  celle  donnant  sur  le  carré  du 
Pont-Rouge  au  bout  de  la  rue  d'Enfer;  une  dernière  mettait  en 
communication  le  Cloître  avec  l'Archevêché,  juste  à  l'extrémité 
«le  l'abside  de  Notre-Dame. 

La  Grande  Porte,  élevée  à  gauche  et  un  peu  en  arrière  de  la 
tour  septentrionale,  occupait  en  partie  l'emplacement  de  la  vieille 
église  de  Saint-Jean  le  Rond.  Elle  fut  édifiée  en  1751  d'après 
les  plans  de  l'architecte  Bofîrand.  Sa  façade  était  décorée  par 
quatre  colonnes  d'ordre  dorique  et  dominée  par  quatre  brùle- 
parfums  en  pierre.  Dans  l'épaisseur  de  la  construction  était 
ménagé  le  logement  du  concierge1.  La  porte,  dite  des  Mar- 
mouzets, donnait  sur  la  rue  de  la  Colombe.  Elle  avait  conservé 
son  caractère  moyenâgeux  avec  son  arc  surbaissé  et  son  toit  en 
forme  de  pyramide.  En  1788,  on  avait  décidé  de  la  démolir,  ou 
plutôt  de  la  décintrer  «  pour  que  le  grand  dais  de  la  Fête-Dieu 
puisse  passer  ».  Le  projet  ne  fut  pas  mis  à  exécution  puisque, 
l'année  suivante ,  la  procession  de  la  Fête-Dieu  dut  sortir  de 
Notre-Dame  et  y  rentrer  par  la  rue  Neuve-Notre-Dame  pour 
éviter  de  passer  sous  la  porte  des  Marmouzets  «  à  cause  de  la 
hauteur  du  dais  ».  En  plus  des  portes  dont  nous  venons  de 
parler,  on  pouvait  encore  pénétrer  dans  le  Cloître  par  le  quai 
de  l'abreuvoir,  qui  se  trouvait  au  bas  entre  le  Terrain  et  la  de- 
meure de  M.  de  Tilly-Blaru,  ainsi  que  par  les  portes  de  quelques 
maisons  canoniales,  qui  donnaient  rue  de  la  Colombe  et  rue 
d'Enfer.  On  allait  du  Cloître  à  la  cathédrale  par  la  porte  sep- 
tentrionale et  surtout  par  la  Porte-Rouge,  qui  était  d'un  usage 
commun. 


1.  On  trouve  plusieurs  dessins  de  cette  porte.  Cfr.  B.  \..  Cabinet  des  Estampes, 
Topographie. 


PLAN  DU  CLOITRE  M,  U  1790 


Ce  plan,  calqué  sur  celui  que  l'abbé  de  La  Grive  offrit  au  Chapitre  en  1752, 
indique  les  maisons  des  chanoines  et  bénéficiers  sous  le  numéro  qu'elles  por- 
taient en  1790. 


(Archives  Nationales,  n.  2.  Seine.  62.) 


LE  CLOITRE.  o: 

Au  moyen  des  indications  données  dans  les  Conclusions  capi- 
tulaires  et  mentionnant  les  mutations  opérées  dans  le  Cloître, 
nous  avons  pu  retrouver  l'emplacement  de  l'habitation  de  chaque 
chanoine  en  1790.  Nous  ferons  remarquer  qu'un  chanoine  n'oc- 
cupait pas  toujours  en  personne  la  maison  qui  lui  appartenait 
et  qu'il  louait  à  des  particuliers1.  Il  faudra  donc  faire  une  dis- 
tinction entre  la  propriété  de  tel  chanoine  ou  bénéficier  et  l'ap- 
partement que  de  fait  il  habite.  Disons  aussi  que  onze  chanoines 
ne  résidaient  pas  dans  le  Cloître  :  MM.  de  Méromont,  de  Floirac 
et  de  Dampierre  étaient  logés  à  l'archevêché  :  M.  de  Mondran 
habitait  Carré  du  Pont-Rouge,  en  dehors  du  Cloître;  M.  Le  Moine, 
au  collège  de  Lisieux,  rue  Saint-Jean  de  Beauvais:  M.  de  Sahu- 
guet  d'Espagnac,  rue  d'Anjou-Saint-Honoré;  M.  de  Beaumont, 
rue  de  Grenelle-Saint-Germain.  Enfin  M.  de  la  Bintinaye  était 
ordinairement  à  Cicé  près  Rennes;  M.  de  Lostanges  à  Toulouse, 
M.  de  Cours  à  Moissac,  M.  d'Autichamp  à  Cambrai. 

La  première  maison  à  gauche  (n°  39),  après  avoir  franchi  la 
Grande  Porte,  appartenait  à  M.  Cochu  de  la  Grange2.  Le  long 
de  la  petite  ruelle  qui  la  longeait  à  l'est,  habitaient  M.  de 
Malaret  (n°  37)  et  M.  de  Neuchèze  (n°  36;;  au  fond  de  l'impasse, 
on  entrait  dans  la  maison  de  M.  Viet  (n038j.  En  remontant  la 
grande  rue  du  Cloître,  nous  voyons,  toujours  à  gauche,  les 
maisons  de  M.  de  Launay  (n°  35) ,  de  M.  de  la  Fage  (n°  34),  de 
M.  Rivière  (n°  33) 3.  Cette  dernière  faisait  l'angle  de  la  rue  du 
Cloître. 

En  prenant  à  gauche  la  petite  rue  4,  qui  conduit  à  la  rue  des 
Marmouzets,  nous  trouvons,  à  côté  de  la  maison  de  M.  Ri- 
vière, la  Maîtrise  (n°  32);  puis  nous  passons  devant  chez  M.  Bré- 
înont  (n°  31) 5,  M.   d'Espinasse    n"  30  .  et  devant  la  maison  dih> 

1.  Exemple:  M.  Delon,  chanoine,  avait  en  propriété  la  maison  n°  6  et  habitait 
l'appartement  dit  du   Petit-cloitre,  n°  45. 

'-'.  Otte  maison  s'appelait  ••  le  fief  du  Poirier  »,  et  son  propriétaire  devait  108  1. 
(is.  lld.de  rentes  constituées  sur  les  Aydes  et  Gabelles,  par  contrat  liquidé  en  vertu 
de  l'édil  de  1 7t'.4.  —  M.  Papin,  chanoine,  habitait  chez  M.  Cochu  de  la  Grange. 

:i.  Elle  a  été  démolie  en  1903. 

1.  Aujourd'hui  rue  Massillon. 

5.  La  maison  de  M.  Brémont  était  contiguë  à  la  Maîtrise  puisque  le  Chapitre  ui 
permit  d'ouvrir  une  fenêtre  sur  la  cour  des  enfants  do  chœur. 


C8  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1190. 

de  Périgny  (n°  29),  du  nom  du  chanoine  qui  l'abandonna  au  Cha- 
pitre, et  qui  était  louée  alors  à  différentes  personnes.  En  descen- 
dant ensuite  vers  la  porte  des  Marmousets,  nous  avons  à  gauche 
les  deux  maisons  bénéficiales  des  curés  de  Saint-Jean  le  Rond 
(n°  27  et  n°  28)  *,  derrière  lesquelles  se  trouvait  celle  de  M.  du 
Pinet  (n°  26)  ;  enfin,  la  dernière  sur  le  même  côté  avant  la  porte, 
celle  de  M.  Gatignon  (n°  25).  On  était  souvent  en  querelle  sur  ce 
côté  de  la  rue  des  Marmouzets  :  la  maison  de  Périgny  logeait  des 
poules  et  des  coqs,  dont  les  voisins  avaient  souvent  à  se  plaindre, 
et  nous  avons  dit  les  difficultés  soulevées  entre  M.  du  Pinet  et 
M.  Gatignon  à  propos  du  belvédère,  du  mur  mitoyen,  etc. 

En  nous  éloignant  de  la  porte  des  Marmouzets,  sur  notre 
srauche  dans  la  même  rue,  nous  trouvons  d'abord  les  deux  mai- 
sons  d'Etienne  de  Garlande,  attenant  à  la  petite  chapelle  de  Saint- 
Aignan.  Ces  maisons,  rangées  parmi  les  maisons  bénéficiales, 
parce  qu'elles  ne  pouvaient  être  séparées  des  bénéfices  de  Saint- 
Aignan,  étaient  la  propriété  de  chacun  des  chanoines  du  même 
titre  :  le  n°  24  appartenait  à  M.  Duchesne  et  le  n°  23  à 
M.  Chevalier.  Puis  nous  passons  devant  les  maisons  de  M.  Viet 
de  Yillers  (n°  22),  de  M.  Radix  (n°  21),  de  M.  Camiaille  (n°  20),  de 
AI.  du  Authier  (n°  19),  de  M.  des  Plasses  (n°  18)  2,  de  M.  Lucas 
(n°  17),  de  AI.  du  Alarais  (n°  16). 

Le  grand  bâtiment,  situé  au  fond  d'une  étroite  ruelle  à  gauche, 
et  donnant  sur  le  Carré  du  Pont-Rouge  (n°  15),  était  appelée  la 
Communauté  des  Chantres.  Une  vraie  cité  !  Nous  y  trouvons  logés 
les  clercs  de  Matines,  les  Machicots,  les  bénéficiers  diacres  et 
sous-diacres,  un  chanoine  de  Saint-Aignan.  AI.  Chevalier,  le 
sous-agent  des  affaires,  M.  Le  Roy,  différents  locataires  aux  qua- 
trième et  cinquième  étages.  Le  Grand  Chantre  qui  a  la  surveillance 
de  la  Communauté,  a  fort  à  faire  pour  régenter  cette  petite  répu- 
blique. On  apprenait  souvent  que,  à  la  Communauté,  il  y  avait 

1.  Nous  ne  pouvons  admettre  comme  emplacement  de  ces  maisons  celui  indiqué 
sur  la  carte  publiée  par  M;  Chartier  dans  son  ouvrage  L'Ancien  Chapitre  de 
Notre-Dame  et  sa  Maîtrise. 

2.  A  la  maison  de  M.  des  Plasses  étaient  annexés  cinq  arpents  de  terre  à  Orly. 
Cfr.  Arch.  Xat.,  S.  160.  Attestation  de  François  Halle,  laboureur,  du  14  octobre 
1790. 


LE  CLOITRE.  69 

eu  des  disputes,  des  rixes,  des  prises  de  corps,  qui  parfois  néces- 
sitèrent l'intervention  de  la  Garde. 

Afin  d'éviter  les  excès  et  les  occasions  de  conteste,  on  avait 
impose  au  cuisinier-traiteur,  M.  llanquetin,  un  règlement  des  plus 
restrictifs.  11  devait  exercer  en  personne  sa  profession,  servir 
aux  bénéfîciers  et  gagistes,  logés  ou  non  dans  la  Communauté, 
des  portions  aux  prix  en  usage,  depuis  onze  heures  et  demie 
jusqu'à  deux  heures  pour  le  dîner  et  depuis  sept  heures  jusqu'à 
dix  heures  pour  le  souper.  A  cette  heure,  le  réfectoire  devait 
être  régulièrement  fermé.  Il  était  interdit  d'y  chanter  et  d'y  tou- 
cher des  instruments.  Le  traiteur  ne  pouvait  faire  crédit  au  delà 
de  24  livres;  il  s'engageait  par  écrit  à  ne  pas  poursuivre  les  bé- 
néfîciers et  gagistes,  qui  lui  devraient  une  somme  supérieure. 

Par  la  rue  des  Chantres  on  accédait  à  une  petite  place  située 
dans  le  Cloitre  et  donnant,  par  la  porte  dite  de  l'Ane-Royé,  sur  le 
Carré  du  Pont-Rouge.  Elle  était  fermée,  du  côté  de  la  rivière,  par 
les  maisons  bénéficiales  de  Saint-Denis  du  Pas,  affectées  aux 
chanoines-prêtres  de  cette  église. 

L'autre  côté  de  la  rue  des  Chantres,  c'est-à-dire  à  gauche  en 
revenant  vers  l'intérieur  du  Cloitre,  était  occupé  par  la  maison 
de  M.  de  Montdenoix  (n°  10)1,  puis  par  la  maison  de  M.  Couet 
(n°  9) ,  laissée  au  Chapitre  par  le  chanoine  de  ce  nom  et  admi- 
nistrée comme  la  maison  de  Périgny.  Cet  immeuble,  dont  le 
plan  est  conservé  aux  Archives  Nationales,  était  fort  impor- 
tant; il  se  composait  de  quatre  grands  corps  de  bâtiments,  d'au- 
tant de  cours  et  allait  jusqu'à  la  rivière.  A  l'angle  de  la  rue  des 
Chantres,  on  voyait  une  tourelle  en  encorbellement  d'un  fort  joli 
aspect.  M.  Couet,  ancien  chanoine  de  Saint-Germain  l'Auxerrois, 
puis  successivement  chanoine  titulaire  et  honoraire  de  Notre- 
Dame,  était  encore  survivant  en  1790  :  le  Chapitre  lui  payait 
pour  sa  maison  une  rente  viagère  de  5.000  livres  et  devait  verser 
1.500  livres  à  ses  héritiers.    Nous  trouvons  dans  cette  maison 


1.  La  maison  de  M.  de  Montdenoix  devait  être  en  face  la  maison  n°  '.).  car,  dans 
une  Conclusion  de  1782,  nous  voyons  le  Chapitre  se  plaindre  que  l'eau  du  comble 
de  la  maison  de  M.  de  Montdenoix.  située  dans  la  rue  conduisant  à  la  Commu- 
nauté, détériore  la  façade  de  la  maison  de  M.  du  Marais. 


70  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

plusieurs  personnages  connus  :  MM.  Gatignon,  de  Montdenoix, 
frère  du  chanoine,  l'évêque  de  Babylone,  le  fameux  Mirodon, 
M.  de  la  Fresnaye,  Mlle  de  Dampierre,  M.  Pringot,  chanoine  de 
Saint-Merry  et  chapelain  de  Notre-Dame. 

Toutes  les  maisons,  qui  continuent  à  gauche  la  rue  dite  Chanoi- 
nesse,  ont  sur  la  Seine  de  superbes  jardins,  qui  en  font  les  de- 
meures les  plus  agréables  du  Cloître;  elles  appartenaient  à  M.  de 
Champigny  (n°  7),  M.  Delon  (n°  6),  M.  de  Vienne  (n°  5),  M.  de  Bon- 
neval  (n°4),  M.  de  Montagu  (n°  3),  et  M.  de  Tilly-Blaru  (n°  1  bis). 
Cette  dernière  était  d'un  accès  assez  difficile;  aussi  obtint- 
il  du  Chapitre  qu'un  réverbère  serait  allumé  dans  la  rue  jusqu'à 
trois  heures  du  matin  pour  lui  permettre  de  rentrer  chez  lui  de 
Matines.  Devant  cette  maison  et  non  loin  du  chemin  qui  con- 
duisait à  l'abreuvoir  *,  se  trouvait  la  quatrième  maison  béné- 
fieiale  de  Saint-Denis  du  Pas  (n°  2)  ;  elle  était  louée  à  M.  Du- 
ehesne,  chanoine   de  Saint-Aignan. 

A  l'extrémité  sud-est  du  Cloitre  se  trouvait  un  jardin  appelé  le 
Terrain  2  :  nous  verrons  plus  loin  qu'il  était  le  chef-lieu  d'un  fief 
jadis  fort  célèbre.  Le  Terrain,  dont  les  arbres  dépérissaient  depuis 
longtemps,  avait  été  replanté  en  1770,  et  son  jardin  fut,  la  même 
année,  dessiné  par  M.  Magu.  C'était  un  square  charmant  pour 
les  habitants  du  Cloitre  et  pour  les  enfants  de  chœur,  qui  chaque 
jeudi  venaient  y  prendre  leurs  ébats.  Il  était  gardé  par  un  con- 
cierge, qui  avait  en  même  temps  la  manutention  des  bains  publics 
qui  se  trouvaient  au  bas  de  la  terrasse  :  «  il  doit  maintenir  la  plus 
exacte  décence  et  empêcher  la  natation  et  supprimer  toutes  les 
dispositions  qui  pourraient  la  faciliter)). 

Entre  la  rue  Chanoinesse  et  la  rue  du  Chapitre  se  trouvait  un 
groupe  de  maisons,  qui  formaient  comme  un  îlot  au  milieu  du 


1.  L'abreuvoir  fut  rétabli  en  1787. 

1.  Vers  1784,  les  terrasses  de  ces  cinq  dernières  maisons  menaçaient  ruine  ;  le  Cha- 
pitre décida  de  les  faire  rétablir  à  frais  communs  avec  leurs  propriétaires,  comme 
c'est  l'usage  pour  les  maisons  qui  font  clôture.  Une  conclusion  capitulaire  de  cette 
même  année  nous  donne  de  précieux  renseignements  sur  cette  partie  extrême  du 
Cloitre  :  «  Sur  le  rapport  fait  que  M.  Moreau,  architecte  de  la  ville,  serait  venu  en 
lad.  qualité  pour  projeter  sur  le  lieu  même  l'alignement  demandé  au  Bureau  de  la 
Ville  pour  la  reconstruction  du  mur  de  terrasse  de  M.  le  Doyen  ;  que  d'après  examen 


LE  CLOITKE.  Tl 

Cloître.  Il  comprenait  cinq  maisons,  du  n  '  40  au  n°  44,  appartenant 
respectivement  à  MM.  Le  Blanc,  du  Bois-Basset,  de  Beaumont 
d'Autichamp,  Chevreuil  et  Riballier  '. 

Notre  visite  du  Cloître  se  terminera  par  l'étude  d'un  ensemble 
de  constructions,  accolées  au  côté  gauche  du  chevet  de  Notre- 
Dame  et  comprenant  le  Chapitre,  le  Petit-Goitre,  le  cimetière  et 
l'église  de  Saint-Denis  du  Pas,  et  un  petit  logis  habité  par  M.  De- 
lon, chanoine  (n°  45). 

Le  «  Chapitre  »  était  un  grand  corps  de  bâtiment  dans  lequel 
étaient  centralisés  tous  les  services  de  l'administration  capitulaire. 
Le  rez-de-chaussée  se  composait  de  deux  grandes  salles  :  la  pre- 
mière, donnant  directement  sur  le  Cloître  en  face  du  puits,  s'ap- 
pelait l'Auditoire.  C'est  là  que  le  Chapitre  exerçait  ses  droits  de 
justice  par  son  Bailli  ou  Chambrier-lai  et  que  le  Grand-Chantre 
jugeait  les  cas  ressortissant  à  sa  juridiction.  On  y  entrait  par 
une  porte  donnant  sur  la  rue  du  Cloître,  en  face  l'entrée  princi- 
pale et  auprès  du  Puits.  La  seconde  pièce  était  la  salle  capitulaire, 
appelée  spécialement  «  le  Chapitre  ».  Pour  y  accéder  du  Cloître,  on 
franchissait  une  petite  porte  à  droite  de  l'entrée  de  l'Auditoire,  on 
entrait  dans  une  cour  entourée  d'un  cloître,  appelée  Petit-Cloître, 
on  montait  un  perron  à  gauche,  on  passait  sur  la  tombe  du  cha- 

bien  réfléchi,  il  aurait  représenté  que  la  ligne  circulaire  qui  formait  led.  mur  avant 
B8  chute  était  beaucoup  moins  solide  et  en  même  temps  beaucoup  plus  dispen- 
dieuse qu'une  ligne  droite,  ce  serait  le  cas  pour  le  Chapitre  de  solliciter  cette  der- 
nière forme  pour  la  construction  dud.  mur,  et  que,  comme  celui  delà  terrasse  du 
jardin  delà  maison  de  M.  de  Tilly  déjà  très  renfonce''  le  deviendrait  encore  davan- 
tage puisqu'il  laisserait  une  surface  inutile  et  perdue  de  2G  toises  environ  de  ter- 
rais extérieur,  dans  lequel  les  eaux  resteraient  stagnantes:  ce  serait  donc  une 
occasion  essentielle  de  demander  et  obtenir  que  l'alignement  qui  serait  donné  à 
M.  le  Doyen  fut  commun  à  mond.  Sr  de  Tilly.  de  telle  sorte  que  commençant  au 
l'as  de  la  face  antérieure  du  mur  de  terrasse  du  jardin  de  la  maison  canoniale  de 
H.  de  Bonneval  et  se  prolongeant  en  ligne  droite  et  ensuite  retournant  en  pan 
coupé,  il  se  redresserait  définitivement  jusqu'à  l'angle  du  mur  actuel  du  jardin  du 
Sr  de  Tilly  sur  l'abreuvoir  du  Cloître;  qu'un  pareil  alignement  procurerait  aux  deux 
jardins  une  augmentation  de  70  toises  de  superficie  de  terrain  et  formerait  une 
figure  d'autant  plus  agréable  qu'elle  répondrait  à  celle  du  jardin  du  Chapitre.  > 
Cfr.  Concl.  cap.,  Arch.  Nat.  LL.  23239. 

1.  Parmi  les  habitants  du  cloître,  nous  comptons  plusieurs  conseillers  au  Par- 
lement :  MM.  les  abbés  Terré  de  Barnay,  Tandeau  de  Mai-sac  et  Foulon,  ainsi 
que  de  nombreux  avocats.  MM.  Oudet,  Giroult,  Poulet.  Ferey,  Rémy  de  Méry  et 
Houard. 


72  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

noine  Fumée,  enterré  auprès  des  marches,  et  on  se  trouvait  alors 
au  seuil  de  la  salle  du  Chapitre,  dont  nous  donnons  plus  loin  une 
minutieuse  description.  A  côté,  le  Chapitre  avait  aménagé  les 
écuries  pour  remiser  les  attelages  des  fermiers,  et  le  sous-sol  était 
occupé  par  le  magasin  aux  seaux  à  incendie,  par  la  loge  du  portier 
de  la  Recette  et  par  la  salle  des  Francs-Sergents.  Le  premier  étage 
comprenait  la  bibliothèque,  les  appartements  du  Receveur  géné- 
ral, le  Bureau  de  la  Recette,  au  milieu  duquel  pendait  une  balance 
pour  peser  les  espèces  que  les  débiteurs  du  Chapitre  y  venaient 
verser,  et  la  salle  d'assemblée,  dite  «  la  Chambre  »  *.  Les 
archives  étaient  conservées  au  second  étage,  sous  la  garde  de 
l'archiviste  Pavillet.  Le  Chapitre  logeait  encore  dans  le  même 
immeuble  son  secrétaire,  M.  Buée;  le  garde  du  Trésor,  M.  Mortier, 
et  le  receveur  de  l'Archevêché. 

Le  Petit-Cloître,  auquel  nous  avons  déjà  fait  allusion,  était  aussi 
appelé  «  le  charnier  ».  Le  Chapitre  y  avait  fait  dresser  plusieurs 
croix  de  fer  et  de  cuivre  provenant  du  cimetière  des  Innocents, 
lors  de  sa  suppression.  C'est  là  aussi  que  l'on  transportait  les 
cadavres  des  personnes,  dont  la  mort  violente  ou  accidentelle 
devait  être  juridiquement  constatée  par  le  Bailli  et  le  chirurgien 
légiste.  Le  Petit-Cloître  était  séparé  de  l'église  de  Saint-Denis 
du  Pas  par  un  jardin  et  par  le  cimetière  de  la  paroisse.  On  y 
enterrait  les  personnes  décédées  dans  le  Cloître  :  les  plus  riches 
demandaient  la  sépulture  dans  l'église  même;  mais  elle  devint 
insuffisante  et  le  Chapitre  permit  d'établir  une  cave  2  sous  la  sa- 

1.  Cfr.  Inventaire  de  1790.  —  Cabinet  du  Receveur  général  :  un  bureau,  une 
caisse  de  bois  de  chêne,  un  trumeau  de  cheminée  «l'une  seule  glace  de  2  pieds  9 
de  haut  sur  2  pieds  3  de  large,  surmonté  d'un  tableau  représentant  un  paysage; 
le  tout  dans  un  parquet  de  bois  peint  en  gris  avec  ornements  de  bois  doré;  plu- 
sieurs corps  de  tablettes;  un  morceau  de  tapisserie;  un  fauteuil  de  bois  de  hêtre 
couvert  de  tapisserie  à  l'aiguille;  un  fauteuil  et  une  chaire.  — Bureau  de  la  Recette  : 
deux  bureaux  l'un  devant  l'autre;  pupitre  double  au-dessus  et  armoire  à  rayons: 
une  table  de  chêne;  au-dessus  sont  suspendus  par  une  potence  de  fer  des  balances 
de  cuivre  à  fléau  de  fer  poli.  —  Salle  d'Assemblée,  dite  la  Chambre  :  dans  la 
niche,  au-dessus  de  la  tablette  de  la  cheminée,  un  buste  en  marbre  du  cardinal  de 
Richelieu;  deux  tableaux  dans  la  boiserie,  représentant  le  cardinal  de  Noailles  el 
le  Maître-Autel  de  Notre-Dame  de  Paris;  un  bureau  ;  deux  tables;  quatre  fauteuil 
et  huit  chaises. 

2.  Cette  cave  fut  établie  sous  le  charnier,  contigu  à  l'église,  et  sous  la  sacristie  en 
1779.  Concl.  cap. 


I.K  CLOITRE.  73 

cristie    où    Ton  continuerait  d'enterrer  moyennant   un  droit  de 
100  livres. 

Depuis  la  démolition  de  Saint-Jean  le  Rond  en  1750,  cette  église 
est  devenue  la  paroisse  du  Cloître.  Les  deux  curés  de  Saint-Jean 
le  Rond,  dont  le  titre  fut  alors  transféré  à  Saint-Denis  du  Pas,  y 
font  les  baptêmes,  mariages  et  enterrements;  les  chanoines  de 
chacune  des  deux  églises  y  acquittent  séparément  leurs  fonda- 
tions et  y  célèbrent  leurs  offices.  Nous  verrons  que  le  Chapitre 
de  Notre-Dame  venait  souvent  en  procession  à  cette  église. 


CHAPITRE  TROISIEME 

LE  CHAPITRE 

I.  Le  Chapitre.  Les  deux  cléments  des  décisions  capitulaires  :  la  tradition  et 
la  délibération.  Chapitres  ordinaires  :  une  séance;  la  salle  capitulaire;  la  Cham- 
bre. Chapitres  extraordinaires  à  la  Porte-Rouge,  au  Revestiaire.  Convocations. 
Chapitres  généraux.  Le  Synode.  —  II.  Le  Chœur  de  Notre-Dame.  Magni- 
ficence des  cérémonies.  Description  du  chœur.  Les  stalles.  L'habit  canonial.  La 
messe  de  l'Assomption  en  1780.  Les  tours  de  semaine.  Cycle  liturgique.  —  III.  Ju- 
ridiction du  Chapitre.  Juridiction  temporelle  :  la  barre;  les  justices  sei- 
gneuriales ;  officiers  de  justice;  droit  de  Commitlimus.  —  Juridiction  spirituelle  : 
exemption  de  lajuridictionépiscopale;  exercice  de  la  juridiction  capitulaire  sur 
les  chanoines,  les  habitants  du  Cloître,  le  clergé  des  ('.dises  sujettes.  —  Juridic- 
tion quasi  spirituelle;  nomination  aux  bénéfices.  —  IV.  Rapports  du  Cha- 
pitre avec  l'archevêque,  le  diocèse,  le  roi,  la  famille  royale,  les  grands  person- 
nages, la  ville. 

I 

Un  corps  vivant  ne  se  compose  pas  de  membres  épars  :  peut-on 
connaître  la  vie  rien  qu'à  étudier  ces  membres,  séparés  du  corps 
qu'elle  anime?  Dans  les  pages  précédentes,  nous  avons  considéré 
seulement  les  individualités  du  Chapitre  ;  il  nous  faut  mainte- 
nant les  grouper,  les  réunir,  avec  ces  membres  reconstituer  le 
corps,  lui  rendre  sa  vie  propre,  ranimer  son  organisme,  étudier  son 
tempérament.  Jusqu'ici  nous  avons  vu  des  chanoines,  pas  encore 
le  Chapitre. 

Deux  principes  constituaient  la  vie  capitulaire  :  la  tradition  et 
la  délibération.  La  tradition  d'abord,  qui  maintient  les  bons 
usages,  garde  au  corps  sa  physionomie  personnelle,  sert  à  éviter 
des  innovations  téméraires  de  la  part  du  Chapitre  ou  blessantes 
à  son  égard.  Elle  est  l'élément  conservateur.  Aussi  les  chanoines 
ont-ils  soin  de  faire  écrire  en  détail  dans  les   registres   capitu- 


76  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

laires  tout  ce  qui  peut  servir  à  la  conserver  intacte,  à  la  maintenir 
ou  même  à  l'établir  pour  l'avenir.  Une  difficulté  surgit,  une  pré- 
tention veut  prévaloir,  une  réforme  s'impose  :  immédiatement  une 
commission  compulse  les  archives,  étudie  les  précédents,  recherche 
les  circonstances  analogues,  et  fait  un  rapport  au  Chapitre,  qui 
statue  toujours  dans  le  sens  de  la  tradition1.  Elle  est  si  respec- 
tée que,  même  quand  une  délibération  vient  la  contredire  pour  un 
cas  particulier,  les  chanoines  entendent  la  sauvegarder  par  cette 
formule  qui  revient  à  chaque  page  des  Conclusions  :  sine  in  pos- 
tent m  consequentiâ.  Avec  elle,  ils  ont  raison  du  Roi,  de  l'Ar- 
chevêque, du  Parlement  et  surtout  du  relâchement  ;  elle  les  aide 
à  maintenir  une  discipline  rigoureuse  au  milieu  d'un  siècle,  qui 
n'était  que  trop  accommodant. 

La  rigidité  de  la  tradition  était  adoucie  par  la  délibération. 
Le  Chapitre  était  une  assemblée  délibérante,  presque  parlemen- 
taire. Des  chanoines  auraient -ils  été  vraiment  chanoines  s'ils 
n'eussent  pas  été  «  capitulants  ?  »  et,  Dieu  sait  pourtant,  s'ils 
aimaient  à  capituler  !  On  ne  s'étonnera  donc  pas  de  voir  le  Cha- 
pitre se  réunir  fort  souvent;  il  faut  dire  que  la  multiplicité 
des  affaires  l'exigeait  au  moins  autant  que  le  besoin,  d'autres 
diraient  la  manie,  de  délibérer.  Il  y  avait  les  chapitres  ordinaires, 
les  chapitres  extraordinaires,  les  chapitres  généraux  et  le 
Synode  annuel. 

Les  chapitres  ordinaires  se  tenaient  à  l'issue  de  l'office  du  matin, 
trois  fois  la  semaine,  les  lundi,  mercredi  et  vendredi  2;  en  ca- 
rême, à  cause  de  la  station,  le  chapitre  du  vendredi  était  remis 
au  lendemain.  Nulle  convocation  n'était  faite  pour  ces  sortes  de 
réunions,  qui  étaient  annoncées  seulement  par  la  cloche  capitu- 
laire;  à  l'heure  marquée,  les  chanoines  se  réunissaient  en  habit 

1.  Los  Chapitres  du  Royaume,  connaissant  cet  attachement  inviolable  de  l'Église 
de  Paris  à  ses  traditions,  lui  demandaient  souvent  des  consultations  sur  différents 
points  de  discipline.  Les  réponses  du  Chapitre  nous  ont  été  fort  utiles  pour  con- 
naître los  usages  et  les  traditions  en  vigueur.  Arc/i.  Xat.  Série  L.  544645. 

2.  En  carême,  les  chapitres  ordinaires  se  tenaient  pendant  None.  Quand  la  pre- 
mière messe  était  commencée  au  chœur,  le  spé  entrait  au  chapitre  et,  après  plu- 
sieurs révérences,  il  se  mettait  à  genoux  et  disait  :  Domini  mei,  missa  incepta 
est.  Les  chanoines  quittaient  la  salle  capitulaire  et  se  rendaient  à  l'office.  I\oles 
mss.  du  maître  des  cérémonies.  —  A.  N.  L.  528. 


LES  RÉUNIONS  CAPITULAIRES.  77 

de  chœur  dans  la  salle  d'assemblée  '.  Elle  était  située  au  rez-de- 
chaussée  d'un  grand  immeuble  situé  non  loin  de  la  Porte-Rouge, 
dans  lequel  le  Chapitre  avait  groupé  les  services  de  son  adminis- 
tration :  bibliothèque,  archives,  auditoire,  recette  générale,  secré- 
tariat. Cette  salle  était  fort  somptueuse.  Des  tapisseries  d'Aubus- 
son,  à  fond  bleu  et  semées  de  fleurs  de  lis,  garnissaient  les  sièges, 
les  dossiers,  les  tables;  les  murs  étaient  ornés  de  trente-sept  bas- 
reliefs  «  d'un  genre  gothique  »  ;  cinq  tableaux  de  Philippe  de 
Champagne,  représentant  la  Naissance  delà  Sainte  Vierge,  l'An- 
nonciation, sa  Présentation,  son  Mariage  et  son  Assomption, 
alternaient  avec  quatre  figures  de  grandeur  naturelle,  saint  Denis, 
saint  Marcel,  sainte  Geneviève  et  Notre-Seigneur,  «  peintes  en 
grisaille,  dans  le  goût  de  Natoire  ».  Un  superbe  crucifix  de  bronze, 
œuvre  de  Girardon,  surmontait  le  fauteuil  du  Doyen.  La  salle, 
occupée  de  trois  côtés  par  les  sièges  des  chanoines,  était  partagée 
par  la  «  barre  du  Chapitre  » ,  limite  que  ne  devaient  pas  franchir 
les  ecclésiastiques,  attachés  au  chœur  de  Notre-Dame,  quand  ils 
avaient  à  comparaître  aux  chapitres  généraux  2. 

Après  que  les  chanoines  avaient  pris  séance,  le  secrétaire  notait 
les  capitulants  3,  pour  qu'ils  pussent,  à  l'époque  voulue,  toucher 
leurs  droits  de  présence  4,  et  de  suite  commençait  l'expédition  des 
affaires.  Si  une  fête  solennelle,  des  obsèques,  un  anniversaire, 
une  cérémonie  extraordinaire  devait  avoir  lieu  dans  la  semaine, 
on  désignait  le  célébrant,   le  diacre    et  le  sous-diacre,    puis  le 


1.  Los  détails  do  l'ornementation  t\o  la  Salle  capitulaire  ont  été  roconstitués  d'a- 
près los  documents  suivants  :  pour  los  tapisseries,  Concl.  cap.,  année  1754;  — 
pour  los  peintures  et  tableaux  :  «  Procès-verbal  d'inventaire  à  Notre-Dame  fait  par 
Bernier(pour  les  peintures)  et  lïoard  {pour  les  sculptures)  »,  publié  dans  los  Nou- 
velles Archives  de  l'Art  français,  3e  sério,  G.  1890.  B.  X.  8*  V,  234;  —  pour  les  bas- 
reliefs,  los  tableaux  de  l'h.  de  Champagne  et  los  figures  on  grisaille,  G.  Brice, 
Descriptions  de  Paris,  1713,  t.  III.  p.  269.  Ces  cinq  tableaux  furent  exécutés  on  l(i:!ti; 
ils  serviront  de  carton  à  cinq  dos  quatorze  tapisseries  données  au  Chapitre  par 
M.  Le  Masle  des  Roches,  grand  chantre,  et  que  l'on  tendait  dans  le  chœur  au-dessus 
des  anciennes  stalles.  —  L'inventaire  do  1790,  fait  par  Vigner  et  Hardy,  signale 
aussi  une  belle  carte  géographique  de  la  Ville  de  Paris.  B.  X.  niss.  n.  a.  fr.  n.  •,'7'.h;. 

2.  Cfr.  Concl.  cap.  Séance  extraordinaire  du  '-'0  avril  1789. 

3.  Les  chanoines,  qui  n'étaient  que  minorés,  n'étaient  pas  capitulants;  ils  nassi.- 
taiont  donc  jamais  aux  délibérations  du  Chapitre. 

4.  Concl.  cap.,  24  juin  1781. 


78  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Chapitre  approuvait  les  locations,  les  baux,  le  taux  des  lods 
et  ventes,  nommait  aux  bénéfices,  dont  il  était  le  collateur,  apu- 
rait les  comptes  des  différentes  caisses,  approuvait  les  tables 
de  distribution,  écoutait  les  rapports  de  Messieurs  en  charge, 
choisissait  ses  baillis,  procureurs  fiscaux,  prévôts,  appariteurs, 
gardes-pêche,  gardes-chasse,  geôliers,  donnait  parole  au  notaire, 
citait  et  réprimandait  les  ecclésiastiques  bénéfîciers  du  Chapitre, 
et,  à  la  dernière  réunion  de  la  semaine,  il  désignait  le  chanoine, 
qui  «  entrait  en  tour  »  pour  présenter  aux  bénéfices  qui  viendraient 
à  vaquer  pendant  la  semaine  suivante  et  auxquels  le  Chapitre  ne 
nommait  pas  in  connu  uni. 

Les  chanoines  prenaient  garde  que  la  délibération,  ou  la  déci- 
sion qui  la  suivait,  ne  blessât  la  délicatesse  à  l'égard  de  leurs 
confrères  en  cause.  Le  chanoine,  qui  présentait  requête  au  Cha- 
pitre sur  un  sujet  le  concernant,  devait  sortir  pendant  la  discus- 
sion du  cas,  et,  si  quelque  obligation  était  imposée  à  quelqu'un, 
on  se  servait  dans  la  rédaction  d'un  mot  composé  fort  poli  : 
«  Monsieur  N.  est  chargé-prié  de...  comniissus-rogatiis.  » 

Les  affaires  plus  importantes  soumises  au  Chapitre  étaient 
auparavant  préparées,  examinées  et  étudiées  par  «  la  Chambre  ». 
La  Chambre  était  par  rapport  au  Chapitre  ce  qu'est  aujourd'hui 
dans  nos  Conseils  de  Fabrique  le  Bureau  des  Marguilliers,  ou 
une  Commission  dans  nos  Assemblées  parlementaires.  Elle  était 
présidée  par  le  Chambrier,  nommé  chaque  année  au  chapitre 
général  de  la  Saint-Jean,  et  se  composait  de  quelques  chanoines, 
choisis  parmi  les  plus  compétents  sur  les  matières  à  étudier  :  par- 
fois on  y  appelait  encore  l'architecte  ou  l'avocat-conseil  du  Cha- 
pitre. La  Chambre  préparait  les  baux  et  les  contrats,  conduisait 
les  négociations,  s'occupait  de  l'état  des  domaines,  des  terres, 
des  plantations,  surveillait  les  constructions  nouvelles,  etc.  Aussi 
le  Chambrier  était-il  l'homme  le  plus  occupé  du  Chapitre.  M.  Ca- 
miaille  remplissait  depuis  plusieurs  années  cette  charge  avec  un 
zèle  et  un  dévoùment  que  ses  confrères  lui  reconnurent  en  le  main- 
tenant jusqu'à  la  fin  dans  ces  difficiles  et  délicates  fonctions.  A 
Paris,  il  examinait  les  devis,  mémoires,  plans,  et  les  affaires  l'obli- 
geaient à  des  absences  fréquentes  et  prolongées.  Bien  faibles  étaient 


LtS  RÉUNIONS  CAP1TULAIRES. 

les  dédommagements  à  tant  do  peines  :  le  fermier  de  l'Hay- 

Châtenay  lui  devait  cinquante  gerbées  de  froment;  celui  du  Mes- 
nil-Amelot,  deux  cents  bottes  de  paille;  celui  du  Tremblay,  cin- 
quante gerbes  de  froment;  celui  de  Villiers-le-Bel,  cent  cinquante 
gerbes  de  paille  '. 

C'était  encore  dans  les  chapitres  ordinaires  que  les  nouveaux 
chanoines  étaient  reçus  par  leurs  confrères  avant  d'être  installés 
dans  le  chœur  de  Notre-Dame.  Quand  un  ecclésiastique  avait 
reçu  les  Lettres  de  l'Archevêque  lui  conférant  un  canonicat,  il 
choisissait  un  de  ces  Messieurs,  qui  lui  servait  comme  de  parrain, 
et  tous  deux,  en  manteau  long,  rendaient  visite  à  chacun  des 
chanoines  «  précédés  de  l'huissier  du  Chapitre  qui  portait  les  bil- 
lets ».  Puis  au  chapitre  suivant,  le  récipiendaire  se  tenait  à  la 
porte  de  l'Assemblée,  revêtu  de  la  soutane,  togâ  academicâ,  ou 
de  l'habit  de  chœur  d'hiver,  s'il  était  déjà  attaché  par  quelque  lien 
à  l'Église  de  Paris;  là  il  attendait  qu'on  lui  permît  d'entrer.  Ce- 
pendant, ses  lettres  sont  lues  par  le  secrétaire;  la  porte  lui  est 
alors  ouverte,  il  s'avance  vers  le  bureau  placé  devant  le  Doyen, 
s'agenouille  et  prête  serment  sur  le  livre  écrit  en  caractères 
gothiques,  ouvert  à  la  page  «  du  Crucifix  et  du  saint  Evangile  », 
sur  laquelle  il  étend  la  main.  Prêtaient  encore  serment  au  Cha- 
pitre :  l'Archevêque,  les  Dignités,  les  marguilliers-clercs,  les 
niarguilliers-lais,  les  francs-sergents  et  les  petits-huissiers.  Les 
vicaires  perpétuels  et  les  chapelains  le  prêtaient  à  l'autel  de  Saint- 
Denys,  à  l'entrée  du  chœur. 

Les  chapitres  extraordinaires  variaient  beaucoup  en  impor- 
tance. Quelques-uns  se  tenaient  à  la  fin  des  Laudes,  près  la 
Porte-Rouge,  où  nos  bons  chanoines  aimaient  à  bavarder  un 
peu  en  se  disant  bonsoir,  ou  plutôt  bonjour  :  il  était  alors  entre 
deux  et  trois  heures  du  matin!  D'ordinaire  les  sujets  traités  à 
cette  heure  indue  n'étaient  pas  fort  sérieux  :  le  ciel  est  maussade, 
la  procession  du  matin  sera  supprimée;  on  s'y  communique 
les  nouvelles  :  la  maladie  du  Roi,  la  délivrance  de  la  Reine,  la 
mort  d'un  personnage.  Très  pittoresques  ces  chapitres  impromptus 

1.  Cfr.  Déclaration  des  Biens  du  Chapitre  à  la  campagne.  .I..V.  S.  560,  patsim. 


80  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

ad  Portant  Rubeam!  D'autres  fois,  les  chapitres  extraor- 
dinaires se  tenaient  à  la  sacristie  après  un  office  :  la  mort  d'un 
confrère,  une  décision  liturgique  à  prendre,  un  scandale  pro- 
voqué dans  le  chœur  à  punir,  un  nouveau  Mandement  de  l'Ar- 
chevêque, tels  sont  les  sujets  consignés  dans  les  procès-verbaux 
de  ces  sortes  de  réunions. 

On  doit  surtout  donner  le  nom  de  chapitres  extraordinaires 
à  des  séances,  solennellement  annoncées,  tenues  dans  la  salle 
capitulaire,  dans  des  circonstances  tout  à  fait  exceptionnelles. 
Les  convocations  se  faisaient  de  deux  manières,  ou  bien  per 
domos,  ou  bien  ad  aquitain  cliori.  La  première,  que  nous 
verrons  employer  en  1789,  lors  de  la  nomination  des  élec- 
teurs aux  Etats  généraux,  était  la  moins  solennelle  :  le  se- 
crétaire faisait  parvenir  à  chacun  des  chanoines  un  billet  indi- 
quant le  jour  et  l'heure  de  la  réunion.  Le  Chapitre,  comme  le 
Concile  œcuménique,  avait  ses  cursitores!  La  seconde  n'était 
plus  guère  pratiquée  que  pour  l'élection  du  Doyen.  A  la  fin  de 
la  grand'messe,  le  Bailli  du  Chapitre,  revêtu  de  son  costume 
de  Palais,  entrait  dans  le  chœur,  s'avançait  jusqu'à  l'Aigle, 
y  lisait  la  lettre  de  convocation  appelée  Manda tum,  laissait 
la  minute  sur  le  pupitre,  en  même  temps  qu'une  double  copie 
était  affichée  aux  portes  de  Notre-Dame.  C'était  la  forme  la  plus 
solennelle. 

Les  chapitres  généraux  se  tenaient  quatre  fois  l'an  :  le  len- 
demain de  la  Chandeleur,  le  lundi  de  Pâques,  le  lendemain  de 
la  Saint-Jean  et  de  la  Saint-Martin  d'hiver.  Il  arrivait  quel- 
quefois qu'ils  se  continuaient  pendant  les  jours  suivants.  Les 
chanoines  partaient  en  procession  du  chœur  de  Notre-Dame, 
accompagnés  du  clergé  de  leur  église  :  tous  étaient  en  habits  de 
chœur,  mais  les  machicots,  clercs  de  Matines  et  autres  officiers- 
clercs  portaient  le  surplis  plié  sur  le  bras;  arrivés  à  la  salle  capi- 
tulaire, les  chanoines  entraient  immédiatement  en  séance,  laissant 
à  la  porte  tout  leur  clergé.  Les  affaires  à  traiter  dans  ces  chapi- 
tres étaient  d'ordinaire  fort  nombreuses  et  fort  importantes  : 
celui-ci  attendait  donc  là  parfois  très  longtemps;  et,  quand  la 
délibération   était   terminée,   on  lui  faisait   savoir  que  la  multi- 


LES  REUNIONS  CAPITULAMES.  81 

plicité  des  affaires  empêchait  les  chanoines  de  le  recevoir  et  on 
le  congédiait.  C'était  de  tradition. 

Les  chapitres  généraux  étaient  en  effet  fort  importants  :  c'est 
alors  que  Ton  traitait  les  questions  plus  graves,  réservées  dans 
les  chapitres  ordinaires.  Les  absences  y  étaient  rares;  les  cha- 
noines s'y  trouvaient  toujours  au  grand  complet.  Ils  avaient 
d'ailleurs  gros  prolit  à  ne  pas  manquer,  puisque  les  revenus 
des  lods  et  ventes  et  ceux  des  petits-vins  étaient  distribués  aux 
présents  l.  Le  chapitre  de  la  Saint-Jean  s'appelait  «  le  chapitre 
des  Mœurs  »  ;  on  s'y  occupait  surtout  des  abus  à  réformer,  de  la 
conduite  du  clergé,  de  l'ordre  du  chœur;  on  y  nommait  aussi 
chaque  année  ceux  de  Messieurs  qui  devaient  être  en  charges. 

Les  grandes  assises  capitulaires  se  tenaient  lors  de  la  célé- 
bration du  Synode.  En  plus  des  ecclésiastiques  qui  devaient  as- 
sister aux  chapitres  généraux,  les  prêtres  de  l'Hôtel-Dieu,  tous 
les  chapelains,  le  clergé  de  Saint-Jean  le  Rond  et  de  Saint-Denis 
du  Pas,  les  vicaires  perpétuels,  les  quatre  fdles  de  Notre-Dame,  y 
étaient  convoquées  pour  le  mardi  de  la  seconde  semaine  de  ca- 
rême. Un  chanoine  adressait  à  l'assistance  un  discours  assez 
étendu  sur  les  devoirs  imposés  aux  ecclésiastiques,  dont  le  ré- 
sumé et  l'éloge  se  trouvent  dans  le  procès-verbal  de  chaque 
année.  Le  dernier  de  ces  discours,  prononcé  le  2  mars  1790,  par 
M.  de  Mondran,  était  tout  de  circonstance  :  «  Quantum  in  adim- 
plendis  muniis  et  in  defendendà  Religionis  causa,  suum  ergà 
ipsam  ardens  studium  ostendere  debent  viri  ecclesiastici2.  »  En- 
suite M.  le  Doyen,  remplissant  alors  les  fonctions  d'official  du 
Chapitre,  lisait  les  Monùa,  qui  rappelaient  à  chacun  ses  obli- 
gations, les  règlements  à  observer,  les  abus  à  réprimer  '. 

1.  Rien  que  pour  les  deux  chapitres  généraux  de  la  Saint-Martin  1789  et  de  lu 
Chandeleur  1790,  les  capitulants  avaient  à  se  partager  la  somme  de  10.856  1.  Cfr. 
Concl.  cap.,  "20  juin  1780,  7  novembre  KSI.  12  novembre  1783,  7  mai  1790. 

2.  M.  de  Mondran  avait  prononcé  aussi  le  discours  de  l'année  précédente  : 
«  Quantum  sacerdotio  dignitatis  afferunt  doctrina  et  misericordia  quas  sibi  vin- 
dicat.  -  Concl.  cap.,  1780.  lu  mars. 

3.  Le  promoteur  du  Chapitre,  dont  l'office  était  ordinairement  rempli  par  le 
secrétaire,  avait  le  droit  de  requérir  eontn'  les  bénéficiera,  qui.  dans  la  quinzaine, 
ne  donnaient  pas  une  excuse  légitime  de  leur  absence  au  Synode. 

CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  LE  PARIS.  6 


82  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX   1790. 

Après  avoir  assisté  aux  délibérations  des  chanoines,  allons 
au  chœur  de  Notre-Dame  :  nous  les  retrouverons  à  leurs  stalles, 
remplissant  la  principale  fonction  de  leur  ministère  :  la  célébra- 
tion de  l'Office  Divin.  Aujourd'hui  que  les  chœurs  de  nos  vieilles 
églises  sont  plus  qu'aux  trois  quarts  vides,  qu'un  clergé  fort 
restreint  est  chargé  de  les  desservir,  que  l'uniformité  dans  les 
rits,  les  ornements,  les  costumes,  engendre  presque  la  mono- 
tonie; que  les  cérémonies  s'accomplissent  avec  beaucoup  de  di- 
gnité, mais  peu  de  magnificence,  on  se  fait  difficilement  une  idée 
de  la  pompe  avec  laquelle  se  développaient  dans  des  chœurs, 'comme 
celui  de  Notre-Dame,  les  manifestations  du  culte  catholique.  Un 
Chapitre  nombreux,  assisté  d'ecclésiastiques  plus  nombreux  en- 
core, des  costumes  opulents,  des  ornements  d'une  richesse  inouïe, 
les  chefs-d'œuvre  du  Trésor  chargeant  les  autels  ou  portés  par 
les  officiants,  parfois  la  Cour  étalant  ses  splendeurs  royales 
jusque  dans  le  sanctuaire  :  un  tel  spectacle  devait  produire  sur 
l'esprit  des  peuples  une  impression  de  grandeur  et  de  majesté, 
que  nous  ne  connaissons  plus.  Plus  théâtrale  que  symbolique  était, 
il  est  vrai,  la  liturgie  parisienne  :  on  peut  dire  d'elle  ce  que  l'on  a 
dit  de  beaucoup  d'œuvres  d'art  nées  en  même  temps  qu'elle  : 
trop  vantée  jadis,  trop  décriée  plus  tard.  Etudions-la  (n'est-elle 
pas  une  manifestation  de  la  vie  capitulaire  ?)  non  pas  dans  la 
lettre  morte  des  livres,  mais  ressuscitée  dans  le  chœur  même 
où  elle  naquit  en  1703  et  où  elle  vécut  pendant  plus  de  cent 
cinquante  ans. 

Le  chœur  de  Notre-Dame  était,  en  1790,  à  peu  près  tel  qu'il 
est  aujourd'hui.  Les  deux  grandes  stalles  à  baldaquin  se  trou- 
vaient à  l'autre  extrémité,  près  le  sanctuaire;  la  suite  des  stalles 
se  continuait  dans  les  trois  travées  et,  derrière  les  chapelles 
de  la  sainte  Vierge  et  de  saint  Denis,  se  fermait  en  un  demi- 
cercle,  coupé  au  milieu  par  la  grande  porte  en  fer  forgé  donnant 
sur  la  nef.  On  comptait  alors  soixante-six  stalles  supérieures 
et  quarante-huit  stalles  basses.  La  grande  stalle,  placée  à  gauche, 
c'est-à-dire  du  côté  de  l'Epître,  servait  de  trône  archiépiscopal; 
l'autre  en  face,  établie  pour  garder  la  symétrie,  n'était  utilisée 
que  pour   les   discours   synodaux.    Depuis   1782,    année  où  l'on 


LES  RÉUNIONS  CAPITULAIRES.  83 

supprima  la  distinction  entre  les  stalles  *  ordinaires  et  les  stalles 
de  dignité2,  le  Doyen  occupait  toujours  la  première  stalle  près 
de  la  porte  de  fer  du  même  côté  que  la  stalle  archiépiscopale, 
le  Chantre  la  première  stalle  à  gauche  de  la  même  porte  ;  le 
Chancelier  la  première  à  côté  de  l'Archevêque,  le  Pénitencier  la 
première  à  côté  de  la  chaire  synodale.  Les  autres  chanoines  se 
rangeaient  ensuite  juxta  reùeptionis  ordinem.  Si  Ton  se  plaçait 
au  chœur  online  inverso,  ce  qui  arrivait  quand  les  cérémo- 
nies se  faisaient  à  la  chapelle  de  la  Sainte- Vierge  ou  dans  le 
haut  de  la  nef,  les  plus  anciens  chanoines  se  plaçaient  dans  le 
sens  contraire,  c'est-à-dire  que  M.  le  Doyen  se  trouvait  dans 
la  première  stalle,  à  côté  du  trône,  à  droite;  M.  le  Chantre 
dans  la  première  stalle  en  face,  et  MM.  les  Dignitaires  et  cha- 
noines à  leur  rang  de  dignité  et  d'ancienneté  en  gardant  le  côté 
qu'ils  occupent  au  chœur.  A  la  suite  des  derniers  chanoines 
dans  les  ordres  sacrés,  quel  que  soit  l'ordre  tenu  au  chœur, 
venaient  les  vicaires  perpétuels,  les  chanoines  de  Saint-Jean  le 
Rond  et  de  Saint-Denis  du  Pas;  les  stalles  basses  étaient  oc- 
cupées par  les  ecclésiastiques  des  églises  sujettes,  quand  ils 
assistaient  aux  offices,  les  bénéficiers,  chapelains,  gagistes;  puis 
in  piano  étaient  rangés  les  escabeaux  des  enfants  de  chœur 
et  des  chanoines  mineurs.  Au  milieu  du  chœur,  était  placée  la 
Banque  des  chantres,  devant  laquelle  l'Aigle  déployait  majes- 
tueusement ses  ailes. 

L'Aigle  tenait  une  trop  grande  place  dans  l'ancienne  liturgie  3 
pour  que  nous  ne  disions  pas  un  mot  de  ce  chef-d'œuvre  du 
fondeur  Du  Plessis,  qui  l'exécuta  au  Louvre  en  1755.  Voici  la 
description  qu'en  donne  M.  le  chanoine  de  Montjoie,  dans  son 
livre  des   Curiosités  de  l'Eglise  de  Paris  '*.   «  L'Aigle  qui  est 

1.  A  Notre-Dame,  on  disait  et  on  écrivait  «  un  stal  ». 

2.  Pour  les  places  au  chœur,  cfr.  Concl.  cap.,  ll'ù  et  1782;  Curiosités  de  l'Église 
de  Paris,  et  différentes  notes.  .4.  X.  L.  527.  Quand  MM.  les  Dignitaires  étaient 
i  leurs  stalles  ordinaires,  les  assistants,  voyant  les  stalles  de  Dignités  inoccupées, 
s'imaginaient  que  les  titulaires  étaient  absents.  Pour  éviter  ces  inconvénients,  on 
supprima  la  distinction. 

:!.  Cfr.  les  Rubriques  du  Missel  de  M.  de  Vintimille,  particulièrement  sur  le  mode 
de  chanter  le  Graduel,  le  Trait  etPAUeluia. 
1.  Page  76.  Utn*  Conclusion  capitulaire  de  1753  nous  apprend  que  le  Chapitre 


84  LE  CHAPITRE  DE  .NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

au  milieu  du  chœur  est  d'une  forme  triangulaire  et  a  sept  pieds 
et  demi  de  haut;  il  est  posé  sur  un  bloc  de  marbre  de  bleu 
turquin  :  les  trois  Vertus  Cardinales,  qui  sont  assises  sur  sa 
base  avec  leurs  attributs,  sont  de  bronze;  la  tige  est  d'un  cuivre 
poli,  représentant  à  chaque  face  une  lyre  en  relief,  ornée  de 
guirlandes  de  fleurs;  au-dessous  sont  des  têtes  ailées  de  ché- 
rubins  :  sur  cette  tige  est  posé  un  Globe  terrestre,  sur  lequel 
on  voit  les  différentes  parties  du  monde,  représentées  en  relief; 
et  au-dessus  s'élève  un  Aigle  déployé  pour  soutenir  le  Livre. 
L'art  et  la  délicatesse  s'y  font  admirer  et  surpassent  la  na- 
ture. »  Il  fut  offert  au  Chapitre  par  M.  Charles  de  la  Grange- 
Trianon,  chanoine,  abbé-baron  de  Saint-Sevère  et  conseiller 
au  Parlement.  Ses  armes  étaient  représentées  sur  le  pied  de 
l'Aigle  ainsi  que  celles  de  M.  Raguier,  qui  avait  donné  l'ancien 
lutrin. 

L'été,  c'est-à-dire  depuis  Pâques  jusqu'à  la  Saint-Cerboney, 
17  octobre  *,  les  chanoines  portaient  le  surplis  à  larges  manches, 
l'aumusse  grise  et  le  bonnet  carré2;  le  reste  de  l'année,  ils  se 
revêtaient  de  l'habit  de  chœur  d'hiver,  qui  se  composait  du 
rochet,  de  la  chape  en  drap  noir  et  d'un  camail  avec  capuchon 
se  rabattant  sur  la  tête.  Quelques  usages  peu  convenables  s'é- 
taient introduits,  vers  la  fin  du  xvnP  siècle,  dans  la  tenue  du 
chœur  :  pour  se  garantir  l'hiver  de  la  rigueur  du  froid,  les  pru- 
dents chanoines  n'avaient  trouvé  rien  de  mieux  que  de  venir 
à  Matines  en  bonnet  de  nuit.  Le  Chapitre  comprit  le  ridicule 
d'une  telle  coiffure  ;  mais  l'interdire  radicalement  aurait  pu  effa- 
roucher quelques  tempéraments  trop  délicats.  On  suspendit 
l'usage  des  bonnets  de  nuit  seulement  pendant  les  fêtes  de  Noël, 
à  cause  du  plus  grand  concours  de  peuple. 

Tous  les  dimanches,  les  fêtes  chômées  et  dans  les  circonstances 

demanda  qu'on  donnât  à  l'Aigle  <•  un  vernis  couleur  or  ».  En  1780,  quand  M.  de 
la  Fage  le  fit  réparer  à  ses  frais,  oh  lui  donna  une  teinte  gris-vert.  Cl'r.  Concl. 
capit. 

1.  Le  peuple  de  Paris  avait  fait  sur  ce  saint  un  curieux  calembour.  Voyant 
dans  toutes  les  églises  les  ecclésiastiques  laisser  le  jour  de  sa  fête  le  bonnet  carré 
pour  le  remplacer  par  le  capuchon  du  camail,  il  l'appela  saint  Serre-Bonnet  ! 

~.  Voir  l'image  d'un  chanoine  de  Paris,  placée  entête  de  cet  ouvrage. 


OFFICES  ET  CEREMONIES.  80 

extraordinaires,  le  Chapitre  apparaissait  aux  offices  dans  toute 
sa  majesté.  Le  Doyen,  le  Chantre,  l'Archidiacre  de  Paris  et  les 
chanoines  conseillers-clercs  au  Parlement  revêtaient  la  robe 
d'écarlate;  les  autres  Messieurs,  la  soutane  violette  avec  pare- 
ments rouges1.  La  question  des  robes  rouges  souleva  bien  des 
différends  au  Chapitre  et  revenait  périodiquement  animer  les  dis- 
cussions. En  1674,  un  chanoine2  pour  les  apaiser  proposa  tout 
simplement  de  les  donner  à  tous  les  Messieurs  et  écrivit  à  ce 
sujet  un  curieux  mémoire.  En  voici  le  préambule  :  «  Il  y  avait 
dans  l'antiquité  des  jeux  publics  qu'on  ne  célébrait  que  de 
cent  ans  en  cent  ans.  Tous  ceux  qui  s'y  trouvaient  ne  les  avaient 
jamais  veus  et  apparemment  ne  les  devaient  jamais  revoir.  C'est 
pourquoy,  avant  que  de  les  commencer,  on  criait  :  «  Yenite  ad 
ludos  sseculares  quos  nemo  vidit  unquam  nec  visurus  est.  »  Je 
ne  sais,  Messieurs,  ce  qui  arrivera  dans  la  suite  du  temps  de 
l'affaire  des  robes  rouges  pour  laquelle  vous  êtes  présentement 
assemblés.  Mais  c'est  une  chose  assez  remarquable  qu'il  y  a 
aujourd'hui  justement  cent  ans  que  la  même  question  fut  proposée 
dans  cette  compagnie  et  qu'elle  y  fut  agitée  durant  trois  mois 
avec  beaucoup  de  chaleur  et  de  contestation.  »  Malgré  les  bonnes 
raisons  de  l'érudit  chanoine,  les  choses  en  restèrent  là  et  la 
distinction  fut  maintenue. 

Si  nous  pouvions  revoir  le  chœur  de  Notre-Dame  un  jour  de 
fête,  par  exemple  le  jour  de  l'Assomption  de  l'an  1789!  Nous 
possédons  assez  de  documents  pour  photographie/-,  à  cent 
quinze  ans  de  distance,  la  cérémonie  qui  va  se  dérouler  majes- 
tueusement devant    nous. 

L'archevêque,  M.  de  Juigné,  est  à  son  trône,  drapé  de  pentes 
et  de  rideaux  en  velours  cramoisi  à  crépines  d'or';  ses  vi- 
caires généraux,  chapelains,  officiers,  écuyers  sont  autour  de 
lui  pour  le  servir.  La  croix  archiépiscopale  domine  ce  groupe 
place  au    haut    du  chœur,  à   droite.   Dans  les   stalles,  de  nom- 

1.  Ces  robes  étaient   en  soie  l'été,  en  drap  l'hiver.  Cfr.  Inventaire  de  M.   Le- 
moine.  Arch.  Nat.  Z-  3133. 
•2.  Rapport  de  M.  Gaudin.  A.  X.  L.  521-134. 

3.  A  la  mort  de  l'archevêque,  la  garniture  de  son  trône  appartenait  à  l'église. 


86  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

breux  chanoines  étalent  leur  costume  d'apparat  :  soutanes 
rouges  et  violettes,  fins  surplis,  aumusses  de  petit-gris.  A  côté 
d'eux  et  au-dessous,  sont  tous  les  bénéficiers  de  l'Eglise  avec 
leurs  aumusses  noires.  M.  le  Bailli  du  Chapitre1,  le  Procureur  et 
les  Officiers  de  Justice,  revêtus  de  la  robe  du  Palais,  occupent 
leurs  stalles  respectives,  ainsi  que  les  quatre  marguilliers-lais. 
A  la  grande  porte  du  chœur,  vous  êtes  arrêtés  par  la  compagnie 
des  Francs-Sergents,  tandis  que  la  garde  des  deux  portes  laté- 
rales est  laissée  aux  Petits-Huissiers. 

Puis  quel  cadre  pour  la  cérémonie  qui  va  commencer!  Le 
chœur  de  Notre-Dame  est  encore  enrichi  des  libéralités  de 
Louis  XIV  et  de  Louis  XV.  Les  bronzes  des  pilastres,  de  l'au- 
tel, des  balustres,  redorés  aux  frais  de  M.  de  la  Fage  en  1780, 
brillent  encore  de  tout  leur  éclat2;  le  maître-autel,  en  marbre 
d'Egypte,  est  chargé  de  sa  merveilleuse  garniture,  due  au  cé- 
lèbre Caffiéri.  Une  petite  statue  de  Notre-Dame,  en  vermeil, 
placée  au  bas  de  la  croix,  sourit  avec  sa  grâce  moyenâgeuse 
au  milieu  de  ce  somptueux  décor  de  style  grec.  Deux  grands 
lampadaires  brûlent  de  chaque  côté  sur  la  balustrade  du  sanc- 
tuaire. Enfin  six  tapis  de  la  manufacture  royale  de  la  Savon- 
nerie 3  couvrent  le  riche  pavé  depuis  l'autel  jusqu'au  bas  du 
chœur. 

Les  plus  beaux  vases  sacrés,  nécessaires  à  la  cérémonie,  sont 
sortis  du  Trésor.  Pour  la  procession,  qui  doit  se  faire  avant  la 
messe,  on  a  préparé  la  grande  croix  d'or,  rehaussée  de  pierreries 
de  différentes  couleurs,  et  dont  une  partie,  disait-on,  était  l'œu- 
vre de  saint  Éloi.  La  riche  médaille  d'or  émaillé,  représentant 
saint  Michel  et  donnée  par  le  duc  de  Rerri  en  140G,  y  a  été 
suspendue.  Près  de  Faute],  sont  déposés  les  deux  livres  d'Epî- 
tres  et  d'Évangiles.  Le  premier  est  de  vermeil,  ayant  d'un  côté, 

1.  La  stalle  de  M.  le  Bailli  était  ù  main  droite  en  entrant,  au-dessous  de  celle 
du  Doyen.  Concl.  cap.  1705. 

2.  Cette  même  année.  M.  de  la  Fage  fit  réparer  encore  l'aigle  et  le  pavé  de  la 
nef  et  du  sanctuaire  et  blanchir  <■  toutes  les  parties  extérieures  et  visibles  de  l'église. 
excepté  les  bas-côtés  et  les  chapelles  du  chœur  ».  Cfr.  Concl.  cap. 

3.  Cinq  de  ces  tapis  avaient  été  donnés  par  Louis  XV  au  Chapitre  de  Notre- 
Dame  en  1771:  le  sixième  fut  payé  en  partie  par  le  roi  Louis  XVI  et  en  partie  par 
les  chanoines.  Cfr.  Inventaire  de  ill'O. 


OFFICES  ET  CÉRÉMONIES.  87 

dans  le  milieu  la  naissance  de  la  sainte  Vierge  et,  de  l'autre, 
son  couronnement  ;  aux  quatre  coins  de  chaque  côté  sont  repré- 
sentés les  Pères  de  l'Église,  saint  Augustin,  saint  Ambroise, 
saint  Jérôme  et  saint  Jean-Chrysostome.  Le  livre  des  Evangiles 
est  aussi  de  vermeil;  sur  un  côté,  on  voit  le  Christ  au  Calvaire, 
et,  sur  l'autre,  Notre-Seigneur  montant  au  ciel.  Les  angles 
sont  décorés  du  buste  des  quatre  évangélistes  et  le  dos  d'orne- 
ments fort  délicats.  Sur  la  crédence  est  posé  le  calice  dit  de 
Noailles,  l'instrument  de  paix  en  or  ainsi  que  le  bassin  et  les 
burettes  de  vermeil,  donnés  en  1G97  par  M.  le  chanoine  Petit- 
pied.  Sur  la  table  de  l'autel  sont  dressés  les  canons  de  vélin 
enrichis  de  miniatures  admirables  et  placés  dans  des  cadres  d'ar- 
gent avec  ornements  dorés. 

L'archevêque  s'avance  vers  l'autel  pour  commencer  la  messe, 
assisté  de  MM.  Lucas  et  de  Reclesne  qui  remplissent  l'office  de 
diacre  et  de  sous-diacre;  les  six  induts  leur  font  cortège;  le  spé 
porte  son  soc  pour  soutenir  tout  à  l'heure  la  patène  devant  l'au- 
tel; quatre  enfants  de  chœur,  revêtus  de  tuniques,  tiennent  des 
flambeaux.  Les  officiants  sont  parés  de  l'ornement  dit  <  de  la 
Ville  »,  qui  fut  offert  à  Notre-Dame  par  les  Echevins  en  1765  à 
l'occasion  du  baptême  de  la  cloche,  nommée  Thibault.  Il  est  en 
drap  d'or  avec  bouquets  de  soies  nuancées.  Il  ne  sert  qu'aujour- 
d'hui1. Pendant  que  la  fonction  se  poursuit  à  l'autel,  M.  Du- 
gué,  le  maître  de  chapelle,  entraîne  ses  musiciens  dont  les 
mélodies,  jugées  trop  théâtrales  par  les  contemporains,  alternent 
avec  le  grave  plain-chant,  que  modère  M.  le  Grand-Chantre,  assis 
à  la  «  Bancque  »,  revêtu  d'une  chape  précieuse,  tenant  en  main 
son  bâton  cantoral  et  assisté  de  deux  bénéficiers. 

11  faut  dire  que  le  Chapitre  apportait  un  soin  jaloux  à  l'accom- 
plissement exact  de  toutes  les  cérémonies  :  les  moindres  détails 
étaient  réglés  d'avance2  et  un  tableau,  suspendu  dans  le  sanctuaire, 
selon  l'usage  immémorial  de  l'Eglise  de  Paris,  rappelait  à  chacun 


1.  Cfr.  infn'i,  page  270. 

-'.  Tout  un  carton,  aux  Archives  Nationales,  est  rempli  de  notes  prises  parles 
maîtres  de  cérémonie  en  prévision  des  offices.  Les  moindres  détails  y  sont  notés. 
.1.   V.  L.  528. 


88  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

des  membres  du  clergé  les  fonctions  qu'il  aurait  à  remplir  pen- 
dant la  semaine1.  L\>ilice  de  chaque  semaine,  dite  commune,  était 
attribué  aux  ecclésiastiques  qui  devaient  une  semaine  à  Notre- 
Dame,  d'après  un  ordre  qui  était  ainsi  établi  :  «  Tous  les  chanoines 
prêtres,  diacres  et  sous-diacres  ;  les  deux  vicaires  de  Saint-Aignan  ; 
les  deux  curés  de  Saint-Jean  le  Rond;  Saint-Denis  de  la  Chartre; 
Saint-Victor;  les  chanoines-prêtres  de  Saint-Denis  du  Pas;  Saint- 
Martin  des  Champs;  Saint-Marcel  et,  en  dernier  lieu,  les  deux 
vicairies  de  Saint-Eloi  et  de  Saint-Magloirc,  unies  depuis  à  l'ar- 
chevêché. Saint- Victor  et  Saint-Martin  des  Champs  faisaient  par 
un  de  leurs  religieux,  qu'ils  députaient  à  cet  effet,  l'eau  bénite, 
la  station  du  matin  et  la  messe  canoniale;  pour  le  reste,  ils  s'en 
remettaient  à  leurs  vicaires  perpétuels.  L'archevêque  se  faisait 
remplacer  par  son  vicaire.  Pour  les  grandes  semaines  de  Noël, 
Pâques  et  la  Pentecôte,  les  chanoines  devaient  l'office  les  trois 
premiers  jours;  les  vicaires  perpétuels  et  les  bénéficiers-prètres, 
les  derniers.  »  L'archevêque,  comme  tel,  était  tenu,  sauf  per- 
mission du  Chapitre,  à  célébrer  pontificalemcut  aux  fêtes  sui- 
vantes :  la  Circoncision,  l'Epiphanie,  la  Purification,  l'Annon- 
ciation, le  Jeudi-Saint,  le  jour  de  Pâques,  l'Ascension,  la 
Pentecôte,  la  Trinité,  la  grande  Fête-Dieu,  la  Saint-Jean,  la 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  l'Assomption,  la  Nativité,  la  Saint- 
Denis,  la  Toussaint,  la  Saint-Marcel,  lTmmaculée-Conception 
et  Noël2. 

11  était  de  principe  à  Notre-Dame  «  que  l'office  ne  doit  jamais 
manquer  ».  Pour  le  maintenir,  on  édicta  en  1770  un  règlement, 
soi-disant  provisoire,  et  qui  survécut  jusqu'à  la  fin  :  les  cha- 
noines pouvaient  oflicier  par  eux-mêmes  ou  par  les  bénéficiera- 
prêtres,  qui  sont  en  tour  de  les  suppléer;  les  autres  ecclésias- 
tiques devront  se  faire  remplacer  de  gré  à  gré,  et,  afin  de 
pourvoir  aux  cas  imprévus,  tout  pouvoir  était  donné  au  vicaire 

1.  <•  Tabula,  quae  per  quamlibet  tiebdomadam  conficitur  ad  praescribendas  func- 
tionos,  quœ  tum  a  beneficiatis  tum  a  macieotis  sunt  adimplendae.  •>  Concl.  cap., 
année  17*7. 

2.  Au  chœur,  un  chanoine  de  Paris  était  presque  un  prélat  ;  là,  il  ne  saluait  un 
évêque  <■  que  par  une  simple  inclination  de  côté  et  en  coulant  sans  se  retourner  ». 
Concl.  cap.,  1760. 


OFFICES  ET  CEREMONIES.  89 

de  M.  le  Chantre,  pour  désigner  sur-le-champ  un  remplaçant 
d'office.  Ce  règlement  passait  pour  si  important  aux  yeux  du 
Chapitre,  qu'il  le  fit  afficher,  dune  manière  permanente,  à 
l'Aigle  du  chœur.  Le  Chapitre  poussait  même  si  loin  ses  pré- 
visions sur  les  détails  des  cérémonies,  qu'il  faisait  intabuler 
chaque  semaine  quatre  Clercs  de  Matines,  à  qui  il  imposait 
l'obligation  de  se  trouver  au  chœur  avant  l'heure  de  l'office  «  pour 
soutenir  et  continuer  le  Deus  in  adjutorium  '  ». 

D'après  les  indications  des  Missel,  Bréviaire,  Processionnal 
et  Cérémonial  de  l'époque  et  un  grand  nombre  de  notes  manus- 
crites, rédigées  par  les  maîtres  de  cérémonies,  surchargées  de 
remarques  et  entrant  dans  les  dernières  minuties,  nous  avons 
pu  refaire  le  calendrier  liturgique  du  Chapitre.  Il  nous  est  im- 
possible d'entrer  dans  le  détail  de  cérémonies,  parfois  fort  inté- 
ressantes :  nous  voulons  seulement  donner  une  idée  de  la  mul- 
tiplicité des  manifestations  religieuses  tant  goûtées  de  nos 
pères,  et  montrer  comment  à  Xotre-Dame  le  cycle  liturgique  se 
développait   vers  la  iin  du  XVIIIe  siècle. 

icr  janvier.  —  La  Circoncision.  Fête  d'Archevêque.  11  n'y  a 
pas  de  Bâton2.  Après  la  messe,  Messieurs  vont  présenter  leurs 
vœux  à  M.  l'Archevêque;  ensuite  réunion  à  la  salle  du  Chapitre 
de  tous  les  chanoines,  même  honoraires  et  mineurs,  pour  s'oiïrir 
mutuellement  leurs  souhaits.  Distribution  de  la  cire  comme  étren- 
nes.  Quelques  chanoines  sont  délégués  pour  faire,  au  nom  de  leurs 
confrères,  les  visites  accoutumées. 

3  janvier.  — Fête  de  Sainte-Geneviève.  La  veille,  les  Matines 
se  chantent  à  4  heures  du  soir.  Le  jour  de  la  fête,  procession  so- 
lennelle à  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève. 

6  janvier.  —  L'Epiphanie.  Fête  d'Archevêque  et  fête  à  Bâton. 
A  la  messe.  le  diacre  annonce  la  Pâque. 

20janvier. —  Saint  Sébastien.  Procession  avec  le  Tableau, 
donné  par  Jean  duc  de  Berry. 

2  février.  —  La  Purification .  Fête  d'Archevêque  et  fête   à 


1.  Cfr.  Concl.  capit.,  année  1780. 

■J.  11  s'agit  i'-i  'lu  Bâton  de  M.  le  Chantre. 


00  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

Bâton.  Station  solennelle  après  les  premières  vêpres.  Le  jour, 
procession  à  Saint-Denis  du  Pas,  où  Ton  bénit  les  cierges.  Pen- 
dant l'octave,  station  après  les  vêpres  au  chant  du  répons  : 
Gaude  Maria.  Après  la  Purification  jusqu'au  samedi,  veille  de  la 
Passion,  on  reprend  au  chœur  roffice  de  la  Vierge. 

22  mars.  — Fête  de  la  Réduction  de  Paris  par  Henri  IV.  Pro- 
cession aux  Grands- Augustins,  où  Ton  porte  la  châsse  de  la 
Vierge  et  le  tableau  de  saint  Sébastien  au  milieu  des  archers 
de  la  ville.  L'officiant,  qui  doit  être  une  dignité,  est  invité  au 
dîner  par  le  Prévôt  des  Marchands  et  occupe  à  table  la  première 
place  à  côté  de  M.  le  Président  à  mortier,  qui  conduit  le  Par- 
lement. 

Septuagésime.  —  A  Matines,  M.  le  Chancelier  chante  la  pre- 
mière leçon  qui  est  la  Préface  de  saint  Jérôme  sur  la  Genèse. 
Après  Sexte,  sermon  par  M.  le  Théologal.  A  toutes  les  fêtes  de- 
puis la  Septuagésime  jusqu'à  la  dernière  avant  la  Quinquagésime, 
on  va,  après  Matines,  chanter  Y  Ave  Regina  devant  la  chapelle  de 
la  Vierge. 

Sexagésime.  —  Après  Sexte,  sermon  par  M.  le  Théologal. 
L'après-midi,  présentation  des  nouveaux  licenciés  au  palais 
archiépiscopal. 

Quinquagésime.  —  Jusqu'à  dix  heures  et  demie,  les  proces- 
sions des  églises  de  la  ville  arrivent  à  Notre-Dame  pour  la  dis- 
pense d'user  de  lait  et  de  beurre  pendant  le  carême.  Ellçs  font 
leur  station  dans  la  nef  et  passent  autour  du  chœur.  Le  Chapitre 
fait  ensuite  sa  procession  sur  le  parvis  par-devant  la  fontaine, 
dans  le  Cloître  le  long  des  bornes,  dans  le  cimetière  de  Saint- 
Denis  du  Pas,  par  l'archevêché.  La  vraie  croix  est  exposée  sur 
le  maître-autel.  Lundi  gras.  Messe  des  Anges.  Mardi  gras. 
Messe  de  la  Vierge,  selon  l'usage  immémorial. 

Mercredi  des  Gendres.  —  On  tend  entre  le  sanctuaire  et  la 
nef  «  un  grand  rideau  de  taffetas  cendré,  encadré  par  le  tour  d'une 
étoffe  bleue  et  cendrée1  ».  Ce  rideau  restait  étendu  pendant  les 
Heures  jusqu'au  mercredi-saint.  Messe  du  Saint-Esprit.  Absoute 

1.  Bibl.  Nat.  Inventaire  de  1790.  Bibl.  Nat.,  mss.  déjà  cit<;. 


OFFICES  ET  CEREMONIES.  91 

donnée  par  l'Archevêque.  Bénédiction  des  cendres  et  procession 
à  Saint-Denis  du  Pas. 

Carême.  —  Chaque  jour,  on  célèbre  deux  messes,  Tune  de  la 
fête  après  Tierce,  l'autre  de  la  férié,  après  None.  Messieurs,  les 
jours  de  chapitre,  ne  viennent  au  chœur  que  quand  la  première 
messe  est  commencée.  Avant  de  commencer  chaque  Heure,  les 
chanoines  baisent  leurs  stalles,  les  autres  la  terre.  11  y  a  sermon 
par  le  Prédicateur,  deux  fois  la  semaine,  le  mardi  et  le  ven- 
dredi'. 

Dimanche  des  Rameaux. —  La  veille,  Matines  à  4  heures 
du  soir.  Le  jour,  l'office  commence  vers  six  heures;  la  proces- 
sion part  en  silence,  vers  sept  heures,  pour  Sainte-Geneviève. 
On  porte  la  châsse  de  la  Sainte  Vierge.  A  l'église  de  l'abbaye, 
le  clergé  de  Notre-Dame  occupe  les  stalles  de  droite.  Bénédiction 
des  Rameaux  par  l'Archevêque.  Sermon  par  le  Prédicateur  du 
Carême.  Retour  à  Notre-Dame  par  la  rue  Saint-Étienne-des-Grez, 
la  rue  Saint-Jacques,  le  Petit-Pont  et  la  rue  Neuve-Notre-Dame. 
Il  y  a  reposoir  au  collège  des  Chollets.  Au  coin  delà  rue  de  la  Bû- 
cherie,  Monseigneur  entre  dans  la  maison  à  l'enseigne  de  La 
Tête  Noire  pour  y  prendre  les  habits  pontificaux.  Depuis  la 
suppression  du  Petit-Chàtelet,  où  se  chantait  l' Attollite portas, 
cette  cérémonie  se  fait  a  la  porte  de  l' Hôtel-Dieu  nouvellement 
construite  et  dite  par  le  passé  Salle  du  Légat.  Cette  porte  donnait 
sur  le  Petit-Pont. 

Mercredi  Saint.  —  A  la  Messe,  après  le  chant  du  Trait,  on 
ferme  le  grand  rideau  du  sanctuaire,  qui  s'ouvre  subitement 
qnand,  dans  le  chant  de  la  Passion,  le  Diacre  arrive  à  ces  paroles  : 
«  et  vélum  templl scissum  est  médium  ».  A  quatre  heures,  l'Ar- 
chevêque donne  l'absoute  du  haut  d'une  estrade  construite  à  cet 
effet.  Ténèbres'2  et  absoute  par  M.  le  Doyen. 

Jeudi  Saint.  —  Fête   à   Bâton.   Après  Sexte,   sermon  dans  la 

1.  Le  Prédicateur  était  choisi  par  le  Chapitre  d'entente  avec  l'Archevêque;  tous 
les  deux  partageaient  la  dépense  des  honoraires.  Cfr.  Concordai  entre  le  Chapitre 
et  M.  de  Gondy  du  20 septembre  i644  dans  les  «  Cond.  cap.  ». 

•2.  A  Ténèbres,  les  Lamentations  étaient  jadis  chantées  par  un  enfant  de  chœur; 
depuis  1  ?ô-2,  les  bénéficiers  les  exécutaient  «  cum  symphonià,  <jallice  basse  continue  ». 
Concl.  cap. 


92  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

nef  par  M.  le  Pénitencier.  Messe  solennelle  et  consécration  des 
Saintes  Huiles.  A  deux  heures,  ablution  de  l'autel  du  chœur,  de 
celui  de  la  Sainte-Vierge  et  de  Saint-Denis.  Les  enfants  de  chœur 
vont  chanter  le  Mandatant  de  l'Archevêque.  A  la  sacristie,  le 
Doyen  bénit  les  échaudés  et  le  vin,  qui  doivent  servir  au  clergé 
pour  sa  collation  du  lendemain.  Au  chœur,  chant  de  l'Evangile  de 
la  Cène.  Sermon  par  le  Prédicateur.  Réunion  de  tout  le  clergé 
au  chapitre  pour  la  cérémonie  de  la  Cène.  D'abord  le  Doyen  lave 
les  pieds  aux  enfants  de  chœur,  puis  il  bénit  du  pain,  coupé  en 
petits  morceaux  dans  une  corbeille,  et  du  vin  dans  une  coupe, 
formée  d'une  calebasse  antique  montée  en  argent.  Le  clerc  de  M.  le 
Chantre  présente  à  chacun  un  morceau  de  pain  «  gros  comme 
une  fève  »,  et  un  bénéficier  passe  la  coupe  à  laquelle  tous  boivent, 
pendant  qu'un  lecteur  lit  le  chapitre  XIIIe  de  saint  Jean,  à  partir 
de  ces  mots  :  «  non  est  servus  major  ».  Ténèbres  à  quatre 
heures. 

Vendredi  Saint.  —  Office  à  sept  heures  et  demie.  La  céré- 
monie de  l'adoration  de  la  Croix  est  fort  solennelle,  presque  dra- 
matique. 

Samedi  Saint.  —  Le  soir,  motet  à  l'autel  de  la  Sainte-Vierge, 
qui  attire    à  Notre-Dame  une  afiluence    considérable  '. 

Pâques.  —  Fête  d'Archevêque  et  fête  à  Bâton.  A  deux  heures, 
sermon  et  compliment  du  Prédicateur  à  M.  l'Archevêque.  Vêpres, 
procession  à  Saint-Denis  du  Pas.  Pendant  les  fêtes  de  Pâques, 
quatre  bénéficiers  en  aubes  assistent  aux  offices,  ils  sont  appelés 
les  Maries  ou  les  Alléluia . 

Lundi  de  Pâques.  —  Fête  de  M.  le  Chantre.  A  dix  heures, 
le  Prédicateur  clôture  sa  station  et  fait  ses  compliments  à  Mes- 
sieurs du  Chapitre. 

"Vendredi  de  Pâques.  —  Fête  de  l'expulsion  des  Anglais.  Messe 
solennelle,  chantée  à  la  chapelle  de  la  Vierge  par  le  clerc  de 
M.  le  Chantre. 

1er  mai.  —  Procession  à  l'église  de  Sainte-Madeleine  de  la 
Ville-l'Evêque. 

1.  Les  frais  de  ce  motet  s'élevèrent  jusqu'à  4001.  en  1785.  Concl.  cap. 


OFFICES  ET  CEREMONIES.  93 

Les  Rogations.  —  Le  jour  de  saint  Mare,  station  à  Saint-Paul 
et  messe  à  Saint-M erry ;  —  le  lundi,  Prime  à  quatre  heures  du 
matin;  à  six  heures,  départ  pour  Montmartre.  En  passant  sur  le 
Pont-au-Change,  le  semainier  entre  dans  une  maison  pour  bénir 
la  Seine;  —  le  mardi,  station  à  Notre-Dame  des  Champs,  qui  se 
fait  en  la  chapelle  des  Carmélites  du  faubourg  Saint-Jacques; 
—  le  mercredi,  Prime  à  cinq  heures  ;  stations  à  Saint-Victor  et  à 
Saint-Marcel;  messe  à  Sainte-Geneviève. 

L'Ascension.  —  Fête  d'Archevêque  et  fête  à  Bâton.  Un  des 
jours  précédents,  Messieurs  les  Orfèvres  demandent  au  Chapitre 
l'autorisation  de  descendre  et  de  porter  la  châsse  de  saint  Marcel. 
La  veille,  Matines  à  quatre  heures.  Le  matin,  à  huit  heures,  pro- 
cession générale  autour  de  la  Cité;  les  quatre  églises,  filles  du 
Chapitre,  et  les  quatre  églises,  filles  de  l'Archevêque,  y  assistent 
en  chapes.  On  sort  la  châsse  de  la  Sainte  Vierge,  les  orfèvres 
portent  celle  de  saint  Marcel. 

Pentecôte  et  samedi  de  la  Trinité.  —  Fête  d'Archevêque. 

Fête-Dieu-  —  A  huit  heures,  la  procession  fait  un  tour  dans 
la  cité  sans  se  reposer  '.  En  1789,  elle  suivit  l'itinéraire  sui- 
vant :  rue  Neuve-Notre-Dame,  du  Marché-Pallu,  de  la  Barillerie, 
de  la  Vieille-Draperie,  de  la  Juiverie,  rue  Neuve-Notre-Dame.  Le 
jour  de  l'Octave,  procession  à  l'intérieur  de  l'église. 

Processions  de  l'Été.  —  Le  troisième  dimanche  après  la 
Pentecôte,  au  Saint-Sépulcre;  le  29  juin,  à  Saint-Pierre  aux 
Bœufs;  le  30  juin,  à  Saint-Paul;  le  4  juillet,  à  Saint-Martin  des 
Champs  ;  le  il  juillet,  à  Saint-Benoit  ;  le  21  juillet,  à  Saint-Victor; 
le  dimanche  après  le  22  juillet,  à  la  Madeleine  en  la  Cité;  le 
31  juillet,  à  Saint-Germain  l'Auxerrois;  le 3  août,  k  Saint-Etienne 
des  Grez'2;  le  10  août,  six  bénéfîciers  vont  chanter  la  messe  à 
Saint-Laurent;   le  24  août,  procession  à    Saint-Barthélémy;    le 

1.  Depuis  1788,  aces  deux  processions,  le  dais  était  porté  par  les  prêtres  du  sé- 
minaire des  Lombards.  En  remerciaient,  le  Chapitre  lit  verser  à  M.  d'Argent,  vi- 
caire général  et  commissaire  pour  les  Prêtres  lombards,  la  somme  de  300  1.  pour 
contribuer  à  la  souscription  ouverte  en  faveur  de  leur  collège.  A .  .\  .  Reg.  cap.,  1788. 

-.'.  Cette  procession  fut  fondée  en  1050  par  le  roi  de  France,  Henri  Ir,  qui  donna  à 
Notre-Dame  trois  arpents  de  vignes contigus  à  Saint-Etienne  pour  payer  les  frais  de 
la  cérémonie.  Cfr.  Necrol.  Eccl.  Parisiensis  ad  Aug.  et  Lebœuf,  t.  I.  p.  232.  La  sta- 
tion à  Saint-Benoit  datait  de  la  même  époque.  Ibid.,  p.  211. 


94  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

27  août,  à  Saint-Merry;  le  27  septembre,  procession  dans  la  cité 
avec  les  châsses  de  saint   Corne  et  saint  Damien. 

L'Assomption.  —  1~>  août.  Après  Tierce,  procession  dans 
l'église  et,  en  rentrant  au  chœur,  chant  ad  aquilam  du  psaume 
Deus  judicium  tuum  regida.  Après  Complies,  procession  dans 
la  cité  avec  la  châsse  et  la  statue  de  la  Sainte  Vierge  ;  à  cette 
procession  assistent  le  Parlement,  la  Cour  des  Comptes  et  des 
Avdes,  Messieurs  de  la  Ville  et  les  quatre  églises  sujettes;  au 
retour,  station  à  la  chapelle  de  la  Sainte  Vierge  *. 

Nativité.   —  8  septembre.  Fête  d'Archevêque  et  fête  à  Bâton. 

Saint-Michel.  —  29  septembre.  A  l'offertoire,  encensement 
solennel-  de  l'autel  par  deux  bénéficiers-prètres  et  deux  enfants 
de  chœur. 

Toussaint.  —  Fête  d'Archevêque  et  fête  à  Bâton.  Après  les 
Vêpres,  procession  avec  le  tableau  de  saint  Sébastien. 

Les  Morts.  —  Avant  la  messe,  procession  au  cimetière  de 
Saint-Denis  du  Pas. 

Avent.  —  Le  premier  et  le  quatrième  dimanche,  à  9  heures  1/2, 
sermon  par  le  Théologal. 

O  de  Noël.  —  Pendant  le  chant  de  l'O,  le  Chantre  tient  son 
Bâton;  le  chefcier  distribue  des  chandelles  à  tout  le  clergé 
présent. 

Noël.  —  L'Archevêque  officie  aux  trois  grand'messes.  A  la 
messe  de  minuit,  le  chœur  est  éclairé  par  deux  torches  en  fer- 
blanc  doré  et  l'église  par  28  bras  de  lumière  2. 

Saint- Etienne.  — ■  Le  premier  chanoine-diacre  entonne  les 
antiennes. 

Saint-Jean.  —  Fête  de  M.  le  Doyen.  Il  donne  à  chaque  clerc 
du  chœur  5  sols. 

Saints-Innocents.  —  Deux  petits  enfants  de  la  Maîtrise 
portent  chape,  aumusse  et  bonnet  carré.  Ils  font  choristes  aux 
oilices  3. 

1.  Cérémonial  de  M.  de  NoaUles,  1703.  Bibliothèque  municipale  de  la  cille  de 
Paris. 

■2.  Cir.  Inventaire  de  1790.  Bibl.  Xat.  mss. 

3.  En  1751,  le  Chapitre  prit  une  conclusion  abolissant  cet  usage.  Mais  la  coneki- 
siona  été  depuis  biffée  dans  le  registre,  ce  qui  fait  supposer  que  Tusage  a  été  main- 


LA  JURIDICTION  DU  CHAPITRE.  9b 


111 


Le  Chapitre,  étant  un  corps  ecclésiastique  et  en  même  temps 
le  propriétaire  d'immenses  domaines  et  de  fiefs  nombreux,  jouis- 
sait de   la  double  juridiction  temporelle  et  spirituelle. 

La  juridiction  judiciaire  du  Chapitre  s'appelait  la  Tempora- 
lité. A  Paris,  son  premier  tribunal,  auquel  tous  les  autres,  lui 
appartenant,  ressortissaient,  était  la  Barre  du  Chapitre,  sise 
au  Goitre  Notre-Dame  en  l'Auditoire  '.  Ce  tribunal,  ayant  haute, 
moyenne  et  basse  justice,  possédait  dans  son  ressort  le  Cloître, 
le  Terrain,  le  Parvis2  et  l'intérieur  de  l'Eglise.  Le  Chœur  de  Xotre- 
Dame  offrait  cette  particularité,  que,  pour  la  juridiction,  il  était 
divisé  en  trois  parties.  Depuis  le  fond  avec  le  maître-autel  et  son 
circuit,  jusqu'au  bas  des  marches,  il  appartenait  à  la  juridiction 
de  l'Archevêque;  depuis  les  mêmes  marches  jusqu'au  trône  de 
l'Archevêque  d'un  côté  et  à  la  chaire  synodale  de  l'autre,  il  y  avait 
prévention  entre  la  justice  de  l'Archevêque  et  celle  du  Chapitre, 
et,  en  cas  de  concurrence,  ces  deux  justices  agissaient  de  con- 
cert; enfin  la  troisième  partie,  c'est-à-dire  depuis  la  grande  porte 
du  chœur,  du  côté  de  la  nef,  jusqu'au  bout  des  stalles  du  Chance- 
lier et  du  Pénitencier,  appartenait  à  la  juridiction  capitulaire. 

Les  officiers  de  justice  de  la  barre  du  Chapitre  sont  indiqués 
comme  il  suit  sur  YAlmanach  royal  de  1790  : 

M.  Douet  d'Arcq,  Bailli  :i,  avocat  au  Parlement,  Cloitre  Notre- 
Dame; 

M.  Cothereau,  avocat-lieutenant,  Cloitre  Notre-Dame  ; 

M.  Doulcet,  avocat  procureur  fiscal,  Cloitre  Notre-Dame; 

M.  de  Gaulle,  greffier,  rue  Saint-Jacques; 


tenu.  .4.  A'.  LL.  2322*.  l>aus  l'ornement  donné  par  le  roi.  en  1768,  sonl  comprises 
deux  petites  chapes  rouges  pour  les  enfants  de  chœur,  Cet  ornemenl  servait  le 
Jour  des  Saints-Innocents,  Cfr.   infrà  page  271. 

1.  Cfr.chapitre  II,  p.  71. 

•..'.  Quand  on  réédifia  la  Grande-Porte  du  Cloitre  <'ii  1751,  le  Chapitre  recommanda 
à  M.  l'Agent  des  Affaires  de  bien  veiller  ;ï  la  conservation  des  pavés,  servant  à  in- 
diquer les  limites  de  sa  juridiction, 

o.  Appelé  aussi  Chambrier-lai. 


96  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

M.  Crofly,  huissier-priseur,  rue  Froidmanteau  ; 

M.  Fauveau,  huissier-appariteur,  Cloître  Notre-Dame. 

Les  audiences  se  tenaient  tous  les  lundis,  à  trois  heures  de  rele- 
vée, en  l'Auditoire,  Cloître  et  près  le  puits  Notre-Dame. 

En  plus  de  la  barre  du  Chapitre,  les  chanoines  possédaient  une 
autre  justice  à  Paris,  la  Prévôté  de  la  Villette-Saint-Laurent  ',  et 
vingt-six  bailliages,  prévôtés  et  justices  dans  les  localités  dont  les 
noms  suivent  : 

Bailliages  d'Aubergenville  et  d'Ayencourt. 

Prévotés d'Andrézy,  Epône  en  partie2,  Bagneux,-Belloy  et  Fon- 
tenelles,  Chevilly  et  Bourg-la-Reine  en  partie 3,  Corbereuse,  Damart 
en  partie  4,  Fontenay-aux-Roses  en  partie5,  Herblay,  Itteville,  Lar- 
chant,  Machaut  ,;.  Mézières,  Mons-sur-Orge,  Ablon,  Orly,  Outre- 
bois, Rosoy-en-Brie,  Sucy,  Touquin,  Viry-Noureuil  et  Sénicourt, 
Vitrv-sur-Seine  en  partie  et  \Yissous  ". 

Justices  à  Compans  et  Epiais. 

Dans  ces  chefs-lieux,  la  justice  était  rendue,  au  nom  du  Chapitre, 
par  un  prévôt  8,  sauf  à  Aubergenville  et  Ayencourt,  où  l'officier 
avait  le  titre  de  bailli,  qui  prononçait  son  jugement  sur  les  réqui- 
sitoires du  procureur  de  justice,  procurator  ad  lites  ou  pro- 
curator  judicii  et  du  procureur  fiscal0.  Ces  deux  emplois  n'étaient 

1.  La  Prévôté  de  la  Villette-Saint-Lazare  appartenait  aux  Prêtres  de  la  Mis- 
sion. La  geôle  était  commune  aux  deux  prévôtés. 

2.  La  Prévôté  d'Epône  sur  les  fiels  de  Saint-Nicaise,  Bréval,  Velannes  et  la  Ville- 
neuve appartenait  à  M.  Hérault.  Cette  Prévôté,  ainsi  que  celle  de  Mézières,  était 
unie  au  Bailliage  d'Aubergenville.  Arch.  Nat.  Z2. 

3.  L'autre  partie  de  lajustice  de  Bourg-la-Reine  appartenait  au  marquis  de  Livry 
et  à  M.  Le  Comte,  notaire  et  secrétaire  du  Roi.  Ibid. 

4.  Avec  les  abbé  et  religieux  de  Lagny.  Ibid. 

5.  Le  Bailliage  était  à  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  et  les  deux  autres  justices 
aux  abbayes  de  Sainte-Geneviève  et  de  Saint-Germain  des  Prés.  Ibid. 

6.  Le  prévôt  de  Machau  était  aussi  prévôt  de  Vernon  et  de  Villaroche.  Ibid. 

?.  Nous  rappelons  qui'  M.  le  Doyen  possédait  la  prévôté  du  fief  décanal  à  Mon- 
treuil-sous-Bois.  situé  à  la  Pissotte. 

8.  «  Le  prévôt  est  juge  ordinaire  civil,  criminel  et  de  police  de  la  Prévôté  de  N... 
pour  Messieurs  les  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  seigneurs  haut- 
justiciers  desdits  lieux.  »  Cl'r.  Concl.  cap.  1703. 

9.  En  1763,  les  procureurs  fiscaux  demandent  au  Chapitre  des  poids  de  cuivre  pour 


LA  JURIDICTION  DU  CHAPITRE.  97 

pas  toujours  séparés,  et,  dans  la  plupart  des  prévôtés,  le  pro- 
cureur fiscal  remplissait  aussi  les  fonctions  de  procureur  de  jus- 
tice. Les  honoraires  de  ces  magistrats  étaient  payes  par  les  fer- 
miers des  domaines  du  Chapitre  et  par  une  partie  des  amendes 
infligées  aux  délinquants  l. 

Comme  nous  l'avons  dit,  les  parties  pouvaient  en  appeler  do 
jugements  rendus  par  ces  justices  secondaires  à  la  barre  du  Cha- 
pitre :  si  elles  poursuivaient  l'affaire,  celle-ci  était  ensuite  portée 
directement  à  la  Grande  Chambre  du  Parlement.  Quelquefois  le 
Chapitre,  en  séance  capitulaire,  usant  personnellement  de  son 
droit  souverain  de  judicature,  confirmait  les  jugements,  diminuait 
les  amendes,  relaxait  les  prisonniers 2.  Mais  ceux-ci  n'attendaient 
pas  toujours,  pour  sortir  de  prison,  les  bonnes  grâces  de  Mes- 
sieurs ;  si  l'on  en  juge  par  les  faits  relatés  dans  les  Conclusions 
capitulaires,  les  geôles  du  Chapitre  n'étaient  pas  des  plus 
sûres  et  les  évasions  fréquentes  des  détenus  étaient  moins  aventu- 
reuses que  d'autres  évasions  célèbres  de  cette  même  époque  :!. 

Le  Bailli  du  Chapitre  faisait  la  police  de  la  foire  aux  jambons, 
qui  se  tenait  alors  sur  le  parvis  Notre-Dame.  Accompagné  de 
maîtres-charcutiers,  qu'il  s'adjoignait  pour  la  circonstance,  il 
visitait  les  étaux  et  confisquait  les  viandes  gâtées,  qu'il  fai- 
sait couper  et  jeter  à  la  Seine,  sans  préjudice  de  l'amende  qui 


pouvoir  vérifier  ceux  dos  marchands  épiciers,  boulangers,  bouchers  et  autres  où  ils 
doivent  se  présenter.  Cfr.  Concl.  capit. 

1.  Les  redevances  étaient  ordinairement  de  20  I.  pour  le  prévôt  et  de  15  1.  pour  le 
procureur  fiscal.  Cfr. Décl.  générale  du  Chap.  Arcb.  Nat.  S.  160.  Les  amendes,  infligées 
parle  jug<',  servaient  non  seulement  à  payer  le  casuel  des  officiers  de  justice,  mais 
une  parti.'  était  employée  au  soulagement  des  pauvres  et  à  l'entretien  des  audi- 
toires. Cfr.  Concl.  capit.,  1763. 

2.  En  1787,  le  Chapitre  réduità  2  livres  l'amende  prononcée  pari.'  Bailli  d'Ayencourt, 
contre  sept  hommes  pour  port  d'armes  illicites.  Le  1"  septembre  1790,  M.  de  Willat. 
vice-président  du  Directoire  de  Saint-Germain-en-Laye,écrit  au  Chapitre  pour  deman- 
derremise  d'une  amende  de  :jû  1.  au  Sr  Robe,  entrepreneur  des  Ponts  et  Chaussées, 
condamné  par  sentence  de  la  Prévôté  d'Andrésy  pour  avoir  fait  travailler  au  che- 
min d'Andrésy  à  Glatigny  le  28  mai  1789,  jour  de  Saint-Germain,  fête  patronale  de 
la  paroisse  d'Andrésy.  Usant  une  dernière  fois  de  son  droit  de  grâce,  le  Chapitre 
fait  reluise  de  l'amende.  Cfr.  Concl.  capit. 

3.  En  1786,  évasion  d'un  voleur  des  geôles  de  Bagneux;  en  1787,  la  prison  de  Cor- 
bereuse  est  jugée  si  peu  sûre  (pie  deux  cavaliers  sont  réquisitionnés  pour  y  garder 
une  fille.  Cfr.  Concl.  cap. 

CHAPITRE    DE    NOTRE-DAME    DE    PARIS.  7 


98  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

s'en  suivait.  Le  7  avril    1789,  il  dressa   sept  contraventions  '. 

Nous  devons  dire  un  mot  d'un  droit  juridique,  dont  les  chanoines 
et  bénéliciers  de  l'Église  de  Paris  étaient  en  possession  depuis 
l'année  1544,  appelé  droit  de  Committimus. 

Le  roi  François  1er,  au  mois  de  mai  de  cette  même  année,  leur 
accorda  de  pouvoir  «  intenter,  poursuivre,  faire  sentencier  et  défi- 
nir tous  et  chacun  leurs  procès  et  différends,  tant  en  demandant 
qu'en  défendant,  quelque  part  qu'ils  soient  ou  assis  ...  par  devant 
ses  amis  et  féaux  conseillers,  les  gens  tenant  les  requêtes  en  son 
palais  ».  Cette  concession,  il  i'étendit  non  seulement  aux  cha- 
noines et  bénéficiers  en  général,  mais  il  spécifia  les  privilégiés  «  et 
autres  sujets  et  as  trahit  s  à  dire  les  grandes  messes,  évangiles  et 
épîtres  au  grand  autel  d'icelle  Eglise,  comme  ils  ne  pourraient 
bonnement  poursuivre  leurs  droits  et  biens  en  particulier  par 
devant  les  juges  ordinaires,  sans  diminution,  retardement  et  dis- 
traction dudit  service  d'icelle  église  ».  Henri  II,  Louis  XIII  et 
Louis  XIV  confirmèrent  à  quatre  reprises  le  droitde  Committimus, 
particulièrement  à  l'endroit  des  chapelains  de  l'ancienne  Commu- 
nauté, auxquels  il  était  contesté2. 

Au  spirituel,  le  Chapitre  était  absolument  indépendant  :  il  ne 
relevait  que  du  Pape.  La  suscription  de  ses  Mandements  et  de 
ses  Lettres  faisait  sonner  assez  haut  cette  honorable  prérogative. 
Capîtulum  lnsignis  Ecclesiœ  Parisiensis  ad  Romanam  Ec- 
clesiam  immédiate  variante  :  sine  ullo  medid  pertinens.  C'é- 
tait, au  point  de  vue  spirituel,  comme  le  pendant  du  droit  de 
Committimus.  Le  Chapitre  savait  user  de  cette  indépendance; 
lui-même  présentait  aux  Ordres  les  Ecclésiastiques,  qui  étaient 
de  gremio  Ecclesiœ  :!,  sans  qu'ils  aient  à  obtenir  des  Lettres 
testimoniales  de  leur  Ordinaire;  il  se  disait  le  maître  absolu  du 
chœur  de  Notre-Dame  :  les  évoques  ne  pouvaient  s'y  faire  sacrer 
sans  son  autorisation  et  l'Archevêque  de  Paris  n'y  était  nulle- 
ment chez  lui.  Rome  elle-même  devait  s'étonner  des  prétentions 
d'un  Chapitre,  qui  se  glorifiait  de  ne  relever  que  d'elle,  quand 

1.  Arch.  Nat.,  IJ  3097. 

2.  Cfr.  Arch.   .Xat.,  L.  S. 

3.  Voir  le  cas  de  M.  de  Bonneval.  Concl.  cap.,  1761.  Arch.  Xat.,  LL.  231  -■'. 


LA  JURIDICTION  DU  CHAPITRE.  99 

elle  le  voyait  apposer  son  visa  sur  les  provisions  qu'  elle  donnait 
pour  les  bénéfices,  mémo  à  charge  d'âmes,  dont  il  étaitle  collateur  '. 

Cette  indépendance  le  faisait  son  propre  curé.  On  le  trouve, 
presque  à  chaque  séance  capitulaire,  dans  l'exercice  de  cette  au- 
torité curiale.  Le  cas  le  plus  curieux  de  cette  juridiction  se  pro- 
duisait aux  approches  du  Carême.  Les  chanoines  de  constitution 
délicate  et  qui  ne  pouvaient  supporter  les  rigueurs  de  la  Sainte 
Quarantaine,  adressaient  requête  au  Chapitre  pour  obtenir  au- 
torisation d'user  d'aliments  gras.  On  délibérait  sur  le  cas  de 
Monsieur  N.  et  le  Chapitre  décidait  in  communi  s'il  y  avait 
lieu  d'accorder  la  dispense.  Il  en  usait  d'ailleurs  avec  parci- 
monie. Xous  ne  voyons  pas  qu'il  Tait  jamais  donnée  à  la  Com- 
munauté des  Chantres  et  aux  enfants  de  chœur;  les  comptes 
des  provisions  de  bouche  indiquent  que  l'abstinence  était  rigou- 
reusement observée  :  pas  un  sou  à  payer  au  boucher!  En  1789, 
furent  autorisés  à  «  juscula  et  carnes  in  cibum  sumere  » 
MM.  Rivière,  Brémont,  de  Bonneval,  Chevalier,  Pev,  du  Authier, 
Gatignon,  d'Espinasse,  de  Dampierre,  Mazéas,  de  Xeuchèze, 
Duchesne,  Riballier  et  Melon  de  Pradou2.  On  peut  juger  ainsi 
de  l'état  sanitaire  du  Chapitre  :  trente-six  chanoines  se  portaient 
donc  merveilleusement  bien  ! 

Cette  juridiction  spirituelle,  le  Chapitre  ne  la  gardait  pas  tout 
entière  pour  lui  :  il  la  déléguait  aux  deux  curés  de  Saint-Jean 
le  Rond,  établis,  nous  l'avons  dit,  depuis  1740,  à  Saint-Denis 
du  Pas,  qui  l'exerçaient  sur  les  personnes  habitant  le  Cloître. 
Mais  il  se  la  réservait  dans  toute  son  intégrité  sur  le  clergé  de 
son  église  et  sur  celui  des  quatre  églises  sujettes;  ces  quatre 
églises,  appelées  «  filles  de  Notre-Dame  »  ou  «  filles  du  Chapitre  », 
étaient  :  Saint-Etienne  des  Grès,  Saint-Benoît,  Saint-Merrv  et 
le  Saint  Sépulcre3. 


1.  Les  derniers  cas  de  ce  genre  se  présentèrent  à  propos  de  la  cure  de  Saint-Merry 
on  1757  el  de  celle  de  Saint-Benoit  en  1762.  Arch.  Xat..  L.  4?:!.  Oï.  à  ce  sujet  fond. 
cap.  du  11  décembre  1776. 

2.  Concl.  cap.  23  fév.  1789. 

'■'>.  L'Archevêque  avait  aussi  ses  quatre  «  filles  ».  Saint-Marcel,  Saint-Honoré, 
Sainte-Opportune  et  Saint-Germain  l'Auxerrois,  réuni  depuis  1 7 1 1  au  Chapitre  de 
Notre-Dame.  Cfr.  Curiosités,  etc.,  op.  cit.,  p.  355  el  360. 


100  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

Le  chapitre  de  Saint-Etienne  des  Grès  se  composait  d'un  chef- 
cier  et  de  onze  chanoines  ;  ces  canonicats  étaient  à  la  nomination 
de  deux  chanoines  de  Notre-Dame.  Le  chapelain,  attaché  à 
l'église,  était  nommé  par  les  chanoines  de  Saint-Etienne.  Le  cha- 
pitre se  disait  «  la  première  des  églises  sujettes  »  de  Notre- 
Dame. 

Le  chapitre  de  Saint-Benoit,  dit  le  Bétourné,  comprenait  six 
canonicats,  auxquels  nommaient  six  chanoines  de  Notre-Dame. 
11  y  avait  en  outre  un  semi-prébendé,  la  vicairie  perpétuelle  ou 
cure  de  Saint-Benoit,  la  communauté  des  douze  chapelains  et 
les  vingt-sept  chapelains  dits  forains. 

Le  chapitre  de  Saint-Merry  comptait  un  chefcier,  qui  avait 
une  préhende  à  laquelle  la  cure  était  attachée,  six  chanoines  et 
onze  chapelains,  tous  nommés  par  deux  chanoines  de  Notre- 
Dame. 

Le  chapitre  du  Saint-Sépulcre  était  composé  de  douze  cha- 
noines et  de  onze  chapelains,  tous  à  la  nomination  alternative  de 
deux  membres  du  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  qui  avaient  ce 
droit  attaché  à  leur  prébende 

Ces  filles  n'étaient  pas  toujours  fort  respectueuses  à  l'égard  de 
leur  mère  et  elles  pouvaient  se  vanter  sur  ce  point  de  damer  le 
pion  aux  vicaires  perpétuels.  Depuis  quelques  années,  la  paix 
semblait  conclue  et  persévérait.  Il  faut  dire  que  le  Chapitre 
tenait  ses  quatre  filles  dans  une  étroite  dépendance.  Il  alla, 
en  1756,  jusqu'à  leur  interdire  de  prendre  le  nom  de  capitulum, 
laissant  seulement  à  chaque  membre  celui  de  chanoine.  Le  seul 
Chapitre,  c'était  lui!  Les  quatre  églises  portèrent  plainte  au 
Parlement,  qui  finit  par  leur  donner  gain  de  cause1,  mais  con- 
firma en  même  temps  tous  les  privilèges  du  Chapitre.  Il  avait  le 
droit  «  d'exercer  tous  actes  de  juridiction  immédiate  et  correc- 
tionnelle sur  les  chanoines,  chapitres  et  bénéficiers  desdites 
quatre  églises,  de  faire  installer  les  chanoines  desdites  quatre 
églises  dans  les  basses  stalles  du  chœur  de  l'Église  de  Paris  et 
de  les  faire  ensuite  installer  par  le  secrétaire  du  Chapitre  dans 

1.  En  1702  seulement. 


LA  JURIDICTION  Dl    CHAPITRE.  101 

l'église  de  leur  résidence,  de  les  mander  au  Synode  de  l'Église 
de  Paris,  de  visiter  leurs  églises  et  d'y  faire  tous  règlements 
pour  la  célébration  du  service  divin ,  la  correction  des  mœurs 
et  le  maintien  de  la  discipline  ecclésiastique,  comme  aussi  de 
faire  tels  règlements  qu'il  appartiendra  pour  l'administration 
des  biens  et  revenus  temporels  desdites  quatre  églises,  de  pré- 
sider aux  comptes  qui  seront  rendus  ».  En  même  temps  le 
Parlement  maintenait  le  Doyen  dans  ses  droit  et  possession 
d'exercer  tant  par  lui  que  par  ses  vicaires  toutes  fonctions 
curiales  sur  les  chanoines  et  bénéficiers  des  églises  sujettes1. 

La  réponse  à  une  consultation  du  Chapitre  d'Orléans,  en  date 
du  22  mai  1756,  nous  indique  la  manière  dont  le  Doyen  exerçait 
ses  fonctions  curiales.  «  M.  le  Doyen,  en  sa  qualité,  administre 
les  Sacrements  aux  dignités,  chanoines,  chapelains  et  clercs  du 
bas-chœur  de  l'Eglise  de  Paris,  ainsi  qu'aux  chanoines  et  cha- 
pelains des  quatre  églises  sujettes.  M.  le  Doyen  est  en  droit  et 
possession  d'avoir  un  vicaire,  appelé  pour  ce  vicaire  de  M.  le 
Doyen,  lequel  vicaire  administre  pour  M.  le  Doyen  et  en  son 
nom  les  bénéficiers,  chapelains  et  clercs  du  bas-chœur  de  l'Eglise 
de  Paris,  ainsi  que  le  chanoines  et  chapelains  des  quatre  églises 
sujettes;  mais,  par  l'usage,  M.  le  Doyenne  commet  point  pour 
administrer  les  sacrements  aux  dignités  et  chanoines;  en  son 
absence,  le  premier  de  Messieurs  in  ordifie  chori,  qui  se  trouve 
présent  remplit  ce  ministère.  On  n'assemble  pas  la  Compagnie; 
mais  on  sonne  la  cloche  des  sacrements,  qui  est  sonnée  par 
l'ordre  de  celui  qui  doit  faire  l'administration.  » 

Le  Chapitre  déléguait  chaque  année  plusieurs  chanoines  char- 
gés de  vérifier  et  d'apurer  les  comptes  des  églises  sujettes. 
Longtemps  inexact  à  exercer  cette  surveillance,  il  eut  à  s'en 
repentir,  car,  lorsqu'il  voulut  la  reprendre  en  1785,  il  trouva 
les  finances  de  ses  églises  dans  le  pire  état.  Pour  remédier  à 
cette  situation,  il  dut  les  aider  de  ses  propres  deniers-'. 

1.  C'étaii  au  Chapitre  a  transmettre  a  ses  quatre  «  filles  •>  les  Mandements  de 
l'archevêque. 

■,'.  Ainsi,  en  1?*;.  le  Chapitre  l'ait  remise  à  Saint-Étienne  des  Grez  de  la  somme 
de  1.500  1.  que  cette  église  lui  devait  sur  une  dette  de  3.500  1..  pour  l'aider  à  ache- 
ter l'orgue  de   Saint-Nicolas  du   Chardonnet,  qui  était  à  vendre.  Quelques  mois 


102  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

La  juridiction  quasi  spirituelle  du  Chapitre  s'exerçait  par  la 
présentation  et  la  nomination  à  un  grand  nombre  de  bénéfices 
et  d'emplois.  11  usait  de  cette  prérogative  de  trois  manières  : 
in  communi,  par  partition,  et  enfin  adturnum. 

1°  Dans  le  premier  cas,  tous  les  chanoines  capitulants  émet- 
taient leurs  votes;  c'était,  à  proprement  parler,  une  élection. 
Etaient  élus  de  cotte  manière  :  les  dignités  à  la  nomination  du 
Chapitre,  les  deux  chanoines  de  Saint- Aignan,  tous  les  employés 
oii  serviteurs  du  Chapitre,  tels  que  les  secrétaire,  agent  des 
aifaires,  archiviste,  ofliciers.de  justice,  et  les  titulaires  des  bé- 
néfices qu'il  conférait  pendant  la  vacance  du  siège. 

2°  Les  bénéfices  de  Paris  ou  de  la  campagne,  auxquels  le  Cha- 
pitre avait,  comme  tel,  le  droit  de  nommer,  étaient  divisés  en 
autant  de  parts  ou  partitions  qu'il  y  avait  de  chanoines;  à  cha- 
que stalle  était  attachée  une  de  ces  partitions  et  le  chanoine 
qui  l'occupait,  s'il  était  capitulant,  avait  le  droit  de  présenter 
le  candidat  de  son  choix.  Même,  absent  de  Paris ,  il  pouvait 
passer  procuration  à  un  de  ses  confrères. 

3°  Chaque  semaine,  le  dimanche  à  minuit,  en  suivant  l'or- 
dre du  chœur,  un  chanoine  capitulant  «  entrait  en  tour  »,  et 
avait  le  droit  de  présenter  son  candidat  aux  emplois  de  mar- 
guillier-lai1,  de  franc-sergent,  de  petit-huissier,  aux  bénéfices  non 
compris  dans  les  partitions  et  aux  bénéfices  inscrits  dans  les  par- 
titions attribuées  aux  stalles  des  chanoines  non-capitulants. 


IV 


Le  premier  personnage,  que  nous  voyons  en  relation  directe 
avec  le  Chapitre,  était  l'archevêque  de  Paris.    Mais  le  Chapitre 

après,  le  Chapitre  l'acquitta  encore  de  -2.000  1.  L'année  précédente,  les  vérificateurs 

des  coin]ir<'s  île  cette  église  découvrirent  une  malversation  qui  atteignait  50.000  1. 
Cfr.  Concl.  cap.,  année  1786,  1787. 

1.  Si  la  place  de  marguillier-lai  est  vacante  par  décès:  autrement  elle  est  conférée 
parle  Chapitre  in  commuai.  Concl.  cap.,  année  17ô5.  «  Quoties  matriculariorum- 
laïcorum  officia  vacaMint  per  resignationern  in  favorem  aut  per  simplicein  dimis- 
sionem  atque  aliter  per  obitum,  toties  eorum  nominatio  libère  fiet  per  capituluin 


LE  CHAPITRE  ET  L'ARCHEVÊQUE.  103 

jouissait  d'une  si  grande  autonomie,  sa  juridiction  était  si  bien 
déterminée  et  si  indépendante,  que  les  points  de  contact  avec 
celui-ci  étaient  assez  rares.  Depuis  le  Concordat,  intervenu 
entre  Léon  X  et  François  Ier,  les  chanoines  avaient  perdu  leur 
droit  antique  d'élire  l'évêque  de  Paris;  ils  ne  conservaient  plus, 
en  la  personne  de  leur  Doyen,  que  celui  de  l'installer  ' .  De  son  côté  , 
l'archevêque  possédait  peu  de  droits  à  l'égard  du  Chapitre.  Il 
avait,  il  est  vrai,  la  nomination  de  toiH  les  chanoines  et  de  six 
Dignités;  mais  les  résignations,  les  permutations  et  les  vacances 
ouvertes  dans  les  mois  réservés  aux  gradués,  le  frustraient  le 
plus  souvent  de  ses  prérogatives  sur  ce  point.  Ainsi,  en  1790, 
nous  ne  comptons  que  cinq  chanoines  nommés  par  M.  de  Juigné 
sur  les  treize,  qui  vinrent,  depuis  sa  promotion  à  l'archevêché 
de  Paris,  occuper  une  stalle  à  Notre-Dame.  C'étaient  MM.  de 
la  Bintinaye,  Mazéas,  de  Floirac,  de  Neuchèze  et  de  Cours. 

Ses  autres  droits  étaient  presque  des  devoirs.  Il  devait  officier 
au  chœur  de  Notre-Dame  à  dix-sept  grandes  fêtes  de  l'année, 
mais  à  la  condition  qu'il  ait  présidé  les  offices  de  la  nuit,  sinon 
il  devait  humblement  présenter  requête  au  Chapitre  pour  pouvoir, 
dans  ces  conditions,  chanter  seulement  la  grand'messe  et  les 
vêpres".  Il  avait  au  chœur  de  Notre-Dame  un  clerc  ou  vicaire3, 
qui  était  M.  Duclos,  chanoine  de  Saint-Denis  du  Pas  :  c'est  par  lui 
que  l'archevêque  acquittait  les  deux  semaines  '  et  les  deux  sous- 
semaines,  qu'il  devait  par  an,  et  se  faisait  remplacer  aux  petites 
heures  des  fêtes  pontificales. 

Pendant  tout  le  XVIIIe  siècle,  le  Chapitre  vécut  en  bonne  intelli- 
gence avec  les  archevêques  de  Paris  ;  on  doit  môme  dire  qu'il  se 

collegialiter Quoties    vero  dicta  matriculariorumdaïeorum  officia  per  obitum 

vacabunt,  toties  prœsentatio  officii  ità  per  obitum  vacantis  ad  canonicum  inheb- 
domada  existentem  ad  nominandum  et  praesentandum  pertinebit,  nominatio  et 
institutio  fiunt  in  capitulo  et  per  capitulum.  « 

1.  Voir  au  Ion-  les  détails  de  cette  installation  dans  Les  Curiosités  de  F  Église 
île  Paris. 

2.  En  1789  et  1790,  M.  de  Juigné  présente  semblable  requête  pour  les  fêtes. 

:i.  Le  clerc  de  l'Archevêque  recevait  comme  honoraires  130  1.  de  la  caisse  de 
l'archevêché.  Cfr.  Déclaration  de  M.  Duclos  au  Comité  <Ijs  Biens  Nationaux.  A.  X. 
S.  7051-52. 

4.  L'Archevêque  devait  ces  deux  sem  unes  au  Chapitre  depuis  que  les  deux  vi- 
cairiesde  St-Éloi  et  de  St-Magloire  et  tient  unies  à  l'archevêché.  Cfr.  Conel.  capit. 


104  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

montra  profondément  épiscopalien.  11  est  janséniste  et  appelant 
avec  M.  de  Noailles  ;  il  retire  son  appel  le  lendemain  de  l'installation 
de  M.  de  Yintimille1;  M.  deBeaumont,lors  de  ses  exils  successifs, 
reçoit  de  lui  de  précieux  encouragements  et  les  marques  les  plus 
indéniables  d'attachement  et  de  fidélité2.  • 

Quand  le  Chapitre  apprit  par  un  billet  de  l'évêque  d'Autun,  qui 
tenait  en  1781  la  Feuille  des  Bénéfices,  la  nomination  de  M.  de 
Juigné  à  l'archevêché  de  Paris,  il  put  en  toute  sincérité  faire  valoir 
auprès  de  l'élu  les  bons  sentiments  qu'il  avait  eus  à  l'égard  de  ses 
prédécesseurs  et  qu'il  promettait  de  lui  continuer  :  «  Monseigneur, 
le  Chapitre,  en  apprenant  votre  nomination  à  l'Archevêché  de 
Paris,  a  remercié  la  Divine  Providence  de  lui  avoir  donné  un  aussi 
digne  successeur  du  Prélat  qu'il  regrette.  Le  refus,  que  vous  avez 
déjà  fait  de  l'un  des  premiers  sièges  du  Royaume  est  une  preuve 
éclatante  de  votre  désintéressement  et  de  votre  modestie.  Nous  ne 
doutons  pas  qu'en  acceptant  celui  de  Paris,  vous  ne  sacrifiez  votre 
satisfaction  personnelle  au  bien  général  de  la  Religion.  Des  vues 
aussi  pures  vous  assurent,  Monseigneur,  tous  les  cœurs  d'un 
grand  diocèse  ;  les  vertus  épiscopales,  qui  vous  caractérisent, 
feront  notre  bonheur.  Vous  trouverez  aussi  le  vôtre  dans  l'union 
qui  a  toujours  régné  entre  le  Chapitre  et  ses  archevêques. 
Vous  devez  être  persuadé  que  nous  nous  efforcerons  de  l'entre- 
tenir et  de  mériter  vos  bontés  par  les  sentiments  d'amour  et  de 
respect,  qui  sont  gravés  dans  nos  cœurs.  » 

Ces  sentiments  étaient  réciproques  et  l'archevêque  ne  resta  pas 
en  retour  à  l'égard  de  son  Chapitre.  «  Si  quelque  chose  peut  di- 
minuer le  poids  du  fardeau  qui  m'est  imposé,  répondit-il  à  M.  de 
Montagu  dès  le  lendemain  de  son  arrivée  à  Paris,  4  janvier 
1782,  c'est  la  confiance  et  l'attachement  d'une  compagnie,  qui 
tient  le  premier  rang  dans  le  clergé  de  la  capitale  et  qui  est 
distinguée  par  les  vertus  et  les  talents  des  membres  qui  la  com- 
posent3. »  Cette  réponse  parut  si  flatteuse  aux  chanoines  qu'ils 
décidèrent  d'aller  sur-le-champ  présenter  en  corps  leurs  félicita- 

1.  Laffiteau,  Histoire  de  la  Bulle  Unigenitus,  t.  IV. 

2.  Cfr.  Concl.  capit.,  1754  (décembre). 

3.  Cfr.  Concl.  capit.,  années  1781  et  1782. 


LE  CHAPITRE  ET  L'ARCHEVÊQUE.  10b 

tions  à  l'archevêque.  Le  7  janvier,  quatorze  voitures,  précédé  is 
de  deux  cavaliers  du  guet,  les  transportèrent  au  Marais,  rue  de 
Thorigny,  à  l'hôtel  du  Marquis  de  Juigné,  qui  y  donnait  hospi- 
talité à  son  frère  ;  et,  le  28,  M.  le  Doyen  fit  ordonner  dans  la  salle 
du  Chapitre  un  splendide  repas  de  soixante-huit  couverts,  auquel 
il  invita,  en  l'honneur  de  l'archevêque  *,  Messieurs  du  Chapitre 
ainsi  que  les  cardinaux  de  la  Rochefoucauld,  archevêque  de  Rouen, 
et  de  Rohan,  grand  aumônier  de  France,  M.  le  Nonce,  M.  l'ar- 
chevêque de  Lyon,  M.  l'évèque  de  Senlis,  premier  aumônier  du 
Roi,  MM.  les  évêques  de  Metz,  d'Autun,  d'Arras,  de  Langres, 
de  Lombez,  de  Lectoure,  les  deux  frères  et  les  deux  neveux  de 
M.  de  Juigné  2. 

Ces  témoignages   mutuels  n'empêchèrent   pas  le   Chapitre  de 
sauvegarder  pour  l'avenir  ses  privilèges  et  ses  prérogatives.  Le 
20  mars,  il  fit,  selon  l'usage,  dresser  devant  notaire  et  signer 
par  le  nouvel  archevêque  un  acte  en  bonne  et  due  forme,  qui  le 
garantît  de  toute  atteinte.  Nous  reproduisons  ici  cette  pièce,  qui 
est  comme  la  charte  des  immunités  capitulaires  :  «  Par  devant 
les  conseillers  du  Roi,  notaires  au  Châtelet  de  Paris,  fut  présent 
Illustrissime  et  Révérendissime  Seigneur  Monseigneur  Antoine- 
Eléonore-Léon  Leclerc  de  Juigné  de  Neuchclles,  duc  de  Saint- 
Cloud,  pair  de  France  et,  par  la  grâce  de  Dieu  et  du  Saint-Siège 
Apostolique,  Archevêque  de  Paris;  lequel  a  déclaré  et  déclare 
par  ces  présentes  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs  arche- 
vêques de  Paris,  Messieurs  les  Vénérables  Doyen,  Chanoines  et 
Chapitre  de  l'Église  de  Paris  [ici  les  noms  des  chanoines  pré- 
sents,  tous   chanoines  stipulant  et  acceptant  pour  le   Chapitre 
de  ladite  Eglise,  que  par  ses  Bulles  dudit  Archevêché  de  Paris, 
adressantes  au    Chapitre  de   ladite  Eglise  ,  données    à  Rome  à 
Sainte-Marie  Majeure  le  cinq  février  dernier,  ni  parles  clauses 

1.  L'archevêque  se  souvinl  de  ce  bon  accueil  quand  il  paya  son  droit  de  Chapelle, 
qui  n'étail  pas  tarifé.  11  Ht  don  au  Chapitre  d'une  somme  de  30.000  I.  pour  les 
embellissements  de  l'Eglise. 

2.  Un  de  ces  neveux  se  maria  quelque  temps  après  avec  M'""  la  comtesse  de 
Souàtre,  dame  de  Remiremont.  Le  Chapitre  permit  que  la  bénédiction  nuptiale 
ïùt  donnée  dans  le  chœur  de  Notre-Dame  et  il  y  assista  en  robes  de  cérémonies. 
Concl.  cap. 


iOG  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

insérées  en  icelles,  il  n'entend  prétendre  sur  l'Église  de  Paris, 
Doyen  et  chanoines,  bénéficiers  et  officiers,  églises  en  dépendant, 
ni  sur  les  bénéficiers  et  olficiers  desdites  églises,  soit  en  général 
ou  en  particulier,  ni  sur  tout  le  corps  dudit  Chapitre,  membres 
et  personnes  en  dépendant,  plus  de  droit  que  ses  prédécesseurs, 
tant  évêques  qu'archevêques  de  Paris,  ont  eu  sur  ladite  Eglise 
de  Paris,  Chapitre  et  personnes  en  dépendant,  mais  consent  mon- 
dit  Seigneur  Archevêque  que  mesdits  Sieurs  dudit  Chapitre 
soient  conservés  et  maintenus  en  l'ancienne  possession  de  leurs 
droits,  juridiction,  franchises,  libertés,  privilèges,  immunités, 
exemptions,  coutumes  et  usages,  dont  ils  ont  cy-devant  joui  et 
jouissent  encore  à  présent,  sans  que  les  clauses,  qui  sont  apposées 
aux  susdites  Bulles  et  même  en  icelles  d'érection  d'évêché  en 
archevêché,  soit  dérogatoires  ou  autres,  desquelles  il  n'entend 
s  aider  ni  prévaloir,  puissent  nuire  ni  préjudiciel'  à  leur  dite 
Eglise,  Chapitre  et  membres  en  dépendant,  sur  lesquelles  Bulles 
d'érection  d'évêché  en  archevêché  auraient  été  obtenues  Lettres 
patentes  en  forme  de  charte  du  mois  de  février  1723,  vérifiées  en 
Parlement  le  8  août  suivant.  Dont  et  de  ce  que  dessus,  mesdits 
Sieurs  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre  ont  demandé  acte  auxdits 
notaires  soussignés,  qui  leur  ont  octroyé  le  présent  pour  leur 
servir  et  valoir  en  temps  et  lieu  ce  que  de  raison  '.  » 

Le  même  jour,  l'archevêque,  revêtu  de  l'habit  canonial,  se  pré- 
sente au  Chapitre.  Messieurs  s'asseoient  et  se  couvrent,  et  lui, 
agenouillé  devant  le  Doyen,  jure  sur  les  saints  Evangiles  de  main- 
tenir «  les  droits,  libertés,  immunités,  privilèges,  exemptions  et 
coutumes  de  l'Eglise  de  Paris-  ».  Alors  seulement  le  Chapitre 


1.  .1.  A".  L.   171,  h"  7. 

2.  Le  serment,  signé  de  M.  de  Juigné,  est  conservé  aux  Archives  Nationales. 
L.  171.  Il  est  manuscrit  sur  parchemin  et  esl  ainsi  conçu  :  «  Ego  Antonius  Eleono- 
riusLeo  Le  Clerc  de  Juigné,  archiepiscopus  Parisiensis,  dux  et  par  Francité,  juro 
ad  hœc  Sancta  Dei  Evangelia,  Me  servaturum  jura,  libertates,  immunitates,  privi- 
légia, exemptiones  et  consuetudines  Ecclesiae  Parisiensis  et  compositiones  alias 
habitas  inter  episcopos  et  archiepiscopos  parisienses  et  Decanum  et  Capitulum 
Ecclesiae  Parisiensis  et  omnia  contenta  in  instrumente  declarationis  coram  Peron 
ejusque  socio  in  Castelleto  Parisiensi  notariis  regiis  per  me  t'actie  hodie  vigesima 
mensis  Martii.  anno  Domini  millesimo  septingentesimo  octagesimo  secundo*. 
f  Ant.  E.  L.,  Archiepiscopus  Parisiensis  ». 


LE  CHAPITRE  ET  LE  DIOCÈSE.  107 

consentit  à  l'installation  de  l'archevêque,  qui  eut  lieu  le  lendemain. 

Ce  fut  M.  Rivière  qui  monta  au  Jubé  et  présenta  au  peuple  les 
bulles  pontificales  avec  la  formule  traditionnelle  :  t«  Monseigneur 
l'Illustrissime  et  Révérendissime  Antoine-Eléonor-Léon Le  Clero 
de  Juigné  est  présentement  en  possession  de  l'Archevêché  de 
Paris  et  voici  ses  bulles  '.  » 

Cependant  cette  entente  parfaite  entre  l'archevêque  et  son 
Chapitre  sembla  un  moment  compromise.  M.  de  Juigné  avait 
préparé  en  17<S<>  une  nouvelle  édition  du  Rituel  diocésain,  sans 
que  le  Chapitre  eut  été  appelé  à  donner  son  avis.  C'était  blesser 
évidemment  ses  droits.  Le  Chapitre  protesta  et  ordonna  que  le 
Rituel  de  M.  de  Nouilles,  édité  avec  son  consentement,  serait  seul 
en  usage  à  Notre-Dame.  La  question  s'envenima  quand,  cette 
même  année,  l'archevêque  publia  un  Mandement,  qui  dispensait 
de  jeûner  les  deux  premiers  samedis  de  l'Avent.  Cette  pièce  ren- 
fermait une  allusion  au  nouveau  Rituel  et  ne  faisait  aucune  men- 
tion du  Chapitre.  Celui-ci  regarda  le  Mandement  comme  non 
avenu  et  refusa  de  le  transmettre,  selon  l'usage,  à  ses  églises 
sujettes.  L'archevêque  fut  fort  affligé  d'avoir  ainsi  mécontenté 
son  Chapitre;  il  ne  tarda  pas  à  lui  écrire  que  désormais  il  res- 
pecterait ses  droits  :  «  Je  suis  toujours  disposé,  écrivit-il,  à 
prendre  tous  les  moyens  de  conserver  la  paix,  l'union,  la  con- 
corde avec  une  compagnie  à  laquslle  je  suis  très  sincèrement 
attaché  et  dont  je  ne  veux  en  aucune  manière  blesser  les  droits.  » 
Le  Chapitre  de  son  côté  protesta  de  ses  bonnes  intentions  «  à 
répondre  aux  vœux  d'un  Prélat  auquel  il  reste  inviolablement 
attaché  ».  La  paix  fut  signée  ce  jour-là;  elle  ne  fut  plus  troublée. 
Nous  verrons  le  Chapitre  garder  à  son  archevêque,  surtout  aux 
mauvais  jours  qui  vont  venir,  un  attachement  filial,  et  l'archevêque 
assurer  jusqu'à  la  lin  ses  chanoines  d'une  protection  courageuse, 
mais  hélas  !  impuissante. 

Le  Chapitre  n'avait  que  de  bien  rares  rapports  avec  le  diocèse 
de  Paris,  dont  il  se  vantait  d'être  le  premier  corps  ecclésiasti- 

1.  Selon  l'usage,  l'archevêque  invitait  les  chanoines  à  dîner  le  jour  de  son  ins- 
tallation. 


108  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

que.  Il  n'avait  aucune  part  dans  son  administration;  aussi  la 
formule,  usitée  dans  les  Mandements  archiépiscopaux  :  «  après 
en  avoir  conféré  avec  nos  vénérables  Frères,  Chanoines  et  Cha- 
pitre »,  n'était  bien,  comme  aujourd'hui,  qu'une  formule.  Pour 
sauvegarder  les  apparences  quelque  peu  compromises  sur  ce 
point  en  1780  par  l'avocat  trop  bavard  du  Chapitre  de  Xoyon, 
celui  de  Notre-Dame  envoya  le  sien  faire  entendre  à  son  confrère 
que,  à  Paris,  «  les  conférences  de  l'archevêque  avec  le  Chapitre 
sont  réelles  et  effectives  »  ;  mais  l'avocat  ne  put  préciser  qu'un 
seul  fait,  celui  de  la  suppression  des  fêtes,  pour  lequel  la  formule 
eût  été  une  réalité. 

La  vacance  du  siège  était  donc  à  peu  près  la  seule  occasion 
qu'avait  le  Chapitre  d'agir  sur  le  diocèse.  A  la  mort  de  M.  de 
Beaumont,  il  nomma  six  vicaires  capitulaires,  tous  pris  au  sein 
du  Chapitre,  MM.  de  Montagu,  Chevreuil,  Rivière,  du  Bois- 
Basset,  d'Autichamp  et  de  Bonneval,  auxquels  s'adjoignirent  de 
droit  les  trois  archidiacres.  Le  chambrier,  M.  Delon  n'étant  pas 
prêtre,  fut  exclu  de  ces  fonctions,  et  l'on  fit  remarquer  à  M.  le 
Grand  Chantre  que  sa  dignité  ne  lui  conférait  aucun  droit  au 
titre  de  vicaire  capitulaire. 

Dans  ces  conjonctures,  le  Chapitre  réorganisait  les  officialités 
diocésaine  et  métropolitaine,  dont  il  confiait  les  charges  d'ofhcial, 
de  vice-offîcial  et  de  promoteur  à  des  chanoines;  il  maintenait 
aussi  leurs  pouvoirs  aux  vicaires-forains  ou  doyens  ruraux.  Quant 
à  la  collation  des  bénéfices,  elle  ne  pouvait  se  faire  qu'en  cha- 
pitre. Le  Chapitre  nommait  de  plein  droit  à  la  première  cure 
vacante;  la  seconde,  qui  venait  à  vaquer,  était  dévolue  aux  ar- 
chidiacres, mais  la  manière  dont  ceux-ci  devaient  user  de  leurs 
pouvoirs  itait  sujette  à  contestation.  En  1780,  on  consulta  les 
précédents  :  ils  étaient  contradictoires.  Les  parties,  ne  pouvant 
s'entendre,  s'en  rapportèrent  à  la  décision  arbitrale  d'un  tiers. 
Le  18  février  1781,  on  se  mit  d'accord  sur  la  transaction  sui- 
vante :  «  Chaque  premier  bénéfice-cure  qui  viendra  à  vaquer 
depuis  l'ouverture  de  la  vacance  du  siège  dans  chaque  archidia- 
coné  sera  conféré  par  le  Chapitre  in  commuai,  et  le  second  aussi 
dans  chaque  archidiaconé  sera  conféré  par  le  Chapitre,  sur  la  pré- 


LE  CHAPITRE  ET  LE  ROI.  109 

sentation  toutefois  de  l'archidiacre  dans  le  district  duquel  ce 
second  bénéfice  aura  vaqué,  et  ainsi  de  suite  alternativement 
entre  le  Chapitre  et  Messieurs  les  Archidiacres,  soit  que  les 
dites  vacances  aient  lieu  en  mois  libre  ou  dans  les  mois  affectés 
aux  gradués.  » 

(  )n  peut  constater  combien  la  coutume  de  l'Eglise  de  Paris 
s'écartait  des  règles  du  droit  commun,  qui  fait  passer  dans  le 
corps  capitulaire  les  droits  de  l'évêque,  mais  qui  l'oblige  en  même 
temps  à  les  condenser  le  plus  tût  possible  dans  une  seule  per- 
sonnalité, celle  du  vicaire  capitulaire.  Ici  nous  voyons  au 
contraire  conserver  et  exercer  in  communi,  selon  l'expression 
consacrée,  toutes  les  prérogatives  de  l'Ordinaire. 

Lors  de  la  dernière  vacance  du  siège  en  1781,  M.  le  Grand 
Prieur  de  Saint-Germain  des  Prés  essaya,  selon  l'usage  immé- 
morial, de  restreindre  sur  le  faubourg,  avoisinant  l'abbaye,  la 
juridiction  du  Chapitre.  C'était  de  tradition.  Mais  celui-ci,  jaloux 
de  droits  d'autant  plus  appréciables  qu'il  n'avait  que  rarement 
l'occasion  de  les  exercer,  sut  se  garantir  de  telles  entreprises; 
et,  quand  bientôt  nous  le  verrons  se  débattre  contre  un  sup- 
pression, dont  le  motif  était  son  inutilité,  il  mettra  en  avant  pour 
sa  défense  qu'il  a  la  charge  d'administrer  le  diocèse  pendant  la 
vacance  du  siège.  Et,  de  fait,  le  vrai  vicaire  capitulaire,  c'était 
bien  lui  ! 

Les  sentiments  des  chanoines  à  l'égard  du  roi  nous  paraissent 
très  bien  exprimés  dans  cette  antique  formule  en  usage  à  Notre- 
Dame  au  temps  de  Henri  II  ;  «  Très-illustre  et  très-magnifique 
prince  Roy  très-chrestien,  vos  très-humbles  et  très-obéissants  su- 
jets, orateurs  et  chapelains,  les  évêque,  doyen,  chanoines  et 
clergé  de  l'Eglise  de  Paris  vous  présentent  le  salut  en  grande 
exultation  de  votre  très-désirée  venue  en  vostre  paroisse  et  l'é- 
glise principale  de  vostre  royaume  ».  Le  roi,  chéri  des  chanoines, 
fut  Louis  XV.  Celui-ci,  en  effet,  ne  cessa  durant  son  règne  de 
leur  donner  des  marques  constantes  de  sa  protection  et  les  com- 
bla de  ses.  libéralités.  Dans  sa  reconnaissance,  le  Chapitre  avait 
décidé,  en  175G,  que  chaque  année,  le  jour  de  Saint-Louis,   une 


110  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

messe  serait  célébrée  avec  le  rit  annuel,  c'est-à-dire  le  plus  élevé, 
«  pour  la  conservation  d'un  monarque  si  cher  à  la  Nation  ». 
Ces  sentiments,  il  avait  eu,  en  1783,  une  occasion  de  les  renou- 
veler à  la  personne  de  M.  l'abbé  de  Bourbon,  fils  naturel  de 
Louis  XV,  et  de  la  demoiselle  de  Romans,  quand  celui-ci  de- 
manda au  Chapitre  l'honneur  d'être  compté  parmi  ses  membres. 
En  mémoire  des  bienfaits  du  père,  on  lui  accorda  unanimement 
le  titre  de  chanoine  honoraire,  et,  le  jour  de  son  installation, 
M.  de  Montagu  lui  adressa  un  charmant  discours,  que  nous  ju- 
gerons aujourd'hui  peut-être  trop  courtisan,  mais  qui  indique  bien 
quelle  place  le  roi  Louis  XV  tenait  encore  dans  le  souvenir  re- 
connaissant des  chanoines  :  «  L'Eglise  de  Paris,  qui  est  spécia- 
lement l'Église  de  nos  rois  et  qui  a  eu  la  gloire  de  compter 
parmi  ses  membres  Philippe  de  France,  fils  de  Louis  le  Gros, 
se  félicite  aujourd'hui  de  vous  avoir  offert  une  adoption  unique 
dans  ses  fastes  et  qui  fera  époque  dans  ses  annales.  C'est  un  tribut 
de  respect  et  de  reconnaissance  que  nous  rendons  à  la  mémoire 
et  aux  bienfaits  du  feu  roi,  au  grand  nom  que  vous  portez  et  à 
vos  qualités  personnelles,  qui  justifient  l'intérêt  qu'inspire  votre 
naissance.  Nous  vous  verrons  avec  joie  mériter  et  obtenir 
parmi  nous  les  places  éminentes,  qui  vous  attendent,  et  nous  vous 
prions  de  regarder  avec  confiance  tous  les  membres  de  cette 
Compagnie  comme  autant  d'organes  de  votre  renommée  ».  Les 
souhaits  et  les  espérances  du  Chapitre  ne  se  réalisèrent  pas; 
l'abbé  de  Bourbon  mourut  à  Naples  de  la  petite  vérole  le  28  fé- 
vrier 1787. 

Louis  XVI  devait  avoir  des  rapports  moins  resserrés  avec  le 
Chapitre  de  Notre-Dame.  D'après  les  documents,  que  nous  avons 
eus  sous  les  yeux,  il  semble  même  qu'il  ne  régnait  pas  une  pro- 
fonde sympathie  entre  le  monarque  et  les  chanoines.  Nous  avons 
fait  remarquer  que  M.  de  Montagu  eut  à  se  plaindre  de  la  ma- 
nière, dont  il  fut  un  jour  reçu  à  Versailles;  mais  déjà  la  déléga- 
tion que  le  Chapitre,  innovant  en  cela,  crut  devoir  envoyer  vers 
le  roi  pour  le  féliciter  de  son  sacre,  avait  reçu  un  accueil  peu  cha 
leureux.  Au  nom  du  roi,  M.  de  Maurepas  répondit  à  la  demande 
d'audience,  adressée  par  le  Chapitre,  que  Sa  Majesté  voulait  bien 


LE  CHAPITRE  ET  LE  ROI.  Ili 

recevoir  la  délégation  annoncée  «  pourvu  qu'elle  ne  soit  pas  trop 
nombreuse  et  à  condition  de  prendre  un  jour  qui  ne  soit  pas  de 
ceux  où  Sa  Majesté  va  à  la  chasse  ».  Ce  n'était  déjà  pas  trop 
aimable!  Qu'on  lise  ensuite  le  compte  rendu  de  la  journée  des 
députés.  «  Le  jeudy,  trois  août  (1775),  jour  donné  par  le  Roy 
pour  recevoir  la  députation,  Messieurs  sont  partis  pour  Versailles 
entre  sept  heures  et  demie  et  huit  heures  du  matin  en  man- 
teaux longs.  M^r  l'Archevêque  eut  la  bonté  de  mener  deux  de 
Messieurs,  et  M.  le  Doyen  les  trois  autres  dans  son  carrosse 
attelé  de  ses  quatre  chevaux.  Arrivés  à  Versailles  vers  les  dix 
heures,  Messieurs  sont  descendus  dans  la  cour  des  Princes  avec 
Mgr  l'Archevêque,  qui  les  conduisit  dans  son  appartement  où 
ils  attendirent  jusqu'à  l'heure  dn  lever  du  Roy.  Vers  les  onze 
heures,  ils  furent  introduits  dans  l'Œil-de-Bœuf,  où  ils  attendi- 
rent qu'ils  pussent  entrer  dans  la  chambre  du  Roy.  Dans  le 
moment  qu'on  appela  la  chambre,  Messieurs  entrèrent  dans 
la  chambre  et  se  placèrent  près  la  porte  de  la  Chambre  du  Con- 
seil. Lorsque  le  Roy  eut  fini  sa  prière  et  qu'il  voulut  passer  de 
sa  chambre  à  son  cabinet,  M.  l'Evêque  de  Senlis,  premier  au- 
mônier du  Rov,  eut  la  bonté  de  les  présenter  à  Sa  Majesté,  qui 
s'arrêta  à  la  porte  de  son  cabinet  devant  M.  le  Doyen,  qui  avait 
à  sa  droite  Mgr  l'Archevêque  et  à  sa  gauche  MM.  les  dépu- 
tés rangés  de  suite.  Le  Roy  écouta  avec  beaucoup  de  bonté  le 
discours  de  M.  le  Doyen,  et,  quand  celui-ci  eut  fini,  le  Roy  lui 
répondit  :  «  Vous  pouvez  compter  sur  ma  protection.  »  Après 
quoy  Messieurs  se  retirèrent  et  allèrent  se  placer  dans  la  gale- 
rie avec  M?r  l'Archevêque  sur  le  passage  du  Ro}^,  qui  allait  à 
la  Messe.  Ils  se  placèrent  aussi  sur  le  passage  de  la  Reine,  qui 
eut  la  bonté  de  les  saluer  en  allant  et  en  revenant  de  la  Messe. 
Ils  allèrent  aussi  avec  M81  l'Archevêque  au  dîner  de  la  Reine, 
où  était  aussi  le  Roy,  pour  faire  leur  cour.  Après  quoy,  ils  se 
retirèrent  avec  Mgr  l'Archevêque  et  allèrent  chez  le  curé  de 
Notre-Dame  de  Versailles,  où  Mp  l'Archevêque  leur  donna  un 
très  beau  repas,  pour  lequel  il  avait  fait  venir  ses  officiers  de 
Paris.  Messieurs  repartirent  de  Versailles  avec  Mgl  l'Archevê- 
que sur  les  quatre  heures  et  demie  et  arrivèrent  ta  Paris  vers 


112  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

les  six  heures  et  demie  du  soir.  »  Au  chapitre,  qui  se  tint  le 
lendemain,  les  chanoines  délégués  ne  tarirent  pas  en  éloges  et 
en  remercîments  à  l'égard  de  l'Archevêque,  du  Doyen,  de  l'E- 
vêque  de  Senlis  :  pas  un  mot  du  Roi  !  Peut-être  avaient-ils  trouvé 
la  réponse  royale  par  trop  laconique  l. 

Le  Chapitre  fut  mieux  accueilli,  quand,  en  1780,  il  se  présenta 
à  la  Cour  à  l'occasion  de  la  naissance  du  Dauphin.  M.  de  Mon- 
tagu  complimenta  le  Roi,  harangua  le  nouveau-né  et  put,  ainsi 
que  ses  collègues,  présenter  ses  devoirs  à  Madame  Marie-Thérèse, 
iîlle  aînée  de  Louis  XVI.  Faut-il  faire  remarquer  un  incident 
consigné  dans  les  registres  capitulaires?  Au  Te  De  uni,  chanté 
à  l'occasion  du  baptême  du  duc  de  Normandie,  l'infortuné 
Louis  XVII,  une  des  grosses  cloches  de  Notre-Dame  se  brisa. 
Était-ce  un  présage  ? 

La  famille  royale  tout  entière  partageait  les  honneurs  que  le 
Chapitre  rendait  aux  souverains  eux-mêmes.  Quand  un  de  ses 
membres  se  rendait  à  Notre-Dame  pour  y  satisfaire  sa  dévotion, 
les  chanoines  le  recevaient  avec  les  honneurs  dus  à  son  rang. 
En  1775,  la  réception  du  comte  d'Artois,  frère  de  Louis  XVI,  fut 
l'occasion  d'une  cérémonie,  dont  la  partie  musicale  avait  été  parti- 
culièrement soignée.  Pour  cette  circonstance,  M.  Dugué  composa 
en  musique  le  psaume  In  exitu.  Ce  jour-là,  le  comte  d'Artois 
prit-il  les  paroles  sacrées  pour  une  prophétie  sur  ses  lointaines 
destinées? 

La  Maison  d'Orléans  fut  aussi  de  la  part  du  Chapitre  l'objet 
de  respectueuses  attentions  :  celui-ci  autorisa  M.  de  Juigné 
à  conférer,  le  jeudi  20  octobre  1788,  le  sacrement  de  confirma- 
tion, au  maître-autel  de  Notre-Dame,  aux  princes  et  princesses, 
enfants  du  duc  d'Orléans,  et  pour  donner  à  cette  Maison  un  gage 
de  leur  attachement,  Messieurs  assistèrent  à  la  cérémonie  en 
robes  rouges  et  violettes. 

Les  hautes  fonctions  de  l'Etat  étaient  aussi  révérées  comme 
il  convient  par  les  chanoines  de  Notre-Dame.  Chaque  fois  que  le 


1.  Après  son  sacre,  comme  don  de  joyeux  avènement,  le  roi  avait  le  droit  de 
nommer  à  la  première  stalle  vacante.  Cfr.  Concl.  cap.,  année  1775. 


LE  CHAPITRE  ET  LA  VILLE.  H3 

choix  royal  honorait  un  personnage,  le  Chapitre  se  faisait  un 
devoir  de  lui  transmettre  ses  compliments.  11  envoie  des  députa- 
tions,  chargées  d'exprimer  ses  félicitations  verbis  officiosissi- 
mis,  en  1787,  à  M.  de  Lamoignon,  nommé  garde  des  sceaux,  et 
à  M.  de  Fourqueux,  trésorier;  en  1788,  à  M.  de  Yilledeuil,  se- 
crétaire d'état  au  Département  de  Paris;  en  1789,  à  M.  de  Sa- 
ron,  premier  président  au  Parlement  '. 

Les  meilleurs  rapports  régnaient  aussi  entre  le  Chapitre  et 
«  la  Ville  ».  Celle-ci  avait  décidé,  en  1782,  de  faire  déposer  au 
trésor  de  Notre-Dame  un  exemplaire  de  chaque  médaille,  qu'elle 
ferait  frappera  l'occasion  des  événements  importants2.  Xous 
avons  vu  que  le  Prévôt  des  Marchands  invitait  à  dîner  le  chanoine 
célébrant  le  jour  de  la  procession  aux  Grands-Augustins  et  lui 
attribuait  la  première  place  à  côté  de  M.  le  Premier  Président.  En 
1782,  à  l'occasion  de  la  naissance  du  Dauphin,  M.  de  Montagu 
assista  à  l'Hôtel  de  Ville  au  banquet  et  au  feu  d'artifice. 

Le  Chapitre  tout  entier  aimait  à  prendre  part  aux  allégresses 
nationales  :  non  seulement  il  faisait  illuminer  le  Cloître,  sa  Grande- 
Porte  et  la  façade  de  l'église  avec  des  ifs,  garnis  de  lampions, 
mais  les  chanoines  eux-mêmes,  accompagnés  des  enfants  de 
chœur,  montaient  volontiers  «  sur  la  plate-forme  au  haut  de  l'es- 
calier de  l'horloge  »,  pour  voir  les  feux  d'artifice  tirés  à  l'Hôtel 
de  Ville. 

1.  Concl.  capit.,  mêmes  années. 

2.  MM.  les  orfèvres,  au  nom  des  quatre  corps  des  Marchands,  offrirent  aussi  au 
Chapitre    la   médaille   qu'ils  avaient  fait   frapper  à  l'occasion  de  la  naissance  du 

Dauphin. 


CHAPITRE   L>E   NOTRE-DAME    DE    PARIS. 


CHAPITRE  QUATRIEME 

L'ADMINISTRATION  CAPITULAI!!!-; 


I.  Biens  du  Chapitre.  Les  départements  de  l'Administration  capitulaire  : 
l'ancienne  Mense;  la  Mense  de  Saint-Germain  l'Auxerrois  :  l'Office  des  Matines; 
les  chapelles    Saint-Denis   et  Saint-Georges  el  des  Paresseux;  la  Fabrique.    — 

t  Biens  a  Paris  .-  maisons  et  fiels.  —  Biens  à  la  campagne  :  seigneuries,  fiefs, 
domaines,  fermes,  bois,  dîmes  et  terres.  —  Administration  de  ces  biens  par 
l'Agent  des  affaires,  le  Chambrier,  l'Architecte.  —  Droits  seigneuriaux. —  II. 
Administration   financière.  Receveur    général    et   Receveur   des  censives. 

—  Distinction  des  caisses. —  Comptes  du  Chapitre  en  1789.  —  III.  Le  Chapitre 
et  l'Instruction  publique.  Le  Chancelier,  le  Chantre  et  les  Petites  Écoles  : 
droits  du  Doyen  el  du  Pénitencier;  fondations  Delaître,  d'Eaubonne,  le  Masson  et 
de  Mondran.  —  IV.  Le  Chapitre  et  l'Assistance  publique.  L'Hôtel-Dieu. 

—  Souscription  pour  les  hôpitaux  de  Paris.  —Secours  aux  pauvres.  — Troncs. 


Il  est  important  de  montrer  que  le  Chapitre  n'était  pas  seule- 
ment un  corps  illustre  et  puissant  dans  l'Eglise  de  Paris,  un  justi- 
cier unissant  les  juridictions  spirituelle  et  temporelle;  c'était  aussi 
un  grand  seigneur,  chargé  de  titres,  pourvu  de  biens.  Ses  ri- 
chesses lui  permettaient  des  aumônes  qui  lui  donnaient  une  place 
dans  l'Assistance  publique,  et  de  nombreuses  fondations  l'inté- 
ressaient à  la  direction  des  plus  illustres  collèges  et  à  l'instruc- 
tion donnée  dans  les  Petites  Ecoles.  Les  pages  qui  suivent, 
contiennent  quelques  documents  peut-être  un  peu  arides,  mais 
nécessaires  pour  bien  établir  la  situation  sociale  du  Chapitre 
de  Paris  en  1790. 

I 

Pour  bien  posséder  l'intelligence  de  l'administration  temporelle 
et  financière  du  Chapitre  à  la  veille  de  la  Révolution,  quelques 
explications  préliminaires  sont  indispensables.  Cette  administra- 


116  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

tion,  dirigée  par  l'agent  des  affaires,  M.  de  Champigny,  et  le 
sous-agent,  dont  nous  verrons  plus  loin  les  fonctions,  se  parta- 
geait en  six  départements  :  l'ancienne  Mense  du  Chapitre,  la 
Mense  de  Saint-Germain  l'Auxerrois,  l'office  des  Matines,  les 
chapelles  Saint-Denis  et  Saint-Georges  et  des  Paresseux,  la  Fa- 
brique, les  Fondations  pour  écoles. 

L'ancienne  Mense  comprenait  tous  les  biens  que  le  Chapitre 
possédait  comme  tel,  avant  1740,  et  dont  il  avait  la  libre  disposi- 
tion. En  1740,  quand  M.  de  Vintimille  supprima  le  Chapitre  de 
Saint-Germain  l'Auxerrois  et  l'unit  à  celui  de  Notre-Dame,  le 
décret  d'union  transféra  à  ce  dernier  tous  les  biens  du  Chapitre 
supprimé  et  leur  assigna  telles  affectations,  qui  devaient  être  res- 
pectées. Jusqu'en  1784,  M.  Delon,  le  dernier  chanoine  de  Saint- 
Germain  subsistant  à  Notre-Dame,  administra  séparément  les 
biens  de  cette  Mense.  Quand  ses  forces  ne  lui  permirent  plus  de 
se  livrer  à  ce  travail,  le  Chapitre  le  confia  à  ses  receveurs  ordi- 
naires, qui  devaient  dans  leurs  comptes  maintenir  la  distinction 
entre  les  produits  de  chacune  des  deux  Menses. 

Les  revenus  de  l'office  des  Matines  étaient  en  partie  affectés 
aux  rétributions  du  clergé,  gagnées  surtout  par  l'assistance  aux 
offices  delà  nuit.  Ces  rétributions  furent  considérablement  aug- 
mentées grâce  aux  libéralités  de  MM.  les  chanoines  PaA*en, 
Couet  et  de  Périgny.  Au  commencement  du  xvine  siècle,  les  dis- 
tributions, revenant  au  bas  chœur  pour  ces  offices,  étaient  fort 
modiques,  et  le  Chapitre  voyait  avec  peine  l'usage  de  chanter 
les  offices  la  nuit,  si  respecté  par  l'Eglise  de  Paris  et  si  recom- 
mandable  à  la  piété,  sur  le  point  de  cesser  faute  de  ressources.  M.  le 
cardinal  de  Noailles,  fort  zélé  pour  le  maintien  et  la  décence  du  culte 
dans  sa  cathédrale,  supprima  les  titulaires  de  deux  chapelles  riche- 
ment dotées,  celle  de  Saint-Denis  et  Saint-Georges  et  celle  dite  des 
Paresseux1  ,  et  unit  leurs  revenus  au  Chapitre  pour  augmenter  les 
distributions  du  bas  chœur.  Les  biens  de  la  Fabrique  servaient  à 


1.  La  chapelle  des  Paresseux,  du  titre  de  Sainte-Madeleine,  était  à  l'autel  de  la 
Sainte- Vierge^  à  droite  en  entrant  au  chœur:  elle  fut  fondée  en  1303  par  le  cha- 
noine Jean  Le  Moine.  Cfr.  l'inscription  jadis  placée  dans  la  chapelle  de  la  Made- 
leine à  Notre-Dame.  Curiosités,  op.  cit..   p.  110. 


LES  BIENS  DU  CHAPITRE.  117 

payer  les  frais  généraux  du  culte,  à  subventionner  l-s  clercs  et 
les  employés  nécessaires  aux  cérémonies  et  à  l'entretien  du  mobi- 
lier et  de  l'église.  Nous  parlerons  des  fondations  pour  écoles, 
quand  nous  étudierons  les  rapports  du  Chapitre  avec  l'Instruc- 
tion publique. 

Un  travail,  exécuté  par  M.  Barbie,  receveur  général  du  Cha- 
pitre, en  conformité  au  décret  du  13  novembre  1789  touchant 
les  Biens  ecclésiastiques,  nous  a  été  fort  utile  pour  connaître 
les  possessions  du  Chapitre.  Xous  avons  consulté  aussi  à  cet 
effet  les  affiches  des  cent  cinquante-trois  déclarations  partielles, 
faites  devant  les  Municipalités  des  Communes  et  indiquant  les 
biens  situés  à  la  campagne,  qui  ne  sont  que  résumés  dans  le 
travail  de  M.  Barbie  '. 

I.  Biens  dans  Paris. 

1"  Ancienne  Mense  du  Chapitre. 

Dans  le  Cloître,  quatre  maisons  dont  deux  seulement  sont  de  quelque 
rapport 2. 

Droits  d'étaux  à  boucherie,  rue  de  la  Harpe,  près  celle  du  Four;  —  vis- 
à-vis  Saint-Séverin ;  —  rue  du  Faubourg-Saint-Jacques,  près  Saint-Jacques 
du  Haut-Pas;  —  rue  Galande.  près  celle  des  Anglais3. 

Maison  au  cloître  Saint-Benoit;  le  moulin  Croulebarbe,  près  les  Gobelins, 
faubourg  Saint-Marcel;  maison  faubourg  Saint-Laurent,  près  l'ancienne 
foire. 

Deux  places  aux  deux  portes  collatérales  de  l'église  du  côté  du  Parvis. 

Quatre  maisons  au  Parvis. 

Une  maison,  place  de  Grève. 

Une  boutique,  carré  du  Pont-Rouge,  attenante  à  la  Communauté  des 
Chantres. 

Une  maison  et  une  échoppe,  au  même  lieu. 

Cinq  maisons  et  différents  locaux,  rue  d'Enfer. 

Maisons  rue  aux  Fèves,  rue  Bourg-l'Abbé,  rue  Cocatrix.  au  coin  des   rues 

1.  Le  l"  juin  L790,  l'archiviste  Pavillet  offrit  au  Chapitre  une  notice  intitulée  : 
Relevé  alphabétique  des  terres  et  seigneuries,  fiefs,  dixtnes,  moulins,  bois,  etc.,  ap- 
partenant au  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  avec  les  renvois  de  chacune  de  ces  pièces 
aux  terres  principales  dont  elles  dépendent  el  un  précis  historique  de  celles- 
Cfr.  Arch.  Nat.  LL.  232  ''-  Concl.  du  l«  juin  1790.  Nous  n'avons  pas  trouvé  dans 
te  fonds  du  Chapitre  de  Paris  ce  travail  qui  devait  être  fort  intéressant. 

•,'.  Ces  quatre  maisons  étaient  :1a  Maîtrise, le  Chapitre,  les  maisons  Couetetde 
Périgny;  ces  deux  dernières  seules  étaient  de  rapport. 

3.  La  position  de  ce  quatrième  étal  n'était  pas  déterminée. 


118  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1700. 

de  Gèvres  et  Planche-Mibray,  rue  de  la  Juiverie,  rue  delà  Mortellerie;  deux 
maisons  réunies,  rue  de  la  Vieille-Monnaie  et  rue  Marivault;  une  autre 
maison,  rue  delà  Vieille-Monnaie,  rue  des  Barres;  trois  maisons,  rue  des 
Marmouzets;  une,  rue  du  Marché-Palu  et  rue  Galande  ;  deux  places  vagues, 
rue  Perpignan:  autres  maisons,  rue  Saint-Denis,  rue  Saint-Jacques,  rue 
Sainte-Marine,  rue  Saint-Martin,  au  coin  de  la  rue  aux  Ours;  trois  maisons, 
rue  Saint-Pierre  aux  Bœufs,  dont  une  attenant  à  l'église. 

2°  Mense  de  Saint-Germain  l'Auxerrois. 

Trente-une  maisons  au  cloitre  Saint-Germain  et  plusieurs  échoppes  *  ; 
quatre  maisons,  rue  des  Fossés-Saint-Germain:  quatre,  rue  des  Poulies: 
une,  rue  Jean-Tison;  une.  carrefour  de  l'École;  une,  quai  de  l'École;  deux, 
quai  de  la  Mégisserie;  une,  rue  Trop-va-qui-dure ;  une, rue  de  la  Joaillerie, 
adossée  au  Grand-Châtelet  ;  une,  Faubourg-Montmartre  2;  une  place  à 
moulin  sur  la  Seine,  entre  le  Pont-Neuf  et  le  Pont-aux-Changes;  un  grand 
bâtiment  isolé  3  entre  la  rue  de  la  Ferronnerie  et  le  Marché  des  Innocents  *. 

3°  Office  des   Matines. 

Une  maison,  rue  des  Marmouzets. 

4"  Chapelles  Saint-Denis  et  Saint-Georges  et  des  Paresseux. 

Une  maison,  parvis  Notre-Dame  ;  deux  maisons  réunies,  rue  de  la  Pel- 
leterie 5. 

5°  La  Fabrique. 

Une  maison,  parvis  Notre-Dame:  trois  petites  maisons  adossées  à  la  tour 
méridionale  ;  maisons,  carré  du  Pont-Rouge,  rue  Saint-Christophe,  rue  Saint- 
Pierre  aux  Bœufs  ,;. 


1.  Plusieurs  maisons  et  échoppes  ont  été  abandonnées  au  Roi.  suivant  Arrêt  de 
son  Conseil  d'État  du  13  novembre  1784,  moyennant  le  paiement  d'une  rente  de 
815  septiers  de  blé-froment  par  année,  représentative  des  loyers  des  maisons, 
places  et  échoppes,  appréciable  en  argent  sur  les  Mercuriales  du  marché  de 
Paris  et  à  prendre  sur  les  domaines  de  Sa  Majesté.  —  Arch.  Nat.,  S.  460. 

2.  A  cette  maison  était  attenant  un  terrain,  qui  servait  autrefois  de  dépôt  des 
ossements  provenant  du  cimetière  des  Innocents.  Ibid. 

3.  Ce  bâtiment,  qui  occupait  précédemment  la  place  de  vingt-deux  maisons. 
fut  complètement  refait  par  le  Chapitre  ces  dernières  années  et  avait  été  pour 
lui  l'occasion  de  grandes  dépenses.  Cet  immeuble,  loué  en  totalité,  aurait  pu 
rapporter  80.000  1.  Il  était  occupé,  le  19  avril  17'.MJ,  par  cent  deux  locataires.  En  1786 
et  1787,  en  exécution  d'Arrêts  du  Conseil  d'État,  le  Chapitre  concéda  au  Roi, 
moyennant  une  rente  de  4.000  1.,  deux  emplacements  aux  extrémités  de  l'immeuble 
pour  y  établir  deux  arcades,    faisant  communiquer  la   rue  de  la  Ferronnerie  et 

Marché  des  Innocents. 

4.  Alors  appelé  Marché  de  Crosne. 

5.  Ces  trois  maisons  étaient  condamnées  à  disparaître;  le  Bureau  de  la  Ville  avait 
entamé  avec  le  Chapitre  des  négociations  pour  acheter  celle  de  la  rue  de  la 
Pelleterie.  —  Arch.  Nat.,  S.  460. 

6.  Cette  maison,  dont  la  moitié  appartenait  à  l'église  de  Saint-Pierre  aux  Bœufs, 


LES  BIENS  DU  CHAPITRE  11!» 

II.  Fiefs,  lods  et  ventes  dans  Paris. 
1°  Ancienne  Mense  du  Chapitre. 

Fief  de  la  Barre  du  Chapitre,  dont  le  chef-lieu  était  dans  le  cloître 
Notre-Dame  à  l'endroit  appelé  la  Motte-aux-Papelards,  dit  le  Terrain.  Toutes 
les  mouvances  île  ce  fief  se  trouvaient  hors  Paris  '. 

Censive  de  l'Ile  Notre  Dame,  comprenant  l'Ile  et  la  paroisse  Saint 
Louis.  Lods  et  ventes;  cens  annuel,  à  raison  d'un  denier  par  toise  de 
superficie.  La  Fabrique  de  Saint-Louis  doit  au  Chapitre  une  rente  de 
266  1.  13  s.  4.  d.  sur  une  maison  lui  appartenant,  comme  représentative 
d'indemnité. 

Fief  en  la  Cité  de  Paris.  Censive  d'un  fief  d'ancienne  fondation,  se 
tendant  sur  différentes  maisons  au  Port  2,  rue  du  Port,  rue  d'Enfer-Saint- 
Landry,  rue  Sainte-Marine,  rus  Cocatrix  ou  des  Hermites,  rue  des  Trois- 
Cannettes,  rue  Perpignan,  rue  de  la  Lanterne. 

Aval  du  Pont-au-Change.  Censive  au  Pont-au-Change  sur  les  mai- 
sons et  échoppes  du  côté  d'aval,  et  par  moitié  sur  celle  de  la  pointe  de 
l'échaudé  3. 

Fief  de  Tiron,  situé  rue  des  Murs,  dite  d'Arras,  au  coin  de  la  rue 
Clopine,  sur  une  partie  des  rues  de  Versailles,  du  Bon-Puits,  Traversière, 
Saint-Victor,  rue  Galande  du  coté  de  la  rue  Saint-Jacques. 

Fief  de  la  voirie  de  Fontenay.  s'étendant  sur  diverses  maisons,  rues 
Saint-Jacques,  du  Petit- Pont,  Saint-Séverin,  cul-de-sac  Saillembien.  rues  de 
la  Parcheminerie,  d'Enfer.  Saint-Michel. 

Fief  des  Arcis,  sur  diverses  maisons  rues  des  Arcis,  Saint-Bon,  Jean- 
Pain-Mollet.  Saint-Martin,  des  Ménestriers  et  des  Marivaux. 

Fiefs  du  Cens  Commun  et  du  Mandé  ou  de  la  Folie-Regnault,  situés 
rue  Saint-Denis,  vis-à-vis  Saint-Chaumont,  s'étendant  rues  du  Faubourg- 
Saint-Denis,  des  Petites-Écuries-du-Roi,  Poissonnière,  Grand'- Rue,  du  Fau- 
bourg-Saint-Martin, à  la  Villette,  terroirs  et  paroisses  de  Charonne,  Saint 
Laurent.  Belleville,  Faubourg-du-Temple.  terroir  et  paroisse  Sainte-Margue- 
rite. Pantin,  etc.  v. 

Cens  Gauthier  et  autres,  à  cause  du  fief  du  cens  Gauthier  de  Neauphle. 
des  Coquilles  et  de  la  Folie-Regnault,  s'étendant  sur  quelques  maisons, 
rues   de  la  Verrerie,  des  Coquilles,   Barre-du-Bec,  de   la   Tixanderie,   du 

était  louée  au  iHs  'lu  fameux  Le  Vieil,  qui  relit  au  xviu«  siècle   presque  toutes  les 
verrières  de  Notre-Dame. 

1.  Les  fiefs,  dépendant  de  la  Barre  du  Chapitre,  étaient  les  fiefs  d'Itteville  en 
Gâtinais,  de  Moncivry  près  Villejuif,  de  l'Épine,  et  le  fief  de  la  Barre  du  Cha- 
pitre, àChevrigny,  pressentisse.  La  Barre  du  Chapitre  avait  aussi  des  redevances 
sur  la  ferme  de  la  Barre,  près  Chevreuse.  —  Arch.  Nat.  S.  160. 

2.  Port  Saint-Landry,  situé  non  loin  du  Pont-Rouge. 

:;.  Les  droits  de  Censive  avaient  été  diminués  depuis  l'acquisition  par  la  Ville 
des  maisons  et  échoppes  qui  ont  été  abattues. 

1.  Les  droits  de  Cens  étaient  de  10  deniers-tournois  par  arpent,  payables  aux 
octaves  de  Sa  int-Oenis. 


120  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Mouton,  de  la  Mortellerie,  quai  des  Ormes,  de  la  Vannerie  et  de  l'Ecor- 
cherie. 

2°  Mense  de  Saint-Germain  l'Auxerrois. 

Fief  de  Montmoyen,  dont  la  glèbe  s'étend  sur  diverses  maisons,  terres, 
terroir  et  paroisse  de  Montmartre,  rues  Saint-Lazare,  de  Rochechouart. 
de  la  Rochefoucauld.  Royale,  de  Clichy.  des  Portes-Blanches,  aux  Percherons, 
Poissonnière,  etc.  L 

Fief  de  Saint-Germain,  s'étendant  rues  Saint-Honoré,  des  Poulies, 
Bailleul,  Jean-Tison,  de  l'Arbre-Sec,  des  Prêtres  et  des  Fossés-Saint-Ger- 
main, quai  de  l'École,  rue  des  Lavandières-Saint-Germain,  quai  de  la 
Mégisserie,  rues  de  la  Vieille-Jaaillerie.  des  Arcis.  Marivaux,  de  la  Cou- 
tellerie, de  la  Basse-Vannerie,  Saint-Landry,  d'Enfer  Saint-Landry,  cul-de- 
sac  de  l'Oratoire,  cloitre  Saint-Germain,  rues  Saint-Antoine,  du  Roi-de- 
Sicile  -. 

III.  Biens  immobiliers  a  la  campagne. 
I.  Seigneuries. 

Seigneurie  d'Andrésy,  avec  maison  seigneuriale  au  fief  de  Villette.  Cette 
seigneurie  s'étendait  sur  les  fiefs  de  Boury.  de  Chennevières,  de  Brussol,  de 
Villette,  de  Mortemer  et  de  Colleville,  situés  respectivement  sur  les  pa- 
roisses d'Andrésy.  Moreourt,  Jouy-le-Moutiers.  Achèreset  Vauréal.  Aux  droits 
de  dîme,  qui  s'étendaient  sur  2.763  arpents  :i.  s'ajoutaient  le  droit  de  chance' 
au  lieu  dit  Fleu-Fosse,  près  Conflans,  et  les  droits  de  port,  passage,  bac  et 
pêche  sur  la  partie  de  la  rivière  dite  Fin-d'Oise,  où  les  deux  rivières  se  réu- 
nissent. 

Seigneurie  d'Aubergenville  (province  de  Beauce ),  dont  relèvent  les 
fiefs  d'Acosta  et  de  Nézel.  Elle  s'étend  sur  les  paroisses  d'Aubergenville, 
Épône,  Mézières  et  Flins.  Elle  comprend  les  droits  d'un  tiers  de  ladime  sur 
1.581  arpents  45  perches  et  le  droit  de  péage  sur  le  Pont-Gallon  5. 

1.  A  ce  fief  était  attaché  le  droit  de  dîme  de  grains  à  percevoir  dans  retendue 
des  paroisses  de  la  Ville-l'Évêque,  Montmartre  et  Clichy-la-Garenne,  et  le  droit 
de  dîme  en  argent  à  raison  de  30  sols  par  arpent  sur  les  terres  sujettes  au  droit 
de  dîme  en  grains. 

2.  En  1790,  les  droits  de  seigneurie  sur  l'ancien  cimetière  des  Innocents  étaient 
disputés  entre  le  Chapitre  et  le  Domaine  du  Roi.  Le  procès  ne  fut  pas  terminé. 
Arc  h.  Nat.  S.  160. 

3.  La  dîme  d'Andrésy  était  percevable,  savoir  celle  des  blés  et  tous  autres  grains 
à  raison  de  8  gerbes  sur  100;  celle  des  pois,  fèves,  lentilles  et  autres  mêmes  graines 
à  raison  de  8  bottes  sur  100  et  les  pois  vert-  de  1  panier  sur  12;  la  dîme  du  vin  a 
raison  de  3  pintes  1/2  par  muid,  mesure  de  Saint-Denis,  celle  des  agneaux  et  co- 
chons est  de  treize-un. 

4.  Le  droit  de  chance  consistait  anciennement  à  percer  cinq  pièces  de  vin  en 
chaque  bateau  de  trois  pilles  et  trois  pièces  eu  iliaque  pille  où  il  y  a  cinq  pilles  et 
y  prendre  30  pintes  de  meilleur  vin,  mesure  d'Andrésy. 

5.  ••  Sur  l'exposé  fait  par  M.  du  Pinet,  chanoine,  l'un  de  Messieurs  les  Intendans 
des  Bàtimens,  que  des  gens  mal  intentionnés  ont  fait  une  ouverture  de  trois  pieds 


LES  BIENS  DU  CHAPITRE.  121 

Seigneurie  d'Auteuil  (province  d'Ile-de-France)  avec  grande  dimeresse'. 

Seigneurie  d'Ayencourt  (province  de  Picardie).  Manoir  seigneurial,  dont 
relèvent  les  fiefs  de  CIaroy,de  la  Motte  et  autres.  Droits  utiles  sur  la  rivière  de 
Dons.  Moulin  à  eau  banal.  188journaux  71  perches  surMontdidieretAyencourt 

Seigneurie  de  Bagaeux  (province  d'Ile-de-France).  Manoir  seigneurial, 
auditoire  et  prison.  Elle  a  dans  sa  mouvance  les  fiefs  de  Garlande,  de  la  Lui- 
sette  et  une  partie  de  la  seigneurie  de  Chàtillon.  Une  partie  de  la  seigneurie 
n'étant  pas  décimable  dans  sa  nature  ou  dans  la  dime  du  Chapitre,  les 
droits  de  dime  ne  s'étendent  que  sur  1.125  arpents.  Les  terres,  situées  sur 
Bagneux,  Sceaux  et  Chàtillon,  comprennent  125  perches  2. 

Seigneurie  de  Belloy  (province  d'Ile-de-France).  Ferme  seigneuriale 
au  domaine  de  Belloy,  dit  le  Vieil,  dont  relèvent  les  fiefs  de  Ruchambre. 
d'Aulny,  de  Fontenelle,  de  Croulavoine,  de  la  Petite-Ferme,  de  Saint-Ro- 
main de  Carnaux  et  de  Philippe-de-Belloy,  dit  Pillon.  Le  Chapitre  parta- 
geait les  droits  de  dîme  avec  les  Religieux  Feuillants  sur  1.132  arpents  98 
perches  et  avait  le  droit  de  demi-dime  sur  72  arpents  22  perches.  La  sei- 
gneurie de  Belloy  s'étendait  sur  les  paroisses  de  Belloy,  Luzarches,  Viarmes. 
Villaine,  Yilliers-le-Sec,  Franconville,  Saint-Martin- du-ïartre.  Ses  terres  cou- 
vraient 228  arpents  99  perches. 

Seigneurie  de  Bourg-la-Reine  en  partie  (province  d'Ile-de-France). 
Les  revenus  de  cette  seigneur'e  étaient  confondus  avec  ceux  de  la  seigneurie 
de  l'Hay  et  Chevilly. 

Seigneurie  de  Corbereuse  i  province  de  Beauce).  Ferme  seigneuriale, 
garenne, auditoire,  geôle,  grange  dimeresse.  Elle  s'étend  sur  les  paroisses  de 
Corbereuse,  Saint-Martin-de-Betincourt,  Auton  et  Attainville.  La  dime  couvrait 
2.290  arpents  Les  terres  contenaient  541  arpents  90  perches  :i. 

Seigneurie  de  Damart  (province  d'Ile-de-France).  Manoir  seigneurial  et 
ferme.  Les  fiefsdeRoussy  et  de  Bataille  étaient  dans  sa  mouvance.  855arpents 
05  perches  étaient  décimables.  Les  terres  de  la  seigneurie  s'étendaient  sur 
144  arpents  11  perches  4. 

et  demi  de  longueur  sur  deux  pieds  de  large  au  pont  appelé  le  Ponl-Gallon,  qui 
traverse  la  rivière  de  Mauldre  à  la  suite  du  grand  chemin  de  Paris,  et  que  cette 
rupture  intercepte  lf  passage  des  hommes  et  des  bestiaux.  Messieurs  ont  chargé- 
prié  M"  les  Intendans  des  Bâti  mens  de  faire  mettre  promptement  les  ouvriers 
aud.  pont.  »  Concl.  en/*..   1  nov.  1789. 

1.  Le  Chapitre  avait  abandonné  aux  curés  d'Auteuil  et  de  Boulogne  la  dime  de 
cette  seigneurie  pour  augmenter  leurs  portions  congrues  et  en  constituer  en  faveur 
«le  leurs  vicaires.  En  1787,  pour  améliorer  le  sort  du  curé  d'Auteuil,  il  lui  accorda 
encore  la  grange  dimeresse,  moyennant  la  modique  rente  de  20  1.  Cette  grange 
pouvait  être  louée  700  1.  par  le  curé.  Cl'r.  Concl.  cap. 

■2.  M.  le  Pénitencier,  s'il  n'était  pas  chanoine,  devait  rendre  hommage  à  genoux 
au  Chapitre  pour  son  fief  de  Bagneux. 

:5.  Le  Chapitre  touchait  lô  1.  de  eens  sur  le  Moulin  de  la  Ville  et  6  1.  sur  le 
Moulin-Neuf.  L'abbé  de  Saint-Benoît-sur-Loire  payait  au  seigneur  de  Corbereuse  une 
redevance  de  24  septiers  de  grains,  moitié  en  blé,  moitié'  en  avoine. 

L  En  1790,  le  Chapitre  était  en  litige  avec  les  Bénédictins  de  Lagny  qui  refu- 
saient de  payer  une  redevance  eu  grains. 


122  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   17S0. 

Partie  indivise  de  la  seigneurie  d'Épiais  province d'Ile  de-France). 
Manoir  et  ferme.  288  arpents 89  perches  de  terres  sur  Épiais,  Chennevières, 
Mauregard,  Roissy  et  Tremblay.  Dime  sur  12  arpents  29  perches. 

Seigneurie  d'Épône  (province  de  Beauce).  Sa  mouvance  comprend 
les  fiefs  de  Saint-Béat,  de  la  Couronne-des-Prés  à  Cocheret,  de  Bréval,  de 
Saint-Martin,  de  Saint-Nicaise  et  de  Villame.  Elle  s'étendait  sur  les  paroisses 
d'Épône,  de  la  Falaise,  de  Maulc.  de  Mézières  et  de  Villeneuve.  Les  droits 
de  dime  étaient  fort  nombreux  :  1°  dime  des  laines,  agneaux  et  cochons  de 
lait  ;  _  2°  dime  des  Antes-aux-Millions  ;  —  3°  dime  de  la  Garenne;  —  4°  dîme 
de  la  Porte  de  la  Ville;  —  5°  dime  du  Ligneu;  —  6°  dime  de  la  Vallée  et  du 
Paulou  ;  —  7°  dime  du  vin  ;  —  8°  grande  dime  ;  —  9°  dime  des  Débats,  sur 
la  paroisse  de  Maule;  —  10° dime  de  la  Couche,  sur  Mézières;  —  11°  dime  du 
Muret.  Moulin  et  four  banaux. 

Seigneurie  de  Fontenay-aux  Roses  (province  d'Ile-de-France).  Geôle  et 
3  arpents. 

Seigneurie  de  Grand-Paroisse  (province  de  Brie),  appelée  ancienne- 
ment de  la  Celle,  comprenant  maison  seigneuriale,  dite  de  Rubrette,  72  ar- 
pents de  terres,  d'où  dépend  le  fief  des  Appentis  et  de  Machecourt.  —  Dîme 
sur  toute  l'étendue  de  la  seigneurie. 

Seigneurie  de  Marangis  (paroisse  de  Grand-Paroisse i.  Maison  seigneu- 
riale, moulina  eau  et  127  arpents  54  perches  de  terres. 

Seigneurie  d'Herblay  (province  de  Beauce!.  Manoir,  auditoire  et  pri- 
son, et  2.700  arpents  décimables.  Cette  seigneurie  ne  possédait  qu'un  arpent 
de  terre  '. 

Seigneurie  de  l'Hay  et  Chevilly  (province  d'Ile-de-France;.  Dime  sur  les 
deux  paroisses  ainsi  que  le  droit  de  la  quille  au  Bâton  les  jours  de  Patron. 
Colombier,  grange  dimeresse  et  pressoir.  Les  terres  s'étendent  sur  155  ar- 
pents 43  perches. 

Seigneurie  de  Larchant  (province  du  Gàtinais.  i  Elle  s'étendait  sur  les 
paroisses  de  Larchant,  de  la  Chapelle-la  Reine  et  de  Guercheville.  Cette  sei- 
gneurie possédait  manoir,  ferme,  audience,  grange  dimeresse,  four  banal. 
Les  droits  de  dime  sur  la  paroisse  de  Larchant  et  les  fiefs  de  Bonneau,  Vil- 
lechasson,  Blomons,  sur  les  cantons  des  Bons-Enfants  et  du  Cardinal-Lemoine 
et  encore  sur  les  fiefs  du  Buisson  et  de  Fargeville,  comprenaient  4.500  ar- 
pents et  les  terres  de  la  seigneurie  665  arpents  90  perches  2. 

Seigneurie  de  Mons  sur-Orge  (paroisse  d'Athis).  Elle  comprend  les  fiefs 
de  Roussigny  ou  de  Maison-Rouge,  de  Saint- Fargeau,  de  Villiers,  de  Soisy- 
sous-Étiolles,  de  Chailly,  de  Moncivry,  mouvant  ainsi  que  ceux  dTtteville, 
dans  le  Gàtinais,  et  de  l'Épine,  du  fief  de  la  Barre  du  Chapitre.  Hôtel  sei- 
gneurial, ferme,  colombier,  deux  pressoirs  seigneuriaux,  un  moulin  appelé 
Moulin-le-Roy  sur  l'Orge;  droits  de  bac,  port  et  péage  sur  la  Seine  au  port 
nommé  Courcelle,  et  droit  de  pèche  dans  l'étendue  de  la  Haute-Justice  du 

1.  Elle  avait  ineoro  4  1.  do  rentes  sur  le  moulin  à  vent  de  Pierre  à  Ilerblay  et 
différentes  redevances  en  grains  et  argent. 

•2.  Le  Chapitre  possédait  à  Larchant.  sur  le  fief  Mont-Saint-Mathurin,  une  pièce 
de  triche  appelée  le  «  Bois  de  Messieurs  ». 


LES  BIOS  DU  CHAPITRE.  12:; 

Chapitre.   Terres  :    21G  arpents  04  perches  .mit  les  paroisses  de  Moi  - 
Noisy-sous-Vigneux,  Villeneuve-le-Roi,  Viry  et  Grigny. 

Seigneurie  d'Ablon.  Toutes  les  terres  sont  réunies  à  la  ferme  de  Mons. 

Seigneurie  d'Orly  dle-de-Francei.  Ferme,  granges  et  pressoirs  ba- 
naux. Les  terres  sur  Orly,  Vitry  et  Para  y  contiennent  443  arpents.  Dime  de 
vin  sur  Orly  et  Grignon,  et  dime  ordinaire  sur  1.350  arpents  *. 

Seigneurie  d'Outrebois  province  de  Picardie).  Moulin  à  eau  sur  la  ri- 
vière d'Authie,  25  arpents  de  terres. 

Seigneurie  de  Rosoy  (province  de  Brie).  La  plus  importante  des  sei- 
gneuries appartenant  au  Chapitre.  Maison  seigneuriale;  un  moulina  eau 
banal,  dit  le  Grand-Moulin;  deux  moulins  à  eau,  dits  l'un  moulin  de  Choiseul. 
l'autre  moulin  de  Coudray;  deux  moulins  à  vent.  La  seigneurie  possède 
encore  deux  fermes,  le  fief  de  Comporte  et  un  château  à  Voinsles  ;  la  dime 
sur  Rosoy,  Voinsles,  Villeneuve-la-Henri  et  Nesle-la-Gilberte,  comprend 
4.375  arpents.  Terres  :  704  arpents  57  perches 2. 

La  seigneurie  de  Rosoy  avait  dans  ses  dépendances  :  1°  le  franc-aleu 
noble,  nommé  la  Cour  de  Pécy.  qui  possède  un  hôtel  seigneurial  avec  dépen- 
dances et  220  arpents  74  perches  de  terres;  2°  la  seigneurie  de  Grand- 
Fontaine,  sur  la  paroisse  de  Touquin,  comprenant  château,  dépendances, 
moulin  de  Grand-Fontaine,  droit  de  pèche  sur  rivière  d'Hierres  exclusive- 
ment à  tous  autres  depuis  le  Pont-Arnaud  jusqu'au  Pont-d'Eteau  et  conjoin- 
tement avec  le  seigneur  de  Touquin.  depuis  le  Pont-d'Eteau  jusqu'au 
moulin  de  Crussol,  droit  de  banc  à  l'église  de  Touquin  et  155  arpents  de 
terres:  —  3°  la  seigneurie  de  Plessis-Maitre-Henry  ou  Plessis-Mallet  sur  la 
Chapelle-Iger,  manoir.  200  arpents  45  perches  de  terres  et  dîmes  sur  215 
arpents  dont   15  sur  la  paroisse  de  Bernay. 

Seigneurie  de  Rungis  (province  d'Ile-de-France).  Manoir  seigneurial. 
351  arpents  de  terres  et  dime  sur  00  arpents  70  perches  ;t. 

Seigneurie  de  Sucy  (province  d41e-de-France).  Manoir,  ferme, 374  arpents 

1.  Dans  la  dîme  d'Orly  est  comprise  ladime  dite  «  Taille  de  Saint-André  »,  éta- 
blie en  vertu  d'une  transaction  passée  entre  le  Chapitré  et  les  habitants  d'Orly  le 
19  juin  1412:  elle  consistait  à  prendre  sur  les  terres,  qui  ne  payaient  pas  de  lods 
et  ventes,  une  gerbe  sur  onze. 

%.  Les  droits  de  la  seigneurie  de  Rosoy  étaient  considérables.  Ils  comprenaient  : 
1°  en  la  halle,  le  droit  de  ffalage,  qui  est  une  redevance  de  '-'sols,  tous  les  samedis 
et  jours  de  marché,  pour  chaque  grand  liane,  et  1  sol  seulement  pour  chaque  petit 
banc;  —  2"  une  redevance  de  2  sols  pour  chaque  banc  (pie  le  fermier  de  ce  droit 
fournit  tant  les  jours  de  marché  que  de  foire;  pour  le  petit  marché,  une  redevance 
de  6  s.  pour  chaque  mannequin  ou  hotte  et  de  3  s.  pour  un  panier  à  bras:  — 
3»  droits  d'étaux  pour  les  bouchers;  —  1°  droit  de  minage,  qui  consiste  à  prendre 
la  sixième  partie  du  boisseau  par  chaque  septier  composé  de  8  boisseaux  sur  tous 
les  grains  du  marché,  à  l'exception  de  l'avoine,  dont  le  droit  est  d'un  pareil 
sixième,  mais  sur  six  boisseaux,  en  observant  que  la  mesure  pour  l'avoine  est 
comble  et  celle  pour  les  autres  grains  presque  racle;  —  5°  le  droit  de  tatixement 
ou  de  faitage  à  prendre  à  la  Saint-Martin  d'hiver  sur  toutes  les  maisons  de  Rosoy 
et  de  Voinsles,  à  raison  de  5  1.  par  chaque  laite  ou  travée  de  maison. 

3.  Dans  cette  dime  est  comprise  la  dime.  dite  de  Saint-Julien-le  Pauvre,  à  perce- 
voir sur  les  terres  de  la  seigneurie  de  MM.  de  Sainte-Geneviève. 


124  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

de  terres,  dîme  sur  850  arpents.  La  seigneurie  de  Sucy  a  dans  sa  mouvance 
le  fief  de  la  Haute-Maison. 

Seigneurie  de  Vernon  (province  du  Gâtinais).  Manoir,  deux  moulins  à 
eau,  celui  de  Serpes  et  celui  de  la  Roche.  Dime  sur  800  arpents. 

Seigneurie  de  Machau  (province  du  Gâtinais).  Maison  seigneuriale, 
deux  arpents  de  terres,  dîme  sur  200  arpents. 

Seigneurie  de  Viercy  province  du  Gâtinais).  Cette  seigneurie  est  éta- 
blie sur  la  paroisse  de  Montereau-sous-le-Jard,  avec  manoir,  fermes.  295  ar- 
pents 56  perches  de  terres,  dont  14  arpents  de  pré  en  fief  sur  la  paroisse  de 
ifoissy-Cramoyet. 

Seigneurie  du  Châtelet  de  Villaroche  (province  du  Gâtinais).  De  cette 
seigneurie  relèvent  les  trois  fiefs  de  Gallande,  la  Motte-aux-Rinettes,  la 
Chintre  et  Renodon.  Elle  possède  278  arpents  40  perches  de  terres. 

Seigneurie  de  Vïry-Noureuil  et  de  Sénicourt  (province  de  Picardie  |. 
Avec  six  fiefs,  manoir  seigneurial;  193  septiers,  10  verges  de  terres  :  droits 
de  Ruverie,  de  Sous-Manant  et  de  Canardière  '. 

Seigneurie  de  Wissous  (province  d'Ile-de-France).  Manoir  et  ferme, 
dont  relève  de  fief  de  Vilmilan  ;  414  arpents  50  perches  de  terres  sur  Wissous 
et  1  arpent  64  perches  sur  Chilly;  dime  sur  1.992  arpents  64  perches  2. 

II.  Fiefs. 

Fief  de  Saint-Germain  i province  de  Picardie).  s*étendant  sur  Bernes. 
Morangles.  Persang,  Mesnil-Saint-Denis,  et  contenant  58  arpents  39  perches. 

Fief  du  Vieux-Château  (province  du  Gâtinais),  à  Moret.  contenant  7 
arpents  50  perches  de  prés,  sis  à  la  Celle  sur  le  bord  de  la  Celle,  au  lieu  dit 
Port-Villiers. 

Fief  des  Mazures,  à  la  Villette  et  ès-environs.  Redevances  et  dîmes  et 
plus  4  arpents  1  2  de  terres  au  lieu  dit  Coin  des  Morts. 

Fief  de  la  Motte,  à  Lisy-sur-Ourcq  (province  de  Rrie),  dont  les  terres, 
de  la  contenance  de  121  arpents  16  perches,  sont  situées  sur  les  paroisses  de 
Lizy,  Morry,  Yillers-les-Rigault.  Cougis. 

Fief  des  Trois-Pierres  et  du  Petit-Savigny ,  sur  Louvres  (Ile-de- 
France),  avec  ferme  ayant  255  arpents  95  perches  de  terres  sur  les  pa- 
roisses de  Louvres.  Marly-le-Roi,  Fontenay-les-Louvres.  Goussainville,  Chen- 
nevières,  Roissy,  Yilleroy. 

Fief  des  Métairies  ou  de  Notre-Dame,  au  Mesnil-Amelot  (province  de 
Brie),  204  arpents  51  perches  de  terres  sur  le  Mesnil-Amelot,  Mitry  et  le 
Tremblay. 

1.  Le  droit  de  Buverie  consiste  à  prendre  un  pot-de-vin,  mesure  de  Chauny,  pour 
chaque  trente  verges  de  prés  dans  les  pièces  avoisinant  le  domaine  ;  le  droit  de 
Sous-Manant  était  payable  par  chaque  particulier  qui  tient  maison  à  loyer;  le  droit 
de  Canardière  consiste  à  étendre  filets  et  tirer  à  canards  et  autres  oiseaux  de 
rivière. 

2.  La  dime  de  Wissous  était  percevable  de  la  manière  suivante  :  celle  des  blés, 
seigles,  avoines  et  orges,  8  gerbes  sur  100;  des  luzernes,  8  bottes  sur  105;  des  pois 
et  haricots,  40  sols  par  arpent;  du  vin,  à  raison  de  o  pintes  par  demi-queue, 
jauge  d'Orléans. 


LES  BIENS  DL"  CHAPITRE.  12:; 

Fief  décanal  de  Montreuil-sous-Bois,  20  arpents. 

Fief  de  Mory  province  de  Brie),  352  arpents  7  perches  sur  Mory.  Com- 
pans  et  Gressy.  Dime  de  1.937  arpents  40  perches  sur  Mory  et  Compans. 

Fief  de  Mitry  province  de  Briei,  163  arpents  49 perches  de  terres  sur 
Mitry  et  Mory. 

Fief  de  Chevrigny  (province  de  Beauce»,  paroisse  de  Senlisse,  près  Che- 
vreuse.  Sans  produits. 

Fief  de  Jouvence  (province  du  Gâtinais),  paroisse  de  Sordun  :  20  arpents 
12  perches. 

Fief  de  Souilly-la  Tillière  (province  de  Brie),  près  Claye  :51  arpents. 

Fief  du  Puits  aux-Chiens  dle-de-France),  sur  la  paroisse  du  Tremblay 
inon  affermé). 

Fief  Bégault  dle-de-France),  29  arpents  68  perches,  sis  à  Yilliers-le-Bel. 

Fief  de  Vitry-sur-Seine,  dit  de  Notre-Dame.  (Ile-de-France i.  Manoir 
seigneurial,  terres  sur  Vitry.  Thiais  et  Villejuif  ;  221  arpents  46  perches  de 
terres. 

III.  Dîmes  ne  dépendant  d'aucune  seigneurie. 

Blanc  Mesnil  et  Aulnay  (province  d* Ile-de-France).  —  Droits  de  demi- 
dîme  sur  1.121  arpents/Ces  droits  s'exerçaient  même  sur  les  terres  du  sei- 
gneur du  lieu. 

Ballainvilliers  (province  d'Ile-de-France  .  —  Droits  de  dime  sur  47> 
arpents  déterres  sises  au  territoire  de  Quincampoix  et  Épinay-sur-Orge1. 

Bonneuil  province  d'Ile-de-France).  —  Cette  dime  s'étendait  sur  le 
terroir  de  Bonneuil-en-France,  de  la  contenance  de  998  arpents  28  perches, 
et  sur  celui  de  Gonnesse,  de  la  contenance  de  11  arpents  90  perches.  Le  Cha- 
pitre avait  aussi  une  demi-dîme  sur  certaines  terres  chargées  envers  le  sei- 
gneur de  Bonneuil  du  droit  de  plein  champart. 

Chennevières  (province  d'Ile-de-France).  —  Deux  tiers  de  la  dîme  sur 
600  arpents. 

Fresne  (province  d'Ile-de-France).  —  Dime  sur  Fresne  et  Rungis  :  707 
arpents. 

Goussainville  (province  d'Ile-de-France).  — Dime  sur  1.717  arpents  2J 
perches. 

Guyancourt  (province  d'Ile-de-France).  —   Demi-dime  sur  800  arpents. 

Leudeville  (province  d'Ile-de-France).  —  Dime  sur  1.400  arpents. 

Macy    province  d'Ile-de-France ).  —  Un  tiers  des  dîmes  sur  900  arpents. 

Moussy-le-Neuf  (province  d'Ile-de-France).  —  Un  tiers  de  la  grande 
dime  sur  720  arpents. 

La  Norville  province  de  Beauce).  —  1.100  arpents  décimables  sur  la 
Norville  et  Mondonville. 


1.  Le  Chapitre  avait  précédemment  droit  de  censive  sur  69  arpents  aux  terroirs 
de  Quincampoix,  Charretterie  el  la  Croix-Taron.  Cette  censive  fui  commuée  en  fief 
au  profit  de  M.  Noblet,  conseiller  au  Parlement,  moyennant  une  redevance  aa- 
Inuellc  d'environ  160  livres.  Cfr.  Déclarations  partielles.  Arch.  Nat.  S.  1  56  à  159. 


126  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Passy  (province  d'Ile-de-France).  —  Droit  de  dime  sur  90  arpents  au 
terroir  de  Passy  et  sur  le  fief  de  Torval  à  Chaillot. 

Précy  (province  de  Picardie).  —  Le  sixième  de  la  dime  sur  600  arpents. 

Soignolles  (province  d'Ile-de-France).  —  Un  quart  et  demi  de  dime  sur 
657  arpents. 

Vaudoué  (province  du  Gàtinais).  —  Demi-dime  sur  250  arpents. 

Villeron    (province  d'Ile-de-France).  —  Un  tiers  de  la  dime  '. 

Villiers-le-Sec  (province  dTle-de-France).  —  Dime  sur  763  arpents. 

IV.  Fermes  et  Domaines. 

Brégy  (province  de  Rrie).  —  Ferme  de  la  contenance  de  304  arpents 
38  perches.  Les  terres  sont  situées  sur  Brégy,  Condé,  Oisery,  Bouillancy  et 
Doury. 

Allainville  (province  de  Beauce).  —  Domaine  de  la  contenance  de  102 
arpents  30  perches  de  terres  labourables  et  50  perches  de  bois. 

Ferrières  (province  d'Ile-de-France).  —  Ses  terres,  de  la  contenance  de 
159  arpents  81  perches,  s'étendent  sur  les  paroisses  de  Ferrières,  Bussy- 
Saint-Georges  et  Faviùres. 

Gentilly  (province  d'Ile-de-France).  —  La  ferme,  avec  manoir  seigneurial, 
avait  77  arpents  2  perches  de  terres. 

Ivry-sur-Seine  (province  dTle-de-France).  —  Les  terres,  sises  sur  Ivry, 
Vitry  et  Villejuif,  contenaient  105  arpents  23  perches. 

Froide-Fontaine  seigneurie  de  Grand-Paroisse).  —  Ferme  de  105  ar- 
pents 23  perches  de  terres. 

V.  Pièces  de  terre  isolées. 

Le  Chapitre  possédait  encore  des  pièces  de  terre  isolées,  louées  séparé- 
ment ou  rattachées  aux  fermes  de  ses  seigneuries  et  domaines,  dans  les 
paroisses  suivantes  :  Aunet  et  Yarennes,  Arcueil  et  Cachan,  Attainville,  Bal- 
lainvilliers,  Creteil,  Ver,  Fresne,  Lagny.  Saint-Denis-du-Port,  Saint-Thibault, 
Torcy,  Roissy,  le  Tremblay,  Arnouville,  Écoaen,  Villiers-sur-Marne.  Ces 
terres  s'étendaient  environ  sur  300  arpents. 

VI.  Bois  du  Chapitre. 


Andrésy. 

25 

irpents 

9  perches 

Revenus      552 1. 

Bois -UÉvêque. 

97 

— 

70      — 

1.164  1. 

Sénart. 
d° 

330 
219 

— 

49      — 
4'J      — 

1  5.6S0  1. 

Ceruelle. 

50 

— 

— 

847  1. 

Bois  Valois  et 

Pécy. 

64 

— 

— 

764  1. 

Blandureau. 

200 

— 

— 

—        trop  jeunes. 

Souilly. 

64 

— 

— 

632  1. 

Favières. 

16 

— 

37      - 

Bail  de  Ferrières. 

1.   L'étendue  du  terroir décimable  n'était  pas  arpenté'  en  1790. 


ADMINISTRATION  TEMPORELLE.  127 

Marangis.        4    arpents    25    perches  Revenus  :  Bail  de  Grand-Paroisse. 
Outrebois.  133    —  —  —  Bail  d'Outrebois. 

Récapitulation. 

Bois  en  coupes  réglées.  006  arpents    11  perches. 

Réserves.  298       —        56        — 

Rois  non  encore  en  coupes  réglées.    220       —        62        — 


Total  :       1.125   arpents  29  perches. 


Pour  résumer  ce  long  inventaire  des  biens  du  Chapitre,  nous 
avons  compté  qu'il  possédait  en  1790,  à  la  veille  de  sa  spoliation, 
quatre-vingt-une  maisons  dans  Paris,  trente  et  une  seigneuries, 
soixante-quatorze  fiefs,  six  fermes  séparées,  treize  moulins  à  eau, 
quantité  de  fours,  moulins  à  vent,  granges  dimeresses,  pressoirs, 
droits  utiles  sur  plusieurs  rivières,  tels  que  péage,  pèche,  droit 
de  bac,  etc.  Enfin  il  était  décimateur  sur  près  de  dix-sept  mille 
hectares  et  propriétaire  de  plus  de  trois  mille  hectares  de  terres 
labourables,  prés,  bois,  friche,  aunaies,  cours,  jardins,  etc.  Ses 
propriétés  étaient  situées  sur  cent  cinquante-trois  paroisses. 


II 


Deux  chanoines  étaient  placés  à  la  tète  de  l'administration 
de  ces  biens  :  l'Agent  des  affaires,  qui  était  M.  de  Champigny 
et  le  Chambrier,  M.  Camiaille.  Ces  deux  fonctions,  quoique  très 
voisines  l'une  de  l'autre,  ne  se  confondaient  pas  cependant. 
L'Agent  des  affaires  était  chargé  de  la  conservation  des  biens; 
le  Chambrier  de  leur  administration.  Celui-ci  préparait  les 
baux,  présidait  aux  adjudications,  faisait  les  rapports;  celui-là 
s'occupait  surtout  des  constructions,  de  l'amélioration  des  pro- 
priétés, de  la  sauvegarde  des  droits  seigneuriaux,  des  procès  à 
soutenir  ou  à  intenter,  des  plantations  à  faire,  etc.  Cette  charge 
exigeait  des  aptitudes  spéciales,  occasionnait  de  fréquents  dépla- 
cements et  des  fatigues  considérables;  c'est  pourquoi  le  Cha- 
pitre avait  adjoint  à  l'Agent  des  affaires  un  Sous- Agent,  qui 
était,  en  1790,  le  S1'  Le  Roy.   Il  s'occupait  des  démarches  plus 


128  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

pénibles,  des  besognes  matérielles,  des  négociations  parfois 
incompatibles  avec  la  dignité  sacerdotale  et  de  la  tenue  des 
livres.  Les  fonctions  du  Sous-Agent  sont  portées  en  détail  dans 
les  conditions  passées  entre  le  Chapitre  et  le  Sr  Bézard,  prédé- 
cesseur de  Le  Roy. 

«  Il  rendra  compte  à  M.  l'Agent  des  affaires'  de  l'état  des 
écritures  et  procédures  actives  et  passives.  Il  tiendra  registre 
exact,  au  fur  et  à  mesure  que  les  contestations  naîtront,  de  leur 
commencement,  de  l'espèce,  des  noms,  du  tribunal,  des  parties 
adverses  et  de  leur  avocat  et  procureur,  ainsi  que  des  progrès 

et  de  la  fin  desdites  affaires  contentieuses Il  fera  le  tableau 

par  ordre  alphabétique  des  différents  justiciers  du  Chapitre  avec 
les  noms  des  officiers,  des  justices  et  même  des  gardes  avec  la 
date  de  leur  nomination  et  fera  note  des  changements  à  chaque 
mutation. 

«  Ledit  officier  tiendra  un  registre  en  forme  de  journal  de  toutes 
les  affaires  soit  contentieuses  soit  en  compromis  ou  arbitrage,  soit 
en  négociation,  soit  en  projet,  tentative  ou  information.  Il  inscrira 
exactement  et  journellement  leur  naissance,  leur  état  actuel,  leur 
interruption  ou  leurs  progrès;  il  fera  mention  desdits  obstacles 
qu'elles  éprouvent  ou  des  moyens  de  les  faire  réussir  et  n'omettra 
de  noter  aucune  des  démarches  actives  ou  passives,  qui  pour- 
ront v  être  relatives.  Ce  journal  devant  servir  de  renseignement 
général  de  toutes  les  affaires  quelconques  du  ressort  de  l'agence, 
de  la  chambrerie  ou  des  commissions  particulières  du  Chapitre, 
autres  que  celles  des  Intendances,  pour  quoi  Messieurs  les  Cham- 
brier,  Agent  des  affaires,  commissaires  particuliers  sont  priés 
et  le  sociétaire  tenu  de  fournir  à  cet  officier  les  notes  et  ren- 
seignements qu'ils  croiront  devoir  entrer  dans  ce  registre. 

«  Le  même  registre  ou  journal  contiendra  les  frais  tant  ordi- 
naires qu'extraordinaires,  dits  frais  de  l'agence,  comme  les 
étrennes  et  gratifications,  les  voitures  de  visites,  compliments 
ou  sollicitations,  ou  voyages  à  la  campagne,  les  frais  d'impres- 
sion, les  honoraires  d'avocat,  les  frais  de  justice,  les  copies 
multipliées  ou  trop  pressées  et  tous  autres  objets  de  dépenses 
nécessaires  et  imprévues,  de  tous  lesquels  frais  ledit  officier  sera 


ADMINISTRATION  TEMPORELLE.  120 

remboursé  par  le  Receveur  des  Gensives  pour  les  objets  qui  le 
concernent  ou  par  le  Receveur  général  pour  tous  autres  d'après 
Yallocetitr  qui    sera  obtenu  du  Chapitre  à  ce  sujet  par  M.  le 

Cliambrier  ou  Agent » 

Le  Chapitre,  ayant  étendu  le  champ  d'action  du  Sous- Agent 
au  delà  des  affaires  contentieuses,  le  travail  de  ce  dernier  deve- 
nait d'autant  plus  compliqué  et  absorbant  :  depuis  1770,  ses 
émoluments  furent  élevés  à  900  1.  par  an,  payables  par  tiers 
par  les  Caisses  Générale,  des  Censives  et  des  Matines.  On  lui 
accorda  aussi  le  logement  et  le  pain  du  Chapitre. 

Les  affaires,  exigeant  des  connaissances  techniques,  étaient 
confiées  à  l'architecte,  appelé  aussi  Inspecteur  des  bâtiments. 
En  1782,  M.  Parvy  de  la  Renardière  succéda  à  son  père  dans 
cette  fonction.  Le  Chapitre  rédigea  à  cette  occasion  un  règlement 
qu'il  imposa  à  son  architecte,  et  dont  nous  rapportons  ici  les  arti- 
cles principaux.  L'architecte  devra  habiter  dans  le  Cloître  ou  tout 
près1;  —  faire  les  plans  et  devis  des  constructions;  —  suivre. 
L'exécution  des  ouvrages;  —  faire  la  visite  au  mois  de  mars 
avec  MM.  les  Intendants  de  la  Fabrique,  de  toute  l'église  tant 
au  dedans  qu'au  dehors;  —  visiter  les  bois,  suivre  les  nouvelles 
plantations2;  —  dresser  les  plans,  coupes,  devis  des  travaux 
et  des  domaines  du  Chapitre.  On  ajouta  plus  tard  l'obligation 
de  visiter  aussi  chaque  année  les  maisons  canoniales  et  bénéfi- 
ciâtes du  Cloître. 

Vu  l'importance  et  l'étendue  des  biens  du  Chapitre,  l'architecte 
était  presque  toujours  par  monts  et  par  vaux.  M.  Parvy  père, 
dans  une  requête  adressée  au  Chapitre,  décrit  fidèlement  ses 
chevauchées  perpétuelles  à  travers  la  campagne  :  «  Je  vous  re- 
montre très  respectueusement  que  la  dépense  tant  pour  luy  que 
pour  un  cheval,  qu'il  est  obligé  de  faire  journellement  pour  rem- 

1.  M.  Parvy  habitait  une  maison  du  Chapitre,  sise  au  fond  du  cul-de-sac  de 
Sainte-Marine,  adossée  au  Goitre  et  donnant  sur  le  Parvis. 

2.  Le  Chapitre  veillait  à  améliorer  ses  propriétés;  en  1785,  il  ordonna  qu'une 
somme  de  1.200  1.  serait  employée  chaque  année  à  planter  d'arbres  les  endroits 
vagues  de  ses  terres  et  seigneuries.  M.  Yiet  fut  chargé  de  veiller  sur  ces  planta- 
tions. 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE   PARIS.  9 


130  LE  CHAPITRE  DE   NOTRE-DAME  DE   PARIS   EN  1790. 

plir  ses  devoirs  avec  fidélité  et  exactitude,  excède  de  beaucoup  le 
montant  de  ses  appointements  ;  qu'il  a  fait  plusieurs  voyages  à 
Mory  pour  faire  la  visite  et  estimation  de  la  coupe  de  vos  bois 
de  la  Tillière,  dépendans  de  votre  ferme  dudit  Mory;  à  Larchant, 
pour,  avec  le  Sr  Thierriet,  examiner  un  mémoire  donné  par  Mon- 
seigneur le  Duc  d'Orléans  sur  votre  moulin  appelé  le  Moulin- 
Rouge  ;  qu'il  a  fait  plusieurs  procès-verbaux  de  visittes  de 
fouilles  de  pierre  dans  vos  terres  de  Bagneux  et  de  Gentilly; 
que,  par  extraordinaire,  il  a  été  employé  aux  règlements  des 
Mémoires  de  Menuiserie,  Gharpenterie,  Serrurerie  et  Vitrerie 
faite  l'année  dernière  de  neuf  vitraux  refaits  à  neuf  à  votre  église 
de  Notre-Dame;  qu'il  est  la  plus  grande  partie  du  temps  à 
cheval  pour  aller  faire  les  devis,  vérifications,  toisés  et  arrestés 
des  mémoires  d'ouvriers  tant  pour  Paris  que  pour  la  campagne 
à  des  distances  très  éloignées1.  » 

Comme  les  travaux  de  l'architecte  profitaient  aux  biens  des 
différentes  caisses,  toutes  contribuaient  pour  leur  part  respective 
à  constituer  ses  émoluments,  qui  s'élevaient  à  3.000  1.  ;  la  Recette 
générale  donnait  1.500  1.,  la  Fabrique  300  1.,  la  Caisse  des  Ma- 
tines 300  1.,  la  Chapelle  Saint-Denis  et  Saint-Georges  150  1., 
la  Chapelle  des  Paresseux  150  1.  Ses  frais  de  déplacements  lui 
étaient  payés  en  plus;  avant  de  partir,  il  recevait  à  cet  effet  du 
Receveur  général  des  billets  de  voycige  que  signaient  en  Cha- 
pitre ceux  de  Messieurs  en  charges  que  regardait  l'objet  dudit 
voyage  et  à  son  retour  l'architecte  les  représentait  pour  se  les 
faire  rembourser. 

Le  Chapitre  conservait  avec  un  soin  jaloux  les  droits  hono- 
rifiques annexés  à  la  possession  de  ses  domaines.  Quelques 
années  avant  la  Révolution ,  il  avait  fait  rétablir  par  son  ar- 
chitecte, dans  les  paroisses  dont  il  était  seigneur,  le  banc 
seigneurial2  surmonté  de  ses  armoiries,  qu'il  suspendait  aussi 
au  Poteau  dressé    sur  la  place  du  village 3.    Dans   ces  mêmes 

1.  Arch.  Nat.  LL.  232 27,  année  1756. 

2.  Grand  émoi  au  Chapitre,  quand  on  apprit  que  le  curé  de  Sucy  avait  réduit 
à  1  pieds  le  banc  seigneurial  large  de  6  pieds  4  pouces.  Concl.  cap.,  année  17.Ï2. 

o.  En  1764.  les  habitants  de  Fontenay-aux-Roses,  voulant  faire  faire  à  leurs  frais 


ADMINISTRATION  TEMPORELLE.  m 

paroisses,  on  le  nommait  personnellement  an  prône  de  la  messe  l, 
et  Tlionneur  d'être  parrain  des  nouvelles  cloches  lui  était  presque 
toujours  dévolu-'. 

La  conservation  de  ces  droits  exigeait  de  sa  part  une  surveillance 
constante  et  de  fréquentes  réclamations  contre  les  usurpateurs.  Le 
droit  de  chasse  surtout  lui  occasionnait  maints  désagréments. 
On  sent  que  le  4  août  1789  approche!  Les  registres  capitulaires 
nous  ont  conservé  les  détails  d'une  contestation  fort  plaisante 
entre  le  gens  du  comte  de  Clermont,  prince  du  sang,  et  les 
fermiers  du  Chapitre  à  Wissous.  «  Quand  je  chasse,  écrit-il  aux 
chanoines  en  1764,  et  qu'un  de  vos  fermiers  se  promène  à  cheval 
pour  voir  ses  terres,  il  ne  s'arrêterait  pas  un  moment  pour  me 
laisser  passer  et  traverse  communément  devant  moi  ma  chasse, 
la  trouble  en  faisant  partir  le  gibier.  On  a  beau  leur  crier  d'at- 
tendre un  moment,  ils  ne  font  pas  semblant  d'entendre  et  n'otent 
pas  même  leur  chapeau!...  Il  y  a  quinze  jours,  Latromière,  mon 
garde,  avait  rencontré  plusieurs  femmes  cueillant  des  pois  sans 
avoir  averti  et  par  conséquent  donner  le  temps  d'enlever  les 
nids3.  Il  s'adressa  à  la  première  qu'il  rencontra  et  lui  demanda 
pourquoi  elle  cueillait  des  pois  sans  avoir  averti.  Elle  lui  dit 
qu'elle  n'avertissait  jamais  et  qu'elle  était  la  maîtresse  de  ses 
pois.  Latromière  lui  demanda  à  qui  ils  appartenaient.  Elle  lui 
répondit  qu'ils  appartenaient  à  M.  Auboin4  et  ajouta  :  «  Et  quand 
ils  appartiendraient  à  d'autres  ?  »  et  avec  le  ton  impertinent,  qui 
est  le  ton  du  pays 5.  » 

L'étendue  des  possessions  du  Chapitre  était  plus  que  suffi- 
la  place  publique,  demandent  au  Chapitre  We  vouloir  bien  faire  ordonner  le  trans- 
port du  Poteau  aux  armes  du  Chapitre.  Concl.  cap.,  année  1764. 

1.  Le  Chapitre  actionna  le  curé  de  Corbereuse  «  quod  preces  nominales  in  pro- 
nao,  uti  aiunt,  non  faciat  pro  Capitulo  et  quidem  contra  decessorum  morem  et 
contra  jus  capituli  indubitatum  ».  Concl.  cap.,  13  janvier  1751. 

2.  En  1787.  M.  de  Montagu  fut  parrain  des  cloches  de  Vauréal  avec  la  mar- 
quise de  Caumont. 

3.  Quelques  fermiers  s'adressaient  directement  au  Chapitre  pour  ces  sortes  de 
permissions.  En  175<">,  les  habitants  de  Viry  et  de  Sénicourt  demandèrent  au  Cha- 
pitre de  faucher  blé,  seigle  et  orge  plutôt  que  de  les  couper  à  la  faucille.  Concl. 
eapit.,  même  année. 

•1.  Fermier  du  Chapitre. 

o.  Lettre  autographe  conservée  dans  les  Conclusions  capitulaires. 


132  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1790. 

saute  pour  satisfaire  les  goûts  cynégétiques  de  MM.  les  cha- 
noines '  ;  aussi  la  plupart  des  chasses  étaient  bénévolement 
concédées  à  des  personnages  de  distinction  ou  à  quelque  cha- 
noine, grand  chasseur  devant  l'Eternel.  Les  conditions  de  la 
concession  étaient  les  suivantes  :  «  1°  que  ledit  sieur  N.  établira 
un  garde-chasse,  à  qui  il  donnera  des  gages  suffisants  pour 
bien  et  fidèlement  faire  son  devoir;  —  2°  que  ledit  garde  por- 
tera la  bandoulière  aux  armes  du  Chapitre;  —  3°  qu'il  fera 
recevoir  led.  garde  à  la  Table  de  Marbre,  en  la  manière  accou- 
tumée, et  en  la  Prévôté  de ;  —  4°  que  ledit  garde  iera  ses 

rapports  et  les  affirmera  au  nom  et  comme  garde  du  Chapitre; 
—  5°  que  s'il  arrivait  que,  pour  raison  de  ladite  chasse,  délits 
ou  dégâts  à  l'occasion  d'icelle,  il  y  eût  procès  entre  le  Chapitre 
et  les  délinquants,  mondit  sieur  N...  sera  tenu  de  les  poursuivre 
à  ses  frais,  risques,  périls  et  fortune;  —  6°  que  chacun  des 
Messieurs  sera  toujours  le  maître  d'aller  chasser  dans  l'étendue 
de  ladite  terre  quand  il  le  jugera  à   propos.  2  » 

Les  seigneuries  étaient  souvent  l'occasion  de  grosses  dépenses 
pour  le  Chapitre,  en  raison  des  charges  dont  elles  étaient 
grevées.  En  qualité  de  décimateur  ou  de  gros  propriétaire,  il 
était  tenu  à  contribuer  à  la  restauration  des  chœurs  et  cancels 
des  églises,  des  clochers  et  des  presbytères.  Les  registres  ca- 
pitulaires  renferment  de  précieux  renseignements  sur  les  res- 
taurations et  embellissements  qu'il  fit  exécuter  à  ses  frais  dans 
les  nombreuses  paroisses  de  ses  domaines  3.  Les  curés  savaient 
aussi  qu'il    accueillait  toujours  favorablement  les   demandes  de 

1.  M.  do  Montagu  était  concessionnaire  do  la  chasse  à  Claye,  Souilly  et  Mory: 
M.  Rivière  à  Ayencourt;  M.  du  Bois-Basset  à  Epiais;  M.  de  Champigny  à  Sucy; 
M.  Brémont  à  Larchant  ;  M.  Lucas  à  Corbereuse;  M.  Dolonà  Viercy  et  à  Villaroche; 
M.  de  Vienne  à  Belloy.  Los  gardes-chasse  ne  devaient  pas  chasser  et  tirer  en 
plaine,  mais  seulement  «  sur  les  bêtes  puantes  dans  les  bois  et  sur  los  étangs  ». 
Concl.  cap.,  année  1757,  M.  du  Marais  péchait  dans  la  Mauldre  à  Aubergonvillc 
et  à  Epône.  Ibid.,  année  1775. 

•2.  Conditions  de  la  concession  faite  à  M.  de  Caraman,  chanoine,  en  1758.  Ces 
conditions  sont  identiques  dans  toutes  les  autres  concessions. 

3.  Les  registres  capitulaircs  renferment  de  précieux  documents  pour  les  auteurs 
des  Monographies  paroissiales.  Malheureusement  ses  documents  sont  perdus  au 
milieu  de  nombreuses  conclusions  qui  forment  plus  de  soixante  liasses  rien  que 
pour  la  dernière  moitié  du  xvm*  siècle. 


ADMINISTRATION  TEMPORELLE.  133 

secours,  qui  lui  étaient  adressées  pour  l'achat  de  vases  sacrés, 
d'ornements,  de  mobilier.  Nombreuses  arrivaient,  sur  le  Bureau 
du  Chapitre,  les  lettres  telles  que  celle-ci  :  «  «  Le  Pasteur  et 
Les  Urebis,  animés  d'une  ferveur  nouvelle,  que  leur  inspirerait 
la  décence  de  leur  église,  redoubleraient  leurs  vœux  et  leurs 
prières  pour  la  conservation  de  vos  jours,  Messieurs,  et  l'ac- 
croissement, s'il  est  possible,  de  la  gloire  de  votre  auguste 
Chapitre  i  !  »  Comment  résister  à  de  si  pompeux  éloges  ?  Le 
Chapitre,  malgré  tout,  faisait-il  la  sourde  oreille  ?  certains  curés 
avaient  une  étrange  manière  de  se  faire  écouter  :  ils  refusaient 
le  secours  des  derniers  sacrements  à  ses  fermiers.  C'est  le  pro- 
cédé qu'employa  le  curé  de  Valances,  au  diocèse  de  Sens  2  ! 

Une  autre  charge  était  imposée  au  Chapitre  en  sa  qualité  de 
propriétaire  terrien  et  de  gros  décimateur  :  il  avait  à  constituer 
et  à  payer  les'  gros,  demi-gros,  portions  congrues,  redevances 
de  nombreux  prêtres  de  villages.  Xous  avons  relevé  les  noms 
des  paroisses,  dont  le  clergé  était  rétribué  par  le  Chapitre. 

Gros  et  partie  de  gros  :  Andrésy,  Jouy-le-Moustier,  Chennevières.  la 
Madeleine  de  la  Ville-l'Evêque,  Clichy,  Bauneux,  Bonneuil,  Corbereu.se. 
Damart,  Herblay,  Fresne-les-Rungis,  Grand-Paroisse,  la  Xorville,  Goussain- 
villc,  Chevilly,  Mory,  Aubergenville,  Mézières,  Epône,  Sucy,  Leudeville  et 
Wissous. 

Portions  congrues:  Blanc-Mesnil,  Vauréal,  Boulogne,  Auteuil,  Larchant 
Villiers-le-Sec. 

Redevances  :  Epône,  Mézières,  Montdidier,  Bonneuil,  Goussain ville, Guyan- 
court,  Guercheville,  Mory,  Compans,L*Hay,  Moussy-le-Neuf,  Orly,  Voinsles.  la 
Chapelle-Iger,  Rungis,  Wissoiis,  Sucy,  Noiseau,  Vaudoué, Saclay,  Soignolles, 
Villeron,  Vernon  et  Machau. 

Nous  avons  dit  que  les  cinquante-deux  gros  ou  demi-gros 
des  chanoines  étaient  intabulés  sur  les  fermes  et  domaines  du 
Chapitre,  comme  il  est  porté  au  dernier  Régalement  de  1780 
et  dans  une  conclusion  capitulaire  de  l'année   1787. 

1.  Lettre  du  cure  de  Grand-Paroisse,  annexée  aux  Conclusions  capitulaires, 
19  novembre  1705. 

2.  Cfr.  Concl.  capil.,  2  avril  1750. 


134  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1790. 


III 


L'administration  financière  des  biens  du  Chapitre  était  pa- 
rallèle à  l'administration  temporelle  :  les  six  départements,  que 
nous  avons  énumérés  plus  haut,  encaissaient  séparément  les 
produits  de  leurs  biens  par  les  soins  de  deux  receveurs  :  le  re- 
ceveur général,  M.  Barbie,  et  le  receveur  particulier  ou  des 
censives  et  droits  seigneuriaux,  M.  Bézard  l.  Ceux-ci  éta- 
blissaient leurs  comptes  par  année  capitulaire,  dont  l'exercice 
courait  du  1er  novembre  au  31  octobre  de  chaque  année.  Aux 
époques  voulues,  ils  remettaient  aux  grand  et  petit  Distribu- 
teurs les  sommes  à  partager  entre  les  membres  du  clergé 
pour  leurs  assistances  aux  offices  ou  aux  réunions  capitulaires. 
C'était  le  receveur  général  qui  payait  toutes  les  dépenses  du 
Chapitre  sur  un  «  allocetur  »  délivré  par  lui;  le  receveur  par- 
ticulier touchait  les  lods  et  ventes  ainsi  que  le  produit  des  fiefs; 
et  il  distribuait  aux  chanoines  tout  ce  qu'il  percevait,  à  l'excep- 
tion des  produits  de  la  Mense  de  Saint-Germain,  qu'il  versait 
annuellement  à  la  recette  générale ,  pour  être  employés  par 
M.  Barbie  en  distributions  d'honoraires  pour  assistances  aux 
offices,  conformément  au  Décret  d'Union  des  deux  Chapitres  2. 

On  se  rendra  un  compte  exact  de  l'état  financier  du  Chapitre 
en  parcourant  les  différents  articles  de  son  budget,  tel  qu'il  était 
équilibré  en  1789,  la  dernière  année  où  il  put  faire  rentrer  tous 
ses  revenus. 


1.  Depuis  1741  jusqu'au  Ie'  janvier  1784.  la  Mense  de  Saint-Germain  avait  été 
administrée  séparément  par  M.  Delon,  ancien  chanoine  de  Saint-Germain. 

i.  M.  Barbie,  receveur  général,  touchait  4.600  1.  plus  614  pour  frais  de  comptes  et 
3001.  pour  honoraires  sur  les  écoles  dont  le  Chapitre  est  administrateur.  Il  dépo- 
sait 80.000  1.  de  consignation.  —  M.  Bézard  recevait  1.8001.,  plus  le  cinquantième 
des  lods  et  ventes  et  une  part  égale  à  Messieurs  dans  les  profits  et  fiefs  montant, 
année  commune,  à  2.800  1. 


ADMINISTRATION  FINANCIÈRE. 

PREMIERE    PARTIE 


13a 


RECETTES 


Article  1.  —  Ancienne  Mense  du  chapitre 
Biens  à  Paris. 

1.  Maisons  et  autres  objets  affermés 

2.  Objets  loués  et  revenus  éventuels 

Foire  au  lard  (1) 

Etaux  a  boucherie 

Droits  d'impression  et  de  distribution  du 

Bref  de  Paris 

Location  de  deux  places  aux  portes  latéra- 
les de  l'église 

3.  Rentes  foncières  sur  maisons  sises  àParis 

et  autres  redevances 

4 .  Droits  de  liefs  dans  Paris  et  ses  faubourgs, 

lods  et  ventes 

5 .  Rentes  sur  le  Roi 

«       sur  le  Clergé 

«        sur  les  Etats  de  Languedoc 

Biens  à  la  campagne. 

6.  Riens  affermés 

7.  Rois 

8.  Redevances  et  rentes 

9.  Riens,    rentes,  redevances    seigneuriales 

non  affermées 

10.   Lods  et  ventes  non  affermés 

Total  des  Recettes  de  l'ancienne  Mense. 


Article  2.  —  Mense  de  St-Germain 
l'Auxerrois.   Biens  à  Paris. 

1 .  Maisons  et  autres  objets  loués 

2.  Rentes   foncières 

3 .  Lods  et  ventes 

4 .  Rentes  sur  le    Roi 

Biens  à  la  campagne. 

5.  Riens  affermés 

6.  Redevances  et  rentes 

7 .  Redevances  seigneuriales 

Total  des  liecettes  de  la    Mense   de  St- 
<  rermain  l'Auxerrois  


56.522 

8 
2.'i00 

350 

120 

763 

30.460 

19.561 

280 

070 


195.600 
9.639 

2.852 

1.675 

20.300 


3'i0.810 


151.426 

1.461 

16.564 

31.634 


5.664 

377 

9 

1.758 

S 

208.891 


10 
12 


17 
11 
17 


6 
10 


II 


136 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 


Article  3.  —   Office  des  Matines. 

Biens  à  Paris. 

1. 

2. 
3. 

1.248 

25 
4.008 

18 
6 

9 
4 

Biens  à  la  campagne. 

4 . 

5. 
6. 
7. 
8. 

Lods  et  rentes 

Droits  de  cens,  rentes  et  redevances  sei- 

Total  des  Recettes  de  l'OlTice  des  Matines. 

8.237 

3.063 

30 

3.110 

15 

18 
1 

3 

19.740 

4 

4 

Article  4. 

Administration    des   deux  maisons  cano- 
niales noS  9  et  29,  les  deux  maisons  louées 
ensemble 

8.614 

Article  5. 

Chapelle  St-Denis-St-Georges. 

1. 

2. 

1 

Maisons  dans  Paris 

Redevances  sur  biens  à  la  campagne . . . 

Total  des  Recettes   de  la  Chapelle  St- 
Denis-St-Georges  

1.500 

360 

1.860 

» 

» 

Lrticle  6.  —  Chapelle  des  Paresseux. 

Maisons  dans  Paris 

3.500 

Article  7.  —  La  Fabrique. 

1. 
2. 
3. 
4. 
5. 
6. 
7. 
8. 

Maisons  dans  Paris   . 

5.395 

1.865 

5.547 

13 

34 

8.424 

44 

5.062 

7 

12 
19 

18 

Rentes  foncières  sur  différentes  maisons. 

Riens  affermés  à  la  campagne 

Rentes  et  redevances 

Lods  et  ventes 

Location  des  chaises  à  l'église  all'ermée. 

Rentes  sur  le  Clergé 

Rentes  sur  le  Roi 

Total  des  Recettes  de  la  Fabrique. . . . 

26.389 

6 

ADMINISTRATION  FINANCIÈRE. 


13" 


Article  8.   —  Fondation  Payen 

1.  Rentes  sur  le  Roi 

2.  Seigneuries  à  la  campagne 

Total  des  Recettes  de  la  fondation  Payen. 


Récapitulation    des  Recettes. 

Article  1.  —  Ancienne  Meuse  du  Chapitre... 
Article  2.  —  Meuse   de   St-Germain   F'Auxer- 

rois 

Article  3.   —  Offices  des   Matines 

Article  4.  —  Administration  de  deux  maisons 

canoniales 

Article  5.   -  Chapelle  St-Denis-St-Georges. 

Article  6.  —  Chapelle   des  Paresseux 

Article  7.  —  La  Fabrique 

Article  8.  —  Fondation  Payen 

Total  général  des  Recettes 


4.778 
1(58 


,946 


340.810 


(il  4.  750 


208.891 

2 

19.740 

4 

8.614 

1 .  860 

3 .  500 

211.389 

6 

4.946 

9 

11 

47.090 


DEUXIEME    PARTIE 


DEPENSES 

Article  1er. 
Ancienne  Mense  du  Chapitre. 

1.  Cinquante  gros   et  demi-gros,  tels   qu'ils 

étaient  constitués  en  1790 

2.  Distributions  pour  anniversaires,  messes, 

vêpres,  stations  à  la  Vierge,  aux  cha- 
noines, vicaires  perpétuels,  gagistes  et 
officiers  de  l'Eglise 61 .800 

3.  Distributions   pour  anniversaires,   petits 

obits,  fondations,  office  des  heures, 
messes  et  vêpres  des  vicaires  perpé- 
tuels; gages  des  francs-sergents,  petits- 
huissiers,  semaines  et  induts 58.  iOO 

5.  Aux  chanoines  capitulants,   aux  chapitres 

généraux  et   particuliers 2.400 

5.  Gros  aux  chanoines  de  St-Jean  le  Rond..  120 

6.  Pain  du  Chapitre 17.760 

7.  Décimes  pour  le  Chapitre 14. 565 

«         pour  le  curé  de  Wissous 28 

A  reporter 201 .363 


18 


11 


11 


II 


13 


138 


LE  CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   17'.M). 


Report 

201.363 

13 

8 

8.  Honoraires  et    gages  à  aucuns  des    cha- 

noines,   aux  oilîciers  de  la  Justice  du 
Chapitre,  aux  officiers  de    l'Eglise,  aux 

9.  Dépenses  extraordinaires,    gratifications, 

frais  de  procédure,  administration,  frais 
de  musique  extraordinaire  et  toutes  au- 
tres dépenses 

8.000 

15.000 

40.000 

105 

1 

715 

119 

10 

5 
3 

10 

2.691 
o 

6 

55 
700 

150 

744 

1.731 

214 

12 

200 

700 

234 

5 

15 

27 

370 
16 
34 

10 

253 
12 

5 

12 

5 

13 
15 

5 

8 

8 

18 
13 

13 

10 

13 

3 

8 
10 

14 
5 
5 

17   ■ 

6 

9 

10 

9 

10 

8 

10 

4 

4 
8 

10.  Réparations   tant  des   maisons   de   Paris 

11.  Redevances  : 

A  l'abbé  de  St- Victor 

Aux   chapelains   de    l'ancienne    commu- 

Au  chapelain  de  l'Annonciation  ou  deN.-D. 

du  Beau-Treillis,  à  St-Jean  en-Grève.. 
Au    chapelain  de  N.-D.  du  Treillis  à  St- 

Jacques-de-la-Boucherie 

A  différents  chapelains  à  Notre-Dame... 

Au  collège  d'Harcourt 

A  la  confrérie  de  St-Augustin 

Supplément  de  gros  au  curé  d  Aubergen- 
ville 

Pour  portion  congrue  au  curé  de  Larchant. 

Au    même     pour    desserte    d'une    messe 
chaque  dimanche  et  fête 

Pour  partie  de  gros  au  curé  de  Mézières. 

Id.                        d'Epône 

Id.                       de  Sucy 

Au   même    pour    messe  de  la  Vierge  le 
premier  samedi  du  mois 

Au  curé  de    Vauréal,   pour  augmentation 
de  sa  portion  congrue 

Au  curé    de  Villiers-le-Sec  pour  sa  por- 
tion congrue 

Au  curé  de  Wissous  pour    partie  de   son 

Aux  deux  curés  de  St-Jean  le  Rond 

Au  guet  de  Paris  pour  entretien 

A  la  sacristie   des  messes  et  pour   fonda- 
tions Dupuis.  Baudouin.  Leroy 

Au  prieuré  de  St-Martin  des  Champs. .  . . 

Au  Sr  de  la  Nièce  du  Plis 

Aux   écoles    de    la  fondation  de    M.    Le 
Masson 

Aux  écoles  de  la  fondation  de  M.   d'Eau- 

bonne 

Au  séminaire  de  St-Magloire 

273.063 

13 

7 

ADMINISTRATION  FINANCIERE, 


139 


12. 

13. 
14. 

1 

1. 
2 . 
3. 

4 . 

5 . 

6. 

8 
9 

1 

2 
3 

i 

Report 

Aux  religieuses  de  St-  A  ut  oi  m-  «les  Chi  mips 
A  l'hôpital  Ste-Catherine 

273.063 

6 

1 

25 

76 

20 
269 

S'il 

10 

1 

15.000 
1 .  000 
2.400 

13 

5 
10 

7 

15 

13 

5 

7 

3 

9 
9 

Id.      st-(  lervais 

A  la  Commanderie  de  St-Jean-en-1'Ile  de 

Coi'beil                

A  l'hôpital  St-Julien-le-Pauvre 

Au  sous-chantre  de   l'église  de  Paris  en 
argent  et  blé.                     

Au   vicaire   perpétuel  de   St-Denis  de  la 

Au   vicaire    perpétuel   de  St-Martin    des 

Maîtrise  des  en  l'a  ut  s  de  chœur  :  nourriture 
et  entretien  de  douze  enfants,  maîtres  de 
latin,  de  musique  et  autres;  leur  nour- 
riture et  logement,  gages  et  nourriture 
îles  domestiques;  toutes  dépenses  com- 
munes de  ménage   

Rentes  et  pensions  à  d'anciens  serviteurs 
et  officiers 

Rente    à    M.    Couet    pour    sa    prébende 

"ut  m.  des  dépenses  de  l'ancienne  Mense.. . 

Article  2.  —  Mense    de   St-Germain 
l'Auxerrois. 

3  demi-gros 

292.415 

1.200 

4.  d  no 

110.000 

9.946 

6.350 
17.000 
29  925 

1.020 

2 

15 

12 
17 

9 

5 
4 

Revenus  à  M.  Delon. 

I  distributions 

Décimes 

Fondations  pour  acquit  de  messes ,  gros, 
redevances,  aumônes,  honoraires  d  offi- 
ciers, gages  des  portiers  et  autres  dé- 
penses  ordinaires 

Réparations  et  dépenses  extraordinaires. 

Rentes  perpétuelles 

Rentes  viagères 

Cens  et  rentes  seigneuriales  dues  à  L'Ar- 
chevêché  sur  différentes     maisons  en 
Censive  dudit  Archevêché 

1S0. 050 

800 

24.  125 

1.200 

26.125 

13 

4 

Article  3.  —  Office   des   Matines   et 
Fondation  Payen. 

Un  gros  sur  Douvres 

Gages  et  frais  d'administration 

1 
i 

140 


LE  CHAPITRE  DE   NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 


4. 

5. 

7  . 

1. 

2. 
3. 

4. 

1. 
2. 
3. 
4. 
5. 
6. 

1. 

2. 

3. 
4. 
5. 

6. 

7. 

8. 

Report 

Rentes   perpétuelles  pour  la  fondation  de 

Rentes    sur  les   maisons    canoniales   de 

MM.  Couet  et  de  Périgny 

Prébende  éteinte  de  M.  Couet 

Total 

26.125 

40 

8.326 
2.400 

36.891 

156 
274 

4.400 

252 

00 

00 

Article  4. 
Chapelle   St-Denis-St-Georges. 

Honoraires    de    quatre     messes    par    se- 
maine     

Décimes • 

Distributions  aux  bénéliciers  qui  ne  pos- 
sèdent pas  de  bénéfices-prêtres  et    aux 
gagistes 

Frais  d'administration 

Total 

5.082 

195 
528 
2.200 
252 
506 

20 

00 

4 

16 

00 
10 

Article  5. 
Chapelle  des  Paresseux. 

Honoraires  de  cinq  messes  par  semaine.  . 
Décimes. . 

Distributions,  ut  suprà 

Frais  d'administration 

Rentes  de  la  fondation  Delaître 

Redevances   à   la   fabrique    de  St-Pierre 
des  Arcis 

Total 

3.7U2 

2 
4 

200 

2.800 
10.500 

3.000 
2.000 

00 

18 

10 
9 

Article  6.  —  La  Fabrique. 

Redevance  aux  chanoines  de  St-Denoît. .. 
Id.           aux  chapelains  de  l'ancienne 

communauté 

Id.           à     dill'érents     chapelains     de 
N'utre-Dame  : 
Entretien    de    la   chapelle   d'Harcourt   et 
messe  quotidienne 

Pour  acquit  de  différentes  fondations,  ho- 
noraires de  messes,  honoraires  du   sa- 
cristain,  distributions  aux   officiers  et 
gagistes 

Gages   des   officiers  et  serviteurs  de  l'-E- 

Pour     entretien    et    fournitures    annuels 
d'objets   nécessaires  à  l'église  et   frais 
d'administration 

Dépenses  extraordinaires. . 

A  reporter 

18.506 

18 

y 

ADMINISTRATION  FINANCIÈRE. 


141 


Report 

9.  Réparations  et  entretien  de  l'église  tant 
intérieurement  qu'extérieurement  (an- 
in  '■(•  commune) 

10.  Dépenses  de  la  chefcerie 

11.  Hontes  perpétuelles.., 

12.  Emprunt  fait  en  avril  de  1789  de   100.000 

fr.  à  5  °/0  pour  s'acquitter  des  dépenses 
extraordinaires  pour  réparations  faites 
à  l'église  depuis  plusieurs  années,  à 
savoir  :  1°  restauration  des  tableaux, 
qui  a  coûté  plus  de  30.000  fr.;  2°  la 
réparation  faite  à  l'orgue  :  50.000  fr.; 
3°  celle  faite  extérieurement  aux  gale- 
ries des  tours,  montant  à  plus  de 
40.000  fr.,  dont  il  reste  dû  une  forte 
partie  (1) 

Total 

Article  7. 

Administration  de  deux  maisons  canoniales, 
frais  et  dépenses 

Récapitulation  des  Dépenses. 

Article  Ier.  —  Ancienne  Mense 

Article    2.  —  Mense  de  St-Germain 

Article    3.   —  Office  des  Matines  et  fondation 

Payen  

Article    4.  —  Chapelle  St-Denis-St-Georges. . 

Article    5.  —  Chapelle  des  Paresseux 

Article   6.  —  La  Fabrique 

Article    7.  —  Maison   canoniale 

Total  général  des  dépenses.... 


18.506 


10.000 

'. .  HOU 


5.000 


38.307 


8.326 


292.415 
180.050 

36.891 
5.082 
3.702 

38.307 
8.326 


564.' 


2 
13 


18 


18 
9 


(1)  crr.  Concl.  capit.  'lu  20  avril  1189.  On  statua  sur  un  emprunt  de  100.000  livres 
pour  le  compte  de  la  Fabrique,  en  plusieurs  parties,  à  constitution  de  rentes  aux  condi- 
tions les  moins  onéreuses  et  une  simple  promesse  de  passer  contrat  portant  jouissance 
en  laveur  des  prêteurs  à  partir  du  l«r  mai  prochain,  lesquelles  promesses' de  passer 
contrat  M.  le  Doyen  et  M.  le  Chambrier  sont  chargés  priés  de  signer  au  nom  du  Cha- 
pitre; —  pour  faciliter  à  la  Fabrique  le  paiement  des  arrérages  des  rentes,  il  sera  versé 
annuellement  par  la  caisse  de  la  Recette  générale  dans  celle  de  lad.  Fabrique  une 
somme  de  5.000  livres  par  forme  d'avance,  sous  la  condition  expresse  que  la  Fabrique 
restituera  à  la  Recette  générale  les  sommes  qui  lui  auront  été  pour  ce  avancées. 


142  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 


IV 


Le  Chapitre,  comme  fondateur  de  la  première  école  de  Paris, 
qui  se  tint,  dit  l'histoire,  au  Cloître  Notre-Dame,  avant  d'émigrer 
au  delà  du  Petit-Pont,  avait  gardé  une  place  importante  dans 
l'Université  en  la  personne  de  son  Chancelier,  qui  était  en  même 
temps  de  droit  Chancelier  de  l'Université  de  Paris.  Nous  ne 
parlerons  pas  ici  de  ses  attributions,  droits  et  privilèges;  ces 
détails  concernent  plutôt  l'histoire  de  l'Université1. 

La  juridiction  du  Chantre  sur  les  Petites  Ecoles  intéresse  da- 
vantage notre  sujet.  Le  Chantre  de  l'Eglise  de  Paris,  qui,  en 
1790,  était  M.  du  Bois-Basset,  avait  la  juridiction  la  plus  éten- 
due sur  les  Petites  Ecoles  de  la  ville,  faubourgs  et  banlieue 
de  Paris.  Il  nommait  les  maîtres  et  maîtresses,  surveillait  les 
études,  inspectait  les  classes,  délivrait  les  lettres  d'autorisation, 
enfin  il  connaissait  de  toutes  les  causes  concernant  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  l'Instruction  primaire. 

Chaque  jeudi,  à  trois  heures,  il  tenait  audience  en  l'auditoire 
du  Chapitre  et  les  causes,  qui  ressortissaient  à  sa  barre,  étaient 
jugées  par  un  tribunal  ainsi  composé  : 

Juge  :  M.  du  Bois-Basset,  chantre; 

Promoteur  :  M.  Jean-Pierre  Simon,  maître  es  arts; 

Greffier  :  M.  Henri-Charles  Ingret. 

Le  synode  de  M.  le  Chantre  se  tenait  le  premier  jeudi  de  mai, 
ordinairement  dans  la  chapelle  haute  de  l'Archevêché,  en  la 
Chambre  de  l'Oiïicialité  ou  à  la  chapelle  Saint-Nicolas.  Tous  les 
maîtres  et  maîtresses,  relevant  de  la  Chantrerie,  étaient  tenus 
d'y  assister,  de  répondre  à  l'appel  de  leurs  noms  et  d'y  renou- 
veler  leurs  serments2;  un  ecclésiastique  leur  adressait  un  dis- 


1.  Nous  avons  parlé  déjà  des  démêlés  du  Chancelier  avec  l'Université  et  de  l'ap- 
pui que  le  Chapitre  lui  assura  dans  cette  circonstance.  Cfr.  suprà,  p.  17. 

"2.  Ceux  et  celles,  qui  ne  pouvaient  venir  au  Synode,  étaient  dans  l'obligation  de 
se  présenter  par-devant  M.  le  Chantre  dans  une  des  six  premières  audiences  qui 
suivaient. 


LE  CHAPITRE  ET  L'INSTRUCTION  l'i  BLIQI  K.  143 

cours  de  circonstance  et  M.  le  Chantre  promulguait  les  décisions 
concernant  l'administration  des  Petites  Écoles. 

En  1789,  M.  <lu  Bois-Basset  donna  connaissance  au  synode 
d'un  règlement  fort  intéressant  au  sujet  du  choix  des  maîtres 
et  maîtresses,  des  adjoints  et  de  la  résidence.  Nous  le  reprodui- 
sons ici;  il  indique  assez  bien  l'étendue  des  pouvoirs  de  M.  le 
Chantre  : 

1°  «  Les  Maîtres  et  Maîtresses  n'admettront  pour  les  aider 
dans  leurs  classes  que  des  précepteurs,  submoniteurs  et  submo- 
nitrices par  nous  approuvés  et  autorisés;  » 

2°  «  Tout  précepteur,  submoniteur  et  submonitrice,  désirant  être 
employé  en  ladite  qualité  produira  à  M.  le  Promoteur  des  té- 
moignages authentiques  de  bonne  conduite  et  subira  par  devant 
lui  un  examen  sur  sa  capacité.  Ce  ne  sera  qu'après  ces  préala- 
bles rigoureusement  remplis,  que  le  greffier  expédiera  de  notre 
consentement  à  chacun  un  certificat,  sans  lequel  aucun  maître 
et  maîtresse  ne  pourra  et  ne  devra  le  recevoir;  » 

3°  «  Les  précepteurs,  submoniteurs  et  submonitrices  actuelle- 
ment employés  dans  les  écoles  de  la  Chantrerie,  donneront  in- 
cessamment à  M.  le  Promoteur  leurs  noms  et  ceux  des  Maîtres  et 
Maîtresses,  qui  les  emploient,  pour  être  inscrits  sur  un  registre 
à  ce  destiné.  S'ils  quittent  une  école,  pour  passer  dans  une 
autref  ils  se  présenteront  par  devant  M.  le  Promoteur  à  l'effet 
d'obtenir,  si   faire  se  doit,  notre  agrément;   » 

\"  «  Les  Maîtres,  Maîtresses  et  Permissionnaires,  qui,  voulant 
se  retirer,  traiteront  sans  nous  en  avoir  prévenu  des  fonds  et 
des  effets  de  leurs  écoles,  n'auront  pour  ce  fait  aucune  influence 
dans  le  choix  de  la  personne  qui  les  secondera;  —  leurs  traités 
seront  nuls  et  il  ne  leur  sera  tenu  compte  que  des  effets  classi- 
ques d'après  l'estimation  du  greffier  de  la  juridiction,  sans  préju- 
dice néanmoins  du  prix  des  meubles,  qui  seraient  cédés  et  qui 
sont  indépendants  de  la  classe  ;  » 

5°  «  Les  Maîtres  et  Maîtresses,  obligés  par  des  circonstances 
particulières  de  se  placer  sur  un  quartier  autre  que  le  leur,  en 
avertiront  M.  le  Promoteur  ainsi  que  le  Maître  ou  la  Maîtresse 
du  quartier,  sur  lequel  ils  iront  demeurer;  après  l'expiration  du 


144  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME    DE  PARIS  EN  1790. 

temps  qui  leur  sera  accordé,  ils  rentreront  dans  leur  quartier, 
sinon  ils  paieront  l'indemnité,  portée  parles  Statuts;  il  en  sera 
de  même  des  Permissionnaires  en  quittant  la  maison  désignée 
dans  leurs  Lettres  ;  » 

6°  «  Les  Maîtres  et  Maîtresses,  qui  changeront  de  maison  sans 
sortir  de  leur  quartier,  en  instruiront  M.  le  Promoteur,  en  lui 
remettant  le  nom  de  la  rue  et  le  numéro  de  la  maison  où  ils 
demeureront;  » 

7°  Enfin  les  Maîtres,  Maîtresses  et  Permissionnaires  ne  per- 
mettront et  ne  souffriront,  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit, 
qu'il  soit  fait  chez  eux  ou  en  maison  empruntée,  par  les  écoliers 
ou  pensionnaires,  aucune  représentation  publique  de  tragédie 
ou  autre  genre  de  théâtre;  ni  aucune  assemblée  de  danse,  ou 
autres  exercices  de  ce  genre,  à  peine  de  cent  livres  d'amende  et 
même  de  destitution  de  leur  Maîtrise  ou  Permission,  comme 
aussi  ceux  et  celles,  qui  contre  la  défense  des  Statuts  distribue- 
ront et  imprimeront  des  programmes  sur  les  sciences,  qu'ils 
annonceront  enseigner,  encourront  l'amende  et  la  peine,  qui, 
suivant  l'exigence  des  cas,  sera  par  nous  prononcée.  *  » 

Le  Chantre  avait  encore  à  sa  disposition  une  partie  des  fonds 
provenant  du  legs  de  M.  Delaître,  ancien  maître  de  la  chambre 
aux  deniers,  augmentés  de  la  donation  de  M.  de  Noailles,  ar- 
chevêque de  Paris.  M.  Delaître  avait  établi  M.  Dorsanne,  cha- 
noine et  chantre  de  Paris,  légataire*  universel  de  tous  ses  biens 
«  pour  être  employés  à  établir  des  écoles  où  les  enfants  fussent 
enseignés  gratuitement  ».  Le  9  septembre  1719,  M.  Dorsanne 
offrit  à  M.  de  Noailles  une  somme  de  20.000  livres  à  prendre  sur 
ce  legs  «  pour  en  faire  emploi  en  achat  de  rente  sur  l'arche- 
vêché de  Paris  à  distribuer  en  forme  et  manière  que  désirerait 
l'archevêque  ».  Il  fut  conclu  alors  que  cette  fondation  serait 
allouée  aux  écoles  de  Saint-Cloud,  Créteil,  Maisons,  Ozoir-la- 
Ferrière,  paroisses  dépendant  du  domaine  de  l'archevêché;  et, 
pour  témoigner  sa  satisfaction  et  améliorer  le  sort  des  maîtres 
et  maîtresses  d'école,  l'archevêque  ajouta   5.000  livres   sur  sa 

l.Arch.  Nat.,  Zn-  3149. 


LE  CHAPITRE  ET  L1NSTRUCTI0N  PUBUQUE.  n:; 

bourse  personnelle.  Cette  somme  de  25.000  livres  rapporta  jus- 
qu'en 1740  un  revenu  de  1.000  livres  qui  était  partagé  entre 
les  quatre  écoles  :  Créteil,  ayant  maître  et  maîtresse,  recevait 
double  part,  à  savoir  400  livres.  Selon  la  volonté  du  testateur, 
le  Chantre  avait  seul  qualité  pour,  sur  ses  quittances,  toucher 
le  paiement  des  rentes.  Le  capital  de  25.000  livres,  placé  par 
M.  deVintimilleen  1740,  à  un  taux  plus  avantageux,  rapporta  par 
la  suite  1.237  livres;  c'était  un  excédent  de237  livres  qui  fut  laissé 
à  la  libre  disposition  du  Chantre.  Sur  cette  somme,  celui-ci  allouait 
.'57  livres  10  s.  au  greffier  de  la  Chantrerie  et  le  surplus  servait  à 
aider  quelques  étudiants  pauvres.  Le  dernier,  qui  profita  de  cet 
avantage,  fut  le  Sr  Chamelot,  clerc  minoré  du  diocèse  de  Paris, 
tils  du  Sr  Chamelot,  fondé  de  pouvoirs  des  Maîtres  et  Maîtresses 
d'école  de  ces  mêmes  paroisses. 

Trois  autres  chanoines,  en  vertu  de  leur  dignité,  jouissaient 
de  plusieurs  privilèges  universitaires.  M.  le  Doyen  nommait  au 
collège  des  Dix-Huit  et  au  collège  de  Montagu,  dont  le  Cha- 
pitre était  supérieur  majeur;  le  12  février  1790,  le  Prieur  des 
Chartreux,  avec  le  consentement  de  son  Ordre,  lui  céda  même 
son  droit  de  nomination  à  quelques  places  de  ce  dernier  collège  *. 
M.  le  Pénitencier  était  visiteur  du  collège  de  Daimville  '-',  et 
M.  le  Chancelier  disposait  de  deux  bourses  aux  Irlandais,  l'une 
dite  de  Poitiers,  l'autre  dite  de  Fagan3.  Les  Chanoines  visiteurs 
de  1* Hôtel-Dieu  désignaient  le  candidat  à  la  fondation  créée  par 
M™  la  Baronne  du  Tour  et  ils  présidaient  avec  les  autres  adminis- 
trateurs de  cette  même  fondation  au  tirage  au  sort  des  bourses 
établies  au  collège  de  Navarre. 

Le  Chapitre,  comme  tel,  était  supérieur  majeur  du  collège  de 
Montagu,  dont  toutes  les  bourses  étaient  àla  nomination  de  M.  le 
Doyen, et  du  collège  Fortet.  Bien  que,  depuis  1764,  ce  dernier  était 
uni  à  celui  de  Louis-le-Grand,  le  Chapitre  en  conserva  cependant 
la  supériorité,  dont  il  exerçait  tous  les  droits.  Ceux-ci  consistaient 
surtout  dans   la    nomination   aux    bourses  et   dans  l'apurement 

1.  Cfr.  Concl.  capit. 

1.  Uni,  ainsi  que  celui  des  Dix-Huit,  au  collège  Louis-le-Grand. 

:!.  Ofr.  Concl.  capit.,  année  1784. 

QHAP1TRE   DE   SOTRE-DAME    DE   l'A  10 


146  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

des  comptes,  opérations  qui  se  faisaient  en  séance  capitulaire. 

Le  Chapitre  avait  à  sa  disposition  dix-sept  bourses  au  collège 
Fortet,  qui  serépartissaient  de  la  manière  suivante  :  1°  quatre  bour- 
ses de  la  fondation  Groisier,  dont  deux  pour  les  parents  du  fonda- 
teur, deux  pour  des  enfants  de  la  paroisse  de  Burgheat,  près 
Vichy,  diocèse  de  Clermont  ;  —  2°  une  bourse  de  la  fondation 
Grémiot,  prévôt  de  l'église  de  Castres;  l'autre  bourse  était  à  la 
présentation  de  l'ainé  de  la  famille  Grémiot,  dont  le  choix  devait 
être  cependant  approuvé  par  le  Chapitre  ;  —  3°  douze  bourses  de 
la  fondation  Fortet,  dont  six  pour  les  enfants  de  la  famille  du  fon- 
dateur ou,  à  leur  défaut,  pour  des  enfants  de  la  ville  d'Aurillac,  et 
six  autres  pour  des  enfants  de  Paris  '. 

Au  chapitre  général  de  la  Chandeleur,  tenu  le  4  février  1788, 
on  communiqua  aux  chanoines  l'expédition  d'une  conclusion  des 
administrateurs  du  collège  Louis  le-Grand  du  20  décembre  1787 
et  confirmée  par  arrêt  du  Parlement  en  date  du  7  janvier 
suivant,  qui  ordonnait  que  deux  bourses  du  collège  Fortet  reste- 
raient vacantes  ad  tempus.  Le  Chapitre  s'émut  de  cette  décision 
et  chargea  MM.  de  Malaret  et  Mazéas  d'examiner  l'affaire. 
Les  pourparlers  durèrent  longtemps;  cependant,  quelques  jours 
avant  la  rentrée  scolaire,  au  chapitre  du  11  septembre  1789,  les 
deux  chanoines  rendirent  compte  de  leurs  négociations.  Ils  ont, 
dirent-ils,  «  réitéré  leurs  démarches  en  dernier  lieu  auprès  de 
M.  l'abbé  Tandeau,  l'un  des  administrateurs,  et  ils  lui  avaient 
demandé,  par  une  lettre  en  date  du  premier  de  ce  mois,  le  réta- 
blissement de  ces  deux  bourses,  et  qu'en  cas  que  le  rétablissement 
en  fût  impossible,  ils  lui  avaient  observé  qu'ils  croyaient  qu'il 
serait  à  propos  d'établir  un  surnuméraire  parent  du  fondateur,  que 
par  ce  moyen  l'intention  du  fondateur  serait  remplie  autant  qu'elle 
pourrait  l'être,  sans  que  les  revenus  du  collège  fussent  trop  gre- 
vés; à  quoi  mondit  S1'  de  Malaret  a  ajouté  :  qu'en  conséquence 
d'une  délibération  du  Bureau  d'administration  du  collèo-e  de  Louis- 


1.  Los  curés  d'Aurillac  et  de  Brugheat,  en  Auvergne,  devaient  annoncer  trois 
fois  au  prune  de  la  messe  les  vacances  des  bourses  de  Fortet  attribuées  à  leurs  pa- 
roisses respectives.  Cfr.  Concl.  capit.,  13  juillet  1789  et  19  août  1790. 


LE  CHAPITRE  ET  L'INSTRUCTION  PUBLIQ1  E.  147 

le-Grand  en  date  du  3  de  ce  mois.,  M.  l'abbé  Tandeau  lui  avait 
répondu  que  la  situation  du  collège  de  Fortet  ne  permettait  pas 
le  rétablissement  actuel  des  deux  bourses  vacantes,  mais  que  si  le 
Chapitre  voulait  nommer  un  surnuméraire  pour  remplir  la  première 
bourse  vacante,  MM.  les  administrateurs  le  recevraient  dans  le 
collège,  désirant  faire  tout  ce  qui  peut  être  agréable  au  Cha- 
pitre ».  Et  sur  la  proposition  de  M.  de  Malaret,  les  chanoines 
désignèrent  comme  surnuméraire  Benoit-Antoine  Bonnefon  de  la 
Vialle,  parent  de  M.  Fortet. 

Le  Chapitre  s'intéressait  vivement  aux  études  et  aux  progrès 
de  ses  boursiers;  deux  chanoines,  MM.  de  Malaret  et  Mazéas, 
désignés  comme  administrateurs  du  collège,  étaient  particulière- 
ment chargés  de  les  suivre.  Ils  rendaient  compte  au  Chapitre  des 
observations  à  faire  sur  l'intelligence  ou  la  conduite  de  tel  ou  tel 
boursier;  si  l'élève  avait  remporté  des  succès,  il  quittait  le  collège 
avec  l'escarcelle  bien  garnie;  selon  ses  aptitudes,  on  le  poussait 
dans  tel  carrière  qui  lui  convenait  le  mieux  '  ;  ses  notes  étaient- 
elles  médiocres  et  MM.  les  Administrateurs  ne  concevaient-ils 
aucune  espérance,  la  bourse,  après  examen  du  sujet,  était  impi- 
toyablement  retirée.  Ce  cas  d'extrême  sévérité  fut  appliqué  en 
17D0;  Querro,  d'Aurillac,  n'est  pas  reconnu  capable  le  17  août; 
le  lendemain,  il  subit  un  examen,  dans  lequel  il  est  loin  de  briller; 
le  19,  la  bourse  est  déclarée  vacante. 

A  la  fin  de  chaque  année  scolaire,  le  Chapitre  prenait  sur  l'ex- 
cédent de  la  caisse  2  une  somme  qu'il  partageait  entre  tous  les 
boursiers  de  Forte.  La  conclusion  capitulaire  du  16  juillet  1790, 
en  rapportant  l'état  de  distribution,  nous  donne  les  noms  des  seize 
derniers  élèves  de   Fortet :!,  qui  eurent  part  aux  libéralités  des 

1.  Le  21  juin  1790,  M.  de  Malaret  invite  le  Chapitre  à  permettre  à  Louis  !>.'-- 
bois  de  faire  son  droit.  Cfr.  Concl.  capit. 

2.  Le  collège  Louis-le-Grand  avail  au>si  décidé  postérieurement  à  l'union  du  col- 
lège Fortet*  qu'il  sera  remis  par  M.  le  Grand  Maître  Temporel  au  Receveur  du 
Chapitre  de  Notre-Dame  la  somme  de  150  1.  par  chaque  trimestre...  à  l'effet 
d'être  par  ledit  Chapitre   distribuée,   ainsi  qu'il  avisera  bien   être,  aux  boursiers 

dudit  collège.  ..  Actctl.  X"l.  M. 

:;.  Le  nombre  des  boursiers  a  Fortet  était  exactement  dix-neuf:  car  il  faut  comp- 
ter la  bourse  de  la  fondation  VVattin  en  faveur  d'un  enfant  de  la  famille  ou.  à  son 
défaut,  de  la  famille  Curcluou  de  quelque  autre  village  du  diocèse  de  Noyon. 


148  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

chanoines  :  Louis  Aufauvre  '  et  Jean  Carrière  reçurent  48  1.; 
Auguste  Poitevin,  Jean  Fayet,  Jean  Michel,  Pierre  Brémont,  42  1.  ; 
Jean-Baptiste  Boysson,  Louis  Grémion,  Jean-Baptiste  Perrin, 
Jean- Antoine  Boysson,  Bené  de  Guérie,  Nicolas  Giraud,  Etienne 
Puech2,  Louis  Deshois,  36  1.;  Jean  Jacquotot  et  Jean  Giroux  de 
Saint-James,  24  1. 

Quand  le  Chapitre  fut  supprimé,  la  Nation  continua  à  ces  élèves 
la  rente  que  payaient  les  chanoines,  et  la  plupart  d'entre  eux 
purent  poursuivre  leurs  études. 

Le  Chapitre  avait  encore  la  gestion  de  legs  assez  considérables, 
dont  les  revenus  servaient  à  entretenir  de  nombreuses  écoles 
dans  la  campagne  ou  à  aider  les  enfants,  sortis  de  la  Maîtrise,  à 
compléter  leurs  études  dans  les  collèges  ou  séminaires  de  Paris. 
Ces  fondations  portaient  le  nom  de  leurs  auteurs  :  fondation  De- 
laitre,  fondation  d'Eaubonne,  fondation  Le  Masson,  fondation  de 
Mondran. 

En  1723,  M.  Delaitre,  ancien  maître  de  la  chambre  aux  de- 
niers, avait  légué  au  Chapitre  un  revenu  annuel  de  546  1.  16  s. 
10  d.  «  à  paver  aux  maîtres  et  maîtresses  d'écoles  qui  sont  nom- 
més par  les  sieurs  du  Chapitre  dans  leurs  terres  et  domaines  3.  » 
Le  Chapitre  administrait  cette  fondation  au  mieux  des  intérêts  des 
écoles,  mais  sans  avoir  de  comptes  à  rendre  à  qui  que  ce  soit4. 
Le  fondateur  avait  cependant  réglé  quelques  questions  de  dé- 
tail assez  intéressantes  pour  que  nous  les  rapportious  ici  :  1"  Si 
les  écoles  qui  profitaient  de  la  fondation  étaient  en  vacances, 
soit  faute  d'y  avoir  des  maîtres  et  maîtresses,  soit  que   l'alloca- 


1.  Il  était  sous-diacre  de  Clermont  et  Chapelain  de  l'autel  Saint-Philippe  et  Saint- 
Jacques.  Cfr.  Concl.  capit.,  9  novembre  1789. 

•2.  Il  fut  remplacé  à  Fortet,  le  1er  octobre  1790,  par  Louis  Julhe,  d'Aurillac,  de  la 
famille  du  fondateur. 

:'..  Ce  revenu  était  composé  comme  il  suit  :  deux  parties  de  rentes  perpétuelles 
à  prendre  l'une  sur  la  chapelle  des  Paresseux,  réunie  à  l'Ancienne  Meuse,  de  506  1. 
10  s.  10  cl;  l'autre  sur  l'office  des  Matines  de  10  1.  Cfr.  Déclaration  générale,  Arch. 
Xat.  S.  460. 

4.  Le  souvenir  de  cette  fondation  était  conservé  sur  une  table  de  marbre  blanc, 
placée  dans  la  sacristie  des  Messes,  ancienne  chapelle  des  Paresseux.  Cfr.  Cwno- 
sites,  etc.,  p.  149. 


LE  CHAPITRE  ET  L'INSTRUCTION  PUBLIQ1  E.  149 

ti<>n  fui  suspendue  pour  cause  de  négligence,  les  appointements 
devaient  être  payés  à  la  Maison  des  Enfants  Trouvés  «  pour 
être  employés  en  livres  pour  l'instruction  des  dits  enfants  ».  2°  Les 
(  ânes  auront  le  droit  de  visiter  les  écoles  quand  bon  leur  semblera 
et  pourront  donner  aux  maîtres  et  maîtresses  les  avis  qu'ils  ju- 
geront à  propos.  3°  Les  enfants  pauvres  seront  instruits  gratui- 
tement sur  certificat  du  curé.  4°  Les  maîtres  d'école  seront  laïques 
ou  simples  clercs;  s'ils  s'engagent  dans  les  ordres  sacrés,  leur 
rétribution  sera  supprimée.  5°  Ils  devront  s'habiller  modeste- 
ment et  sans  épée.  6°  Le  catéchisme  sera  enseigné  deux  fois  par 
semaine,  les  mercredi  et  samedi  pendant  la  classe  de  l'après- 
midi.  7°  A  la  fin  de  l'école,  on  dira  un  De  profundis  et,  le  24  mars 
après  l'office,  on  se  réunira  dans  la  classe  où  les  maîtres,  maî- 
tresses et  enfants  réciteront  les  sept  Psaumes  de  la  Pénitence 
pour  le  repos  de  l'âme  du  fondateur.  8°  MM.  les  Archidiacres 
sont  priés  de  visiter  les  écoles  et  ceux  du  diocèse  de  Paris  vou- 
dront bien  à  leur  retour  rendre  compte  au  Chapitre  de  leurs 
visites.  En  1790,  la  fondation  de  M.  Delaître  était  appliquée  à 
neuf  paroisses  *,  où  elle  servait  à  entretenir  treize  maîtres  et  maî- 
tresses dont  le  total  des  allocations  dépassait  de  plus  de  50  1.  le 
montant  de  la  fondation. 

-Mais  le  plus  généreux  bienfaiteur  des  écoles  du  Chapitre  fut 
M.  Lefèvre  d'Eaubonne,  chanoine  de  Notre-Dame,  mort  en  mai 
1764.  Il  laissa  une  rente  de  8.907  1.  3  s.  5  d.  abandonnée, 
comme  celle  de  M.  Delaître,  à  la  libre  disposition  du  Chapitre  2. 
Près  de  quarante  paroisses,  sans  compter  celles  de  Paris,  avaient 

1.  Andrésy  (maître  :  10  1.)  ;  Aubergenville  (maître  :  301.;  maîtresse,  501.);  Belloy 
(maître,  on  !.:  maîtresse,  50  1.):  Guercheville  (maître,  50  1.);  Jouy-le-Moutiers 
(maître,  30  1.;  maîtresse,  101.);  Larchant  (maître,  101.);  Machau  (40  l.);Méziè- 
rea  (maître,  76  1.;  maîtresse,  50  L);  Vernon  (maître,  401.). 

Je  donne  à  M.  Dorsanne,  dit-il  dans  son  testament,  le  reste  de  tous  mes 
biens  sans  en  excepter  aucuns  pour  être  employés  à  l'instruction  de  la  jeunessedes 
villages  et  bourgs  du  diocèse  do  Paris  les  plus  pauvres  et  les  plus  dénués  de  tout:  pour 
acheter  les  livres  et  catéchismes  et  les  autres  choses  nécessaires  pour  les  écoles  :  pour 
payer  les  rétributions  des  maîtres  et  maîtresses;  en  fonder  quelques-unes,  s'il  le 
juge  à  propos,  comme  aussi  pour  faire  des  établissements  des  maîtres  et  maîtres- 
ses; pour  être  distribués  dans  les  lieux  qu'il  jugera  a  propos  sans  distinction  de 
diocèse;  enfin  d'employer  tout  ce  qui  reviendra  de  ces  biens  uniquement  a  ce  qui 
regarde  l'instruction  de  la  jeunesse.  ■  Arch.  .\W..   S.  7051-7052. 


150  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

part  dans  cette  fondation,  qui  servait  à  compléter  le  traitement 
de  quarante-quatre  maîtres  et  maîtresses;  les  écoles  de  Paris, 
du  Temple  à  Paris,  d'Issy,  de  Margeney,  de  Soisy,  de  Trem- 
blay, auxquelles  «  le  Chapitre  portait  un  intérêt  tout  particu- 
lier »,  étaient  presque  complètement  entretenues  par  les  revenus 
de  ce  legs  l.  L'excédent,  qui  atteignait  chaque  année  plus  de 
2.500  1.  2,  était  distribué  très  sagement  aux  maîtres  nécessiteux 
ou  était  employé  à  constituer  une  retraite  convenable  aux  vétérans 
de  l'instruction. 

Contrairement  aux  désirs  de  M.  Delaitre,  que  d'ailleurs  il 
respecta  scrupuleusement,  le  Chapitre  aimait  à  mettre  un  prêtre 
à  la  tète  des  écoles,  et  pour  encourager  les  ecclésiastiques  à 
accepter  une  aussi  noble  mission,  il  leur  accordait  volontiers  un 
supplément  de  traitement  :  «  au  maître  d'école  de  Leudeville,  qui 
est  prêtre  et  à  cause  de  cela,  une  augmentation  de  traitement  de 
00  livres3  ».  Les  maîtres  n'avaient  pas  non  plus  inutilement  re- 
cours au  Chapitre  dans  les  moments  critiques  et  difficiles  de  la 
vie  :  «  aux  maîtres  et  maîtresses  d'école  de  Bagneux  il  est 
accordé  un  secours  de  75  livres  ».  Leur  situation  ne  s'améliore 
pas  et,  quelque  temps  après,  le  Chapitre  consent  à  leur  faire 
une  avance  de  75  livres4.  Quoi  de  plus  touchant  que  sa  charité 
à  l'égard  du  nommé  François  Michel!  Le  malheureux  jeune 
homme,  âgé  de  dix-sept  ans,  originaire  de  la  paroisse  de  Ma- 
chau  dont  le  Chapitre  était  seigneur,  était  orphelin  de  père  et 
de  mère  et  manchot  de  la  main  gauche.  Dès  son  jeune  âge ,  il 
fut  recueilli  à  la  Pitié,  devint  enfant  de  chœur  à  la  Salpètrière, 
et,   comme  il  montrait  quelques  aptitudes  pour  l'enseignement, 


1.  Les  autres  paroisses,  qui,  en  1790,  avaient  part  dans  la  fondation  d'Eau- 
bonne,  étaient  :  Andrésy,  Aubergenville,  Bagneux,  Blanc-Mesnil,  Bonneuil.  Che- 
villy.  Compans,  Epône,  Ferrières,  Fresne-les-Rungis,  Guercheville,  Jouy-le-Mous- 
tiers,  la  Xorville,  Larchant,  Leudevide,  Macb.au,  Mézières,  Morcourt,  Mory, 
Moussy-le-Neuf,  Noizeau,  Orly.  Kosoy,  Rungis,  Suey,  Vauréal.  Vernon,  Villaroche 
et  Réau,  Villiers-le  Sec,  Wissous,  toutes  situées  dans  les  domaines  du  Chapitre. 
Six  paroisses  étrangères  étaient  aussi  secouru* is  :  fgny,  Séry,  Sève,  Tury,  Yerle- 
grand,  Vaucresson. 

2.  Exactement  de  2.566  I.  18  s.  5  cl.  en  1790. 

3.  Cfr.  Concl.  capt.  du  4  avril  1789. 
1.  Cfr.  Concl.  capit.  du  7  mai  1789. 


LE  CHAPITRE  ET  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE.  I.ii 

on  la  fit  revenir  à  la  Pitié  pour  rattacher  au  nouvel  établis- 
sement institué  pour  former  des  maîtres  d'école.  Pour  tout 
émolument,  il  était  nourri  et  vêtu;  aussi  lui  était-il  impos- 
sible d'acheter  les  livres  nécessaires  à  sa  nouvelle  fonction.  Il 
s'adressa  au  Chapitre  et  Messieurs  votèrent  48  1.  à  prendre 
but  l'excédent  de  la  fondation  de  M.  d'Eaubonne  pour  le  munir 
de  livres,  tels  que  le  catéchisme,  l'explication  des  Épitres  et 
Evangiles,  etc.  '.  La  même  fondation,  qui  servait  à  encourager 
les  débuts  de  François  Michel,  contribuait  aussi  à  récompenser 
les  longs  services  :  «  Lecture  faite  d'une  lettre  du  Sr  Curé 
d'Andrésy,  par  laquelle  il  expose  à  Messieurs  que  le  nommé 
Germain  Gros,  maître  d'école  de  sa  paroisse,  a  rempli  depuis 
plus  de  quarante-six  ans  les  fonctions  de  ladite  place  avec  la  plus 
grande  exactitude  et  toujours  sans  reproche,  mais  que,  son  âge 
et  ses  infirmités  le  mettant  hors  d'état  de  continuer  ses  fonc- 
tions, il  supplie  Messieurs  de  prendre  en  considération  ses  ser- 
vices passés  et  sa  situation  actuelle;  Messieurs,  après  en  avoir 
délibéré,  ont  accordé  audit  Germain  Gros  une  somme  de  50  livres, 
qui  lui  sera  payée  annuellement  par  le  Sr  Barbie  sur  les  fonds 
dont  la  libre  disposition  a  été  donnée  au  Chapitre  par  M.  d'Eau- 
bonne et  ce  à  commencer  du  premier  de  ce  mois2.  » 

Les  écoles  de  la  paroisse  de  Chevilly  étaient  entretenues, 
depuis  17G4,  par  les  revenus  d'un  legs,  fait  au  Chapitre :!  pour 
cet  objet,  par  M.  Le  Masson,  secrétaire  du  Roi.  Les  deux  maî- 

1.  Cfr.  Concf .  capit  ,  du  10  juin  1789. 
•„'.  Cfr.  Concl.  capit.,  du  8  janvier  1790. 

3.  Ce  legs  ne  parvint  qu'indirectement  au  Chapitre  de  Notre-Dame.  M.  Le  .Mas- 
son légua  à  M.  de  Barcos,  chanoine,  ?ijl  1.  de  rentes,  au  principal  de  3.000  I.  et 
lui  laissa  le  droit  de  substituer  à  tous  ses  droits  et  legs  «  telles  personnes  de  Mes- 
sieurs ses  confrères  ou  quelque  autre  ecclésiastique  de  vertu  et  probité  qui 
voudraient  bien  s'en  charger  et,  au  cas  que  ledit  Sr  de  Barcos  ou  ceux  qui 
seraient  substitués,  vinssent  à  décéder  sans  en  avoir  substitué  un  autre  en  leur 
lieu  et  place,  ledit  Sr  Le  Masson  a  substitué  en  leur  lieu  et  place  MM.  les  Doyen, 
chanoines  et  Chapitre  de  l'Église  de  Paris  et  leur  a  donné  par  le  testament 
présentement  extrait  tous  les  mêmes  pouvoirs  de  nominations,  institutions,  desti- 
tutions et  substitutions  qu'il  avait  donnés  au  Sr  abbé  de  Barcos.  »  Cfr.  An  h.  Nat. 
S.  7048-7030.  Extrait  du  testament  et  pièces  relatives  à  l'administration  de  la  fonda- 
tion après  la  suppression  du  Chapitre.  M.  de  Barcos  mourut  au  mois  de  fé- 
vrier 1764,  sans  avoir  substitué  quelqu'un;  le  Chapitre  entra  donc  de  plein  droit 
dans  la  gestion  de  la  fondation. 


152  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

tressas1,  qui  donnaient  l'instruction  aux  jeunes  filles,  recevaient 
pour  elles  deux  350  1.,  plus  le  logement  et  un  jardin.  Le  maître 
d'école  recevait  à  lui  seul  la  même  somme  et  était  logé  :  il  devait 
être  prêtre  et  exercer  en  même  temps  les  fonctions  de  vicaire 
du  curé  de  Chevilly.  En  1790,  ce  vicaire  instituteur  avertit  le 
Chapitre  que,  vu  l'exiguïté  de  son  traitement,  il  ne  pouvait  con- 
tinuer ses  fonctions.  Pour  sauvegarder  les  intentions  du  fon- 
dateur, qui  avait  institué  le  vicariat  de  Chevilly,  à  l'effet  de 
procurer  aussi  une  seconde  messe  à  la  paroisse  à  cause  des 
hameaux  de  la  Saussaye  et  de  la  Rue,  le  Chapitre  consentit  à 
lui  verser,  sur  la  fondation  d'Eaubonne,  un  supplément  annuel 
de  200  livres. 

Un  inspecteur  de  la  Maîtrise,  M.  de  Mondran,  s'était  inté- 
ressé à  l'avenir  des  enfants  de  chœur.  «  Constatant,  dit-il  au 
Chapitre  en  1782,  que  les  bourses  au  collège  Louis-le-Grand, 
mises  à  la  disposition  du  Chapitre,  étaient  le  plus  souvent  attri- 
but es  aux  jeunes  gens  des  familles  des  fondateurs  ou  des  villes 
désignées  par  eux,  »  il  voyait  avec  regret  ses  chers  enfants  de 
chœur  privés  de  secours  si  utiles.  Il  voulut  assurer  l'avenir  de 
l'enfant  qui  chaque  année  devait  sortir  de  la  Maîtrise,  et  pour 
cela,  il  constitua  une  rente  de  300  1.  au  principal  de  10.000  1. 
qui  servirait  à  payer  la  pension  jusqu'à  la  fin  du  quinquen- 
nium  «  dans  tel  collège  et  ensuite  dans  tel  séminaire  qu'il  plaira 
au  Chapitre  ».  L'offre,  faite  aux  chanoines  de  gérer  le  capital 
et  d'en  appliquer  les  fruits  à  l'enfant  qu'ils  désigneraient,  fut 
acceptée  avec  reconnaissance.  Pendant  huit  ans,  les  revenus  de 
la  fondation  de  M.  de  Mondran  furent  employés  en  gratifica- 
tions et  en  pensions;  Marie-Ambroise  Pottier  fut  le  dernier  qui 
devait  profiter  des  bienfaits  du  généreux  chanoine;  le  8  septem- 
bre 1790,  après  les  vêpres,  il  quitta  la  maîtrise,  emportant  une 
somme  de  200  1.  et  l'assurance  d'une  pension  annuelle  de  450  1. 
pour  ses  deux  années  de  philosophie  2. 

1.  Elles  étaient  Sœurs  de  l'Instruction  Chrétienne  de  Nevers.  Ibid. 

2.  i  IV.  Concl.  capit.  Il  succéda  à  Saint-Denis,  à  qui  le  Chapitre  avait  accordé 
en  1787  un  secours  annuel  de  150  1.  par  année  pendant  trois  ans  qui  devaient 
expirer  le  1er  octobre  1790.  Depuis  1783,  les  revenus  de  la  fondation  n'avaient  pas 


LE  CHAPITRE  ET  L'ASSISTANCE  PUBLIQUE.  133 


IV 


Fondateur  de  l'Hôtel-Dieu,  comme  il  l'avait  été  des  premières 
écoles,  le  clergé  de  Notre-Dame  n'avait  pas  aussi  bien  conservé 
dans  l'Assistance  publique  la  place  importante  qu'il  y  occupa 
longtemps. 

L'administration  de  l'Hôtel-Dieu  appartenait  autrefois  tout 
entière  au  Chapitre  de  Notre-Dame,  tant  pour  le  spirituel  que 
pour  le  temporel;  mais,  en  1505,  la  direction  temporelle  fut  com- 
mise, par  arrêt  du  Parlement,  à  des  administrateurs  laïques. 

En  1790,  le  Chapitre  était  seul  supérieur  spirituel  de  l' Hôtel- 
Dieu;  il  y  exerçait  sa  juridiction  par  trois  députés,  qu'il  nom- 
mait an  chapitre  général  de  la  Saint- Jean,  et  qu'on  appelait 
MM.  les  Visiteurs.  Les  derniers  furent  MM.  de  Montagu,  des 
Fieux  et  Chevreuil. 

L'Hùtel-Dieu  était  desservi  au  spirituel  par  vingt- quatre 
ecclésiastiques,  dont  huit  pour  le  chœur,  treize  pour  les  salles, 
un  confesseur  pour  les  étrangers  et  les  domestiques,  et  un  sa- 
cristain. Le  premier  de  ces  ecclésiastiques  était  appelé  Maître 
de  T Hôtel-Dieu,  et  était,  ainsi  que  tous  ses  confrères,  sous  la 
juridiction  immédiate  du  Chapitre.  C'est  lui  qui  les  nommait, 
les  installait  au  chœur  de  Notre-Dame  et  dans  la  chapelle  de 
l'Hôtel-Dieu  et  les  convoquait  à  son  Synode  annuel. 

Les  religieuses  reconnaissaient  aussi  le  Chapitre  comme  supé- 
rieur et  faisaient  profession  entre  les  mains  du  Doyen.  Les  actes, 
signés  des  professes,  étaient  conservés  dans  les  Conclusions 
capitidaires  au  même  titre  que  les  Lettres  de  canonicat. 

«  Je,  sœur  N ,  voue  et  promets  à  Dieu,  à  la  Bienheureuse 

Vierge  Marie,  au  glorieux  saint  Jean-Baptiste,  à  notre  Bien- 
heureux Père  saint  Augustin  et  à  vous,  mes  Très  Révérends 
Pères,  Pauvreté,  Chasteté,  Obéissance  et  Service  aux  pauvres  ma- 

dû  être  complètement  utilisés,  puisque  l'annuité  accordée  à  Saint-Denis  est  aug- 
mentée de  100  lianes  et  i|iie.  en  1789,  il  alloua  à  un  autre  enfant  de  chœur,  de 
L'Étang,  une  somme  de  300  1.  réalisée  «  sur  les  économies  faites  sur  les   revenus  ■■. 


loi  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

lades  tous  les  jours  de  ma  vie  en  l'Hostel-Dieu  de  Paris  ou  ail- 
leurs, si  par  vous  il  m'est  enjoint,  gardant  la  règle  de  saint 
Augustin,  accommodée  à  notre  Saint  Estât  par  les  Statuts  et 
Constitutions  faites  de  l'autorité  de  vous,  Messieurs  les  Révérends 
Doyen  et  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  supérieurs  de  cette 
maison.  » 

«  Témoin  mon  seing  manuel  cy-mis.  » 
«  Ainsy  soit-ii  à  toute  éternité.  » 

Les  religieuses  de  l' Hôtel-Dieu  pénétraient  dans  le  Cloître  à 
la  mort  du  Doyen.  La  veille  de  l'enterrement,  toutes,  en  habit  de 
chœur,  venaient  dans  la  chambre  du  défunt,  accompagnées  d'un 
chanoine-visiteur.  Celui-ci  commençait  le  De  Profanais  que  les 
religieuses  continuaient,  puis  il  disait  l'oraison  et  jetait  avec  elles 
de  l'eau  bénite  sur  le  corps.  Les  religieuses  allaient  ensuite  à 
Notre-Dame  faire  leurs  prières  devant  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Vierge,  pendant  que  la  Mère  Prieure,  la  Sous-Prieure  et  deux 
autres  Sœurs  restaient  dans  la  chambre  du  défunt  pour  procéder 
à  l'ensevelissement. 


Le  Chapitre  se  montrait  toujours  fort  généreux  à  l'égard  des 
pauvres  et  des  institutions  charitables  :  nous  avons  vu  dans  les 
pages  précédentes  les  nombreux  secours  qu'il  accordait  aux 
maîtres  d'école  en  détresse;  il  aimait  à  montrer  qu'on  ne  s'a- 
dressait à  lui  jamais  en  vain.  En  1788,  la  requête  venait  du 
Roi  lui-même  :  désirant  alors  multiplier  les  hôpitaux  dans  Paris, 
il  lit  appel  à  la  générosité  des  grands  corps  ecclésiastiques  et 
laïques  pour  couvrir  la  souscription.  Le  Chapitre,  pour  sa  part, 
vota  30.000  livres! 

«  J'ai  mis  sous  les  yeux  du  Roi,  écrivit  à  cette  occasion  le 
baron  de  Breteuil  à  M.  de  Montagu,  la  lettre  que  vous  m'avez 
fait  l'honneur  de  m'écrire  et  par  laquelle  vous  m'informez  que, 
sur  le  prospectus  relatif  aux  hôpitaux,  votre  Compagnie  vient 
de  souscrire  pour  30.000  livres.  Sa  Majesté  m'a  chargé  de  vous 
témoigner  qu'elle  a  vu  avec  une  véritable  satisfaction  ce  nouveau 


LE  CHAPITRE  ET  L'ASSISTANCE  PUBLIQUE.  155 

témoignage  du  zèle  du  Chapitre  et  de  son  empressement  pour 
tout  ee  qui  peut  intéresser  le  bien  publie.  » 

C'était  journellement  que  des  demandes  de  secours  tombaient 
sur  le  Bureau  du  Chapitre.  L'année  qui  précéda  l'ouverture  des 
États  généraux,  fut  des  plus  malheureuses.  L'été  de  L788, 
toute  la  campagne  des  environs  de  Paris  fut  ravagée  par  la  grêle  : 
le  Chapitre  remit  G. 000  livres  entre  les  mains  du  Sr  Trumeau,  re- 
ceveur du  diocèse,  pour  secourir  les  cultivateurs  les  plus  éprouves. 
A  son  tour,  le  rigoureux  hiver,  qui  signala  les  débuts  de  1789, 
multiplia  les  misères  et  les  aumônes.  La  liste  est  longue  des 
paroisses  secourues  alors  par  la  charité  des  chanoines  :  Mézières, 
180  1.  ;  Larchant,  400  1.  ;  Yoinsles,  150  1.  ;  Yillaroche,  72  1.  ;  Epiais, 
00  1.;  Damart,  72  1.  ;  Yilleneuve-Lahuré,  30  1.  ;  Sucy,  3C0  1.  ; 
Fresne,  72  1.  ;  Grand-Paroisse,  150  1.  ;  Chevilly,  120  1.  ;  Com- 
pans,  60  1.;  Touquin,  60  1.  ;  Blancmesnil,  60  1.  ;  Brétigny,  96  1.; 
Rosov,  200  livres  de  riz  cuit  «  et  non  autrement  »  à  distribuer 
par  le  fermier;  L'Hay,  120  1.  ;  Corbereuse,  72  1.  ;  Rosoy,  600  1.  ; 
Brégy,  72  1. ;  la  Ghapelle-Iger,  72  1.  ;  les  sommes  furent  distri- 
buées, par  le  soin  des  curés,  dans  les  quatre  premiers  mois 
de  1789  '. 

Le  Chapitre  permettait  aussi  aux  sinistrés  d'avoir  recours  à 
la  charité  publique,  et  il  établissait  à  cet  effet  des  troncs  qu'il 
plaçait  dans  le  bas  de  la  nef  de  Notre-Dame,  non  loin  des  béni- 
tiers2. Les  derniers,  qui  usèrent  de  cette  gracieuseté  du  Cha- 
pitre, furent  des  incendiés  de  la  paroisse  Saint-Eustache,  que  le 
feu  avait  réduits  à  la  dernière  misère. 

Longtemps  le  Chapitre  avait  distribué  des  rations  de  pain  aux 
portes  du  Cloître  la  veille  des  grandes  fêtes;  vers  1765,  il  ne 
crut  pas  devoir  continuer  cet  usage,  mais  chaque  année  il  versa 
au  Grand  Bureau  des  Pauvres  de  l'Eglise  de  Paris  la  somme 
de  882  livres 3. 

1.  Durant  le  même  hiver,  le  Chapitre  lit  aussi  allumer  de  grands  feux  dans  le 
Cloître  et  sur  le  Parvis. 

2.  Une  gravure  delà  Bibliothèque  nationale  représente  la  nef  de  Notre-Dame  avec 
plusieurs  de  ces  troncs.  Cabinet  des  Estampes,  Topographie.  Notre-Dame,  t.  IL 

3.  Cfr.  Déclaration  générale  des  biens  du  Chapitre. 


CHAPITRE  CINQUIÈME 


LE  CHAPITRE  ET  LES  ETATS  GENERAUX  DE  1789 


I.  Le  Chapitre  et  la  Convocation  des  États  généraux.  Travaux  de 
l'Archiviste.  Querelle  entre  la  Ville  et  le  Chàtelet.  Le  Règlement  du  24  janvier. 
Rédaction  des  cahiers.  Les  chanoines  aux  bailliages  de  province.  Protestation 
du  20  avril.  Animosités  contre  le  Chapitre. —  II.  Les  Assemblées  électorales 
de  Paris.  Ouverture  de  l'Assemblée  intra  muros.  État  des  esprits.  Chanoines 
électeurs.  Protestation  contre  la  vice-présidence  attribuée  au  curé  de  Sainte- 
Marguerite.  Adresse  au  Roi.  Rôle  donné  à  plusieurs  chanoines.  Assemblée 
électorale  extra  muros.  —  III.  Les  États  généraux.  Les  Quarante  Heures  à 
Notre-Dame.  Les  14  et  15  juillet.  Offrande  patriotique  du  Chapitre.  Délégation 
de  M.  Boucher  d'Argis.  Correspondances  des  autres  Chapitres  du  Royaume.  Le 
1  août.  Bénédiction  des  drapeaux.  L'Assemblée  nationale  occupe  une  partie 
du  Cloître.  Envoi  de  l'argenterie  à  la  Monnaie.  Suppression  de  la  musique  à 
Notre-Dame. 


«  Si  Ton  veut  m'en  croire,  disait  un  visionnaire  de  Paris  pen- 
dant la  terreur  de  l'invasion  anglaise,  en  1413,  j'ai  vule  roi  d'An- 
gleterre en  cfrand  ormieil  au  haut  des  tours  de  Notre-Dame;  il 
excommuniait  notre  sire  le  roi  de  France;  et  le  roi,  entouré  de 
gens  en  noir,  était  assis  humblement  sur  une  pierre  dans  le  par- 
vis '.  »  Les  événements,  qui  vont  se  précipiter  dans  l'espace  de 
dix-huit  mois,  auraient  pu  aussi,  en  1790,  suggérer  à  quelque  ima- 
gination impressionnable  une  vision  analogue.  Plus  d'un  rapport 
existe  pour  le  clergé  de  l'Eglise  de  Paris,  entre  la  terreur  de  L  \  L.'! 
et  le  bouleversement  de  la  lin  du  xvmc  siècle  :  aux  deux  époques, 
la  Révolution  dans  Paris,  celle  des  Bourguignons  et  celle  des  Ter- 
roristes; un  roi  incapable,   Charles  VI  fou  et   Louis   XVI  trop 

1.  Michelet,  Histoire  de  France,  t.  V.  p.  293. 


138  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

faible;  les  plus  belles  pièces  du  Trésor  portées  à  la  Monnaie;  en 
1413,  le  cloître  envahi  de  soldats  ;  en  1790,  de  parleurs  et  d'émeu- 
tiers;  jadis  un  serment  antipatriotique,  sacrilège  aujourd'hui.  La 
Révolution,  pour  dominer  Paris,  va  s'asseoir  aussi  sur  les  tours 
de  Notre-Dame;  devant  elle,  la  Royauté  qu'elle  humilie  «  entou- 
rée de  gens  en  noir  »,  qui  portent  son  deuil,  parce  qu'ils  vont 
partager  sa  ruine.  La  nouvelle  \Tision  n'aurait  pu  être  que  plus 
sinistre! 

Désormais  le  Chapitre  de  Paris,  qu'aucune  agitation  n'avait 
trouble  depuis  les  querelles  du  Jansénisme,  sera  continuellement 
aux  prises  avec  ses  ennemis,  qui  ne  cesseront  plus  leurs  attaques. 
Simples  escarmouches,  d'abord,  on  discutera  l'autorité  de  ses 
Archives;  on  restreindra  ses  prérogatives  et  sa  représentation; 
on  le  taquinera  sur  des  questions  de  préséances.  Puis  la  lutte 
deviendra  plus  vive  :  nous  entendrons  déclamer  contre  les 
richesses  de  son  église,  discuter  le  titre  de  ses  propriétés,  jeter  la 
suspicion  sur  ses  intentions,  mettre  en  doute  l'utilité  de  ses  ser- 
vices et  la  nécessité  de  son  existence.  Dans  les  pages  précédentes, 
nous  avons  étudié  la  vie  du  Chapitre  de  Paris  telle  qu'elle  se 
manifestait  vers  17'JO.  Est-ce  vrai  que  les  siècles  accumulés  ne 
lui  avaient  rien  ôté  de  sa  vigueur?  A  l'époque  de  la  Révolution, 
comme  tant  d'autres  corps  politiques  et  ecclésiastiques,  pour  qui 
le  relâchement  et  l'inutilité  étaient  des  causes  de  dégénérescence, 
lui  n'était  pas  déjà  un  cadavre,  qui  demandait  à  être  enterré!  Le 
zèle,  la  piété,  la  régularité  de  tous  ses  membres,  l'exactitude  à 
remplir  les  devoirs  de  leur  ministère,  la  charge  de  la  prière 
publique  remplie  nuit  et  jour,  une  discipline  fraternelle  mais  rigou- 
reuse, un  amour  de  la  bonne  entente,  qui  ne  dégénérait  pas  en 
faiblesse,  étaient  pour  lui  des  principes  de  vie,  qui  pouvaient 
éloigner  encore  de  longtemps  les  premiers  symptômes  de  la  mort. 
Aussi  le  décret,  qui  le  supprimera,  fera-t-il  l'effet  du  couperet  de 
la  guillotine,  qui  abat  une  noble  tète,  blanchie  mais  encore  bien 
vivante  ! 


LA  CONVOCATION  DES  ÉTATS  GÉNÉRAUX.  139 


I 


Le  23  septembre  1788,  parut  l'édit  du  Roi  Louis  XVI,  qui  con- 
voquait les  États  du  royaume  dans  la  ville  de  Versailles  pour  le 
printemps  de  Tannée  suivante.  Cette  nouvelle  dut  être  favo- 
rablement accueillie  par  le  Chapitre  de  Paris,  dont  plusieurs 
membres  avaient  pris  part  aux  Assemblées  provinciales  et  aux 
Assemblées  des  notables,  qui  avaient  réclamé  cette  convocation 
avec  tant  de  chaleur. 

Le  Chapitre  avait  déjà  pensé  à  sauvegarder  ses  intérêts  et  à 
maintenir  ses  prérogatives,  en  vue  des  futures  assemblées.  S'ap- 
puvant  sur  un  arrêt,  émanant  du  Conseil  de  Sa  Majesté,  en  date 
du  .">  juillet  précédent,  qui  invitait  «  les  savants  et  personnes  ins- 
truites du  Rovaume  à  adresser  à  M.  le  garde  des  sceaux  tous  les 
renseignements  et  mémoires  sur  les  objets  contenus  au  présent 
arrêt  »,  il  demanda  à  son  archiviste,  M.  Pavillet,  dans  la  conclu- 
sion de  10  septembre,  de  faire  «  aux  archives  toutes  les  recherches 
relatives  aux  Assemblées  des  Etats  généraux  •  ».  Celui-ci  se  mit 
immédiatement  à  l'œuvre  et,  six  jours  après,  de  nombreux  docu- 
ments, recueillis  d'abord  sur  des  fiches,    furent  mis  en  ordre  et 

1.  Cette  décision  fut  prise  au  reçu  de  la  lettre  suivante,  adressée  par  M.  de 
Flandre  de  Brunville  à  M.  de  Champigny,  agent  des  affaires,  le  ?  septembre  1788. 

«  Monsieur, 

«  .le  m'occupe  de  quelques  recherches  relativement  aux  États  généraux.  Doux  de 
MM.  les  conseillers  au  Chàtelet,  M.  de  la  Lourecv  et  M.  Duval,  s'occupent  aussi  du 
même  objet  -l'ai  imaginé  que  dans  les  Archives  du  Chapitre  de  Notre-Dame,  il 
pourrai)  se  trouver  des  renseignements  qu'il  serait  intéressant  de  connaître  sur  la 
tenue  d'anciens  États  généraux.  Comme  je  crois.  Monsieur,  que  vous  êtes. chargé 
des  Archives  du  Chapitre,  je  me  proposais  d'avoir  l'honneur  de  vous  prier  de 
tmuver  bon  que  j'y  lisse  quelques  recherches  sur  des  objets  que  je  désire  éclair- 
c'ir;  mais  n'en  ayant  pas  la  possibilité  dans  ce  moment-ci,  n'y  a-t-il  pas  d'indiscré- 
tion, Monsieur,  à  vous  demander  de  vouloir  bien  agréer  que  MM.  de  laLourecy  el 
Duval  s'occupent  à  faire  dans  vos  Archives  les  recherches  qui  leur  seront  néces- 
s,  aux  jours  que  vous  leur  indiquerez.  Je  regrette  infiniment  que  mes  affaires 
ne  me  permettent  pas  dans  ce  moment-ci  de  faire  moi-même  ce  travail.  J'aurais  saisi 
avec  grand  empressement  cette  occasion  d'avoir  l'honneur  de  vous  voir  et  de  vous 
renouveler  les  assurances  du  sincère  et  respectueux  attachement  avec  lequel  j'ai 
l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.   Signé: 

DE    li  INDRE  DE  Blil'NVILl.E.   » 


~< 


160  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

rédigés  ensuite  dans  un  cahier  de  16  pages  in-folio,  qu'il  déposa 
entre  les  mains  de  M.  de  Champigny,  l'agent  des  affaires  '. 

Le  travail  de  Pavillet,  qui  ne  fut  guère  utile  au  Chapitre,  devint 
quelques  mois  plus  tard  une  arme  de  guerre  entre  deux  puis- 
sances rivales  :  l'Hôtel  de  Ville  et  le  Châtelet.  Il  n'entre  pas 
dans  notre  sujet  de  raconter  au  long  les  détails  de  cette  polémique  : 
on  les  trouvera  dans  le  remarquable  ouvrage  de  M.  Chassin  : 
Les  Électeurs  et  les  Cahiers  de  Paris  en  1189  2,  auquel  nous 
renvoyons  nos  lecteurs.  Le  Chapitre  y  fut  mêlé,  pour  ainsi  dire 
sans  le  vouloir;  il  nous  suffira  de  décrire  ici  rapidement  la  part 
qu'il  eut  dans  cette  affaire  :  premier  engagement  avant  de  plus 
sérieuses  rencontres. 

L'Hôtel  de  Ville  formulait  ainsi  ses  prétentions  :  «  Le  Prévôt 
des  marchands  a  seul  le  droit,  à  l'exclusion  du  Prévôt  de  Paris, 
de  convoquer  la  Commune,  composée  indistinctement  de  la  totalité 
des  citovens  de  Paris  et  de  sa  juridiction  pour  ce  qui  concerne  la 
convocation  des  Etats;  qu'il  est  même  défendu  au  Prévôt  de  Paris 
de  s'entremettre  aucunement  par  le  fait  desdits  Etats  en  ce  qui 
concerne  la  ville  et  les  faubourgs  3  ».  De  son  côté,  le  Prévôt  de 
Paris  soutenait  les  droits  du  Châtelet  avec  autant  d'énergie.  A  la 
fin  de  janvier  1789,  précisément  à  l'époque  où  parut  le  Règlement, 
concernant  les  assemblées  électorales,  la  lutte  était  au  plus  aigu. 
Le  Chapitre  jusqu'alors  n'y  prenait  part  que  comme  spectateur, 
môme  quand  les  avocats  de  l'Hôtel  de  Ville  vinrent  chercher,  dans 
les  substructions  du  chœur  de  Notre-Dame,  des  preuves  à  l'appui 
de  leurs  prétentions.  Celle  qu'ils  y  trouvèrent  était  assez  faible  '. 
Les  avocats  du  Châtelet  cherchèrent  des  armes  dans  la  rédaction 
de  Pavillet;  ils  y  recueillirent  un  document,  dont  l'importance  va 
fixer  la  fortune  des  belligérants  après  avoir  excité  encore  plus  leur 
acharnement. 

1.  Les  documents,  relevés  par  Pavillet,  se  rapportent  aux  années  1 184,  1560,  1561, 
1576,  1588,  1614,  1651.  Arch.  Xat.,  L.  540,  n°  97. 

•2.  T.  I.  La  Convocation  </<■  Paris  aux  derniers  Etais  généraux.  Paris,  1888. 

3.  Arch.  Nat.,  L.  541,  n°  15.  Imprimé. 

4.  Ils  argumentèrent  longuement  sur  l'inscription  d'une  pierre  trouvée  en  1711 
dans  les  fondations  du  chœur  de  Notre-Dame.  Cfr.  Curiosités  de  l'Église  de  Pu  ris. 
p.  43  et  41. 


LA  CONVOCATION  DES  ÉTATS  GÉNERMJX.  161 

C'était  une  délibération  capitulaire  du  lu  décembre  1483,  qui 
mettait  ii  néant  les  droits  contestables  du  Prévôt  dos  marchands 
et  faisait  conclure  pour  le  Châtelet1. 

Le  Chapitre  fut  donc  mêlé  aux  débats  juridiques  et  archéolo- 
giques, et,  dans  la  chaleur  de  la  discussion,  il  reçut  plus  d'un  ho- 
rion de  la  part  des  avocats  de  la  ville  :  «  En  matière  politique, 
disait  un  de  ceux-ci,  M.  Ethis  de  Corny,  c'est  dans  les  Archives 
du  Louvre,  dans  les  greffes,  qu'il  faut  chercher  des  titres  dignes 
de  la  confiance  des  publicistes.  On  ne  peut  pas  mettre  sur  la  môme 
ligne  les  papiers  recueillis  dans  les  Chapitres  et  Monastères.  Pour 
constater  authentiquement  une  convocation  faite  ou  à  faire  des 
habitants  de  la  capitale  par  le  Prévôt  de  Paris,  de  quelle  utilité 
peut  être  un  acte  qui  ne  concerne  même  pas  le  Chapitre?  » 

Les  chanoines  parurent  s'émouvoir  de  tout  ce  bruit  fait  autour 
de  leurs  archives.  M.  de  Champigny  demanda  des  éclaircisse- 
ments à  Pavillet  et  eut  avec  lui  de  fréquents  entretiens2.  Pavil- 
let  défendit  pied  à  pied  l'authenticité  des  documents,  qu'il  avait 
exhumés  de  la  poussière  de  ses  cartons;  il  donna  un  précis  histo- 
rique au  sujet  de  la  pièce  de  1483;  il  étudia  et  annota  en  marge  les 
plaidoiries  des  avocats.  M.  de  Corny  avait  osé  dire  en  citant  le 
fameux  Dumoulin  :  «  Certe  monachorum  ad  confîngendum  sibi 
titulosvetustos,  quibusnunquamferecarent  !  »  —  «Cette  sortie  n'est 

1.  «  Hoclie  Magister  Christophorus  de  Carmont,  locuin  tenons  civilis  Praepositi 
Parisiensis,  comparait  in  Capituloet  in  praesentia  It.  Patris  Doinini  Episcopi  ac 
Decani  ■■!  Capituli  ibidem  assistentium,  et  exposuit  quod  nuper  mandatum  fuerat 
per  dominum  nostrum  Regem  Domino  Pramosito  Parisiensi  per  litteras  patentes 
Bubsigillo  régis  confeetas  ut  ipso  haberet  convocareet  congregare  clerum,  nobiles  et 
cornmunem  populum  Diœcesis  et  Praepositurae  Parisiensis  ad  eligendum  de  quolibet 
statu  duos  hommes  qui  haberent  comparera  Aurelianensis  in  congregatione  trium 
statu um.  •  Arch.  Nat.,  L.  541,  n«  •-!".  p.  18. 

2.  N'ons  avons  trouvé,  dans  les  cartons  510  et  541  de  la  série  L  aux  Archiva  Na- 
tionales, plusieurs  billets  de  M.  de  Champigny  à  Pavillet  concernant  cette  polé- 
mique. —  17  janvier  1789.  «  M.  Pavillet  est  prié  défaire  faire  pour  M.  de  Champi- 
gny une  copie  de  ce  qui  s'est  passé  au  sujet  de  la  convocation  aux  États  généraux 
Ayant  été  obligé  de  remettre  sa  copie  en  mon  coffre,  il  désire  trouver  cette  copie 
faite  lundi  soir  ou  mardi.  ••  —  Le  -1  janvier.  M.  de  Champigny  demande  a  M.  Pa- 
villet la  copie  qu'il  n'a  pas  encore  et  .  île  venir  causer  un  petit  moment  avec  lui  » 
—  En  avril,  cette  note  .tait  encore  rédigée  :  «  si  .M.  l'Archiviste  trouve  quelque 
chose  pour  les  États  de  1560,  1576,  1588  et  1611.  qui  soil  relatif  à  la  prétention  de 
la  Commune  de  Paris,  je  le  prie  d'en  taire  mention  dans  son  rapport.  ■  Arch.  Xat., 
L.  510,  n°  108. 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE   PARIS.  11 


102  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

pas  honnête,  réplique  l'archiviste  indigné  ;  Dumoulin  n'était  rien 
moins  que  connaisseur  en  titres.  Il  ignorait  sans  doute,  et  peu  de 
personnes  en  sont  instruites,  que  les  Pastoraux  et  Cartulaires 
méritent  d'autant  plus  de  confiance  que  ce  sont  des  copies  faites 
sur  les  originaux  dans  les  xn%  xuic  et  xive  siècles.  M.  le  Procureur 
du  Roi  et  de  la  Ville  n'avait  qu'à  se  présenter  aux  Archives  du 
Chapitre  de  Paris,  il  aurait  jugé  par  lui-même  '.  »  une  autre 
attaque  contre  l'authenticité  des  archives  mérite  de  la  part  de  Pa- 
villet  cette  réplique  :  «  M.  de  Corny  ne  connaît  pas  les  registres 
des  Conclusions  du  Chapitre  !  » 

Le  Roi  donna  raison  au  Chàtelet.  Le  Chapitre,  ou  plutôt  Pavil- 
let,  triomphait!  Celui-ci  transcrivait  ainsi,  sur  le  dossier  de 
l'affaire,  le  bulletin  de  sa  victoire  :  «  Ce  serait  peut-être  ici  le  lieu 
de  s'étonner  qu'un  magistrat,  qui  ne  les  a  pas  vus  les  originaux  , 
qui  n'en  a  pas  demandé  la  communication,  que  le  Chapitre  lui 
aurait  accordée  avec  plaisir,  ait  employé  les  armes  frivoles  du  sar- 
casme et  de  l'ironie  dans  ses  réquisitoires,  auxquels  il  a  donné  la 
plus  grande  publicité  ;  mais  le  Chapitre  se  fait  un  honneur  de 
garder  le  silence.  Ces  pièces  ont  établi  d'une  manière  victorieuse 
le  droit  d'une  compagnie  respectable  ;  enfin  elles  ont  décidé  le  Roi 
et  son  Conseil  à  prononcer  en  faveur  du  Chàtelet.  Le  Chapitre  est 
fondé  à  croire  qu'elles  ne  méritent  pas  moins  de  confiance  pour 
établir  d'autres  faits  aussi  importants,  quoique  étrangers  à  la 
question  jugée.  »  Enfin,  comme  monument  de  son  triomphe, 
Pavillet  plaçait  dans  ses  Archives  la  brochure  de  M.  Du  val  fils, 
conseiller  au  Chàtelet,  que  celui-ci  lui  offrit  et  dans  laquelle,  fort 
du  document  de  1483,  il  établissait  la  dénonciation  qui  devait 
emporter  la  décision  royale 2. 

Pendant  ces  discussions,  qui  se  prolongèrent  jusqu'en  avril 
1789,  le  Roi  avait  promulgué  différents  règlements  au  sujet  de  la 
convocation    des  Chambres  électorales.   Celui  du  24  janvier  est 


1.  Arch.  Nat.,  L.  541,  n°  15,  p.  -11. 

2.  Arch. Nat.}  L.541,  n'  21.  L'opuscule,  conservé  aux  archives  du  Chapitre,  por- 
tait cette  suscription  :  «  Donné  par  M.  l'uval  fils,  conseiller  au  Chàtelet,  auteur  de 
la  Dénonciation,  sur  laquelle  cet  arrêt  a  été  pris.  Signé  :  Pavillet.  » 


LA  CONVOCATION  DES  ETATS  GÉNÉRAUX.  163 

justement  célèbre  par  les  innovations  qu'il  introduisit  dans  la 
représentation  des  électeurs  et  surtout  par  la  tempête  do  protes- 
tations qu'il  allait  soulever  par  toute  la  France  '.  Deux  points 
intéressaient  le  Chapitre  :  la  rédaction  des  cahiers  de  doléances 
et  le  nombre  des  délégués  à  envoyer  aux  Chambres  ecclésias- 
tiques. 

Comme  la  plupart  des  bailliages  de  province,  où  les  chanoines 
de  Paris  avaient  le  droit  de  se  faire  représenter,  devaient  tenir 
leurs  assemblées  dans  la  seconde  quinzaine  de  mars,  le  Chapitre 
n'apporta  aucun  retard  à  la  rédaction  de  ses  cahiers.  Le  26  fé- 
vrier, il  chargea  M.  l'archidiacre  de  Brie  et  MM.  Chevreuil, 
Brémontetde  Bonneval,  conjointement  avec  M.  le  Chambrier  et 
M.  l'Agent  des  affaires,  de  «  dresser  un  Mémoire  contenant  les 
instructions  et  observations  qui  seront  données  aux  fondés  de 
procurations  pour  les  faire  valoir  dans  lesdites  assemblées  lors 
de  la  rédaction  des  cahiers  de  doléances,  plaintes  et  remon- 
trances qui  doivent  être  portées  aux  États  généraux,  pour  le  dit 
Mémoire  être  présenté  incessamment,  lu  et  approuvé  au  Chapitre  ». 
En  huit  jours,  les  six  commissaires  achevèrent  leur  travail,  qui 
fut  communiqué  au  Chapitre  et  approuvé  de  lui  le  4  mars.  Bien 
que  le  cahier  du  Chapitre  soit  déjà  publié  dans  plusieurs  ouvrages, 
nous  croyons  devoir  le  transcrire  ici  :  cela  nous  parait  nécessaire 
à  l'intégrité  de  ce  travail  sur  le  Chapitre  et  les  États  géné- 
raux . 

1.  «  Il  faut  avouer  que  nous  sommes  bien  avancés  en  principes,  écrivait  alors 
un  pamphlétaire.  Tout  devient  pour  nous  un  sujet  de  contestation  el  de  protes- 
tation. LesNobles  protestent,  les  Parlements  protestent,  les  Chapitres  protestent.  ■ 
Bibl.  NatMLe  »»  90  A. 


164  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

CAHIERS 

DU  CHAPITRE  DE  l'ÉGLISE  DE  PARIS,  POUR  SERVIR  d'iNSTR  UCTIONS 
A  SES  DÉPUTÉS  AUX  ASSEMBLEES  DES  TROIS  ÉTATS,  QUI  DOIVENT 
PRÉCÉDER  LA  TENUE  DES  ETATS  GÉNÉRAUX  FIXÉS  PAR  LE  ROI 
AU  27    AVRIL    1789. 

PAR    RAPPORT    A    LA    RELIGION 

1  '  Conservation  du  culte  public.  —  Nous  entendons  con- 
server dans  son  intégrité  le  précieux  dépôt  de  la  Religion,  qui 
nous  est  spécialement  confié  en  qualité  de  ses  Ministres,  et  re- 
jeter tout  ce  qui  pourrait  y  porter  atteinte,  ainsi  qu'à  la  solen- 
nité et  à  la  décence  du  culte  public,  qui  doit  être  exclusivement 
réservé  dans  toute  l'étendue  de  ce  royaume  à  la  religion  catholique, 
apostolique  et  romaine. 

2°  Conciles  provinciaux.  —  Nous  supplions  le  Roi  très  hum- 
blement d'accorder  à  l'Eglise  de  France  la  tenue  des  conciles 
provinciaux  à  l'effet  de  rétablir  et  d'entretenir  dans  toute  sa  vi- 
gueur la  discipline  ecclésiastique,  de  manière  que  la  convocation 
desdits  conciles  puisse  se  faire  sans  longs  délais,  sur  la  demande 
et  selon  les  besoins  de  chaque  métropole. 

3°  Maintien  du  droit  public  ecclésiastique.  —  Nous  sup- 
plions pareillement  Sa  Majesté  de  maintenir  l'exécution  de  toutes 
les  lois  et  ordonnances  reçues  dans  le  royaume,  qui  en  forment 
le  droit  public  ecclésiastique  et  canonique,  et  que  les  rois,  ses  au- 
gustes prédécesseurs,  ont  marqué  du  sceau  de  leur  autorité. 

4°  Progrès  de  l'irréligion  et  du  vice,  causé  par  la  licence 
de  la  Presse.  —  Pénétrés  d'une  douleur  profonde  à  la  vue  du  dé- 
périssement affreux  de  la  Religion  et  des  mœurs  dans  tout  le 
royaume,  et  surtout  dans  cette  capitale,  nous  adressons  à  Sa  Ma- 
jesté les  plus  vives  et  les  plus  humbles  représentations  sur  la 
cause  funeste  et  trop  connue  du  renversement  déplorable  de  tous 
les  principes.  Il  provient  évidemment  de  la  multitude  scanda- 
leuse des  ouvrages  où  règne  l'esprit  du  libertinage,  de  l'incré- 
dulité et  de  l'indépendance,  où  l'on  attaque  avec  une  égale  audace 


cahiers  du  chapitre.  165 

la  foi,  la  pudeur,  la  raison,  le  trône,  l'autel  ;  livres  impies  et  cor- 
rupteurs, répandus  de  toutes  parts  avec  la  profusion  et  la  licence 
les  plus  révoltantes,  auxquels  on  ne  saurait  opposer  trop  promp- 
tement  les  digues  les  plus  fortes. 

5"  Rétablissement  de  l'éducation  publique.  —  Les  maux, 
dont  nous  sommes  les  témoins  et  qui  menacent  encore  plus  les 
générations  futures,  nous  portent  à  demander  avec  instance  à  Sa 
Majesté  de  prendre  des  mesures  efficaces  pour  rendre  à  l'édu- 
cation publique  l'éclat  et  l'utilité  dont  elle  est  déchue  :  plusieurs 
de  ses  principaux  établissements  n'existent  plus;  ses  sources  les 
plus  fécondes  se  sont  presque  taries  de  nos  jours  et  n'ont  été 
remplacées  dans  la  plupart  des  villes,  où  elles  procuraient  tant 
d'avantages  à  la  Religion  et  aux  Lettres,  que  par  des  institutions 
obscures,  privées,  faibles,  éphémères  et  suspectes1. 

6  Protection  en  faveur  des  ordres  religieux.  —  Nous  osons 
solliciter  de  la  bonté  et  de  la  piété  du  Roi  une  protection  particulière 
pour  les  ordres  religieux  de  l'un  et  de  l'autre  sexe,  qui  subsistent 
dans  le  royaume.  Sous  les  heureux  auspices  de  sa  faveur  et  de 
son  autorité,  nous  espérons  voir  fleurir  et  se  vivifier  de  plus  en 
plus  ces  saints  Instituts,  utiles  à  la  Religion,  au  bien  de  l'Etat, 
aux  familles  indigentes,  à  la  subsistance  surtout  des  pauvres  de 
la  campagne. 

PAR   RAPPORT   A  LA    CONSTITUTION 

1°  Éloignera ent  de  tout  ce  qui  altérerait  la  Monarchie.  — 

Le  gouvernement  monarchique  étant  la  constitution  inébranlable 
de  la  Nation,  la  plus  propre  à  sa  tranquillité  intérieure  et  à  sa 
sûreté  au  dehors,  la  plus  convenable  à  l'étendue  de  ses  provinces, 

1.  Pour  mettre  dans  tout  leur  jour  les  sentiments  du  Chapitre  sur  les  grandes 
questions  religieuses,  politiques  et  financières,  qui  passionnaient  alors  l'opinion 
publique,  nous  ajoutons  ici  en  note  les  additions  et  modifications,  apportées  au 
Cahier  des  délégués,  dans  la  Conclusion  capitulaire  du  20  avril  suivant.  Elles  ont 
été  votées  sur  une  motion  de  M.  de  lîonneval,  un  des  rédacteurs  du  Cahier  primitif 
it  k  plus  ardent  défenseur  des  droits  et  privilèges  capitulaires.  Addition  au  n°5 
de  la  1"  section  :  «  Les  archevêques  et  évéques  ne  sauraient  trop  être  maintenus 
dans  le  droit  de  supériorité  et  île  surwillance  dans  les  collèges,  et  nous  nous  fai- 
sons un  devoir  de  demander  qui'  M*'  l'archevêque  de  Paris  n'en  soit  pas  privé  sur 
celui  de  Louis-le-Grand.  » 


166  LE  CHAPITRE  DE.  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

la  plus  conforme  au  caractère  de  ses  peuples,  qui  dans  tous  les 
temps  se  sont  distingués  par  leur  amour  et  leur  attachement 
pour  leurs  souverains,  le  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris  ne  pourra 
jamais  se  prêter  à  rien  de  ce  qui  tendrait  à  altérer  la  forme  de  ce 
gouvernement;  il  y  est  inviolablement  attaché  par  les  devoirs 
les  plus  sacrés  de  l'obéissance,  par  les  liens  du  serment  et  de  la 
fidélité,  par  l'amour  et  le  respect  pour  ses  maîtres,  par  le  bon- 
heur de  leur  être  soumis. 

2°  Opinion  par  ordre  et  non  par  tête.  —  Le  Chapitre  de 
l'Église  de  Paris  réclame  la  conservation  de  l'opinion  par  ordres 
dans  les  délibérations  des  États  généraux,  comme  conforme  aux 
antiques  usages  de  cette  Monarchie,  comme  étant  la  seule 
vraiment  constitutionnelle,  la  sauvegarde  la  plus  sûre  de  l'auto- 
rité royale,  de  la  dignité  de  la  couronne  et  de  l'ordre  public  ;  elle 
est  rigoureusement  conforme  à  la  justice  en  ce  que  le  parfait  équi- 
libre quelle  établit  entre  les  ordres,  leur  ôte  tout  moyen  de  pré- 
valoir les  uns  sur  les  autres,  que  la  lenteur  même  qu'elle  entraîne 
dans  les  délibérations,  prévient  les  inconvénients  qui  résulteraient 
des  résolutions  souvent  peu  réfléchies,  auxquelles  exposerait  l'o- 
pinion par  tête,  et  qu'elle  écarte  enfin  les  différents  moyens  de  sé- 
duction ou  de  surprise,  qui  peuvent  facilement  se  glisser  dans  les 
grandes  assemblées  si  souvent  agitées  et  tumultueuses. 

3°  Précautions  pour  une  représentation  suffisante  de 
l'ordre  épiscopal.  —  Nous  regardons  comme  entièrement  con- 
forme aux  principes  religieux  et  constitutionnels  du  Corps  Ecclé- 
siastique que,  dans  les  États  généraux,  le  premier  ordre  du 
clergé  ait  une  représentation  qui  réponde  à  l'autorité  épiscopale 
et  à  léminence  de  son  caractère,  sans  dépouiller  cependant  le 
second  ordre  du  clergé  de  sa  représentation  propre  et  nécessaire 
par  ses  députés.  Xous  regardons  en  conséquence  comme  digne 
de  la  justice  de  Sa  Majesté  de  convoquer  auxdits  États  plusieurs 
évèques  de  chaque  métropole,  si  la  représentation  suffisante  du 
premier  ordre  du  clergé  ne  pouvait  être  assurée  autrement. 

4°  Conservation  des  propriétés  (observations  particu- 
lières sur  un  arrêt  du  conseil  du  5  septembre  1785).  —  Xous 

supplions  Sa  Majesté  de  maintenir  les  propriétés  de  tous  les  or- 


CAHIERS  DU  CHAPITRE.  167 

dres,  de  tous  les  corps,  de  tous  et  chacun  des  particuliers,  dans 
leur  intégrité,  telles  en  semblable  état  qu'elles  ont  été  jusqu'à 
nos  jours;  de  prendre  en  considération  les  entraves  mises  de- 
puis trois  ans  à  celles  des  ecclésiastiques  par  un  arrêt  du  Con- 
seil que  l'Administration  des  domaines  a  obtenu,  et  qui  oblige 
les  ecclésiastiques  à  passer  à  l'enchère,  en  présence  du  subdé- 
legué  de  l'Intendant,  les  premiers  baux  des  nouvelles  construc- 
tions ou  reconstructions1. 

5°  Libre  exercice  des  différents  tribunaux.  —  Il  sera 
fait  «à  Sa  Majesté  de  très  humbles  supplications  de  maintenir 
les  différents  tribunaux  ecclésiastiques  et  civils,  souverains  et 
subalternes,  dans  le  libre  cours  et  exercice  de  leurs  pouvoirs  et 
juridictions,  trop  souvent  interrompus  par  des  commissions, 
évocations  ou  attributions  particulières,  comme  aussi  d'abréger 
les  longueurs  des  procédures  et  d'en  diminuer  les  frais. 

6°  Réformations  relatives  aux  abus  et  à  la  législa- 
tion. —  Sa  Majesté  sera  pareillement  très  humblement  suppliée 
d'accueillir  favorablement  les  plaintes  et  doléances  qui  lui  se- 
ront adressées  par  les  gens  des  trois  ordres  de  son  royaume, 
pour  le   redressement  des  griefs  qui   lui  seront   exposés    et  de 

1.  Modification  du  n°  4  de  la  IIe  section.  >  Nous  supplions  Sa  Majesté  de  main- 
tenir les  propriétés  de  tous  les  ordres,  de  tous  les  corps,  de  tous  et  chacun  des 
particuliers,  dans  leur  intégrité,  telles  et  en  semblable  état  qu'elles  ont  été  jus- 
qu'à nos  jours:  de  révoquer  le  privilège  exorbitant  dont  jouit  l'ordre  de  Malte 
de  prescrire  contre  tous  les  propriétaires,  soit  laïcs,  soit  ecclésiastiques,  sans  qu'on 
puisse  lui  opposer  une  possession,  même  centenaire,  la  réciprocité  paraissant  fon- 
dée sur  les  principes  de  la  justice;  de  prendre  en  considération  les  entraves  mises 
aux  propriétés  des  gens  de  main  morte  par  le  décret  de  nouvel  acquêt,  que  le  do- 
maine répète  contre  eux,  lors  des  reconstructions  qu'ils  sont  nécessités  de  faire  en 
tout  ou  en  partie  et  des  échanges  que  le  bien  public  et  l'avantage  réciproque  des 
parties  échangeantes  exigent  quelquefois,  même  entre  gens  de  main  morte, 
comme  aussi  par  un  arrêt  du  Conseil  que  l'administration  des  Domaines  aobtenu 
depuis  trois  ans  et  qui  oblige  les  Ecclésiastiques  à  passer  à  l'enchère,  en  présence 
du  subdélégué  de  l'Intendant,  les  premiers  baux  des  nouvelles  constructions  ou 
reconstructions.  L'éditduRoi  du  mois  de  septembre  1786,  concernant  les  embellis- 
sements de  Taris,  porte  la  plus  grande  atteinte  aux  droits  de  propriété.  Le  corps 
de  ville  est  dispensé  par  cet  édii  de  payer  aux  seigneurs  dans  la  directe  desquels 
sont  assis  les  édifices  qui  doivent  être  détruits  pour  les  embellissements  de  la 
Ville,  les  droits  de  lods  et  ventes  et  d'indemnité.  Le  chapitre  de  l'Église  de  Paris 
a  particulièrement  à  se  plaindre  des  dispositions  de  cet  édit,  ainsi  que  de  l'arbi- 
traire qui  règne  dans  la  taxation  de  droits  de  voirie,  auxquels  on  donne  tous  les 
jours  une  nouvelle  extension.  » 


168  LE  CHAPITRE  DE  NOTEE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

même  d'accorder  les  changements  dans  les  différentes  parties 
de  la  législation,  que  les  temps  et  les  circonstances  auraient  pu 
rendre  nécessaires  et  dont  la  demande  pourrait  lui  être  formée. 


PAR    RAPPORT    A    L  ADMINISTRATION 

Article  unique.  —  Nous  demandons  que  Sa  Majesté  fasse 
connaître  aux  Représentants  de  la  Nation,  assemblée  en 
États  généraux,  la  véritable  situation  de  ses  finances,  l'état 
fidèle  de  la  dette  publique  et  du  déficit  actuel,  à  l'effet  de  prendre 
les  mesures  nécessaires  pour  assurer  la  dette  publique,  combler 
le  déficit  et  établir  l'équilibre  entre  la  dépense  et  la  recette  par 
tous  les  moyens  que  pourront  fournir  un  bon  système  d'admi- 
nistration dans  les  finances,  de  perception  des  impôts,  de  re- 
tranchement, d'économie  et  de  distribution  dans  les  dépenses, 
et  une  parfaite  exactitude  dans  la  comptabilité.  Au  moyen  de 
l'ordre  stable,  qui  sera  établi  dans  toutes  les  parties  de  l'admi- 
nistration, sans  lequel  tous  les  efforts  de  la  Nation  seraient  vains 
et  inutiles,  nous  nous  porterons  avec  le  plus  grand  zèle  à  tous 
ceux  qui  peuvent  dépendre  de  nous  pour  assurer  par  des  con- 
tributions volontaires,  justes,  raisonnables  et  proportionnelles, 
la  gloire  et  la  prospérité  de  l'Etat,  l'honneur  et  la  splendeur  de 
la  couronne  et  la  satisfaction  personnelle  de  Sa  Majesté,  dont 
le  bonheur  sera  toujours  le  vœu  le  plus  ardent  de  ses  peuples. 

Tels  sont  nos  intentions  et  nos  vœux.  Nous  chargeons  notre 

député  à  l'assemblée  du  Bailliage  de de  les  faire  valoir  lors 

de  la  rédaction  des  Cahiers  de  la  Chambre  ecclésiastique  dudit 
Bailliage,  afin  de  servir  d'instruction  à  ceux  de  ses  membres  qui 
seront  députés  aux  États  généraux.  Nous  laissons  d'ailleurs  à 
notre  dit  député  la  faculté  de  requérir  ce  que,  en  outre  du  con- 
tenu cy-dessus,  il  jugera  suivant  ses  lumières  et  sa  conscience 
être  bon,  utile  et  nécessaire  pour  la  gloire  de  la  Religion,  les 
véritables  intérêts  de  la  Nation,  l'honneur  de  l'Ordre  ecclésias- 
tique, le  service  du  Roi  et  la  prospérité  publique. 

La  seconde  formalité  à  remplir  par   le  Chapitre,  selon  la  te- 


LES  BAILLIAGES  DE  PROVINCE.  169 

ncur  du  Règlement  du  24  janvier,  était,  après  la  rédaction  des 
Cahiers,  la  nomination  des  électeurs  aux  bailliages  de  province. 
Les  assignations,  que  Pavillet  a  toutes  conservées  l,  commen- 
cèrent à  pleuvoir  sur  le  Bureau  du  Chapitre  vers  la  mi-février 
et  ne  cessèrent  d'arriver  jusqu'à  la  fin  du  mois.  On  en  compte 
vingt-sept  rien  que  pour  l'Assemblée  de  Paris  extra  muros. 
Les  délégués  étaient  nommés  au  fur  et  à  mesure  que  les  assi- 
gnations parvenaient   au  Chapitre. 

La  première  élection,  celle  de  M.  de  Champigny  au  bail- 
liage de  Melun,  eut  lieu  le  26  février  1789.  «  Sur  le  rapport 
fait  par  M.  le  Chambrier  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  Chambre, 
tenue  mardi  dernier,  dit  la  Conclusion  de  ce  même  jour,  au 
sujet  du  choix  et  de  la  nomination  à  faire  des  représentants 
aux  assemblées  générales  des  trois  Etats,  dans  l'étendue  des- 
quels le  Chapitre  possède  des  seigneuries  et  fiefs,  et  sur  le 
compte  rendu  des  assignations,  données  au  Chapitre  par  onze 
exploits  des  18,  20  et  21  de  ce  même  mois,  à  l'effet  de  se 
trouver  par  procureur-fondé  et  de  son  ordre  à  l'Assemblée 
générale  des  trois  Etats  du  Bailliage  de  Melun,  qui  doit  être 
tenue  le  5  mars  prochain,  en  exécution  des  Lettres  du  Roi 
données  à  Versailles  le  24  janvier  dernier,  pour  la  convoca- 
tion des  Etats  Généraux  en  ladite  ville  de  Versailles,  du  Rè- 
glement y  annexé  et  des  ordonnances  des  baillis  de  Melun  et 
Moret,  rendues  en  conséquence  desdites  lettres  les  13  et  10 
février  présent  mois  :  lecture  faite  de  plusieurs  articles  dudit 
règlement  concernant  lesdites  Assemblées,  ainsi  que  desdites 
assignations  et  d'un  projet  de  procuration  à  passer  en  consé- 
quence par  le  Chapitre,  lequel  projet  par  procuration  aurait  été 
dressé  d'après  l'avis  de  ladite  Chambre,  Messieurs,  après  en 
avoir  délibéré,  ont  approuvé  ledit  projet  de  procuration  et  en 
procédant  de  vive  voix  et  en  la  manière  accoutumée  au  choix 
de  leur  représentant  au  susdit  bailliage  de  Melun  comme  sei- 
gneurs de  la  ville  de  Rosoy-cn-Brie,  des  paroisses  de  Voinsles, 
Machau,  Vernon  et  Grand-Paroisse,   et  des  fiefs  de   Grand'Fon- 

1  Nous  on  avons  compté  cinquante-sept,  conservées  aux  Archives  Xalionales, 
L.  541, 


170  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARTS  EN  1790. 

taine,  paroisse  de  Touquin,  de  Blandureau,  paroisse  de  Voinsles, 
du  Plessis-Mallet,  paroisse  de  la  Chapelle-Iger,  de  Marangis, 
paroisse  de  Vernon,  de  Villaroche  et  Viercy,  paroisse  de  Réau, 
le  tout  situé  dans  l'étendue  dudit  bailliage  de  Melun,  ont  chargé- 
prié  M.  Jean  Bochart  de  Champigny,  chanoine  et  agent  des 
affaires,  de  les  représenter  ès-dites  qualités  à  la  susdite  Assemblée 
générale  dudit  bailliage  de  Melun,  et,  pour  lui  passer  procura- 
tion à  cet  effet,  conformément  au  susdit  projet,  parole  sera  in- 
cessamment donnée  au  notaire  *.  » 

Successivement,  et  dans  la  même  forme,  le  Chapitre  nomma 
ses  délégués  aux  autres  bailliages  les  26  février  et  4  et  11  mars  : 
M.  de  Bulté  fut  nommé  électeur  au  bailliage  principal  de  Senlis 
pour  le  fief  de  Saint-Germain,  paroisse  de  Bernes;  M.  Joseph 
Croiset,  curé  de  la  paroisse  du  faubourg  de  Bretagne  à  Péronnc, 
au  bailliage  secondaire  de  Montdidier  et  au  bailliage  principal  de 
Péronne,  pour  les  seigneuries  d'Ayencourt  et  d'Outrebois; 
M.  Radix,  au  bailliage  principal  de  Mantes,  pour  les  seigneu- 
ries dAubergenville,  Nézée,  Aulnée,  Epône  et  Mézières;  M.  d<; 
Tilly-Blaru,  au  bailliage  principal  de  Nemours,  pour  la  seigneurie 
de  Larchant;  M.  le  Prieur  de  Saint-Jacques  2,  au  bailliage 
principal  de  Provins,  pour  la  seigneurie  de  Grand'Paroisse; 
M.  de  Corbonage,  au  bailliage  principal  de  Dourdan,  pour  les 
seigneuries  de  Corbereuse;  M.  J.-B.  du  Voisin,  vicaire  général 
de  Laon,  au  bailliage  principal  du  Vermandois,  pour  la  sei- 
gneurie de  Viry-Noureuil ;  M.  Lambert,  chanoine  de  Saint-Jean- 
en-Vallée,  au  bailliage  de  Chartres;  enfin  M.  Brémont,  dans  la 
Conclusion  du  20  avril,  fut  désigné  par  ses  confrères  pour  re- 
présenter le  Chapitre  à  l'Assemblée  électorale  de  Paris  extra 
muros,  pour  les  seigneuries  d'Andrésy,  dAuteuil  en  partie,  de 
Bagneux,  de  Belloy,  de  Bourg-la-Reine,  de  Chevilly,  de  Com- 
pans,  de  Damart,  d'Epiais  en  partie,  de  Jouy-le-Moutiers,  de 
L'Hay,  de  Mitry  en  partie,  de  Mons-sur-Orge  et  Ablons,  de 
Mory,  d'Orly  et  Rungis,  de  Grignon  en  partie,  de  Sucy-en-Brie, 

1.  Cfr.  Conclusion  capitulaire  du  26  février. 

2.  Dans  sa   séance  du  4  mars,  le  Chapitre  avait  désigne  comme  électeur   au 
bailliage  de  Provins,  M.  Brémont,  qui  ne  put  sans  doute  remplir  son  mandat. 


LES  BAILLIAGES  DE  PROVINCE.  .  171 

de  Vitry  en  partie,  de  "YVissous,  de  Fontenay-aux-Roses,  de 
Gentilly  en  partie,  d'Herblay,  et  pour  les  fiefs  du  Puits  d'Aulny, 
de  la  Folie-Regnault,  du  Mandé,  des  Métairies,  paroisse  de 
Mesnil-en-France,  de  la  Tillière  à  Souilly,  Bégault,  paroisse 
de  Villiers-le-Bel,  de  la  Mo-tte  à  Lisy,  de  la  Barre  et  de  Che- 
vrignv,  paroisse  de  Senlisse,  de  la  Yillctte-Saint-Laurent  K 

La  manière,  dont  le  Chapitre  fut  assigné  pour  comparaître 
par  délégués  à  l'Assemblée  de  Paris  intra  muros  suscita  quel- 
ques réclamations  de  sa  part.  Le  Prévôt  de  Paris  n'avait  adressé 
aux  chanoines  que  deux  assignations  pour  les  six  fiefs  situés 
dans  la  ville.  M.  de  Champigny,  agent  des  affaires,  écrivit  à 
M.  de  Flandre  de  Brunville  pour  protester  contre  l'illégalité  de 
ce  procédé,  et,  dès  le  10  avril,  ce  dernier  répondit  :  «  C'est  effec- 
tivement par  erreur  qu'on  a  suivi  la  même  forme  pour  les  ecclé- 
siastiques possédant  fiefs  dans  Paris  que  pour  les  nobles  non 
ecclésiastiques  y  possédant  également  des  fiefs.  Cette  erreur 
sera  rectifiée  demain  et  j'aurai  soin  de  faire  des  assignations 
particulières  pour  chaque  fief,  que  possèdent  Messieurs  du 
Chapitre  de  Paris,  suivant  la  note  que  vous  avez  pris  la  peine 
de  m'envoyer  2.  »  En  conséquence,  le  Chàtelet  annula  les  deux 
assignations  qu'il  avait  expédiées  les  17  et  18  avril  et  en  fit  re- 
mettre dix  nouvelles  pour  les  liefs  de  Lorval  à  Chaillot,  des 
Mazures  à  la  Villette,  de  Montmoyen,  de  Saint-Germain,  de  la 
Barre  du  Chapitre,  de  l'Ile-Saint-Louis,  du  Cens-Commun,  des 
Arcis,  de  la  Voierie  de  Fontenay  et  de  Tiron  :!. 

Les  Cahiers  manuscrits  dûment  authentiqués,  ainsi  qu'une 
procuration  notariée,  furent  remis  à  chacun  des  délégués  :  ils 
étaient  chargés  de  «  les  faire  valoir  lors  de  la  rédaction  des  Ca- 
hiers de  la  Chambre    ecclésiastique   de  leur   Bailliage,   afin  de 

1.  Le  20  avril,  le  Chapitre  n'avait  pas  encore  été  assigne  pour  les  seigneuries  el 
fiefs  de  Fontenay-aux-Roses,  de  Gentilly,  d'Herblay,  de  la  Motte,  de  la  Barre  el 
de  Chevrigny,  et  de  la  Villette-Saint-Laurent.  Concl.  ca/At. 

-,'.  Arc  h.  Nat.,  L.  540. 

3.  Dans  la  séance  capitulaire  du  1  mars,  M.  le  Chancelier  demanda  aux  cha- 
noines d'autoriser  le  secrétaire  du  Chapitre  ••  à  lui  délivrer  un  certificat  portant 
qu'en  sa  dite  qualité  de  Chancelier,  il  est  seigneur  haut-justicier  en  partie  de  la 
paroisse  de  Conflans-Sainte-Honorine  ••.  à  l'effet  de  se  faire  assigner  comme  tel  à 
l'Assemblée  du  Bailliage. 


172  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

servir  d'instructions  à  ceux  de  ses  membres  qui  seront  députés 
aux  Etats  généraux  ».  Pour  les  objets  qui  n'étaient  pas  con- 
tenus dans  ces  Cahiers,  on  s'en  rapportait  à  leur  conscience 
et  à  leurs  lumières. 

Le  mois  de  mars  vit  partir  les  délégués  aux  bailliages  de  pro- 
vince; au  moment  de  leur  départ,  le  Chapitre  décida  qu'ils  tou- 
cheraient, bien  qu'absents,  les  distributions  des  offices  de  jour. 
Nous  ne  les  suivrons  pas  dans  les  Assemblées  électorales,  où 
leur  rôle  fut  assez  effacé  '  ;  ils  adressèrent  au  Chapitre  des  rap- 
ports sur  la  manière  dont  ils  remplissaient  le  mandat  qui  leur 
avait  été  confié  2  et  ils  revinrent  à  Paris,  en  général  peu  édifiés 


1.  Cependant  les  Cahiers  du  Chapitre  de  Paris  furent  bien  accueillis  dans  la  plu- 
part des  bailliages,  comme  on  en  peut  juger  par  cette  lettre  de  M.  Lambert,  fondé 
de  pouvoirs  du  Chapitre  au  bailliage  de  Chartres  :  «  Monsieur,  comme  je  vous  l'ai 
marqué,  le  Clergé  s'est  assemblé  le  jeudy  29  (mars):  on  a  lu,  relu,  vérifflé  le  cahier 
des  commissaires.  Cette  séance,  à  laquelle  je  n'ai  pu  me  trouver,  a  dure  depuis 
neuf  heures  jusques  à  quatre  heures.  Le  lendemain,  par  continuation,  la  Chambre 
a  redemandé  une  nouvelle  lecture;  elle  a  satisfait  l'Assemblée  et  moi-même  en  par- 
ticulier en  voyant  que  vos  conclusions  étaient  inscrites  au  Cahier  du  clergé  en  plus 
que  majeure  partie...  J'ai  seu  de  notre  secrétaire,  en  me  remettant  vos  conclusions, 
qu'elles  avaient  beaucoup  servi  aux  commissaires,  nommés  pour  la  rédaction  de 
notre  Cahier,  ce  qui  a  confirmé  la  lecture  que  j'avais  entendue.  Signé  :  Lambert.  » 
Arch.   .Xat.,  L.  541,  n°  :!. 

2.  Lettre  de  M.  de  Bulté,  délégué  au  bailliage  de  Senlis,  à  M.  Camiaille,  cham- 
brier  de  l'Église  de  Paris. 

"  Monsieur  et  cher  confrère,  j'ai  l'honneur  de  vous  faire  passer  ci-joint  le  jour- 
nal de-  l'Assemblée  du  Bailliage  de  Senlis.  où  j'ai  été'  député  par  le  Chapitre  de 
l'Église  de  Paris,  afin  que  vous  daigniez  l'en  instruire  si  vous  le  jugez  à  propos. 

«  L'Assemblée,  qui  devait  s'ouvrir  le  lia  dix  heures  du  matin,  n'a  été  ouverte 
qu'à  cinq  heures.  Ce  retard  a  été  causé  par  un  arrêt  du  Conseil,  qui.  en  cassant 
l'ordonnance  du  Lieutenant  Général  du  Bailliage  de  Senlis.  a  ordonné  la  réduction 
au  quart  suivant  le  règlement  pour  les  gens  du  Tiers-État,  ee  dont  l'ordonnance 
les  avait  dispensés.  Ouverture  à  cinq  heures  du  soir,  ce  quia  fait  durer  la  séance  jus- 
qu'à minuit.  A  cette  séance,  on  a  prête  serment  de  procéder  fidèlement  à  la  rédac- 
tion des  Cahiers  et  à  l'élection  des  Députés. 

«  Le  P2,  Assemblée  des  trois  Ordres  séparément  à  8  heures  du  matin.  Le  soir,  à 
4  heures,  de  même.  Depuis  ce  jour  jusqu'au  14  au  matin,  le  temps  s'est  passé  en 
pourparlers  relatifs  à  la  réunion  des  Trois-Ordres  pour  la  rédaction  d  $s  Cahiers  et 
pour  l'élection  des  E>éputçs.  Cette  réunion  avait  d'abord  été  consentie  par  la  No- 
blesse et  le  Clergé,  sur  l'invitation  du  Tiers-État.  Mais  ce  dernier  ordre,  ayant  mis 
pour  condition  à  cette  invitation  que  le  Clergé  et  la  Noblesse  se  réduiraient  à  un 
nombre  tel  que  ces  deux  Ordres  ensemble  n'auraient  pas  plus  de  suffrages  que  le 
Tiers-État  seul,  quoique  la  Noblesse  y  ait  accédé,  le  Clergé  a  refusé  une  condition 
aussi  contraire  à  la  lettre  du  Règlement  et  aux  intérêts  de  son  Ordre. 

-  En  conséquence,  le  14,  nomination  des  commissaires  pour  la  rédaction  dos. 


LE  REGLEMENT  DU  M  JANVIER.  i7:{ 

des  réunions  auxquelles  ils  assistèrent,  et  effrayés  des  préten- 
tions du  clergé  inférieur  et  surtout  des  curés  '.  La  tempête  n'al- 
lait pas  tarder  à  souiller! 

L'article  X  du  Règlement  du  24  janvier,  qui  déterminait  la 
représentation  directe  des  Chapitres  aux  Assemblées  électorales, 
était  des  plus  attentatoires  à  leurs  droits  et  à  leur  dignité.  «  En 
conséquence,  disait  l'article,  il  sera  tenu,  dans  chaque  Chapitre 
séculier  d'hommes,  une  Assemblée  qui  se  séparera  en  deux  par- 
ties, l'une  desquelles,  composée  des  chanoines,  nommera  un 
député  à  raison  de  dix  chanoines  présents  et  au-dessous  ;  deux 
au-dessus  de  dix  jusqu'cà  vingt,  et  ainsi  de  suite;  et  l'autre  partie, 
composée  de  tous  les  ecclésiastiques  engagés  dans  les  Ordres, 
attachés  par  quelques  fonctions  au  service  du  Chapitre,  nommera 
un  député  à  raison  de  vingt  desdits  ecclésiastiques  présents,  et 
au-dessous;  deux  au-dessus  de  vingt  jusqu'à  quarante,  et  ainsi 
de  suite.  » 


('ailiers  de  la  part  du  Clergé;  le  20,  lecture  a  été  faite  de  la  rédaction  des  cahiers 
du  Clergé  en  un  soûl.  Ce  cahier  est  bien  fait. 

«  Le  21,  après  l'élection  des  scrutateurs,  on  a  procédé  à  l'élection  du  député  de 
l'Ordre  du  Clergé  aux  États  généraux.  Le  curé  de  Sergy  a  été  élu  et  a  obtenu 
cent  cinquante-neuf  suffrages,  sur  le  nombre  de  trois  cents  voix,  en  y  comprenant 
celles  que  donnaient  les  procurations.  Les  curés  faisaient  le  plus  grand  nombre  de 
l'assemblée  et  ils  avaient,  presque  tous,  trois  suffrages  à  donner. 

«  En  général  on  crie  beaucoup  contre  les  capitaineries  et  les  Cahiers  des  trois 
Ordres  sont  fort  étendus  en  doléances  sur  cette  matière. 

«  Le  23,  l'Ordre  du  Clergé  s'assemble  pour  la  lecture  du  procès-verbal  de  son 
assemblée. 

«  Le  24,  assemblée  générale  des  trois  Ordres  pour  la  prestation  du  serment  des 
quatre  députés; 

«  Le  25,  je  nie  rendrai  à  Taris. 

■  Je  pourrais  me  permettre  bien  des  réflexions  sur  la  manière  dont  le  tout  s'est 
passé  à  nos  différentes  séances.  11  me  suffit  de1  dire  que  la  confusion,  causée  par 
l'insubordination,  a  régné  dans  nos  assemblées,  malgré  la  présence  du  Prélat  qui 
nous  présidait.  » 

Signé  :  Bulté  de  Chéry.  Arch.  Nat.,  L.  541,  n  -2. 

1.  Un  mémoire  sur  l'Assemblée  du  Bailliage  de  Melun  est  rempli  de  détails  sur 
les. prétentions  des  curés  :  «  A  les  entendre,  dit-il  à  propos  de  la  capitainerie  de 
Fontainebleau,  il  n'y  avait  qu'à  faire  partir  sur  le  champ  îles  députés  pour  Ver- 
sailles ;ton  a  tâché  de  les  calmer  et  de  les  engager  a  attendre  jusqu'à  lundi,  afin  de 
se  concerter  avec  la  Noblesse  et  le  Tiers-État  :  ils  ont  bien  voulu  consentir,  mais 
en  assurant  bien  qu'ils  ne  manqueraient  pas  de  venir  lundi.  «  Arch.  Nat.,  L.  541, 
n'  1. 


174  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Deux  bénéficiers  valaient  donc  un  chanoine!  Le  Chapitre  de 
Paris,  dans  la  confusion  des  esprits  qui  précéda  l'ouverture  des 
Assemblées  électorales,  avait  conçu  d'autres  prétentions,  comme 
on  peut  en  juger  par  la  lettre  suivante  que  M.  Bochard  de  Cham- 
pigny,   agent  des  affaires,  avait  adressée  aux  Ministres  de   Sa 
Majesté,  antérieurement  à  la  promulgation  du  Règlement  :    «  Le 
Chapitre,  instruit    qu'il  est    question   d'admettre    dans    les  As- 
semblées, qui  doivent    se  tenir  pour  nommer  des  Députés  aux 
États  généraux,  tout  ecclésiastique,  né  dans  le  diocèse,  engagé 
dans  les  Ordres,  et  tous  ceux  qui  y  possèdent  quelque  titre  de 
bénéfice,  croit  devoir,  vu  le  changement  qu'on  admet  dans  ces 
sortes  d'Assemblées,  demander  à  changer  son  ancien  usage,  qui 
était  de  ne  nommer  que  quatre,  cinq  ou  six  Députés  pour  le  re- 
présenter à  ces  sortes  d'Assemblées  du  Clergé,  et  que  chacun 
de  ses  membres  en  particulier,  ainsi  que  tous  les  titulaires  de 
bénéfices  sous  sa  direction,  puissent  assister  aux  dites  Assem- 
blées  et  y  donner  chacun  leur    voix    pour    la    nomination    des 
Députés  aux  États  généraux  l.  »  Le  Chapitre,  dans  ses  préten- 
tions  exagérées,    réclamait  le  droit  de  suffrage  non  seulement 
pour  tous  ses  membres,  mais  encore  pour  tous  les  bénéficiers  de 
son  église;  c'est  donc  à  tort  qu'on  l'accusera  bientôt  de  voir 
d'un  œil  jaloux  le  bas-chœur  siéger,  en  la  personne  de  nombreux 
députés,  à  la  Chambre  électorale. 

Le  Chapitre  sembla  d'abord  dévorer  l'humiliation  en  silence. 
Depuis  plus  de  deux  mois,  le  Règlement  royal  était  promulgué; 
et  bien  qu'il  ait  réduit  à  néant,  nous  l'avons  dit,  toutes  les  espé- 
rances du  Chapitre,  pas  un  acte,  pas  un  seul  mot  de  protestation 
de  sa  part.  Avant  le  19  avril,  on  ne  put  trouver  la  moindre  allu- 
sion contraire  au  Règlement  et  aux  griefs  que  l'on  pouvait  avoir 

1.  Plus  tard,  clans  sa  Protestation  du  20  avril,  il  essaiera  d'établir  ses  droits  à 
une  plus  nombreuse  représentation  sur  l'étendue  de  ses  propriétés  :  <•  Sous  le  rap- 
port de  la  propriété,  y  lisons-nous,  on  ne  peut  contester  au  Chapitre  de  l'Église 
de  Paris  une  place  marquante  dans  l'ordre  des  propriétaires,  et  dès  lors  que  l'éten- 
due et  les  facultés  de  chaque  bailliage  ont  été  un  des  éléments  qui  ont  déterminé 
dans  le  Règlement  le  nombre  des  représentants  aux  États  généraux,  le  Chapitre 
doit  se  flatter  que  le  nombre  et  la  qualité  de  ses  propriétés  seront  pareillement 
un  motif  de  lui  accorder  dans  les  Assemblées  de  bailliages  une  représentation  plus 
nombreuse  que  celle  déterminée  par  le  Règlement.  » 


LE  RÈGLEMENT  DU  M  JANVIER  175 

contre   lui,   soit  dans  les  Conclusions  capitulaires,  soit  dans  les 
actes  authentiques.    Il    est   difficile  d'attribuer   cette  sérénité    à 
d'autres  motifs  qu'à  l'amour  de  la  paix  et  de  la  bonne  entente, 
que  le  Chapitre  de  Paris,  en  dépit  des  dictons  et  des  dénigrements 
populaires,   voulait  conserver  dans  les  graves  circonstances  de 
l'heure  présente.  Xous  l'avons  vu   se  montrer  si  paternel  à  l'é- 
gard de  son  clergé,  qu'il  lui  semblait  ne  devoir  rien  craindre  de 
la  prépondérance  que  le  Règlement  lui  accordait;  encore  moins 
soupçonnait-il  qu'il  pourrait  avoir  à  souffrir  de  ses  entreprises. 
11  se  montrait  moins  rassuré  au  sujet  du  corps  des  curés.  Cer- 
tains chanoines,  délégués  aux  Assemblées  des  Bailliages,  avaient 
constaté  à  quelle  intempérance  de  langage  et  à  quels  excès  d'am- 
bition  s'étaient  portés  plusieurs   curés.    M.  de  Bulté  avait   été 
scandalisé  de  leur  manière  d'agir  à  l'Assemblée  de  Senlis.  «  Je 
pourrais  me  permettre  bien  des  réflexions,  écrivait-il  le  21  mars 
à  M.  Camiaille,  sur  la  manière  dont  tout  s'est  passé  à  nos  diffé- 
rentes séances.   Il  me  suffit  de  dire  que  la  confusion  causée  par 
l'insubordination  a  régné  dans  nos  Assemblées,  malgré  la  présence 
du  Prélat  qui  présidait.  »  A  son  retour  à  Paris,  M.  de  Bulté  dut 
expliquer   ses   réticences   au    grand    scandale  de  ses  confrères. 
M.  de  Champigny,  à  son  tour,  rapporte  qu'au  Bailliage  de  Melun 
«  les  curés  ont  élevé  la  prétention  de  ne  pas  reconnaître  les  abbés 
commendataires  pour  avoir  le  pas  sur  eux  et  cela  de  la  manière 
la  moins  décente  et  avec  un  bruit  affreux  ».  C'est  dans  ce  même 
bailliage,  raconte-t-il,  qu'un  curé  «  à  voix  de  tonnerre  »  préten- 
dait à  la  présidence   en  vertu  de  la  puissance  de  son  organe... 
Combien  bruyante  et  tumultueuse  devait  donc  être  l'assemblée  '  ! 
De  tels  faits,  racontés  par  ceux  qui  en  avaient  été  les  témoins, 
n'étaient  pas  de  nature  à  diminuer  chez  les  chanoines,  à  l'égard 
de  MM.  les  curés,  la  méfiance  que  ne  justifiait  que  trop  un  ordre 
ecclésiastique  très  estimable  et   profondément  dévoué,  mais  qui 


UArch.Nat.,  L.  541,  n°2.  «Il  s'est  élevé  une  voix  de  tonnerre,  qui,  des  vendredi, 
avait  fait  beaucoup  de  bruit  en  disant  qu'il  parlait  le  premier  parce  qu'il  avait 
Ja  voix  li  plus  forte;  il  a  encore  voulu  donner  un  échantillon  de  sa  voix  et  de  sa 
mauvaise  tête  :  il  a  prononcé  un  Mémoire  de  diffamation  contre  les  Évêques,  les 

Abbés,  les  Prieurs  et  les  Chanoines.  >. 


176  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

ne  pratiqua  pas  alors  la  modération  si  nécessaire  à  ceux  qui  pré- 
tendent au  titre  de  réformateurs.  Le  silence  du  Chapitre  de  Paris 
était  une  preuve  de  sa  discrétion  et  de  son  amour  de  la  paix; 
mais  de  réservé,  ce  silence  n'allait-il  pas  devenir  complaisant, 
presque  complice?  Quelques  lettres  de  protestation,  qui  lui  par- 
vinrent des  différents  chapitres  du  Royaume,  le  lui  firent  com- 
prendre. Piqué  d'honneur,  il  va  prendre  la  tête  du  mouvement, 
mais  jusqu'au  bout  il  gardera  une  dignité  et  une  modération, 
que  ne  troubleront  ni  les  excès  populaires  ni  les  mesures  extrêmes 
de  l'Assemblée  nationale. 

Une  lettre  du  Chapitre  de  Tours,  protestant  contre  les  clauses 
du  Règlement  du  24  janvier,  produisit  une  émotion  toute  parti- 
culière :  lue  à  la  séance  ordinaire  du  vendredi  17  avril,  elle 
décida  les  chanoines  à  agir.  «  Un  curé  de  paroisse,  y  était-il 
dit,  un  curé  de  paroisse  de  la  campagne  d'une  lieue  d'arrondis- 
sement, assisté  de  deux  chapelains,  de  deux  ecclésiastiques  dans 
les  ordres,  portera  à  l'Assemblée  du  Bailliage  le  même  nombre  de 
voix  qu'une  communauté  entière.  Et,  par  l'effet  du  même  Règle- 
ment, un  jeune  sous-diacre  sans  revenus,  sans  intérêts  et  sans 
emploi,  aura  la  même  influence  dans  l'élection  des  députés  que 
le  chef  d'un  vaste  diocèse  l.  » 

En  conséquence,  une  Chambre  sera  tenue  le  lendemain  samedi 
à  huit  heures  et  demie  du  matin,  à  laquelle  furent  priés  de  se 
rendre  M.  le  Chantre,  M.  l'Archidiacre  de  Paris  et  MM.  Bré- 
mont,  Radix,  de  Vienne  et  Roux  de  Bonneval.  Une  fermentation 
des  plus  rapides  s'opéra  dans  les  esprits,  particulièrement  sous 
l'influence  de  ce  dernier.  Son  caractère  ardent,  son  zèle  infatiga- 
ble ,  son  humeur  batailleuse  vont  faire  de  lui  le  champion  du 
Chapitre.  Délégué  à  l'Assemblée  du  Clergé  de  Paris,  député  aux 
États  généraux,  par  dégoût  démissionnaire  de  son  siège,  retiré 
au  Cloître  Xotre-Dame,  nous  l'entendrons  sans  cesse  prendre  la 
parole  et  jusqu'au  bout  protester.  Au  nom  des  droits  de  la  Reli- 
gion et  de  ses  commettants  le  brave  chanoine  luttera,  même  au 

1.  Arch.  -Xal.,  L.  543. 


LE  REGLEMENT  DU  24  JANVIER.  177 

péril  de  sa  vie,  contre  la  Révolution  et  ses  principes  :  sa  dé- 
claration de  guerre  est  datée  du  18  avril  1789! 

Dans  la  nuit  du  vendredi  au  samedi,  M.  de  Bonne  val  rédige 
les  articles  additionnels,  qu'il  veut  faire  insérer  dans  les  Cahiers, 
et  dresse  une  Protestation  des  plus  longues  et  des  plus  motivées 
contre  le  Règlement  du  24  janvier.  A  la  Chambre  du  samedi, 
19  avril,  la  lecture  de  ces  différentes  pièces  réunit  tous  les  suf- 
frages, si  bien  que  le  soir  même,  à  l'issue  des  vêpres,  M.  le 
Chantre  put  rendre  compte  à  ses  confrères  de  la  réunion  du  matin 
et  assurer  qu'on  était  en  mesure  de  convoquer  ,  pour  le  lundi 
suivant,  un  chapitre  général  à  l'effet  d'exécuter  le  règlement 
royal  en  ce  qui  concernait  le  Chapitre  de  Notre-Dame.  Sans  re- 
tard, M.  le  Doyen  décida  :  «  1°  que  tous  et  chacun  de  Messieurs 
seraient  convoqués  per  domos  pour  lundi  matin  après  l'office 
que,  pour  cette  raison,  l'on  avancera  d'une  heure;  2°  que  tous 
les  ecclésiastiques,  engagés  dans  les  Ordres  sacrés  et  attachés 
par  leurs  fonctions  au  service  du  Chapitre,  seront,  conformément 
«à  l'article  X  du  Règlement,  appelés  également,  à  l'issue  de  l'of- 
iice,  audit  Chapitre.  » 

Au  jour  indiqué,  les  chanoines  et  les  bénéficiers  se  réunissaient 
dans  la  salle  capitulaire.  Après  lecture  du  Règlement  royal,  M.  le 
Doyen,  s'adressant  aux  ecclésiastiques  du  bas  chœur,  leur  fit  con- 
naître que,  pendant  la  délibération  du  Chapitre  et  la  nomination 
de  ses  délégués,  ils  pourraient  se  retirer  en  l'église  Saint-Denis 
du  Pas  pour  procéder  librement  aux  mêmes  opérations.  Le  Cha- 
pitre ne  pouvait  mettre  plus  de  solennité  et  de  délicatesse  à  appli- 
quer le  Règlement  dans  son  article  le  plus  attentatoire  à  sa 
dignité  et  à  ses  prérogatives. 

Quand  les  bénéficiers  se  furent  retirés,  le  Chapitre  donna  libre 
coursa  ses  récriminations.  Le  Règlement  royal  fut  vivement  at- 
taqué :  ne  troublait-il  pas  tout  l'ordre  hiérarchique,  pour  le  main- 
tien duquel  l'Eglise  se  montre  toujours,  ajuste  droit,  si  intransi- 
geante ?  Et  qui,  plus  que  des  chanoines,  devait  se  montrer 
sensible  sur  la  délicate  question  des  préséances  ?  L'article  X  leur 
enlevait  un  degré  d'honneur  et  une  prépondérance  dans  les  votes, 
au  point  que  le  Chapitre  de  Notre-Dame  allait  se  trouver  dans 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE    PARIS.  12 


178  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

l'Assemblée  du  clergé  sur  un  pied  bien  inférieur  à  celui  de  tout 
le  bas-chœur  de  son  église!  Puis  on  revint  aux  faits  regrettables 
qui  s'étaient  passés  clans  certains  bailliages  et  auxquels  nous 
avons  fait  allusion;  les  bruits  qui  circulaient  touchant  la  préten- 
tion des  curés  au  droit  de  présider  les  réunions  en  l'absence  de 
l'archevêque  et  au  détriment  du  Chapitre,  soulevèrent  des  protes- 
tations unanimes;  M.  de  Bonneval  fut  prié  de  relire  en  séance  le 
Mémoire,  dont  il  avait  déjà  donné  connaissance  à  la  Chambre;  puis, 
sous  son  inspiration,  on  précisa  et  corrigea  quelques  paragraphes 
des  Cahiers  ;  enfin  on  vota  l'impression  de  la  Protestation,  qui 
venait  d'être  lue,  et  M.  le  Chambrier  fut  chargé  d'en  envoyer  un 
exemplaire  aux  Ministres,  aux  Prélats  du  Royaume,  aux  églises 
cathédrales  et  collégiales,  à  la  Sorbonne,  au  collège  de  Navarre, 
aux  séminaires  et  aux  personnes  les  plus  considérables  de  la 
France  *. 

Nous  ne  croyons  pas  devoir  reproduire  ici  in  extenso  cette 
Protestation;  on  la  trouvera  imprimée  dans  les  Mémoires d'Auri- 
beau  et  dans  l'ouvrage  de  M.  Chassin  :  Les  Électeurs  et  les 
Cahiers  de  Paris  en  1189.  Nous  en  donnons  ici  une  analyse  dé- 
taillée et  les  extraits  les  plus  intéressants  2. 

Cette  Protestation  débute  ainsi  :  «  Inviolablement  attaché  aux 
règles  hiériarchiques  qui  ont  fait  jusqu'à  présent  la  gloire  du 
Clergé  de  France  et  sans  lesquelles  le  gouvernement  de  l'Eglise 
ne  saurait  recevoir  aucune  direction  utile,  le  Chapitre  estime  le 
Règlement  contraire  aux  principes,  aux  bonnes  mœurs,  aux  lois 

1.  Cet  envoi  était  accompagné  de  la  lettre  suivante  :  «  M...  Nous  avons  l'honneur 
de  vous  adresser  des  protestations  que  nous  avons  cru  devoir  faire  contre  le  Rè- 
glement du  24  janvier  dernier  pour  la  convocation  des  États  généraux.  Sans  doute 
que  vous  avez  reconnu  et  éprouvé  ainsi  que  nous  les  inconvénients  de  ce  Règle- 
ment. Nous  espérons  que  vous  approuverez  nos  protestations  et  nous  serons  flattés 
si  vous  leur  accordez  votre  suffrage.  Signé  :  Les  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre  de 
Paris.  »  L'envoi  de  la  Protestation  fut  fait  de  la  main  même  de  31.  de  Montagu 
qui  l'adressa  à  M.  le  (iardf  des  Sceaux.  M.  le  comte  de  Montmorin,  31.  de  Ville- 
deuil.  M.  le  comte  de  la  Luzerne,  M.  le  comte  de  Pujségur,  M.  Necker,  M.  le  duc  de 
Nivernais.  La  rédaction  était  plus  courte  :  •<  Monseigneur,  j'ai  l'honneur  devons 
adresser  un  exemplaire  des  protostations  que  le  Chapitre  s'est  cru  obligé  de  faire 
contre  le  Règlement.  » 

2.  On  trouve  aux  Archives  Nationales  quelques  exemplaires  imprimés  par  ordre 
du  Chapitre, 


PROTESTATION  DU  CHAPITRE.  179 

et  à  la  justice  distributive.  »  Elle  est  divisée  en  sept  articles,  qui 
portent  sur  trois  points  principaux  :  le  nombre  disproportionné 
des  délégués;  —  la  supériorité  exagérée  donnée  au  corps  des 
curés;  —  le  mauvais  esprit,  qui  doit  nécessairement  dominer  dans 
des  assemblées  si  disparates. 

1°  Le  premier  grief  du  Chapitre  a  pour  objet  le  mode  de  repré- 
sentation. 11  estime  d'abord  que  la  proportion  d'un  délégué  sur 
vingt  bénéfîciers  est  exagérée  quand  les  chanoines  n'ont  droit  qu'à 
un  représentant  sur  dix  :  «  Voilà,  dit-il,  que  les  subordonnés  sont 
appelés  au  droit  de  suffrage  dans  une  proportion  infiniment  su- 
périeure à  celle  de  la  partie  qui  gouvernera  et  des  différentes  classes 
intermédiaires.  »  Pourquoi,  ensuite,  les  chanoines  et  bénéfîciers 
absents  ne  pourront-ils  pas  se  faire  représenter  par  procureur 
-quand  l'universalité  des  curés  et  bénéfîciers,  non  attachés  à  quel- 
que fonction,  ont  cette  prérogative?  A  cette  question  on  avait 
répondu  que  les  prébendes  canoniales  font  un  tout  et  que 
chaque  prébende  n'a  pas  «  son  individualité  »,  qui  se  perd  dans 
celle  du  corps  pris  dans  son  ensemble.  «  Le  titulaire,  répond  le 
protestataire,  qui  est  revêtu  de  la  prébende  canoniale,  ne  peut  sans 
injustice  être  dépouillé  du  mérite  de  son  individualité  ;  la  pré- 
bende est  à  lui  et  non  au  Chapitre.  »  Le  Règlement  ne  donnait 
nulle  attention  aux  dignités  et  personnats  ;  ces  titres,  entièrement 
distincts  des  prébendes  canoniales,  n'étaient  pas  appelés  aux  as- 
semblées d'électeurs  :  les  simples  chapelains  sont  plus  consi- 
dérés que  les  doyens,  archidiacres  et  chanceliers!  Le  titre  de 
grand  propriétaire,  qui  appartenait  au  Chapitre  de  Taris,  res- 
tait complètement  négligé  :  «  Sous  le  rapport  de  la  propriété, 
on  ne  peut  contester  au  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris  une  place 
marquante  dans  l'ordre  des  propriétaires;  et,  dès  lors  que  l'étendue 
et  les  facultés  de  chaque  bailliage  ont  été  un  des  éléments  qui  ont 
déterminé,  dans  le  Règlement,  le  nombre  des  représentants  aux 
Etats  généraux,  le  Chapitre  devait  se  flatter  que  le  nombre  et  la 
quantité  de  ses  propriétés  seraient  pareillement  un  motif  de  lui 
accorder,  dans  les  assemblées  de  bailliages,  une  représentation 
plus  nombreuse  que   celle  déterminée  par  le  Règlement.  » 

2°  Le  Chapitre  aborde  ensuite  une  question  si  délicate,  qu'il 


180  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

croit  devoir  user  auparavant  de  précautions  oratoires.  Il  se  dé- 
fend de  toute  animosité  envers  le  corps  des  curés,  auquel  «  il  paye 
le  juste  tribut  de  considération  qui  lui  est  dû  et  particulièrement 
au  corps  distingué  de  MM.  les  curés  de  Paris  à  qui  il  est  étroi- 
tement attaché  par  le  double  lien  d'une  précieuse  habitude  et  de 
tous  les  sentiments   qu'inspirent  les  vertus    »  ;   mais  il  leur  fait 
sentir,  un  peu  brusquement  peut-être,  bien  qu'il  ait   recours  au 
langage  de  Bossuet,  l'exiguïté  de  leur  territoire  et  la  modicité  de 
leur  situation  pécuniaire  «  dont  le  Chapitre  de  Paris  désire  l'amé- 
lioration ».  Les  curés  se  sont  rendus  aux  assemblées  de  bailliages 
dans  une  telle  supériorité  dénombre  vis-à-vis  des  autres  classes 
de  bénéiîciers,  qu'ils  ont  nécessairement  prévalu  par  la  quantité 
des  suffrages.  Ici  le  langage  des  protestataires   devient   amer  : 
«  Quelle  a  été  la  suite  dune  pareille  composition    des  Chambres 
ecclésiastiques?  Le  désordre,   le   tumulte,  l'insurrection,  les  de- 
mandes les  plus  déraisonnables,  la  subversion  de  toute  discipline 
et  l'engagement  contracté  entre  MM.  les  curés  de  ne  choisir  que 
parmi  eux  les  députés  de  l'ordre  du  clergé  aux  Etats  généraux.  » 

3°  Enfin  le  Chapitre  se  plaint  «  des  menées  sourdes  et  souter- 
raines, qui  ont  été  employées  pour  fomenter,  dans  les  Cham- 
bres ecclésiastiques,  l'esprit  de  révolte  et  d'animosité  contre  les 
pouvoirs  légitimes  de  l'Eglise  »  ;  il  condamne  «  ces  écrits  incen- 
diaires, séditieux,  ces  correspondances  secrètes  pour  semer  les 
méfiances  et  la  haine  ». 

La  conclusion  nous  fait  connaître,  à  l'honneur  du  Chapitre, 
ses  sentiments  vrais  sur  la  convocation  des  États  généraux,  et 
les  offres  généreuses  qu'il  fait  à  la  Nation  pour  subvenir  aux 
besoins  de  l'heure  présente  :  «  Le  Chapitre  de  Paris  sent 
vivement  la  nécessité  des  États  généraux,  l'utilité  dont  ils  peu- 
vent être  lorsqu'ils  seront  régulièrement  constitués.  Il  se  réunit 
à  tous  les  bons  citoyens  pour  le  désirer  ;  il  est  prêt  à  faire  tous 
les  efforts  et  tous  les  sacrifices  pécuniaires  que  peut  requérir  la 
nécessité  des  affaires  publiques,  en  contribuant  volontairement 
aux  charges  de  l'État  dans  la  juste  proportion  de  ses  biens  et  de 
ses  facultés.  Mais  il  proteste  d'avance  contre  toutes  les  inductions 
qu'on  pourrait  en  tirer  contre  lui,  persuadé  qu'un  acte  solennel 


PROTESTATION  DU  CHAPITRE.  181 

de  son  obéissance  ne  rendra  que  plus  imposantes  les  réclamations 
de  la  justice,  contre  laquelle  rien  ne  peut  prescrire  et  dont  les 
droits  inaltérables  reposent  en  sûreté  sous  la  garde  du  Trône.  » 

Après  que  Me  Péron  et  son  confrère,  notaires  au  Chàtelet,  eu- 
rent  reçu  acte  de  la  protestation,  le  Chapitre  procéda  à  la  nomi- 
nation de  ses  délégués,  qui  auraient  à  le  représenter  à  l'Assem- 
blée des  électeurs  de  Paris  intra  muros.  Étant  composé  de 
cinquante  et  un  chanoines,  il  avait  donc  à  désigner,  selon  l'article  X 
du  Règlement  du  24  janvier,  cinq  électeurs. 

Les  vertus  et  la  dignité  de  M.  de  Montagu  lui  méritèrent 
l'honneur  d'être  élu  par  acclamation  :  le  mauvais  état  de  sa 
santé  l'obligea  de  refuser  une  mission  dont  il  aurait  été  pro- 
fondément honoré,  mais  que  ses  forces  ne  lui  permettaient 
plus  de  remplir1.  MM.  du  Bois-Basset,  chantre;  Chevreuil, 
chancelier,  Lucas,  de  Champigny  et  de  Bonneval,  reunirent 
ensuite  les  suffrages  du  Chapitre  «  pour  et  au  nom  dudit  Cha- 
pitre, comparoir  à  ladite  assemblée  générale  des  Trois  Etats 
et  là  représenter  ledit  Chapitre  et  concourir  avec  les  autres 
membres  de  l'ordre  du  clergé  à  la  rédaction  du  Cahier  de 
plaintes,  doléances  et  remontrances,  qui  sera  rédigé  conjoin- 
tement ou  séparément;  procéder  au  nom  dudit  Chapitre  con- 
jointement et  séparément  à  l'élection  des  députés,  qui  seront 
envoyés  aux  Etats  généraux,  dans  le  nombre  et  proportion  dé- 
terminés par  la  lettre  de  Sa  Majesté,  et  les  ont  chargés  de  pré- 
senter à  ladite  Assemblée  et  mettre  sur  le  Bureau  l'acte  de  pro- 
testation reçu  aujourd'hui,  le  Chapitre  tenant,  par  M0  Péron  et 
son  confrère,  notaires  au  Chàtelet  de  Paris,  concernant  la 
forme  des  députations  du  clergé  aux  Assemblées  préalables  à 
celle  des  Etats  généraux,  et  requérir  au  nom  du  Chapitre  acte 
desdites  protestations  et  mise  sur  le  Bureau  de  ladite  Protestation, 
dont  une  expédition  en  forme  leur  sera  délivrée  à  cet  effet  ;  leur 
donnant  tous  pouvoirs  généraux  et  suffisants  de  proposer,  remon- 
trer,  aviser  et  consentir  tout  ce  qui  peut  concerner  les  besoins  de 

1.  Siégeant  de  droit  à  l'Assemblée  des  électeurs  de  Paris  extra  muros,  il  se  fit  rem- 
placer par  M.  de  Floirac,  qui  y  représentait  déjà  les  Dames  Religieuses  d'Argen- 
teui'. 


182  LE  CHAPITRE  DE  .NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

l'Etat,  les  réformes  des  abus,  l'établissement  d'un  ordre  fixe  et 
durable  dans  toutes  les  parties  de  l'Administration,  la  prospérité 
générale  du  Royaume  et  le  bien  de  tous  et  de  chacun  des  sujets 
de  Sa  Majesté  ;  le  tout  conformément  aux  instructions  arrêtées 
par  le  Chapitre  et  remises  aux  députés,  promettant  lesdits 
sieurs  capitulants  d'agréer  et  approuver  tout  ce  que  leurs  dépu- 
tés cy-dessus  nommés,  auront  fait,  délibéré  et  signé  en  vertu  des 
présentes  de  la  même  manière  que  si  les  sieurs  capitulants  y 
avaient  assisté  en  personne  '  ». 

Le  soir  même  de  ce  chapitre  général,  une  lettre  de  M.  de  Ba- 
rentin,  garde  des  sceaux,  arrivait  à  l'archevêché,  en  réponse  à 
certaines  observations  que  M.  de  Juigné  avait  cru  devoir  lui 
adresser  touchant  différents  articles  du  Règlement. 

Ces  observations  portaient  sur  trois  points  principaux  :  l'exclu- 
sion des  anciens  évèques  et  des  évèques  in  partibus ;  —  la  non- 
convocation  des  dignités  capitulaires,  qui  possédaient  un  titre 
séparé  et  personnel;  —  la  représentation  proportionnelle  des  cha- 
noines et  des  chapelains.  C'était  une  nouvelle  preuve  de  son  atta- 
chement, que  M.  de  Juigné  donnait  à  son  Chapitre,  en  se  faisant 
l'interprète  officiel  de  ses  doléances. 

M.  de  Baiviitin.  pour  éluder  la  question  des  évèques,  rejeta  la 
faute  sur  le  Bailli  de  Paris;  quant  aux  deux  autres  observations, 
qui  regardaient  directement  le  Chapitre,  il  leur  opposa  une  lin 
de  non-recevoir  :  «  A  l'égard  des  dignitaires  du  Chapitre,  dit-il, 
que  leurs  dignités  soient  distinctes  ou  non  des  prébendes,  ils  font 
nécessairement  corps  avec  le  Chapitre  et  ne  peuvent  point  pré- 
tendre à  être  appelés  individuellement.   » 

La  réponse  à  la  troisième  observation  n'était  pas  plus  favorable  : 
«  Je  suis  frappé  comme  vous,  continue  le  ministre,  de  la  singula- 
rité que  présente  l'admission  à  l'Assemblée  de  la  Prévôté  dune 
grande  partie  des  ecclésiastiques  du  bas-chœur,  à  raison  des 
chapelles  qu'ils  possèdent  et  pour  lesquelles  ils  ont  été  assignés, 
tandis  que  le  Chapitre  n'aura  que  cinq  députés  à  cette  même 
Assemblée;  mais  cette  singularité  tient  à  un  principe  général  qu'il 

1.  Arch.  Nat.  L.  540. 


PROTESTATION  1)1  CHAPITRE.  183 

a  paru  essentiel  de  maintenir,  et,  lors  même  qu'il  serait  jugé 
convenable  d'en  modifier  les  conséquences,  ce  ne  pourrait  jamais 
être  que  pour  l'avenir,  et  il  est  de  toute  impossibilité  d'y  rien  chan- 
ger actuellement.  » 

Les  chanoines  ne  tardèrent  pas  à  apprendre  à  leurs  dépens  com- 
ment l'esprit  populaire,  dirigé  par  des  meneurs,  entendait  sau- 
vegarder «  ce  principe  général  »  dont  parle  le  ministre  et  qui 
consistait  à  perdre  le  haut  clergé  dans  l'opinion  :  on  représenta  la 
Protestation  du  Chapitre  comme  un  acte  d'opposition  contre  le 
clergé  inférieur  et  la  convocation  des  Etats  généraux;  des  factieux 
vinrent  à  bout,  on  ne  sait  comment,  de  se  procurer  un  des  exem- 
plaires destinés  an  libraire  chargé  de  l'impression;  ils  en  firent 
une  contrefaçon,  accompagnée  des  notes  les  plus  outrageantes 
contre  la  Religion,  le  Clergé,  le  Chapitre  '  ;  M.  de  Bonneval  fut 
insulté  dans  la  rue;  on  menaça  même  de  brûler  sa  maison.  Pour 
éviter  de  plus  grands  troubles,  le  Chapitre  décida  que  la  proces- 
sion de  la  Saint-Marc,  qui  se  fait  à  St-Merry,  ne  sortirait  pas, 
mais  qu'elle  aurait  lieu  dans  l'église.  Les  craintes  persistèrent,  et, 
pour  les  mêmes  causes,  on  ne  crut  pas  prudent  d'aller,  ne  fût-ce 
qu'à  niùtel-Dieu,  faire  la  procession  fondée  par  Me  Pierre-Alexis 
Porcheron.  La  mesure  devint  bientôt  générale  et  toutes  les  pro- 
cessions qui  devaient  se  faire  au  dehors  du  Cloître  furent  suppri- 
mées, à  l'exception  de  celles  de  l'Ascension,  de  la  Fête-Dieu  et  de 
l'Assomption2. 

La  Protestation  ne  fut  pas  mieux  accueillie  en  haut  lieu.  M.  de 
Montagu  en  avait  adressé  un  exemplaire  à  Necker,  alors  direc- 

1.  »  Protestations  du  Chapitre,  dit  le  pamphlétaire!  Le  Chapitre  qui  proteste,  est 
un  Chapitre  bien  ridicule  ou  bien  important!  Est-ce  pour  régler  Matines  que  la 
Nation  s'assemble?  »  11  a  ensuite  recours  à  l'ironie  :  «  La  Religion,  attaquée  dans 
son  sanctuaire,  parce  que  l'on  fait  peu  d'attention  à  des  chanoines!  (.)  Molière! 
0  Roileau!  0  poème  du  Lutrin!  Si  un  cure  est  peu  de  chose  en  le  mesurant  à  son 
territoire,  qu'est-ce  qu'un  chanoine  mesuré  à  sa  stalle?  »  Il  est  plus  méchant  que 
spirituel:  «  La  noblesse  et  le  peuple  s'assemblent  pour  défendre  leurs  propriétés; 
le  clergé  pour  défondre  ses  larcins.  »  —  Bibl.    Xat.  Le  -'•'•  90  A. 

~.  11  est  curieux  de  voir  comment  les  chanoines  sont  heureux  de  trouver  dans 
l'inclémence  du  temps  un  prétexte  qui  autorisât  ces  suppressions,  mais  ils  ne  le 
trouvent  pas  suffisant  et  à  la  formule  traditionnelle  :  «  propter  aeris  inclemenUam  *r 
ils  ajoutent  :  «  cl  impedimenta quœaliundè  ciiascunlur  ex  celebiu  ionecomitioruii  ad 
generalia  comitia prœviorum  •>.  Concl.  capit.,  2:Jet  29 avril- 


184  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

teur  général  des  finances,  qui  avait  eu  connaissance  aussi  des 
contrefaçons  imprimées.  Une  note  de  la  main  d'un  de  ses  secré- 
taires indique  le  peu  de  sérieux  avec  lequel  elle  fut  accueillie  : 
«  11  y  a  plus  de  huit  jours  que  ces  protestations  inconsidérées  ont 
été  imprimées  avec  des  notes  critiques,  trop  aigres,  mais  foncière- 
ment justes.  Faut-il  répondre  à  cet  abbé  qu'on  adresse  une 
deuxième  et   troisième  édition  ?'  » 

11  ne  répondit  pas  et  le  silence  des  ministres  dut  apprendre  au 
Chapitre  dans  quelles  dispositions  on  était  à  son  égard! 

En  même  temps  qu'ils  voyaient  la  rue  interdite  à  leurs  proces- 
sions traditionnelles,  les  chanoines  se  trouvaient  dans  la  nécessité 
d'ouvrir  leur  église  aux  réunions  tumultueuses  du  populaire. 
M.  le  Chambrier  avait  reçu,  le  19  avril,  une  lettre  de  MM.  les  Pré- 
vôt des  Marchands  et  Echevins  de  Paris  lui  demandant  la  nef  de 
Notre-Dame  pour  l'Assemblée  électorale  du  Tiers  Etat  :  «  Mes- 
sieurs, nous  aurions  eu  l'honneur  de  vous  prévenir  d'avance  de  la 
nécessité  où  nous  sommes  d'établir,  dans  l'église  de  Notre-Dame, 
une  assemblée  du  district  pour  la  convocation  du  Tiers  Etat  de 
cette  ville,  si  la  décision  du  Gouvernement,  que  nous  attendions, 
nous  fût  parvenue  plus  tôt.  Nous  espérons  que  l'importance  de 
cette  destination  vous  engagera  à  consentir  pour  mardi  prochain, 
à  celle  de  votre  église  pour  le  même  objet  et  que  vous  voudrez  bien 
concourir,  par  toutes  les  facultés  qui  dépendront  de  vous,  au 
succès  des  mesures  qu'on  est  obligé  de  prendre  dès  ce  moment- 
ci  pour  qu'elle  soit  convenablement  disposée  2.  » 

Au  risque  d'aggraver  encore  la  malveillance,  dont  il  était 
l'objet,  le  Chapitre  ne  pouvait  refuser  une  demande  à  laquelle 
d'autres  églises  de  Paris  avaient  volontiers  accédé.  Le  mardi 
21  avril,  l'office  canonial  serait  célébré  à  Saint-Denis  du  Pas;  le 
Saint  Sacrement,  retiré  du  tabernacle  de  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Vierge,  serait  déposé  dans  celle  de  Saint-Denis,  et  MM.  les  Inten- 
dants de  la  Fabrique  furent  priés  d'intercepter  toute  communica- 

1.  Arch.  Nat.  Bm,  113,  f°  285. 

2.  M.  le  Lieutenant  civil  demande  à  son  tour,  le  29  avril,  la  salle  capitulaire  pour 
l'Assemblée  du  Tiers  État  de  la  ville  et  faubourgs  de  Paris.  La  requête  est  prise  en 
considération  et  les  chanoines  décident  que  les  chapitres  se  tiendront  dans  la 
bibliothèque. 


LES  ASSEMBLÉES  ÉLECTORALES.  185 

tion  entre  la  nef,  où  doit  se  tenir  l'Assemblée,  et  les  autres  parties 
de  l'église  '. 

Les  opérations  électorales  des  trois  ordres  étaient  terminées 
le  22.  La  nuit  suivante,  en  sortant  du  chœur  après  Laudes,  les 
chanoines  furent  avisés  par  M.  le  Chantre  que  sur  la  demande  de 
M.  le  Lieutenant  civil  et  de  M.  le  Procureur  du  Roi  au  Chàtelet 
qui  l'avaient  mandé  vers  les  neuf  heures  du  soir  auprès  de  l'Ar- 
chevêque, une  messe  solennelle  du  Saint-Esprit  serait  célébrée 
le  matin  même  au  grand  autel  de  Notre-Dame,  pour  l'ouverture 
de  l'Assemblée. 


II 


Le  23  avril,  les  Trois  Ordres  de  la  Prévôté  et  Vicomte 
de  Paris  intra  muros  devaient  donc  se  réunir  en  assemblée 
électorale.  Nous  connaissons  les  démarches  du  Lieutenant  civil 
et  du  Procureur  du  Roi,  qui  étaient  venus  la  veille  demander 
à  M.  de  Juigné  que  la  Religion  présidât  à  son  ouverture.  Les 
ferments  de  discorde  et  d'impiété,  qui  travaillaient  les  esprits, 
n'avaient  pas  encore  détruit  les  antiques  traditions  chrétiennes; 
le  clergé,  si  vilipendé  qu'il  ait  été  pendant  ces  dernières  années, 
était  profondément  considéré  de  la  majeure  partie  de  la  Nation. 
Pamphlets,  bruits  désobligeants,  diatribes,  n'avaient  pas  réussi 
à  enlever  au  Chapitre  de  Notre-Dame  la  considération  que  lui 
méritaient  les  qualités  de    ses  membres  et  son  titre  de  Clergé 


1.  Dans  les  séances  préparatoires  aux  assemblées  électorales,  M.  Lenoir,  commis- 
saire honoraire  au  Chàtelet,  avait  répondu  d'avance  aux  objections  que  le  clergé 
pourrait  faire  au  sujet  de  cette  destination  des  édifices  religieux  :  «  Reste  le  choix 
des  endroits  où  se  tiendraient  les  assemblées,  dit-il;  mais  iln'en  faut  point  chercher 
d'autres,  pour  toutes  les  convenances,  que  les  églises  mêmes.  La  sainteté  du  lieu  et 
le  silence  qu'on  y  doit  observer,  la  gravite  et  l'importance  du  sujet  de  ces  assem- 
blées,  auxquelles  chacun  s'empressera  de  se  rendre:  la  dignité,  le  rang  des  per- 
sonnes les  plus  considérables  qui  s'y  trouveront;  la  présence  des  curés  et  des 
corps  de  fabrique  qui  seront  à  la  tête,  tout  concourra  à  y  maintenir  l'ordre,  la 
décence  et  la  tranquillité.  ■•  Arch.Nat.  Bm,  101,  p.  778. 


186  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

de  la  première  Église   du   Royaume  :    regalis  Ecclesia,  comme 
l'appelait   Hugues  de  Saint- Victor  \ 

Plus  le  Chapitre  approchait  de  son  dernier  jour,  plus  aussi 
on  semblait  redoubler  d'égards  à  son  endroit  ;  nous  allons 
assister  à  des  assauts  de  politesse  et  de  bons  rapports  entre 
lui  et  les  différents  pouvoirs.  Royauté,  Assemblée  nationale, 
Municipalité,  dont  presque  chaque  fois  il  sera  la  dupe!  à  un 
incessant  échange  de  députations  solennelles,  de  correspon- 
dances, de  harangues,  toutes  plus  solennelles  et  plus  aimables 
les  unes  que  les  autres.  L'histoire  du  Chapitre  reflétera  né- 
cessairement les  mœurs  de  cette  époque,  où  le  mélodrame  se 
mêle  souvent  à  la  tragédie  :  c'est  la  mode  "des  cérémonies  reli- 
gieuses et  politiques,  où  tout  le  monde  s'embrasse  avec  atten- 
drissement, quitte  à  se  battre  le  jour  même  à  coups  d'injures 
dans  les  assemblées,  à  coups  de  piques  dans  les  rues.  En  cette 
lin  d'avril,  vrai  germinal  de  patriotisme,  les  cœurs  sont  épa- 
nouis plus  encore  que  les  tètes  sont  chaudes;  l'espérance  fait 
oublier  les  querelles  des  jours  précédents  dans  l'attente  d'une 
régénération  universelle. 

Le  Chapitre  cède  à  l'entraînement  :  il  verra  d'un  œil  presque 
satisfait,  le  matin  du  23  avril,  dignités,  chanoines,  curés,  cha- 
pelains, petits  bénéficiers,  confondus  sous  les  voûtes  de  Notre- 
Dame  «  sans  observer  aucun  rang  ni  distinction  '  ».  Sa  mau- 
vaise humeur  est  débordée  par  l'enthousiasme  :  il  décide  une 
cérémonie  grandiose!  les  deux  bourdons  salueront  l'entrée  des 
électeurs  à  la  cathédrale  ;  à  leur  sortie,  toutes  les  cloches  son- 
neront en  volée. 

A  onze  heures,  arrivent  sur  le  parvis  dix-huit  huissiers  à 
cheval  et  dix-huit  huissiers  à  verge.  Deux  voitures  de  la  Ville  trans- 
portent six  huissiers-audienciers  et  le  secrétaire  du  Prévôt.  Vient 
ensuite  le  carrosse  de  M.  le  Prévôt  des  Marchands  accompagné 


1.  Prose  de  la  fête  de  saint  Denis,  au  supplément  du  diocèse  de  Paris  : 

Sed  illum  praecipuè 

Recolit  assidue 

Regalis  Ecclesia. 
i.  Journal  de  Hardy.  B.  N.  F.  fr.  6.687. 


LES  ASSEMBLÉES  ÉLECTORALES.  1*7 

de  M.  le  Lieutenant  civil,  avec  valets  de  pied  aux  p  >rtièr?s 
rt  une  escorte  de  douze;  gardes  de  la  Prévôté.  Le  Greffier  et 
le  Premier  Huissier  du  Chàtelet  précédent  les  voitures  du  Pro- 
cureur du  Roi  et  des  Conseillers.  Tout  le  cortège  est  entouré 
des  gardes  de  la  robe  courte.  Au  même  moment,  le  Clergé  et 
la  Noblesse,  déjà  réunis  à  l'Archevêché,  accompagnent  l'Arche- 
vêque à  Notre-Dame  et  marchent  à  la  suite  du  Procureur  du 
Hoi.  Après  la  Messe  du  Saint-Esprit,  à  laquelle  le  Chapitre 
assiste  en  corps,  les  Trois  Etats  reviennent  à  l'Archevêché  et 
prennent  séance  dans  la  grande  salle,  où  M.  de  Juigné  fait 
son  entrée  précédé  de  la  croix  archiépiscopale  '. 

Laissons  les  deux  ordres,  Noblesse  et  Tiers  Etat,  se  retirer 
dans  les  locaux  qui  leur  sont  destinés,  et  entrons  dans  la  Chambre 
du  Clergé  pour  y  relever  les  faits  qui  peuvent  à  quelque  titre 
intéresser  le  Chapitre. 

Par  acclamation,  la  présidence  fut  attribuée  à  M.  de  Juigné; 
mais  on  évita  de  nommer  un  vice-président,  qui  remplacerait 
l'Archevêque  à  qui  le  même  honneur  allait  être  décerné  par  la 
Chambre  du  Clergé  extra  mur  os.  Petite  manœuvre  que  nous 
verrons  pleinement  réussir  au  profit  de  Messieurs  les  curés 
de  Paris.  Nous  retrouvons,  au  nombre  des  électeurs,  les  cinq 
délégués  du  Chapitre  :  MM.  du  Bois-Basset,  chantre;  Chevreuil, 
chancelier;  Lucas,  de  Champigny  et  de  Bonneval.  Plusieurs 
autres  chanoines  siégeaient  à  côté  de  leurs  confrères  à  diffé- 
rents titres  :  M.  de  Floirac,  pour  les  Carmélites  de  la  rue  Saint- 
Jacques  et  les  Religieuses  de  la  Miséricorde;  M.  de  Dampierre, 
pour  les  Ursulines  de  la  rue  Saint-Jacques  et  les  Religieuses 
du  Saint-Sacrement,  rue  Saint-Louis  au  Marais;  M.  du  Pinet, 
pour  les  Carmélites  de  la  rue  Chapon  et  les  Religieuses  de  la 
Madeleine,  rue  des  Fontaines;  M.  Pey  2  pour  les  Recolettcs  de 


1.  Avant  l'ouverture  de  la  séance,  la  croix  archiépiscopale  disparut  «  à  cause  de 
la  présence  du  Lieutenant  civil  et  du  Procureur  du  Roi  ••,  dit  le  procès-verbal 
manuscrit  A.  N.  R1".  Hardy  dans  son  Journal  donne  une  autre  raison  :  »  La  croix 
■le  l'Archevêque  ne  peut  rester  dans  l'Assemblée  générale  par  le  défaut  de  res- 
pect dominant  si  fort  aujourd'hui  pour  tout  ce  qui  pourrait  rappeler  à  la  Reli- 
gion ou  avait  quelque  rapport  à  son  culte  ■  Journal  de  Hardy,  fol.  293-96. 

-!.  Le  chanoine  honoraire,  dont  nous  avons  déjà  parle 


188  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1190. 

• 

la  rue  du  Bac;  M.  des  Fieux,  pour  la  Communauté  du  Grand- 
Saint-Chaumont  ;  M.  de  Launay,  pour  les  Carmélites  de  la  rue 
de  Grenelle;  M.  Patert,  pour  la  Communauté  de  la  Providence, 
rue  de  l'Arbalète  ;  M.  de  Neuchèze,  pour  la  Communauté  de  Sainte- 
Anne  et  celle  des  Orphelines  de  Saint-Joseph,  dites  de  la  Pro- 
vidence; M.  des  Plasses,  pour  l'Abbaye  de  Port-Royal. 

Aux  cinq  voix,  qui  étaient  données  au  Chapitre,  il  faut  donc 
ajouter  treize  autres  voix,  que  des  communautés  religieuses,  en 
vertu  de  l'article  12  du  Règlement  du  24  janvier,  avaient  attri- 
buées à  des  chanoines  ;  ce  qui  faisait  un  total  de  dix-huit  voix,  dont 
le  Chapitre  pouvait  disposer  en  toute  certitude  pour  faire  valoir 
ses  droits  et  appuver  ses  protestations.  Comme  M.  de  Juigné 
l'avait  fait  justement  remarquer  aux  Garde  des  Sceaux,  c'était 
fort  peu  relativement  aux  nombreux  suffrages,  dévolus  aux 
ecclésiastiques  relevant  directement  du  Chapitre.  Celui-ci  pouvait 
craindre  d'être  mis  par  eux  en  minorité  ou  de  n'avoir  qu'un 
rôle  fort  effacé  dans  les  réunions  qui  allaient   s'ouvrir. 

Pouvait-il  beaucoup  compter  sur  les  vicaires  perpétuels,  sié- 
geant en  vertu  de  leurs  titres?  c'était  douteux.  Ces  "vicaires, 
nommés  par  l'ordre  qu'ils  représentaient  à  Notre-Dame,  ne  te- 
naient rien  de  la  libéralité  des  chanoines  et  nous  savons  les 
difficultés,  qui  s'étaient  élevées,  surtout  ces  dernières  années, 
entre  eux  et  le  Chapitre.  Plus  favorables  pouvaient  lui  être  les 
délégués  des  quatre  églises,  ses  filles,  qui  vivaient  alors  en 
assez  bonne  intelligence  avec  leur  Mère.  Saint-Etienne  des  Grez 
envoya  deux  électeurs,  Ai.  Masson,  chefcier,  et  M.  Moreau; 
MM.  Rossignol,  Barré  et  Jourdain  représentaient  le  Chapitre 
du  Saint-Sépulcre;  M.  Loyseau,  celui  de  Saint-Benoit. 

Aux  simples  chapelains  était  donnée  la  meilleure  part.  Nous 
trouvons  dans  les  différentes  listes,  manuscrites  et  imprimées, 
des  électeurs  :  MM.  Bégart,  chapelain  de  Notre-Dame,  représenté 
par  M.  Asselin;  Greuzard,  chapelain  de  St-Géraud;  Asselin,  de 
St-Léonard;  Pierre,  de  Ste-Madeleine;  Baudouin,  de  St-Vincent 
et  de  St-Barthélemy;  Mazoyer,  premier  chapelain  de  St-Nicaise, 
représenté  par  M.  de  la  Devèze;  Goût  des  Périmières.  second 
chapelain  de  St-Nicaise;  Pey,  chapelain  de  St-Laurent;  Brachatte, 


LES  ASSEMBLÉES   ÉLECTORALES.  189 

de  St-Blaise  et  de  Ste-Catherine,  représenté  par  M.  Rovon; 
Leclerc  de  Roye,  de  Ste-Euphémie;  Roullier,  de  St-Jean  et  de 
Ste-Madeleine  ;  Vie,  de  Ste-Catherine,  représenté  par  M.  Le- 
mercier;  Aumont,  de  St-Pierre  et  St-Etienne,  représenté  par 
M.  Béchet;  Roch,  de  St-Laurent;  Aufauvre,  de  St-Philippe  et 
St-Jaeques.  Les  chapelains  !  de  l'Ancienne  et  de  la  Nouvelle 
Communauté  envoyèrent  pour  les  représenter  «  leur  ancien  », 
M.    Michelin. 

Les  ecclésiastiques-bénéfîciers  avaient,  à  des  titres  différents, 
à  exprimer  de  nombreux  suffrages  :  plus  du  double  de  ceux 
attribués  aux  chanoines.  La  différence  des  trois  cent  trente- 
quatre  autres  voix  appartenait  aux  Religieux,  à  la  Sorbonne,  aux 
autres  Chapitres,  à  Messieurs  les  curés  et  prêtres  des  parois- 
ses. 

Un  fait,  qui  coïncida  avec  l'ouverture  de  l'Assemblée  électo- 
rale, contribua  encore  à  augmenter  les  appréhensions  des  cha- 
noines. Le  22  avril  avait  paru  une  liste  contenant  les  noms  des 
Electeurs  de  la  Chambre  du  Clergé,  liste  dressée  et  imprimée, 
disait-on,  sous  la  direction  de  plusieurs  curés  de  Paris.  Forts 
de  leur  nombre  et,  partant,  aspirant  à  la  domination  dans  les 
réunions,  ils  fortifièrent  d'avance  leurs  prétentions  en  inscrivant, 
immédiatement  après  le  nom  de  l'Archevêque,  celui  de  Monsieur  le 
curé  de  Ste-Marguerite,  doyen  des  curés  de  Paris.  Bien  que 
la  qualification  de  vice-président  ne  fût  pas  annexée  à  son 
nom,  c'était  cependant  faire  assez  entendre  qu'il  le  serait  de 
droit  au  détriment  du  Chantre  ou  du  Chancelier  de  l'Eglise 
de  Paris.  Le  Chapitre  soupçonna  une  surprise  :  «  De  quelle 
autorité,  demande-t-il  dans  la  conclusion  du  1er  mai,  pouvait 
être  cette  liste?  L'ordre  qu'on  y  a  observé,  l'a-t-il  été  sans  mo- 
tif ou  à  dessein  de  favoriser  les  vues  de  MM.  les  curés,  qui,  dans 
les  Assemblées  des  différents  bailliages,  ont  prétendu  qu'à  dé- 
faut d'évèque  la  présidence  appartenait  de  droit  à  un  cure,  parce 
que,  selon  eux,  les  curés  suivent  immédiatement  les  évèques 
dans  l'ordre  hiérarchique.   »  M.  de  Juigné  lui-même  ne  contir- 

1.  Le  procès-verbal  en  nomme  seulement  onze. 


190  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

mait-il  pas,  dans  l'Assemblée  extra  muros,  ces  espérances  et 
ces  craintes,  quand  il  exprimait  devant  elle  le  désir  de  voir  la 
Chambre  du  Clergé  présidée  en  son  absence  par  un  curé  préfé- 
rablement  à  tout  autre1. 

Dans  les  procès-verbaux  de  la  Chambre  ecclésiastique  intra 
muros,  nous  n'avons  trouvé  nulle  part  l'expression  d'un  sembla- 
ble désir  de  la  part  de  l'archevêque;  silence  le  plus  profond  sur 
Y élection  du  vice-président  !  Quoi  qu'il  en  fût,  le  petit  strata- 
gème réussit  si  bien  que,  le  30  avril,  en  l'absence  de  M.  de  Juigné, 
le  curé  de  Sainte-Marguerite  prit  d'emblée  et  tout  naturellement 
séance  dans  le  fauteuil  du  Président,  sans  que  les  délégués  du 
Chapitre  aient  élevé  la  moindre  protestation.  Ils  eurent  à  expli- 
quer leur  silence  dans  la  réunion  capitulaire  du  14  mai  :  «  Ouï 
le  rapport  de  Messieurs  les  députés  du  Chapitre  à  l'Assemblée 
des  Électeurs  de  l'Ordre  du  Clergé  de  la  ville  et  faubourgs  de 
Paris  pour  la  nomination  des  députés  aux  Etats  généraux,  duquel 
rapport  il  résulte  que.  indépendamment  du  rang  donné,  dans 
la  liste  imprimée  des  dits  Electeurs,  à  M.  le  curé  de  Sainte-Mar- 
guerite, doyen  des  curés  de  Paris,  il  aurait  occupé  le  fauteuil 
de  Monseigneur  l'Archevêque  pendant  ses  absences  momenta- 
nées, et  que,  s'ils  n'ont  pas  réclamé  à  l'instant  contre  cette  atteinte 
aux  droits  et  à  la  possession  du  Chapitre,  c'était  uniquement 
pour  ne  pas  apporter  de  délais  aux  opérations  de  l'Assemblée, 
se  réservant  d'en  référer  au  Chapitre,  Messieurs,  voulant  pré- 
venir les  inductions  que,  par  la  suite,  l'on  pourrait  tirer  du  si- 
lence du  Chapitre  sur  cette  double  atteinte  portée  à  ses  droits, 
et  persistant  dans  leur  protestation  en  date  du  20  avril  der- 
nier, ont  protesté  delà  manière  la  plus  formelle  tant  contre  le  rang 
donné  dans  ladite  liste  au  sieur  doyen  des  curés  de  Paris  avant 
les  Membres  du  Chapitre,  que  contre  la  place  qu'il  aurait  oc- 
cupée dans  ladite  assemblée,  comme  entièrement  contraires  à 
l'ordre  hiérarchique,  selon  lequel  le  Chapitre  de  la  Métropole  est 
le  premier  corps  ecclésiastique  du  diocèse,  dont  les  représen- 
tants sont  dans  la  possession  la  plus  constante  d'avoir  la  pré- 

1.  Arch.  Xat.,  B1". 


LES  ASSEMBLÉES  ÊLECTOHALES.  191 

séance  dans  tontes  les  assemblées  synodales  et  diocésaines,  et 
pour  passer  acte  de  cette  nouvelle  protestation,  en  suite  de 
celle  dudit  jour  20  avril  dernier,  parole  sera  donnée  à  Me  Pé- 
ron,  notaire,  lequel  en  délivrera  une  expédition  à  MM.  les 
Députés.   » 

Cette  nouvelle  protestation,  rédigée  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  que  la  Conclusion  capitulaire,  fut  déposée  sur  le  Bu- 
reau par  M.  du  Bois-Basset  le  jour  de  la  prestation  du  serment. 
Elle  eut  le  mémo  sort  que  la  première  :  on  en  donna  acte  en 
bonne  et  due  forme,  et  tout  fut  dit! 

Fatigués  de  ces  atteintes  portées  sans  cesse  à  leurs  prérogatives, 
des  fins  de  non  recevoir  qu'on  opposait  depuis  plus  de  six  mois 
à  leurs  réclamations ,  les  chanoines  prirent  une  résolution  ex- 
trême. De  tous  côtés,  à  cette  époque,  on  vantait  la  bonté,  la 
justice  de  Louis  XVI  ;  tous  les  partis  ne  tarissaient  pas  d'é- 
loges, parce  que  tous  comptaient  alors,  les  uns,  sur  sa  bien- 
veillance naturelle,  les  autres,  sur  sa  faiblesse.  Au  Chapitre,  sur 
une  motion  de  M.  de  Montagu,  on  décida  donc  de  s'adresser 
au  roi.  La  Protestation,  restée  lettre  morte  pour  les  ministres,  les 
grands  personnages,  l'Assemblée  électorale,  mise  sous  les  yeux 
du  roi,  ne  pourrait  pas  ne  pas  être  prise  en  considération  par 
lui.  L'Église  de  Notre-Dame  est  la  première  du  Royaume,  la 
paroisse  naturelle  des  rois;  avec  quelle  dévotion  Louis  XVI, 
la  reine  Marie-Antoinette,  toute  la  famille  royale,  aimaient  a  y 
venir  prier  !  On  enverra  donc  à  Versailles  la  protestation  du 
20  avril,  accompagnée  des  cahiers  et  de  la  lettre  suivante  : 

a  Sire, 

«  Le  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris  ose  présenter  à  Votre  Ma- 
jesté une  protestation  qu'il  a  cru  devoir  faire  contre  le  Règle- 
ment du  24  janvier  dernier,  relatif  à  la  convocation  aux  États 
généraux.  Daignez,  Sire,  ne  voir  dans  les  plaintes  respectueuses, 
que  le  Chapitre  se  permet  d'adresser  au  cœur  juste  et  paternel 
de  Votre  Majesté,  d'autres  sentiments  que  ceux  de  la  confiance 
en  votre  justice,  du  respect  le  plus  profond  et  de  l'amour  le  plus 


192  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

filial  pour  Votre  Personne  sacrée  ;  les  sentiments,  qui  animent 
toujours  le  Chapitre  de  Paris,  sont  déposés  dans  ses  instructions 
à  ses  Députés,  qu'il  ose  également  mettre  sous  les  yeux  de 
Votre  Majesté.  Puissent-elles,  Sire,  attester  à  tous  vos  sujets 
que  le  premier  corps  ecclésiastique  de  votre  bonne  Ville  de 
Paris  mettra  toujours  au  rang  de  ses  devoirs  les  plus  chers  l'heu- 
reuse obligation  de  conserver,  comme  un  dépôt  sacré,  les  prin- 
cipes inaltérables  que  la  Religion  commande  et  que  l'intérêt  de 
l'État  exige,  ceux  qui  consacrent  l'attachement  inviolable  à  l'au- 
torité, à  Votre  Majesté,  ainsi  que  la  parfaite  soumission  et  la 
respectueuse  confiance  qui  lui  sont  dues.  » 

Cette  lettre  passa  inaperçue  dans  les  milliers,  qui  venaient 
chaque  jour  réclamer  l'appui  du  trône  :  elle  resta  sans  réponse. 

On  ne  peut  nier  que  toutes  ces  dispositions  fussent  hostiles 
au  Chapitre;  et  cependant  doit-on  accuser  la  Chambre  ecclésias- 
tique de  Paris  intra  muros  de  mauvais  vouloir  à  son  endroit  ? 
Nous  ne  le  croyons  pas.  En  dehors  du  cas  de  la  vice-présidence, 
accordée  au  curé  de  Sainte-Marguerite ,  nous  ne  voyons  pas 
quel  sujet  de  plaintes  le  Chapitre  aurait  pu  formuler  contre  les 
actes  de  l'Assemblée.  Si  vraiment  les  curés  comptaient  y  jouer 
un  rôle  prépondérant,  leur  ambition  n'a  pas  été  satisfaite.  Il 
faut  même  dire  que  la  majeure  partie  de  ce  corps  si  respectable 
conserva  toujours  pour  le  Chapitre  les  sentiments  les  plus  fra- 
ternels. Aussi  quand  celui-ci  exprime  quelques  mécontentements 
sur  les  visées  des  curés,  il  ne  parle  que  des  bailliages  de  Pro- 
vince et  il  en  excepte  formellement  MM.  les  Curés  de  Paris, 
«  à  qui  il  est  étroitement  lié,  dit-il,  par  le  double  lien  d'une 
précieuse  habitude  et  de  tous  les  sentiments  qu'inspire  la  vertu  ». 
De  fait,  le  Chapitre  n'eut  à  souffrir  en  rien  de  la  prépondérance 
qui  leur  fut  accordée  ;  ses  protestations  passèrent  inaperçues,  c'est 
vrai;  mais,  nous  l'avons  vu  à  propos  de  ses  doléances  adressées 
au  Roi,  l'entraînement  des  affaires,  la  rapidité  des  événements, 
la  mobilité  des  esprits,  chagrins  hier,  enthousiastes  aujour- 
d'hui, en  sont  plus  la  cause  que  le  mauvais  vouloir.  Et  d'ailleurs 


LES  ASSEMBLÉES  ÉLECTORALES  DE  PAHIS.  193 

qui  donc  alors  ne  protestait  pas!  Il  nous  est  agréable,  pour 
l'honneur  du  Clergé  de  Paris,  de  redresser  ici  les  dires  de  cer- 
tains auteurs,  qui  ont  exagéré  un  antagonisme,  qui  précéda  peut- 
être  la  réunion  de  la  Chambre  ecclésiastique,  mais  qui  ne  sy  lit 
nullement  sentir  ! 

Depuis  l'ouverture  des  Assemblées,  le  Chapitre,  de  son  côté, 
ne  laissait  passer  aucune  occasion  de  donner  des  preuves  de  sa 
complaisance  à  leur  égard.  Non  seulement  il  reçut  avec  honneur 
les  Électeurs  dans  son  église,  il  mit  encore  à  leur  disposition  le 
Goitre  et  même  la  Salle  capitulaire.  Le  Tiers  État  y  tint  ses  séances 
le  29  avril,  puis  pensa  s'installer  à  Saint-Denis  du  Pas.  La 
Chambre  ecclésiastique  occupa,  à  partir  du  1er  mai,  la  même 
salle,  et  les  chanoines  voulurent  bien  tenir  chapitre  dans  la 
Bibliothèque. 

Aussi,  bien  loin  d'être  tenus  à  l'écart,  les  délégués-chanoines 
sont,  presque  à  chaque  séance,  honorés  de  la  confiance  de  leurs 
collègues  ou  chargés  de  la  défense  de  leurs  intérêts.  Le  26  avril, 
M.  de  Floirac  est  vérificateur  du  scrutin  et  M.  de  Bonneval  fait 
partie  d'une  importante  délégation  vers  les  deux  autres  ordres  ; 
le  27,  M.  de  Mondran  est  député  au-devant  du  Tiers  État,  qui 
vient  offrir  ses  félicitations  au  Clergé;  deux  jours  après,  encore 
M.  de  Bonneval  et  M.  Besnières,  officiai  du  diocèse,  sont  charo-és 
de  désigner  le  fils  de  famille  pauvre  à  qui  l'on  offrira,  de  la  part 
du  Roi,  une  place  à  l'École  Militaire;  le  18  mai,  le  même  cha- 
noine, en  compagnie  de  M.  Perrotin  de  Barmond,  de  M.  le 
curé  de  Saint-Séverin  et  du  Recteur  de  l'Université,  va  féliciter 
M.  le  Prévôt  des  Marchands;  enfin  nous  comptons  trois  cha- 
noines, au  nombre  des  rédacteurs  du  Cahier  des  Doléances  : 
MM.  de  Launay,  du  Bois-Basset  et  de  Bonneval.  On  put  surtout 
juger  des  bonnes  dispositions  de  la  Chambre,  lors  de  l'élec- 
tion des  députés  aux  États  généraux  :  sur  huit  sièges,  qui  lui 
étaient  attribués,  elle  en  donna  deux  aux  représentants  directs 
du  Chapitre.  M.  de  Chevreuil,  chantre  et  chancelier  de  l'Éo-lise 
de  Paris,  est  élu  troisième  député,  immédiatement  après  M.  de 
Juigné  et  M.  de  Montesquiou,  désignés  par  acclamation.  Quelle 
belle  revanche  de  la  liste!   L'élection  de   M.    de   Bonneval  fut 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   I>E   PARIS,  13 


194  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

plus  laborieuse;  il  y  eut  sept  ballottages.  Enfin  au  huitième  tour, 
il  fut  proclamé  huitième  député.  Dans  la  séance  de  l'après-midi, 
il  exprima  sa  reconnaissance  à  AI  M.  les  Electeurs  «  avec  cette 
mâle  éloquence,  qui  le  distingue  »,  dit  ie  procès-verbal.  Si  vrai- 
ment la  Chambre  ecclésiastique  eût  été  animée  des  sentiments 
qu'on  lui  prête,  elle  aurait  dû  en  vouloir  plus  qu'à  tout  autre  à 
M.  de  Bonneval,  et  ne  lui  aurait  pas  accordé  l'honneur  de  la 
représenter  aux  Etats  généraux. 

Après  M.  de  Alontesquiou,  à  qui  sa  qualité  d'Agent  général 
du  Clergé  donna  une  place  hors  pair  dans  l'Assemblée  ecclé- 
siastique, personne  n'y  fut  aussi  en  vue  que  AI.  de  Bonneval.  Son 
nom  sort  du  scrutin,  presque  à  chaque  séance,  pour  les  affaires 
les  plus  diverses  :  nous  le  voyons  sans  cesse  en  mouvement  et 
sa  parole  ardente  ne  se  fait  jamais  entendre  sans  soulever  des 
applaudissements  unanimes.  La  délégation,  députée  vers  le 
Tiers  Etat  pour  lui  porter  le  vœu  de  l'Ordre  du  Clergé,  «  sur 
la  renonciation  formelle  à  toute  distinction  pécuniaire  et  son 
concours  dans  la  juste  proportion  de  ses  revenus  à  l'acquittement 
des  charges  publiques  librement  consenties  par  les  Trois  Or- 
dres »,  rentrait  dans  la  salle  des  séances.  AI.  de  Alontesquiou, 
qui  était  à  sa  tête,  rendit  compte  des  témoignages  peu  suspects 
de  joie  et  de  satisfaction,  qu'elle  avait  recueillis  auprès  de  MM.  du 
Tiers  Etat.  Quand  il  eut  fini,  AI.  de  Bonneval  parla  à  son  tour  : 
«  Je  suis  obligé,  dit-il,  de  faire  connaître  à  l'Assemblée  une 
circonstance  que  la  modestie  de  AI.  de  Alontesquiou  lui  a  fait 
passer  sous  silence  :  c'est  la  manière  distinguée  dont  votre  dé- 
puté s'est  acquitté  de  la  mission  que  vous  lui  avez  confiée  ». 
On   applaudit  et  Al.   de  Alontesquiou  et    AI.  de  Bonneval! 

Un  autre  jour,  le  18  mai,  la  Chambre  venait  de  voter  des  re- 
mercîments  à  AI.  le  Prévôt  des  Alarchands  «  pour  lui  témoigner 
sa  satisfaction  de  l'avoir  vu,  à  la  tête  des  trois  Ordres  de  Paris, 
présider  l'Assemblée  générale  ».  A  ce  moment,  AI.  de  Bonneval 
crut  pouvoir  se  dire  l'interprète  de  la  Chambre  ecclésiastique  : 
«  Nous  avons  aussi,  dit-il,  des  remercîments  à  offrir  bien  plus 
chers  aux  cœurs  des  membres  de  cette  Assemblée.  Alais  vous  me 
prévenez,  Alessieurs,  et  déjà  s'offre  à  votre  pensée  ce  digne  et 


LES  ASSEMBLÉES  ÉLECTORALES  DE  PARIS.  195 

vénérable  pontife,  dont  nous  avons  éprouvé,  durant  tout  le  cours 
de  cette  Assemblée,   de   nouveaux  témoignages  bien   dignes  de 

notre  reconnaissance.  Cette  douceur  et  cette  bonté,  qui  le  carac- 
térisent, ce  zèle  religieux  et  patriotique,  doivent  nous  inspirer  la 
plus  grande  confiance  dans  ses  succès  aux  Etats  généraux  sur 
tout  ce  qu'il  proposera  pour  le  Lieu  de  la  Religion,  le  bonheur 
de  l'Etat,  de  tous  les  citoyens  qui  le  composent  et  en  parti- 
culier des  membres  de  son  Clergé,  qui  se  regardent  comme 
ses  enfants,  vu  qu'il  ne  cesse  de  leur  témoigner  une  affection 
vraiment  paternelle1.  »  Ces  paroles  provoquent  un  enthousiasme 
universel;  M.  de  Juigné  y  répond  «  de  la  manière  la  plus  pathé- 
tique »  ;  une  voix  demande  la  bénédiction  de  l'archevêque  ;  tous 
les  fronts  s'inclinent  et  on  le  reconduit  en  triomphe  jusque  dans 
ses  appartements.  M.  de  Juigné  dut  être  reconnaissant  «à  son 
chanoine  d'avoir  provoqué  ces  protestations  d'affection  et  de  dé- 
voûment  à  la  veille  des  épreuves,  qui  vont  désormais  se  multi- 
plier pour  lui  jusqu'à  ce  qu'elles  l'obligent  à  se  séparer  de  son 
clergé  ! 

L'Assemblée  électorale  extra  mur  os  ouvrit  ses  séances  le 
24  avril.  Le  Chapitre  en  accueillit  aussi  les  membres  à  Notre- 
Dame  avec  le  même  cérémonial,  qu'il  avait  déployé  la  veille 
pour  les  Electeurs  de  Paris  :  l'Archevêque  célébra  la  Messe 
du  Saint-Esprit.  Trois  chanoines  siégeaient  dans  la  Chambre 
ecclésiastique,  comme  faisant  partie  du  Chapitre  :  M.  de  Bré- 
mont,  son  délégué,  M.  de  Alontagu,  en  raison  de  son  fief  décanal 
de  Montreuil-sous-Bois,  et  M.  Chevreuil,  en  raison  de  son  fiet 
cantoral  de  Conflans-Sainte-IIonorine.  Le  Doyen,  qui  avait 
refuse  un  mandat  dans  l'Assemblée  intra  muros,  se  fit  repré- 
senter dans  celle-ci  par  M.  de  Floirac.  Nous  y  retrouvons  plu- 
sieurs chanoines,  dont  quelques-uns  siégeaient  aussi  dans  l'autre 
Chambre  ecclésiastique  de  Paris  :  M.   de   Dampierre,  pour  les 

1.  Ces  paroles  ne  sont  pas  reproduites  ici  toiles  que  nous  les  avons  lues  dans 
te  procès-verbal  de  la  séance  Arch.  Xat.,  BUI,  113)  et  que  M.  Chassai  les  a  données 
dans  son  ouvrage  sur  les  Cahiers  de  Paris.  Nous  les  avons  extraites  aussi  fidèlement 
que  possible  d'un  galimatias,  qui  ne  peut  être  attribué  qu'au  secrétaire  copiste  de 
la  Chambre  ecclésiastique. 


106  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Annonciades  d'Arpajon  et  les  Dames  Ursulines  de  la  rue  Saint- 
Jacques:  M.  Chevreuil,  pour  l'évêque  de  Limoges  et  pour 
M.  Dove,  curé  de  Saintry  ;  M.  de  Floirac,  pour  les  Dames  Ur- 
sulines d'Argenteuil;  M.  des  Plasses,  pour  les  Religieuses  de 
Port-Royal  et  les  Ermites  du  Mont-Valérien  ;  M.  d'Espinasse, 
pour  les  Dames  Ursulines  de  Saint-Germain-en-Laye;  M.  d'Es- 
pagnac,  pour  M.  le  curé  d'Aigremont ;  M.  Lucas;  M.  de  Méro- 
mont,  pour  M.  l'abbé  de  Narbonne,  à  cause  de  son  fief  de  la 
Chapelle,  et  pour  les  Filles  de  la  Croix  de  Brie-Comte-Robert; 
M.  de  Malaret,  pour  M.  le  curé  de  Bondoufle;  un  ancien  cha- 
noine de  Notre-Dame,  M.  Martial  Melon  de  Pradou,  comme  curé 
de  Saint-Germain-en-Laye.  Les  chapelains  de  Notre-Dame,  qui 
possédaient  en  commun  le  fief  de  l'Hay  et  Chevilly,  déléguèrent 
un  des  leurs,  M.  Béguinot. 

L'influence  des  curés  de  campagne,  moins  éclairés  et  ayant 
plus  de  sujets  de  mécontentement  que  leurs  confrères  de  la  capi- 
tale, aurait  pu  provoquer  une  vive  opposition  contre  les  cha- 
noines, qui  siégeaient  au  milieu  d'eux.  Beaucoup  de  ces  curés 
étaient  sous  la  dépendance  du  Chapitre,  quelques-uns  ses  tribu- 
taires, beaucoup  ses  obligés  :  toutes  raisons,  qui  auraient  pu 
soulever  des  incidents  regrettables.  Les  réunions  furent  au  con- 
traire fort  calmes;  tout  le  monde  y  parut  satisfait  :  les  curés 
pour  avoir  eu  la  vice-présidence  pendant  les  fréquentes  absences 
de  F  Archevêque,  président  des  deux  Chambres;  le  Chapitre, 
qui  eut  un  scrutateur,  M.  de  Floirac,  et  deux  de  ses  membres 
rédacteurs  des  Cahiers,  MM.  Chevreuil  et  de  Malaret. 

Détail  assez  piquant  :  deux  chanoines  furent  un  jour  chargés 
d'exprimer  la  satisfaction  de  MM.  les  curés!  L'ancien  évêque  de 
Senez,  M.  de  Beauvais,  venait  d'être  élu  troisième  député;  ils 
furent  délégués  vers  lui  et  chargés  de  lui  dire  «  qu'une  des 
considérations,  qui  lui  ont  mérité  les  suffrages  de  l'Assemblée, 
c'est  qu'il  s'est  toujours  montré  l'ami  de  MM.  les  curés,  qui  re- 
mettaient leurs  intérêts  entre  ses  mains  ».  Nos  deux  chanoines 
s'acquittèrent  de  bonne  grâce  de  la  commission,  et,  à  la  Cham- 
bre de  la  Banlieue,  tous,  chanoines  et  curés,  se  quittèrent  heu- 
reux et  contents  !   D'autres  luttes  vont  commencer  :   il  ne  sera 


LE  CIIAPITHE  ET  LES  ÉTATS  GÉNÉRAUX.  107 

plus  question  de  préséances,  de  représentations,  de  prérogatives. 
Comme  sainl  Xiste  a  saint  Laurent,  les  anciens  du  clergé  auraient 
pu  dire  à  leurs  jeûnas,  confrères  :  Majora  debentur  pro  fide 
Chris  II  ce /'ta  min  a  ! 


III 


Suivant  la  coutume  de  son  Église  d'implorer  la  miséricorde 
de  Dieu  dans  les  circonstances  solennelles,  le  Chapitre  inaugura 
l'ouverture  des  Etats  généraux  par  des  prières  publiques.  «  En 
vain,  disait  l'Archevêque  de  Paris  dans  son  Mandement  du 
24  avril,  en  vain  le  Souverain  et  tous  les  sages  de  la  Nation 
réuniraient  leurs  efforts  pour  le  bonheur  de  la  France,  si  Dieu 
ne  daigne  bénir  leurs  travaux.  Implorons  donc  le  secours  du 
Ciel  ;  offrons-lui  nos  prières  et  nos  supplications  pour  tous  nos 
concitoyens,  pour  notre  Souverain,  pour  tous  ceux  qui  sont  éle- 
vés en  dignité  et  particulièrement  pour  ceux  qui  sont  chargés 
en  ce  moment  des  intérêts  de  la  Patrie.  »  Le  lundi,  4  mai,  avant 
la  messe  canoniale,  à  l'heure  même  où  la  célèbre  procession  des 
Trois  Ordres  se  déroulait  dans  les  rues  de  Versailles,  les  prières 
des  Quarante  Heures  commençaient  au  maître-autel  de  Notre- 
Dame.  Elles  se  continuèrent  pendant  trois  jours  :  le  lundi,  M.  le 
Doyen  célébra  la  Messe  du  Saint-Esprit;  le  mardi,  M.  le  Chantre 
celle  du  Saint-Sacrement;  le  mercredi,  M.  l'Archidiacre  de  Paris 
celle  de  la  Sainte  Vierge.  En  même  temps,  tout  le  clergé  de 
Notre-Dame,  dignités,  chanoines,  ATicaires  perpétuels,  bcnéfîciers, 
chapelains,  clercs  de  Matines  et  ma  chicots,  furent  invités  à  venir 
adorer  le  Saint-Sacrement  selon  l'ordre  inscrit  sur  la  table  dres- 
sée par  le  Petit  Distributeur.  De  plus,  d'après  la  teneur  du  Man- 
dement de  M.  de  Juigné,  le  Chapitre  ordonna,  dans  sa  Conclusion 
du  8  mai,  que,  chaque  dimanche  jusqu'à  la  tin  des  Etats,  on  chan- 
terait après  les  Vêpres  le  Domine  nonsecundum,  \eSub  tuum  en 
l'honneur  de  la  Sainte  Vierge,  et  le  Domine  salvum  pour  le  Roi. 

Aucun  incident  ne  vint  troubler  la  vie  capitulaire  avant  le 
milieu  de  juillet  :  les   ollices,  quoique  gênés    d'abord  par   1  As- 


198  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN"  1790. 

semblée  électorale  du  Tiers  État,  puis  par  celle  du  District  de  la 
Cité,  qui  s'étaient  établis  l'une  et  l'autre  dans  la  nef  de  Notre- 
Dame,  se  célébraient  régulièrement.  Les  deux  processions  solen- 
nelles de  l'Ascension  et  de  la  Fête-Dieu  se  firent  avec  la  splen- 
deur accoutumée;  à  la  première,  les  orfèvres  portèrent,  selon 
l'usag*e,  la  châsse  de  saint  Marcel;  la  seconde  fut  présidée  par 
l'archevêque  de  Paris.  Rien  n'indique  dans  les  registres  capitu- 
laires  le  trouble  et  la  confusion,  qui  commençaient  à  régner  dans 
la  capitale.  On  sent  une  accalmie,  qui  dura  depuis  la  fin  des  opé- 
rations électorales  jusqu'au  jour  fameux  du  14  juillet. 

La  nuit  du  13  au  14  juillet  fut  particulièrement  orageuse  à 
Notre-Dame.  Nous  avons  dit  que  le  District  de  la  Cité  y  tenait 
ses  assemblées.  Le  soir  du  13,  sur  l'annonce  de  bruits  fort  alar- 
mants, un  corps  de  garde  est  établi  dans  l'église;  d'autres  corps 
de  garde  sont  postés  à  Sainte-Marine,  à  Saint-Landri  et  à  la 
Madeleine,  avec  ordre  de  correspondre  continuellement  avec 
celui  de  Notre-Dame.  Plus  la  nuit  avance,  plus  le  trouble  croît 
dans  l'Assemblée  du  District.  A  une  heure  du  matin,  les  nou- 
velles de  la  veille  sont  confirmées  :  un  particulier  vient  annoncer 
l'arrivée  de  vingt-cinq  mille  hommes  de  troupe  et  d'autres  gens 
armés  par  le  faubourg  Saint-Martin,  pour  attaquer  les  citoyens. 
Le  président,  M.  Oudet,  organise  tout  un  système  de  défense  : 
il  ordonne  que,  dans  toutes  les  rues  étroites,  les  portes  soient 
fermées  pour  accabler  par  les  fenêtres  avec  les  carreaux  des 
chambres,  des  tuiles  et  de  l'eau  bouillante,  tous  les  ennemis 
qui  passeraient  par  ces  rues-là.  Dans  les  rues  larges,  il  recom- 
mande de  tenir  les  allées  ouvertes,  afin  que,  si  les  ennemis  ve- 
naient en  trop  grand  nombre  pour  que  les  patrouilles  et  les  corps 
de  garde  puissent  leur  résister  en  leur  faisant  face,  les  citoyens 
aient  la  facilité  de  se  mettre  dans  les  allées  et  percer  avec  leurs 
piques,  leurs  sabres,  et  même  des  broches  et  des  fourches,  les 
ennemis  à  pied  ou  à  cheval,  qui  passeraient  devant  les  allées, 
pendant  que  les  citoyens  les  accableraient  par  les  fenêtres  avec 
des  carreaux,  des  tuiles,  les  pots  même,  qu'ils  auraient  sous  la 
main  dans  leurs  maisons,  et  par  des  coups  de  fusil.  Heureuse- 
ment pour  Paris,  mais  malheureusement  pour  le  tacticien  Oudet 


LE  CHAPITRE  ET  LES  ÉTATS  GÉNÉRAUX.  199 

qui  perdit  l'occasion  de  rester  célèbre  dans  la  postérité,  on  apprend 
à  cinq  heures  du  matin  que  c'est  une  fausse  alerte  et  que  les 
ennemis  sont  imaginaires  '  ! 

Cependant  ces  bruits,  ces  craintes,  ces  discours  belliqueux 
impressionnèrent  les  chanoines  pendant  qu'au  chœur  ils  chan- 
taient Matines.  Cette  émotion  augmenta  encore  le  matin  à  la 
nouvelle  des  mouvements  populaires  qui  se  produisaient  dans 
Paris,  et  à  la  vue  d'un  grand  nombre  de  citoyens,  réunis  dans 
l'église,  armés  de  piques,  de  sabres  et  de  fusils,  pris  à  l'Hôtel 
des  Invalides.  A  l'issue  de  la  grand'messe,  les  chanoines  se  réu- 
nirent en  chapitre  extraordinaire.  «  Sur  le  rapport  fait  au  Cha- 
pitre, dit  la  Conclusion  de  ce  même  jour,  que  les  divers  districts 
de  la  Capitale,  qui  avaient  été  formés  pour  la  nomination  des 
députés  aux  Etats  généraux,  s'étaient  assemblés  chacun  dans 
son  quartier  pour  aviser  aux  moyens  d'apaiser  les  troubles  qui 
se  sont  élevés  depuis  deux  jours  dans  Paris,  et  que  nommément 
le  District  de  la  Cité  tenait  son  assemblée  dans  la  nef  de  l'é- 
glise de  Notre-Dame,  Messieurs,  désirant  concourir  autant  qu'il 
est  en  eux  au  rétablissement  de  la  paix,  chargèrent  M.  le  Chantre 
d'assurer  à  l'Assemblée  du  District  de  la  Cité  que  le  Chapitre  est 
dans  la  disposition  et  résolution  de  contribuer,  en  ce  qui  dépend 
de  lui,  à  ramener  le  calme  et  la  tranquillité  publique.  »  M.  du 
Bois-Basset,  désigné  en  l'absence  de  Monsieur  le  Doyen,  se  rendit 
le  jour  même  auprès  des  membres  du  District,  et,  quand  il  leur  lit 
part  des  bonnes  intentions  du  Chapitre,  ses  paroles  «  furent 
applaudies  par  tous  les  assistants  ».  On  connaît  les  événements 
qui  ensanglantaient  Paris,  pendant  qu'à  Notre-Dame  on  échan- 
geait l'expression  de  ces  sentiments  pacifiques. 

Le  lendemain,  15  juillet,  une  heureuse  nouvelle  vint  dédom- 
mager les  chanoines  des  tristes  événements  de  la  veille  et  les 
rassurer  sur  le  sort  d'une  personne  qui  leur  était  chère  à  plus 
d'un  titre  et  que  la  calomnie  commençait  h  perdre  dans  l'estime 
publique.  Ils  apprirent  dans  l'après-midi  que  M.  de  Juigné  se 
trouvait  à  Paris  à  la  tête  de  la  députation  que  l'Assemblée  na- 

1.  Arch.  Nat.,  C.  131. 


200  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700 

tionale  avait  envoyée  à  l'Hôtel  de  Ville  pour  y  faire  part  des 
intentions  du  Roi.  La  joie  redoubla,  quand,  à  six  heures  du  soir 
les  délégués  de  l'Assemblée  arrivèrent  à  pied  à  Notre-Dame, 
escortés  d'une  foule  immense  qui  tout  à  l'heure  avait  déposé  des 
couronnes  sur  leurs  têtes.  L'Archevêque  monte  à  son  trône  et, 
entouré  de  ses  chanoines,  il  entonne  le  Te  Deiim  d'actions  de 
grâces.  C'était  le  moment  de  «  l'espèce  d'ivresse  »  dont  parle 
M.  Thiers! 

Le  Chapitre  était  encore  sous  l'impression  de  cette  journée, 
quand  il  apprit  les  générosités  de  la  Ville  de  Paris  et  de  l'Arche- 
vêque, pour  secourir  les  ouvriers  sans  travail  de  la  capitale. 
Au  «Ion  de  45.000  livres,  déposées  au  nom  de  la  Ville  sur  le  Bu- 
reau de  l'Assemblée  nationale,  M.  de  Juigné  avait  ajouté  20.000 
livres.  Le  Chapitre  ne  pouvait  rencontrer  une  meilleure  occasion 
de  réaliser  les  promesses  qu'il  avait  faites  quelques  jours  aupa- 
ravant au  District  de  la  Cité  :  il  vota,  pour  ce  même  objet,  une 
somme  de  12.000  livres.  Quand  le  Comité  des  subsistances  eut 
connaissance  de  la  générosité  des  chanoines,  il  ne  voulut  ap- 
porter aucun  retard  à  leur  exprimer  ses  remercîments;  le  22  juil- 
let, il  délégua  son  président,  M.  Boucher  d'Argis,  et  deux  de  ses 
membres,  M.  le  curé  de  Saint-Etienne  du  Mont  et  M.  de  Farges, 
pour  leur  porter  «  le  vœu  sincère  d'une  profonde  reconnais- 
sance ».  Le  lendemain,  les  trois  délégués  se  rendirent  au  Cloitre; 
à  la  porte,  ils  furent  reçus  par  MM.  Chillaud  des  Fieux  et  de 
Tillv-Blaru,  qui  les  introduisirent  au  Chapitre.  M.  Boucher  d'Ar- 
gis exprima  «  avec  son  éloquence  naturelle  et  connue  »,  dit  la 
Conclusion  du  23  juillet,  les  sentiments  de  la  Commune  dans  un 
discours  dont  le  texte  original  nous  a  été  conservé  par  le  Cha- 
pitre lui-même  : 

«  Messieurs, 

«  L'Assemblée  de  la  Commune  a  recueilli  de  la  bouche  d'un  de 
vos  membres  le  vœu  respectable,  que  vous  avez  formé,  d'un  se- 
cours de  12.000  livres,  en  faveur  des  ouvriers  que  les  circons- 
tances   douloureuses    dans   lesquelles    nous    nous   trouvons    ont 


LE  CHAPITRE  ET  LES  ÉTATS- GÉNÉRAUX.  201 

éloignés  de  leurs  ateliers.  Le  Comité  des  subsistances  nous  a 
fait  l'honneur  de  nous  députer  A-ers  vous,  Messieurs;  il  noua  a 
chargés  de  vous  exprimer  toute  sa  sensibilité,  celle  de  la 
Commune  entière,  et  de  vous  offrir  l'hommage  respectueux  de 
la  profonde  reconnaissance  des  nombreux  infortunés  que  vos 
bienfaits  vont  nourrir.  Nous  ne  craignons  même  pas  de  le  dire  : 
la  capitale,  assainie  de  l'oisiveté  tumultueuse  de  plusieurs  mil- 
liers d'hommes  pressés  par  l'aiguillon  du  besoin,  vous  devra  son 
repos  et  chaque  citoyen  sa  sûreté  personnelle.  11  appartient  à 
des  ministres  de  la  Religion,  qui  seule  peut  consoler  de  tant  de 
désastres,  de  donner  un  si  généreux  exemple.  Cet  exemple  sur- 
tout était  digne  du  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  qui  fut  toujours 
si  fécond  en  vertus  et  qui  le  sera  toujours  par  les  modèles  que 
vous  laisserez  à  vos  successeurs.  L'nis  d'un  même  esprit  avec 
votre  Chef  vénérable,  que  vient  de  signaler  encore  cette  charité 
paternelle  qui  le  caractérise,  l'admiration  publique  ne  vous  en 
séparera  pas,  et  l'on  vous  appliquera,  comme  à  lui,  ces  paroles 
de  l'Ecriture  :  Pastor  pascit  oves.  » 

Ces  paroles  touchèrent  si  profondément  le  Chapitre  qu'il  an- 
nonça à  la  députation,  par  la  bouche  de  M.  le  Chantre,  que  les 
12.000  livres  seraient  versées  le  jour  même,  puis  M.  le  Cham- 
brier,  s'approchant  de  M.  d'Argis,  se  permit  de  lui  demander 
le  texte  de  son  discours,  qui  lui  fut  gracieusement  remis  et 
resta  épingle  à  la  Conclusion  de  ce  même  jour.  Enfin,  avant  de 
se  retirer,  les  députés  déposèrent  sur  le  bureau  du  Chapitre  la 
délibération  du  Comité. 

Ces  bons  rapports,  entre  le  Chapitre  et  les  représentants  de 
Paris,  eurent  une  nouvelle  occasion  de  se  confirmer.  Le  24  juil- 
let, six  membres  du  District  de  la  Cité  vinrent  demander  au  Cha- 
pitre une  messe  d'actions  de  grâces  «  pour  remercier  Dieu  de 
sa  protection  envers  cette  capitale  dans  les  troubles,  qui  l'ont 
affligée,  et  une  messe  de  Requiem  pour  le  repos  des  âmes  des 
citoyens  qui  ont  péri  à  l'occasion  des  mêmes  troubles  ».  Il  trans- 
mit la  demande  à  l'Archevêque,  qui  autorisa  les  deux  cérémo- 
nies pour  le  jeudi  et  le  vendredi  suivants. 


202  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Avant  de  continuer  le  récit  des  événements  qui  allaient  être, 
pour  l'Eglise  de  France,  des  signes  avant-coureurs  de  sa  ruine 
prochaine,  il  nous  faut  attirer  l'attention  sur  un  sujet  de  grandes 
consolations  donné  à  l'Église  de  Paris  au  milieu  de  tant  de  tris- 
tesses. 

Nous  avons  dit  que  le  Chapitre,  à  la  suite  de  la  Conclusion 
capitulaire  du  20  avril,  avait  fait  imprimer  sa  Protestation  contre 
le  Règlement  du  24  janvier  et  l'avait  répandue  à  profusion  dans 
tout  le  royaume.  S'il  ne  fut  pas  le  premier  à  protester,  on  doit 
dire  qu'il  prit  la  tête  du  mouvement  dès  qu'il  y  fut  entré.  La 
justesse  de  ses  revendications,  la  modération  des  termes  dans 
lesquels  il  les  formula,  puis  plus  tard  l'estime  que  méritaient  les 
deux  chanoines  de  Paris  députés  aux  Etats  généraux,  MM.  Che- 
vreuil et  de  Bonneval,  aussi  sa  proximité  de  l'Assemblée  natio- 
nale, à  une  époque  où  la  province  agissait  difficilement  sur  le 
pouvoir  central,  tout  cela  contribua  à  faire  regarder  par  les 
autres  églises  la  Protestation  du  Chapitre  de  Paris  comme  la 
plus  sûre  d'être  prise  en  considération  par  qui  de   droit. 

Dès  qu'elle  eut  paru,  les  lettres  de  félicitations  et  d'adhésion 
affluèrent  de  tous  les  points  du  royaume  ;  les  métropoles,  comme 
Lyon,  Bourges,  Cambrai,  Auch,  Albi,  et  les  églises  moins  célèbres, 
dont  beaucoup  perdues  au  fond  de  la  province,  s'adressèrent  à 
lui  pour  lui  demander  d'unir  leurs  protestations  aux  siennes  et 
de  soutenir  leurs  intérêts  communs.  «  Eloignés  de  la  capitale, 
écrivaient  par  exemple  les  chanoines  de  Digne,  n'ayant  aucun 
représentant  aux  Etats  généraux  et  jugeant  nécessaire  de  porter 
nos  plaintes  sur  l'injustice  commise  à  l'égard  de  notre  église  et 
surprise  à  la  religion  du  Roi,  nous  avons  pensé  que  vous  vou- 
driez bien  agir  en  notre  nom  et  faire  à  cet  égard  les  démarches 
que  vous  croirez  nécessaires.  La  position  où  vous  vous  trouvez 
vous  met  à  portée  de  saisir  le  moment  favorable  pour  agir  effi- 
cacement, pour  prévenir  les  décisions  injustes  que  la  compo- 
sition de  la  Chambre  ecclésiastique  aux  États  généraux  semble 
faire  craindre  et  pour  demander  que  l'Ordre  du  Clergé  soit  suffi- 
samment représenté  dans  toutes  les  classes  de  la  hiérarchie  '.  » 

1.  Lettre  du  Chapitre  de  Digne,  5  juin  1789.  —  Arvk.  Xat.,  L.  542. 


ADHÉSIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYAUME.  203 

L'archiviste  Pavillet  a  conservé  soigneusement  toute  cette 
correspondance',  qu'il  a  classée  par  ordre  alphabétique  et  dont 
il  a  fait  deux  relevés,  malheureusement -tous  deux  incomplets2. 
Le  tableau  que  nous  donnons  ici,  réunit  les  deux  rédactions  de 
Pavillet,  augmentées  des  documents  postérieurs  que  nous  avons 
trouvés  dans  les  cartons  L.  542  et  543  aux  Archives  Nationales . 

1.  Cette  correspondance  remplit  deux  cartons  aux  Archives  Nationales   -  L  54* 

et  541. 

■I.  La  dernière  page  manque  à  la  seconde  rédaction,  beaucoup  plus  soignée  et 
plus  complète  que  la  première.  «  Ce  relevé,  dit  Pavillet,  a  été  fait  dans  le  dessein 
de  donner  un  aperçu  de  cette  correspondance  et  de  faciliter  les  movens  de  con- 
naître et  de  consulter  sur-le-champ  les  pièces  dont  on  pourrait  avoi/besoin    . 


RELEVÉ 


de  la  correspondance  des  Chapitres  du  Royaume  avec  le  Chapitre 
de  l'Église  de  Paris,  relativement  à  l'Assemblée  des  États  gé- 
néraux. 


Abbeville. 


Agde. 

Aire-en-Artois. 

Aire -en- Gasco- 
gne. 

Aix-  en -Proven- 
ce. ' 

Alais. 

Albi. 


Aleth. 


Amiens. 


Angers. 


Chapitre  de  St- 
"Wulfran. 


Cathédrale. 

Cathédrale. 
Cathédrale. 

Cathédrale. 

Cathédrale. 

Cathédrale. 


Collégiale  de  St- 

Salvi. 
Cathédrale. 


Cathédrale. 


Cathédrale  et 
Chapitres    de 
Saint-Laud  et 

Saint- Martin. 
Collégiales  de 
Saint  -  Pierre 
et  Saint-Mau- 
rice. 


Lettre  très  tlatteuse  qui  annonce  une 
adhésion  au  Chapitre  d'Amiens  (16 
mai  1789).  Voyez  Amiens.  —  Nou- 
velle adhésion  à  la  Protestation  du 
Chapitre  de  Paris  ;  pouvoirs  à  ses 
députés  et  lettre  de  confiance  (21 
juin). 

Voyez  Béziers.  Lettre  et  copie  de  Mé- 
moires (1790). 

Voyez  Arras. 

Lettre  du  29  novembre  1789,  deman- 
dant des  conseils. 

Lettres  du  18  mai  et  du  24  novembre. 

Lettre  très  tlatteuse  (12  mai).  Voyez 
Béziers  et  Saint-Omer. 

Lettre  très  honnête  (18  mai).  Adhésion 
à  la  Protestation  du  Chapitre  de 
Paris  et  procuration  (30  mai).  Se- 
conde lettre  très  honorable  (1er 
juin). 

Adhésion  au  Chapitre  dAlbi. 

Lettre  des  plus  flatteuses  (24  mai). 
Adhésion  pure  et  simple  par  acte 
capitulaire  à  la  Protestation  du  Cha- 
pitre de  Paris.  Seconde  lettre  très 
honnête  (7  juin)  et  procuration  (4 
juin). 

Adhésion  imprimée  a  la  Protestation 
du.  Chapitre  de  Paris  (7  juin).  Pro- 
curation en  conséquence  (2  juin). 
Lettre  très  honnête  (7  juin). 

Lettre  circulaire  avec  précis,  récla- 
mations, protestations  et  significa- 
tions i26  mai). 


(li  Ce  relevé  contienl  aussi  la  correspondance,  que  reprirent  avec  le  Chapitra 
de  Paris  plusieurs  Chapitres  du  Royaume,  notammenl  après  la  mise  à  la  dispo- 
sition île  la  Nation  des  biens  «lu  clergé  (novembre  1789)  et  la  motion  de  l'Assem- 
blée nationale  tendant  à  enlever  à  la  religion  catholique  son  titre  de  religion 

d'Etat  (avril  1790).  Toutes  les  dates,  .sauf  indication  contraire,  se  rapportent  à 
l'année  1789. 


ADHÉSIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYAUME. 


205 


Deuxième  envoi.  Procuration  ,19  juin). 

Lettre  très  intéressante  remplie  de  té- 

moignages   d'estime    et    d  affection 

(20  juin). 

Angoulème. 

Cathédrale. 

Adhésion  aux  Protestations  de  l'église 
de  Rayeux  (  17  avril). 

Api. 

Cathédrale*. 

Représentations  imprimées  sans  let- 
tre  8  mai). 

Arras     et    tout 

Remontrances    et  Protestations   sans 

l'Artois. 

lettre  (28  avril). 

Avallon. 

Collégiale       de 

Lettre  très  honnête  (16  mai).  Adhésion 

Notre  -Dame 

formelle  à  la  Protestation  du  Chapi- 

et    Saint-La- 

tre de  Paris. 

zare. 

Auch. 

M.  l'A  pc  hevê- 

Lettre  très  llatteuse  (23  mai). 

(jue. 
Cathédrale. 

Représentations  et  Protestations.  Let- 
tre circulaire.  Adhésion  du  Chapitre 
de  Lectoure,  de  ceux  de  Saint-Pierre 
de  Vic-Fézensac,  Saint-Jean-Daptiste 
deRarreau,  Saint-Michel  de  Pesson, 
Saint-Nicolas  de  Nogaro,  Notre- 
Dame  de  Simore,  Saint-Sernin  de 
Sas,  de  l'abbé  de  Saramon  et  de 
l'Abbaye  de  Rerdoues. 

A\  ranche . 

Voyez  Coutances. 

Délibération   et    réclamations     contre 

Aurillac. 

Cathédrale. 

la  motion  de  l'évoque    d'Autun    (2i 

octobre). 

Auxerre. 

Cathédrale. 

Représentations  au  Roi  et  lettre  cir- 
culaire (20  mai). 

Bayeux. 

M.   l'Evêque    et 
la  Cathédrale. 

Représentations  au  Roi  sans  lettre. 

Bar-le-Duc. 

Chapitre  Noble. 

Lettre  très  llatteuse  (17  mai).  Le  Cha- 
pitre, aprèsavoir  adhéré  aux  Protes- 
tations des  Chapitres  de  Rarrois,  de 
la  Lorraine  et  desTrois-Évêchés,  se 

réunit   encore  à  eux    pour    adhérer 

ensemble   à   celle   du    Chapitre    de 

Paris. 

Rayonne. 

Cathédrale. 

Adhésion  aux  Protestations  de  Tours 
(28  avril)  et  simple  lettre  (6  juin). 

Beaune. 

Collégiale. 

Lettre  de  remerciements.  Adhésion  de 
ce  Chapitre  à  celui  de  la  cathédrale 
de  Dijon  (18  mai). 

Beauvais. 

Cathédrale. 

Lettre  très  honnête  (8  mai).  Adhésion 
au  chapitre  de  Reims  (25  mai). 
Deuxième  lettre  avec  le  dit  acte  d'ad- 
hésion. 

Besançon. 

Cathédrale. 

Représentations  au  Roi (18  mai).  Lettre 
circulaire. 

Béziers. 

Toute  la   Séné- 

Protestations,  deux  exemplaires,  sans 

chaussée,com- 

lettre,    et    depuis     Procuration    au 

posée  df  s  évo- 

Chapitre de    Paris,  en  vertu    d'acte 

ques  d'Agde, 
de    St-Pons, 

capitulaire    avec    lettre   en    consé- 

quence i2'i  mai). 

200 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 


Blois. 
Bordeaux. 

Boulogne -sur' 

Mer. 

Bourg-en-Bres- 

se.^ 
Bourges. 

Bretagne. 

Caen. 


Cahors. 
Cambrai. 


C  hàl  on  s-  sur 

Marne. 
Chartres. 


Saint-Claude. 

Condom. 

Coutances. 

Dauphiné. 


de  Béziers. 
de  Lod  èv  e, 
d'Àlais  et  des 
Chapitres  de 
ces  cathédra- 
les. 
Cathédrale. 


Cathédrale. 
Collégiale  de  St- 

Seurin. 
M.  l'Évêque. 

Cathédrale. 
Collégiale. 

Cathédrale. 

Ég-lise  et  No- 
blesse. 

Collégiale  du 
Saint  -  Sépul- 
cre. 

Cathédrale. 

Cathedra  le. 
Chapitre      de 
Saint  e- Croix 
et  de  Walin- 
court. 

Collégiale  de 
Saint-Gérv. 

Clergé  régulier 
de   Cambrai. 

Cathédrale. 

Cathédrale. 


Cathédrale. 
Cathédrale. 
Cathédrale. 


Clergé    et    No- 
blesse. 


Adhésion  par  acte  capitulaire  (25 
avril'  avec  lettre  en  conséquence. 
Lettre  très  honnête  (10  mai). 

Réclamations,  sans  lettre  (30  mai). 

Observations  et  doléances.  Lettre  cir- 
culaire. 

Lettre  très  flatteuse  ,1er  mai). 

Réclamations.  Lettre  circulaire  (5  juin). 
Lettre  très  flatteuse  (20  mai). 

Représentations  au   Roi   et  lettre   cir- 
culaire. 
Délibération  du  17  avril. 

Lettre  de  remerciements  (25  mai). 


Réclamations  et  Protestations  1 15  mai) 
Réclamations  sans  lettre. 


Réclamations  particulières. 
Réclamations  et  Protestations. 

Délibération  et  lettre  circulaire  (26 
maii. 

Réclamations  et  Protestations.  Cahier 
de  doléances  et  demandes. 

Lettre  très  honnête  (5  mai).  Nouvelles 
déclarations  et  protestations. 

Union  au  Chapitre  de  Paris  21  avril 
1790). 

Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapi- 
tre de  Paris  (1er  juin).  Procuration 
et  lettre. 

Lettre  très  flatteuse  (18  mai).  Adhésion 
au  Chapitre  de  Tours.  Mâcon  et 
Baveux. 

Réclamations.  Lettre  aussi  flatteuse 
qu'énergique  :  «  La  Protestation  du 
Chapitre  de  Paris  parait  mériter  un 
suffrage  universel.  Tous  les  Chapi- 
tres devraient  se  réunir  pour  n'en 
faire  qu'une  avec  lui  »  (14  mai). 

Lettre  imprimée  (28  avril). 


ADHESIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYM'ME. 


20: 


Dax. 

Saint-T)i''. 

Dijon. 


DoI-en-Breta 
gne. 


Èvreux. 


Saint-Félix     de 
Caraman. 


Fréjus. 

Gap. 

Grasse. 


Lan  grès. 
Laon. 
Lavaur. 
Lectoure. 


Lille- en- Flan 
dre. 


Cathédrale. 
M.  L'Evêque. 

Cathédrale. 
Cathédrale. 

Cathédrale. 

Cathédrale. 

Collégiale. 

Cathédrale. 

M.  l'Evêque. 
Cathédrale. 
M.  l'Evêque. 

Cathédrale. 


Cathédrale. 
Cathédrale. 
Cathédrale. 
Toute   la  Séné- 
chaussée. 


Cathédrale. 


C  ollégiale  St- 
Pierre. 


Réclamations.  Procuration  au  Chapitre 
de  Paris.  Lettre   5  décembre  , 

Lettre  très  honnête  qui  accuse  la  ré- 
ception de  la  Protestation  du  Cha- 
pitre de  Paris    15  juin). 

Adhésion  par  lettre  ( 30  novembre). 

Réclamation  ei  Protestation  sans  lettre  : 
plus  lettre  reçue  au  mois  de  novem- 
bre; plus  lettre  <lu  '.',  décembre,  pro- 
messe d'adhérer. 

Déclaration  et  protestation  tant  de 
l'ordre  de  l'Église  que  de  celui  de 
la  Noblesse,  assemblés  à  Saint- 
Brieuc.  Lettre  de  remerciements. 
Lettre  de  doléances  7  octobre). 

Acte  capitulaire  (19  avril  1790), .por- 
tant union  au  Chapitre  de  l'Eglise 
de  Paris  et  adhésion  à  toutes  pro- 
testations faites  ou  à  faire. 

Adhésion  portant  acte  capitulaire  et 
procuration  au  Chapitre  de  Paris. 

Lettre  pleine  de  confiance  et  d'hon- 
nêteté (26  mai  . 

Réclamations.  Lettre  contenant  des 
plaintes  contre  le  traitement  odieux 
que  ce  Chapitre  a  éprouvé  ;  confiance 
dans  le  Chapitre  de  Paris  (28  mai). 

Réclamations  et  protestations.  Deux 
lettres  très  ilatteuses  (1er  juin,. 

Nouvelle  lettre  qui  propose  une  pro- 
curation   1,J  juin  . 

Lettre  (20  mai).  Autre  lettre  envoyant 
un  exemplaire  de,  la  Protestation  du 
Chapitre  de  son  Eglise  (23  mai). 

Piéelamations  et  Protestations.  Lettre 
des  plus  Ilatteuses.  qui  annonce  que 
la  Protestation  du  Chapitre  a  servi 
de  modèle  *  25  mai).  Autre  lettre  fort 
timide  pour  offrir  procuration  au 
Chapitre  de  Paris  (23  novembre;. 

Lettre  très  honnête  (6  juin  . 

Lettre  (mai  ou  juin). 

Protestation  sans  lettre. 

Cahier  de  doléances,  avis  et  remon- 
trances, précédé  du  discours  de 
M.  l'Evêque.  Lettre  très  honnête  de 
ce  prélat    18  mai  . 

Voyez  Auch. 

Lettre  très  intéressante  et  très  dé- 
taillée sur  la  conduite  des  curés  du 
Béarn  (3  juin).  Le  Chapitre  fera 
cause  commune  avec  le  Chapitre  de 
Paris. 

Lettre  de  remerciements  pleine  d'é- 
loges pour  le  Chapitre  de  Paris  (20 
mai). 


208 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE   PARIS  EN  1790. 


Limoges. 

Lyon. 
Lisieux. 

Lodève. 


Lombez. 

Cathédrale. 

Luçon. 

Cathédrale. 

Mac  on. 

Cathédrale       et 

Chapitre    No- 

ble  de    Saint- 

Pierre  . 

Saint-Malo. 

Cathédrale. 

Mariana-en 

Corse. 


Maubeuge. 
M  t-aux. 


Metz. 


Cathédrale. 


Les  Comtes   de 

Saint-Jean. 
Cathédrale. 


Chapitre. 


M.  l'Évêque. 


Collégiale  St- 

Quentin. 
Cathédrale. 


Cathédrale. 


Collège     Saint- 
Sauveur. 


Lettre  cpui  accuse  réception  de  la  Pro- 
testation (15  mai).  Seconde  lettre 
et  acte  d'adhésion  à  la  Prjtestation 
du  Chapitre  de  Paris  (22  mai). 

Lettre  très  honnête  (22  mai). 

Lettre  très  honorable  pour  le  Chapi- 
tre de  Paris  avec  des  détails  parti- 
culiers à  la  province  de  Norman- 
die. 

Voyez  Béziers.  Adhésion  et  lettre. 
Deux  lettres,  l'une  du  o  juin,  l'au- 
tre du  19  novembre.  Cette  dernière 
proteste  contre  les  décrets  du  4  no- 
vembre. 

Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de  Paris.  Procuration  et  lettre  très 
honnête  (1er  juin). 

Voyez  Poitiers. 

Adhésion  par  acte  capitalaire  à  la 
Protestation  du  Chapitre  de  Bayeux.' 
Point  de  lettre. 

Déclaration  et  Protestation  de  l'ordre 
de  l'Eglise.  Déclaration  de  la  no- 
blesse. Déclarations  des  ordres  de 
l'Eglise  et  de  la  Noblesse  de  Breta- 
gne. Lettre  du  Roi  pour  la  convoca- 
tion. Lettre  du  Chapitre  de  Saint- 
Malo  fort  honnête  et  contenant  des 
détails  relatifs  à  la  forme  pour  la 
Bretagne. 

Lettre  très  intéressante  et  très  hono- 
rable pour  le  Chapitre  de  Paris  dans 
le  genre  des  Instructions  et  pleine 
de  vues  politiques. 

Lettre  de  remerciements. 

Adhésion  par  acte  capitulaire  à  la 
Protestation  du  Chapitre  de  Paris 
(8  mai). 

Adhésion  par  acte  capitulaire  à  la  Pro- 
testation du  Chapitre  de  Paris;  deux 
lettres  des  8  et  26,  mai,  dont  la 
deuxième  annonce  l'Église  de  Paris 
comme  le  centre  commun  :  et  un 
grand  nombre  d'adhésions  des  diffé- 
rents Chapitres  des  Trois-Evèchés. 
trop  volumineuses  pour  être  en- 
voyées. (Elles  l'ont  été  depuis.) 

Adhésion  par  acte  capitulaire  à  la  Pro- 
testation du  Chapitre  de  Paris.  Lettre 
fort  obligeante. 


ADHÉSIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYAUME. 


209 


Mirepoix. 
Montpellier, 

Nancy. 

Nantes. 
Xarbonne. 


Nîmes. 


Nevers. 


Nu  von. 
Saint-Omer 


Orange. 


Dix-huit 
pitres 


Cha 
ou 
Gommunau 
tés. 
Cathédrale. 


Chapitres  coll 
giaux     réunis 
et  cathédrale. 


Cathédrale. 

Cathédrale. 
Primatiale. 


Collégiale  Saint 
Paul. 

Cathédrale. 


Cathédrale. 


Cathédrale. 
Cathédrale. 


Cathédrale. 


Adhésions  par  actes  capitulaires  aux 

actes  du  Chapitre  de  Metz  (1). 


Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de    Paris.    Procuration    (15  juin     cl 
lettre  très  flatteuse  (24  juin  . 
Lettre   très  honorable  (5  juin).  Adhé- 
sion pure  et  simple  (2  juin)  à  la  Pro- 
testation du  Chapitre  de  Paris.  Lettre 
très    honnête.    Autre    adhésion    du 
9  novembre. 
Lettre  très  honnête  contenant  le  détail 
de  la  conduite  qu'a  tenue  le  Chapitre 
et  ses    trois    protestations   particu- 
lières (13  mail. 
Lettre  très  honorable  pour  le  Chapitre 

de  Paris  (16  mai). 
Adhésion  par  acte  capitulaire  à  la  Pro- 
testation du  Chapitre  de  Paris. 
Lettre  très  honorable  (19  mai).  2e  en- 
voi;   pouvoirs  par   acte   capitulaire 
au    Chapitre     de   Paris    de    consti- 
tuer procureurs  pour  celui  de  Nar- 
bonne.      Lettre      très      affectueuse 
(26  mail 
Procuration  au   Chapitre  de  Paris   et 
lettre    très   honorable    et   pleine   de 
confiance  (16  mai  |. 
Lettre  très  honorable  pour  le  Chapitre 
de  Paris.  On  y  reconnaît  la  supério- 
rité  de    sa    Protestation    (10    mai). 
Plus    réclamations,   procuration    au 
Chapitre  de  Paris  et  lettre  très  hono- 
rable.   Mémoire,    observations,    im- 
primés et  avis  au  peuple   sur  l'abo- 
lition des  dîmes. 
Lettre   d'approbation   de   la   Protesta- 
tion du  Chapitre  de  Paris.  Celui  de 
Nevers  en  a  fait  un  article  du  Cahier 
de     doléances    de     cette     province' 
(29  mai). 
Lettre  très  sage  du  2  décembre. 
Voyez    Arras.     Depuis,     discours    de 
MM.   les    Députés    du   Chapitre    de 
Saint-Omer,  imprimé  :  il  y  est  fait 
mention  d'Alais. 
Réclamations    et    lettre    fort  honnête 
(1er  juin). 


(1)  Les  Are/uvcs  Nationales  ont  conservé  les  lettres  des  onze  chapitres  sui- 
vants :  Abbay.;  royale  de  Sainte-Glassinde,  Religieuses Prêcheresses,  Religieuses 
fle  Samt-Antoine  de  Padoue,  Prieuré  royal  de  la  Magdelaine.  Frères  Prêcheurs 
Abbaye  de  Saint-Vincent.  Collégiale  de  Saint-Thibault,  abbaye  de  Saint-Svm- 
pnonen,  Chapitre  royal  de  Saint-Louis.  Abbaye  loyale  de  Saint-Arnoud,  Ursu- 


CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE   PARIS. 


14 


210 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 


Orléans. 


Saint-Papoul. 


Paris. 


Perpignan. 


Poitiers. 


Saint-Pol-de 
Léon. 


Saint-Pons. 
Saint-Quentin. 


Reims. 


Rennes. 


Cathédrale. 


Cathédrale. 


Chapitre  de  St- 

Honoré. 
Chapitre  de  Ste- 

Opportune. 


Sorbonne. 


Cathédrale. 


Cathédrale  et 
les  collégiales 
de  Saint-Hi- 
laire,  Sainte- 
Radeg  onde, 
Notre  -Dame 
la  Grande, 
Saint  -  Pierre 
le  Pue  Hier, 
Saint-Maurice 
de  Montaigu 
et  Luçon,  ca- 
thédrale. 

Cathédrale. 


Cathédrale. 
Chapitre  royal. 

M.  l'Archevê- 
que. 
Cathédrale. 

Cathédrale. 


Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de  Paris.  Lettre  très  intéressante 
où  il  est  fait  mention  des  bénéfices 
électifs  (26 juin).  Adhésion.  Acte  ca- 
pitulaire  du  5  mai  1790. 

Protestations.  Adhésion  à  celle  du  Cha- 
pitre de  Paris.  Lettre  très  honnête 
(2  juin). 

Lettre  très  ilatteuse  (23  maij. 

Adhésion  pure  et  simple  à  la  Protesta- 
tion du  Chapitre  de  Paris  par  acte 
capitulaire.  Lettre  de  remerciements 
(27  mai). 

Lettre  de  remerciements  de  M.  le  Bi- 
bliothécaire, qui  excuse  le  Sénieur 
de  son  oubli  (18  juin). 

Lettre  pleine  de  remerciements,  de 
compliments  et  de  confiance.  Elle 
annonce  une  adhésion  de  tous  les 
Chapitres  de  la  province  et  ensuite 
une  procuration  ^10  juin). 

Réclamations  et  lettre  circulaire.  Pou- 
voirs du  3  décembre. 


Lettre  très  honorable  pour  le  Chapitre 
de  Paris,  avec  un  exemplaire  de  la 
Déclaration,  pareil  à  celui  qui  a  été 
envoyé  par  Dol  et  Saint- Malo  (27 
mai).  Office  de  procuration  (30  no- 
vembre). 

Voyez.  Béziers.  Pouvoirs  au  Chapitre 
et  lettre  (14  novembre). 

Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de  Paris  (7  juin).  Procuration  et  lettre 
comme  «  au  premier  Chapitre  du 
Royaume  »  (8  juin). 

Lettre  très  honorable  et  très  flatteuse 
pour  le  Chapitre  de  Paris   (8   mai). 

Réclamations  et  Protestation.  Simple 
lettre  d'envoi. 

Exemplaire  de  déclaration,  pareil  à 
ceux  qui  ont  été  envoyés  par  les 
églises  de  Dol,  Saint-Malo  et  Saint- 
Pol-de-Léon.  Lettre  très  honnête 
contenant  des  détails  sur  la  forme 
particulière  de  Bretagne  (8  mai). 


ADHÉSIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYAUME. 


211 


Rieux. 

Riez. 

La  Rochelle. 

Rouen. 
Senez. 

Senlis. 


Sens. 
Toul. 


Toulon. 


Toulouse. 


Tournus. 
Tours. 

Troyes. 


Cathédrale. 
Cathédrale. 
Cathédrale. 

Cathédrale. 

M.  l'Lvêque. 

Cathédrale. 

Collégiale       de 
Saint-Rieul. 

Cathédrale. 
M.  l'Évêque. 

Cathédrale. 

Collégiale  deSt- 
Gengoul. 

Cathédrale. 


Cathédrale. 


Collégiale  de 
Saint  -Sernin. 

Chapitre  de  St- 

Philibert. 
Cathédrale. 

Chapitre  Noble 
de  Saint-Mar- 
tin. 

Cathédrale  et 
Chapitres  ré- 
guliers des 
deux  sexes 
commendatai- 
res  et  béné- 
ficiersdu  Bail- 
liage. 


Lettre  très  honnête  et  très  affectueuse 
pour  le  Chapitre  de  Paris  (14  mai). 

Adhésion  par  lettre  à  la  Protestation  du 
Chapitre  de  Paris  (21   mai). 

Représentations  au  Roi.  Elles  sont  de 
la  plus  grande  vigueur.  Lettre  cir- 
culaire. 

Protestation.  Lettre  circulaire.  Procès- 
verbaux. 

Lettre  très  affectueuse  de  ce  Prélat 
(24  mai). 

Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de  Paris  (27  mai). 

Lettre  remplie  de  témoignages  de  sen- 
sibilité et  de  vénération  pour  le  Cha- 
pitre de  Paris  (22  mai). 

Réclamations.  Lettre  circulaire. 

Adhésion  par  écrit  à  la  Protestation  du 
Chapitre  de  Paris  avec  pouvoirs  d'a- 
gir en  conséquence. 

Lettre  pleine  de  témoignage  de  con- 
fiance et  d'estime. 

Adhésion  par  acte  capitulaire  à  la  Pro- 
testation du  Chapitre  de  Paris. 

Lettre  très  honnête. 

Lettre  très  énergique  contre  les  abus 
du  Règlement  du  2i  janvier  et  les 
intrigues  des  curés,  qui  se  sont  si 
peu  respectés.  Éloges  des  Protes- 
tations du  Chapitre  de  Paris.  Re- 
présentations et  lettre  circulaire 
(13  mai). 

Représentations  et  Protestation.  Adhé- 
sion à  la  Protestation  du  Chapitre  de 
Paris  par  acte  capitulaire.  Procura- 
tion avec  les  pouvoirs  les  plus  illi- 
mités. Lettre  qui  annonce  la  plus 
haute  confiance. 

Adhésion  de  ce  Chapitre  à  la  Métropole 
de  Toulouse,  exprimée  dans  une 
lettre  au  Chapitre  de  Paris. 

Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 
de  Paris  (5  juin). 

Représentation  à  Sa  Majesté.  Sans 
lettre. 

Lettre  très  honorable  pour  le  Chapitre 
de  Paris  :  elle  contient  des  détails 
historiques  très  bien  présentés. 

Réclamations  et  Protestation  sans  let- 
tre. Procuration  du  Chapitre  de  la 
cathédrale  (24  avril  1790  . 


■2i2 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 


Tulle.  Cathédrale.  Représentations    à    Sa  Majesté.    Plus 

tard,  procuration.  Lettre  à  propos  de 
l'imposition  du  quart  du  revenu 
(3  décembre). 

Valence.  Cathédrale.  Adhésion  à  la  Protestation  du  Chapitre 

de    Paris. 

Verdun.  Cathédrale.  Représentations.  Lettre  au  Chapitre  de 

Paris  portant  que  les  protestations 
n'ont  pu  convenir  au  Chapitre  de 
Verdun,  parce  qu'heureusement  il 
n'était  pas  dans  le  cas  de  les  em- 
ployer, mais  que,  sur  tout  le  reste,  il 
adhère  aux  sentiments  et  aux  plaintes 
du  Chapitre.  Puis  il  donne  sa  procu- 
ration (6  juin). 

Vienne.  Cathédrale.  Lettre  très  honnête  portant  qu'il  vient 

d'écrire  à  son  Archevêque  pour  le 
prier  d'appuyer  aux  Etats  généraux 
les  demandes  du  Chapitre  de  Paris. 
Procuration  (4  juin)    1  . 


il    Le  Chapitre  devienne  crut  devoir  retirer  sa  procuration  le  15  mai  1790. 


En  parcourant  ce  tableau,  on  compte  près  de  cent  trente 
églises  métropolitaines,  cathédrales,  collégiales  ou  régulières  en 
communion  aA*ec  celle  de  Paris;  les  archevêques  et  évoques 
de  Reims,  Auch,  Boulogne-sur-Mer,  Saint-Dié,  Gap,  Grasse, 
Mariana-en-Corse,  Toul,  Senez,  adressent  au  Chapitre  leur  ac- 
cusé de  réception  dans  les  termes  les  plus  flatteurs.  La  lettre 
de  ce  dernier,  M.  Roux  ou  Ruffo  de  Bonneval,  frère  du  chanoine 
bien  connu  de  nos  lecteurs,  est  particulièrement  intéressante. 

«  J'ai  reçu,  Messieurs,  avec  bien  de  la  reconnaissance  et  un 
entier  assentiment  les  Protestations  du  Chapitre  de  l'Eglise  de 
Paris  :  rien  n'est  plus  digne  d'un  corps  ecclésiastique  aussi  dis- 
tingué par  ses  lumières  que  par  ses  vertus.  11  est  fâcheux  sans 
doute  qu'une  partie  du  clergé  ait  à  se  plaindre  de  l'autre,  mais 
on  ne  saurait  employer  plus  de  sagesse  et  de  mesure  contre 
plus  d'entreprise  et  de  licence.  J'ai  vu  dans  le  nombre  de  vos 
représentants  un  nom  qui  doit  m'intéresser  à  vos  succès  et  qui 
me  les  fera  toujours  partager  en  frère  et  en  confrère.  Signé  : 
Jeax-Baptiste,  évêque  de  Senez1.  » 
1.  Lettre  du  24  mai  1780.  —  Arch.  Xat.,  L.  543. 


ADHÉSIONS  DES  CHAPITRES  DU  ROYAUME.  213 

Un  grand  nombre  d'Eglises  donnèrent  aux  chanoines  de  Paris 
une  marque  encore  plus  significative  d'estime  et  de  confiance. 
Quarante-six  leur  adressèrent  procuration  authentique  «  pour 
veiller  à  la  conservation  et  à  la  défense  de  l'Eglise  de  N...  pen- 
dant la  tenue  des  Etats  généraux,  leur  donnant  pleins  pouvoirs  de 
constituer  tous  procureurs  généraux  et  spéciaux,  pour  faire  va- 
lablement, au  nom  du  Chapitre  de  N...,  tout  ce  qu'ils  pourront 
et  jugeront  à  propos  de  faire  pour  eux-mêmes,  approuvant  le  tout 
d'avance  et  y  adhérant  dès  à  présent  ;  voulant  mesdits  sieurs 
et  entendant  que,  pour  agir  valablement  en  leur  nom,  les  dé- 
putés ou  procureurs  fondés  du  Chapitre  métropolitain  de  Paris 
n'aient  besoin  que  des  pouvoirs  qui  leur  seront  donnés  à  cet 
effet  par  Messieurs  dudit  Chapitre  de  Paris1  ». 

Les  procurations  des  quarante-six  Églises  ne  parvinrent  pas 
toutes  au  Chapitre  au  printemps  de  1789  :  quelques-unes  ne 
lui  furent  envoyées  qu'en  novembre  suivant,  après  le  vote  met- 
tant les  biens  du  Clergé  à  la  disposition  de  la  Nation,  et  d'au- 
tres seulement  en  avril  1790,  quand  l'Assemblée  nationale 
aborda  la  question  délicate  de  la  Religion  d'État.  Quand  M.  de 
Bonneval  monta  alors  à  la  tribune  pour  arrêter  les  tendances 
de  l'Assemblée,  il  put  parler  au  nom  des  Eglises  suivantes  : 
—  cathédrales  :  Agde,  Aix,  Albi,  Aleth,  Amiens,  Angers,  Auch, 
Autun,  Béziers,  Saint-Claude,  Dax,  Saint-Dié,  Digne,  Dijon, 
Evreux,  Fréjus,  Grasse,  Lescar,  Lodève,  Lombez,  Meaux,  Mire- 
poix,  Montpellier,  Narbonne,  Nîmes,  Noyon,  Perpignan,  Poitiers, 
Saint-Pol-de-Léon,  Saint-Pons,  Toul,  Toulouse,  Troyes,  Tulle, 
Yahres,  Verdun,  Viviers,  Uzès  ;  —  collégiales  :  Saint- Vulfran 
d'Abbeville,  Saint-Félix  de  Caraman,  Saint-Gilles  en  Langue- 
doc, Saint-Paul  de  Narbonne,  Saint-Quentin,  Saint-Sernin  de 
Toulouse,  Saint-Pierre  et  Saint-Chef  de  Vienne.  Rien  de  beau 
comme  ce  spectacle  de  l'Église  de  France  presque  entière,  s'unis- 
sant  au  Chapitre  de  l'Église  de  Paris,  qui,  en  ces  jours  de  deuil 
i-t  de  tristesse,  est  reconnue  une  dernière  fois  comme  «  la  pre- 
mière du  royaume!  » 

l.  Modèle  de  procuration  donné  par  le  chapitre  d'Amiens.   —  Arch.  \a(.,  L.  542. 


214  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE  DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

La  saison  de  la  récolte  approchait  et  les  fermiers  du  Chapitre, 
suivant  les  clauses  de  leurs  baux,  s'apprêtaient  à  recueillir  les 
fruits  des  dîmes  et  des  droits  seigneuriaux  qu'ils  tenaient  en 
loyer.  Mais  les  esprits,  même  dans  les  campagnes,  étaient  fort 
exaltés  et  bien  des  paroisses  eurent,  avant  l'Assemblée  natio- 
nale, leur  «  nuit  du  4  août!  »  Depuis  que  la  moisson  était  com- 
mencée, les  réclamations  des  fermiers  arrivaient  presque  chaque 
jour  à  Paris;  ils  se  plaignaient  des  prétentions  des  habitants  au 
sujet  des  dîmes.  Les  paroisses  de  Fresne-les-Rungis,  L'Hay, 
Chevilly,  Bourg-la-Reine,  Orly,  étaient  décidées  à  restreindre 
les  droits  de  dîme  et  même  à  les  refuser  totalement.  Les  dé- 
mêlés des  habitants  de  Wissous,  où  le  Chapitre  avait  des  biens 
et  des  droits  considérables,  et  du  fermier,  le  sieur  Auboin,  ému- 
rent particulièrement  les  chanoines.  Celui-ci  leur  dénonça,  par 
exploit  du  3  août,  une  délibération  de  la  paroisse  de  Wissous 
en  date  du  27  juillet,  portant  que  les  habitants  n'entendaient 
ne  plus  payer,  à  compter  de  la  présente  année,  les  dîmes  de 
tous  grains,  de  foin  et  autres  qu'à  raison  de  quatre  gerbes  ou 
bottes  par  arpent,  au  lieu  de  la  quantité  accoutumée1. 

Une  telle  décision  pouvait  effrayer  le  fermier  à  qui  elle  devait 
causer  un  préjudice  considérable  ;  il  somma  en  conséquence  le 
Chapitre  de  déclarer,  le  jour  même,  s'il  entendait  que  lui,  Au- 
boin, ramassât  les  quatre  gerbes  ou  bottes  au  lieu  de  ce  qui  lui 
revenait  de  droit. 

Le  Chapitre  n'avait  pas  l'intention  de  céder,  d'autant  plus  qu'il 
voyait  se  généraliser,  dans  l'étendue  de  ses  terres,  de  si  injustes 
prétentions  :  il  déclara  s'en  tenir  au  bail  de  1784  et  rendit  le 
fermier  responsable  de  la  levée  des  dîmes. 

Cette  décision  fut  prise  au  matin  du  5  août;  les  chanoines 
étaient  loin  de  se  douter  de  ce  qui  s'était  passé  à  Versailles 
dans  la  fameuse  nuit  historique,  qui  venait  de  finir!  Au  moment 
où  le  Chapitre  revendiquait  si  fort  ses  droits,  il  allait  apprendre 
que  l'Assemblée  nationale  avait  fait  en  son  nom  à  la  Patrie  le 
sacrifice  de   tous  ses  droits    féodaux!  Le   dimanche  16  août,  à 

1.  Cfr.  l'énumération  et  la  quotité  des  dîmes  de  Wissous  (page  124,  note  2). 


BÉNÉDICTION  DES  DRAPEAUX.  215 

Tissue  des  vêpres,   il  fit  chanter  ù  cette  occasion  un  Te  Deum 
en  musique1  :  le  chanta-t-il  de  bon  cœur'.' 

Les  vacances  ramenèrent  un  peu  d'accalmie  au  Chapitre  :  la 
solennité  du  15  août  se  célébra  en  la  manière  accoutumée  et  le 
mois  de  septembre  vit  de  nouveau  s'ouvrir  à  Notre-Dame  les 
prières  des  Quarante  Heures,  demandées  personnellement  par  le 
Roi.  «  Louis  XVI,  dit  d'Auribeau,  affecté  des  violents  débats 
de  l'Assemblée  et  de  l'agitation  qui  régnait  à  Paris  et  dans  les 
provinces,  plein  de  confiance  en  la  miséricorde  divine,  eut  re- 
cours aux  prières  publiques,  selon  l'usage  de  ses  ancêtres,  et  les 
demanda  aux  évêques  dans  une  lettre  touchante  qui  dépeignait 
parfaitement  la  situation  du  royaume11.  »  Elles  furent  célébrées 
à  Notre-Dame  les  13,  14  et  15  septembre.  La  bénédiction  des 
drapeaux  de  la  Garde  nationale  attira,  quelques  jours  plus  tard, 
le  '27,  une  aflluence  énorme  et  fut  l'occasion  d'une  splendide  céré- 
monie, dont  les  historiens  et  les  graveurs  nous  ont  conservé  le 
souvenir.  Nous  la  décrirons  ici  en  reproduisant  seulement  le 
procès-verbal  inséré  à  la  suite  de  la  Conclusion  capitulaire  du 
28  septembre. 

«  Dimanche  dernier,  27  septembre,  vers  midi,  on  apporta  dans 
la  nef  de  l'église  de  Paris  les  drapeaux  des  soixante  régiments 
de  la  Garde   nationale   parisienne.    Mgr  l'Archevêque  les   bénit, 

1.  «  Sur  le  rapport  fait  par  M.  le  Chantre  que  Monseigneur  l'Archevêque  de  Paris 
avait  prié-chargé  M.  de  Floirac,  chanoine,  de  prévenirle  Chapitre  qu'il  se  proposait, 
conformément  au  vœu  de  l'Assemblée  nationale,  de  donner  un  Mandement  pour  or- 
donner que  le  Te  Deum  serait  chanté  dans  toutes  les  églises  de  son  diocèse,  à  l'occasion 
des  délibérations  prises  dans  l'Assemblée  nationale  le  4  de  ce  mois  ;  Messieurs,  après 
eu  avoir  délibéré,  ont  nommé,  pour  en  conférer,  suivant  l'usage,' avec  Monseigneur 
^Archevêque,  M.  Chevreuil,  chancelier, et  M.  «le  Bonneval,  chanoines,  tous  deux  dé- 
pûtes  a  l'Assemblée  nationale,  et  ont  arrêté,  au  désir  du  Prélat,  manifesté  par  îiion- 
ilit  S'  de  Floirac,  que  le  Te  Deum  demandé  sera  Chanté  en  musique  dans  l'église! 
de  paris  dimanche  prochain  à  Tissus  îles  vêpres  avec  le  verset  Senediçémus Par. 
trem,  etc.,  et  l'oraison  Pro gr'atiarum  aclione  et  le  verset  Fiai  manus  êwa,etc.,  l'orai- 
son  Proregeet  celle  Pro  Congregatione  staluum  Regni.  »  CùhcLcap.,  1 1  août  IÎ89. 

•-'.  Le  Chapitre  deDolen  Bretagne  lui  reprocha  cett£  cérémonie  :  «  Toute  la  France; 
écrivit-il  au  Chapitre  le  7  octobre  1789,  fut  étonnée  à  la  nouvelle  que,  la  nuit  du 
1  août,  il  avait  été  fait  au  nom  de  toute  l'Église  cession  et  abandon  de  ses  dîmes 
et  droits  féodaux;  qu'ensuite,  pour  remercier  Dieu  de  ce  que  l'on  venait  de 
dépouiller  son  Église  et  l'aire  de  ses  ministres  des  esclaves  et  «les  serfs,  il  avait 
été  chanté  un  Te  Deum  au  son  de  tous  les  instruments  ».  Àrch.  Nat.,  L.  542. 

'■>.   Me, noires,  t.  Ier,  p.  IJO. 


210  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

avec  les  cérémonies  accoutumées,  à  la  porte  du  chœur,  en  même 
temps  qu'ils  lui  étaient  présentés  par  les  officiers  de  la  Garde. 
La  cérémonie  n'ayant  pris  fin  qu'à  trois  heures  et  demie,  on 
sonna  None  à  cinq  heures.   » 

Le  mois  d'octobre  débuta  par  les  lugubres  journées  qui  virent 
le  roi  et  la  famille  royale  ramenés  à  Paris.  L'Assemblée  natio- 
nale, se  déclarant  indissolublement  unie  à  la  personne  du  roi . 
quitta  Versailles  et  s'installa  à  Paris  dans  les  locaux  de  l'Ar- 
chevêque et  du  Chapitre.  La  deuxième  portion  du  secrétariat 
occupa  la  salle  capitulaire;  derrière  la  balustrade,  appelée  la 
barre,  on  établit  le  bureau  du  Comité  des  finances,  le  reste  de  la 
salle  fut  réservé  au  bureau  de  judicature,  aux  comités  du  com- 
merce, de  rapport  et  d'atîaires  diverses.  La  grande  porte  dut  res- 
ter ouverte  et  les  rues  du  Cloître  furent  livrées  à  la  circulation  pu- 
blique, car  il  fut  réglé  que  les  voitures  des  députés  entreraient  par 
la  porte  de  l'Archevêché,  et,  après  avoir  contourné  l'église  Notre- 
Dame,  sortiraient  par  celle  du  Cloître.  Nos  chanoines  sentaient 
l'ogre  bien  près  d'eux  ;  il  ne  va  pas  tarder  à  faire  savoir  qu'il  a  faim  ! 

Dans  une  adresse  que  ses  députés  rédigèrent  vers  la  fin  de 
septembre,  l'Assemblée  nationale  avait  lancé  aux  églises  du 
royaume  cette  invitation,  presque  comminatoire  :  «  Que  de  ri- 
chesses, dont  un  luxe  de  parade  et  de  vanité  a  fait  sa  proie,  vont 
redevenir  des  moyens  actifs  de  prospérité!  Combien  la  sage  éco- 
nomie des  individus  peut  concourir  avec  les  plus  grandes  vues 
pour  la  restauration  du  royaume!  Que  de  trésors,  accu- 
mulés par  la  piété  de  nos  pères  pour  le  service  des  autels,  sor- 
tiront de  l'obscurité  pour  le  service  de  la  Patrie  et  n'auront  pas 
changé  leur  religieuse  destination!  Voilà  les  réserves  que  j'ai  re- 
cueillies dans  les  temps  prospères,  dit  la  Religion  sainte;  je  les 
rapporte  à  la  masse  commune  dans  les  temps  de  calamité.  Ce  n'é- 
tait pas  pour  moi;  un  éclat  emprunté  n'ajoute  rien  à  ma  gran- 
deur; c'était  pour  vous,  pour  l'Etat,  que  j'ai  levé  cet  honorable 
tribut  sur  la  piété  de  vos  pères  !  »  Cette  éloquente  prosopopée 
fut  convertie  le  6  octobre  en  un  décret,  dont  l'article  XXI  était 
ainsi  conçu  :  «  L'Assemblée  nationale  invite  les  particuliers  à 
porter  leur  argenterie  à  l'Hùtel  des  Monnaies.  » 


OFFRANDES  PATRIOTIQUES.  217 

Le  Chapitre  de  Paris  était  trop  près  de  l'Assemblée  pour  ne  |ms 
entendre  les  applaudissements  qui  accompagnaient  l'offrande  de 
chaque  don  patriotique.  Messieurs  de  Sainte-Geneviùve  apportent 
un  candélabre  d'argent  du  poids  de  248  marcs;  le  collège  des 
Irlandais,  toute  son  argenterie  ;  Saint-Martin  des  Champs  donne 
tous  ses  biens  !  Les  premiers  jours  d'octobre,  M.  le  Chambrier  fît 
part  au  Chapitre  des  désirs  de  l'Assemblée  nationale  ;  les  chanoines 
hésitèrent,  semble-t-il,  à  renouveler  un  sacrifice  qu'ils  avaient 
déjà  consenti  il  y  avait  à  peine  trente  ans.  «  Messieurs,  dit  la 
conclusion,  considérant  qu'en  vertu  d'une  conclusion  du  3  dé- 
cembre 1759  et  d'après  l'invitation  faite  au  Chapitre  et  aux 
autres  ecclésiastiques  par  lus  lettres  patentes  du  roi  en  date  du 
2G  octobre  de  la  môme  année  et  réitérée  par  la  lettre  écrite  au 
nom  de  Sa  Majesté  aux  archevêques,  évêques  du  royaume  le 
14  novembre  suivant,  il  avait  été  déjà  envoyé  mille  trente  marcs 
d'argenterie  qui  n'avaient  pas  été  remplacés  par  d'autre...  l»  En 
effet,  le  3  décembre  de  cette  même  année,  le  Chapitre  avait  en- 
voyé à  la  Monnaie  toute  la  garniture  du  maître-autel  et  le  lampa- 
daire offert  par  le  chanoine  Petitpied  ;  cependant,  continue  la 
conclusion,  désirant  donner  une  marque  de  son  zèle  et  de  son  amour 
patriotique,  le  Chapitre  charge  M.  le  Chambrier  etMM.  les  Inten- 
dants de  la  Fabrique  de  voir  «  si,  malgré  l'épuisement  causé  par 
l'envoi  de  1759,  il  resterait  quelques  objets  à  offrir  sans  nuire 
à  la  décence  du  culte  divin  ». 

Les  chanoines,  désignés  parle  Chapitre,  recherchèrent  les  ob- 


1.  Même  générosité  sous  Châties  VI.  «  Les  trésoriers  du  roi  et  ses  conseillers 
évaluaient  à  plus  d'un  million  d'éeus  d'or  la  somme  qu'on  demandait  pour  La  défense 
du  royaume.  Comme  ils  ne  pouvaient  lever  cette  énorme  contribution  ni  sur  le- 
villes  sujettes  du  roi.  de  peur  qu'elles  ne  suivissent  l'exemple  de  la  révolte,  ni  sur 
la.  ville  de  Paris,  qu'ils  savaient  avoir  été  surchargée  cette  année,  au  nom  du  Roi, 
d'exactions  intolérables,  ils  imaginèrent  un  moyen  qui  pouvait  leur  être  avanta- 
geux, mais  qui  devait  être  peu  agréable  à  Dieu  et  aux  Saints.  Ce  Fut  de  prendre 
les  trésors  et  joyaux  des  égli  ses  pour  p  trfaire  ladite  si  un  me.  il-  commencèrent  par 
la  cathédrale  de  Notre-Dame  de  Taris  et  se  Qrent  donner  par  le  roi,  avec  le  con- 
sentement des  chanoines,  une  croix  d'or  ornée  de  pierres  précieuses  et  un  reliquaire 
d'or,  contenant  la  très  précieuse  lètc  de  l'apôtre  saint  Philippe.  Chron.  de  St~ 
Denys,  t.  V,  145,  1.  XXXVIII,  eh.  xxii.  ("est  ce  que  Louis  XI,  vidant  à  son  tour 
les  caves  de  Notre-Dame,  appelait  trouver  de  l'argent  «  en  un  pas  d'àne  «.Michelet. 
Jlisi.  de  France,  t.  VII,  p.   2i(J,  en  notes. 


218  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

jets  que  l'on  pourrait  sacrifier,  et,  le  12  octobre,  ils  présen- 
tèrent une  liste,  qui  comprenait  : 

1°  Un  grand  lampadaire  d'argent  composé  de  sept  lampes  et 
d'un  chapiteau  couronné  d'une  gloire  ; 

2°  Une  grande  croix  de  vermeil  avec    son  christ  ; 

3°  Une  autre  croix  de  vermeil  sans  christ; 

4°  Trois  grands  vases  d'argent; 

5°  Deux  réchauds  d'argent  ; 

6°  Une  tasse  de  bois  de  Tanary,  montée  en  argent; 

7°  Une  absconse   d'argent; 

8°  Quatre  burettes  et  une  cuvette  d'argent; 

9°  Une  grande   et  une  petite  boîte  d'argent . 

Le  même  jour,  le  Chapitre  approuva  ce  choix,  mais  un  sentiment 
de  délicatesse,  et  peut-être  aussi  un  motif  d'espoir,  l'empêcha  de 
se  démunir  du  lampadaire  d'argent,  sans  avoir  obtenu  l'agrément 
préalable  de  la  municipalité.  Cette  superbe  pièce  d'orfèvrerie,  en 
forme  de  vaisseau  et  portant  les  armes  de  Paris,  avait  été  pré- 
sentée (à  la  Sainte  Vierge,  en  167G,  au  nom  de  la  ville,  par  M.  Le 
Pelletier, alors  Prévôt  des  Marchands,  assisté  de  quatre  échevins 
et  du  Procureur  du  Roi.  Elle  remplaçait  une  ancienne  lampe, 
donnée  par  François  Àliron,  au  lieu  et  place  «  du  cierge  de  ville  », 
qui  était  offert  à  Notre-Dame  de  Paris  par  les  habitants  depuis 
1357  *.  Bailly,  en  répondant  à  M.  du  Pinet,  qui  lui  avait  fait 
part  des  intentions  du  Chapitre,  n'éprouva  pas  les  mêmes  senti- 
ments que  François  Miron,  qui  croyait  «  que  c'est  une  impiété 
de  violer  les  vœux  de  ses  ancêtres  et  un  sacrilège  de  n'entretenir 
pas  une  si  sainte  fondation  ».  Voici  sa  lettre,  dont  l'autographe 
est  resté  épingle  à  la  conclusion  capitulaire  du  12  octobre  : 


1.  Félibien,  t.  III,  p.  35.  —  L'offrande  de  la  <•  bougie  de  la  grandeur  de  la  ville  », 
promise  le  14  août  1357,  à  l'époque  de  la  captivité  du  roi  Jean,  se  fit  régulièrement 
chaque  année.  Elle  cessa  pendant  25  ou  30  ans  au  temps  de  la  Ligue  «  à  cause 
des  grands  frais  ».  En  1605,  François  Miron  la  rétablit  d'une  manière  différente  en 
donnant  de  ses  deniers  une  lampe  de  20  marcs  d'argent.  Les  Parisiens  lui  votèrent 
des  remerciements.  La  ville  payait  chaque  année  100  livres  à  la  sacristie  des  Messes 
pour  l'huile  de  la  lampe.  Arxh.  Kat.  II.  3158,  Comptes  de  Thouvenel,  sacristain. 


OFFRANDES  PATRIOTIQUES.  210 

«  Monsieur, 

«  J'ai  communiqué  à  l'Assemblée  de  la  commune  la  lettre  que 
vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire  et  la  délibération  prise  par  le 
Chapitre  de  Notre-Dame.  L'Assemblée  m'a  chargé  de  vous  an- 
noncer qu'elle  consentirait  volontiers  à  ce  que  la  lampe  en  forme 
de  vaisseau,  donnée  par  la  ville,  fût  envoyée  à  la  Monnaie,  et,  en 
vous  félicitant  sur  le  patriotisme  dont  le  Chapitre  de  Notre-Dame 
vient  de  donner  des  preuves,  je  m'applaudis  d'être  en  ce  moment 
l'organe  de  l'Assemblée. 

«  J'ai  l'honneur  d'être  avec  un  très  sincère  attachement  votre 
très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

«  Signé  :  Bailly.  » 

Le  17  octobre,  le  Chapitre  fit  porter  à  la  Monnaie  quatre  cent 
trente  marcs,  trois  onces,  dix  deniers  d'argent1  et  le  grand  lam- 
padaire fut  remplacé  provisoirement  par  une  lampe  allumée,  dont 
l'entretien  resta  à  la  charge  de  la  ville2. 

Le  Chapitre  dut  s'imposer  bientôt  un  autre  sacrifice  plus  pénible 
encore.  Nous  avons  vu  avec  quel  éclat  il  aimait  à  célébrer  les  céré- 
monies du  culte  à  Notre-Dame;  c'est  avec  un  soin  tout  particulier 
qu'il  veillait  à  l'exécution  de  la  musique  sacrée  et  les  dépenses, 
même  parfois  exagérées,  ne  l'arrêtaient  pas  dans  les  circonstances 
solennelles  pour  que  le  chant,  uni  à  la  symphonie,  remplit  de 
saintes  émotions  les  cœurs  des  fidèles. 

La  Toussaint  approchait;  mais  cette  fête,  d'ordinaire  si  édifiante, 
s'annonçait  cette  année  sous  les  plus  lugubres  augures.  Depuis 

1.  «  Vu  le  certificat  de  l'envoi  fait  hier  à  la  Monnaie,  en  exécution  des  conclu- 
sions du  3  et  du  12  de  ce  mois,  des  différentes  pièces  d'argenterie  désignées  i :^ 
dites  conclusions,  lequel  certificat  est  signé  de  M.  Dupeiron  de  la  Coste,  directeur 
do  la  Monnaie,  et  contresigné  du  sieur  Batgras,  contrôleur-contre-garde  de  lad. 
Monnaie.  Messieurs  ont  ordonné  que  led.  certificat  serait  déposé'  aux  Archives  du 
Chapitre.  »  Concl.  cap.  du  16  octobre. 

2.  Plusieurs  chanoines  figurent  dans  les  listes  des  citoyens  qui  déposèrent  des 
dons  patriotiques:  dans  celles  publiées  par  le  Journal  de  Paris,  nous  avons  relevé' 
les  suivants  :  m.  chevreuil,  vingt-un  marcs  cinq  onces;  M.  deLaunay,  sept  marcs 
deux  onces  vingt  el  un  deniers  :M.  Viet  de  Villers,  soixante-douze  marcs  six  onces 
un  denier.  Supplément  au  n°  291,  p.  x  et  suivantes. 


220  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

que  l'Assemblée  nationale  avait  commencé  à  l'Archevêché  une  dis- 
cussion des  plus  irritantes  à  propos  des  Biens  ecclésiastiques 
(17  octobre",  le  parvis,  le  cloître  et  même  l'église  Notre-Dame 
étaient  envahis  d'une  foule  sur  les  intentions  de  laquelle  on  ne 
pouvait  pas  se  méprendre  :  si  bien  que  le  27  octobre,  sur  la  pro- 
position de  M.  le  Chantre,  le  Chapitre  décida  «  vu  les  circons- 
tances »  de  supprimer,  aux  fêtes  de  la  Toussaint  et  des  Morts, 
l'allocation  «  pour  les  voix  et  instruments  »,  que  l'on  appelait  à 
Notre-Dame  pour  les  grandes  solennités. 

La  mesure,  provisoire  d'abord,  ne  tarda  pas  à  devenir  définitive . 
Le  11  décembre  suivant,  «  M.  le  Chantre  a  exposé,  lisons-nous 
dans  la  conclusion  de  ce  même  jour,  que  le  Chapitre,  par  conclu- 
sion du  2  mai  1786,  aurait  consenti  par  forme  d'essai  à  l'établis- 
sement d'une  classe  de  musique  et  de  plain-chant  en  faveur  des 
nouveaux  sujets  admis  dans  l'église  et  non  encore  suffisamment 
instruits  dans  ces  deux  arts;  que  ledit  établissement  aurait  été 
maintenu,  toujours  par  forme  d'essai,  en  vertu  de  délibérations 
capitulaires,  pendant  les  années  1787  et  1788,  mais  que,  dans 
la  présente  année,  il  n'était  intervenu  aucune  conclusion  à  ce  sujet  : 
qu'en  conséquence  il  croyait  devoir  requérir  sur  cet  objet  les  in- 
tentions de  la  Compagnie,  d'autant  plus  que  par  le  fait  ladite 
classe  ne  se  tenait  plus  depuis  le  1er  novembre  dernier.  Il  a  ajouté 
que  le  Chapitre,  par  sa  conclusion  du  28  octobre  dernier,  avait 
arrêté  que  les  voix  et  instruments,  appelés  aux  fêtes  solennelles 
et  soldés  en  vertu  de  la  conclusion  du  15  novembre  1780,  ne  le 
seraient  pas  cette  année  pour  les  fêtes  de  la  Toussaint  et  des 
Morts,  sauf  au  Chapitre  à  prononcer  sur  ce  qu'il  conviendrait 
faire  par  la  suite  ;  qu'ainsi  il  serait  nécessaire  que  le  Chapitre  vou- 
lût bien  aussi  statuer  sur  ce  point;  sur  quoi,  des  deux  objets  mis 
en  délibération.  Messieurs  ont  arrêté,  sur  le  premier,  que  la 
classe  de  musique  et  de  plain-chant  cesserait  d'être  continuée; 
sur  le  deuxième,  que  les  voix  et  instruments,  appelés  aux  solenni- 
tés de  l'église,  ne  le  seraient  plus  dorénavant  jusqu'à  ce  qu'il  en 
ait  été  autrement  ordonné.  » 

Au  lieu  des  saintes  mélodies,  on  entendit,  pour  la  Toussaint  et 
les  Morts,  une  foule  de  bandits,  armés  de  piques,  conduits  par  le 


LA  FETE  DE  LA  TOUSSAINT.  221 

sinistre  Jourdan  Coupe-Téte,  qui  pérorait  à  la  o-rand'porte  de 
Notre-Dame,  hurler  aux  abords  du  lieu  saint  et  jusque  dans 
l'église  contre  les  ecclésiastiques  qui  passaient  et  les  menacer  de 
mort  s'ils  ne  voulaient  pas  rendre  leurs  biens.  Ce  fut  un  tonnerre 
quand  des  émissaires  vinrent  annoncer  aux  furieux,  massés  dans 
la  nef  de  Notre-Dame,  que  l'Assemblce  nationale  venait  de  décré- 
ter que  «  tous  les  biens  du  Clergé  sont  à  la  disposition  de  la 
Nation { !  » 

1.  CiV.  Mémoires  d'Auribeau. 


CHAPITRE  SIXIEME 

LA  SUPPRESSION  DU  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME. 


.  Les  Biens  du  Clergé  mis  à  la  disposition  de  la  Nation.  Atteintes 
au  y  droits  du  Chapitre.  Cérémonies  à  Notre-Dame.  Visite  du  Roi  et  de  la  Reine. 
Déclarations  générale  et  partielles  des  Biens  du  Chapitre.  Les  chanoines  et  le 
décret  du  13  novembre  1789.—  II.  La  Religion  d'État.  Déclaration  du  Cha- 
pitre. Ses  députés  à  l'Assemblée  nationale.  Protestations  et  Procurations  des 
Chapitres  du  Royaume.'L'émeute  envahit  le  Cloître.  —III.  La  suppression  du 
Chapitre.  La  Constitution  civile  du  clergé.  Nouvelle  déclaration  pour  fixer  la 
pension  des  chanoines.  Chapitre  du  17  novembre.  Protestations.  Dire  de  M.  de 
Montdenoix.  Formalités  remplies  par  les  Officiera  municipaux.  Dernière  messe 
capitulaire.  Dernier  chapitre.  — IV.  Les  Inventaires.  Opérations  des  Officiers 
municipaux  à  Notre-Dame  :  orfèvrerie,  ornements,  mobilier.  Apposition  des 
scellés  sur  la  Bibliothèque.  Confiscation  du  sceau  capitulaire.  Conclusion. 


I 


Entraînée  par  l'audace  de  ses  prétentions ,  encouragée  aussi 
par  la  violence  des  mouvements  populaires,  qui  se  produisirent 
à  ses  portes  pendant  les  dernières  séances,  l'Assemblée  nationale 
se  devait  d'accélérer  le  plus  possible  la  spoliation  de  l'Eglise 
de  France  et  la  ruine  de  la  Religion  catholique.  Bien  que  le  dé- 
cret du  2  novembre  ne  supprimât  pas  les  chapitres,  nous  faisons 
cependant  dater  de  cette  époque  la  fin  de  celui  de  Paris. 

N'était-ce  pas  pour  lui  déjà  l'agonie,  que  de  se  voir  dépouiller 
de  ses  immenses  richesses  et  de  ses  droits  si  étendus,  dont  les 
revenus  lui  permettaient  de  soutenir  la  majesté  du  culte  et  les 
nombreuses  fondations,  dont  il  avait  la  charge?  Un  Chanoine, 
une  Dignité,  allait  devenir  «  un  salarié  »!  La  Constitution  civile 
du  Clergé  ne  fera  que  consommer  l'œuvre  du  décret  du  2  no- 


224  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

vembre.  Voici  le  Chapitre  de  Paris  arrivé  à  ses  derniers  jours  : 
ces  pages  vont  raconter  l'histoire  de  sa  mort! 

Deux  faits,  qui  n'étaient  que  trop  significatifs,  vinrent  lui  ap- 
prendre, dès  les  premiers  jours  qui  suivirent  la  promulgation 
du  décret,  dans  quel  état  d'esprit  on  était  à  son  égard  :  l'un  l'at- 
teignait comme  propriétaire,  l'autre  comme  justicier.  C'était  at- 
taquer ses  deux  titres  les  plus  honorables. 

Les  habitants  de  Sucy-en-Brie,  objet  de  la  part  du  Chapitre 
d'abondantes  charités  durant  le  terrible  hiver  de  1789,  s'étaient 
montrés  peu  reconnaissants  à  l'égard  de  leur  bienfaiteur  :  «  11 
se  répand  le  bruit,  écrivait  Hardy  dans  son  Journal  à  la  date  du 
13  janvier-  1789,  que  Messieurs  des  Doyen,  Chanoines  et  Cha- 
pitre de  l'Eglise  de  Paris,  sollicités  par  le  curé  de  la  paroisse  de 
Sucy,  dont  ils  ont  la  seigneurie,  de  lui  procurer  les  moyens  de 
soulager  les  habitants,  pour  lesquels  il  ne  pouvait  plus  absolu- 
ment rien  faire  ayant  épuisé  toutes  ses  ressources,  et  ces  ecclé- 
siastiques presque  tous  riches  ayant  borné  leur  générosité  à  en- 
vover  soi-disant  quatre  louis  d'or,  qui  n'avaient  pas  été  acceptés 
par  le  curé,  les  habitants  du  voisinage  aussi  mécontents  de  ces 
Messieurs  qu'ils  avaient  lieu  d'être  satisfaits  de  la  libéralité  de 
plusieurs  autres  seigneurs  du  canton,  auraient  fourragé  les  bois 
et  autres  biens  appartenant  au  Chapitre.  » 

La  prétendue  avarice  des  chanoines  n'était  qu'un  prétexte  :  le 
décret  du  2  novembre  en  fut  un  autre.  Quand  les  habitants  de 
cette  même  paroisse  apprirent  que  les  Biens  ecclésiastiques 
étaient  à  la  disposition  de  la  Nation,  ils  recommencèrent  leurs 
pillages  au  point  que  le  Chapitre  dut  requérir  auprès  de  Bailly 
l'aide  de  la  force  armée  pour  faire  respecter  ses  propriétés.  Celui- 
ci  en  référa  à  M.  de  la  Faj'ette,  le  13  novembre  :  «  Le  Chapitre 
de  l'Eglise  de  Paris  se  plaint,  Monsieur  le  Marquis,  de  la  dévas- 
tation des  bois  qui  lui  appartiennent  à  Sucy-en-Brie  ;  il  demande 
que  pour  l'empêcher  on  lui  accélère  un  détachement  de  la  garde 
de  Paris;  je  ne  sais  si  cela  ne  contrarierait  pas  vos  dispositions 
et  je  m'adresse  à  vous  pour  vous  demander  s'il  est  possible  de 
faire  à  Sucv  ce  que  Ton  fait  à  Yincennes1.  Indépendamment  de 

1.  Les  dispositions  prises  pour  les  bois  de  Yincennes  et  de  Boulogne  étaient  en 


ETAT  DES  ESPRITS. 

l'intérêt  du  Chapitre,  il  y  en  a  un  qui  peut  vous  déterminer  à 

employer  des  forces  pour  arrêter  ces  excès.  Les  bois  des  envi- 
rons de  l 'a  ris  sont  une  ressource  intéressante  pour  l'approvision- 
nement de  cette  ville  :  si  on  les  dévaste,  on  causera  à  Paris  un 
préjudice  très  considérable;  ainsi,  Monsieur  le  Marquis,  si  la 
chose  vous  est  possible,  je  crois  qu'il  sera  fort  utile,  en  venant 
au  secours  du  Chapitre,  d'assurer  les  ressources  de  la  ville  de 
Paris1.  »  La  Fayette  répondit  deux  jours  après  qu'il  pensait 
comme  le  Maire  de  Paris  et  qu'il  allait  communiquer  sa  lettre  à 
l'aide-major  chargé  du  service  de  l'arrondissement  de  Paris,  afin 
qu'il  prenne  toutes  les  précautions  pour  arrêter  ces  désordres  , 
«  s'il  peut  le  faire  toutefois,  ajoute-t-il,  sans  nuire  au  service  de 
la  capitale  2  ». 

En  même  temps  le  Chapitre  voyait  ses  droits  de  justice  lui  être 
disputés  au  siège  même  de  sa  plus  haute  juridiction  à  Paris.  Le 
vendredi  20  novembre,  le  Lieutenant  du  Bailliage  de  la  Barre 
du  Chapitre,  M.  Cothereau,  apprend  par  l'huissier  Fauveau  qu'un 
particulier  est  tombé  des  tours  de  Notre-Dame  devant  la  porte 
principale,  lieu  situé  dans  la  juridiction  capitulaire.  Cothereau, 
usant  du  droit  que  lui  confère  sa  fonction,  donne  l'ordre  de  faire 

toul  ras  fort  insuffisantes,  caries  réclamations  pleuvent  sur  le  Bureau  de  la  Mu- 
nicipalité pendant  tout  l'hiver  suivant  et  les  mesures  restent  à  chaque  fois  ineffi- 
caces. 

1.  Cfr.  Correspondance  de  Bailly  et  de  La  Fayette.  Bibliothèque  nationale.  Mss. 
F.  fr.  n.  11697,  fol.  11  recto. 

i.  Les  relations  entre  le  Chapitre  et  les  habitants  de  Sucy  devinrent  moins  ten- 
dues, presque  amicales.  Quelque  temps  après  les  actes  de  dévastation,  dont  nous 
parlons,  le  Chapitre  recul  communication  'l'une  délibération  de  la  municipalité  de 
Sucy  demandant  aux  chanoines  de  se  servir  pour  ses  réunions  de  la  salle  de 
l'Auditoire  et  de  lui  laisser  la  vérification  des  poids  et  mesures.  En  retour,  elle 
assurait  Messieurs  -  du  zèle  et  de  la  surveillance  qu'ils  des  habitants)  ue  cesse- 
raient d'avoir  pour  tout  ce  qui  peut  intéresser  le  Chapitre  ».  Cette  protestation  de 
fidélité,  qui  ressemblait  de  bien  près  a  un  acte  de  contrition,  fut  fort  bien  accueil- 
lie des  chanoines,  et  ils  décidèrent  ••  de  témoigner  à  MM.  les  .Maire  et  Officiers 
municipaux  du  bourg  de  Sucy  leur  satisfaction  de  l'intention  où  ils  sonl  de  dé- 
fendre imites  les  propriétés  et  de  maintenir  le  bon  ordre  et  la  police,  les  assu- 
rant que,  dans  tous  les  temps,  ils  ont  cherché  à  donner  aux  habitants  de  Sucy 
des  preuves  de  leur  affection  ».A  de  si  beaux  gages  de  pardon,  les  chanoines  ajou- 
tèrent la  permission  de  se  servir  de  l'Auditoire  et  la  cession  des  poids  et  mesures. 
Concl.  ca/iii.  du  20  mars  1790.  Orly  obtint  les  mêmes  avantages  le  17  mai  suivant. 
Le  Chapitre,  par  conclusion  du  29  janvier  1790,  avait  voti  la  somme  de  150  1. . 
peur  l'atelier  de  charité,  établi  à  Sucy  peur  le  soulagement  des  pauvres. 

CHAPITRE   DE   SOTRE-DAME   DE   PARIS.  15 


220  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

transporter  le  cadavre  à  l'Auditoire  pour  dresser  procès-verbal  ; 
quand  au  même  moment,  le  sieur  Durand,  président  du  District, 
arrive  avec  des  fusilliers  et,  sous  prétexte  que  c'est  un  fait  de 
police,  donne  des  ordres  pour  qu'on  conduise  le  corps  à  la  caserne. 
«  Ce  que  ne  pouvant  empêcher,  dit  Cotliereau  dans  son  procès - 
verbal,  nous  nous  sommes  retiré  à  l'effet  de  dresser  le  présent 
acte  sous  toute  protestation  et  pour  la  conservation  des  droits  à 
qui  il  appartiendra.  » 

Chaque  jour  les  embarras  se  multipliaient  pour  le  Chapitre, 
chaque  jour  un  de  ses  droits  était  menacé,  un  de  ses  privilèges 
violé.  Le  refus  de  payer  les  dîmes,  opposé  aux  fermiers  du  Cha- 
pitre à  l'époque  de  la  moisson,  que  nous  avons  signalé  au  cha- 
pitre précédent,  lui  suscita  de  nouvelles  difficultés.  Malgré  la  dé- 
cision capitulaire  du  5  août,  qui  maintenait  les  fermiers  dans  tous 
leurs  droits ,  plusieurs  localités  persistèrent  dans  leurs  préten- 
tions. Xous  avons  dit  que  Chevilly  était  du  nombre.  Son  curé, 
voyant  la  Saint-Martin  passée,  époque  où  il  devait  recevoir  son 
gros  du  fermier,  adressa  ses  réclamations  au  Chapitre  dans  les  pre- 
miers jours  de  janvier  1790.  Sa  demande  fut  nécessairement  bien 
accueillie  et  le  Chapitre  donna  ordre  à  son  receveur  général  de 
payer  au  curé  de  Chevilly,  selon  l'estimation  du  prix  des  halles 
de  Paris  au  jour  de  la  Saint-Martin ,  les  dix-neuf  septiers  de 
grains  qui  lui  étaient  dus,  les  deux  tiers  en  blé  tel  que  de  dime, 
le  reste  en  avoine  [. 

Au  milieu  de  ses  graves  soucis ,  le  Chapitre  reçut  cependant 
quelques  consolations,  on  peut  même  dire  certains  honneurs,  de 
ceux  mêmes  qui  devaient  le  plus  travailler  à  sa  ruine  et  consom- 
mer bientôt  sa  suppression. 

Le  25  janvier,  M.  le  Doyen  réunit  extraordinairement  après 
les  vêpres  le  Chapitre,  pour  lui  rendre  compte  qu'un  officier  de 
l'État-Major  de  la  Garde  nationale  de  Paris  était  venu  le  prévenir 

1.  Concl.  capit.  du  18  janvier  1790.  —  En  ce  même  mois,  le  Grenier  à  sel  re- 
fusa catégoriquement  de  délivrerai]  Chapitre  la  provision  de  sel  qu'il  avait  cou- 
tume de  donner  pour  les  frais  de  l'Obit  sale.  Au  chapitre  général  de  la  Chande- 
leur, il  fut  décidé  qu'on  distribuerait  a  Messieurs  la  somme  que  le  Chapitre 
versait  ordinairement  au  Grenier  à  sel  pour  la  délivrance  des  quatre-vingt-seize 
iiiinots. 


CÉRÉMONIES  A  NOTRE-DAME.  227 

que  l'Assemblée  des  représentants  de  la  Commune  avait  arrêté 
de  faire  déposer  à  Notre-Dame  les  drapeaux  des  ci-devant  Gar- 
des Françaises.  Le  même  jour,  une  lettre  de  Mulot,  chanoine  de 
Saint- Victor  et  président  de  cette  Assemblée,  vint  officiellem  mt 
prévenir  les  chanoines  de  l'intention  des  représentants  de  la  Com- 
mune qui  avaient  pensé  «  que  les  drapeaux  des  ci-devant  Gar- 
des Françaises,  dont  ils  doivent  faire  hommage  à  la  Commune, 
ne  pouvaient  être  déposés  dans  un  lieu  plus  convenable  que  près 
du  sanctuaire  de  l'église  Notre-Dame  ».  Par  un  sentiment  de  dé- 
licatesse à  l'égard  de  la  personne  royale,  le  Chapitre  chargea 
M.  le  Doyen  d'aller  trouver  immédiatement  M.  de  Saint-Priest, 
ministre  d'Etat  au  département  de  Paris,  pour  lui  faire  part  des 
intentions  de  la  Commune  et  le  prier  de  lui  faire  connaître  les 
volontés  du  Roi.  M.  de  Saint-Priest  répondit  au  Doyen  que  tel 
était  le  désir  de  Sa  Majesté;  en  conséquence,  la  cérémonie  fut 
fixée  au  lendemain. 

«  Le  26  janvier,  dit  la  conclusion  du  27,  vers  une  heure  de 
l'après-midi,  MM.  les  représentants  de  la  Commune  de  Paris, 
accompagnés  d'un  nombreux  détachement  de  la  Garde  nationale, 
ayant  M.  le  Maire  à  leur  tète,  se  sont  rendus  à  l'église  Notre- 
Dame,  où  ils  ont  été  reçus  par  MM.  Radix  et  de  Vienne,  et,  étant 
entrés  dans  le  chœur,  les  officiers  de  la  Garde  nationale  sont  ailes 
chercher  à  la  sacristie  M.  le  Doyen,  qu'ils  ont  accompagné  jus- 
qu'au chœur,  «à  l'entrée  duquel  il  a  été  harangué  par  l'un  des 
membres  de  la  Commune;  après  quoi,  il  s'est  avancé,  revêtu  de 
la  chape  et  d'une  étole  rouges  jusqu'au  sanctuaire  où  étaient 
rassemblés  un  grand  nombre  de  Messieurs,  et,  s'étant  placé  dans 
un  fauteuil  entre  M.  Bailly,  maire,  et  M.  de  La  Fa}'ette,  com- 
mandant général  de  la  Garde  nationale,  M.  le  Maire  a  présenté  à 
l'Église  de  Paris  au  nom  de  la  Commune  les  drapeaux  des  cy-de- 
vant  Gardes  Françaises  au  nombre  de  soixante-six;  lesquels  ont 
été  reçus  par  M.  le  Doven  pour  être  déposés  dans  le  Trésor  de 
ladite  Eglise,  suivant  les  intentions  de  Sa  Majesté.  L'orgue  a 
joué  pendant  ladite  cérémonie,  qui  a  été  précédée  et  suivie 
du  bourdonnement  d'usage  lorsque  le  corps  de  ville  vient 
à   Notre-Dame.    Et   après    la    cérémonie    lesdits    drapeaux    ont 


228  LE  CHAPITRE    DE   NOTRE-DAME  DE  PARIS    EN  1790. 

été  portés  au  Trésor  et  renfermés  dans  une  armoire  1.  » 
Quelques  jours  après  que  la  Commune  eut  fait  déposer  dans 
le  trésor  de  Notre-Dame  les  drapeaux  des  Gardes  Françaises 
comme  le  symbole  de  la  victoire  du  peuple  sur  la  Royauté,  une 
nouvelle  parvint  au  Chapitre,  qui  remplit  de  joie  tous  les  cœurs 
et  fît  renaître  peut-être  quelques  espérances  :  le  Roi  et  la  Reine 
allaient  venir  à  Notre-Dame!  «  Ce  jourd'hui  (10  février),  vers 
onze  heures,  M.  le  Grand  Aumônier  a  fait  savoir  à  M.  le  Doyen 
que  le  Roi  et  la  Reine  allaient  venir  à  Notre-Dame  et  qu'ils  ne 
voulaient  pas  de  réception.  M.  le  Doyen,  ayant  fait  sonner  sur- 
le-champ  la  cloche  du  Chapitre,  Messieurs  se  sont  assemblés 
aussitôt  en  habits  de  chœur  d'hiver  à  la  chapelle  de  la  sainte 
Vierge,  où  ils  ont  fait  préparer  deux  prie-Dieu,  couverts  de 
velours  cramoisi,  et  poser  sur  un  tapis  de  la  Savonnerie  deux 
carreaux  et  deux  fauteuils  de  même  étoffe  et  de  même  couleur  et 
d'autres  sièges  pour  la  suite  de  Leurs  Majestés.  A  onze  heures 
trois  quarts,  le  Roi  et  la  Reine,  ayant  à  ses  côtés  Mgr  le 
Dauphin  et  Madame  de  France,  sont  arrivés  à  Notre-Dame,  accom- 
pagnés de  Madame  Elisabeth  :  et  Messieurs,  ayant  M.  le  Doyen 
à  leur  tête,  sont  allés  au-devant  de  Leurs  Majestés  et  les  ont 
conduites  jusqu'à  la  chapelle  de  la  Vierge,  où  elles  ont  entendu 
la  messe,  qui  a  été  dite  par  un  chapelain  du  Roi,  à  la  fin  de 
laquelle  le  Domine  salvum  a  été  chanté  par  les  enfants  de  chœur. 
Après  la  messe,  Leurs  Majestés  ont  été  reconduites  par  le  Cha- 
pitre, aux  acclamations  du  peuple,  jusqu'à  la  porte  de  l'Eglise.  » 
Ce  fut  leur  dernière  visite  à  Notre-Dame.  On  dit  que  ce  jour- 
là,  au  pied  de  l'autel  de  la  Vierge,  le  roi  renouvela  au  fond  de 
son  cœur  le  vœu  de  Louis  XIII  ~.  Hélas!  le  ciel  lui-même  allait 

1.  Quand.au  mois  do  juillet  suivant,  les  drapeaux  de  l'Arquebuse  de  Montmartre 
furent  suspendus  aux  voûtes  de  Notre-Dame,  un  particulier  réclama  et  demanda 
pourquoi  les  enseignes  des  Gardes-Françaises  avaient  été  déposées  au  Trésor  plutôt 

que  suspendues  dans  l'église. 

2.  Cfr.  Vie  de  M.  Emery,  par  l'abbé  Méric,  p.  235.  M.  Tessier,  originaire  de 
Fontaine-les-Ribouts,  au  diocèse  de  Chartres,  et  prêtre  de  Saint-Sulpice,  avait 
obtenu  que  Louis  XVI  renouvelât  le  vœu,  par  lequel  Louis  XIII  avait  consacré  son 
royaume  et  sa  couronne  à  la  sainte  Vierge.  lien  parla  d'abord  à  Madame  Elisabeth. 
Le  roi.  gagné  parla  reine,  se  rendit  chez  les  orphelines  logées  sur  le  parvis;  puis 
il  entra  a  Notre-Dame,  comme  par  hasard,  pour  y  entendre  la  messe.  A  ce  moment 
et  dans  le  plus  grand  secret,  le  roi  prononça  tout  bas  la  formule  de  consécration. 


CÉRÉMONIES  A  NOTRE-DAME.  229 

être  impuissant  à  arrêter  les  malheurs  que  la  France  cl  le  trône 
avaient  attirés  sur  eux! 

Deux  autres  cérémonies,  dont  Tune  avait  précédé  la  venue  de 
la  famille  royale  à  Notre-Dame,  furent  autorisées  parle;  Chapitre. 
Le  G  février,  il  est  averti  que  deux  députés  du  district  sont 
venus  demander  que  les  citoyens  dudit  district  viennent  lundi  à 
onze  heures  dans  la  nef  de  Notre-Dame  pour  la  prestation  du 
serment  civique,  et  le  lendemain  le  président,  accompagné  d'une 
députation,  témoignèrent  aux  chanoines  le  désir  qu'une  messe 
lnisse  fût  célébrée  à  la  cérémonie,  qu'un  Te  Deiim  y  fût  chanté, 
et  invitèrent  Messieurs  à  y  assister. 

Le  dimanche,  14  février,  une  cérémonie  attira  à  Notre-Dame 
un  concours  incroyable,  et  fut  l'occasion  de  ces  démonstrations 
pathétiques  si  à  la  mode  alors.  Elle  eut  pour  objet  la  prestation 
du  serment  civique  '.En  l'absence  de  l'Archevêque,  M.  le  Doyen, 
à  la  tète  du  clergé,  alla  recevoir  à  la  porte  de  l'église  l'Assem- 
blée nationale,  conduite  par  son  président,  M.  Bureau  de  Puzy. 
Après  un  échange  de  compliments,  la  cérémonie  commença. 
M.  l'abbé  de  Saint-Martin,  aumônier  général  de  la  Garde  na- 
tionale parisienne,  célébra  la  messe;  quand  elle  fut  terminée, 
un  membre  de  la  Commune  prononça  un  discours  «  plein  d'é- 
loquence, de  patriotisme  et  de  sentiments  d'amour  et  de  fidélité 
pour  le  Monarque  bienfaisant,  qui  mérite  chaque  jour  de  plus 
en  plus  le  titre  de  Restaurateur  de  la  Liberté  Française  -  ». 
Alors  M.  le   Maire   s'avance  vers  l'autel,  il   se   tourne  du  côté 

1.  Les  Archives  nationales  possèdent  une  carte  d'entrée  pour  la  galerie  basse  de 
la  nef:  elle  était  attribuéeà  M.  Etienne  de  la  Rivière,  représentant  de  laCommune 
de  Paris  pour  le  district  des  Barnabites,  B1  5.  —  Quelques  jours  avant  la  cérémo- 
nie, Bailly,  toujours  très  pratique,  avait  écrit  la  lettre  suivante  à  M.  de  La  Fayette: 
«  J'ai  obtenu,  Monsieur  le  Marquis,  des  ordres  du  Roi  pour  faire  disposer  l'église 
Notre-Dame  par  les  entrepreneurs  des  Menus  pour  dimanche  prochain,  1 1  de  ce  mois, 
jour  auquel  la  Commune  doit  y  faire  chanter  le  Te  Deum.  Les  étendards  de  la 
cavalerie  étant  sur  le  point  d'être  bénis,  ne  seriez-vous  pas  d'avis  de  profiter  de 
cette  occasion?  11  y  aura  par  ce  moyen  économie  de  temps  pour  nous,  économie 
de  dépenses  pour  la  Ville  de  Paris,  et  la  bénédiction  en  attendant  ne  pourra  qu'aug- 
menter l'éclat  de  la  cérémonie  du  Te  Deum.  »  Bibl.  Nat.  Mss.  F.  fr.  n.  11.697. 

2.  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  nationale,  14  février  1790,  p.  2.  Malgré  ces 
belles  paroles  à  l'adresse  du  roi,  on  murmura  à  Notre-Dame  au  sujet  de  l'absence 
de  la  famille  royale. 


230  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

de  l'Assemblée  nationale,  la  salue  avec  respect  et  prononce  à 
haute  voix  la  formule  du  serment  civique.  «  Dans  le  même 
instant,  dit  un  compte  rendu,  toutes  les  mains  ont  été  levées, 
les  drapeaux  ont  été  inclinés,  les  épées  balancées  en  l'air  : 
tous  les  spectateurs  ont  juré  de  maintenir  la  Constitution.  Le 
roulement  des  tambours,  le  son  des  cloches,  le  bruit  du  canon 
ajoutaient  encore  au  spectacle  imposant  et  majestueux  de  ce 
serment  solennel.  »  Un  rayon  de  soleil,  illuminant  subitement 
l'assistance,  inspira  les  plus  dithyrambiques  allusions  ! 

Ces  cérémonies  trop  théâtrales,  où  la  Religion  pâlissait  devant 
la  Politique,  inspirèrent  aussi  à  un  pamphlétaire  un  écrit  pres- 
que blasphématoire,  tant  la  dérision  suit  de  près  la  sainte  litur- 
gie. Il  était  intitulé  :  Grand' Messe  solennelle  célébrée  en  l'Église 
Notre-Dame  le  jour  de  Pâques  1790.  Maury  chantait  la  messe, 
assisté  de  Rabaut  et  du  prince  de  Broglie  ;  l'épître  devait  être  lue 
par  Cazalès  et  la  prose  était  modulée  par  Charles  Lameth  sur  le 
Victimœ  PascJiali  laudes  :  «  La  mort  et  la  vie  sortent  d'un  combat 
long  et  douteux;  la  vie  Ta  emporté:  que  le  règne  de  la  Constitu- 
tion dure  autant  qu'il  en  sera  besoin  pour  l'intérêt  des  constitués. 
Dis-nous,  Target,  père  de  la  Constitution,  apôtre  de  la  Liberté, 
ce  que  tu  as  vu  au  sépulcre  de  l'aristocratie  ?  —  J'ai  vu  la  Liberté 
sortir  de  cette  tombe,  planer  dans  les  airs  et  remplir  l'univers 
étonné  du  bruit  de  son  nom!  »  Mirabeau,  Bergasse,  Barnave,  La 
Fayette  avaient  aussi  leur  rôle  à  tenir  dans  cette  parodie  '. 

En  même  temps  que  l'église  Notre-Dame  retentissait  d'accla- 
mations, de  serments,  de  roulements  de  tambours  et  même  de 
décharges  de  fusils  2,  le  Chapitre  s'occupait  silencieusement  de 
se  conformer  aux  volontés  de  l'Assemblée  nationale  au  sujet 
des  Biens  du  Clergé.  C'était  pour  lui  une  triste  besogne  qu'il 
accomplit  en  toute  conscience  et  exactitude,  nous  dirions  même 
avec  trop  d'empressement,  si  nous  ne  savions  pas  que  toute 
résistance  de  sa  part  eût  été  vaine. 


1.  Bibl.  Nat.  Lb^s  n°  3182.  s.  1.  n.  d. 

2  Le  -27  septembre  1789,  jour  do  la  bénédiction  des  drapeaux  de  la  Garde  natio- 
ii  ï>'.  il  y  eut  décharges  do  fusils  dans  l'intérieur  même  do  l'église  :  manifestation 
trop  bruyante  ot  déplacée,  qui  déplut  profondément  à  M.  do  Juigné. 


DÉCLARATIONS  DES  BIENS  DU  CHAPITRE.  231 

L'Assemblée  nationale,  dans  sa  séance  du  13  novembre  1789, 

avait  indiqué  comment  elle  entendait  mettre  les  Biens  du  Clergé 
;i  l;i  disposition  de  la  Nation  :  «  Tous  les  titulaires  de  bénéfices, 
de  ([inique  nature  qu'ils  soient,  dit  le  Décret  porté  ce  même  jour, 
sont  tenus  de  faire  sur  papier  libre  et  sans  frais,  dans  deux  mois 
pour  tout  délai,  à  compter  de  la  publication  du  présent  décret, 
par  devant  les  juges  royaux  ou  officiers  municipaux,  une  déclara- 
tion détaillée  de  tous  les  biens  mobiliers  et  immobiliers  dépendant 
desdits  bénéfices...  ainsi  que  de  leurs  revenus  et  de  fournir  dans  le 
même  délai  un  état  détaillé  des  charges,  dont  lesdits  biens  peu- 
vent être  grevés,  lesquels  déclarations  et  états  seront  par  eux 
affirmés  véritables  devant  lesdits  juges  Ou  officiers  et  seront  pu- 
bliés et  affichés  à  la  porte  principale  de  chaque  paroisse  où  les 
biens  sont  situés  et  envoyés  à  l'Assemblée-  nationale  par  lesdits 
juges  et  officiers.  »  Les  corps  ecclésiastiques  se  virent  en  même 
temps  obligés  d'établir,  avec  les  mêmes  formalités,  une  déclara- 
tion générale  de  toutes  leurs  possessions. 

1  >és  que  les  chanoines  de  Notre-Dame  eurent  connaissance  du 
décret,  ils  se  mirent  en  devoir  d'y  satisfaire,  et,  après  les  avis 
recueillis  dans  le  chapitre  ordinaire  du  7  décembre,  ainsi  que 
dans  la  Chambre  du  10  du  même  mois,  M.  de  Champigny,  agent 
des  alîaires,  de  concert  avec  M.  Barbie,  receveur  général,  pré- 
para les  déclarations  que  le  Chapitre  aurait  à  faire  tant  à  Paris 
que  dans  les  paroisses  de  tous  ses  domaines. 

Ce  travail  était  considérable  ;  le  relevé  de  tous  les  biens  du 
Chapitre  remplit  un  cahier  in-folio  de  cent  trente  pages.  Après  les 
noms  des  chanoines  et  bénéficiers  de  l'Eglise  de  Paris,  il  com- 
prend un  inventaire  sommaire  du  mobilier  appartenant  au  Cha- 
pitre; puis  il  donne  en  détail  les  revenus  et  les  charges  des  diffé- 
rentes caisses  tant  à  Paris  qu'à  la  campagne.  Nous  avons  en 
partie  reproduit  ce  document  dans  les  chapitres  troisième  et  qua- 
trième, quand  nous  avons  étudie  les  biens  du  Chapitre  et 
l'administration  capitulaire. 

La  première  rédaction    '  de  la  déclaration  générale,  examinée 

1.  Le  carton  S.  460  aux  Archives  Nationales  contienl  trois  rédactions. 


232  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1700. 

une  dernière  fois  à  la  Chambre,  tenue  le  matin  du  18  janvier  1790, 
fut  le  jour  môme  déposée  sur  le  bureau  du  Chapitre.  «  Sur  le 
rapport  fait  au  Chapitre,  dit  la  conclusion  du  18  janvier,  de  ce 
qui  s'est  passé  à  la  Chambre  tenue  aujourd'hui  par  continua- 
tion de  celle  du  10  décembre  dernier,  en  exécution  de  la  conclu- 
sion du  7  du  même  mois,  au  sujet  des  Déclarations  tant  partielles 
que  générales  à  faire  par  le  Chapitre,  pour  satisfaire  au  décret 
de  l'Assemblée  nationale  du  13  novembre  dernier  et  aux  Lettres 
patentes  du  Roi,  expédiées  sur  ce  Décret  le  11  dudit  mois  de 
novembre  et  transcrites  au  Parlement  en  vacations  le  27  du 
même  mois,  sur  l'exposé  fait  en  outre  que  M.  l'Agent  des  Affaires 
aurait  mis  les  projets  desdites  Déclarations  sous  les  yeux  de 
Messieurs  composant  le  Comité  ecclésiastique  de  ladite  Assem- 
blée, lesquels  les  auraient  approuvées,  Messieurs,  lecture  faite 
du  susdit  Décret  et  Lettres  patentes  et  remise  faite  sur  le  bureau 
des  susdits  projets,  ont,  après  en  avoir  délibéré  et  en  adoptant 
l'avis  de  la  Chambre,  approuvé  la  forme  proposée  desdites  Dé- 
clarations et  ont  autorisé  le  Sr  Barbie,  receveur  général  du 
Chapitre,  à  la  faire  imprimer  pour  en  rendre  l'exécution  plus 
prompte  et  plus  facile,  et  en  outre  ont  chargé-prié  M.  le  Doyen 
et  M.  le  Chambrier  de  signer  les  dites  Déclarations  au  nom  du 
Chapitre.  » 

Les  déclarations  partielles  se  firent  dans  les  cent  cinquante- 
trois  paroisses,  où  le  Chapitre  possédait  quelque  bien,  en  mars 
et  avril.  Elles  furent  rédigées  par  M.  Barbie  et  déposées  entre  les 
mains  des  officiers  municipaux  par  les  fermiers,  procureurs  fiscaux 
ou  amis  du  Chapitre  et  par  eux  certifiées  véritables.  Les  Archives 
Nationales  (Série  S,  n°  46)  conservent  les  copies  informes  et 
authentiques  de  ces  cent  cinquante-trois  Déclarations  ;  ces  der- 
nières sont  rédigées  sur  de  superbes  affiches,  timbrées  aux  armes 
du  Chapitre  et  signées  d'abord,  conformément  à  la  jurisprudence 
capitulaire,  par  le  Doyen  et  le  Chambrier,  puis  par  le  décla- 
rant et  aussi  par  un  des  officiers  municipaux  de  chaque  com- 
mune. 

L'affichage  se  fit  sans  opposition,  sauf  à  Andrésy,  où  les  habi- 
tants protestèrent  contre  la  banalité  attribuée  k  trois  pressoirs,  à 


DÉCLARATIONS  DES  BIENS  DU  CHAPITRE.  233 

Larchant,  où  un  marais  fut  indûment  déclaré  sien  par  le  Cha- 
pitre,  et  à  Wissous  où  la  question  de  la  dime  souleva  encore 
de  violentes  réclamations.  Le  procureur  de  cette  commune  refusa 
d'accepter  la  Déclaration  et  adressa  à  ce  sujet  à  M.  Barbie  une 
lettre  de  protestation  :  «  Aussitôt  que  la  Déclaration  des  biens, 
que  Messieurs  du  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris  possèdent  dans 
notre  paroisse,  nous  a  été  remise,  nous  l'avons  lue  et  affichée 
le  11  avril  à  la  porte  de  l'église  à  l'issue  de  la  messe  paroissiale 
en  présence  de  tous  les  habitants  et  de  la  Municipalité  assemblés, 
qui  n'ont  pas  cru  devoir  signer  le  certificat  joint  à  ladite  Déclara- 
tion, en  conséquence  d'une  délibération  du  mois  de  juillet  dernier 
et  de  la  sommation  que  lesdits  habitants  ont  fait  signifier  à 
Messieurs  du  Chapitre  par  le  S1  Auboin,  leur  fermier,  au  sujet  de 
la  dime  qu'ils  n'entendent  payer  qu'à  raison  de  quatre  gerbes 
l'arpent  comme  ils  l'ont  payée  l'année  dernière,  au  lieu  de  huit 
du  cent,  comme  Messieurs  l'annoncent  dans  leur  Déclaration. 
C'est  le  sujet  pourquoi  ils  refusent  de  la  signer.  Signé  :  Etienne 
Bailliard,  procureur  de  la  Commune  ' .  » 

Le  receveur  Barbie,  dont  le  projet  de  déclaration  générale 
avait  été  approuvé  parle  Chapitre  et  aussi,  nous  l'avons  vu,  placé 
sous  les  yeux  des  membres  du  comité  ecclésiastique  de  l'As- 
f>embW  nationale,  avait  mis  la  dernière  main  à  son  travail.  Avec 
les  autres  employés  du  Chapitre,  il  avait  dressé,  en  février  et 
mars, un  inventaire  détaillé  du  trésor,  de  la  sacristie,  de  la  biblio- 
thèque, de  tous  les  services  capitulaires  et  enfin,  le  19  avril,  il  put 
se  présenter  par-devant  la  Municipalité  de  Paris  pour  faire,  au 
nom  du  Chapitre,  la  déclaration  générale  de  ses  biens. 

«  Aujourd'hui,  dix-neuf  avril  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix, 
est  comparu  devant  nous  Barthélemy-Jean-Louis  Le  Coulteux  de 
la  Noraye,  lieutenant  du  Maire  au  département  du  domaine  de  la 
Ville  de  Paris,  M.  Jean-Charles  Barbie,  receveur  général  du  Cha- 
pitre de  l'Église  de  Paris,  demeurantCloitre-Xotre-Dame,  paroisse 
Saint-Denis-Saint-Jean-Baptiste,  et  comme  fondé  de  la  procura- 
tion spéciale  à  l'effet  des  présentes  de  MM.  les  Doyen  et  chanoines 

1.  Cfr.  If  détail  <!<■  la  dîme  de  Wissous,  page  124,  en  note. 


23 i  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

de  l'Eglise  de  Paris,  suivant  l'acte  passé  devant  Me  Péron1,  qui  en 
a  la  minute,  et  son  confrère,  notaires  à  Paris,  le  19  avril  1700,  dont 
une  expédition,  représentée  parle  Sr  Barbie,  est  demeurée  annexée 
à  la  minute  des  présentes,  après  avoir  été  de  lui  certifiée  vérita- 
ble, lequel  mondit  Sr  Barbie  déclare  audit  nom  que  les  biens  im- 
mobiliers que  possède  le  Chapitre  de  l'Eglise-  de  Paris,  situés  tant 
dans  Paris  qu'à  la  campagne,  se  montent  à  G11.238  livres  2  sols; 
savoir,  352.852  1.  5  d.  pour  les  biens  situés  à  Paris,  et  258.415  1. 
19  s.  pour  les  biens  de  la  campagne.  Que  les  charges  et  dettes, 
dont  est  grevé  le  Chapitre,  se  montent  à  608.606  1.  4  d.,  tant 
pour  les  charges  réelles  que  pour  les  charges  éventuelles,  le  tout 
très  au  long  et  bien  distinctement  énoncé  en  différents  tableaux, 
représentés  par  ledit  Sr  Barbie  : 

«  A  l'égard  du  mobilier,  l'énoncé  en  a  été  fait  dans  les  deux 
premières  pages  du  tableau  général,  et,  à  l'appui  de  cet  énoncé, 
ledit  Sr  Barbie  a  remis  six  liasses  pour  être  annexées  au  tableau 
général.  La  première  contient  l'inventaire  des  ornements,  linges, 
tapis,  renfermés  dans  le  trésor,  les  tableaux  et  ustensiles  servant 
à  l'exercice  du  culte  divin  et  faisant  la  décoration  de  l'église.  La 
seconde  est  l'état  de  la  Bibliothèque,  du  Secrétariat  et  de  la  Salle 
capitulaire.  La  troisième  est  celui  de  la  Maîtrise  des  enfants  de 
chœur.  La  quatrième  est  celui  de  la  Communauté  des  chantres 
de  l'Eglise  de  Paris.  La  cinquième  est  celui  du  cabinet  du  rece- 
veur général  du  Chapitre.  La  sixième  est  celui  des  Archives  »; 

«  Toutes  lesquelles  pièces  sont  demeurées  déposées  dans  le 
Bureau  des  Archives  de  la  Municipalité  et  dans  un  carton  parti- 
culier, après  que  sur  icelles  il  a  été  fait  mention  de  leur  dépôt, 
attendu  que  la  quantité  et  le  volume  de  ces  pièces  ne  permet  point 
qu'elles  soient  annexées  à  la  minute  des  présentes; 


1.  «  Parole  a  été  aussi  donnée  aud.  M"  Péron  pour  passer  procuration  au  S' Bar- 
bie, receveur  général  du  Chapitre,  à  l'effet  de  faire  à  Messieurs  le  Maire  et  Officiera 
Municipaux  de  la  Ville  de  Paris  la  déclaration  générale  des  biens  mobiliers  et  im- 
mobiliers, dettes  et  charges  du  Chapitre,  et  de  leur  remettre  les  déclarations  par- 
tielles venant  au  soutien  de  cette  déclaration  générale,  le  tout  en  conformité  des 
conclusions  des  18  janvier  et  5  février  derniers  et  de  faire  devant  Mesd.  sieurs  les 
Maire  et  Officiers  l'affirmation  prescrit:'  par  le  décret  de  l'Assemblée  nationale  <lu 
13  novembre  dernier.  »  Chapitre  général  de  Pâques,  19  avril  1790. 


DÉCLARATIONS  DES  BIENS  DU  CHAPITRE.  23:; 

«  Observe  mondit  Sr  Barbie  que,  à  l'appui  de  la  Déclaration 
des  biens  immobiliers  dans  la  campagne,  il  a  envoyé  des  affiches 
particulières  dans  les  endroits  où  étaient  situés  les  biens,  qu'elles 
ont  été  mises  à  la  principale  porte  de  l'église,  qu'elles  sont  au 
nombre  de  cent  cinquante-trois,  comprises  sous  cent  quatre  nu- 
méros, ainsi  qu'il  est  constaté  par  le  relevé  également  joint  aux 
autres  pièces  ; 

«  Et  a  mondit  Sr  Barbie  signé  la  minute  de  la  présente  Décla- 
ration, restée  aux  Archives  du  Bureau  des  Déclarations  des  Biens 
du  Clergé  ; 

«  Laquelle  Déclaration  nous  avons  reçue  au  nom  de  la  Munici- 
palité, en  vertu  des  pouvoirs  qui  nous  ont  été  donnés,  et  avons 
sommé  mondit  Sr  Barbie  de  comparoir  le  mardi  quinze  juin  onze 
heures  du  matin,  à  l'audience  de  Messieurs  tenant  le  tribunal  con- 
tentieux de  la  Municipalité  pour  y  réitérer  et  affirmer  la  présente 
Déclaration  et  en  voir  ordonner  la  publication.  » 

A  cette  date,  Barbie,  muni  des  pouvoirs  que  le  Chapitre  lui  réi- 
téra le  matin  même1,  se  présenta  à  l'audience,  prêta  serment  et' 
affirma  «  que  la  Déclaration  contenait  la  vérité  et  qu'il  n'a  point 
connaissance  qu'il  eût  été  fait  directement  ou  indirectement  aucune 
soustraction  de  titres,  papiers  et  mobilier  dudit  Chapitre  ».  La 
-Municipalité  ordonna  que  la  Déclaration  serait  affichée  à  la  porte 
de  l'Hôtel  de  Ville  et  à  celle  des  églises  de  l'arrondissement  où 
étaient  situés  les  biens  du  Chapitre2. 

Tous  les  chanoines,  bénéiîciers  et  chapelains  de  l'Église  de 
Paris  firent  aussi,  en  ces  mêmes  mois,  la  déclaration  de  leurs 
bénéfices,  non  seulement  de  Paris,  mais  encore  de  ceux  qu'ils  pos- 
sédaient en  province.  Comme  nous  l'avons  fait  remarquer,  la  plu- 
part des  chanoines  estimèrent  les  revenus  de  leur  canonicat  entre 
6.000  1.  et  8.000  1.  Peu  restèrent  au-dessous;  quelques-uns  dé- 

1.  ■  Le  11  juin,  sue  D>  rapport  fait  par  M.  le  Chambrier  de  la  confection  du  tra- 
vail du  receveur  général  du  Chapitre,  relativement  à  la  Déclaration  mentionnée 
èa-c  inclusions  des  18  janvier  et  5  février  dernier,  Messieurs,  après  avoir  délibéré, 
ont  chargé-prié  MM.  l'archidiacre  de  Brie,  Lucas,  Bulté  el  Delon  d'examiner  le  tra- 
vail et  d'en  référer  au  Chapitre.  •■  —  «  Le  1  r-  juin,  l'archidiacre  de  Brie  lit  un  rapport 
sur  le  travail  du  receveur  général;  Messieurs  l'ont  approuvé  el  autorisé  led.  rece- 
veur a  remettre  la  Déclaration  a  la  Municipalité  de  Taris.  .  Concl.  capït. 

•-.'.  Arch.  XaL,  S.  7051-7032. 


236  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

passèrent  même  les  8.000  1.  Cet  écart  provient  de  ce  que  les  uns 
comptèrent  ce  qu'ils  recevaient  de  fait  ;  les  autres,  ce  qu'ils  au- 
raient pu  recevoir,  s  ils  eussent  assisté  à  toutes  les  cérémonies  et 
à  tous  les  chapitres.  Nous  croyons  le  dernier  chiffre  exagéré  : 
M.  Chevreuil  était  dans  le  vrai,  quand  il  déclara  que  son  canonicat 
lui  rapportait  G. 000  1.  «  Tune  année  portant  l'autre  depuis  la  fin 
de  1779  ».  Il  avait  pris  une  moyenne  de  dix  ans. 

Les  chanoines,  résidant  à  Paris,  firent  eux-mêmes  leur  déclara- 
tion :  deux  seulement,  MM. Chevalier  et  du  Pinet,  s'excusèrent  pour 
raison  de  santé  et  déléguèrent,  l'un  M.  Bézard,  receveur  des  cen- 
sives,  l'autre  M.  l'abbé  Pontus,  prêtre  du  diocèse  de  Coutances, 
qui  habitait  chez  lui.  Les  chanoines  absents  de  Paris  durent  en- 
voyer une  procuration  authentique  à  quelqu'un  de  leurs  amis,  pour, 
en  leur  lieu  et  place,  se  présenter  par  devant  les  Officiers  munici- 
paux. Les  chanoines  de  Saint-Aignan  firent  la  Déclaration  de  leur 
mense  particulière  par  M.  Chevalier  et  la  communauté  des  cha- 
pelains par  son  procureur,  M.  Béguinot '. 


II 


Si  le  Chapitre  de  Paris  se  sentait  mortifié  de  toutes  ces  entre- 
prises sur  ses  droits  et  ses  privilèges,  l'intérêt  de  la  Pieligion 
le  touchait  encore  davantage  et  les  coups  qu'on  allait  lui  porter 
directement,  lui  étaient  plus  sensibles  que  ceux  qu'il  recevait  lui- 
même.  Un  douloureux  débat,  ouvert  à  la  tribune  de  l'Assemblée 
nationale,  va  lui  donner  l'occasion  de  témoigner  un  courage  vrai- 
ment apostolique,  qui  lui  valut  l'approbation  de  toute  l'Eglise  de 
France,  mais  aussi  qui  déchaîna  contrelui  les  fureurs  du  populaire. 

«  11  a  été  exposé  par  Messieurs,  dit  la  conclusion  du  12  avril, 
que  le  clergé  de  France  n'était  pas  seulement  menacé  d'être  dé- 
pouillé de  ses  possessions  et  de  l'administration  de  ses  biens, 
mais  qu'il  y  avait  encore  tout  lieu  d'appréhender  que  la  Religion 
catholique,  apostolique  et  romaine  ne  fût  pas  maintenue  dans  le 

1.  Les  déclarations  particulières  des  chanoines,  bénéficiers,  chapelains,  etc.,  sont 
aux  Archives  Nationales,  Série  S,  nos  loG-lGi,  7Û51-70Ô2. 


LA  RELIGION  D'ÉTAT.  237 

culte  public  et  solennel  qui  lui  appartient,  exclusivement  à  toute 
autre,  que  déjà  il  avait  été  décrété  par  l'Assemblée  nationale 
comme  article  constitutionnel  que  la  loi  ne  reconnaîtra  pins  de 
vœux  monastiques  des  personnes  de  l'un  ni  de  l'autre  sexe;  que  ce- 
pendant les  vœux  solennels  de  Religion,  autorisés  par  l'Eglise  uni- 
verselle, sont  reconnus  et  admis  dans  tous  les  Etats  catholiques  : 
qu'on  en  était  maintenant  àproposerde  supprimertous  les  titres  de 
bénéfices,  autres  que  les  archevêchés,  évêchés  et  cures,  et  de  sa- 
larier tous  les  ministres  du  service  divin;  que  toutes  ces  destruc- 
tions entraînent  nécessairement  la  subversion,  la  ruine  et  l'anéan- 
tissement de  la  Religion,  constamment  professée  et  défendue  par 
nos  pères  malgré  les  révolutions  des  temps  ;  que,  dans  les  conjonc- 
tures où  nous  nous  trouvons,  il  n'était  plus  permis  à  l'Eglise  de 
Paris,  dénommée  par  nos  rois  la  première  du  royaume,  de  se 
renfermer  dans  le  silence  qu'elle  a  jusqu'à  présent  gardé;  que  ce 
serait  de  sa  part  manquer  à  l'obligation  où  elle  est  de  veiller  au 
maintien  de  la  Religion,  qu'elle  professe  comme  la  seule  vraie,  et 
à  la  conservation  des  droits  qui  lui  appartiennent  essentiellement  ; 
que  d'ailleurs  nombre  d'églises  du  royaume  ont  adressé,  sans  y 
avoir  été  provoquées,  pouvoirs  et  procurations  au  Chapitre  de  Pa- 
ri-- pour  défendre  en  leur  nom  les  intérêts  de  la  Religion  contre  les 
atteintes  qui  leur  seraient  portées;  que  ne  pas  réclamer  en  faveur 
de  ces  corps,  inhérents  à  la  constitution  de  l'Eglise  et  de  l'État,  ce 
serait  dans  la  crise  actuelle unelàche  prévarication;  que  ces  objets 
lui  paraissaient  d'une  assez  grande  importance  pour  être  pris  en 
considération;  qu'en  conséquence  il  priait  la  Compagnie  d'en 
délibérer.  »  Le  Chapitre,  ému  par  de  tels  considérants,  se 
tourna  vers  ses  deux  députés  à  l'Assemblée  nationale,  MM.  Che- 
vreuil et  de  Bonneval,  et  il  les  chargea  d'exprimer  de  la  manière  la 
plus  puissante  à  l'Assemblée,  tant  au  nom  de  l'Eglise  de  Paris 
qu'en  celui  des  quarante-trois  églises  unies  à  lui1,  ses  sentiments 

1.  Aux  quarante-trois  églises,  qui  passèrent  procuration  au  Chapitre  de  Paris,  el 
que  nous  avons  nommées  page  213,  il  faut  ajouter  les  cathédrales  de  Chartres  et  de 
Troyes.  «  Sur  la  présentation,  faite  a  Messieurs  de  la  délibération  capitulaire  'lu 
Chapitre  de  Chartres,  en  date  du  21  de  <•<■  mois,  ri  .1.'  celle  du  Chapitre  de  Troyes 
•  •il  date  du  23  il''  ce  mémo  mois,  par  lesquelles  ils  engagenl  le  Chapitre  de  l'Église 
de  Paris  à  les  comprendre  dans  toul  ce  m1"'  ^:i  s  igesse  et  sa  prudence  lui  inspire- 


238  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE   PARIS  EN  1790. 

d'attachement  à  la  Religion  catholique  et  de  protester  de  tout  leur 
pouvoir  contre  la  motion  tendant  à  lui  enlever  le  titre  de  Pveligion 
d'État. 

Le  lendemain  soir  eut  lieu  à  l'Assemblée  nationale  une  séance 
des  plus  orageuses  :  M.  de  Bonneval  monta  à  la  tribune,  mais  il 
ne  put  se  faire  entendre;  la  discussion  fut  fermée  sur  le  fond  et 
on  alla  aux  voix.  Tout  ce  qu'il  put  obtenir,  ce  fut  de  faire  annexer 
au  procès-verbal  de  la  séance  le  discours  qu'il  devait  prononcer 
et  les  conclusions  capitulaires  des  12  et  14  avril  en  témoignage  du 
mandat  qu'il  avait  reçu  du  Chapitre  de  Paris  et  des  quarante-trois 
églises  unies  à  lui. 

Quand  le  compte  rendu  de  la  séance  fut  connu  du  Chapitre 
le  14  avril  au  matin,  celui-ci  allait  se  réunir.  A  en  juger  par  le 
procès-verbal,  une  profonde  émotion  régnait  dans  tous  les 
cœurs.  On  expédie  rapidement  les  affaires  ordinaires.  Les  pen- 
sées sont  plus  haut!  Le  décret,  intervenu  la  veille,  concernant 
la  Pieligion  catholique,  est  lu  et  commenté  ;  il  épouvante  les  cha- 
noines à  cause  de  ses  termes,  qui  pourraient  donner  lieu  à  des 
craintes  sur  le  maintien  de  la  Religion  catholique  comme  seule 
Religion  d'État.  Séance  tenante,  les  chanoines  rédigent  une  pro- 
testation qu'ils  ordonnent  d'imprimer  et  de  répandre  k  profusion. 

«  Le  Chapitre,  y  est-il  dit,  manifeste  de  la  manière  la  plus  au- 
thentique et  la  plus  solennelle  son  inviolable  attachement  à  cette 
Religion  sainte  qui  seule  est  la  véritable,  seule  a  toujours  été  la 
Religion  de  la  Monarchie  française,  dont  elle  a  précédé  dans  les 
Gaules  l'établissement;  seule  doit  y  avoir  le  droit  d'exercer  un 
culte  public  et  solennel;  seule  enseigne  la  doctrine,  prescrit  le 
culte,  inspire  les  sentiments,  établit  les  maximes  de  morale  et  de 
conduite  les  plus  intimement  liés  au  vrai  bien  de  l'ordre  social, 
dont  Dieu  est  l'auteur,  au  bonheur  et  à  la  tranquillité  du  peuple 
dont  il  est  le  protecteur  et  le  père;  seule  enfin  peut  conduire  ceux 
qui  la  professent  et  l'observent  au  salut  éternel.  Tels  sont  les  sen- 
timents profondément  gravés  dans  le  cœur  de  tous  les  membres 

ront  de  faire  dans  les  circonstanc  ;s  fàcheus  is  où  se  trouve  la  Religion,  Messieurs 
ont  ordonné  que  lesd.  actes  seraient  déposés  aux  Archives  du  Chapitre  pour  en 
faire  tel  usage  qu'il  conviendra.  »  Concl.  cap.,  28  avril  1790. 


LA  REUGIOxN  D'ÉTAT.  239 

qui  composent  le  Chapitre  do  Paris,  et  il  n'en  est  aucun  qui  ne  fût 
disposé,  moyennant  le  secours  de  la  grâce  de  Dieu,  à  répandre 
son  sang  pour  le  maintien  et  la  défense  de  cette  Religion  !  » 

La  Protestation  était  belle  et  noble  ;  elle  fut  votée  par  acclama- 
tions; mais  ses  dernières  lignes  avaient  un  sens  un  peu  trop  géné- 
ral. Dans  la  salle  capitulaire,  en  pleine  séance,  une  voix,  celle  de 
M.  de  Montdenoix,  était  en  désaccord  avec  les  voixde  ses  confrè- 
res. Il  protesta  contre  la  Protestation!  Quoi  qu'il  en  ait  pu  dire  plus 
tard,  M.  de  Montdenoix  «  fut  le  seul  de  sa  bande  l  »;  lui  seul, 
des  quarante-huit  chanoines  survivants  en  1791,  prêtera  serment 
à  la  Constitution  civile  du  Clergé. 

Cette  nouvelle  Protestation  du  Chapitre  fut  accueillie  avec  em- 
pressement par  tous  les  esprits  éclairés,  sages,  pondérés,  qui  ne 
s'étaient  pas  laissés  étourdir  par  les  déclamations  quotidiennes 
de  la  tribune.  Elle  était  déjà  arrivée  à  sa  troisième  édition  et  se 
couvrait  de  signatures.  Les  meneurs  réchauffèrent  alors  contre 
le  Chapitre  toute  l'animosité,  qu'une  première  fois  ils  avaient 
déjà  excitée  dans  la  populace  à  l'occasion  de  la  Protestation  de 
l'année  précédente.  Des  pierres  furent  lancées  dans  la  rue  Royale 
contre  les  croisées  d'une  maison  où,  disait-on,  se  réunissaient 
les  signataires2;  puis  la  foule  se  précipita  chez  le  libraire  qui 
vendait  cette  déclaration;  elle  en  saisit  tous  les  exemplaires  et 
les  transporta  au  parvis  Xotre  Dame,  où  elle  en  fit  un  feu  de  joie. 

In  témoin  oculaire  nous  raconte  dans  une  note  quelques  dé- 
tails sur  cette  invasion  du  Cloître  :  «  Il  s'en  est  bien  peu  fallu,  écrit 
Pavillet  sur  la  première  page  du  relevé  de  la  correspondance  des 
Chapitres  du  royaume  avec  celui  de  Paris,  il  s'en  est  bien  peu  fallu 

1.  Cfr.  plus  loin  «  le  dire  de  M.  de  Montdenoix  »,  page  249. 

■-'..M.  de  Pancemont,  curé  de  Saint-Sulpice,  fut  sérieusement  menacé  durant  ces 
jours.  Onl'accusait  d'avoir  signé  la  Protestation  du  Chapitre.  C'étail  une  nouvelle 
preuve  de  l'attachement  que  Messieurs  de  Saint-Sulpice  ont  toujours  témoigné  aux 
chanoines  de  Notre-Dame.  Nous  en  avons  trouvé  une  autre  dans  la  lettre  écrite 
par  M.  le  ciin;  de  Saint-Sulpice  en  174G,  pendant  la  vacance  du  siège,  pour  protester 
contre  les  usurpations  des  droits  du  chapitre  par  le  Grand-Prieur  de  Saint-Germain 
des  Prés,  qui  prétendait  exercer  alors  la  juridiction  de  vicaire  capitulaire  sur  la 
paroisse  Saint-Sulpice  au  détriment  du  Chapitre.  Le  Grand  Prieur  «'tait  pourtant 
appuyé  par  Msr  le  Prince  de  Clor.nont,  abbé  commandataire  de  Saint-Germain. 
Cfr.  l'unci.  capit.,  année  1710. — Abbé  Jager:  IIi<l<>i/v  de  l'Église  catholique  en  France, 
t,  XIX. 


240  LE  CHAPITRE  DE     NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

que  le  Cloître  entier  ne  fût  incendié  le  14  avril  1790  par  rapport 
à  cette  correspondance  et  à  la  nouvelle  Protestation  du  Chapitre, 
qui  en  était  le  résultat.  Cinq  à  six  mille  personnes,  parties  du 
Palais-Royal  dans  cette  intention,  averties  par  le  brave  Poissenet, 
grenadier  du  bataillon  de  Sainte-Opportune,  que  moi,  archiviste, 
était  leur  frère  d'armes  et  ni  chanoine  ni  prêtre,  mais  père  de 
famille,  se  contentèrent  de  brûler  la  Protestation  sur  le  Parvis 
en  dansant  autour  du  feu  et  se  retirèrent  paisiblement1.  » 

Pavillet  eut  peur!  la  populace  était  donc  bien  menaçante  et 
bien  osée  pour  pénétrer  jusque  dans  les  Archives  du  Chapitre! 
Peu  après,  la  police  intervint;  ce  fut  pour  supprimer  la  Protesta- 
tion et  en  interdire  le  colportage. 


III 


Le  20  mai,  s'ouvrit  à  l'Assemblée  nationale  la  discussion  gé- 
nérale sur  la  Constitution  civile  du  Clergé  ;  c'était  pour  le  Cha- 
pitre l'annonce  de  sa  suppression  prochaine.  Chaque  jour  à  la  tri- 
bune quelque  orateur  tonnait  contre  les  sinécures  ecclésiastiques, 
parmi  lesquelles  étaient  toujours  comptés  les  canonicats  ;  le  Comité 
ecclésiastique  poussait  de  tout  son  pouvoir  le  projet  de  loi  élaboré 
dans  son  sein,  et  les  propositions  les  plus  extravagantes  au  sujet 
des  Chapitres,  élueubrations  decerveauxmalades,  étaient  prises  en 
considération  par  l'Assemblée  et  conservées  dans  ses  Archives  {. 
Après  un  débat,  que  nous  ne  décrirons  pas  ici,  le  12  juillet,  la 
Constitution  civile  du  Clergé  fut  décrétée  par  l'Assemblée  natio- 
nale et  sanctionnée  par  le  roi  le  24  août  suivant. 

Dans  cet  intervalle,  plusieurs  cérémonies  attirèrent  encore  à 
Xotre-Dame  les  foules  toujours  avides  de  spectacles  religieux, 
tant  il  était  difficile,  pour  nous  servir  du  mot  de  Mirabeau,  de 
décatlioliser  la  France  ! 

Le  17  juin,  M.  le  Président  du  district  de  Notre-Dame  vint  pré- 

1.  Arch.  Xat.,L.  542. 


SUPPRESSION  Dl    CHAPITRE.  2H 

venir  M.  de  Malaret  ([ue  MM.  de  la  Basoche,  en  vertu  du  décrel 
de  V Assemblée  nationale  en  date  du  12  du  même  mois,  allaient 
venir  dans  la  soirée  à  l'église  cathédrale  pour  y  déposer  leurs 
drapeaux.  La  cérémonie  eut  lieu  à  huit  heures  du  soir;  ce  lut 
M.  de  Malaret  qui  la  présida1.  A  leur  tour,  la  Municipalité  de  Mont- 
martre et  la  compagnie  de  l'Arquebuse  apportèrent  les  leurs,  qui 
furent  appendus  aux  voûtes,  malgré  les  réclamations  de  plusieurs 
citoyens  qui  voulaient  alors  qu'un  y  mit  aussi  les  drapeaux  de  la 
Bastille  et  les  enseignes  des  Gardes  Françaises.  Le  12  juillet, 
les  électeurs  de  Paris  firent  chanter  un  Te  Deiim;  le  23,  un  ser- 
vice solennel  fut  célébré  à  la  demande  de  la  Municipalité,  pour  le 
repus  de  l'âme  de  trois  députés  de  la  province,  qui  périrent  dans 
les  réjouissances  de  la  Fédération2;  enfin,  le  15  août,  Bailly  as- 
sista, en  sa  qualité  de  maire  de  Paris,  à  la  procession  du  vœu  de 
Louis  XIII3. 

Malgré  ces  cérémonies  dans  lesquelles  le  Chapitre  occupait  la 
place  d'honneur,  malgré  les  échanges  de  bons  procédés  dont  elles 
étaient  l'occasion,  le  Chapitre  de  Paris  marchait  rapidement  à  sa 
ruine.  La  Constitution  civile  du  Clergé,  qui  fut  votée  sur  ces  entre- 
faites, contenait  sa  sentence  de  mort.  L'article  XX  du  titre  pre- 
mier prononçait  la  suppression  immédiate  de  tous  les  Chapitres  : 
«  Tous  les  titres  et  ollices,  autres  que  ceux  mentionnés  en  la  pré- 
sente  Constitution,   les    dignités,   canonicats,   prébendes,  demi- 

!.  Concl.  capil.  du  12  juillet. 

•J.  Le  1 1  juillet,  le  Chapitre  lit  fermer  l'église  Notre-Dame;  les  offices  furent  célé- 
brés à  Saint-Denis  du  Pas,  et  les  vêpres  chantées  immédiatement  après  la  messe. 
Il  ne  prit  part  à  la  tète  de  la  Fédération  qu'en  y  envoyant  une  délégation  de 
ses  enfants  de  chœur.  «  Considérant  que  les  enfants  ont  été  confiés  au  Chapitre 
par  leurs  parents,  à  qui  il  en  répond;  que.  malgré  le  zèle  et  la  vigilance  qu'on 
doit  attendre  des  personnes  préposées  à  cette  cérémonie,  la  faiblesse  de  la  plupart 
de  ers  enfants  ne  permet  pas  de  les  exposer  à  la  fatigue  d'une  telle  fête  et  aux 
dangers  inséparables  de  la  foule  innombrable  qui  s'y  trouvera;  considérant  que 
beaucoup  de  ces  enfants  n'y  seraient  d'aucune  utilité  et  qu'un  des  grands  est  ma- 
lade, il  déroge  sur  ce  point  à  unusage  immémorial  ci  enverra  quatre  A>'s  plus  grands, 
si  leurs  parents  y  consentent.  » 

3.  Lettre  de  Bailly  au  Chapitre  :  «  J'ai  l'honneur,  .Messieurs,  de  vous  remercier 
de  l'attention  que  vous  ave/  eue  d'inviter  la  Municipalité  de  Paris  à  se  trouvera 
la  procession  solennelle,  qui,  suivant  l'usage  consacré  par  le  vœu  de  Louis  XIII, 
doit  se  faire  le  15  de  ce  mois.  La  Municipalité  s'empressera  de  répondre  à  votre 
invitation  et  so  propose  d'assister  en  corps  à  cette  cérémonie  religieuse.  Signé  : 
Bailly.  .  l3aoû1  1790.  Arch.  Xat.,  L.  540. 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME    DE    PARIS.  lli 


212  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

prébendes,  chapelles,  chapellenies,  tant  des  églises  cathédrales 
que  des  églises  collégiales,  et  tous  Chapitres  réguliers  et  sécu- 
liers de  l'un  et  l'autre  sexe...,  sont,  à  compter  du  jour  de  la  pu- 
blication du  présent  décret,  éteints  et  supprimés,  sans  qu'il  puisse 
jamais  en  être  rétabli  de  semblables.  » 

Un  décret  du  24  juillet  suivant  vint  régler  la  manière  de 
liquider  la  pension  des  ecclésiastiques,  dont  les  fonctions 
étaient  supprimées  par  la  Constitution  civile.  Trois  articles  in- 
téressent particulièrement  notre  sujet.  —  Article  X  :  «  Les 
dignitaires,  chanoines,  prébendes,  semi-prébendés,  pourvus  de 
titres  supprimés  auront  :  1°  mille  livres  ;  2°  la  moitié  du  surplus, 
sans  que  le  tout  puisse  aller  au  delà  de  6.000  livres.  »  —  Ar- 
ticle XXII  :  «  Pour  parvenir  à  fixer  les  divers  traitements, 
réglés  par  les  articles  précédents,  chaque  titulaire  dressera  un 
état  estimatif  de  tous  les  revenus  ecclésiastiques  dont  il  jouit, 
ainsi  que  des  charges  dont  il  est  grevé  :  ledit  état  sera  commu- 
niqué aux  Municipalités  des  lieux  où  les  biens  sont  situés  pour 
être  contredit  ou  approuvé.  »  —  Article  XXXI  :  «  Le  prix  des 
maisons  n'entre  pas  dans  la  masse.  »  Enfin  les  décrets  des  6  et 
11  août  ordonnèrent  que  les  déclarations  seraient  faites  dans  le 
délai  d'un  mois. 

Le  Chapitre  de  Paris  se  mit  aussitôt  en  devoir  de  se  conformer 
aux  décisions  de  l'Assemblée  nationale.  Le  26  juillet,  il   autorise 
M.  Buée,  son  secrétaire,  à  délivrer  sur  leur  demande  aux  bénéfi- 
ciers,  clercs  de  Matines  et  machicots  de  l'Eglise  de  Paris  des  certifi- 
cats constatant  leurs  fonctions  et  leurs  revenus  ;  le  23  août,  il  or- 
ganise une  commission  chargée  d'examiner  et  de  imiter  les  affaires 
urgentes  et   «  qui  pourrait  pourvoir  au  besoin  des  circonstances 
imprévues,  laquelle  serait  tenue  de  rendre  compte  au  chapitre  le 
plus  prochain  de  toutes   ses  opérations  provisoires  »  ;  le  13  sep- 
tembre, il  demande  à  son  archiviste,  M.  Pavillet,  de  présenter  à 
la  Municipalité,  pour  justifier  la  propriété  individuelle  des  maisons 
canoniales,  sises  au  cloître  Xotre-Dame,  une  charte  en  parchemin 
du  XV  des  calendes  de  juillet  911  donnée  par  Charles  le  Simple, 
une  bulle  de  Benoît  MI,  avant  983,  date  de  la  mort  de   ce  pon- 
tife, une  charte  de  Lothaire  et  de  Louis,  son  fils,  datée  de  Corn- 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  243 

piègne,  antérieure  à  936  ';  enfin,  le  6  octobre,    «  lecture  faite  de 
l'article  XXVII  «lu  décret  de  l'Assemblée  nationale  des  6  et    11 

août  1790,  sanctionnés  par  le  roi  le  24  du  même  mois,  rendu  pour 
accélérer  la  liquidation  et  le  paiement  du  traitement  du  clergé  ac- 
tuel, Messieurs,  après  en  avoir  délibéré,  désirant  jouir  du  bénéfice 
dudit  article  en  remplissant  par  eux  les  conditions  qu'il  impose,  ont 
autorisé  le  Sr  Barbie,  receveur  général,  à  faire  en  conformité  a  ce 
vœu  toutes  déclarations  nécessaires  devant  MM.  de  la  Munici- 
palité ou  tous  autres  qu'il  appartiendra  et  lui  ont  donné  tout 
pouvoir  à  cet    effet  ». 

Le  surlendemain,  8  octobre,  M.  Barbie  se  présenta  devant  les 
commissaires-administrateurs  des  Biens  nationaux  au  dépar- 
tement de  l'Agence  générale,  «  lequel  en  exécution  de  l'arti- 
cle XXVII  du  décret  de  l'Assemblée  nationale  des  6  et  II  août... 
portant  entre  autres  choses  que  les  titulaires  particuliers,  dont 
les  revenus  forment  une  mense  individuelle  et  les  membres  des 
corps,  qui  avaient  une  bourse  particulière  ou  qui  en  partageaient 
les  fruits,  pourront  toucher  directement  des  fermiers  et  débiteurs 
les  fermages  et  arrérages,  échus  avant  le  1er  janvier  1790,  même 
ceux  représentatifs  des  fruits  crûs  en  l'année  1789  et  les  précé- 
dentes à  quelque  époque  qu'ils  soient  dus,  en  justifiant  qu'ils  ont 
acquitté  le  premier  tiers  de  la  contribution  patriotique,  ensemble 
toutes  les  charges  bénéficiales  autres  que  les  réparations  à  faire 
pour  l'acquit  desquelles  ils  n'ont  reçu  aucunes  sommes  de  leurs 
prédécesseurs,  pour  quoi  ils  seront  tenus  de  déclarer  dans  quin- 
zaine, à  compter  du  présent  décret,  au  directoire  de  district, 
qu'ils  entendent  user  de  la  faculté,  qui  leur  est  présentement 
accordée,  de  requérir  dans  le  mois  et  d'obtenir  ensuite  une  véri- 
fication de  l'acquit  des  obligations  cy-dessus  du  Directoire  du 
département  dans  le  ressort  duquel  se  trouve  le  chef-lieu  du 
bénéiiee,  laquelle  ordonnance  sera  rendue  sur  l'avis  du  Directoire 

1.  Le  Chapitre  lit  imprimer  ces  documents  sous  le  titre  de  :  Pièces  justificatives 
de  la  propriété  individu  file  des  maisons  canoniales  du  Chapitre  de  l'Église  de  Paris, 
au  Cloître  Xolre-Dame.  Ils  furent  collationnés  par  les  conseillers  du  roi,  no- 
taires au  Chàtelel  de  Paris,  auxquels  Pavillet  en  fit  la  dictée  littéralement, 
qu'il  certifia  ensuite  véritable  et  exactement  conforme  aux  originaux,  13  sep- 
tembre 1790. 


244  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

du  district,  a  déclaré  que  MM.  dudit  Chapitre  de  Notre-Dame 
entendent  user  de  la  faculté  accordée  par  le  susdit  article  aux 
membres  des  corps,  qui  avaient  une  bourse  particulière  ou  qui  en 
partageaient  les  fruits,  en  remplissant,  par  mesdits  Sieurs  dudit 
Chapitre,  les  conditions  imposées  par  le  même  article  et  justifiant 
de  l'acquit  de  ces  conditions.  » 

A  l'appui  de  cette  déclaration,  les  chanoines,  faisant  partie 
du  Comité  nommé  le  23  août,  dressèrent  un  état  sommaire  des 
revenus  et  des  charges  du  Chapitre  d'après  le  premier  modèle, 
qui  avait  été  remis  au  mois  d'avril  précédent  au  Tribunal  con- 
tentieux de  la  Municipalité  de  Paris,  mais  établi  cette  fois  en 
conformité  des  derniers  décrets. 

Le  total  des  revenus  s'élevait  à  la  somme  de  (J2I.  177  livres, 
identique  à  celle  portée  dans  la  première  déclaration.  La  diffé- 
rence porta  surtout  sur  les  charges  :  «  On  croit  faire  observer, 
dit  le  document,  que,  comme  il  s'agit  de  parvenir  à  la  fixa- 
tion du  traitement  tant  de  Messieurs  composant  le  Chapitre  que 
de  MM.  les  bénéficiers,  gagistes  et  autres  personnes,  attachées  à 
l'Eglise  et  au  Chapitre  pour  l'exercice  du  culte  divin,  il  convient 
distinguer  les  différentes  natures  de  charges,  détailler  celles  qui 
ont  été  en  grande  partie  confondues  et  portées  en  masse  dans 
la  susdite  déclaration  générale,  établir  ce  qui  doit  être  prélevé 
sur  le  total  des  revenus  tant  pour  les  objets  dont  le  paiement  doit 
être  continué  que  pour  revenus  payés  par  le  Chapitre  auxdits 
bénéficiers,  gagistes  et  autres  personnes,  et  enfin  déterminer 
après  ce  prélèvement  la  somme  qui  est  à  diviser  entre  MM.  du 
Chapitre  pour  former  le  revenu  de  chacun  d'eux.  j  »  En  consé- 
quence, on  fit  figurer  au  chapitre  des  charges  : 

1°  Les  gros  et  redevances  tant  en  argent  qu'en  grains  évalués, 
dus  à  différents  chapelains,  curés,  communautés,  bénéficiers  et 
autres  personnes,  sans  y  comprendre,  comme  il  a  été  dit,  les  gros 
et  demi-gros  des  chanoines; 

2°  Les  rentes  perpétuelles  et  viagères,  pensions  congrues,  re- 
devances au  roi    et   rentes    seigneuriales  dues  à  l'archevêché  ; 

3°  Les  sommes  payées  annuellement  à  la  sacristie  des  messes 
pour  l'acquit  des  différentes  fondations  ; 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  245 

4°  Les  distributions  des  bénéficiers  et  gagistes;  l'entretien  de  la 
Maîtrise;  les  honoraires  des  officiers  et  serviteurs  du  Chapitre; 
la  dépense  de  la  chefeerie; 

5°  Le  pain  du  Chapitre,  sans  y  comprendre  la  part  qui  revient 
aux  chanoines,  attendu  que  de  blé  qu'ils  ont  annuellement  fait  par- 
tie de  leurs  revenus; 

G0  L'aumône  payée  annuellement  au  Grand  Bureau  de  l'Eglise 
de  Paris. 

Ces  charges  réunies  s'élevaient  à  la  somme  de  178.834  livres. 
La  différence  entre  les  revenus  et  les  charges,  c'est-à-dire 
la  somme  nette  qui  devait  servir  de  base,  conformément  aux 
décrets  précités,  pour  établir  la  pension  des  membres  du  Cha- 
pitre, était  donc  de  442.342  livres. 

Cette  déclaration  était  le  préliminaire  de  la  suppression  du 
Chapitre.  Les  deux  premières  semaines  de  novembre  furent 
remplies  par  ces  formalités  ;  la  dernière  heure  approche.  Elle  fut 
annoncée  au  Chapitre  d'abord  par  une  visite  des  officiers  muni- 
cipaux dans  ses  Archives,  le  15  novembre,  et,  plus  explicite- 
ment, le  16  novembre,  par  une  lettre  adressée  à  M.  le  Doyen  par  la 
Commission  des  Biens  nationaux  de  la  Municipalité  de  Paris. 
Elle  le  prévenait  «  que  M.  le  Maire  et  deux  Membres  de 
cette  administration  se  transporteraient,  demain  mercredi,  à 
l'église  cathédrale  pour  procéder  à  l'exécution  des  mesures 
ordonnées  par  les  Décrets  et  la  décision  des  Comités  réunis 
des  Affaires  ecclésiastiques  et  de  l'aliénation  des  Biens  natio- 
naux de  l'Assemblée  nationale,  qu'en  conséquence  il  était  invité 
à  prévenir  les  officiers  de  la  sacristie  et  tels  membres  du  Cha- 
pitre qui  voudraient  assister  à  la  susdite  exécution  de  se  trouver 
à  la  sacristie  demain  mercredi  17  du  courant  ». 

Le  mercredi  17  novembre,  le  Chapitre  se  réunit  et  M.  le 
Doyen  donna  lecture  de  cette  lettre  :  «  Sur  quoi,  Messieurs, 
après  en  avoir  délibéré,  ont  chargé-prié  quatre  de  Messieurs, 
savoir:  M.  l'archidiacre  de  Paris;  M.  l'archidiacre  de  Brie; 
M.  Camiaille,  chambrier,  et  M.  Radix,  intendant  de  la  Fabrique, 
tous  chanoines,  de  se  rendre  à  la  sacristie  lors  de  l'arrivée  de 
M.  le  Maire,  pour  le   recevoir    et  lui  remettre  au  nom  du  Cha- 


246  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN   1790. 

pitre  la  déclaration  suivante  :  «  Le  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris, 
considérant  que  l'opération  cy-dessus  annoncée,  comme  aussi 
celle  commencée  depuis  deux  jours  relativement  à  ses  Archives, 
ne  lui  permettent  pas  de  douter  que  Ton  s'occupe  incessamment 
à  son  égard  de  l'exécution  du  décret  de  l'Assemblée  nationale, 
renfermé  dans  l'article  XX  du  Titre  premier  de  la  Constitution 
du  Clergé,  sanctionné  par  le  Roi  le  24  août  dernier,  concernant 
l'extinction  et  la  suppression  des  Chapitres  de  toutes  les  églises 
épiscopales  du  Royaume  et  animé  du  juste  désir  qu'il  a  de 
remplir  ce  qu'il  doit   : 

«  A  l'Église  et  au  Diocèse  de  Paris,  à  qui  le  rang  éminent  qu'il  oc- 
cupe, le  rend  responsable  de  sa  conduite  dans  une  affaire  si  im- 
portante; 

«  A  l'Église  Gallicane,  que  la  même  affaire  intéresse  égale- 
ment tout  entière  puisque  partout  elle  doit  essuyer  le  même 
traitement  ; 

«  A  l'Église  Universelle,  qui  ne  pourra  apprendre  qu'avec  le 
plus  grand  étonnement  l'extinction  et  la  suppression  de  tous  les 
Chapitres  des  églises  épiscopales  d'un  Royaume,  connu  depuis 
tant  de  siècles  sous  la  dénomination  de  très  chrétien,  extinction 
et  suppression  décrétées  sans  le  consentement  et  l'intervention 
de  l'Église  et  même  contre  l'avis  des  évêques  et  de  beaucoup 
d'autres  tant  ecclésiastiques  que  laïcs,  membres  de  l'Assemblée 
nationale,  le  Chapitre  se  croit  par  ces  motifs  indispensable- 
ment  obligé  de  déclarer  et  déclare  : 

«  1°  Que,  pénétré  du  plus  profond  respect  pour  tout  ce  qui 
porte  l'auguste  nom  du  Roi,  il  s'abstiendra  de  faire  aucune  ré- 
flexion sur  le  Décret  dont  il  s'agit  et  sur  les  suites  que  son  exé- 
cution entraînera  par  rapport  à  la  Religion  et  au  culte  catholique 
dans  ce  Royaume,  où  il  n'est  aucun  siège,  qui  n'ait  son  Chapitre 
établi  par  l'Église  elle-même  pour  acquitter  journellement  au 
nom  et  en  faveur  de  tout  le  peuple  le  tribut  et  le  devoir 
de  la  prière  publique,  pour  servir  d'aide  et  de  conseil  à  l'évè- 
que  et  pour  les  remplir  à  sa  place  lors  et  pendant  que  le  siège 
est  vacant;  qu'une  telle  constitution  établie  par  l'Eglise  depuis 
bien  des  siècles  ne  peut  être  changée   sans  son  intervention  et 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  247 

son  autorité    si    elle  jugeait    en    avoir    des    motifs    suffisants; 

«  2°  Qu'il  regarde  un  de  ses  principaux  devoirs,  qui  lui  est 
spécialement  recommandé  par  la  Religion  sainte  qu'il  professe, 
dr  donner  aux  peuples  l'exemple  de  la  plus  parfaite  soumission 
à  la  volonté  de  Dieu,  dont  la  profonde  sagesse  sait  du  mal  même 
tirer  sa  gloire  et  le  faire  servir  à  l'accomplissement  des  <!<■>- 
seins  éternels  de  sa  miséricorde  sur  les  nations  et  les  em- 
pires; qu'eii  conséquence  un  Décret  qui,  sans  avoir  entendu 
les  membres  du  Chapitre,  sans  même  les  avoir  cites,  les  dépouille 
d'un  état,  dont  ils  étaient  en  possession  et  autorisé  par  toutes 
bs  lois,  n'éprouvera  de  leur  part  aucune  résistance,  et  qu'ils  se 
borneront  à  répandre  à  cette  occasion  les  larmes  les  plus  amères, 
lesquelles  seront  encore  bien  plus  excitées  par  la  considération  des 
intérêts  sacrés  de  la  Religion  que  par  celle  de  leurs  intérêts 
propres  et  personnels  ; 

«  3°  Que  leur  attachement  inviolable  à  cette  église  si  ancienne 
et    si  respectable,  qui,  fondée   par  saint  Denis  et  cimentée   par 
son  sang  et  celui  de  ses  compagnons,  a  précédé  de  plus  de  deux 
siècles  l'établissement  de  la  Monarchie  française  dans  les  Gau- 
les, à  cette  Eglise  mère  de  toutes  les  autres  du  diocèse,  dont 
elle  était  la  forme  et  le  modèle,   et  dont   le  gouvernement  lui 
appartenait   pendant  la  vacance  du  siège;    à  cette  église  vrai- 
ment nationale,  qui  a   toujours  été  celle  de  nos  Rois,   destinée 
à  la  célébration  des  cérémonies  religieuses,  qui  intéressent  le 
bonheur  ou  la  gloire  de  la  Nation;   que  leur  attachement  égale- 
ment inviolable  pour    la  personne  sacrée  du  Roi,  pour  toute  la 
Nation   Française  et    pour  la  Ville  de  Paris  en  particulier,   ne 
leur  permettent  pas  de  cesser,  jusqu'à  ce  qu'une  entière  impos- 
sibilité  les   y  contraigne,  d'acquitter,    comme   on  le  fait  depuis 
tant  de  siècles,  le  tribut  de  prières  qu'ils  offrent  jour  et  nuit  au 
Seigneur  pour  la  paix   et  la  prospérité  du  Royaume  et  surtout 
pour  qu'il  lui  plaise  d'y  maintenir  et  d'y  conserver  à  jamais  la 
sainte  Religion  de  nos  pères,  la  Religion  catholique,  apostolique 
et  romaine,  hors    de   laquelle   il  n'y  a  pas  de  salut,  et  dont    la 
perte  ne  pourrait  être  compensée  par  les  avantages  temporels, 
que  la  moderne  Philosophie  prétendrait  en  devoir  résulter,  fus- 


248  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

sent-ils  en  effet  aussi  certains,  aussi  réels  qu'ils  sont  chimériques  ; 
que  servirait  à  l'homme,  dit  la  Sagesse  Eternelle,  de  gagner 
le  monde  entier,  s'il  avait  le  malheur  de  perdre  son  âme,  c'est-à- 
dire  de  se  perdre  soi-même  pour  l'éternité? 

«  4°  Enfin  qu'en  cédant  comme  ils  le  font  et  par  les  motifs  ci- 
dessus  énoncés,  à  la  nécessité  que  leur  imposent  les  circonstances 
à  la  fois  les  plus  étonnantes  et  les  plus  impérieuses,  ils  sont  bien 
éloignés  de  donner  aux  dites  extinction  et  suppression  un 
consentement  qui  leur  est  interdit  par  le  serment  qu'ils  ont 
prêté  au  moment  de  leur  installation,  par  le  zèle  dont  ils  sont 
et  doivent  être  animés,  pour  les  droits  et  les  intérêts  de  l'Eglise 
catholique,  par  l'obligation  qu'ils  ont  contractée  de  remplir  avec 
fidélité  les  pieuses  intentions  des  fondateurs  qui,  sous  la  sauve- 
garde et  la  protection  des  lois,  ont  disposé  de  leurs  biens  en 
faveur  de  l'Eglise  de  Paris  aux  charges  et  conditions  énoncées 
dans  les  titres  et  contrats;  par  toutes  les  lois  canoniques  concer- 
nant l'extinction  et  suppression  des  établissements  et  bénéfices 
ecclésiastiques,  enfin  par  celles  mêmes  de  l'honneur  parfaitement 
d'accord  en  ce  point  avec  les  devoirs  de  la  conscience. 

«  Tels  ont  toujours  été  et  tels  sont  les  sentiments  d'un  corps,  qui 
existe  depuis  tant  de  siècles  et  qui  toujours  inviolablement  at- 
taché à  sa  Religion,  à  sa  Patrie,  à  ses  Rois,  a  eu  le  bonheur 
de  se  rendre,  pendant  le  cours  de  son  existence,  utile  à  l'Eglise 
et  au  Diocèse  de  Paris,  à  l'Eglise  de  France  et  même,  dans  plu- 
sieurs occasions,  à  l'Eglise  Universelle.   » 

Quand  le  secrétaire  eut  terminé  la  rédaction  et  la  lecture  de 
cette  Protestation,  la  scène,  que  nous  avons  vu  se  produire  déjà 
à  la  séance  du  22  avril  précédent,  se  renouvela.  M.  de  Montde- 
noix  se  lève  et,  déployant  un  papier,  il  lit  une  déclaration  dans 
laquelle  il  se  dit  opposé  à  la  délibération  capitulaire,  s'élève  contre 
les  sentiments  qu'elle  exprime  et  entend  se  soumettre  purement  et 
simplement  aux  Décrets  de  l'Assemblée  nationale.  Le  soir  même, 
il  écrivait  à  M.  le  Doyen  pour  expliquer  sa  conduite  et,  les 
jours  suivants,  il  faisait  paraître  un  document  dans  lequel  il 
développait  les  pensées    qu'il    avait  exprimées  au  Chapitre. 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  249 

Dire  de  M.  de  Montdenoix,  chanoine  de  CËglise  de  Paris,  à 
Messieurs  ses  confrères,  assemblés  le  17  novembre  1790  en 
chapitre  ordinaire  '. 

«  Messieurs,  je  souffre  plus  que  je  ne  peux  vous  l'exprimer 
de  la  démarche  que  je  me  crois  obligé  de  faire  en  ce  moment. 

«  Est-il  position  au?si  déchirante  pour  mon  cœur,  dont  toute 
la  sensibilité  vous  est  connue?  Le  zèle  a  fait  prendre  le  change  à 
une  respectable  compagnie,  qui  m'est  infiniment  chère.  11  me 
réduit  ou  à  séparer  ma  cause  de  la  sienne  ou  à  sacrifier  des 
principes,  que  ni  vous,  Messieurs,  ni  moi  ne  pouvons  mécon- 
naître. 

«  L'histoire  ecclésiastique  nous  apprend  que  l'Eglise  de  Jésus- 
Christ,  née  à  l'époque  des  plus  grandes  agitations  de  l'Empire 
Romain,  n'a  pris  pendant  les  trois  premiers  siècles  de  son  âge 
d'or  aucun  parti  dans  les  révolutions. 

«  Sa  conduite  en  ce  point  est  conforme  au  précepte  de  l'Apô- 
tre :  Omnis  anima potestatibus  sublimioribus  subdita  est.  Ses 
ministres  d'alors,  jusque  sous  la  domination  de  Maîtres  ido- 
lâtres et  persécuteurs,  se  sont  toujours  montrés  des  anges  de 
paix,  soumis  à  tous  les  gouvernements,  que  la  Divine  Provi- 
dence s'est  plu  d'introduire  dans  les  Empires. 

«  Sous  quel  prétexte  pourrions-nous  éluder  l'obligation  de 
regarder  comme  loi  de  l'Etat  les  Décrets  de  l'Assemblée  natio- 
nale sanctionnés  par  le  Roi?  Ile!  le  clergé  n'a-t-il  pas  toutes 
sortes  d'intérêts  de  donner  là-dessus  le  bon  exemple  aux  autres 
citoyens?  Les  difficultés,  les  scrupules,  que  j'ai  ouï  former  sur 
la  nouvelle  constitution  ecclésiastique,  s'éclaircissent  avec  un 
peu  de  bonne  foi  d'après  une  solide  Distinction  du  savant  cano- 
niste,  l'abbé  de  Fleury2. 

1.  Note  de  M.  dr>  Montdenoix  :  «  Ce  Dire,  le  même  au  fond  qui  a  été  mis  sous 
Ifs  veux  du  Chapitre,  a  été  retouché  pour  paraître  sons  ceux  du  public.  •  M.  de 
Montdenoix  le  mit  plus  tard  aussi  sous  ceux  de  l'Assemblée  nationale. 

•J.  Note  de  M.  de  Montdenoix  :  «  Nota  :  Ces  discours  sont  un  précieux  trésor  (!<> 
science  ecclésiastique  el  de  critique  la  plus  saine,  à  qui  la  Philosophie  moderne  a 
rendu  elle-même  hommage.  On  lit  au  catalogue  des  écrivains  célèbres  de 
Louis  XIV  :  «  L'abbé  de  Fleury,  auteur  de  la  meilleure  histoire  que  nous  ayons  de 


250  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

«  Il  faut,  dit-il,  bien  connaître  ce  qui  est  propre  et  essentiel 
à  la  juridiction  de  l'Eglise  et  qu'on  la  distingue  soigneusement 
des  accessoires,  qu'elle  a  reçus  soit  par  les  concessions  des 
Princes  soit  par  des  conditions,  qui  se  sont  introduites  insensi- 
blement. 

«  Guidé  par  ces  motifs  et  autres,  dont  je  me  propose  de  justi- 
fier ma  conduite  s'il  est  besoin,  je  déclare  que  je  ne  prends  point 
de  part  aux  arrêtés  du  Chapitre  des  12  et  14  avril  dernier.  Je 
le  prie  de  se  souvenir  que  je  ne  les  ai  jamais  approuvés  pas 
plus  que  je  n'approuve  sa  délibération  de  ce  jour,  laquelle  m'en 
a  paru  une  suite  *. 

«  J'embrasse  néanmoins  de  tout  cœur  les  bons  sentiments 
que  ces  deux  actes  contiennent,  en  particulier  ceux  de  l'attache- 
ment le  plus  inviolable  pour  la  Religion,  pour  la  foi  catholique, 
apostolique  et  romaine ,  pour  l'Eglise  gallicane,  l'une  des  plus 
illustres  portions  de  l'Eglise  universelle,  et  enfin  pour  la  per- 
sonne sacrée  du  Roi. 

«  Je  demande  au  Chapitre  assemblé  acte  de  mon  Dire  et 
qu'il  soit  joint  à  la  suite  de  la  Déclaration,  que  la  compagnie 
vient  d'arrêter  de  présenter  aujourd'hui  à  Monsieur  le  Maire  de 
Paris  et  à  MM.  les  commissaires-députés  du  corps  municipal. 

«  A  l'effet  de  quoi,  je  l'ai  déposé  sur  le  Bureau  de  la  salle 
capitulaire  et  je  l'ai  signé. 

«  Le  17  novembre  1790. 


«  Signé  :  D'Eu  de  Mondenoix.  » 


l'Église.  Ses  Discours  sont  beaucoup  au-dessus.  »  L'autorité  de  l'Assemblée  natio- 
nale gagnerait  à  en  ordonner  l'enseignement  public  dans  les  écoles  où  l'esprit  sa- 
cerdotal  puise  ses  principes.  » 

1.  «  11  n'est  pas  inutile  d'apprendre  que  trente-deux  chanoines  seulement,  qui 
composaient  le  Congrégat,  à  ce  que  je  crois,  ont  concouru  à  cette  délibération. 
C'esl  un  tiers  du  Chapitre  absent,  et  l'on  se  doute  bien  qu'il  y  avait  dans  ce  nombre 
des  absences  de  politiques.  Pour  les  présents,  je  pourrais  revendiquer  aussi  plus 
d'une  voix,  que  la  crainte  du  respect  humain  a  entraînée  et  que  les  bonnes  rai- 
sons ra  mènera  ient,'je  l'espère.  D'après  cela,  est-il  bien  loyal,  pour  discréditer  mon  avis, 
de  faire  sonner  si  haut  que  je  suis  seul  de  un  bande?  Mais,  comme  j'ai  écrit  à 
M.  le  Doyen,  ce  n'est  pas  à  mon  peu  d'autorité  auquel  on  doit  s'arrêter,  ce  sont 
mes  raisons  qu'il  faut  peser.  » 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  2Si 

A  peine  ce  chapitre  venait-il  de  se  terminer  si  douloureuse- 
ment pour  les  chanoines1,  qu'ils  apprirent  que  les  Officiers  mu- 
nicipaux2, annoncés  par  la  lettre  de  la  veille,  arrivaient  ù 
Notre-Dame  pour  procéder  à  l'inventaire  des  effets  mobiliers. 
MM.  Lecorgne  de  Launay,  archidiacre  de  Paris,  des  Fiasses, 
archidiacre  de  Brie,  Camiaille,  chambrier,  et  Radix,  intendant 
de  la  Fabrique,  délégués  par  leurs  confrères,  se  rendirent  à  la 
sacristie.  M.  de  Launay  lui-même  nous  rendra  compte  de  cette 
première  entrevue  avec  les  exécuteurs  du  Chapitre  :  «  M.  le 
Maire  et  Officiers  municipaux,  étant  arrivés  vers  les  onze  heures 
et  demie,  lui,  archidiacre  de  Paris,  et  les  trois  autres  commis- 
saires se  sont  avancés  jusqu'à  la  porte  d'entrée  de  la  ^sacristie, 

1.  Le  13  décembre  suivant,  le  bas-chœur  de  Notre-Dame  fit  paraître  à  son  tour 
la  déclaration  suivante  :  «  Nous  soussignés,  prêtres,  diacres,  sous-diacres,  ci-devant 
bénéficiers  de  l'Église  Métropolitaine  de  Paris,  sous  1rs  titres  de  chanoines  de  Saint- 
Denis  du  Pas,  Saint-Jean  le  Rond,  et  vicaires  de  Saint-Aignan,  de  plus  les  musi- 
ciens, clercs,  de  la  dite  église,  après  avoir  pris  connaissance  d'une  protestation 
■  les  ci-devant  chanoines  et  Chapitre,  et.  en  outre,  d'une  déclaration  par  eux  faite 
aux  officiers  municipaux  de  ladite  ville  lors  de  l'apposition  des  scellés  sur  les 
effets  mobiliers  de  ladite  église,  désirant  autant  qu'il  est  en  nous  demeurer  fidèles 
au  serment  civique,  que  nous  avons  prêté  avec  tous  les  Français,  montrer  de  la 
manière  la  plus  solennelle  notre  entière  soumission  aux  lois,  décrétées  par  l'As- 
semblée nationale,  acceptées  par  le  Roi,  et  spécialement  à  la  Constitution  civile  du 
clergé,  déclarons  desavouer  authentiquement  toutes  protestations  ou  déclarations 
d'elles  ou  supposées,  secrètes  et  publiques,  sous  le  nom  du  Chapitre  de  Paris: 
reconnaissons  que  l'Assemblée  nationale  a  eu  le  droit  de  décréter  et  le  Roi  de  sanc- 
tionner et  faire  exécuter  comme  loi  obligatoire  pour  tout  ecclésiastique-citoyen 
ladite  Constitution  civile  du  clergé,  dans  laquelle  nous  n'avons  rien  reconnu  que 
de  conforme  aux  quatre  articles  du  clergé  de  France  et  aux  libertés  de  l'Église 
gallicane  ;  que  nous  sommes  disposés  à  prononcer  le  serment  exigé  des  fonction- 
naires et  pensionnaires  ecclésiastiques  de  la  Nation,  sans  y  être  portés  par  d'au- 
tres motifs  que  ceux  de  la  conscience,  de  la  raison,  de  la  justice  et  de  i'amour  de 
la  Patrie.  En  foi  de  quoi  nous  avons  signé  la  présente  déclaration.  »  Cette  déclara- 
tion ainsi  que  le  dire  de  M.  de  Montdenoix  eurent  l'honneur  d'être  lus  à  la  tri- 
hune  île  l'Assemblée  nationale.  Cfr.  Moniteur,  4  janvier  1791,  et  Procès-verbaux  de 
ï Assemblée  nationale,  novembre  1790. 

•J.  Cyr  Jacques  Vigner  et  Jean-Jacques  Hardy,  lisse  présentaient  à  Notre-Dame 
en  vertu  de  l'article  IV  de  l'Instruction  du  19  octobre,  qui  comprenait  une  dispo- 
sition particulière  à  l'égard  de  la  ville  de  Paris  :  ■  Les  directoires  des  départements 
et  la  Municipalité  de  Paris,  commise  à  cel  effet  par  l'Assemblée  nationale  à  dé- 
faut de  Directoire  du  département  de  Paris,  nommeront  et  prendront  sur  les 
lieux,  autanl  qu'il  s, tu  possible,  les  commissaires  qui  seront  nécessaires  pour 
vaquer  aux  opérations  portées  dans  les  articles  précédents  et  ils  rendront  compte 
de  leur  exécution  aux  comités  réunis  d'aliénation  des  Biens  nationaux  et  des 
Affaires  ecclésiastiques  -.  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  nationale. 


2b2  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

où  lui,  archidiacre  de  Paris,  a  dit  «  que  le  Chapitre  les  avait 
«  députés  pour  avoir  l'honneur  de  les  recevoir  :  pour  les  assurer 
«  des  sentiments  d'attachement  et  de  respect  dont  il  était  animé 
«  envers  la  Municipalité  de  Paris;  pour  les  supplier  de  vouloir 
«  bien  entendre  la  lecture  de  la  Déclaration  du  Chapitre  sur  les 
«  extinction  et  suppression,  dont  il  est  prochainement  menacé, 
«  l'insérer  dans  le  procès-verbal  qui  serait  dressé  et  en  donner 
«  acte  au  Chapitre  ».  Sur  quoi  M.  le  Maire,  après  avoir  entendu 
avec  beaucoup  d'attention  et  d'honnêteté  la  lecture  de  la  déclara- 
tion, a  répondu  qu'il  allait  se  retirer  avec  les  deux  Officiers  mu- 
nicipaux pour  délibérer  sur  la  demande  du  Chapitre.  Il  des- 
cendit quelques  minutes  après  du  Trésor,  où  ils  s'étaient  retirés, 
et  dit  aux  députés  qu'ils  ne  pouvaient  ni  ne  devaient  recevoir 
cette  déclaration,  ni  l'insérer  dans  leur  procès-verbal,  ni  en  don- 
ner acte  au  Chapitre,  qui  était  le  maître,  s'il  le  jugeait  à  propos, 
de  l'adresser  à  l'Assemblée  nationale  '.  » 

Malgré  cette  fin  de  nou-recevoir,  Bailly,  de  l'aveu  môme  de 
M.  de  Launay,  avait  écouté  volontiers  les  chanoines  et,  avant 
de  procéder  effectivement  à  l'inventaire,  il  voulut  bien  faire  part 
des  désirs  du  Chapitre  et  demander  de  nouveaux  ordres  au  Co- 
mité ecclésiastique.  Le  lendemain,  Vigner  lui  adressait  la  lettre 
suivante  : 

«  Messieurs, 

«  Je  vous  prie  de  décider  si,  en  ce  moment  où  je  procède 
comme  officier  municipal  et  commissaire  à  l'administration  des 
Biens  nationaux  à  l'inventaire  et  apposition  de  scellés  sur  les 
effets  mobiliers  de  l'Eglise  cathédrale  de  Paris,  je  dois  annoncer 
à  MM.  les  chanoines  que  l'olfice  canonial  ne  doit  plus  avoir  lieu, 
ou  si  au  contraire  ils  doivent  continuer  jusqu'au  1er  janvier  171)1. 

«  Dans  le  premier  cas  il  y  aurait  un  bien  grand  nombre  d'effets 
à  renfermer  sous  les  scellés,  attendu  que  l'olfice  canonial  exige 
plus  d'ornements  et  de  reliques.  Dans  le  second,  je  crois  ces 
Messieurs  disposés  à  réclamer  beaucoup  d'effets  comme  néces- 

1.  Concl.  capit.  du  19  novembre.  Arch.  Xat.,  LL.  -23-24'-. 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  253 

saires  au  culte,  ce  qui  ne  présenterait  aucun  inconvénient  attendu 
qu'ils  seront  tous  exactement  relatés  et  décrits  dans  l'inventaire. 
Signé  :  Vigner  '.  » 

Le  Comité  ne  fit  pas  attendre  sa  réponse;  il  envoya  à  la  Mu- 
nicipalité la  minute  même  de  la  délibération,  à  laquelle  le  secré- 
taire Le  Breton  ajouta  cette  note  :  «  Pour  plus  grande  instruc- 
tion, on  envoie  à  Messieurs  les  administrateurs  l'avis  contenu 
dans  cet  écrit  que  le  temps  ne  permet  pas  de  mettre  au  net.  » 
L'ordre  était  formel,  et  l'empressement  que  mit  le  Comité  à  le 
communiquer  indiquait  qu'il  exigeait  une  exécution  immédiate  et 
entière. 

«  Le  Comité  ecclésiastique,  sur  la  consultation  de  Mrs  de  la 
Municipalité  de  Paris  relativement  à  la  demande  du  ci-devant  Cha- 
pitre de  Notre-Dame  après  s'être  fait  représenter...  (ici  sont  trans- 
crits les  Décrets  de  V Assemblée  nationale  ,  est  d'avis  :  1°  que 
M"  les  Officiers  municipaux  de  la  ville  de  Paris  ne  doivent  laisser 
dans  l'église  métropolitaine  que  les  ornements,  Arases  sacrés  et 
autres  objets,  nécessaires  au  service  de  la  paroisse  cathédrale; 
2°  que  les  chanoines  étant  supprimés,  ils  n'ont  plus  le  droit  de 
faire  l'oflice  canonial  par  eux-mêmes  et  qu'il  doit  être  fait  par 
les  vicaires  qu'aura  choisis  l'évêque  métropolitain  de  Paris  '-.  » 

La  réponse  était  parvenue  à  la  Municipalité  le  soir  du  19  no- 
vembre :  dès  le  lendemain,  samedi  20  novembre,  son  procureur- 
svndic  en  fit  donner  notification  à  qui  de  droit  par  l'huissier 
Uothery.  Celui-ci  se  présenta  d'abord  à  l'archevêché,  où  il  fut 
reçu  à  la  porte  par  le  suisse  Joguier,  dit  Fribourg.  «  Avons 
requis,  porté  l'exploit,  et  en  tant  que  de  besoin  sommé  mondit 
sieur  de  Juigné  de  convoquer  le  Chapitre  de  Xotre-Dame  pour 
lundi,  22  du  présent  mois,  dix  heures  du  matin,  en  la  salle  capi- 

1.  Arch.  Nat.,  I»  XIX  /6,  w  556. 

-„'.  \  igner  fit  prendre  uni'  copie  de  la  réponse,  dont  il  renvoya  la  minute  1''  même 
jour  au  Comité.  Li>  manuscrit  il''  la  Bibliothèque  nationale,  qui  nous  a  conservé 
tous  ers  détails,  renferme  une  autre  lettre  analogue  à  celle  que  oous  avons  donnée 
dans  !'■  texte,  mais  qui  n'esl  pas  datée.  >  L'office  canonial  de  L'Église  Métropoli- 
taine 'If  Paris,  ainsi  qui'  de  tous  les  autres  chapitres  'lu  Royaume,  'l"it  cesser  a 
l'instant  en  vertu  de  l'article  24  du  Titre  premier  du  décret  du  12  juillet  sur  la 
Constitution  civile  du  clergé,  qui  supprime  du  jour  de  la  publication  tous  l<  -  cha- 
pitres, dignités  et  prébendes  et  autres  titres  qui  les  composent...    - 


254  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

tulaire  dudit  Chapitre  où  Messieurs  les  Officiers  municipaux  se 
rendront  à  l'effet  de  lui  donner  lecture  des  articles  desdits  dé- 
crets  ,  lui  déclarons  que,  faute  par  lui  de  satisfaire  à  la  re- 
quête cy-dessus,  il  sera  par  Messieurs  les  Officiers  municipaux 
procédé  sans  autre  réquisition  à  l'exécution  pleine  et  entière 
desdits  décrets.  »  Le  suisse,  accoutumé  sans  doute,  depuis  le 
départ  de  M.  de  Juigné,  à  de  telles  visites,  répondit  que  «  Mon- 
sieur l'Évèque  de  Paris  n'est  point  actuellement  dans  son 
palais  épiscopal,  ni  à  Paris,  qu'à  sa  connaissance,  il  est  à 
Chambéry  en  Savoie,  qu'il  n'a  pas  d'autre  réponse  à  faire  »,  et, 
fidèle  à  la  consigne  qui  lui  était  donnée  pour  pareille  occurrence, 
Fribourg  refusa  de  signer. 

Malgré  les  menaces  de  passer  outre  «  sans  autre  réquisition  », 
la  Municipalité  avait  remis  à  l'huissier  deux  autres  commande- 
ments. Le  premier  était  à  l'adresse  des  grands  vicaires  et  rédigé 
à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  que  celui  déposé  chez  l'ar- 
chevêque. Ce  fut  M.  du  Bois-Basset  qui  le  reçut  :  facile  à  lui  de 
répondre  à  l'agent  ministériel  «  qu'il  n'est  point  en  son  pouvoir 
de  convoquer  MM.  les  chanoines  de  Notre-Dame,  qu'en  consé- 
quence la  présente  notification  ne  doit  pas  le  concerner  ».  Piothery, 
en  désespoir  de  cause,  s'adressa  là  où  il  aurait  dû  aller  d'abord; 
de  l'archevêché  il  se  rendit  au  Cloitre  et  se  fit  introduire  auprès 
de  M.  de  Montagu,  doyen.  Celui-ci,  usant  du  droit  que  lui  confé- 
rait sa  dignité,  promit  «  qu'il  assemblerait  lundi  prochain  à 
l'heure  accoutumée  le  Chapitre  de  Notre-Dame  dans  la  salle  ca- 
pitulaire  où  il  s'assemble  ordinairement  ».  Cette  fois,  Rothery 
put  se  retirer  satisfait! 

Le  dimanche,  21  novembre,  le  Chapitre  célébra  les  offices 
comme  à  l'ordinaire.  Le  lundi  22,  après  la  Messe  des  défunts, 
qui  se  disait  trois  fois  la  semaine,  on  chanta  au  chœur  la  messe 
capitulaire,  la  dernière  que  le  Chapitre  ait  célébrée!  C'était 
celle  de  sainte  Cécile,  vierge  et  martyre.  Les  chanoines  ne 
manquèrent  pas  de  trouver  dans  la  liturgie  l'expression  de 
la  tristesse  et  des  douloureux  sentiments  qui  remplissaient 
leurs  âmes  :  «  Me  expectaverunt  peccatores  ut  perderent  me, 
entonna    le    chantre   à   l'introït;    omnis    consummationis    vidi 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  253 

fiiic/n  !  »  L'épitre,  le  graduel,  la  communion,  exprimaient  les 
mêmes  sentiments  de  crainte,  annonçaient  le  triomphe  des  im- 
pies, et,  si  les  chanoines  prévoyaient  déjà  les  persécutions  qui 
les  attendaient,  la  dispersion,  le  schisme,  le  serment  sacrilège, 
avec  quelle  opportunité  ils  répétèrent ,  entre  les  deux  alléluias, 
les  paroles  de  la  jeune  vierge,  qui  demandait  à  Dieu  de  conserver 
son  cœur  pur  et  sans  tache  :  «  Fiat  cor  meum  immaculatum  ut 
non  confundar!  »  L7/e  missa  est  fut  le  dernier  adieu;  à  ce  mo- 
ment la  cloche  capitulaire  se  faisait  entendre  :  elle  sonnait  le  glas  ! 
Il  est  dix  heures  du  matin  ;  les  chanoines  sont  réunis  dans  la 
salle  capitulaire  où  ils  vont  entendre  prononcer  leur  sentence  de 
mort.  Bientôt  arrivent  Gabriel  Maugis  et  Cyr  Jacques  Yigner,  offi- 
ciers municipaux,  qui  rappellent  aux  chanoines  qu'ils  se  présen- 
tent au  milieu  d'eux  sur  la  réquisition  du  procureur  syndic  de  la 
commune  de  Paris  en  exécution  de  sommations,  faites  à  sa 
requête  à  M.  l'évêque  de  Paris,  à  MM.  les  vicaires  généraux  et 
à  M.  le  Doyen  du  Chapitre.  Puis  après  lecture  des  articles  27, 
28  et  29  du  Titre  I  de  la  Constitution  civile  du  Clergé  et  de 
l'Instruction  donnée  par  le  Comité  d'aliénation  des  Biens  natio- 
naux et  Affaires  ecclésiastiques  du  19  octobre  dernier  :  «  Nous 
les  avons  requis  et  même  sommés,  dit  le  procès-verbal,  de  nous 
déclarer  s'ils  entendent  exécuter  réquisition  et  sommation  que 
nous  n'avons  pu  faire  à  M.  de  Juigné  cy-devant  archevêque  de 
Paris  et  maintenant  évèque  de  Paris.  »  A  cette  question  qui  obli- 
geait le  Chapitre  à  s'exécuter  lui-même,  M.  le  Doyen  se  lève;  il 
connaît  les  sentiments  de  ses  collègues,  maintes  fois  exprimés  dans 
les  conclusions  capitulaircs;  les  officiers  municipaux  dans  leurpro- 
•  ès-vcrbal  nous  ont  conservé  sa  réponse,  pleine  de  fermeté  et  de 
calme,  mais  que  l'on  sent  remplie  de  larmes  et  de  regrets  : 
«  Messieurs,  le  Chapitre,  prévoyant,  par  les  précédentes  opéra- 
tions relatives  aux  Archives  et  à  la  sacristie;  celle  qui  s'effectue 
aujourd'hui,  a  arrêté  une  déclaration  de  ses  sentiments,  laquelle 
a  été  lue  par  quatre  députés  à  M.  le  Maire  et  à  Messieurs  les 
<  officiers  municipaux,  qui  l'accompagnaient,  à  leur  entrée  à  la 
sacristie.  Les  sentiments  du  Chapitre  sont  toujours  les  mêmes 
et  il  me  charge,  Messieurs,  d'avoir  l'honneur  de  vous  déclarer 


256  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

qu'il  y  persiste,  sans  discontinuer  d'acquitter  le  tribut  de  la 
prière  publique  la  nuit  et  le  jour  et  les  fondations,  dont  il  est 
chargé,  suivant  ses  usages,  jusqu'à  ce  qu'une  entière  impossibi- 
lité le  contraigne  à  renoncer  à  un  service  et  à  des  fonctions  qui 
faisaient  toute  sa  gloire  et  toute  sa  consolation.  »  A  ces  paroles 
qui  indiquaient  assez  que  le  Chapitre  ne  céderait  qu'à  la  force, 
Maugis  répondit  que  le  décret  est  une  obligation  auquel  le  Cha- 
pitre ne  pourra  se  soustraire. 

Malgré  un  refus  aussi  catégorique,  les  chanoines  veulent 
essayer  un  dernier  moyen  :  ils  demandent  à  se  retirer  dans  la 
Bibliothèque1  pour  conférer  entre  eux,  ce  qui  leur  fut  immédiate- 
ment accordé.  Dans  cet  entretien  intime,  bien  des  avis  furent  sans 
doute  proposés  pour  éviter  une  suppression  immédiate  ;  on  résolut 
en  définitive  d'essayer  de  gagner  du  temps.  Le  culte  pouvait-il 
immédiatement  cesser  à  Notre-Dame  ?  Une  telle  mesure  semblait 
impossible  aux  chanoines  puisque  le  nouveau  clergé  n'était  pas 
encore  constitué.  Arriverait-on  même  à  recruter  des  prêtres 
assez  osés  pour  prendre  possession  du  chœur  de  Notre-Dame? 

Ce  qu'il  importait  avant  tout,  c'était  d'obtenir  de  tempori- 
ser jusqu'à  une  nouvelle  organisation,  qui  n'aboutirait  peut- 
être  jamais.  Sur  ce,  le  Chapitre  rentra  en  séance.  M.  le  Doyen 
demanda  «  qu'on  voulût  bien  autoriser  les  chanoines  à  con- 
tinuer leurs  offices  dans  le  même  ordre,  la  même  forme,  les 
mêmes  usages  que  par  le  passé  jusqu'à  l'organisation  défini- 
tive.  » 

Mais  une  telle  concession  n'était  pas  au  pouvoir  des  Officiers 
municipaux;  le  Maire  peut-être  pourrait  décider  le  cas.  Maugis 
propose,  comme  preuve  de  bon  vouloir,  d'aller  le  trouver  à  la 
Sainte-Chapelle,  où  il  exécute  à  l'égard  de  son  Chapitre  les 
décrets  de  l'Assemblée  nationale;  mais  Bailly  est  déjà  parti  et 
quand  Maugis  et  Vigner  reviennent  au  Chapitre,  ils  se  voient  dans 
la  nécessité  de  remplir  leur  mission.  «  Nous  sommes  obligés, 


1.  Ce  qui  ferait  supposer  que  ce  dernier  chapitre  ne  se  tint  pas  dans  la  salle 
capitulaire,  mais  dans  la  «  chambre  »  qui  était  contiguèàla  Bibliothèque.  Les  diffé- 
rentes destinations  que  reçut  depuis  un  an  la  salle  capitulaire  ne  la  rendaient 
plus  praticable  pour  la  réunion  des  chanoines. 


SUPPRESSION  DU  CHAPITRE.  i->~ 

disent-ils,  de  nous  renfermer  strictement  dans  les  instructions  qui 
nous  sont  données  et  de  nous  tenir  à  la  lettre  du  Comité  ecclé- 
siastique du  18  de  ce  mois,  portant  expressément  que  l'office 
canonial  de  l'église  métropolitaine  doit  cesser  à  l'instant.  Nous 
ne  pouvons  donc  nous  dispenser  de  vous  requérir  de  cesser  des 
ce  moment  de  faire  l'office  canonial  et  de  nous  déclarer  si  vous 
entendez  vous  soumettre.  »  Nous  l'avons  vu,  le  Chapitre  avait 
résolu  d'employer  tous  les  moyens  légaux  dans  sa  résistance, 
d'éviter  la  violence  et  de  garder  une  dignité  qui  n'excluait  pas  la 
fermeté  :  «  C'est  avec  les  plus  grands  regrets,  dit  en  consé- 
quence M.  le  Doyen,  les  larmes  dans  les  yeux,  que  nous  nous 
soumettons.  »  C'en  était  fait  du  Chapitre! 

Le  siège  du  Doven  était  surmonté  d'un  superbe  crucifix  en 
bronze,  fixé  sur  un  tableau,  et  qui  était  alors  déposé  dans  la  Biblio- 
thèque. D'un  vœu  unamine,  il  fut  offert  à  M.  le  Doyen  «  comme 
une  preuve  de  l'attachement  et  de  la  reconnaissance  du  Chapitre  » 
et,  comme  le  temps  faisait  défaut  pour  rédiger  une  conclusion  à  ce 
sujet,  M.  Radix,  intendant  de  la  fabrique,  fut  chargé  de  faire  le 
nécessaire  *. 

Mais  la  moitié  seulement  de  la  triste  besogne,  dont  la  Munici- 
palité était  chargée,  était  faite.  La  Constitution  civile,  qui  suppri- 
mait l'ancien  clergé,  en  organisait  un  nouveau,  et  il  y  avait  tout 
intérêt,  pour  ne  pas  effaroucher  les  fidèles,  que  celui-ci  succédât 
sans  interruption  à  l'autre.  Les  sieurs  Yigner  et  M  au  gis,  en 
quittant  la  salle  capitulaire,  gagnèrent  l'archevêché.  Ils  recom- 
mençaient, mais  à  rebours,  le  tour  qu'avait  fait  Rothery  le  ven- 
dredi précédent.  M.  de  Floirac  venait  de  rentrer  chez  lui  en  com- 
pagnie de  MM.  Chevreuil,  du  Bois-Basset  et  de  Dampierre,  comme 

1.  M.  Radix  essaya  de  remplir  les  intentions  du  Chapitre  le  1  décembre  sui- 
vant :  «  Je  soussigné  demande  à  Messieurs  de  la  Municipalité  de  Taris  a  /■tir  auto- 
risé par  une  délibération  de  leur  part  à  retirer  un  christ  monté  en  bronze  et  lai- 
saut  tableau,  lequel  était  exposé  en  la  salir  d'assemblée  du  Chapitre  et  lequel  en 
ayant  été  retiré  esl  maintenant  en  dépôt  à  la  Bibliothèque  dudil  Chapitre.  Le  motif 
de  cette  demande  est  que  le  vœu  presque  général  des  membres  capitulants  du  Cha- 
pitre ('tait,  si  on  eût  eu  lé  temps  de  faire  sur  ce  une  délibération  et  conclusion,  d'en 
faire  hommage  et  présent  à  M.  de  Montagu,  doyen  et  chef  du  Chapitre,  comme 
une  preuve  d'attachement  et  de  reconnaissance.  Ce  samedi  l  décembre  1790.  Signé: 
(Unix.  »  Nous  ignorons  si  le  vœu  des  chanoines  a  été  accompli. 

CHAPITRE  DE   NOTRE-DAME  DE  l'AKIS.  17 


2o8  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

lui  chanoines  en  même  temps  que  vicaires  généraux.  Il  introduisit 
dans  son  appartement  les  deux  Officiers  municipaux,  qui  le  som- 
mèrent, ainsi  que  ses  collègues,  de  procéder  à  la  nomination 
immédiate  de  seize  vicaires  épiscopaux,  «  à  l'effet,  dirent-ils,  de 
pouvoir  faire  incessamment  l'office  paroissial  dans  l'église  Xotre- 
Dame  ». 

Cette  démarche  était  des  plus  irrégulières  :  les  vicaires  épis- 
copaux, en  vertu  même  de  la  Constitution  civile,  devaient  être 
nommés  par  l'évêque  et  nullement  par  des  ecclésiastiques  dont 
celle-ci  avait  aboli  et  ne  reconnaissait  plus  le  titre.  Les  vicaires 
généraux  le  firent  très  bien  sentir  dans  leur  réponse  :  «  Nous  ne 
sommes  autorisés,  reprirent-ils,  ni  par  nos  lettres  de  grands 
vicaires,  ni  par  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale  à  substituer 
même  provisoirement  le  nouveau  clergé,  dont  il  s'agit,  à  celui 
de  l'Église  de  Paris  »  ;  et  devant  cet  inflexible  refus,  dans  lequel 
on  sentait  une  pointe  d'ironie,  Vigner  et  Maugis  quittèrent 
l'archevêché  et  retournèrent  à  Notre-Dame  continuer  l'inven- 
taire. 

Malgré  les  instantes  prières  du  Chapitre,  malgré  même  le  bon 
vouloir  des  Officiers  municipaux,  qui  semblaient  d'avis  de  laisser 
les  chanoines  continuer  leurs  offices  jusqu'au  1er  janvier  1791, 
l'office  canonial  cessa  définitivement  à  Xotre-Dame  le  22  novembre 
au  moment  des  vêpres  1  ;  le  procès-verbal  d'inventaire,  dressé  le 
lendemain  23,  se  termine  ainsi  :  «  Attendu  la  dissolution  du  Cha- 
pitre de  Paris,  avons  fermé  la  porte  de  la  salle  capitulaire  ainsi 
que  les  grilles  du  chœur  de  ladite  église  et  en  avons  remis  les 
clefs  en  les  mains  de  mondit  S1  Mortier,  qui  s'en  est  également 
chargé  pour  les  représenter  à  la  première  réquisition  de  la  Muni- 
cipalité ». 


1.  Los  chanoines  continueront  cependant  à  célébrer  des  messes  basses,  puisque, 
dans  le  procès-verbal  du  30  novembre,  on  lit  :  ■<  lesquels  (ornements  sont  restes 
pour  la  célébration  des  messes  basses  dans  les  armoires  de  ladite  sacristie  ■■. 


LES  INVENTAIRES.  259 


IV 


Nous  n'avons  pas  voulu  interrompre  le  récit  de  la  suppression 
du  Chapitre  pour  rapporter  ici  les  détails  d'une  opération,  qui  se 
pratiquait  en  même  temps  à  Notre-Dame,  conformément  à  l'Ins- 
truction du  19  octobre  précédent.  Cette  Instruction,  qui  émanait  de 
l'Assemblée  nationale  et  que  l'on  peut  regarder  comme  les  articles 
organiques  de  la  Constitution  civile  du  Clergé,  ordonnait  à  la  Mu- 
nicipalité de  Paris  de  dresser  l'inventaire  de  tous  les  objets  mobi- 
liers appartenant  au  Chapitre  et  de  les  mettre  sous  scellés.  M.  le 
Doyen  fut  avisé  par  une  lettre  de  la  Commission  de  l'Administra- 
tion des  Biens  Nationaux  de  la  Municipalité  de  Paris,  en  date  du 
16  novembre,  que  dès  le  lendemain  les  Officiers  municipaux  se 
présenteraient  à  cet  effet  à  la  sacristie  de  Notre-Dame.  Nous  avons 
raconté  plus  haut  cette  première  entrevue  de  ces  derniers  avec  les 
chanoines  délégués  pour  les  recevoir;  les  pourparlers,  qui  se  pro- 
longèrent ce  premier  jour  jusqu'à  près  de  deux  heures  du  soir,  ne 
permirent  pas  de  commencer  l'inventaire.  Il  nous  faut  donc  reve- 
nir au  jeudi  18  novembre,  pour  suivre  les  détails  de  cette  opéra- 
tion, douloureuse  pour  les  chanoines  qui  voyaient  en  elle  la  con- 
sommation de  leur  suppression,  mais  fort  intéressante  pour  nous 
puisqu'elle  va  nous  faire  connaître  les  richesses  du  trésor,  accumu- 
lées par  les  siècles  et  pillées  demain  par  la  Révolution  '. 

«  Le  jeudy  dix-huitième  jour  du  mois  de  novembre  neuf  heures 
du  matin,  jour  et  heures  indiqués  par  la  clôture  du  procès-verbal 
du  jour  d'hier,  nous,  Officiers  municipaux  soussignés,  avons 
procédé  à  la  continuation  des  description  et  inventaire  des  effets 
mobiliers  dépendant  du  Chapitre  de  Notre-Dame  à  nous  représentés 


1.  Le  manuscrit  delà  Bibliothèque  nationale  (nouv.  acq.  fr.,w  2796  .  auquel  nous 
empruntons  tous  les  détails  qui  suivent,  renferme  deux  parties  :  la  première  nous 
a  conservé  les  minutes  mêmes  dressées  par  les  Officiers  municipaux;  la  seconde 
n'est  qu'une  copie  de  la  première.  Les  passages  îles  procès-verbaux  et  de  l'inven- 
taire, reproduits  ici,  sont  de  préférence  conformes  aux  minutes. 


260  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

par  M.  Mortier  [  en  sade  qualité,  en  présence  de  M.  Radix,  assisté 
de  MM.  Gabriel  François  Doyen,  professeur  de  l'Académie  de 
Peinture  pour  cette  partie,  Jean  Marin  Masson,  Md orfèvre  jouallier 
et  de  MM.  Sereau  et  Le  Roy,  huissiers  commissaires-priseurs, 
(en  marge  :  et  du  Sr  Faron  dénommé  et  qualifié  dans  le  procès- 
verbal  d'hier  2),  le  tout  de  la  manière  et  ainsi  qu'il  suit  : 

Premièrement  :  Une  absconce  de  cuivre  argenté3: 

Item  :  un  liras  de  saint  Siméon  d'argent  doré  garni  de  dix  pierres  fausses 
et  de  deux  gravées4;  un  bras  de  saint  Biaise5  d'argent  et  bordures  dorés, 
garnis  de  soixante  pierres  fausses  dont  deux  saphirs;  un  bras  de  saint 
André0  en  argent  garni  de  très  mauvaises  pierres  fausses  et  cassées:  un 
buste  de  saint  Denis  en  argent  doré  à  quatre  pieds  de  biche  :  un  buste  de 
saint  Genoux"  avec  sa  mitre  en  argent  doré;  un  bu^te  d'une  des  compagnes 
de  sainte  Ursule8  en  argent  peint  et  garni  de  quantité  de  pierres  très  com- 
munes: le  tout  pesant  ensemble,  compris  les  matières  étrangères,  cent 
vingt-un  marcs; 

Item  :  un  buste  de  saint  Philippe  9  avec  ses  deux  anges  d'argent. doré  mon- 
tés sur  quatre  pilliers  ;  sur  le  buste  est  un  collier  d'or  et  émaillé  garni  de 
dix-sept  grosses  perles  fines  baroques,  quatre  gros  rubis  balets  baroques 
et  percés,  quatre  saphirs  baroques  percées,  au  bas  du  collier,  un  très  gros 
saphir  ,0  cabochon,  trois  rubis  balets  et  trois  coqs  de  perle  dont  deux  cas- 
sées. Au-dessous  est  une  médaille  d'or  "  émaillé  garnie  de  vingt-deux  perles 

1.  M.  Mortier,  prêtre-trésorier  du  Chapitre,  avait  prêté  la  veille,  Rntre  les  mains 
de  Bailly,  serment  ■  qu'il  n'a  détourné,  vu,  sçù,  ni  fait  détourner  aucun  des  effets 

de  la  de  église  ». 

2.  Sous-chef  du  Bureau  de  la  liquidation  de  l'administration  des  Biens  natio- 
naux. 

:!.  Lanterne  servant  au  chœur  pour  lire  les  leçons  à  Matines. 

I.  Donné  par  Philippe-Auguste  en  1198. 

5.  Cette  relique  fut  donnée  à  l'église  de  Paris  par  le  cardinal  Pierre  de  Capoue, 
en  1278. 

6.  Don  de  Philippe-Auguste  en  1220. 

7.  Il  y  a  ici  une  erreur,  il  faut  lire  saint  Gendoux  ou  Gendulphe.  Ce  buste  ne 
renfermait  que  le  chef  du  saint,  dont  le  corps  était  conserve  dans  une  châsse  sous 
l'autel  de  saint  Denis. 

v.  M.  de  Montjoie  indique  une  partie  du  chef  de  sainte  Ursule  elle-même. 

9.  Le  Doyen  de  Sainte-Sophie  de  Constantinople  et  celui  des  chanoines  réguliers 
de  Panechrante  en  tirent  présent  à  Geoffroy  de  Méry,  connétable  de  Constanti- 
nople. Cette  relique  ayant  été  envoyée  en  France  fut  mise  en  la  possession  des 
chanoines  de  Saint-Sernin  de  Toulouse,  qui  l'envoyèrent  à  Jean  duc  de  Berry.  Ce 
Prince  en  lit  présent  à  l'église  de  Paris  en  1  106.  La  chasse  fut  fondue  sous  Charles  IX 
et  plus  tard  refaite  aux  frais  du  Chapitre. 

1".  Ce  saphir  passait  pour  valoir  15.000  1.  Curiosités,  p.  268. 

II.  Ce  médaillon  servait  jadis  de  fermoir  ou  de  pectoral  à  la  chape  du  Grand 
Chantre.  Ibid. 


LES  INVENTAIRES.  231 

rondes,  dont  deux  cassées,  deux  saphirs  mauvais,  un  rubis  d'<  nient  et  trois 
mauvais  rubis  balets;  au  bas  du  pillier  du  milieu  une  grande  hyacinthe 
cabochon,  le  tout  pesant  ensemble  avec  les  matières  étrangères  environ 
deux  cent  trente-trois  marcs  ; 

Item  :  trois  baguettes  d'ébène  servant  le  vendredy  saint  pour  l'adoration 
de  la  Croix; 

Item  :  un  bâton  cantoral  en  argent  doré  et  figure  de  Vierge  en  haut  et 
une  grande  pierre  peinte  en  rouge  '  ;  un  bâton  de  vermeil  pour  la  croix  d'or, 
six  bâtons  garnis  d'argent  moitié  dorés  moitié  blancs,  servant  aux  dais  du 
saint  Sacrement  et  pesant  les  huit  bâtons  compris  le  bois  environ  cent  deux 
marcs,  et  la  lanterne  du  bâton  cantoral  environ  cinq  marcs; 

Item  :  un  bénitier  d'argent  doré  avec  son  goupillon,  deux  burettes  de  ver- 
meil avec  un  grand  bassin  et  cuvette,  deux  autres  ditto  avec  bassin  et 
cuvette,  un  bénitier  d'argent  doré  avec  goupillon  et  bassin  de  même  et 
deux  boëtes  d'argent  pour  le  saint  Crème  et  deux  cuillères  d'argent  dont  une 
â  manche  d'ébène,  pesant  ensemble  avec  les  matières  étrangères  environ 
quarante-un  marcs; 

Item  :  une  petite  Boète  d'or  pour  les  ablutions  2  pesant  un  marc  deux 
gros;  item  .une  Boëte  de  vermeil  doré  cizelé  avec  son  couvercle  pour  mettre 
les  pains  pesant  un  marc  sept  onces  ; 

Item  :  un  grand  bénitier  de  cuivre  argenté  avec  ses  ornements  en  argent 
d'environ  quatorze  pouces  de  haut,  cizelé,  ayant  aux  deux  côtés  deux  car- 
touches dont  l'un  représente  la  Samaritaine  et  l'autre  le  Baptême  de  Notre- 
Seigneur  et  aux  deux  autres  côtés  deux  anges; 

Item  :  un  grand  calice  d'or  avec  sa  patène  pesant  dix  marcs  une  once  et 
un  demi  gros  3  ; 

Item:  neuf  calices  tant  grands  que  petits  de  vermeil  avec  leurs  patènes; 
trois  calices  d'argent  avec  leurs  patènes,  le  tout  pesant  ensemble  soixante- 
quatorze  marcs; 

Item  :  une  branche  de  cuivre  d'or  moulu  pour  exposer  la  vraie  croix,  de 
la  hauteur  de  vingt-un  pouces  ; 

Item  :  un  couteau  antique  â  manche  d'ivoire  sur  lequel  manche  sont  ins- 
crites ces  paroles  :  «  Hic  cutellus  fuit  Fulcheri  Debnolo  per  quem  Widp 
dédit  arcas  Dragonis  (onzième  siècle)  archidiaconi  ecclesiaj  Sanctae  Maria- 
ante  eadem4  ecclesiam  sitas  pro  anniversario  matris  sua?.  »  Plus  un  petit 
morceau  de  bois  titre  d'Epône  5. 

1.  Autour  de  ee  bâton  on  lisait  :  «  Toile  baculum  in  manu  tua  et  vade  (Lib. 
Regum  IIH,  cap.  nu).  In  virga  enim  percutiet  te,  et  Baculum  suum  levabit  super 
te.  (Isaiae  10.)  >  Ce  bâton  fut  donné  en  14Ui>  par  Germain  Paillart,  grand  chantre  et 
plus  tard  évèque  de  Luçon. 

2.  Elle  servait  à  cet  usage  le  jour  de  Noël  et  le  Jeudi  Saint. 

3.  Donné  par  M.  Petitpied,  sous-chantre,  en  1<'>'*7.  Ce  calice  servait  le  dimanche 
à  la  grand'Messe  quand  elle  était  chantée  par  un  chanoine.  Les  religieux  de  Saint- 
VictoB  prétendaient  avoir  le  droit  de  s'en  servir  quand  ils  venaient  faire  leur 
semaine  au  chœur  de  Notre-Dame. 

1.  Pour  «  eamdem  ». 

Sx  Ce  petit  morceau  de  bois  est  le  témoignage  d'une  réparation  que  deux  serfs, 


202  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Item  :  un  grand  canon  d'autel  garni  en  argent  avec  Lavabo  et  le  In  prin- 
cipio,  le  tout  enrichi  de  miniatures,  le  canon  représentant  difTérentes 
figures  de  la  Bible,  le  tout  ayant  une  glace  et  bordé  autour  d'une  lame  d'ar- 
gent cizelé  1  ; 

Item  :  trois  crosses  anciennes  de  cuivre  doré2; 

Item  :  un  petit  coffret  de  cuivre  doré  dont  quatre  animaux  servent  de 
pied  renfermant  deux  chefs  des  compagnes  de  sainte  Ursule  avouée  par 
l'inventaire  et  la  déclaration  faite  par  le  chapitre  être  de  vermeil  doré  et 
vérification  faite  par  M.  Masson,  ledit  coffret  est  de  cuivre  doré; 

Item  :  une  petite  coquille  d'argent  servant  à  faire  l'eau  bénite,  pesant 
cinq  onces; 

Item  :  un  collectaire  relié  en  velours  rouge  écrit  à  la  main,  la  couverture 
semée  de  fleurs  de  lys  et  agraphée;  un  grand  collectaire  de  fêtes  annuelles 
en  argent  doré  cizelé  et  ornemens,  le  dedans  en  velain  et  miniatures3; 
un  livre  d'évangile,  un  autre  d'épitre  garni  en  argent  doré  cizelé  à  figures 
en  dedans  en  velain  et  miniatures,  deux  livres  d'évangiles  garnis  d'argent 
servant  journellement  ;,  un  petit  collectaire  de  cuivre  et  garni  de  médail- 
lons en  argent  et  ornements. 

«  Et  attendu  qu'il  est  deux  heures  sonnées  avons  remis  à  de- 
main dix  neuf,  neuf  heures  du  matin,  pour  procéder  à  la  continua- 
tion de  la  présente  description  et  ont  tous  les  comparans  signé 
avec  nous  commissaires  [en  marge  :  le  présent  procès-verbal  dans 

de  l'Église  île  Paris,  demeurant  à  Epône,  firent  en  plein  Chapitre  entre  les  mains 
du  Doyen  Foulques  pour  s'être  mis  sans  l'agrément  «lu  Chapitre  en  possession  de 
biens  qu'avaient  gagnés  leurs  père  et  mère.  Une  inscription  gravée  rappelait  ce 
fait. 

1.  Offert  en  1739  par  M.  Vivant,  grand  chantre. 

2.  Ces  crosses  furent  trouvées  en  1699  dans  les  tombes  supprimées  du  sanctuaire 
de  Notre-Dame.  Elles  appartenaient  respectivement  à  Etienne  II,  dit  Tempier,  l'exé- 
cuteur testamentaire  de  saint  Louis,  mort  en  1270;  à  Denis  Dumoulin,  mort  en  1447 
et  la  troisième  à  un  évêque  dont  le  tombeau  n'indiquait  aucun  nom  et  qui  était 
situé  «  au  coin  postérieur  de  l'autel  du  eùte  de  l'épitre  ».  Cfr.  Procès-verbal  dans 
Les  Curiosités  de  l'Église  de  Paris,  p.  352  et  sq.  et  même  ouvrage,  p.  287  et  288. 

3.  Ces  deux  livres  sont  écrits  sur  velin  et  sont  ornés  d'un  grand  nombre  de 
tableaux,  vignettes  et  miniatures.  Le  livre  des  Évangiles  est  de  vermeil,  ayant,  d'un 
côté,  dans  le  milieu,  un  christ  sur  le  calvaire,  et  aux  quatre  coins  les  quatre  Évan- 
gélistes,  et  de  l'autre  côté,  dans  le  milieu.  Notre-Seigneur  montant  au  ciel  :  sur  le 
dos  du  livre  sont  ciselés  différents  attributs  des  ornements  de  l'Église.  Le  livre 
d'Épitrés  est  aussi  de  vermeil,  ayant  d'un  côté,  dans  le  milieu,  la  naissance  de  la 
Vierge,  et  de  l'autre  côté  le  couronnement  de  la  Vierge,  et  aux  quatre  coins  de 
chaque  côté  les  quatre  Pères  de  l'Église.  Sur  le  dos  sont  les  attributs  de  la  sainte 
Vierge.  Ces  deux  livres  sont  d'une  beauté  et  d'une  ciselure  admirable.  Ils  ont  été 
faits  l'année  1756.    Ibid. 

4.  Ces  livres,  fort  beaux  aussi,  furent  donnés  à  Notre-Dame  par  Michel  Judde, 
prêtre  habitué  de  l'Église  de  Paris  en  1763. 


LES  INVENTAIRES.  263 

lequel  il  y  a  quatre  mots  rayés  nuls  ainsi  que  quatre, lignes',  le  d' 
S'' Mortier,  demeurant  gardien  des  effets  cy-dessus  décrits  pour 
les  représenter  quand  et  à  qui  il  appartiendra.  Signé  :  Vigner, 
Mortier,  Radix,  Doyen,  Serreau  H1'  P1,  Masson,  illisible)  H'P1',  Le 
Roy  Hr  P1,  Genest  H'  P1  et  Hardy.   » 

«  Et  le  vendredy  dix-neuvième  jour  de  novembre  neuf  heures  du 
matin,  jour  et  heure  indiqués  par  la  clôture  de  la  séance  d'hier 
pour  la  continuation  de  la  description  et  inventaire  des  effets  mo- 
biliers appartenant  à  l'Eglise  cathédrale  de  Paris,  nous,  officiers 
municipaux  dénommés  dans  les  verbaux  des  précédentes  séan- 
ces et  soussignés,  assistés  de  Mr  Faron,  pareillement  cy-devant 
dénommé  et  qualifié ,  nous  sommes  transportés  en  la  pièce  d° 
la  trésorerie  sise  en  la  Sacristie  de  la  de  église  cathédrale,  où  étant 
arrivés  avons  trouvés  MM.  Radix,  chanoine,  intendant  de  la  fabri- 
que de  la  de  Eglise,  et  Mortier,  prêtre  trésorier  de  la  d"  fabrique, 
ainsi  que  MM.  les  huissiers  priseurs  soussignés,  Mr  Doyen,  peintre 
de  l'Académie  Royale  de  peinture,  M.  deMouchy,  sculpteur  du 
Roy,  et  M.  Masson  orfèvre  jouallier  tous  trois  nommés  par  la  Mu- 
nicipalité pour  procéder  conjointement  avec  nous  aux  opérations  cy- 
après,  et  attendu  que  les  effets  précédemment  décrits  ont  été  lais- 
sés «à  la  garde  de  M.  d'  S'  Mortier  sans  apposition  de  scellés,  nous 
avons  de  suite  procédé  à  la  continuation  de  la  d'!  description  sans 
faire  le  recollement  des  dls  objets  précédemment  décrits.  En  consé- 
quence le  db  Sr  Mortier  nous  a  (à)  l'instant  représenté  les  objets 
<■  y-après  détaillés... 

«  Item  :  un  grand  ciboire  d'argent  et  son  couvercle  doré  en  dedans  et 
chargé  d'ornements  en  vermeil  doré,  le  pied  composé  d'un  groupe  de  trois 
enfants,  surmonté  d'une  couronne  avec  une  croix  vermeil,  pesant  vingt 
marcs  deux  onces  '  ; 

«  Item  :  quatre  chandeliers  daeolythes  de  cuivre  doré  et  deux  autres 
de  cuivre  argenté. 

«  Item  :  la  châsse  de   saint  Marcel2  en  vermeil  doré,  le  frontispice  et  la 

1.  Ce  ciboire  servait  au  chœur  les  jours  de  communion  générale. 

î.  Cette  châsse  était  certainement  la  pièce  la  plus  belle  et  la  plus  célèbre  du  tré- 
sor; on  sait  quelle  place  elle  occupait  surtout  dans  les  processions  à  Sainte-Gene- 
viève. Elle  avait  été  laite  en  1262,  grâce  à  un  legs  du  chanoine  Raymond  de  Clermont. 
Jusqu'en  1699,  elle  était  placée  sur  une  estrade  au-dessus  du  maitre-autel.  M.  «le 
Noailles  lit  construire,  derrière  l'autel  des  Fériés,  une  riche  arcade  où  elle  était 
conservée  et  exposée. 


264  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1700. 

crête  ainsi  que  la  frise  en  or.  trois  grosses  topazes  de  Bohême,  deux  gros 
saphirs  et  garnie  d'une  grande  quantité  de  pierres  de  différente  nature, 
telles  que  mauvais  saphirs,  émeraudes,  pierres  gravées,  onix,  cornalines, 
agathes,  topasse  de  Bohême,  amétises,  petites  et  grosses  perles,  rubis,  gre- 
nats, cristaux,  pierres  peintes,  lapis  vermeil,  etc.,  vingt  figures  de  diffé- 
rents saints  ainsi  que  plusieurs  sujets  analogues  à  la  vie  de  saint  Marcel. 
(En  marge  :  Ladite  châsse  représentant  en  petit  le  modèle  exact  de  l'Église 
de  Notre-Dame  *),  le  tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  quatre  cent  quatre- 
vingt-dix-huit  marcs  environ  : 

Item  :  la  châsse  de  la  sainte  Vierge  d'argent  doré  avec  une  lanterne 
couronnée  et  ornée  de  différentes  figures  pesant  avec  les  corps  étrangers 
cent  vingt-six  marcs  : 

Item  :  la  châsse  de  saint  Cùme  avec  son  clocher  et  plusieurs  reliefs  en 
argent  doré,  le  tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  cent  quatorze  marcs  en- 
viron : 

Item  :  la  châsse  de  saint  Damien  avec  son  clocher  et  différents  bas-reliefs, 
le  tout  en  argent  doré,  pesant  avec  les  corps  étrangers  environ  cent  douze 
marcs: 

Item  :  la  chasse  de  saint  Lucain2  en  vermeil  doré,  obélisques  aux  quatre 
coins,  le  tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  cent  quatorze  marcs; 

Item  :  deux  châsses  d'argent  blanc  de  saint  Babolein  et  de  saint  Maur3. 
garnies  de  quatre  glasses  chacune,  cizelées  de  différens  attributs  en  relief: 
un  petit  reliquaire  d'argent  de  saint  Vincent  de  Paule  4,  le  tout  pesant  en- 
semble compris  les  corps  étrangers  cinquante  six  marcs; 

Item  :  une  châsse  de  bronze  doré  d'or  moulu  servant  à  renfermer  la 
tunique  de  saint  Germain,  évêque  de  Paris,  cette  châsse  est  décorée  de 
pilastres  et  architecture  et  en  haut  d'une  gloire  de  chérubin5; 

Item  :  une  grande  croix  à  philligrame  d'or,  le  bas  de  la  croix  représen- 

1.  Cette  note  est  erronée;  la  châsse  de  saint  .Marcel  n'avait  de  similitude  avec 
l'église  Notre-Dame  que  le  style  architectural,  comme  l'indiquent  d'une  façon 
péremptoire  les  représentations  gravées  de  la  châsse. 

2.  Cette  châsse  renfermait  plusieurs  reliques  dont  la  liste  nous  est  donnée  dans 
un  document  fort  ancien  annexé  à  un  document  signale  dans  le  Cartulaire  de 
M.  Guérard.  Ceux  qui  les  regardaient  par  curiosité,  y  est-il  dit,  perdaient  la  vue.  En 
1503.  Guillaume  Briçonnet,  chanoine  de  Notre-Dame  et  plus  tard  évêque  de  Meaux,  y 
ajouta  de  nouvelles  reliques  et  lit  refaire  la  chasse  à  ses  frais  à  l'occasion  de  son 
Jubilé:  cette  châsse  était  en  mande  vénération  à  Notre-Dame. 

3.  Martyrisé  à  Loigny-la-Bataille  entre  Chartres  et  Orléans,  La  châsse  datait  de 
1666.  Aux  grandes  processions,  elle  était  portée  entre  celles  de  sainte  Geneviève  et 
de  saint  Marcel. 

4.  Offert  au  Chapitre  en  1787  par  les  chanoines  de  Saint-Etienne  des  Grez  en  recon- 
naissance d'une  remise  de  1.500  fr.  sur  une  dette  de  3.500,  pour  leur  permettre 
d'acheter  l'orgue  de  Saint-Nicolas  du  Chardonnet  qui  était  à  vendre. 

Cette  relique  consistait  en  un  doigt  de  saint  Vincent  de  Paul,  donnée  au  Chapitre 
par  le  supérieur  général  de  la  Mission  en  1730. 

5.  Cette  châsse  fut  faite,  en  1703,  aux  frais  de  M.  Jean-Louis  Chevalier,  chanoine, 
par  le  fameux  Philippe  Caffîéri. 


LF.S  INVENTAIRES.  265 

tant  un  vase  d'argent  doré,  garni  de  quatre  gros  saphirs  très  communs  et 
percés  de  seize  autres  plus  petits,  ensuite  deux  morceaux  de  prime  éme 
raude  et  différentes  pierres  très  communes,  telles  que  mauvaises  émerau- 
des,  saphirs,  grenats,  amestistes  gravées  et  autres  pierres  peintes,  etc.,  le 
tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  vingt  six  marcs  environ  { ; 

Item  :  une  grande  croix  d'argent  doré  dite  Danseau  2  garnie  d'un  christ 
et  dix-huit  grosses  pierres  cabochons  tant  grenats,  vermeils,  rubis  balets, 
quatre  grosses  émeraudes  et  neuf  gros  saphirs,  ainsi  que  différentes  petites 
pierres,  perles  et  autres,  le  tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  dix-huit 
marcs  ; 

Item  :  une  croix  dite  Croix  de  Noailles  de  procession  avec,  ses  ornements 
et  son  bâton  d'argent  vermeil  pesant  trente-cinq  marcs  environ3; 

Item  :  une  croix  d'ébène  chargée  d'un  christ  et  trois  fleurons  et  la  pomme 
d'argent  pesant  avec  son  bâton  environ  vingt-neuf  marcs  ; 

Item  :  une  croix  de  vermeil  doré  ayant  un  pied  quarré  soutenu  par  huit 
houles  cizelées  aux  armes  des  Noailles,   pesant    vingt-neuf  marcs  environ  ; 

Item  :  une  croix  de  vermeil ;  renfermant  de  la  vraie  croix  avec  différentes 
plaques  émaillées;  une  autre  croix  à  pied  d'argent  avec  son  christ  pour 
mettre  sur  les  cercueils,  une  autre  petite  croix  de  vermeil  avec  son  christ 
dont  l'écriture  manque,  deux  petites  figures  sur  le  côté,  le  pied  en  cuivre 
doré,  le  tout  pesant  ensemble  avec  les  corps  étrangers  environ  trente-un 
marcs; 

Item  :  une  croix  5  de  bronze  doré  d'or  moulu,  de  la  hauteur  de  trois  pieds, 
huit  pouces  et  demi,  sur  laquelle  est  attaché  un  christ  en  couleur  de  bronze 
étant  dans  la  grande  sacristie  ; 

Item  :  quarante-huit  chandeliers  de  cuivre  argenté,  de  vingt  pouces  de 
haut  servant  aux  enterrements,  six  chandeliers  de  cuivre  argenté  avec  la 
croix  à  pieds  triangulaires,  six  autres  chandeliers  et  la  croix  decuivredoré 
d'or  moulu,  six  autres  chandeliers  de  cuivre  doré  pour  la  sainte  Vierge; 

Item  :  quatre  encensoires  dont  deux  en  argent  et  les  deux  autres  en  cuivre 


1.  Certains  ornements  de  cette  croix  avaient  été,  dit-on,  travaillés  par  saint  Eloi. 
Sur  la  partie  postérieure  de  cette  croix  était  attachée  une  médaille  de  saint  Michel, 
d'or  émaillé,  don  du  duc  de  Berry  en  110(3. 

2.  Ou  plutôt  d'Anseau.  Cet  Anseau,  ancien  chanoine  de  Paris,  était  devenu  prêtre 
et  chantre  du  Saint-Sépulcre  de  Jérusalem.  Il  envoya  cette  croix  à  l'église  de  Pans 
en  1109  du  temps  de  l'évêque Galon.  Elle  renfermait  un  morceau  considérable  de  la 
Croix  de  X. -Seigneur;  l'évêque  el  lé  Chapitre  de  Paris  allèrent  au-devant  d'elle  un 
vendredi  30  juillet  1109,  jusqu'à  Fontenay-aux-Roses,  d'où  ils  la  portèrent  dans 
l'église  de  Saint-Cloud.  Elle  y  resta  en  dépôt  jusqu'au  dimanche  suivant  qu'elle  fut 
apportée  à  Paris.  Telle  est  l'origine  delà  fête  de  la  Susception  de  la  Vraie  Croix 
encore  célébrée  aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Paris  le  !•*  dimanche  d'août. 

3.  Cette  croix  servait  pour  les  obits  el  les  enterrements.  Ibid.,  p.  300. 

1.  Dite  Croix  de  Chambly.  Pierre  de  Chambly,  chanoine,  en  tit  présent  à  l'église 
on  1327.  L'archevêque  la  présentait  à  baiser  au  Roi,  à  la  Reine  et  aux  entants  de 
France,  lorsqu'ils  venaient  à  Notre-Dame.  Curiosités,  p.  296. 

5.  hou  de  M.  du  Pinet,  chanoine. 


206  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EX  1790. 

argenté,  les  chaînes  de  ces  derniers  en  argent,  le  tout  pesant  environ  trente 
trois  mares; 

Item  :  une  grande  figure  de  la  Vierge  '  vermeil  doré  donné  par  Elisabeth 
de  Bavière  femme  de  Charles  Six,  la  couronne  en  or  enrichi  de  pierres  fines 
tant  mauvaises  qu'emeraudes  tenant  dans  la  main  droite  l'enfant  Jésus  et  de 
la  gauche  un  reliquaire,  le  tout  pesant  environ  quatre-vingts  marcs; 

Item  :  une  petite  figure  de  la  Vierge  aussi  de  vermeil  ayant  un  christal  a 
à  la  mamelle  et  tenant  Notre-Seigneur,  une  autre  figure  représentant  saint 
Louis3  portant  une  couronne  ancienne,  garnie  de  mauvaises  pierres  faus- 
ses en  argent  vermeil;  les  deux  figures  pesant  ensemble  environ  cinquante- 
six  marcs  et  demi; 

Item  :  une  autre  figure  représentant  saint  Jean-Baptiste  4  et  son  mouton 
en  vermeil  doré  et  sur  son  pied  de  même,  tenant  un  reliquaire  aussi  de  ver- 
meil dore  pesant  vingt-six  marcs  et  demi; 

Item  :  un  petit  livre  de  velain  en  velours  rouge  contenant  le  serment 
fait  par  les  Roys  entre  les  mains  de  l'Evêque  de  Paris  s  ; 

Item  :  la  lanterne,  le  pavillon  et. ciboire  de  vermeil  étant  au-dessus  du 
grand  autel,  savoir  le  pavillon  de  la  suspension  avec  sa  couronne  de  ver- 
meil doré  annoncé  par  l'Inventaire  du  poid  de  soixante-neuf  marcs  sept 
onces.  La  lanterne  de  vermeil  où  est  enfermé  le  ciboire  au-dessous  du  pa- 
villon annoncé  du  poid  de  vingt-sept  marcs  quatre  onces,  le  ciboire  qui  est 
dans  la  lanterne  annoncé  du  poids  de  cinq  marcs  deux  onces; 

Item  :  deux  médailles  d'or  de  Louis  treize  et  deux  autres  de  Louis  qua- 
torze pesant  deux  marcs,  trois  onces,  deux  gros; 

Item  :  quatre  médailles  d'argent  pesant  deux  marcs  trois  onces  un  gros; 

Item  :  deux  autres  petites  médailles  en  or  pesant  six  gros,  vingt-quatre 
grains  6; 

Item  :  dix-neuf  autres  médailles  de  différentes  grandeurs,  en  argent,  pe- 
sant ensemble  quatre  marcs  deux  onces  un  gros  et  demi; 

Item  :  treize  médailles  de  bronze; 

1.  Cette  statue,  fort  honorée  à  Paris,  ('tait  portée  en  procession  le  jour  de  la  Ré- 
duction de  Paris  et  le  jour  de  l'Assomption.  Elle  fut  donnée,  non  pas  par  lsabeau  de 
Bavière,  mais  par  Charles  VI,  en  action  de  grâces  de  la  naissance  du  Dauphin. 
Inventaire  de  1416.  On  l'exposait  deux  fois  par  an  sur  le  maître-autel. 

2.  Sous  ce  cristal  ('tait  conservé,  d'après  l'inventaire  de  13-13,  quelques  gouttes 
du  lait  de  la  très  Sainte  Vierge. 

3.  Cette  statue  de  saint  Louis  fut  offerte  au  Chapitre  par  M.  du  Pinet,  chanoine. 
le  4  août  lTT'.i.  La  conclusion  capitulai re  de  ce  même  jour  donne  la  description  dé- 
taillée de  ce  beau  reliquaire.  Dans  la  couronne  étaient  renfermés:  un  peu  de  la 
couronne  d'épines,  de  l'éponge,  un  morceau  de  la  robe  de  Notre-Seigneur  et  une 
pierre  de  son  tombeau.  Curiosités,  p.  270. 

4.  Ce  reliquaire  renfermait  un  doigt  de  saint  Jean-Baptiste  qui  fut  donné  à  l'É- 
glise de  Paris  par  le  Pape  Adrien  V,  ancien  chanoine  de  Notre-Dame.  Le  reliquaire 
de  vermeil  était  un  présent  du  doyen  J.-B.  de  Contes  qui  le  lit  faire  en  1661.  Curio- 
sités, p.  269. 

5.  Ce  livre  contenait  le  serment  prêté  par  Charles  VIII,  le  5  juillet  14S4,  entre  les 
mains  de  Louis  de  Beaumont,  évèque  de  Paris,  devant  les  portes  de  réglisc. 

6.  Ces  huit  médailles,  semblables  à  celles  qui  furent  posées  en  1699  dans  les  ton- 


TFIOUE  SGLEJLFâlT  ÏOVR  LEGUSE  NOTREDAMi; 


■cl,. 

tuuie   i 

■'r  /,//'d, ;,/.■/ 
e/i  nu    ,/,■/, 

- 


OSTENSOIR 

Offert  à  l'Église  Notre-Dame  par  M.  le  chanoine  De  la  Porte  en  1708. 

(Bibliothèque  Nationale.  Cabinet  des  Estampes.  Topographie.  Seine.  T.  II.) 


LES  INVENTAIRES.  267 

Item  :  une  navette  d'argent  blanc  avec  sa  cuillière  et  chaîne;  deux  paix 
<le  vermeil  dont  le  milieu  d'une  est  en  or  représentant  la  passion, l'autre  en 
argent  doré,  toutes  deux  enrichies  de  pierres  baroques  et  mauvaises  pierres 
de  couleur  tant  fines  que  fausses;  deux  autres  paix  en  vermeil,  le  tout  pesant 
environ  dix-huit  marcs; 

Item  :  un  plat  ovale  d'albâtre  de  quinze  pouces  de  long  sur  onze  de  large 
dont  le  fond  duquel  est  sculpté  en  bas  relief  '  ; 

Item  :  un  grand  tableau  d'or  de  saintSébastien  donné  par  Jean  duc  de  Berri 
en  mil  quatre  cent  treize,  de  deux  pieds  neuf  pouces  de  haut  sur  un  pied 
neuf  pouces  de  large  dont  les  reliques  sont  couvertes  d'un  treillage  de  cui- 
vre doré,  garni  ledit  tableau  de  différentes  pierres  tant  fines  que  fausses 
comme  perles,  saphirs,  grenats,  rubis,  et  pierres  peintes  pesant  le  tout  en- 
semble compris  les  matières  étrangères  environ  quatre-vingt-sept  marcs 
quatre  onces 2  ; 

Nota  :  Au  milieu  du  tableau  est  un  reliquaire  couvert  d'unchristal  soutenu 
par  deux  petits  anges,  parmi  les  pierres  sont  trois  gros  saphirs  d'orient 
quarrés  avec  douze  grosses  perles  rondes  qui  composent  la  couronne  ayant 
aussi  quatre-vingt-huit  autres  rubis  balets  et  cent  vingt-six  perles  ; 

Item  :  un  reliquaire  de  saint  Cerbonnay  de  vermeil  doré  fait  en  piramide 
accompagné  de  deux  apôtres  au  haut  duquel  est  la  croix  de  Notre-Seigneur, 
un  autre  reliquaire  de  saint  Rigobert :<  aussi  en  vermeil  doré  fait  en  façon 
d'Eglise  où  il  y  a  deux  anges  qui  portent  des  reliques,  un  autre  reliquaire 
d'or  à  pieds  d'argent  doré  contenant  une  clavicule  de  saint  Louis  garni  de 
différentes  pierres  de  couleur  comme  aiuetistes,  saphirs,  émeraudes,  tant 
fines  que  fausses,  un  autre  reliquaire  d'un  doigt  de  saint  Nicolas  en  vermeil 
doré;  un  autre  petit  reliquaire  de  saint  Médard  aussi  en  vermeil  doré, 
le  tout  pesant  avec  les  corps  étrangers  quatre-vingt-seize  marcs  quatre 
onces; 

Item  :  un  grand  soleil  d'argent  vermeil  doré  cizelé,  servant  à  porter  le 
.Saint-Sacrement,  de  cinq  pieds  de  haut  orné  de  quatre  grandes  figures  sur 
un  socle  en  forme  de  table  avec  une  grande  gloire  chargée  autour  de  rayons 
et  de  têtes  de  chérubins  devant  et  derrière,  le  tout  pesant  avec  les  corps 
étrangers  environ  deux  cent  quatre-vingt-dix  marcs  '*; 


déments  du  maître-autel  de  Notre-Dame  étaient  un  don  de  Louis  XIV  et  se  rap- 
portaient au  vœu  de  Louis  XIII  el  à  sa  réalisation. 

1.  Ce  bas-relief  représentait  la  Nativité  de  Nôtre-Seigneur. 

i.  Depuis  1111,  ce  tableau  était  exposé  et  porté  en  procession  le  joui' de  la  Tous- 
saint. On  le  portait  aussi  pour  l'anniversaire  de  la  Réduction  de  Paris. 

3.  Offert  en  1362 par  le  chapitre  de  Reims  à  celui  de  Paris. 

■1.  Cette  superbe  pièce  d'orfèvrerie  fut  donnée  au  Chapitre  par  M.  de  la  Porte, 
chanoine,  en  1708.  Dans  son  tableau  représentant  ce  dernier  (lisant  la  messe  au 
maître-autel  de  Notre-Dame,  Jouvenet  a  placé  cet  ostensoir  sur  l'autel.  On  en  trouve 
une  reproduction  gravée  au  Cabinet  des  Estampes.  En  1788,  le  duc  de  Lesparre  le 
lit  redorer  et  enrichir;  comme  gage  de  reconnaissance,  le  Chapitre  lui  permit  de 
suivre  le  Saint-Sacrement,  le  jour  de  la  Fête-Dieu,  jusqu'au  pied  du  maître-autel. 
.t'ir.  cour/,  capit. 


268  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Led.  soleil  garni  d"une  croix,  de  six  gros  brillants  blancs,  recoupés  pesant 
environ  neuf  à  dix  grains  pièce. 

Item  :  un  petit  soleil  d'argent  '  cizelé  avec  les  rayons  dorés  avec  diffé- 
rentes tètes  de  chérubins  pesant  environ  trente-sept  marcs; 

Item  :  trois  vases2  pour  les  saintes  huiles  d'argent  doré,  une  aiguière  aussi 
d'argent  doré,  une  baguette  de  même  3,  un  petit  tombeau  d'argent  blanc,  le 
tout  pesant  environ  quarante  marcs; 

Item  :  un  vase  de  croix  de  bronze  doré  ayant  trois  tètes  d'anges,  trois 
grands  vases  d'étain  lin  à  deux  anses  aux  armes  du  Chapitre. 

«  Et  attendu  qu'il  est  deux  heures  sonnées,  nous  avons  remis 
pour  la  continuation  de  la  description  du  mobilier  de  la  d° 
église  la  prochaine  séance  à  demain  samedy  vingtième  de  ce  mois 
neuf  heures  du  matin;  quant  aux  objets  décrits  dans  la  présente 
séance  et  dans  les  précédentes,  ils  ont  été  laissés  à  la  garde  de 
mon  d'  S'  Mortier,  qui  s'est  chargé  de  les  représenter  quand 
et  à  qui  il  appartiendra,  les  ayant  renfermés  en  notre  présence 
dans  les  différentes  armoires  de  la  dc  trésorerie  dont  les  clefs 
sont  restées  entre  ses  mains  et  ont  tous  les  du  comparans  signé 
avec  nous  le  présent  procès  verbal  dans  lequel  sont  quarante-un 
mots  rayés  nuls.  Signé  :  Mouchy,  Masson,  Mortier,  Le  Roy, 
Vigner,  Genest,  Léman,  Hardy,  Radix,  Dunel. 

«  Et  le  samedy  vingtième  jour  de  novembre  neuf  heures  du 
matin,  jour  et  heure  indiqués  pour  la  clôture  de  la  séance  du  jour 
(1  hier  pour  la  continuation  des  description  et  inventaire  des  effets 
mobiliers  appartenants  à  l'église  cathédrale  de  Paris,  nous  offi- 
ciers municipaux  dénommés  dans  les  verbaux  des  précédentes 
séances  et  soussignés,  assistés  de  Mr  Faron  pareillement  ci-de- 
vant dénommé  et  qualifié,  nous  sommes  transportés  en  la  pièce 
de  trésorerie  sise  en  la  sacristie  de  la  de  église  cathédrale,  où 
étant  arrivés,  avons  trouvé  MM.  Radix,  Mortier,  Doyen,  Mou- 
chv et  les  huissiers  priseurs  soussignés  tous  ci-devant  dénommés 
et  qualifiés  dans  le  verbal  de  la  séance  du  jour  d'hier,  et  attendu 
que  les  effets  précédemment  décrits  ont  été  laissés  à  la  garde  de 

1.  Fait  on  1718  par  Germain,  orfèvre  <lu  Roi. 

2.  Ces  vases  dataient  delà  fin  du  xv  siècle. 

3.  Cette  baguette  servait  probablement  au  spé. 


LLS  INVENTAIRES.  20) 

mon  dl  Sr  Mortier  sans  apposition  de  scellés,  nous  avons  de  suitte 
procédé  à  la  continuation  de  la  d"  description  sans  faire  le  recol- 
lement des  dts  objets  précédemment  décrits.  En  conséquence  le 
dl  Sr  Mortier  nous  a  à  l'instant  représenté  les  objets  cy-après 
détaillés  : 

«  Item  :  un  petit  vase  d'argent  à  pieds  ronds  avee  une  croix  au-dessus 
servant  à  mettre  les  saintes  Huiles;  une  croix  d'argent  à  pieds  quarrés  de 
deux  pieds  quatre  pouces  de  haut  enrichie  de  deux  petits  anges  attachés 
sur  le  pied,  de  quatre  parties  de  rayons  dans  les  quatre  angles  de  la  croix, 
le  tout  pesant  ensemble  treize  marcs.  » 

Ornemens  dans  les  armoires  de  la  trésorerie. 

«  Item  :  un  ornement  appelé  Guébrillant.  consistant  en  quatre  chappes, 
une  chasuble,  deux  tuniques,  deux  étoles,  trois  manipules,  une  chappe  de 
spé,  un  voile  de  calice,  un  voile  du  plat,  un  coussin,  une  bourse;  la  palle 
i-st  de  satin  brodé  or  et  soie,  le  voile  du  calice  de  satin  blanc  chargé  aux 
quatre  coins  de  grosses  broderies  d'or  enrichies  de  perles  et  bouillons  d'or 
semés  de  fleurs  en  broderies  de  soie  au  naturel,  une  croix  rayonnée  de 
broderie  d'or  avec  une  (sic)  cartouche  au  milieu  bordée  de  perles  fines  dans 
lesquelles  est  notre  Seigneur  en  croix  avec  les  deux  figures  de  la  Vierge 
et  de  saint  Jean  et  la  Magdelaine;  le  tout  en  broderies  d'or  et  de  soie,  bordé 
de  dentelles  d'or  et  d'argent;  le  fond  du  voile  du  plat  est  un  tissu  d'argent 
brodé  en  bosses  d'or  bordé  autour  d'un  molet  d'or,  le  tout  doublé  de  satin 
cramoisi  et  taffetas  rouge,  le  coussin  garni  de  ses  houppes  d'or,  le  tapis 
de  l'évangile  brodé  aux  deux  côtés  de  molets  d'or  et  aux  deux  bouts  de  cré- 
pines aussi  d'or,  les  armes  du  maréchal  de  Guébrillant  étant  à  un  des  bouts, 
ledit  tapis  doublé  de  toille  rouge,  lequel  ornement  sert  pour  le  jour  de 
pasques  '  ; 

«  Item  :  un  ornement  de  satin  blanc  brodé  en  fleurs  d'or  et  de  soie  de 
différentes  couleurs  avec  orfroy  à  tableaux  encadré  dans  de  grands 
galons  d'or  larges  de  deux  doigts  et  ouvragés,  ledit  ornement  composé  de 
quatre  grandes  chappes,  de  la  chappe  et  du  soc  du  spé,  d'une  chasuble. 
de  deux  tuniques  avec  leurs  étoles  et  manipules,  d'un  voile  de  calice  fond 
moire  d'argent  brodé  en  or  avec  une  face  faite  en  petits  points  représen- 
tant notre  Seigneur,  d'une  bourse,  deux  tapis  d'épitre  et  évangile  ainsi  qu'il 
est  plus  amplement  détaillé  dans  l'inventaire  de  la  sacristie  du  Trésor  f°  120. 
Cet  ornement  sert  le  jour  de  la  présentation  de  la  Vierge; 

«  Item  :  l'ornement  de  Noailles,  dont  le  fond  est  de  satin  blanc,  composé 
de  quatre  grandes  chappes,  de  la  chappe  et  du  soc  du  spé,  d'une  chasuble, 
deux  tuniques,  étoles,  manipules,  un  voile  de  calice,  un  voile  de  plat,  un 
coussin,  une  bourse,  une  palle  et  un  tapis  d'évangile;  le  tout  ainsi  qu'il  est 

1.  U  fut  donné  au  Chapitre  parle  maréchal  de  Guesbriant  en  l'année  1635.  Avant 
le  don  de  l'ornement,  dit  de  la  Ville,  il  servait  aus^i  le  jour  de  l'Assomption. 


270  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

plus  au  long-  détaillé  au  dit  inventaire  f°  121  ;  le  dit  ornement  servant  le 
jour  de  la  Conception  et  de  saint  Jean-Baptiste  '. 

<<  Item  :  un  ornement  appelé  de  la  Ville  de  drap  d'or  à  bouquets  de  soie 
nuancée  avec  grands  galons  d'or,  franges  d'or,  avec  des  cordelières,  com- 
posé de  quatre  grandes  chappes,  de  deux  chappes  de  spé,  deux  chasubles, 
deux  tuniques  avec  leurs  étoles  et  manipules,  les  glands  des  tuniques  déta- 
chés, six  autres  tuniques  pour  les  induites  (sic),  deux  voiles,  une  bourse 
avec  sa  palle.  un  coussin  garni  de  glands  d'or,  deux  tapis  d'épitre  et  d'é- 
vangile garnis  de  molets  et  franges  d'or;  une  étole  pastorale,  un  tapis  de 
banque  brodé  avec  larges  galons  d'or  et  écussons  de  la  ville  en  broderies 
d'or  ainsi  qu'il  est  plus  au  long  détaillé  f°  126;  le  dit  ornement  donné  par 
la  ville  de  Paris  en  1765  à  l'occasion  de  la  Bénédiction  de  la  cloche,  nom- 
mée Thibaut  et  servant  le  jour  de  la  Somption  (sic); 

«  Item  :  l'ornement  de  Vintimille2  dont  le  fond  est  une  étoffe  de  Lyon 
canelée  blanche  à  grands  bouquets  d'or;  le  dit  ornement  composé  de  quatre 
chappes,  de  la  chappe  et  soc  du  spé,  d'une  chasuble,  deux  tuniques  avec 
leurs  glands  détachés,  deux  étoles,  trois  manipules,  six  autres  tuniques 
avec  leurs  glands  détachés,  deux  tapis  d'épîtres  et  d'évangiles,  un  voile  de 
calice,  un  voile  de  plat,  une  bourse  avec  sa  palle  et  le  coussin  pour  l'évan- 
gile, ainsi  qu'il  est  plus  au  long  détaillé  f°  122  du  dit  inventaire,  le  dit 
ornement  servant  le  jour  des  Boys  et  de  l'Ascension. 

«  Item  :  l'ornement  appelé  de  la  Porte3  consistant  en  quatre  grandes 
chappes.  chappe  et  soc  du  spé,  une  chasuble,  deux  tuniques  avec  leurs 
glands,  deux  étoles,  trois  manipules,  un  voile  de  calice,  un  voile  de  plat, 
la  bourse  avec  sa  palle  et  le  coussin  pour  l'évangile,  le  tout  d'une  riche 
étoffe  or  et  argent  à  grandes  Heurs  ainsi  qu'il  est  plus  détaillé  page  124  du 
dit  inventaire;  le  dit  ornement  servant  le  jour  de  la  Conceptiou  et  de  la 
Circoncision; 

«  Item  :  un  ornement  appelé  les  feuilles  de  chêne...  le  tout  de  damas 
blanc  semé  de  branches  et  feuillages  de  chêne  en  broderie  d'or  et  de  soie, 
le  dit  ornement  servant  le  jour  de  la  Présentation  et  Visitation,  de  sainte 
Geneviève,  plus  détaillé  f°  126  du  dit  inventaire; 

«  Item  :  l'ornement  de  saint  Germain...  le  tout  de  damas  de  Gênnes  (sic) 
blanc  à  grand  ramage...  servant  les  dimanches  après  la  Pentecôte; 

«  Item  :  l'ornement  de  semi-doubles...  le  tout  de  damas  blanc  à  orFroy 
de  velours  eizelé  rouge  et  vert,  bordé  d'un  galon  d'or...  ; 

«  Item  :  l'ornement  de  Beata...  de  satin  broché  de  différentes  couleurs 
en  petits  bouquets  et  galons  d'or...  servant  les  samedis  pour  l'office  de  la 
Vierge  ; 

«  Item  :  l'ornement  des  simples  et  fériés,  le  tout  de  damas  blanc  à  orfroy 
de  satin  aussi  blanc  à  petits  bouquets.  » 

1.  Cet  ornement  fut  confectionné  à  Saint-Cyr  sous  la  direction  de  M.  le  Maréchal 
de  Noailles,  en  17o5. 

2.  M.  de  Vintimille,  archevêque  de  Paris,  l'offrit  au  Chapitre,  la  veille  de  l'A*- 
:•  >mpti<  n  1738. 

3.  Du  nom  du  chanoine  qui  le  donna  en  l?1  6. 


LES  INVENTAIRES.  271 

Ornemens  rouges. 

«  Item  :  l'ornement  de  la  Pentecolte  de  velours  rouge,  broderie  d'or'; 

«  Item  :  l'ornement  appelé  Du  Refuge*  servant  pour  la  felte  Dieu,  ledit 
ornement  de  velours  rouge  cramoisi  semé  de  Heurs  et  broderies  d'or; 

«  Item  :  un  ornement  ancien  à  tableaux  servant  les  jours  de  saint 
Etienne  et  de  l'octave  de  la  fette-Dieu,  le  lout  de  drap  d'or  de  Milan  velouté 
rouge,  les  orfroys  en  personnages  de  broderies  d'or,  les  étoles  et  manipules 
garnis  au  bas  de  franges  d'or  et  soie  rouge; 

«  Item  :  l'ornement  appelé  de  saint  Pierre...  de  velours  rouge  cramoisi 
semé  de  grands  fleurons  en  broderies  d'or...  servant  le  jour  de  la  Saint- 
Pierre  ; 

«  Item  :  un  ornement  neuf  à  fleurs  de  lys  d'or...  de  velours  rouge  avec 
des  fleurs  de  lys  formant  les  orfroys  aux  chappes,  chasubles  et  tuniques  et 
garni  de  galons,  franges  et  molets  en  or;  à  la  chappe  du  spé  il  y  a  un  écus- 
son  en  broderie  d'or;  cet  ornement  a  été  donné  à  l'église  en  l'année  1774  et 
sert  les  fettes  d'apôtres  et  les  fettes  de  croix  de  notre  Seigneur; 

«  Item  :  un  ornement  de  velours  cramoisi  servant  l'octave  de  la  fette 
Dieu  et  aux  saints  Inocents  à  orfroy  de  drap  d'or  avec  épis  de  bled  et  grap- 
pes de  raisin  nuancés...  ledit  ornement  composé  de  huit  grandes  chappes, 
une  chappe  et  soc  du  spé,  une  chasuble,  deux  tuniques,  deux  étoles,  trois 
manipules,  deux  tapis  et  un  coussin  garnis  de  quatre  glands  d'or  pour 
l'épitre  et  évangile,  un  voile  de  plat,  une  bourse  et  sa  palle,  quatre  petites 
(happes  servants  aux  enfants  de  chœur.  Cet  ornement  a  été  donné  par  le 
Roy  à  l'église  de  Paris  le  trente  mars  1768; 

><  Item  :  un  ornement  des  apôtres...  de  velours  cramoisi  brodé  en  or  et 
servant  aux  fettes  d'apôtre  ; 

«  Item  :  un  autre  ornement  de  saint  Germain...  de  damas  cramoisi  à 
grands  ramages  avec  orfroy  de  drap  d'or...  servant  les  dimanches  après  la 
Pentecotte; 

«  Item  :  un  autre  ornement  des  semis  doubles...  le  tout  de  damas  cra- 
moisi avec  orfroy  de  velours  cizelé  cramoisi  et  jaune  bordé  d'un  galon  d'or; 

«  Item  :  un  autre  ornement  des  fériés  de  damas  cramoisi  avec  orfroys  de 
même  étoffe  sur  lesquels  il  y  a  des  tulipes  parsemées  et  brodées  en  soie  de 
différentes  couleurs  avec  galon  d'or...  ledit  ornement  donné  par  M.  de  Gon- 
tault  doyen  de  l'Église  de  Paris  en  1728  et  servant  aux  fériés  en  rouge; 

Item  :  un  ornement  du  jeudy  saint  de  drap  d'or  à  fleurs  veloutées  rouges 
frisées  d'argent...  ; 

«  Item  :  un  ornement  de  la  Trinité  composé  d'une  grande  chasuble,  deux 
grandes  tuniques  fort  anciennes  sur  lesquelles  sont  brodés  ces  mots  (année 
888).  deux  étoles  et  trois  manipules  garnis  au  bas  de  franges  d'or  et  de  soie 
rouge,  le  tout  de  velours  cramoisi. 

1.  Cet  ornement,  d'après  M.  deMontjoie,  aurait  été  donné  à  L'église  de  Paris  en 
1500.  En  17H»,  il  subit  une  réparation  importante;  les  perles  dont  il  était  couvert 
furent  enlevées  et  remplacées  par  de  la  broderie.  Curiosités  de  l'Église  de  Paris, 
p.  302. 

;.'.  M.  du  Refuge,  chanoine,  l'avait  offert  en  1512. 


272  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1790. 

Ornemens  verts. 

«  Item  :  l'ornement  de  saint  Marcel  pour  les  petits  solennels...  de  velours 
vert  semé  dans  la  totalité  de  fleurons  en  broderies  d'or...  servant  les  jours 
de  saint  Marcel,  saint  Germain  et  saint  Martin  ; 

«  Item  :  l'ornement  des  doubles...  le  tout  de  velours  vert  plein  avec 
fleurs  et  galons  d'or... 

«  Item  :  l'ornement  des  semis-doubles...  d'une  étoffe  dont  le  fond  est 
vert  brodé  d'un  galon  d'or; 

«  Item  :  l'ornement  des  fériés...  le  tout  de  damas  vert  avec  orfroy  de 
satin  à  bouquets  et  broderies  d'argent  et  soie  bordé  d'un  galon  d'or.  » 

Ornemens  violets. 

«  Item  :  l'ornement  appelé  Isabeau  de  Bavière...  le  tout  de  velours  vio- 
let, brodé  en  totalité  de  bouquets  d'or  et  d'argent,  les  orfroys  à  tableaux  et 
écussons  aux  armes  de  France.  Cet  ornement  a  été  donné  par  la  reine 
Isabeau  de  Bavière  en  1*20  '  et  sert  le  jour  de  Noël  à  la  grande  messe  et  à 
vespres  le  jour; 

«  Item  :  l'ornement  du  Roy  de  velours  violet  avec  orfroys  de  drap  d'or 
galons  et  franges  d'or  et  écussons  de  France  en  broderie  d'or...  le  voile  de 
calice  est  garni  d'un  large  point  d'Espagne...  ledit  ornement  servant  le 
jour  de  saint  Louis,  le  premier  dimanche  de  l'avant  et  le  dimanche  de  la 
Quinquagésime  ; 

«  Item  :  l'ornement  de  damas  violet  neuf,  fait  en  1769  à  orfroys  de  drap 
d'or...  le  tout  garni  de  galons  d'or,  entredeux  velouté  et  franges  d'or  et 
suivant  le  jour  de  la  Septuagésime  ; 

«  Item  :  l'ornement  des  doubles  mineurs...  le  tout  de»  damas  violet  avec 
orfroy  de  toille  d'argent,  broderie,  lizeré  et  galons  d'or; 

«  Item  :  l'ornement  des  semis  doubles...  le  tout  de  damas  violet  avec 
orfroy  de  velours  cizelé  et  moire  d'argent  bordé  d'un  galon  d'or; 

«  Item  :  l'ornement  des  simples  et  fériés...  le  tout  de  damas  violet  à 
orfroy  d'une  dauphine  fond  violet  avec  des  grandes  fleurs  de  différentes 
couleurs  •  Cet  ornement  a  été  donné  par  M.  de  Gontault,  doyen  en  1732.  * 

Ornemens  cendrés. 

«  Item  :  l'ornement  des  dimanches  de  carême...  le  tout  de  damas  à  fleurs 
garnies  de  galons,  franges,  molets...  ; 

«  Item  :  l'ornement  des  fériés  de  carême  composé  de  trois  grandes 
chappes.  de  la  chappe  et  du  soc  du  spé,  d'une  chasuble,  deux  transverses 
et  l'oraire  avec  étoles  et  manipules,  un  coussin...  le  tout  de  damas  cendré 
clair  avec  fleurs  brodées  en  argent  et  bordé   d'un  petit  passepoile  d'or...; 

«  Item  :  l'ornement  noir  à  orfroys  de  satin,  servant  pour  la  passion....  le 
toutde  damas  noir  à  ramages,  les  orfrois  de  satin  des  indes  brun  à  fleurs 
d'or,  d'argent  et  de  soie... 


1.  En  accomplissement  d'un  vœu,  qu'elle  avait  l'ait  à  Dieu  et  à  la  Sainte  Vierge, 
pour  le  rétablissement  <\>-  la  santé  «lu  roi  Charles  VI. 


LES  INVENTAIRES. 
Ornemens  jaunes. 

-  sainte  Anges  e,  saint  Michel  ?''       "  *  ga'°nS  ^^  — <s 
Ornemens  noirs. 

de  France...  «^^^^J^ZZ^  'e  .ont  an,  armes 

7.e,s  et  écussons  fc3E f^T^J^J )&%? «-*    *««« 

donné  en  Tannée  1774  et  sert  nnn,  IY1   ,         ,  °  °"™ment  a  été 

ments  de  chanoine   ensuite  noTl'l         f  ^U'S  <,Ui"Ze'  '°US  les  e"te'™- 

■  it-  .■  rornem;n  ;e  Ri?  :  j:  uurIedte0  :dcrfmo,'aison  des  morts^ 

de  Moire  d'argent  des  deux  c^gJo'n   dW^,  iLT  T  ""  °rfr05'S 
Richelieu  en  broderies  d'or    f2  8"UI",K  et  a«»  <"™es  de 

«  Item  :  l'oruem eût  de  velolr  S      ï-  SerTai"  PM"'  ,,0bil  ie   MeMeu; 
noines...;  e'°U,S   C'Zele  se™"  P°<"  les  ohits  des  cha- 

«  Item  :  l'ornement  de  velours  à  nniloc 

«  /!«.  :  1  ornement  de  dama"  P  ^  P°UF  ^  Petits  obitsî 

"  /*em  :  l'ornement  des  Méreaux       I»  f«„«    i      i 
satio,  colonnes  et  petits  bou^d'aigeu,   1  "maS  "°"'  *  °rf™S  de 

Chapes  détachées,   savoir  : 
En  rouge. 

et  :li  'dt^t^Ltet^rï a  :,eu"s  bnchées  ^  *  ^°« 

deux  velouté  six  chaDe,  ° tZ ?  ^  ™  "gmt-  Z»>°™  d'or,  entre- 
le  fond  est  de  dama  hl  n^reV r  o'e0U': e"  j"^  de  '^"«éque  dont 
rose  et  hououets  d'argent  hrodé7r:ah:ndc;.'S  "  ""e  **  ^  de 

i^-'^rj^ï  zgeer:° ;,ne  !,e,i,e  brod-  -  -• 

vêque.  »  a  fête  el  mx  ""oidniers  de   M.  larche- 

«  Et  attendu  qu'il  a  été  vaqué  à  ce  que  dessus  jusqu'à  „.ois 
heure*  sonnées,  nous  avons  remis  pour  .a' continuation  de  la  de 

puon  du  surplus  des  effets  mobiliers  du  Chapitre  de  1 l 
cathédrale  la  prochaine  séance  à  hindy  vingt  de  Jème  jour  de  ce 
mois  (en  marge  :  une  heure  après  n.idv  et  avons  I.J..  ■  ,        . 
objets  décrits  dans  la  présent  séance^ ,a™ \ 7d.  "  M» 
-  qui  s'en  est  charge  eomme  gardien  par  noL  à  cet  efff,  cent 

1-  Donné  par  Richelieu  lui-même  en  1642. 

CHAPITRE  DE   NOTRE-DAME  DE  PARIS 

18 


274  LE  CHAPITRE  DE  KOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1789. 

titué  pour  les  représenter  ainsi  que  ceux  décrits  dans  les  verbaux 
des  précédentes  séances  quand  et  à  qui  il  appartiendra  et  ont  tous 
les  dits  comparants  signé  avec  nous  le  présent  procès-verbal...  » 
«  Et  le  lundy  vingt-deuxième  jour  de  novembre  une  heure  après 
midy  ',  jour  et  heure  indiqués  par  la  clôture  de  la  séance  de  samcd y 
dernier  pour  la  continuation  des  descriptions  et   inventaire  des 
effets   mobiliers  appartenants  à  l'Eglise  de  Paris,  nous  Officiers 
Municipaux  dénommés  dans  les  verbaux  des  précédentes  séances 
et   soussignés ,   assistés   de    Mr   Faron   pareillement    cy-devant 
dénommé  et  qualifié,  nous  sommes  transportés  en  la  pièce  de  tré- 
sorerie sise  en  la  sacristie  de  la  de  église  cathédrale  et  conduit 
par  le  dl  Sr  Mortier  dans  une  pièce  au-dessus  de  la  trésorerie  avons 
trouvé  MM.   Radix,   Doyen,  Mouchy,tous  cy-devant  dénommés 
et  qualifiés  dans  les  verbaux  des  précédentes  séances,  et  Messieurs 
les  huissiers  commissaires  priseurs  et  attendu  que  les  effets  pré- 
cédemment décrits  ont  été  laissés  à  la  garde  de  mondc  Sr  Mortier 
sans  apposition  de  scellés,  nous  avons  de  suite  procédé  à  la  con- 
tinuation de  la  dc  description  sans  faire  le  recollement  des  d**  objets 
précédemment  décrits,  en  conséquence  le  d'  S'  Mortier  nous  a  à 
l'instant  représenté  les  objets  cy-après  détaillés   : 

Suite  des  chappes  détachées. 
En  blanc. 

«  Item  :  une  chape  dont  le  fond  est  de  damas  blanc,  savoir  deux  à  grands 
bouquets  d'or  et  fleurs  de  soie,  les  six  autres  à  petits  bouquets  soie  et  or  avec 
orfroy  de  drap  galons  et  franges  d'or  pour  servir  aux  huit  aumôniers  de 
l'archevêque;  ces  chappes  ont  été  données  par  le  Roy  en  1768  et  servent 
pour  les  aumôniers  de  l'archevêque  quand  il  office; 

«  Item  :  une  autre  chape  a  fond  tissu  d'argent  brodé  en  or  avec  galons 
et  broderie  d'or,  donnée  par  le  cardinal  de  Xoailles  en  1728,  servant  aux 
différentes  fettes  de  l'année; 

«  Item  :  une  autre  chape  de  satin  avec  une  mosaïque  en  petites  fleurs 
d'or  et  orfrois  de  Moire  d'argent  brodé  en  or  représentant  le  chef  de  saint 
Louis  dans  le  dos  de  la  chape...  ; 

«  Item  :  une  autre  chape  blanche  d'un  côté  et  rouge  de  l'autre  de  taffetas 
garni  d'une  frange  et  d'un  petit  galon  d'or  système; 

«  Item  :  deux  autres  chapes  de  satin  blanc  à  bouquets  détachés  de  diffé- 

1.  La  matinée  fut  occupée  par  la  séance  capitulaire  et  les  démarches  auprès  des 
vicaire-  généraux,  dont  nous  avons  parlé  plus  liant. 


LES  INVENTAIRES.  27a 

rentes  couleurs  avec   orfrois   de   damas  à  Heurs  brodées  et  galons  en  or 
servant  pour  différentes  fettes  de  vierge; 

«  Item  :  quatre  chapes  d'un  satin  gris  de  lin,  lizéré,  bouquets,  orfrois  de 
satin  blanc,  bordées  d'un  galon  d'or.  » 

Voiles  détachés  pour  la  vraie  croix. 

«  Item  :  un  voile  rouge  et  blanc  brodé  à  deux  envers  de  M.  de  Beau- 
mont  donné  par  M.  de  Montjoie  ; 

«  Item  :  un  autre  voile  de  satin  rouge  bordé  tout  autour  en  bouillons 
d'or,  au  milieu  une  croix  brodée  en  or  et  dentelles  aussi  en  or  et  doublé  de 
taffetas  cramoisi; 

«  Item  :  un  voile  de  velours  cramoisi  servant  à  mettre  sous  la  vraie 
croix  en  procession,  bordé  autour  d'un  molet  d'or  et  doublé  de  taffetas 
rose; 

«  Item  :  un  autre  voile  de  moire  d'argent  en  fleurs  brochées  bordées 
d'un  molet  d'or  doublé  de  taffetas  rose.  » 

Tuniques  en  rouge  pour  les  induits  (sic). 

«  Item  :  six  tuniques  de  velours  cramoisi  à  orfrois  de  même  couleur 
à  grandes  fleurs  et  galons  d'or,  destinées  à  servir  les  fettes  solennelles; 

«  Item  :  quatre  autres  tuniques  de  velours  cramoisi,  broderies  et  galons 
d'or  garnies  de  leurs  cordons  et  glands  en  or  et  soie  cramoisie.  » 

Tuniques  en  blanc  pour  id. 

«<  Item  :  six  tuniques  brodées  en  or  sur  un  fond  d'argent  pour  les  orfrois, 
le  fond  est  une  étoffe  sergé  à  fleurs  d'or  et  soie  de  diflerentes  couleurs;  la 
broderie  desdites  tuniques  vient  des  langes  du  duc  de  Bourgogne,  père  de 
Louis  quinze,  qui  les  a  données  à  l'Eglise  de  Paris  *  ; 

«  Item  :  deux  autres  tuniques  brodées  aussi  sur  un  fond  de  drap  d'argent 
pour  les  orfrois,  le  fond  est  d'une  étoffe  d'argent  sablé,  la  broderie  pro- 
vient aussi  des  mêmes  langes...  ; 

«  Item  :  six  autres  tuniques  de  satin  fond  blanc  avec  des  bouquets,  bro- 
deries et  galons  d'or.  » 

Tuniques  en  vert  pour  id. 

«  Item  :  deux  tuniques  de  velours  vert  bordées  et  brodées  en   or:   les 
orfrois  d'une  espèce  de  damas  à  fond  blanc  rayé  et  fleurs  d'or.  » 
Tuniques  rouges  des  porte-dais. 
«  Item  :  dix-huit  tuniques  de  damas  cramoisi  à  orfrois  de  velours  cizelé, 

1  «  A  Versailles, le  30novembre  1753.  Le  Roy  ayant  bien  voulu.  Monsieur,  accor- 
der au  Chapitre  de  Paris  les  langes  qui  ont  été  envoyées  par  le  Pape  pour  Mon- 
seigneur le  duc  de  Bourgogne,  vous  voudrez  bien,  s'il  vous  plaît,  les  faire  remettre 
au  Chapitre  de  Notre-Dame.  Signé:  Saint-Florentin.  »  Ces  langes  étaienl  «le  bro- 
deries or  et  argent  sur  fond  de  toile  d'argent  ei  bleu,  et  de  drap  d'écarlate;  elles 
étaient  enrichies  de  broderies  d'or,  d'un  petit  tableau  de  broderie  de  soie  repré- 
sentant le  baptême  «le  Notre-Seigneur  el  des  armes  de  France  entourées  d'un 
double  rang  de  branches  «le  laurier.  Cfr.  Concl.  capit. 


276  LE  CHAPITRE  DE  .NOTRE-DAME   DE  PARIS  EN  1789. 

fond  et  galons  d'or.  Elles  servent  le  jour  de  la  fette  du  Saint-Sacrement.  » 

Tuniques  des  enfans  de  chœur. 
En  rouge. 

«  Item  :  onze  tuniques  de  velours  cramoisi  à  orfrois  de  moire,  broderies 
et  galons  d'or  ;  » 

Autres  en  blanc. 

«  Item  :  onze  tuniques  de  damas  avec  orfrois  de  point  de  tapisserie  de 
différentes  couleurs  bordés  d'un  passe-poil  d'or.  » 

Chasubles  détachées  servant  pour  les  basses  messes. 

«  Item  :  deux  vieilles  chasubles  avec  leurs  plages  pour  la  cérémonie  des 
saintes  huiles  le  jour  du  jeudy  saint,  l'une  d'une  ancienne  étoffe  couleur  d'or, 
rouge  et  blanche,  garnie  d'un  galon  et  d'une  broderie  en  or,  faites  en  1200, 
l'autre  de  drap  d'or,  orfrois  de  figures  en  broderie  d'or,   faite  en  1400  ; 

«  Item  :  une  belle  chasuble  destinée  pour  servir  au  chœur  le  jour  de 
Pâques,  brodée  en  or  sur  un  fond  de  drap  d'argent  pour  l'orfroy  :  ladite 
broderie  provient  aussi  des  langes  du  duc  de  Bourgogne; 

«  Item  :  deux  chasubles  de  satin  en  rose  à  Heurs  d'argent  à  orfrois 
de  brocard  d'or,  fond  cramoisi  orné  et  brodé  d'un  galon  d'or; 

«  Item  :  deux  autres  chasubles  à  orfroy  de  drap  d'or  et  fleurs  nuancées, 
le  fond  de  satin  couleur  de  feu,  bordée  d'un  galon  d'or,  données  pour  la 
fette  de  la  Pentecotte  de  1762,  par  M.  de  Montjoie,  plus  deux  voiles  neufs 
de  damas  cramoisi  avec  une  dentelle  d'or,  une  bourse  d'étoffe  d'or  en  soie  ; 

«  Item  :  une  autre  chasuble  d'un  fond  tissu  d'argent,  brodée  en  totalité 
en  or,  donnée  par  M.  le  cardinal  de  Noailles  en  1728; 

«  Item  :  une  chasuble  de  moire  d'argent  brochée  d'or  et  de  fleurs  de 
différentes  couleurs  croisées  et  brodées  de  galons  d'or; 

«  Item  :  deux  autres  chasubles  de  brocard  d'or  et  d'argent  à  fond  blanc 
avec  des  grandes  fleurs  de  différentes  couleurs  croisées  et  brodées; 

«  Item  :  une  autre  chasuble,  espèce  de  moire  en  or  et  argent  sur  un  fond 
jaune  avec  le  voile  pareil; 

«  Item  :  une  chasuble  d'une  étoffe  de  drap  d'or,  fond  rouge,  galonnée  et 
bordée  d'une  dentelle  d'or  et  d'argent  avec  le  voile,  la  bourse  et  la  palle; 

«  Item  :  une  chasuble  de  moire  blanche  en  soie...,  donnée  par  M.  l'abbé 
Defriges,  chanoine,  en  1760; 

«  Item  :  une  autre  chasuble  de  moire  rouge  en  soie...,  donnée  par  M.  De- 
friges la  même  année; 

«  Item  :  une  chasuble  à  deux  envers  de  taffetas  rouge  d'un  côté,  blanc 
de  l'autre,  brodée  en  or  et  soie...,  donnée  par  M.  Baudouin,  chanoine,  en 
1769; 

«  Item  :  une  chasuble  de  moire,  aussi  à  deux  envers,  vert  d'un  côté  et 
violet  de  l'autre...,  donnée  par  mondit  Sr  Desfriges  en  1760;  » 

(Suit  la  description  de  différentes  cliasubles.) 


LES  INVENTAIRES.  277 

Tapis  de   Banque  : 
En  rouge. 

a  Item  :  un  tapis  de  velours  cramoisi,  galons,  broderies,  écussons  et 
chiffre  du  Roy  en  or,  donné  par  le  Roy  en  1760; 

«  Item  :  un  autre  tapis  de  velours  cramoisi  ayant,  sur  le  devant,  un  écus- 
son  de  M.  de  Vintimille,  garni  de  point  d'Espagne  et  broderies  d'or,  donné 
par  ce  dernier  en  1738; 

«  Item  :  un  autre  tapis  aussi  de  velours  cramoisi  brodé  en  or  et  argent, 
la  broderie  provenant  des  langes  du  grand  duc  de  Bourgogne  ; 

«  Item  :  un  autre  tapis  de  tapisserie  à  petits  points  de  roses  à  l'aiguille 
bordé  d'un  molet  et  franges  vertes,  donné  par  M.  Le  Gendre,  chanoine,  en 
1720... 

En  blanc. 

«  Item  :  un  tapis  de  satin  blanc  brodé  en  or  en  totalité  parsemé  de  lys 
d'or,  au  milieu  les  armes  du  pape  Innocent  XI  et  celles  du  duc  de  Bour- 
gogne....  » 

Tapis  en  rouge  et  en  vert  pour  couvrir  les  tables  des  châsses. 

«  Item  :  un  tapis  de  damas  cramoisi  garni  de  molets  et  franges  d'or,  un 
autre  de  damas  vert  bordé  autour  de  franges  d'or;  un  autre  de  camelot 
gaufré;  un  autre  grand  de  même  camelot;  un  autre  de  velours  ponceau 
brodé  en  argent  avec  trois  figures  en  broderies  d'or  et  de  soie  ;  deux  petits 
tapis  ou  voile  de  drap  d'or  de  la  Chine,  représentant  des  oiseaux  en  argent 
et  soie.  » 

Tapis  et  housses  de  chaises  pour  la  Semaine  Sainte. 

«  Item  :  un  grand  tapis  de  drap  noir;  un  autre  de  tapisserie  travaillé  en 
petits  points  d'or  et  de  soie,  représentant  Xotre-Seigneur  dans  le  tombeau, 
quatre  housses  de  drap  noir;  un  grand  tapis  représentant  la  Cène  en  per- 
sonnages de  petits  points  or  et  soie,  bordé  en  or  et  argent  sur  un  fond  de 
velours  cramoisi;  un  autre  de  velours  rouge  brodé  en  petits  points  d'or 
et  de  soie  représentant  des  pèlerins...  » 

Draps  mortuaires  ou  poêle. 

«  Item  :  un  poêle  ou  drap  mortuaire,  fond  de  velours  noir,  avec  une  croix  de 
moire  d'argent  brodée  d'hermines,  galons  et  écussons  aux  armes  de  France 
et  broderies  d'or,  donné  par  le  Roy  en  1760;  un  autre  avec  une  croix  de 
moire  d'argent  entourée  d'un  galon  et  aux  armes  du  Chapitre.  » 

Garniture  de  la  chaire. 

«  Item  :  un  rideau  de  velours  cizelé  blanc,  un  autre  de  damas  violet  à 
galons  d'argent  faux;  la  garniture  complète  de  la  chaire  en  huit  pièces  de 
velours  noir  garni  d'un  galon  et  franges  d'argent  et  de  dix  écussons  aux 
armes  de  France  en  broderies  d'or,  donné  par  le  Roy  en  1760.  » 

Bannières. 

«  Item  :  une  bannière  sur  le  fond  de  laquelle  sont  appliquées  trois  figures 
en  or  nué,  dont  l'une  représente  la  sainte  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus  dans 
ses  bras,  ayant  sur  sa  tête  une  couronne  d'étoiles  enrichie  de  perles  fines 
et  de  diamants;  l'autre  saint  Denis  portant  son  crâne  dans  ses  mains  et  la 


278  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1769. 

troisième  saint  Etienne  portant  un  livre  et  une  pierre.  Ces  deux  dernières 
figures,  entourées  d'une  couronne  de  perles  fines,  franges,  broderies  et  ga- 
lons d'or. 

«  Item  :  une  autre  petite  bannière  de  damas  blanc  à  bordure  de  moire 
verte,  chargée  au  milieu  d'une  Assomption  de  la  Vierge  avec  croissans, 
couronnée  par  deux  anges,  le  tout  en  broderie  d'or,  d'argent  et  soie,  garnie 
de  tous  les  côtés  de  drap  d'or  découpé,  franges,  molets,  houppes  et  cordons 
d'or  et  de  soie. 

«  Item  :  un  autre  tapis  de  satin  blanc  à  Heurs  et  broderies  d'or  et  de  soie, 
un  petit  bord  d'or:  un  autre  tapis  aussi  de  satin  avec  branches,  fleurs  et  oi- 
seaux des  Indes. 

«  Item  :  un  beau  tapis  de  banque  bordé,  autour,  d'un  large  galon  d'or  avec 
écusson  de  la  Ville  en  broderies  d'or  faisant  partie  de  l'ornement  donné  par 
la  Ville,  a 

En  violet. 

«  Item  :  un  autre  tapis  de  banque  bordé,  autour,  d'un  large  galon  d'or  avec 
écusson  et  chiffre  du  Roy,  le  tout  en  broderie  d'or  et  faisant  partie  de  l'or- 
nement donné  par  S.  M...  » 

En  vert. 

«  Item  :  un  tapis  de  banque  de  velours  vert  garni  d'un  large  galon  d'or 
en  festons  avec  écusson  et  chiffre  du  Roy  en  broderies...    » 

En  noir. 

«  Item  :  un  tapis  de  banque  de  velours  noir  bordé  d'un  galon  d'argent, 
de  deux  écussons  et  quatre  chiffres  du  Roy.  brodé  d'or,  faisant  partie  de 
l'ornement  noir  de  Louis  XVI  ;  un  autre  tapis  faisant  partie  de  l'ornement 
de  velours  noir  de  Louis  XV...,  un  autre  dépendant  de  l'ornement  de  Ri- 
chelieu..., chargé  de  six  grandes  armoiries  de  Richelieu  en  broderies  et  d'ar- 
gent; un  autre  tapis  de  velours  noir  bordé,  autour,  d'un  large  galon  d'argent 
servant  pour  les  obits.  » 

Devants  d'autel  en  noir. 

«  Item  :  le  devant  d'autel  de  l'ornement  de  Louis  XIV  de  velours  noir 
avec  une  croix,  brodé  dans  le  milieu,  fleurs  de  lys,  écusson  de  France, 
brodé  en  or;  celui  de  l'ornement  de  Louis  XV  en  velours  noir  avec  croix 
brodée;  celui  de  Richelieu  de  même  velours  avec  croix  de  moire  d'argent, 
brodé,  galons  et  écusson  de  Richelieu  en  argent. 

Tapis  d'aigle. 

En  noir. 

«  Item  :  le  tapis  d'aigle  de  l'ornement  de  Louis  XIV  aux  écussons  du  Roy; 
celui  de  l'ornement  de  Louis  XV  aussi  de  velours  ayant  deux  écussons 
brodés  en  or  aux  armes  du  Roy;  celui  de  l'ornement  de  Richelieu...  » 

Tapis  en  blanc  et  en  rouge  pour  porter  les  châsses  en  procession. 

h  Item  :   quatre  tapis  fonds  satin  blanc,  fleurs  de  lys  en  broderies  d'or 


LES  INVENTAIRES.  270 

avec  armes  du  pape  Innocent  XI  et  du  Roy,  deux  autres  fond  drap  écarlatte, 
bordure  et  broderie  d'or...  » 

(Suit  la  description  des  étoles  pastorales  et  des  glands.) 

Dais. 

h  Item  :  la  garniture  du  grand  dais  servant  à  porter  le  Saint-Sacrement 
en  procession  le  jour  de  la  grande  Fctte-Dieu,  consistant  en  quatre  pentes 
dont  le  fond  est  de  velours  cramoisi  avec  quantité  de  figures  et  personnages 
brodés  en  or  nué  et  enrichis  de  perles  fines,  représentant  divers  sujets,  les 
des  pentes  encadrées  dans  une  bordure  relevée  de  broderies  d'or  :  les  pen- 
tes intérieures  de  satin  cramoisi  enrichies  de  fleurons,  broderies,  anges, 
galons  et  franges  d'or;  une  autre  pente  de  velours  cramoisi  représentant 
divers  sujets  brodés  en  or,  galons,  franges  et  autres  ornements  en  or;  une 
autre  pente  représentant  le  même  sujet  avec  les  mêmes  ornements  à  laquelle 
est  attachée  une  dentelle  d'Angleterre,  le  tout  donné  par  M.  de  Grandmont 
de  l'Espar  en  1783;  une  housse  de  velours  cramoisi  brodée  en  or  avec  galons 
et  franges  d'or  servant  à  couvrir  la  planche  qui  porte  le  grand  soleil  sous 
le  dais. 

«  Item  :  un  petit  dais  pour  le  jour  de  l'octave  de  la  Fette-Dieu.  composé 
de  quatre  pentes  de  velours  cramoisi,  bordé,  autour,  d'un  point  d"Espagne; 
grand  écusson  aux  armes  du  Roy  en  broderies  d'or  et  garni  dune  frange 
d'or,  une  housse  de  velours  cramoisi  enrichie  et  garnie  d'un  galon,  fleurs 
de  lys  et  franges  d'or...  ; 

«  Item  :  un  autre  dais  de  velours  ponceau  brodé  en  argent  avec  frange 
d'argent  servant  pour  le  reposoir  du  jeudy  saint;  une  petite  housse  de  ve- 
lours avec  un  champ  de  tleurs  en  or  pour  le  petit  soleil.  » 

Plumes  ou  panaches  du  grand  dais. 

«  Item  :  six  panaches  en  plumes  et  six  aigrettes  fines  et  naturelles:  six 
pommes  de  velours  galonné  en  or  servant  aux  trois  dais  :  des  petites  plu- 
mes couvertes  de  velours  et  brodées  en  or;  vingt  bricolles  de  velours  d'U- 
trecht  pour  les  porte-dais.  » 

Gomme  les  Officiers  municipaux  allaient  quitter  la  sacristie, 
M.  du  Pinet  y  arrivait.  En  1779,  il  avait  fait  présent  au  Chapitre 
d'une  statue  en  vermeil  de  saint  Louis  du  poids  de  vingt-quatre 
marcs,  qui  avait  été  inventoriée  le  19.  M.  du  Pinet  présenta  aux 
Ofliciers  municipaux  une  copie  de  la  Conclusion  capitulaire  du 
4  août  1779,  sur  laquelle  il  appuyait  sa  demande  que,  en  cas  de 
vente,  la  statue  lui  fût  remise;  il  ajouta  cependant  qu'il  désirait 
encore  plus  qu'elle  fût  conservée  dans  le  Trésor  pour  être  exposée 
à  la  vénération  des  fidèles. 

L'inventaire  se  poursuivit  jusqu'à  la  lin  du  mois  :  le  23,  on  in- 
ventoria les  aubes,  amicts,  tapis  de  pied,  coussins,  pupitres,  bran- 


280 


LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1789. 


cards  pour  les  châsses  ;  le  24,  tout  le  matériel  de  l'église,  puis 
les  livres  de  chant,  missels,  lectionnaires  l  ;  le  25,  le  chœur,  les 
chapelles,  les  tambours,  les  grilles  extérieures;  le  25,  la  sacristie 
des  messes;  le  26,  les  cloches  2,  l'horloge,  le  buffet  des  orgues  ; 
le  30,  la  maîtrise,  où  MM.  Delon  et  de  Mondran  reçurent  les  Of- 

1.  L'inventaire  fut,  ce  jour-là,  interrompu  quelque  temps  :  «  En  procédant  à  la 
d"  description  sont  comparus  par-devant  nous  MM.  Antoine- Joseph  Santerre 
et  Gabriel-Antoine-Nicolas  Audet,  tous  deux  électeurs  du  département  et  ville  de 
Paris,  lesquels  nous  ont  dit  qu'ils  étaient  envoyés  par  M'  le  président  de  l'Assem- 
blée électorale  et  par  tous  les  membres  composant  le  cinquième  Bureau  de  la 
d"  assemblée,  à  l'effet  de  demander  à  M.  l'abbé  Mortier  les  clefs  de  la  salle  capitu- 
laire  du  cy-devant  Chapitre  de  Paris  pour  tenir  leur  séances  dans  la  de  salle.  Sur  la 
représentation  de  mon  d1  S'  Mortier,  que,  vu  la  dissolution  du  Chapitre  de  Notre- 
Dame,  les  clefs  de  la  d"  salir  capitulaire  étaient  maintenant,  quoiqu'entre  ses  mains 
à  la  disposition  de  MM.  les  officiers  municipaux,  nous  susdits,  officiers,  ne  voulant 
porter  aucun  retard  aux  opérations  confiées  à  MM.  les  électeurs,  avons  sur  la  réqui- 
sition des  me-  dM  S"  Santerre  et  Audet  remis  entre  leurs  mains  la  clef  de  la  d"  salle 
capitulaire,  lesquels  s'en  sont  chargés  pour  les  remettre  à  la  fin  de  chacune  de  leurs 
séances  entre  les  mains  des  huissiers  nommés  par  l'Assemblée  électorale.  Au  moyen 
de  la  remise  des  d'"*  clefs,  nous  déchargeons  de  la  garde  d'icelles  mon  dit 
S1  Mortier.  » 

2.  État  des  bourdons  et  cloches  'le  l'Églisede  Paris  avec  leurs  poids  et  dimensions. 


NOMS   DES  CLOCHES. 


DATE    DE    LEIT. 
FONTE. 


Emmanuel,     dit    le     gros 

bourdon    

Marie.  2e  bourdon  .... 


Gabriel 

Guillaume 

Henriette 

Jean 

Claude 

Nicolas 

Françoise 

Agathe,  petite  cloche  . 


Catherine  . 
Madeleine. 
Barbe.  .  . 
Anne  .   .  . 


TOUR  MERIDIONALE 


29  avril  1680. 
1er  octobre  14' 


8  pieds  0  lignes 
7  p. 5  pouces 


TOUR  SEPTENTRIONALE 


Août    1641. 

Juillet  1770. 

Avril  lTiii. 

27  octobre  1769. 

1714. 

17  mai  1714. 

Juillet  1770. 


5  p. 
5  p. 
4  p. 
3  p. 
3  p. 
3  p. 


10  p.   3  1 

3  !..  5  I 

i  p. 
10  p. 

6  p. 

1  p. 
H   p. 


6  I. 
9  1. 


1  1. 


PETIT     CLOCHER 


Tondues  sous 
Henri  II. 


2  p. 
\  1  p. 
I  l  P- 
f   *  P" 


2  ]>.  1  1. 

11  p.  6  1. 

!»  p.  2  1. 

7  p.  1  1. 


8  pouces 
7  p.  6  1. 


1   P 


3  1. 

9  1. 


4  p. 

3  p.  6  1. 


3  p 
P 


8  I. 
p.  6  1. 


2  p. 

1  p.  0  1. 

i  p. .-;  i. 

1  I).  3  1. 


32.000  livres 
26.000       — 


10.500 
7 .  2C0 
4.185 
3.127 
2.000 
1 .520 
1.20O 
50 


3.050  — 

4.030  — 

300  — 

190  — 


l.a  cloche  du  Chapitre  n'ayant  aucune  inscription,  on  n'a  pu  connaître  son  ancienneté 
elle  a  1  pied  «J  pouces  6  lignes  de  diamètre. 
Lue  petite  cloche  servant  d'avertissement  pour  la  grande  sonnerie:  45  à  50  livres. 


LES  INVENTAIRES.  281 

liciers  municipaux,  puis  la  communauté  des  chantres,  le  cabinet 
du  receveur  général,  le  bureau  delà  recette,  la  salle  d'assemblée 
dite  la  Chambre,  enfin  la  bibliothèque. 

M.  de  Malaret,  dernier  intendant  de  la  bibliothèque,  assista  a 
toutes  les  opérations  qui  s'y  pratiquèrent  avec  la  dernière  ri- 
gueur. «  Nous  étant  assurés,  dit  le  procès-verbal,  des  diffé- 
rentes portes,  croisées,  ouvertures  et  jours  donnant  dans  les 
différents  lieux  de  la  de  bibliothèque  par  les  fermetures  des  che- 
minées, clous  apposés  sur  les  croisées  pour  en  empêcher  l'ou- 
verture par  le  nommé  Charles  Levasseur,  compagnon  serrurier, 
demeurant  chez  le  Sr  Garnier,  serrurier  du  dl  Chapitre,  rue 
S'-Pierre  aux  Bœufs,  par  nous  mandé  à  cet  effet,  nous  nous  som- 
mes, les  scellés  préalablement  apposés  en  dedans  avec  le  cachet 
de  la  Municipalité,  dont  l'empreinte  cy-contre,  sur  la  serrure  d'une 
porte  donnant  dans  la  salle  du  secrétariat,  retirés  des  ds  lieux 
par  la  porte  où  nous  étions  entrés,  avons  nous-mêmes  fermé  la  d' 
porte  avec  le  cachet  cy-dessus,  dans  les  deux  extrémités  et  le 
milieu  d'une  bande  de  fil  gris  et  de  suite  pour  la  conservation  des 
dits  scellés  avons  fait  fermer  par  le  même  compagnon  serrurier 
une  porte  battante  pleine  de  bois  de  chêne  et  sur  la  d"  porte  et  l'un 
des  montants  avons  fait  mettre  deux  pitons  longs  et  forts  dans  les- 
quels nous  avons  fait  passer  un  cadenas  l,  d'une  moyenne  gros- 
seur, avons  nous-mêmes  fermé  le  d1  cadenas,  en  avons  retiré  la 
clé,  laquelle  est  restée  entre  nos  mains,  le  tout  pour  éviter  des 
frais  de  garde  de  scellés  et  en  outre  pour  nous  conformer  entière- 
ment à  la  délibération  du  Comité.  » 

«  Comme  nous  étions  sur  le  point  de  nous  retirer,  continue  le 
procès-verbal,  le  Sr  abbé  Buée,  en  sa  qualité  de  secrétaire  du  d' 
Chapitre,  nous  a  sur  notre  réquisition  remis  toutes  les  minutes 
des  Conclusions  capitulaires  de  la  présente  année,  lesquelles  nous 
avons  emportées  pour  être  déposées  dans  les  Bureaux  des  Biens 
nationaux  ecclésiastiques  ;    quant   aux   minutes  des  Conclusions 

1.  «  J'ai  reçut  de  mesieur  du  Bureau  de  la  quidatioo  la  somme  de  trois  livre  pour 
avoir  fourni  unquadenal  et  2  tirions  el  avoir  ouvert  plusieurs  tiroir  au  eidevent 
Chapitre  de  Paris,  dont  quitance  a  Paris  les  13  x1"  1790.  Signé  ■■  Garniek  :  ■  B.  .Y. 
ms.  cité. 


282  LE  CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS  EN  1780. 

antérieures  à  la  présente  année,  le  d(  Sr  Buée  nous  a  dit  qu'elles 
étaient  déposées  dans  les  archives  dud'  Chapitre  et  à  l'instant  il 
nous  a  encore  été  remis  par  le  d'  Sr  Buée,  le  grand  et  le  petit 
sceau  du  dl  Chapitre,  desquels  nous  nous  sommes  chargés  poul- 
ies déposer  où  de  droit.  » 

Cette  fois,  la  ruine  est  consommée  !  Les  chanoines  n'ont  plus 
de  titres,  leurs  biens  sont  à  la  disposition  de  la  Nation,  le  chœur 
et  la  salle  capitulaire  sont  fermés,  les  archives  sous  scellés,  le 
registre  de  leurs  délibérations  et  le  sceau,  qui  authentiquait  leurs 
actes,  confisqués!  Ainsi  finit  ce  corps  illustre,  plus  que  millé- 
naire, qui  présida  à  la  naissance  de  toutes  les  grandes  institu- 
tions de  la  France,  plus  ancien  que  la  monarchie,  plus  fort  que 
toutes  les  révolutions,  excepté  celle  qui  devait  l'emporter  ! 

C'est  avec  regret  que  nous  nous  séparons  de  ces  vieux  cha- 
noines, que  nous  avions  pour  ainsi  dire  ressuscites,  avec  qui  nous 
vivions  depuis  longtemps.  Nous  les  voyions  dans  leur  cloître, 
dans  la  salle  capitulaire,  au  chœur  de  leur  chère  église  de  Notre- 
Dame  ;  puis  protester  contre  les  atteintes  portées  à  leurs  privilèges, 
se  débattre  contre  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale.  Une 
seconde  fois  pour  eux,  c'est  encore  la  suppression,  l'exil,  la  mort, 
dans  laquelle  maintenant  ils  nous  semblent  rentrer! 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES  PRINCIPAUX  NOMS  DE  PERSONNES  ET  DE  LIEUX 
CITÉS  DANS  CET  OUVRAGE 


Abbeville,  20'i,  213. 

Ablon,  96,  123,  170. 

Adélaïde  (Madame),  6. 

Agde,  204,  132. 

Agen,  4,  2S,  29,  30. 

Agoult  (d')>  doyen,  13. 

Adrien  V,  pape,  266. 

Aignan  (Saint),  chanoines  de,  7,  11,  12,  19,  22, 
27,  30,  31,  39,  42,  63,  68,  70,  102,  236;  — 
vicaires  de,  39,  ^0,  41,  'i2,  88,  251;  —  église 
de,  40,  'il,  UU,  68;  —  chapelain  de,  39,  'i2. 

Aire-en-Artois,  204. 

Aire-en-Gascogne,  20'i. 

Aix,  4,  204,  213. 

Alais,  204. 

Albi,  20?i,  213. 

Alelh,  20?i,  213. 

Allainville,  126. 

Amand  (Saint-),  prieuré  de,  30. 

Amiens,  204,  213. 

Andilly,  7. 

Andrésy,  21,  96,  97,  126,132,  149,  150,  151,  170, 
232. 

Angers,  29,  30,  56,  204,  213. 

Anglais  (rue  des),  Uti,  117. 

Angoulôme,  205. 

Anjciu-Saint-Honoré  (rue  d'),  67. 

Anne  (chapelle  Sainte-),  'il,  45,  46,  'i7. 

An  seau,  265. 

Ansoine,  56. 

Antes-aux-Millions  (dime  des),  122. 

Antoine-dés  Champs  (Saint-),  1:9. 

Appentis  (liefdes),  122. 

Apt,  205. 

Arbalète  (rue  de  1'),  188. 

Arcis  (fief  des),  171. 

Arcis  (rue  des),  119. 


Arcueil,  45,  46,  126. 

Argent  (d'),  vicaire  général,  93. 

Armagnac,  29. 

Arras,  205. 

Arras  (rue  d'),  105,  119. 

Artois  (comte  d'),  6,  112. 

Athis,  122. 

Assy,  34,  35,  38,  29. 

Authon-en-Vendômois,  29. 

Allainville,  22,  121,  126. 

Attiret,  chapelain,  44. 

Aubergenville,  96,  132,  133,  138.  149,  150,  170. 

Aubonne,  34. 

Auch,  29,  205,  212,  213. 

Audibert  de  la  Villasse,  chapelain,  44, 

Augustins  (Grands-),  113. 

Auluay,  125. 

Auluée,  170. 

Aulny,  121. 

Aumont,  chapelain,  45. 

Aunet,  120. 

Aurillac,  146,  147,  148,  205. 

Auteuil,  121,  123,  170. 

Authier  (du),  chanoine,  4,  6,  19,  30.  68,  99. 

Autichamp  (Beaumont  d'),  chanoine,   'i.  6,  29', 

62,63,  67,  71,  108. 
Auton,  121. 

Autun,  5,  6,  104,  105,  213. 
Auxerre,  230. 
Avallon,  53,  205. 
Avranches.  3(1.  205. 
Ayencourt,  96,  121, 132. 


Babylone  (de),  70. 

Bagneux,  18,  96,  97,  121,  133,   150. 


28  i 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Bailly.  maire  de  Paris.  218.  210.  225.  227.  229, 

241,  202.  256,  260. 
Balagnier.  28. 
Balbàtre.  organiste.  51. 
Ballainvilliers,  125.  126. 

Barbie,  receveur  général  du  Chapitre,  2.   55. 
61.  117,  134.  151.  231,  232.  233,  234,  235.  243. 
Barcos    de),  chanoine.  151. 
Barillerie  (rue  de  la),  93. 
Bar  le-Duc,  205. 
Barnave.  230. 

Barre-du-Bec  (rue  de  la  .  119. 
Barre  du  Chapitre  (la),  ferme.  119:  —  fief.  119. 

122,  171. 
Barres  (rue  des),  118. 
Barthélémy  (Saint),  église,  51,93;  —  chapelle, 

42,  45. 
Barihélemy-des-Buissons  (Saint;,  prieuré.  '.».  29, 
Barthes,  31. 
Basles  (Saint),  29. 
Bataille  (de),  fief,  121. 
Baudouin,  chanoine.  276. 
Baune,  29. 

Baudran,  enfant  de  chn-ur.  53. 
Bayeux.  4.  205. 
Baronne,  205. 
Bazas.  28. 

Béat  (Saint-),  fief,  122. 
Beauce,  4,  121,  122,  125,  126. 
Beaulii-u  (de),  abbaye,  30. 
Beaumont  (Louis  de),  évêque  de  Paris,  266. 
Beaumont  (Christophe  de),  archevêque  de  Pa- 
ris, 7,  16,  104,  108. 
Beaumont  (de),  chanoine,  4,  6,  28,  30,  67. 
Beaune,  205. 

Beauvais  (de  .  évêque  de  Senez,  8,  196. 
Beauvais,  205. 
Bégart,  chapelain,  45. 
Bégault.  fief,  125,  171. 
Béguinot,  chapelain,  43,  45,  236. 
Belleville,  52,  119. 
Bellevue,  46. 

Belloy,  21.  96,  121,  132,  149,  170. 
Benoit  Vil,  pape,  243. 
Benoît-le-Bestourné  (Saint-),  église,  40,  93.  99, 

100,  117. 188. 
Benoit  sur  Loire  (Saint-),  abbaye,  121. 
Bergerac,  4. 

Bergier,  chanoine,  4,  6,  8,  21,  24.  30. 
Bernay,  123. 
Bernes,  21,  22,  124,  170. 
Berthod,  vicaire  perpétuel,  34. 
Berlin,  chapelain,  57. 
Besançon,  29,  205. 
Beuvron  (de  Harcourt  de),  doyen,  13. 
Bézard,  receveur  des  censives.  128.  134,  235. 
Béziers,  6,  11,  29,  34,  205,  213. 
Biutinaye  (de  la),  chanoine,  4,  30,  67,  103. 


Blanc-Mesnil,  125,  133,  150,  155. 

Blandureau,  126,  170. 

Blois,  4,  28,  30,  206. 

Blomons  (de),  fief,  122. 

Boffrand,  architecte,  66. 

Bois-Basset  (du),  chanoine,  4,  6,  7,  15,  28.  71, 
108,  132,  142,  181,  187,  191,  193,  254,  258. 

Bois  l'É\èque,  126. 

Bois-Valois,  126. 

Boin(de),  évêque  d'UzèS,  12. 

Bon  (rue  Saint-),  119. 

Bondjufle,  196. 

Bonneau  (de),  fief,  122. 

Bonneuil,  125,  133,  150. 

Bonneval  (Roux  de),  chanoine,  4,  6,  8,  28,  29, 
70,  71,  98,  99,  108,  163,  165,  176,  177,  178, 
181,  187,  193,  194,  202,  212,  214,  236. 

Bons-Enfants  (des),  canton,  122. 

Bon-Puits  (rue  du),  119. 

Bordeaux,  30,  206. 

Borie  (de  la),  chapelain,  46. 

Bose,  chapelain,  44. 

Boucher  d'Argis,  200. 

Boucherat,  enfant  de  chœur,  53. 

Bouillancy,  126. 

Boulogne-sur-Mer,  206,  212. 

Boulogne  sur-Seine,  121,  133. 

Bourbon  (abbé  de),  110. 

Bourbon-l'Archambault,  24,  55. 

Bourg-en-Bresse,  206. 

Bourg-l'Abbé,  117. 
Bourg-la-Rcine,  96,  121, 170,  214. 
Bourg  Sainte -Marie,  29. 

Bourges,  29,  206. 

Bourgogne  (duc  de),  275,  276,  277. 

Brégy,  126,  155. 

Brémont,  chanoine,  4,  9, 10,  21,  29,  67,  99,  132, 

163, 170,  176,  195. 
Bretagne,  4,  9,  206. 
Breteuil  (baron  de),  10,  64,  154. 
Brétigny,  155. 
Bréval  (de),  fief,  96,  22. 
Briçonnet,  évèquc  de  Meaux,  264. 
Brie  ;  province,  4,   6,    122,  123,  124,  125,   126: 
—   archidiaconé,  13,  16,   133,  163,  235,  246, 
251. 
Brie-Comte -Robert,  196. 
Broglie  (prince  de),  230. 
Brunville  (de  Flandre  de),  159. 
Bùcherie  (rue  de  la),  91. 
Buée,  secrétaire  du  Chapitre,  34,  48,  56,  57, 

72,  242,  231,  282. 
Buée,  vicaire  perpétuel,  35,  36. 
Buisson  (du),  fief,  122. 
Buissons  (les),  hameau  de  Chevilly,  45. 
Bulté  (Chéry  de),  chanoine,  4,  19,  37,  170,  172. 

173, 175,  225. 
Burgheat,  145. 


TABLE  ALPHA IiLTK  il L. 


2H3 


Bussy-Saint-Georges,  126. 


Cachan.  126. 

Caen,  206. 

Caffk-ri,  sculpteur,  86,  264. 

Cagny  (de),  chapelain,  '16. 

Cahors,  4,  206. 

Cambrai,  28,  38,  67,  206. 

Camiaille,  chanoine,  4,  18,  19,  29,  68,  78,  127, 

172,  175.  2'i6,  251. 
Camus,  avocat,  8. 
Canettes  (rue  des),  43. 
Capoue  (Pierre  de),  cardinal,  260. 
Caraman  (Saint-Félix  de  .  2(i7.  213. 
Cardinal-Lemoine  (du),  canton,  122. 
Cases  [Saint- Saturnin  de),  30. 
Castres,  146. 

Catherine-de-la-Millière  (Sainte-),  prieuré,  31. 
Catherine  (Sainte-;,  hôpital,  139. 
Gaule  (de),  greffier,  95. 
Caumont  (Marquise  de),  131, 
Cazalès,  230. 
Ceilhes,  29. 
I  elle   la),  122,  m. 
Celle,  rivière,  124. 
Cens-Commun  (du',  fief,  119,  171. 
Cens-Gauthier,  fief,  119. 
Ceruelle,  126. 
Chaillot,  126,171. 
Chailly,  fief,  122. 
Chàlons-sur  Marne,  27,  206. 
Chambéry,  254. 
Chambly,  chapelain,  45. 
Cbampigny    de  ,  chanoine,  5,  18.  19,  29.62,  70, 

127,  132,  159,  160,  161,  169,  170,  171,  174, 181, 

187,  231. 
Champigny-sur-Marne,  29. 
Chanoinesse  (rue),  61,  70. 
Chantres  (rue  des1,  69. 
Chapelle  (Sainte-  ,  42,  51,  256. 
Chapelle-Yger  (la),  123,  133,  155,  170. 
Chapelle-la  Reine  vla),  122. 
Chapelle-St-Denis  (la),  65. 
Chappe.  greffier,  39. 
Charetterie  la  ,  125. 
Charles  VI,  266.  272. 
Charles  MM.  266. 
Charles  1\,260. 
Charles   duc  d'Orléans\  27. 
Charles  le  Simple,  243. 
Charolais,  4. 
Charonne,  119. 
Charonne  (rue  de),  53. 
Charpentier,  organiste,  31. 
Chartres,  5,  29,  30,  31,  170,  172,  206.  237,  238, 

264. 
Chartreux  (couvent  des),  55,  145. 


Cluiteaudun,  5. 

Châlelet-de-Villaroche  (le),  121. 

Cliatenay,  79. 

Chatillon,  121. 

Chaulnay,  31. 

Chaulny.    124. 

Chaumonl  (Saint-),  119. 

Chavigny  (de  ,  chapelain,  45. 

<:henne\ières,  17,  29,  122.  124,  125,  133. 

Cheron    Saint-),  abbaye,  29. 

Chevalier   Jean  Louis),  chanoine,  264. 

Chevalier,  chanoine  de  Saint-Aignan,  7, 11,  30, 

68,  99,  236. 
Chevillard,  chapelain,  47. 
Chevilly.  43.96,121,  122,  133,  150, 151,  152.  155. 

170,  196,  214,  226. 
Chevreuil,  chanoine,  4,  6.  16,  17,  18,  29,   108, 

153,  163,  181,  187,  193,  195,  196,  202,  214,  219, 

258. 
Chevreuse.  119.  125. 
Che^igny,  125,  171. 
Chevrilly,  119. 
Chillaud  des  Fieux  ^de\  chanoine,  4,  7,  15,  18, 

28,  103,  188,  200. 
Chilly,  124. 

Chintre    delà),  fief,  124. 
Chollets  des  ,  église,  45;  collège,  97. 
Christophe  rue  Saint-),  118. 
Cicé,  122. 

Claroy  (de),  fief,  121. 
Claye,  132. 

Clément,  chapelain,  44. 
Clermont    Raymond,  duc  de),  263. 
Clermont  comte  de;,   131,  235. 
Clermont.  146,  148. 
Clichy,  li3. 

Cliquot,  facteur  d'orgues,  51. 
Cloître   rue  du),  67. 
Clopine    iue  ,  119. 
Clouet,  chapelain,  46. 
Cloud  (Saint-  ,  144,  265. 
Cocatrix   rue  ,  43.  117,  119. 
Cochelin.  chapelain,  47. 
Cocheret.  122. 
Cochon,  chapelain,   45. 
Cochu  de  la  Grange,  chanoine,  5,  10,  11,  SO, 

67. 
Coglombier  du  Rivage,  chapelain,  44. 
Coin-des-Morls.  124. 
Colbert,  ministre.  64. 
Colbert,  arche\èque  de  Rouen,  58. 
Colin,  chapelain,  45. 
Collimée,  29. 

Colombe    rue  de  la),  42,  61,  66. 
Compiègne,  243. 

Compans.  96.  125,  133,  152,  155,  170. 
Comporte,  fiel',  123. 
Condé,  126. 


286 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Coudom,  206. 

Conflans-Sainte  Honorine,  17,  29,  171,195. 

Contes  (de.:,  doyen,  266. 

Coquilles  (des),  fief,  119. 

Corbereuse,  96,  121,  131,  132,  133,  135. 

Couche  (de  la),  dime,  122. 

Couet,   chanoine   honoraire,   12,  69,  116,   139, 

140;  —  maison,  117,  140. 
•  Cougis,  124. 

Couperain  fils,  organiste,  51. 
Couperain  père,  organiste,  51. 
Courcelles  (de),  port,  122. 
Courcier,  chapelain,  45. 
Couronne  des-Prés  (la),  fief,  122. 
Cours  (de),  chanoine,  4,  31,  67, 103. 
Coutances.  4.  5,  206,236. 
Crespin,  chapelain,  47. 
Créteil,  126,144,145. 
Croffy,  96. 
Croisier,  146. 

Croix-de  Broquier  (Sainte),  prieuré,  30. 
Croix-de-la  Bretonnerie  (Sainte),  38. 
Croix-Taron  (la),  125. 
Croulavoine  (de),  fief,  121. 
Croulebarbe.  moulin,  117. 
Crosne  (de),  marché,  118. 
Cugnac  (de),  11. 


Daimville  (collège),  145. 

Damart,  96. 121,  133,  135,  170. 

Dampierre  (de;,  chanoine.  4,  6,7,21,  31,67,92, 

187,  195,  258. 
Dax,  207,  213. 
Débats  (des),  dime,  122. 
Delaitre,  l'40,  14i,  148,  149,  150. 
Delon,  chanoine,  5,  6,  7,  18,  31,  3'j,  55,  67,  70, 

108,  116,  132,  134,  139,  235,  280. 
Desfriges,  chanoine,  276. 
Denis-de-la-Charlre  (Saint),  34,  38,  88,  139. 
Denis-du-Pas  (Saint),  7,  15,  25,  34,   39,  41,  49, 

63,  69,  70,  72,  81,    83,  88,   90,  91,  92,  94,  99, 

126,177,184,  188,  193,  241. 
Denis  (Saint),  abbaye,  55. 
Denis  (rue  Saint),  118,  146. 
Denis  (Faubourg  Saint-),  119. 
Desmarets,  professeur,  56. 
Despeignes,  payeur,  53. 
Desprez,  organiste,  51. 
Digne.  213. 
Dijon,  207,  213. 
Dix-huit  (Collège  des),  145. 
Dol,  30,  207,  215. 
Dôle,  53. 

Dons,  rivière,  121. 
Dorsaune,  chanoine,  140, 144,  149. 
Douët  d'Arq,  bailly,  95. 
Doullens,  29. 


Doury,  128. 

Douville,  chapelain,- 47. 

Duchesne,  chanoine  deSaint-Aignan,  7,  31,  68, 

70,  71. 
Duclos,  vicaire  de  l'Archevêque,  103. 
Dugué  (Guilleminot),  maître  de  musique,  11, 

47,55,  56,  87,  112. 
Dumesnil,  chapelain,  52. 
Dumoulin  (Denis),  évèque  de  Paris,  262. 
Duperrier,  chapelain,  46. 
Durand,  chapelain,  47. 
Durand,  garçon  du  Trésor,  50. 
Duravel,  30. 
Duval,  159,  1£3. 

Eaubonne,  138,  148,  149,  151,  152. 

École  (carrefour  et  quai  de  1'),  118. 

Écouen,  126. 

Écoutes  (rue  des),  44. 

Éloi  (Saint-),  vicairie,  86, 88,  103. 

Égasse,  professeur,  56. 

Embrun,  46. 

Enfer  (rue  d'),  61,66, 117,  119. 

Enfer-Saint-Landry  (rue  d),  119. 

Épiais,  14,  46,  47,  96,  122,  132,  135,  170. 

Epinay-sur-Orge,  135. 

Épine  (de  1),  fief,  119,  122. 

Épône,  44,  45,  96,  122,   132,  133,  138,  152,  170, 

261,  262. 
Espagnac  (d'),  chanoine,  4,  6,  30,  67. 
Espagnac,  3. 
Espinasse  (Sincholle  d'),  chanoine,  7, 17, 18,  30, 

99,  196. 
Étampes,  27,  29. 
Ethis  de  Corny,  161,  162. 
Etienne  (Saint-),  chapelle,  44,46. 
Etienne  de  Garlande,  11,  68. 
Étienne-des-Grez  (Saint-),  91,  93,  99,  100,  101, 

188,  264. 
Étienne-du-Mont  (Saint-),  199. 
Eudes  de  Sully,  50. 
Eustache  (Saint-),  paroisse,  155. 
Évreux,  4,  207,  213. 

Fage  (de  la),  chanoine,  4,  6,  7,  30,  67,  84,  86. 

Falaise  (la),  122. 

Fargo  s,  46. 

Fargcville,  112. 

Farjonel  (de),  chanoine,  13. 

Fauve,  29. 

Fauveau,  sonneur,  50,  96,  223. 

Favières,  126. 

Fauvel,  chapelain,  47. 

Fayette  (de  la),  224,  227,  229,  403. 

Fénelon  (de),  12. 

Ferey,  avocat,  71. 

Ferrières,  126,  130. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


287 


Ferronnerie  (rue  de  la],  118. 

Feuillants,  religieux,  121. 

Fèves   rue  aux),  UT. 

FintraiUYs,  28. 

Fleury  [de  ,  250. 

Fleury,  12,  29. 

Floirac  (de),  chanoine,  4.  6,  7,  30,    02,  67,    103, 

125,  181,  187,  214,  257. 
Fulie-Uegnault,  fief,  119,  171. 
Fontaine-les-Ribouts,  228. 
Fontaines    rue  des;,  187. 
Fonlenay    la  voirie  de  .  fief,  119,  171. 
Fontenay  aux-Roses.  44.96,  122.  130.  171,  205. 
l'ontenay-les-Louvres.  124. 
Fonlenelle,  fief,  96,  121. 
Fortet,  collège,  19,  145,  116,  147. 
Fosse  (de  la),  vicaire  perpétuel,  34,  35,  36,  38. 
Fossés-Saint-Germain  (rue  des).  118. 
Fouarre  (rue  du;,  40. 
Foulques,  doyen,  262. 
Foulon,  abbé.  71. 
Four    rue  du),  117. 
Franche-Comté,  4. 
François  1".  98.  103. 
Francomille,  121. 
Fréchon,  chapelain,  46. 
Fréjus,  207,  213. 
Frémy   de),  abbaye,  28. 
Fresnaye  (de  la),    vicaire  perpétuel,  34,  35,  36, 

38,  70. 
Fresne,  125,  126,  133,  150,  155,214. 
Frelel  d'Hauterive,  chapelain,  47. 
Froide  Fontaine,  126. 
Froment,  professeur,  56. 


Gagnac,  30. 

Galande.  lief,  124. 

Galaude  (rue),  40,  117,  118.  II». 

Galard,  évêque  du  Puy,  11. 

Galon,  évéque  de  Paris,  265. 

Gap,  212.  217. 

Garenne  (de  la),  dime,  122. 

Garlande  (de),  fief,  39,  121. 

Gatignon,  chanoine,  'i.  18,  31.  68,  7<>,  99. 

Câlinais,  119.  122,  124,  125,  126. 

Gaudin,  chanoine,  84. 

Gaudron,  58. 

Geneviève  (Sainte-),  abbaye,  69,  91.  93,  96,  123, 

217. 
Gentilly,  45,  126,  171. 
Geoffroy  de  Méry,  280. 
Germain  (Saint-),  fief,  124,  170,  171. 
Germarn-des-Prés  (Saint-),  abbaye,  90.  io'.i,  238. 
Germaib-en-Laye  (Saint-),  12,  97. 
Germain  l'Auxerrois  (Saint-1,  5,  7.  12,  21,  22,  26, 

31,  54,  35,  36,  37.  38,  39,  'il.  93,  1 16,  1 1S.  124, 

135,  137,  141. 


Gervais  (Saint-),  église,  51. 

Gerson,  16. 

Géry,  18. 

Gesvres  (rue  de),  118. 

Gilbert,  évoque  de  Paris,  11. 

Gilbert,  sonneur,  49. 

Giraudet,  chapelain,  45. 

Giroux,  enfant  de  chœur,  53. 

Glatigny,  97. 

Gond  y  (de),  archevêque  de  Paris,  91. 

Gonesse,  46. 

Gontault  (de),  doyen,  13,  271. 

Gossiome,  chapelain,  47. 

Gouenxic,  chapelain,  44. 

GoussainviUe,  124,  125,  133. 

Goût  des  Périmières,  chapelain,  46. 

Grand'Fontaine,  123,  169. 

Grand'Paroisse,  47,  122,  128,  133,  155,  169,  170. 

GrandRue,  119. 

Grands  Augustins,  religieux,  91. 

Grange-Trianon  (de  la),  chanoine,  84. 

Grasse,  207,  212,  213. 

Grémiot,  146. 

Grenelle-Saint-Germain  (rue).  07. 

Grésil,  vicaire  perpétuel,  34. 

Gressy,  125. 

Grestain,  30. 

Greuzard,  chapelain,  45. 

Grève  (place  de),  117. 

Grignon,  123,  170. 

Griguy,  123. 

Grisy,  43. 

Grive  (de  la),  abbé,  65. 

Guercheville,  123,  133,  149,  150. 

Guérie  (de),  enfant  de  chœur,  53. 

Guérin    (Louis-Pierre),    enfant  de   chœur,   53, 

60. 
Guérin  Jean),  enfant  de  chœur,  53. 
Guesbriant  (maréchal  de),  269. 
Guichard,  machicot.  10,  48. 
Guyaucourt,  125,  133. 


Hanquelin,  cuisinier,  69. 

Harcourt  (de),  chapelle,  40,  50,  140. 

Harcourt  (de),  collège,  138. 

Harpe  krue  de  la),  117. 

Haute-Maison   la),  lief,  124. 

Hay  (F),  43,  79,  121,  122,  133.  155,  170,  190,  214. 

Henry  Ier,  93 

Henry  II,  98,  109. 

llêne,  enfant  de  chœur,  53. 

llerblay.  <m>.  |22,  133,  171. 

Hermines  (rue  des),  119. 

Hilaire  (Saint-  .  de  Chartres.  5. 

Hilarion  de  Duravel  (Saint).  30. 

Hippoljte  de  Vivouin  (Saint-),  30. 

Ilonnecourt,  29. 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


Honoré  (Saint-),  église,  7,  99. 
Hulteau,  chapelain,  V>. 

Igny,  150. 

Ile-de-France,  122,  123,  12'i.  125,  126. 

Ile-Notre-Dame,  fief,  171. 

Ile- Saint-Louis  (rue  de  Y),  65. 

Isle-Bouchard,  10. 

Innocents  (des),  cimetière  et  marché,   11.  118, 

277. 
Invalides  (des),  hôtel,  55,  199. 
Irlandais  (collège  des),  145,  217. 
Isabeau  de  Bavière,  266. 
Issy,  150. 

Itieville,  96,  119,  122. 
Ivry-surSeine,  21,  30,  45,  126. 


James  de  Beuvron  (Saint),  30. 

Jacques  (rue  Saint-),  91,  9b.  118,  119, 187. 

Jacques  (rue  du  Faubourg-Sainl-  ,  93, 117. 

Jacques  (Saint-),  chapelle,  44,  47. 

Jacques  de  la  Boucherie  (Saint),  138. 

Jacques  du  Haut-Pas  (Saint-).  117. 

Jauberles,  29. 

Jian-Bapiiste-d'Arc    Saint-),  30. 

Jean-de-Beauvais  (rue  Saint-  ,  ii7. 

Jean  le  Bond  (Saint),  19.  33,  39,  'il,  63,  66,  68, 

73,  81,  83,  88,  99,  137, 138,  189,  251. 
Jean-en-Grève  (Saint-,,  138. 
Jean  de  Jérusalem  Ordre  de  Saint-),  96. 
Jean   cimetière  Saint-),  4^. 
Jean,  duc  de  Bern,  86,  89,  260,  265. 
Jean-Pain-Mollet    rue),  119. 
Jean-Tison  (rue),  118. 
Joaillerie  (rue  de  la),  148. 
Josas  (Achidiaconé  de),  13,  15. 
Jouvence  (de),  fief,  125. 
Jouy-le  Moutiers,  133,  149,  150,  176. 
Judde,  prêtre,  262. 
Juigné  (de),  archevêque  de  Paris,  7,  6,  3),  38, 

85,  103,  104,  105,  106,  107,  123,  182,  185, 187, 

1*8,  190,  193,  195,  199,230,  23'4,  235. 
Juigné  (marquis  de),  105. 
Juiverie  (rue  de  la.,  93,  118. 
Julien-Ie-Pauvre   Saint-),  44,  123,  139,  230,  234, 

235. 
Juvardeil,  29. 


La  Colley,  chape'ain,  46. 

Lagny,  96, 121,  126. 

Lair  de  Bf  auvais,  chapelain,  47. 

Lallemant,  enfant  de  chœur,  59. 

Lameth(de,,  230. 

Landry  (Saint),  église,  198. 

Langres,  11,  105,  209. 

Langoui  t,  29. 


Lanterne  (rue  de  la),  119. 

Laon,  170,  207. 

Larchant,  47,  96,  122,   132,  133,   138,  149,  150, 

155,  170,  233. 
La  Réole,  29. 

Larsonnier,  vicaire  de  Saint-Aignan,  40,  42. 
Launay  (Lecorgne  de),  4,  15,  17,  19,  21,  28,  62, 

188,  193,  219,  251,  252. 
Laurent  (Saint-),  paroisse,  19,  93. 
Laurent  (faubourg  Saint-),  117. 
Laurent-de-Villiers-Landon  (Saint-),  31. 
Lavaur,  207. 

Le  Bault,  grand  distributeur,  49. 
Le  Blanc,  chanoine,  4,  18,  29,  71. 
Le  Bouillier,  13. 
Le  Court,  chapelain,  47. 
Le  Corgu,  chapelain,  47. 
Lectoure,  11,105.207. 
Legendre,  chanoine,  277. 
Le  Masson,  138,  148,  151. 
Le  Moine  (Jean),  chanoine,  84, 116. 
Le  Moine  (Louis),  chanoine,  6,  7,  31,  67. 
Lemousin,  chapelain,  46. 
Léon  (Pays  de),  210,  213. 
Léon  X,  pape,  103. 
Le  Pelletier,  chapelain,  45. 
Le  Rèche,  enfant  de  chœur,  53. 
Le  Roux,  chapelain,  47. 
Le  Roux,  vicaire  perpétuel,  37,  38. 
Le  Roy,  sous-agent  des  affaires,  68,  127,  128. 
Lerré,  30. 

Lervaud,  prieuré,  30. 
Lescar,  207,  213. 
Lesparre,  30. 

Lesparre  (de  Grammont  de),  267,  279. 
Leude  ville,  125,  133,  150. 
Leysaire  (de),  archevêque  d'Embrun,  46. 
Lierru,  29. 
Lieu-Croissant,  30. 
Ligneu  (du),  dîme,  122. 
Lille,  207. 

Limoges,  30,  196,  208. 
Limours,  46. 
Lisieux,  29,  208. 
Lisieux  (collège  de),  67. 
Lisy,  124,  171. 
Livry  (marquis  de),  96. 
Lodeve,  29,  208,  213. 
Loigny-la-Balaille,  264. 
Lombards  (séminaire  des),  93. 
Lombez,  105. 
Luroux,  abbaye,  30. 
Lorval,  fief,  171. 

Lostanges  (de),  chanoine,  4,  31,  67. 
Louis-le-Gros,  110. 
Louis  IX,  262,  266. 
Louis  XI,  217. 
Louis  XII,  27,  28. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


239 


Louis  XIII,  10,  98,  228,  241.  266,  267. 

Louis  XIV,  50,  64,  86,  98,  228,  266,  272,  278. 

Louis  XV.  57,  86,  109.   110,  272,  275,  2"8. 

Louis  XVI,  24,  110.  111,  112,  157,  159,  315. 

Louis  XVII,  112. 

Louis-le -flrand,  collège,  112.  146.  147,  165. 

Louis  en-l'lle  (Saint-),  paroisse,  119. 

Louvres,  83,  124. 

Loyseau,  chefcier.  49. 

Lucas,  chanoine.  4,  5.  9,  15.  18,  19,  SI,  60,  m 

132.  181,  187,  196.  235. 
Lucker   de),  chanoine,  6. 
Luperce  d'Eauze  (Saint-),  29. 
Luiseite,  fief,  121. 
Luzarches,  121. 
Luzerne  (La),  évèque,  11. 
Lyon,  4,  105,  208. 


Machaul,  96,  1?4,  133.  149,  150,  159. 

Machecourt.  122. 

Mùcon.6.  11,  208. 

Macy,  125. 

Madeleine-en-la-Cité     Sainte),  église,   45,   93, 

198. 
Madeleine  de  la  Ville-l'ÉvCque  (Sainte-),  église, 

92,  133. 
Magloire  (Saint-),  vicairie,  88,  103. 
Maison-Rouge  vla),  fief,  122. 
Maisons.  I'i4. 
Malaret  (de),    chanoine,  4,  15,   18,  19,  28,  67, 

146,  147,  196,  2  il.  287. 
Mandé  (du),  iief,  119,  171. 
Mans  (Le),  46. 
Mantes,  170. 
Marais  (Moi in  du),  chanoine,  4,  5,  7,  24,  28,  29, 

68,  132. 
Marais,  ruelle,  30. 
Marangis,  122,  127,  170. 
Maicel  (Saint-),  chapitre,  34,  38,39,  45,88,  93, 

99,  138. 
Marcel  (faubourg  Saint-),  117. 
Marcel  (Saint-),  séminaire,  42. 
Marché  aux  Poires,  46. 
Marché-Palu  (rue  du\  93,  118. 
Margency.  150. 
Margère,  29. 

Marguerite  (Sainte),  paroisse,  51,  119. 
Mariana-en-Orse,  208. 
Marine  (Sainte-  .  église,  198. 
Marine  (rue  Sainte),  119, 168. 
Marine    cul-de-sac  Sainte-),  129. 
Marivaux  (rue  des),  lis.  119. 
Marly-te-Roi,  124. 

Marmoàzeta  (rue  des).  53,  61.  66,67.  68.  118. 
Marsac  (de),  abbé,  71. 
Marseille,  4. 
Martin,-  rcvesliaire,  49,  57. 

CHAPITRE   DE   NOTRE-DAME   DE   PARIS. 


Martin  (Saint-),  fief,  122. 

Martin  (rue  srnt-  ,  119,  198. 

Martin  de  Betincourt  (Saint).  121. 

Martin  de  Cazouls  (Saint).  34. 

Martin-des-Champs  (Saint),  prieuré.  34,  37,  38, 
88,  93,  138.  139.  217. 

Martin-du-Tarlre  (Saint),  121. 

Masle  des  Roches  (le),  chanoine,  77. 

Massillon,  rue,  57,  61. 

Maubeuge.  2C8. 

Maur-des-Fossés  (Saint).  38,  39. 

Mauregard.   122. 

Maule,  122. 

Maurepas  (de).  110. 

Maury,  230. 

Mazéas,  chanoine,  4.  9.  19.  31,  99.  103.  146. 

Mazures  (des),  fief,  121.  172. 

Meaux,  30,  208,  213,  263. 

Mégisserie  (quai  de  la)  :  118. 

Melon  de  I'radou,  chanoine,-  4,  5,   10,  12,   99, 

196. 
Melun,  169.  170.  173. 
Mendes,  29. 

Méneslriers  (rue  des).  119. 
Merle,  chapelain.  44. 
Méroniont  (de),  chanoine,  4,  7,  17.  21.  31.  49, 

67.  196. 
Merry  (Saint),  égli-e,  7.  93,  94,  99,100, 183, 188. 
Mesnil-Amelot  (le),  79,  124. 
Mesuil-en-France  (le;.  171. 
Mesnil-Saint-Denis  (le),  124. 
Métairies  (des),  Iief,   124,  171. 
Metz,  105,   208. 
Meudon,  55. 

Mézières.  96.  122.  133.  149,   150,  155.  170. 
Michel  (rue  Saint-).  119. 
Michelin,  chapelain,  45. 
Miradoux,  28. 

Miramionnes  (quai  des),  53. 
Mirepoix,  209.  213. 
Mirodon,  évi'que  de  Babylone.  70. 
Mitry  (de).  Iief.  124.  125.  270. 
Moistac,  67. 
Moi^\-Cramoyet.  124. 

MaugM,  officier  municipal,  255.  256.  2)7.  25s. 
Moncivry,  iief.  119,  122. 
Mondée.  29. 
Mondonville,  1 25. 
Mondran  (de  ,  chanoine.  4,  6,  30.  34,52.  55.  67. 

si.   I.S.   152.  193.  280. 
Mons-sur-Orge.  96.   122.  126.  170. 
Montasu  [de),  doyen,  2,  4.  10.  13.  18,  28.53.  70, 

104.  108,    110,  131.    132.    153,   178,     L8S,    191. 
195,  257. 
Montaigu  (collège  de),  145,  254. 
Mau  tauban.  4.  31. 
Montdenoix    [d'Eu  de),  chanoine,  5,  H.  31.  09. 

70.  339.  24S.   249.   251. 

19 


200 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Montdidier.  121,  133.  170. 

Montereau.  47,  124. 

Montesquiou  (de),  abbé.  193,  194. 

MoDtjoie    (de),  chanoine,    83,    260,    271,   215, 
276. 

Montmartre,  abbaye,  93. 

Montmartre  (faubourg),  118. 

Montmartre  (municipalité  de).  22s.  241. 

Monlmoyen  (fief  de),  171. 

Montpellier,  209.  213. 

Montreuil-sous-Bois,  14,  96.  123. 

Mont-Saint  Mathurin,  fief,  122. 

Morangles,  124. 

Morcourt,  150. 

Moreau,  évéque  de  Màcon,  11. 

Moret.  124, 169. 

Morigny,  29. 

Mortellerie  (rue  de  la).  118. 

Mortemer,  30. 

Mory.  124.  125.  132.  133.  150.  170. 

.Mortier,  trésorier,  40,  49,  72,  260,  263.  2^8.  269. 

280. 
Motte  (de  la),  fief.  121.  171. 
Motte-aux-Bir.etles  (de  la),  fief,  124. 
Motte-aux-Papelards  (de  la),  fief.  119. 
Moulin-Piquet.  44. 
Moussy-le-Neuf.  123.  133,  150. 
Moutiers-en-Bresse,  29. 
Muret  (du),  dîme,  122. 
Mulot,  227. 
Murs  (rue  des),  119. 


Naillac,  prieuré,  30. 

Nancy,  209. 

Nantes,  209. 

Naples,  110. 

Narbonne,  6,  209,  213. 

Navarre  (collège  de),  145,  178. 

Necker,  183,  178. 

Nemours,  170. 

Nesle-la-Gilberte,  123. 

Neuchèze   (de),    chanoine,   4,  30,  67,  69,    103, 

188. 
Neuve-Notre-Dame  (rue),  25,  66,  91,  83. 
Nevers,  209. 
Nézée,  170. 

Nicaise  (Saint-),  fief,  122. 
Nicolaï  (de),  12. 

Nicolas-du-Chardonnet  (Saint),  101,  264. 
Nîmes,  209,  213. 
Noailles  (de),  cardinal,  54.  87,  94,  104,  107, 116, 

144,  253,  265,  269,  274,  276. 
Noailles  (de  ,  marécha',  270. 
Noiseau,  133,  150. 
Noisy-sous-Yigneux,  123. 
Nor\ilie  (la),  125,  133,  150. 
Noire-Daine,  fief,  124. 


Notre-Dame-d'Amborie,  31. 
Notre  Dame  de  la  Prée,  29. 
Notre-Dame  des  Appâts,  29. 
Notre-Dame  des  Champs,  193. 
Noyon,  108,  147,209,  213. 

Oigny,  28. 

Oisery,  126. 

Opportune  (Sainte-),  église,  99. 

Orange,  209. 

Orléans,  14,  101,210,  214. 

Orléans  (duc  d'),  112,  130.' 

Orly,  68,  96,  123,  150,170.214,  235. 

Ouen  (Saint-),  prieuré,  30. 

Ours  (rue  aux),  118. 

Outre  bois,  29,96,  127. 

Oyant  (Saint),  29. 

Oysserie,  45. 

Ozoir-la-Ferriè'e,  144. 

Taillart,  chanoine ,  261. 

Paimpont,  29. 

Paucemont  (de),  239. 

Pantin,  119. 

Papin,  chanoine,  4, 17,  18,  29,  67. 

Paray,  123. 

Parcheminé  rie  (rue  de  la),  119. 

Pardon  (Saint),  29. 

Passy,  44,  126. 

Patert.  chanoine,  4,  7,  30, 188. 

Paul  (Saint-),   église,  93. 

Paiilou  (du),  dîme,  122. 

Pavillet,  archiviste,  117,  159,  160,162,  21:3,  240. 

242,  243. 
Payen,  chanoine,  116. 
Pécy,  123,  126. 
Pelleterie  (rue  de  la),  118. 
Périgny  (de),  chanoine,  68,  116. 
Périgny  (de),  maison,  68,  69,  117,  140. 
Périgueux,  4. 
Perpignan,  7,  30,  210,  213. 
Perpignan  (rue),  118.  119. 
Persang,  124. 

retite-Fcime  (de  la),  fief,  121. 
Petites  Ecuries  du  Boi  (rue),  119. 
Petitpied,  chanoine,  87,  261. 
Pe  lit-Port  (rue  du),  91,  119. 
Petit-Savigny,  fief,  124. 
Petits-Carreaux  (rue  des),  56. 
I'eutat,  enfant  de  ch«*ur,  53. 
Pey,  chanoine  honoraire,  5,  12-,  187. 
Pey,  chanoine,  4,  5,  7,  10,  19,  2t,  31,  Ç.9. 
Pey,  chapelain,  5. 
Philippe-Auguste,  260. 
Philippe  de  Belloy,  fief,  121. 
Philippe  de  France,  110. 
Picardie,  124,  128.  • 


TAULE  ALPHABÉTIQUE. 


291 


Picot,  chapelain,  41. 

Pierre,  chapelain,  47. 

Pierrc-aux-Bœufs  (Saint-),  église,  93.  118. 

Pierre-des-Arcis  (Saint-),  église,  118. 

Pierre  d'Aulrebois  (Saint-),  abbaye,  30. 

Pillon  (de),  fief,  121. 

Pinet  (du),  chanoine,  4,  9,  18,  24,  29,  63,  187, 

218,  236,  246,  265,  279. 
Pingret,  chapelain.  45. 
Pirot  (de),  nef,  46. 
Pissotte  (de  la),  fief,  06. 
Planche-Mibray  (rue),  118. 
Plasses  (des),  chanoines,  5,  6,  15,   18.    19,    2-J, 

188,  251. 
Plâtre    rue  du),  40. 

Mestia-Maltre-Heary,  '2S- 

Plessis-Mallet,  123,  170. 

Poissonnière  (rue),  119. 

Poitevin,  chapelain,  44. 

Poitiers,  210,  213. 

Pol-de-Mons  (saint  .  29. 

Pont-aux-Changes,  93,  118,  119. 

Pont-Audemer,  30. 

Port-Arnauld,   123. 

Pont-d  Eteau,  123. 

Pont  Neuf,  119. 

Pont-Rouge,  61,  67,  65,  06,  fii,  117,  118,  119. 

Porte    de  la ...  rhanoine,  267,  270. 

Porte  delà  ville  (de  la),  dime,  122. 

Port-Saint-Landry  (rue  du),  119. 

Port-Villiers.  124. 

Potlier  (Ambroise),  enfant  de  chœur.  52.  152. 

Petlier  (Gabriel),  enfant  de  chœur,  52. 

Poulies   rue  des),  118. 

Pouzauges,  30. 

Précy,  162. 

Pressaigny-l'Orgueille-'x,  29. 

Pré\ôl,  clerc  de  Matines,  47. 

Pringot,  chapelain,  70. 

Provence  (comte  de  .  6. 

Prunay-sous-Ablis.  31. 

Puits-d' Aulny,  171. 

Puy    Le),  12,  29. 

Quentin,  chapelain,  42. 
Querro,  147. 
Quincampoix  (rue),  125. 
Quimper,  4,  29. 

Radix,  chanoine,  6,  18,  62,  68,    176,  227,  251, 

257.  260",  263,  268,  274. 
Raguier,  chanoine,  84. 
Reclesne  (de),  chanoine,  4,  6.  24,  30,  87. 
Refuge  (du),  chanoine,  27. 
Reims,  9,  210,  267. 
Remireniont  (Dame  de  Souâtre,  comtesse  de), 

105. 


Rémy  de  Blanzy  (Saint  ),  45. 

Rennes,  4,  6.  67,  210. 

Renodon,  lief,  124. 

Riballier,  chanoine,  4,  5,  10,  17,  31.  71. 

Richelieu,  273,  278. 

Rieux,  211. 

Riez,  211. 

Rivière,  chanoine,  5,  7,  18,  29,  61,  67,  99,  107, 

108,  132,  212. 
Roche  (Moulin  de  la),  12 1. 
Rochefoucauld  (de  la),  arcliev.'que  de  Rouen, 

105. 
Rochelle  (la),  211. 
Rodez,  29,  30. 
Rohan  (de),  cardinal,  105. 
Roissy,  122.  124,  126. 
Romain  de  Carmaux  (Saint),  fief,  121. 
Romans  (Demoiselle  de),  110. 
Rosoy-en  Brie,  96,  123,  125,  150,  155,  169. 
Rouen,  4,  24,  29,  30,  58,  105,  211. 
Roussier,  chapelain,  44. 
Roussigny,  fief.  122. 
Roussy,  fief,  121. 
Roy,  chapelain,  46. 
Rubrette    la),  122. 
Rungis,  123,   125,  133,  150,    170. 


Saclay,  133. 

Saillembien  (cul-de-suc),  119. 

Salpêlrière  (la),  150. 

Savy.  46. 

Saint-Claude,  206,  213. 

Saint-Cyr.  270. 

Saint  Dié,  213. 

Saint-Exupéry  (de),  doyen,  13. 

Saint-Farre  (de),  34,  38. 

Saint  Malo,  29,  208. 

Saint-Martin   de),  abbé,  229. 

Saint-Omer,  209. 

Saint-Oyant,  29. 

Saint-Papoul.  210. 

Saint-Pons,  210,  213. 

Saint-Quentin,  210,  213. 

Saint-Saturnin  de  Cases.  30. 

Saint-Sauveur  de  l'Etoile,  2s. 

Sceaux,  121. 

Séez,  29. 

Segrave  (de),  enfant  de  chœ  ir.  53. 

Séjan,  organiste,  51. 

Séjourné,  chapelain,  46. 

Senez,8,  196,  211,  212. 

S.nicourt,  96,  124,  131. 

Sentis,  105,  111,  112,  170,  172,  175,  211. 

Senlisse,  119,  125,  171. 

Sens,  9,  29,  132.  211. 

Sépulcre   Saint  ),   église.  93,  99,  100,  18$. 

Serpes,  124. 


292 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Séry,  150. 

Sève,  150. 

Séverin  (Saint-),  église,  117. 

Séverin  (Saint-),  rue,  119. 

Soignolles,  126, 133. 

Soissons,  29.  30,  42,  53. 

Soisy-sous-Éliolles,  122,  150. 

Solaire  (de),  fief.  43. 

Sorbonne  (la),  178,  189. 

Sordun,  125. 

Souilly-la-Tillière,  125,  126,  132,  171. 

Sucy-en-Brie,  21,    96,  123,   124,  130,    132,   133, 

138,  150,  155,  170,  224,  235. 
Sulpice  (Saint),  église  et  compagnie,  228. 

Tandeau,  abbé,  71,  146. 

Tarbes,  28. 

Temple  faubourg  du),  30,  119. 

Terrain  (le).  9.  55,  66,  70. 

Tessier,  prêtre  de  Saint-Sulpiee,  228. 

Thiais.  125. 

Thomas,  chapelaire,  44. 

Thomas  d'Épernon  (Saint-),  prieuré,  30. 

Thorigny  (rue  de),  105. 

Thouvenel,  sacristain,  49. 

Thouvenet,  chapelain,  46. 

Tillières,  171. 

Tilly-Blaru  (de),  chanoine,  5,  6,  19,  24,  29,  66. 

70,  71,  170,  200. 
Tiron  (de),  fief,  119. 
Tixanderie  (rue  de  la),  119. 
Torcy,  126. 
Tonal,  126. 
Touarcé,  29. 
Toul,  29,  211,  212,  213. 
Toulon,  4,  211. 

Toulouse,  4,  6,  7,  30,  67,  211,  213,  260. 
Touquin.  96,  123,  155,  170. 
Tour  (baronne  du),  145. 
Tournus,  211. 
Tours,  5,  12,  176,  211. 
Tulle,  4,  31. 
Traversière,  rue,  119. 
Tremblay,  14,  79,  122,  124,  125,  126,  150. 
Trois-Cannettes  (rue  des),  119. 
Trois-Pierres  (des),  fief,  124. 
Trop-va-qui-dure  (rue),  118. 
Troyes,  29,  211,  213,  238. 
Tudert  (de),  doyen,  13. 
Tulle,  211,213. 


Ursins  (des),  chapelle,  45,  46. 
Uzès,  12,  213. 


Vabres,  28,  213. 
Valances,  132. 


Val-de-Grâce,  139. 

Valence,  212. 

Valemon,  13. 

Vallée  (de  la),  dime,  122. 

Vareilles  (de),  chapelain,  44. 

Varennes,  126. 

Varet,  enfant  de  chœur,  53,  55. 

Varin,  chapelain,  47. 

Varlet,  chapelain,  42. 

Vaucresson,  150. 

Vaudoué,  126,  133. 

Vauréal,  131,  138,  150. 

Velannes,  fief,  96. 

Verdun,  29,  212,  213. 

Verlegrand,  150. 

Vernon,   2u,  29,  96,    124,  133,  149,    150,    169, 

170. 
Verrerie  (rue  de  la),  119. 
Versailles,   53,   111,    159,    169,    173,   191,   215, 

216. 
Versailles  (rue  de),  119. 
Vésins  (de),  prieuré,  30. 
Vialle  (Bonnefon  de  la),  147. 
Viarmes,  121. 
Vichy,  146. 

Vieille-Draperie  (rue  de  la),  93. 
Vieille  Monnaie  (rue  de  la),  118. 
Vienne,  212. 
Vienne  (de),   chanoine,  5,  18,  31,  70,  133,  176, 

227. 
Viercy,  124,  132,  170. 
Yierzon,  28. 

Viet,  chanoine,  4,  30,  67,  129. 
Viet  de  Villers,  chanoine,  30,  63,  219. 
Vieux-Château  (du),  fief,  124. 
Yieuville  (de  la),  abbaye,  3U. 
Viez,  chapelain,  47. 
Vigner,  officier   municipal,    77,   251,    255,  263 

266,  268. 
Villame,  fief,  122. 

Villaroche,  96,  124, 132,  150,  155,  170. 
Villechasson,  fief,  122. 
Villejuif,  119,  125.  Ii6. 
Villeneuve,  fief,  96,  122. 
Villeneuve-li-Henri,  12  i. 
Villeneuve-la-IIuré,  155. 
\  illeneuve-le-Roi,  123. 
Viliequiers  (duc  de),  14. 
Yilleron,  126,  133. 
Villeroy,  124. 
Villers-les-Rigauli,  124. 
Villette-Saini-Laurent  (la),  9o,  119,  124,  171. 
Villiers,  chapelain,  46. 
Villiers,  fief,  122. 
Villiers-le-Bel,  79,  126,  171. 
Yilliers-le-Sec,  46,  121,  125,  133,  138,  150. 
Yilliers-sur-Marne,  126. 
\  ilmilan,  fief,  124. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Vintimille  (de),  archevêque  de  Pari?,  5,  7,  83 

104,  116,  144,  270,  271. 
Yiry-Noureuil,  21,  96,  124,  131,  133,  170. 
Vitry-sur  Seine,  96,  123,  125,  126,  170. 
\  ivanl,  chanoine,  262. 
Viviers,  213. 


Wissous,  H,  !>U,  96,  124,  131,  133,  13' 

170,  214,  233. 
Woillemont,  maître  de  musique,  56. 


Yot,  chapelain,  45. 


293 

138,  150, 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Avant-propos. 


CHAPITRE  PREMIER 

LES     DERNIERS    CHANOINES     DE     l'ÉGLISE     DE    PARIS 

.  Les  Chanoines.  Leur  nombre.  Détails  sur  leur  origine.  Dignités  qu'ils 
occupaient  clans  l'État,  la  Magistrature,  l'Église.  Comment  ils  sont  entrés  au 
Chapitre  de  Notre-Dame.  Les  célébrités  du  Chapitre.  Chanoines  de  Saint- 
Aignan.  —  II.  Dignités  et  Charges.  Doyen,  Chantre  et  Sous-Chantre, 
Archidiacres,  Chancelier,  Pénitencier,  Répartition  des  charges.  —  III.  Les 
revenus  d'un  chanoine.  La  Prébende.  Le  Régaleraient  des  gros.  Distri- 
butions manuelles.  Pain  capitulaire.  Prolits  extraordinaires  :  vente  des 
maisons  canoniales,'  funérailles,  cire,  VObit  salé.  Autres  bénéfices  ecclésias- 
tiques possédés  par  les  chanoines 


CHAPITRE   SECOND 

LE    CLERGÉ     DEPENDANT     DU    CHAPITRE 

I.  Les  Vicaires  perpétuels.  Leur  origine.  Leurs  revenus.  Réclamations 
des  Vicaires  perpétuels.  Projet  de  leur  suppression.  Martyre  de  M.  Assy.  — 
II.  Les  Bénéiiciers.  Les  vicaires  de  Saint-Aignan.  Chanoines  de  Saint- 
Jean  le  Rond  et  de  Saint-Denis  du  Pas.  Vicaires  de  Sainte-Catherine.  Chape- 
lains. Ancienne  et  nouvelle  communauté.  Clers  de  Matines  et  Machicots.  La 
classe  de  musique.  Personnel  laïque.  —III.  La  Maîtrise.  Les  enfants  de 
chœur.  Leur  costume.  Attentions  paternelles  du  Chapitre.  Les  maîtres  de 
musique,  de  latin,  d'écriture.  Visite  à  la  Maîtrise.  Une  journée  à  la  .Maîtrise. 
Formation  religieuse  des  enfants.  —  IV.  Le  Cloître.  Description  générale. 
Différents  modes  de  mutations.  Les  immunités  du  Cloître.  Améliorations 
matérielles  apportées  dans  la  seconde  moitié  du  xvni0  siècle.  Les  portes  du 
Cloître.  Les  maisons  canoniales  et  bénéficiâtes.  La  Communauté.  Le  Ter- 
rain. Le  Chapitre.  Saint-Denis  du  Las : 


29G  TABLE  DES  MATIERES. 

CHAPITRE  TROISIÈME 

LE    CHAPITRE 

I.  Le  Chapitre.  Les  deux  éléments  des  décisions  capitulaires  :  la  tradition 
et  la  délibération.  Chapitres  ordinaires  :  une  séance;  la  salle  capitulaire;  la 
Chambre.  Chapitres  extraordinaires  à  la  Porte-Rougè,  au  Revestiaire.  Con- 
vocations. Chapitres  généraux.  Le  Synode.  —  II.  Le  chœur  de  Notre- 
Dame.  Magnificence  des  cérémonies.  Description  du  chœur.  Les  stalles. 
L'habit  canonial.  La  messe  de  l'Assomption  en  17îSi).  Les  tours  de  semaine. 
Cycle  liturgique.  —  III.  Juridiction  du  Chapitre.  Juridiction  tempo- 
porelle  :  la  barre,  les  justices  seigneuriales,  officiers  de  justice,  droit  de 
Commiltimus.  Juridiction  spirituelle  :  exemption  de  la  juridiction  épisco- 
pale:  exercice  de  la  juridiction  capitulaire  sur  les  chanoines,  les  habitants 
du  Cloître,  le  clergé  des  églises  sujettes.  Juridiction  quasi  spirituelle  :  nomi- 
nation aux  bénéfices.  —  IV.  Rapports  du  Chapitre  avec  l'archevêque, 
le  diocèse,  le  roi,  la  famille  royale,  les  grands  personnages,  la  ville 75 

CHAPITRE  QUATRIÈME 
l'administration  capitulai me 

I.  Biens  du  Chapitre.  Les  départements  de  l'administration  capitulaire: 
l'ancienne  .Meuse:  la  Meuse  de  Saint-Germain  l'Auxerrois;  l'office  des  Mati- 
nes; les  chapelles  Saint-Denis  et  Saint-Georges  et  des  Paresseux;  la  Fa- 
brique. Biens  à  Paris  :  maisons  et  fiefs.  Biens  à  la  campagne  :  seigneu- 
ries, fiefs,  domaines,  fermes,  bois,  dîmes  et  terres.  Administration  de  ces 
biens  par  l'Agent  des  affaires,  le  Chambrier,  l'Architecte.  Droits  seigneu- 
riaux. —  II.  Administration  financière.  Receveur  général  et  receveur 
des  censives.  Distinction  des  caisses.  Comptes  du  Chapitre  en  1780.  —  III. 
Le  Chapitre  et  l'Instruction  publique.  Le  Chancelier,  le  Chantre 
et  les  Petites  Écoles;  droits  du  Doyen  et  du  Pénitencier;  fondation  Delai- 
tre.  d'Eaubonne,  de  Masson  et  de  Mondran.  —  IV.  Le  Chapitre  et  l'As- 
sistance publique.  L'Hôtel-Dieu.  Souscription  pour  les  hôpitaux  de  Paris. 
Secours  aux  pauvres.  Troncs 115 

CHAPITRE  CINQUIÈME 

LE  CHAPITRE  ET  LES  ÉTATS  GENERAUX  DE  1789 

I.  Le  Chapitre  et  la  Convocation  des  États  généraux.  Travaux  de 
l'Archiviste.  Querelle  entre  la  Ville  et  le  Chàtelet.  Le  Règlement  du  -24  jan- 
vier. Rédaction  des  Cahiers.  Les  chanoines  aux  bailliages  de  province.  Pro- 
testation du  20  avril.  Animosités  contre  le  Chapitre.  —  II.  Les  Assem- 
blées électorales  de  Paris.  Ouverture  de  l'Assemblée  intra  mvros.  État 
des  esprits.  Chanoines  électeurs.  Protestation  contre  la  vice-présidence  attri- 
bu  Se  au  cure  de  Sainte-Marguerite.  Adresse  au  roi.  Rôle  donné  à  plusieurs 


TABLE  DES  MATIÈRES.  297 

chanoines.  Assemblée  électorale  extra  mur  os.  -  III.  Les  États  géné- 
raux. Les  Quarante  Heures  à  Notre-Dame.  Les  14  et  15  juillet.  Offrande 
patriotique  du  Chapitre.  Délégation  de  M.  Boucher  d'Argis.  Correspon- 
dances des  autres  Chapitres  du  Royaume.  Le  1  août.  Bénédiction  des  dra- 
peaux. L'Assemblée  nationale  occupe  une  partie  du  Cloître.  Envoi  de  l'argen- 
terie à  la  Monnaie.  Suppression  de  la  musique  à  Notre-Dame 157 

CHAPITRE  SIXIÈME 

LA    SUPPRESSION    DU     CHAPITRE    DE     XOTRE-DAME 

I.  Les  Biens  du  clergé  mis  à  la  disposition  de  la  Nation.  Atteintes 
aux  droits  du  Chapitre.  Cérémonies  à  Notre-Dame.  Visite  du  Roi  et  de  la 
Reine.  Déclarations  générales  et  partielles  des  Biens  du  Chapitre.  Les  cha- 
noines et  le  décret  du  13  novembre  1780.  —  II.  La  Religion  d'État.  Dé- 
claration du  Chapitre.  Ses  députés  à  l'Assemblée  nationale.  Protestations 
et  Procurations  des  Chapitres  du  Royaume.  L'émeute  envahit  le  Cloître.  — 

III.  La  suppression  du  Chapitre.  La  Constitution  civile  du  Cierge. 
Nouvelle  déclaration  pour  fixer  la  pension  des  chanoines.  Chapitre  du  17  no- 
vembre.   Protestations.   Dire   de  M.  de  Montdenoix.  Dernier  chapitre.  — 

IV.  Les  Inventaires.  Opérations  des  Officiers  municipaux  à  Notre-Dame  : 
orfèvrerie,  ornements,  mobilier.  Apposition  des  scellés  sur  la  Bibliothèque. 
Confiscation  du  sceau  capitulai re.  Conclusion 223 

Taule  alphabétique 283 


CHAPITRE  DE  NOTRE-DAME  DE  PARIS.  20 


313 


■4     **  £\    ~ 


La  Bibliothèque 

Université  d'Ottawa 

Échéance 


The  Library 

University  of  Ottawa 

Date  due 


0053211-01-7  CE 

19    0    4 


B    X  4629  .    P    3    N    6    5    5 

PIEURETt  JOSEPH. 

CHfiPITRE  DE  NOTRE 


D    P    D    E 


■gJgOjj    002_5gg5'H2Tb 


C^  PX   4629 
-P3N655  1Ç04 

COO       MEURET»     JOSE    CHAPTTPF    D 
ACC#     1A08Î92